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18 mai 2018 5 18 /05 /mai /2018 21:58

Le 16 mai 2018, une rencontre intercoréenne a été reportée et Kim Kye-gwan, premier vice-ministre des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), a annoncé la possibilité de "reconsidérer" le sommet envisagé le 12 juin prochain entre la RPD de Corée et les Etats-Unis - alors que ces derniers ont engagé des exercices militaires de grande ampleur Max Thunder, dénoncés par Pyongyang comme le maintien d'une politique hostile à son égard et contrevenant aux engagements pris par les deux Corée dans le cadre de la déclaration de Panmunjom, le 27 avril 2018. Cet avertissement, lancé à la veille du sommet entre les présidents américain Donald Trump et sud-coréen Moon Jae-in le 22 mai prochain, signifie que la Corée du Nord ne désarmera pas unilatéralement. L'avertissement est clair : le sommet du 12 juin n'aura pas lieu s'il devait consister en un chèque en blanc de la RPD de Corée, s'engageant sur la voie de la dénucléarisation sans contreparties tangibles et concrètes des Etats-Unis.

Sommet du 12 juin : Pyongyang ne signera pas de chèque en blanc

Selon l'agence nord-coréenne KCNA, Kim Kye-gwan, interlocuteur expérimenté et reconnu des Etats-Unis au sein de l'administration nord-coréenne, a fait savoir qu'il n'y aurait pas de désarmement unilatéral de la RPD de Corée : 

[Si Washington] nous met au pied du mur et exige unilatéralement que nous renoncions à l’arme nucléaire, nous n’aurions plus d’intérêt pour des discussions.

En d'autres termes, les Etats-Unis devront aussi faire des concessions, dans le cadre d'un dispositif de type "action contre action" (chaque partie faisant simultanément un pas vers l'autre pour créer les conditions de la confiance mutuelle et de la poursuite du processus), sans attendre le stade ultime du démantèlement du programme nucléaire nord-coréen - comme l'entend au contraire le conseiller présidentiel à la sécurité nationale John Bolton.

Ce dernier, partisan de la guerre en Irak (qu'il justifie aujourd'hui encore, y compris le mensonge sur les armes de destruction massive) et de l'étranglement économique de la RPD de Corée, est une vieille connaissance des Nord-Coréens : faucon parmi les faucons, il a toujours été de ceux qui voulaient attaquer la Corée du Nord et s'engager sur le terrain de la propagande de guerre, en faisant prospérer l'idée qu'on ne pourrait pas négocier avec les Nord-Coréens car ils mentiraient forcément.

Il n'est donc pas surprenant que Kim Kye-gwan ait ciblé à plusieurs reprises John Bolton : alors que les discussions se sont engagées avec le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, imposer John Bolton dans les négociations serait considéré par les Nord-Coréens comme une provocation et un motif de rupture. 

Les limites posées par Pyongyang n'ont pas été vaines : la République de Corée (Corée du Sud) a annoncé qu'elle ne participerait pas aux manoeuvres militaires Max Thunder (qui seront donc limitées aux Etats-Unis et au Japon), lesquelles n’empiéteront pas par ailleurs sur le territoire aérien sud-coréen. 

Pour sa part, le Président Donald Trump a publiquement désavoué John Bolton en rejetant le scénario "à la libyenne" esquissé par ce dernier de dénucléarisation de la Corée du Nord, et ajouté qu'il offrirait de sérieuses garanties de sécurité à la RPD de Corée et des perspectives de prospérité économique comparables à celles actuelles de la Corée du Sud - ce qui sous-entend que les sanctions seraient levées et que les entreprises étrangères, notamment américaines, pourraient investir en Corée du Nord.

Ces propos sont certes encourageants, mais ils doivent maintenant se traduire en engagements concrets de la part de Washington : il n'y aura pas de calendrier de dénucléarisation nord-coréen si en même temps les Etats-Unis ne précisent pas la nature de leurs engagements de sécurité et ne lèvent pas progressivement les sanctions économiques qu'ils ont imposées à la Corée du Nord. Le précédent de la rupture de l'accord nucléaire iranien, en révélant la versatilité de la parole américaine, incite évidemment les Nord-Coréens à exiger des garanties.

Sources : 

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