Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 juin 2017 5 30 /06 /juin /2017 20:39

Le 29 juin 2017, les trois membres du bureau du comité Espéranto de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) - Marianne Dunlop, Nathalie Kesler et François Lo Jacomo - ont rendu compte de leur déplacement d'avril 2017 en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), dans le cadre de l'AAFC, à la Maison des associations du 4e arrondissement de Paris. Des membres de l'association Espéranto France (qui proposait des publications, des brochures et des revues) et de l'AAFC étaient présents à cette manifestation publique qui a attiré un public nombreux et avait reçu le soutien de la Maison des associations.

Compte rendu de voyage en RPDC de la délégation du comité Espéranto de l'AAFC : affluence à la maison des associations du 4e arrondissement de Paris

Le voyage du comité Espéranto de l'AAFC en RPD de Corée avait un but premier : y retrouver les traces de la langue internationale, dont l'histoire est très liée à celle de lutte contre la colonisation japonaise (dans le cadre de la Korea Artista Proleta Federacio) puis à la mise en place des institutions culturelles du nouvel Etat (notamment dans le domaine du cinéma et de la littérature), avant un déclin et une disparition (liés au manque de renouvellement des locuteurs) au tournant des années 1980 et 1990, et envisager les conditions d'une renaissance de l'Espéranto en Corée du Nord. Y participera indéniablement la venue d'autres délégations espérantistes, qu'est prêt à accueillir le Comité des relations culturelles avec les pays étrangers en offrant les services d'un interprète parlant espéranto. Car l'apprentissage de l'Espéranto a été naguère dynamique : à l'occasion de la publication à Pyongyang, en 1964, du dictionnaire coréen-espéranto, il était précisé que le club d'espéranto de la capitale nord-coréenne comptait alors 120 membres.

Précédant de quelques mois l'organisation du congrès mondial d'Espéranto à Séoul, en juillet 2017, où sera abordée la question de la réunification de la Corée et du rôle que peut être amené à jouer l'Espéranto en tant que vecteur de paix, cette redécouverte de l'histoire nord-coréenne de l'Espéranto a été rendue possible par la rencontre à plusieurs reprises des membres de la délégation avec Jong Sun Gi, linguiste nord-coréen, qui possède un exemplaire du dictionnaire de 1964. Des échanges ont aussi eu lieu avec les représentants de différentes universités nord-coréennes de Pyongyang sur la possibilité de reprendre un enseignement en Espéranto.

Le compte rendu de voyage a aussi été l'occasion, photos, vidéos à l'appui et documentation à l'appui (notamment, exposition de posters, de livres, de timbres et de monnaies), de rendre compte des évolutions de la société socialiste nord-coréenne, marquée par une forte empreinte confucéenne accordant un grand respect à l'autorité (sous toutes ses formes) et aux ancêtres, et dans lequel la santé et l'éducation sont gratuits et le prix des logements modique. En particulier, comme au Sud (mais où les études sont a contrario très coûteuses), une importance majeure est accordée à l'éducation - y compris l'enseignement périscolaire, auquel sont dédiés des palais des enfants répartis dans l'ensemble du pays.

La visite de l'usine textile Kim Jong Suk a témoigné de l'organisation d'un complexe industriel intégré, des logements ayant été adjoints pour les ouvrières - puis une usine métallurgique créée à proximité, permettant ainsi aux travailleuses de rencontrer et épouser les métallurgistes de l'autre sexe. Une des membres de la délégation, Nathalie Kesler, envisage ainsi une coopération économique dans le domaine de la confection de vêtements.

Les nombreuses questions de la salle sur un pays méconnu ont permis d'aborder, pêle-mêle, la langue coréenne, les conditions de visite de la Corée du Nord ou encore les possibilités pour les Nord-Coréens de voyager à l'étranger, quelques jours après l'invitation d'une délégation de la RPD de Corée en France et en Europe. Les échanges se sont poursuivis autour d'un buffet offert par la Maison des associations du 4e arrondissement, concluant une rencontre dont l'AAFC espère qu'elle suscitera une curiosité accrue pour la RPD de Corée, notamment dans les milieux espérantistes pour y favoriser la renaissance de la langue internationale.

Debout au fond, de gauche à droite : François Lo Jacomo, Nathalie Kesler et Ludovic Sage, directeur de la Maison des associations du 4e arrondissement de Paris.

Debout au fond, de gauche à droite : François Lo Jacomo, Nathalie Kesler et Ludovic Sage, directeur de la Maison des associations du 4e arrondissement de Paris.

François Lo Jacomo et Marianne Dunlop.

François Lo Jacomo et Marianne Dunlop.

Partager cet article
Repost0
28 mai 2017 7 28 /05 /mai /2017 15:08

En 1958, un groupe d'intellectuels français (dont faisait notamment partie Francis Lemarque, futur membre fondateur de l'AAFC), qui s'étaient opposés à la guerre de Corée, se rend en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) : plusieurs œuvres rendront compte de leur expérience, notamment Coréennes de Chris Marker et le film franco-nord-coréen Moranbong de Jean-Claude Bonnardot, sur un scénario d'Armand Gatti. Dans le groupe, le réalisateur Claude Lanzmann, auteur de Shoah, avait déjà raconté une brève d'histoire d'amour, platonique, avec une infirmière nord-coréenne, Kim Kum-sun, dans son livre Le lièvre de Patagonie. Près de 60 ans plus tard, il en a fait un film de cent quarante minutes, Napalm, présenté en sélection officielle au festival de Cannes.

Quand on parle de la Corée du Nord il y a des figures imposées (le triptyque « famine – dictature – armées nucléaires »). Pour avoir refusé de s'y soumettre dans son film Napalm, Claude Lanzmann s'est naturellement attiré les foudres d'une bonne partie de la critique qui, au mieux, a décrit comme un OVNI ce que le réalisateur refuse de classer dans la catégorie des documentaires. Pourtant, la confession intime qu'il livre est passionnante à plus d'un titre. Elle émane d'un homme qui, pas plus en 1958 qu'aujourd'hui (ses remarques sur les guides ou la nourriture suffisent amplement à le prouver), n'idéalise ni même ne défend la RPD de Corée - les compagnons de voyage de Claude Lanzmann lui ont fortement reproché, en 1958, d'adopter un regard systématiquement critique, mais il pouvait en tout cas faire valoir une activité de résistant qui a forcément résonné pour les Nord-Coréens, la RPDC tirant sa légitimité de la résistance à l'occupation japonaise). Ainsi elle permet de comprendre les évolutions dans la relation que la Corée du Nord a entretenue avec l'Occident et surtout d'offrir un témoignage dépouillé de toute considération lourdement politique.

 

Pourtant, le premier voyage de Claude Lanzmann en 1958 était éminemment politique. À cette date, le Parti communiste français est la plus grande force politique française - le général de Gaulle, qui allait instaurer peu après la Cinquième République, ayant d'ailleurs estimé a posteriori que, sans les événements du printemps 1958, les communistes auraient probablement pris la tête du gouvernement français. Avec le Mouvement de la paix, le Parti s'est engagé résolument dans les manifestations (interdites) contre la guerre de Corée, qui ont fait deux morts à Paris, tombés près de la place de Stalingrad. La délégation d'intellectuels dont fait partie Claude Lanzmann est reçue avec honneurs à Pyongyang – où elle rencontrera à deux reprises le Président Kim Il-sung – et ses membres sont loin d'être tous, loin s'en faut, des membres du Parti communiste français (Claude Lanzmann n'avait d'ailleurs pas sa carte au PCF). Au-delà de leurs sensibilités politiques diverses, ils sont animés par le même refus de la guerre, une guerre civile internationalisée qui, pendant trois ans, a causé des millions de morts. Le titre du film Napalm est d'ailleurs hautement significatif : avant la guerre du Vietnam, la Corée a été le premier théâtre d'opérations militaires où l'armée américaine a fait un usage intensif du napalm.

 

En 1958, les visiteurs occidentaux qui se rendent à Pyongyang sont déjà invités à témoigner de la volonté du peuple nord-coréen de bâtir le socialisme et de reconstruire leur pays dévasté au rythme de Cheollima, le cheval ailé des légendes coréennes qui parcourt 1.000 ri par jour. Claude Lanzmann le reconnaît : lorsqu'il revient en Corée du Nord en 2004, à l'occasion d'une extension dans le cadre d'un séjour en Chine où il présentait Shoah, le visage de la capitale s'est radicalement modifié.

 

Après cette visite fortuite - c'est seulement après son arrivée à Pékin en 2004 que Claude Lanzmann apprend qu'il peut visiter pendant quatre jours la RPDC, en compagnie d'Anglo-Saxons qu'il décrit comme des adeptes de Noam Chomski enchantés de « découvrir le communisme pur et dur » - Claude Lanzmann envisagera de revenir en Corée du Nord y tourner un film, de manière tout à fait officielle – nous l'avons d'ailleurs croisé à plusieurs reprises aux réceptions de la délégation générale nord-coréenne en France, à l'instar d'autres artistes ou de journalistes ayant des projets de visite en Corée du Nord. Cette troisième visite au Nord de la Corée interviendra finalement en 2015.

 

Il venait y retrouver les souvenirs d'une brève idylle – ce qui aurait été, selon lui, impossible à expliquer aux Nord-Coréens, si bien qu'il leur a parlé d'un film documentaire sur le Taekwon-do, le sport national de combat coréen pour justifier son déplacement de 2015.

 

Victime d'un coup de fatigue lors de son séjour en 1958, il lui est fait une piqûre de vitamines « dans le gras de la fesse » par une jeune infirmière, Kim Kum-sun, sous le regard de militaires. Un baiser sera échangé en cachette, des messages échangés sous forme de dessins... et une lettre reçue d'elle, six mois après son retour en France. Revenant sur son histoire d'amour, Claude Lanzmann l'avoue : « Ça marque, une histoire comme ça ! Elle n'a jamais cessé de me hanter. »

 

Quelque romancée qu'elle puisse être, c'est une histoire humaine, profondément humaine – qui en rappelle d'autres (comme celle entre une Est-Allemande et un Nord-Coréen qui étudiait à Berlin après la guerre de Corée, mariés puis séparés après son retour en Corée et qui se sont revus un demi-siècle plus tard) – et s'inscrit dans la continuité des leçons d'humanité que nous a prodiguées Claude Lanzmann dans ses documentaires sur la Seconde guerre mondiale et le génocide des Juifs, qui représentaient jusqu'ici la totalité de sa filmographie.

 

Le réalisateur n'a pas souhaité revoir Kim Kum-sun. Elle était plus jeune que lui, né en novembre 1925 et alors âgé de 32 ans. Mais à quoi bon ? C'est le souvenir de la Kim Kum-sun de 1958 qui a ému et hanté Claude Lanzmann pendant toutes ces années, et c'est cette seule image qu'il faut garder.

 

Source :

Partager cet article
Repost0
18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 17:10

Au pensionnat de l’Université Kim Il-Sung à Pyongyang, se sont succédés depuis le début des années 1950 des générations d’étudiants originaires essentiellement d’Asie et de Russie soviétique et jusqu’à la fin de l’expérience socialiste, d’Europe de l’Est. Beaucoup plus rares en revanche sont les Occidentaux qui ont eu la chance de venir y étudier et ainsi de partager d’inoubliables moments d’amitié et de fraternité. Nous publions ci-après la première partie du compte rendu du séjour à Pyongyang d’un étudiant français.

Être étudiant occidental à Pyongyang (première partie)

Fondée en 1948, la République Populaire Démocratique de Corée a déjà une longue tradition d’accueil des étudiants étrangers. La réception du 13e Festival Mondial de la Jeunesse et des Étudiants à Pyongyang en 1989 (plus de 20.000 participants !) en a été la démonstration la plus flamboyante mais comme tout festival, fut d’une durée extrêmement courte et ne saurait faire oublier la présence permanente d’étudiants internationaux. L’Université Kim Il-Sung, première université du pays, en accueille le plus grand nombre et c’est dans cette université que j’ai eu l’honneur d’étudier la langue coréenne pendant un semestre.

Venir étudier en République Populaire Démocratique de Corée n’est jamais le fait du hasard. C’est bien sûr l’assurance de bénéficier d’un enseignement de grande qualité mais c’est aussi, pour moi tout du moins, un acte politique et militant.

Les peuples libres et rebelles, ceux qui refusent l’alignement et ont le courage de s’opposer aux États impérialistes, même plus puissants, ceux qui délaissent le modèle capitaliste et font le choix d’un système économique et politique qui leur est propre, ceux-là ont toujours attiré ma sympathie. Venir étudier en RPDC, c’est encore découvrir un pays et un peuple sous un angle radicalement différent de celui rapporté par les journalistes occidentaux, dont les courts passages - encadrés et cloisonnés - ne permettent pas le vécu de l’expérience quotidienne et les interactions sociales que cela engendre. En République Populaire Démocratique de Corée, j’ai rencontré des hommes et des femmes exceptionnels pour qui j’ai la plus grande admiration. Ce sont des gens que j’aime, c’est ma famille, ma deuxième famille.

Il n’est pas utile de s’attarder sur les démarches pour obtenir un visa étudiant pour Pyongyang. Ce n’est pas simple dans la mesure où l’odieuse et injustifiable absence de reconnaissance diplomatique par la France de la RPDC rend tout projet d’échange universitaire particulièrement difficile à établir. Il ne fait pourtant guère de doute que ces échanges permettent une meilleure compréhension mutuelle entre les peuples et favorisent ainsi la paix et le développement. Je tiens à remercier tous ceux qui, tant à Pyongyang qu’à Paris, Coréens ou Français, m’ont permis de réaliser ce semestre d’étude. Je veux particulièrement remercier les autorités de la République Populaire Démocratique de Corée qui, pendant ces 4 mois, m’ont accordé une liberté dont probablement très peu d’étrangers ont pu bénéficier par le passé.

La RPD de Corée étant en guerre depuis plus de 60 ans face aux États-Unis, il n’est guère surprenant que l’étranger invité en RPDC voie ses libertés quotidiennes limitées et ses capacités d’interaction restreintes et ce d’autant plus lorsque l’étranger en question est français et que l’on sait le suivisme de la diplomatie française sur la politique américaine. Pourtant, après deux ou trois semaines d’ « observation », les autorités ont pris conscience que je n’étais ni journaliste ni opposant mais simplement un jeune Français, soutien de la réunification coréenne dans l’indépendance et opposant sincère à toute forme d’impérialisme ou de colonialisme. Cette confiance dont j’ai alors pu bénéficier m’a permis de disposer des mêmes droits - mais aussi des mêmes devoirs - que n’importe quel autre étudiant originaire d’un pays frère.

La fin de l’expérience socialiste au début des années 1990 a marginalisé davantage la RPDC et les échanges culturels et universitaires qui existaient avec les États de l’URSS et les démocraties populaires n’ont semble-t-il pas été renouvelés avec les nouveaux États indépendants d’Europe de l’Est. Il en résulte depuis l’absence - ou alors une présence rare et très épisodique - d’étudiants européens. Aujourd’hui, l’immense majorité des étudiants étrangers à l’Université Kim Il-Sung sont chinois - pour la plupart issus des villes frontalières avec la Corée au Nord-Est de la Chine - et pour une petite minorité, originaires de pays d’Asie du Sud-Est (Laos, Vietnam…). Ces étudiants peuvent être classés en plusieurs catégories :

- les étudiants présents pour un cycle long. Ils ont généralement étudié la langue coréenne 1 ou 2 ans dans leur pays d’origine et ont réussi l’examen d’entrée à l’Université Kim Il-Sung. Ils étudient 4 ans à l’Université Kim Il-Sung et peuvent ensuite rédiger une thèse. Il y a une classe par année d’études avec environ une dizaine d’étudiants pour chaque classe. Certains, très minoritaires, ont appris la langue coréenne à Pyongyang dans un institut préparatoire avant de passer l’examen ;

- les étudiants d’universités « partenaires ». Ils viennent étudier à l’Université Kim Il-Sung grâce à un partenariat avec leur université d’origine. La durée d’étude dépend du partenariat mais est généralement de quelques mois (c’est le cas d’étudiants chinois) ou parfois quelques semaines (des étudiants russes par exemple) ;

- les étudiants « invités ». C’est mon cas. La durée d’étude dépend des modalités convenues avec l’Université Kim Il-Sung. Quatre mois dans mon cas. J’ai lu qu’un étudiant anglais y avait étudié 2 mois il y a quelques années et s’est depuis attribué, avec beaucoup de rapidité, le titre de « premier étudiant occidental à avoir étudié à l’Université Kim Il-Sung ».

Quelle que soit leur catégorie d’origine, tous les étudiants internationaux étudient au même étage du bâtiment des sciences sociales de l’Université Kim Il-Sung. Cependant, il n’y a jamais de mélange entre les catégories. Par exemple, les étudiants du cycle long ne sont jamais mélangés avec les étudiants d’universités partenaires, même si le niveau est parfois équivalent. Primo débutant, je partageais la même classe qu’une étudiante chinoise.

La langue coréenne est le seul domaine d’étude accessible aux étudiants étrangers à l’Université Kim Il-Sung. Il est particulièrement intéressant de l’étudier à Pyongyang et plus généralement en RPDC car c’est là qu’est parlé le coréen traditionnel. Au contraire, la langue coréenne pratiquée au sud a depuis longtemps été transformée par l’influence de l’Anglais du fait de l’occupation militaire des États-Unis et de son omniprésence sur la sphère culturelle.

Les cours ont lieu le matin, du lundi au samedi. Ils consistent en deux ou trois cours de 1h30 tous les jours, sauf le samedi ou il n’y a qu’un seul cours. Les cours commencent à 8h mais il est requis d’être dans la salle de classe un quart d’heure avant.

Du fait de mon niveau débutant, la première semaine de cours après mon arrivée fut consacrée à la prononciation. Puis, pendant près de 2 mois, j’ai reçu des cours de grammaire. Les deux derniers mois, j’ai bénéficié de cours de lecture/écriture ainsi que de conversation. Les étudiants de première année n’ont que des cours de conversation et de lecture/écriture mais aussi d’anglais. Les étudiants des années suivantes ont des cours supplémentaires en géographie, histoire, informatique mais il s’agit, il me semble, de supports à l’étude de la langue coréenne. Tous les étudiants ont des cours de sport dans les magnifiques installations de l’Université Kim Il-Sung : terrains de football ou de basket mais surtout la très moderne piscine inaugurée il y a quelques années par le Grand Dirigeant Kim Jong-Il, lui-même ancien étudiant de l’Université Kim Il-Sung.

En RPDC, le Professeur bénéficie d’un statut très élevé. À l’entrée et à la sortie du Professeur dans la classe, les étudiants se lèvent et s’inclinent. Lorsque l’étudiant s’adresse au Professeur, il est d’usage d’employer la forme grammaticale la plus élevée en langue coréenne. Si tous les étudiants étrangers respectent ces règles, j’ai parfois eu le sentiment que c’était assez inhabituel pour les étudiants chinois, peut être habitués à plus de familiarités. Pour un étudiant français, c’est aussi un peu déconcertant au début. Réciproquement, il ne fait guère de doute que les Professeurs sont parfois surpris par le comportement des étudiants étrangers, lesquels ne portent pas d’uniformes au contraire des étudiants coréens, s’autorisent parfois quelques bavardages pendant la classe ou fument dans les toilettes pour certains… Mais dans l’ensemble, il n’y a guère de difficultés et tant les étudiants étrangers que les Professeurs coréens s’enrichissent de ces différences culturelles.

J’ai pu bénéficier des enseignements de quatre professeurs pendant mon semestre d’étude. Chacun d’entre eux, à leur manière, m’ont marqué par leur gentillesse et leur disponibilité à mon égard. Ils sont exigeants mais justes et placent beaucoup d’espoir dans les progrès de leurs élèves. Il ne fait aucun doute qu’ils ont été sélectionnés sur la base de leurs capacités pédagogiques d’une part mais aussi, par leur capacité à faire comprendre la culture coréenne.

S’ils sont tous des modèles de l’esprit révolutionnaire, à aucun moment je n’ai reçu un quelconque embrigadement ou endoctrinement de leur part. Si l’étude de la langue avait parfois pour support des exemples tirés de la vie du Président Kim Il-Sung et du Grand Dirigeant Kim Jong-Il ou de leurs Œuvres, il n’y a jamais eu de volonté de me convaincre ou de m’influencer. Nul besoin en vérité, les Coréens connaissant le respect qui est le mien pour l’œuvre et la pensée de leurs Dirigeants. Ce respect, c’est celui que l’on doit à la culture du pays dans lequel on est invité. À ce titre, comme tous les étudiants, c’est tout naturellement que nous nous inclinions avec respect et diligence devant les statues du Président Kim Il-Sung ou du Grand Dirigeant Kim Jong-Il.

Tous les étudiants étrangers partagent, il me semble, une immense fierté de pouvoir étudier dans la plus prestigieuse université de RPDC. Aussi, à notre manière, par notre présence, nous exprimons notre soutien et notre solidarité envers le peuple coréen qui subit chaque jour les difficultés engendrées par les embargos et l’agitation belliqueuse du Sud et de ses alliés.

Le pensionnat pour les étudiants étrangers est situé dans une rue adjacente de l’Université Kim Il-Sung. L’emplacement n’a jamais changé mais il y a eu quelques rénovations depuis l’origine. Des travaux sont d’ailleurs actuellement en cours dans le cadre de l’immense chantier de « la Rue du Futur », ensemble de gratte-ciel ultra modernes qui devraient être inaugurés au début de l’année 2017. Pour cette raison, environ 1 mois après mon arrivée, nous avons dû déménager pour un petit hôtel du centre-ville.

Au rez-de-chaussée du pensionnat, à droite du hall, au milieu du couloir, il y a un salon de coiffure (et une excellente coiffeuse au passage !). Au fond du couloir, un petit magasin ou les étudiants peuvent acheter des produits de dépannage : shampooing, petits gâteaux, jus de fruits, nouilles instantanées ou saucisses sèches…. De l’autre côté du hall d’entrée, à gauche cette fois, un restaurant public qui, comme la plupart des restaurants en RPDC, dispose d’une télévision pour les karaokés. Il y a aussi une salle de sauna, dont l’entrée est gratuite pour les étudiants le mercredi. Toujours au rez-de-chaussée mais accessible seulement depuis un escalier situé au premier étage, il y a la cantine des étudiants. C’est une grande salle avec des tables de 5 ou 6 places. La cuisine est séparée de la salle à manger par un mur et il faut mettre son plateau dans une petite lucarne pour recevoir les plats. Plusieurs plats à chaque repas (poisson, poulet, légumes…) déposés dans des petites assiettes mais toujours l’incontournable kimchi et du tofu. Un grand plat de riz est disposé sur chaque table. La nourriture est bonne et copieuse et les cuisinières toujours très gentilles avec les étudiants.

Au premier étage, c’est l’étage des filles. Au début de leur couloir, des journaux coréens à libre disposition. Il y a bien sûr le Rodong Sinmun (Journal des Travailleurs), quotidien édité par le Parti du Travail de Corée. Il y a aussi le Pyongyang Times, hebdomadaire, qui avait pour moi l’avantage d’être écrit en anglais. Mais ma principale source d’information, c’était bien sûr la télévision et les journaux télévisés du soir. Le dimanche soir, le journal des informations internationales permet d’être informé des actualités du monde. J’ai ainsi pu apercevoir les manifestations contre la réforme de la loi du travail en France, des images des inondations en région parisienne ou encore des attentats commis en Europe. Le journal des actualités internationales est précédé par le journal international des sports qui accorde une large place au Championnat d’Angleterre de football et qui m’a aussi permis de suivre - avec quelques jours de retard - le déroulement de la Coupe d’Europe de football en France.

Au deuxième étage, c’est nous les garçons. Au milieu du couloir, une table de ping-pong qui donne lieu à d’interminables parties. Difficile de concurrencer les étudiants chinois, qui ont pour beaucoup un excellent niveau. Mais le seul joueur imbattable, c’est le Professeur Ri, surveillant et responsable du pensionnat. Très charismatique, il est apprécié de tous les étudiants et dispose de l’autorité naturelle nécessaire au respect de l’ordre dans le pensionnat (et notamment au deuxième étage…).

Il y a deux lits par chambre mais les étudiants qui restent plusieurs années font parfois le choix de vivre seuls. Chaque chambre est identique : deux lits, deux armoires, deux bureaux, une télévision… Cependant, certains étudiants rapportent de leur pays d’origine ou achètent sur place du mobilier supplémentaire ainsi que des fournitures (plus grande télévision, petit frigo…) pour améliorer leur quotidien. Certains étudiants sont devenus des spécialistes de la cuisine en chambre et rivalisent dans la préparation du meilleur hot pot.

Il y a une grande salle de bain à chaque étage. Composée de W.C (de type asiatique) et de lavabos dans lesquels on peut faire notre toilette le matin et le soir. C’est assez rudimentaire mais pas incroyable. Les travaux en cours devraient par ailleurs améliorer les choses pour les futurs étudiants. La vie au pensionnat de l’Université Kim Il-Sung m’a rappelé mes années de pension au lycée...

Le troisième étage du pensionnat n’est pas habité. Dans une pièce, des vieux livres scolaires y sont entassés ainsi que les objets oubliés des anciens étudiants. Lors du déménagement pour l’hôtel du fait des travaux, j’ai eu l’occasion de jeter un coup d’œil aux vieux cahiers, habits et objets laissés par les étudiants qui nous ont précédés. Je n’ai plus aucun doute que des étudiants occidentaux, d’Europe de l’Ouest, sont venus étudier à l’Université Kim Il-Sung il y a quelques décennies.

Une petite dizaine d’étudiants coréens - souvent étudiants en langue étrangère - vivent avec les étudiants étrangers et partagent les mêmes chambres. Cette proximité favorise la création d’amitiés nouvelles, placées sous le signe de la fraternité internationale, mais aussi une meilleure compréhension mutuelle. Ainsi, deux Coréens, un garçon et une fille (appelons les Pierre et Jeanne), étudiants en langue Française à l’Université Kim Il-Sung, m’ont accompagné tout au long de mon séjour d’étude. J’ai partagé la même chambre que Pierre pendant tout le semestre. S’ils avaient au départ un rôle de « guide », ils sont très vite devenus des amis et je les considère maintenant comme mon petit frère et ma petite sœur.

Pierre et Jeanne m’ont beaucoup aidé et notamment à mon arrivée à Pyongyang. Comme je ne parlais pas du tout coréen, ils ont été pour moi d’une gentillesse infinie et d’un soutien immense. Primo-débutant en langue coréenne à mon arrivée, chaque soir dans ma chambre, Pierre et Jeanne mais aussi des étudiants chinois ou laotiens venaient m’aider pour les devoirs. J’en profite pour les remercier de nouveau pour l’immense patience dont ils ont fait preuve à mon égard.

Pierre et Jeanne m’ont impressionné par leur maîtrise impeccable de la langue française mais aussi par la connaissance de notre culture, de notre histoire. À ma plus grande honte - mais aussi à mon plus grand étonnement - ils connaissent des pans entiers de l’histoire de France que j’avais vaguement étudiés au collège et complètement oubliés depuis. De même, leur connaissance encyclopédique de la littérature française m’a beaucoup surpris. Ils m’ont par exemple fait découvrir des auteurs français que j’ignorais jusqu’alors comme par exemple Jules Romain. S’ils m’ont parfois demandé de l’aide pour des rédactions en littérature, je suis vite devenu l’élève et eux les professeurs. Au mieux ai-je pu parfois les aider pour la correction de quelques rares fautes d’orthographe et syntaxiques.

J’ai pu rapidement feuilleter leurs cahiers de cours et certaines périodes sont étudiées plus en détail (la Révolution Française par exemple) et certains personnages (Robespierre, Danton…) ou auteurs (Zola, Balzac…) sont particulièrement mis en avant.

A suivre…

O de N, pour l’AAFC

Être étudiant occidental à Pyongyang (première partie)
Être étudiant occidental à Pyongyang (première partie)
Partager cet article
Repost0
19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 15:42

Le 14 octobre 2015, la délégation de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) en déplacement à Pyongyang a visité la brasserie Taedonggang. Nous publions ci-après un compte rendu de cette visite par l'un des membres de la délégation de l'AAFC, Pierre Beltante, par ailleurs président du foyer rural de Tousson, en Seine-et-Marne. Pierre Beltante apporte un éclairage technique extrêmement éclairant sur l'une des plus célèbres brasseries nord-coréennes, dont le matériel est d'origine britannique... Avis aux brasseries intéressées par une coopération avec la brasserie Taedonggang, pour faire connaître une bière coréenne de qualité !

Vue extérieure de la brasserie Taedonggang (photo : AAFC)

Vue extérieure de la brasserie Taedonggang (photo : AAFC)

Lors du voyage en Corée organisé par l’AAFC, nous avons pu visiter la brasserie Taedonggang où nous avons été accueillis par M. Ham Hyong-chol, directeur de la qualité. Ses explications ont été traduites par notre guide Mme Jong  Un-a.

La brasserie Taedonggang a été construite avec du matériel anglais acheté dans une très ancienne brasserie fermée, Ushers  à Wiltshiretown of Trowbridge datant de 1824 !  Entièrement démontée et numérotée par une équipe d’ouvriers coréens, elle a été transportée par bateau. La reconstruction dans la banlieue de Pyongyang  a duré un an. Elle a été très suivie par le leader Kim Jong-il. 

Le maître brasseur anglais Peter Ward, de la brasserie Thomas Hardy, a également apporté sa contribution à l’installation du matériel. Il a témoigné de sa satisfaction tant dans le travail des ouvriers et des techniciens coréens que du résultat des premiers brassins nous précise M. Ham.
La production de bière  a démarré  en février 2002. Le Leader Kim Jong-il est venu visiter la brasserie en activité le 17 juin 2002 et a donné des instructions pour augmenter la production et la qualité des bières. Il a été décidé d’ajouter une malterie à la brasserie et celle-ci a été mise en route rapidement au mois de novembre 2002 avec l’installation de machines allemandes.

Comme dans toutes les brasseries, une agréable senteur de malt est présente et embaume cette visite, je ne suis pas donc dépaysé. Une odeur qui flatte les sens ici comme en France, sorte de communion internationale s’il en est.

Pierre Beltante, Jong Un-a et Ham Hyong-chol (photo : AAFC)

Pierre Beltante, Jong Un-a et Ham Hyong-chol (photo : AAFC)

On y trouve les cuves d’empâtage (30 kg à 40 kg de malt par litre / 70hl), une cuve de filtrage et une cuve d’ébullition (70 hl) puis un circuit de refroidissement rapide à 8° avant de remplir les cuves de fermentation cylindro-coniques réfrigérées.  Un circuit des plus classiques dans une grande salle carrelée se montre à nous avec un matériel conforme à une brasserie industrielle qui brasse jusqu’à 6 fois par jour et toute la semaine. La production annuelle tourne autour de 40 à 70 millions de litres.

Les opérations sont très automatisées et dirigées par un ordinateur central et quelques opérateurs. Le niveau technique de la production a reçu le certificat ISO 9001. Il est certain pour cela que le matériel d’origine a été complété et modernisé depuis 2002. De ce point de vue, les brasseurs coréens se montrent très compétents et ingénieux pour utiliser toutes les capacités de ce matériel d’âge vénérable.

Le houblon est coréen et l’orge vient des provinces du Sud principalement, mais de l’orge australienne complète l’approvisionnement.  Cette orge est maltée à la brasserie. A quand l’orge de brasserie du Gâtinais français et de Tousson ?

La brasserie en utilise 5000 tonnes par an. Les brasseurs coréens  sont demandeurs d’aide pour découvrir les différentes sortes de houblon et leur culture mais aussi d’échanges techniques sur les manières de brasser. 

La brasserie Taedonggang est motivée par ces échanges professionnels avec les brasseurs français et l’association AAFC facilitera, à la hauteur de ses moyens, ces contacts professionnels… 

Installations de la brasserie Taedonggang (photos : AAFC)

Installations de la brasserie Taedonggang (photos : AAFC)

Dans le brassage,  la matière première est fonction des approvisionnements et son utilisation en Corée est différente de ce que l’on connaît en France en raison de la quantité de céréales disponibles. Il est vrai que dans les grandes brasseries artisanales françaises (citons la brasserie de Saint Germain ou encore la brasserie Rabourdin), il est courant d’utiliser une importante quantité de malt de provenances diverses, de France, d’Europe et même de plus loin, selon les recettes. 

La brasserie Taedonggang  doit compenser cette difficulté à la fois de la qualité et de la quantité disponibles des orges de brasserie. C’est pourquoi est ajouté de l’oxygène purifié pour aider la levure (8 à 40 mg/litre), qui triple ainsi de cette façon et elle peut travailler tout le brassin à sa disposition. Il y a donc un travail technique très pointu pour obtenir des levures une fermentation correcte la plus complète possible et obtenir des goûts différents. Il y a des levures qui « montent » et d’autres qui « descendent » au cours de la fermentation, précise M. Ham.  Les premières donnent des goûts tendant vers le fruité et les secondes des saveurs plus sèches. 

La brasserie propose 7 types de bières différentes, blonde, ambrée et brune, ainsi qu’une bière de riz,  mais elles ne portent pas de nom, ce qui est un peu déroutant.  Le taux d’alcool est autour de 5° et des indications comme  11° ou 12° correspondent à la quantité de malt utilisée.

La salle d’embouteillage ressemble à toutes les salles d’embouteillage des grandes brasseries, avec ses bruits caractéristiques de tintements de verrerie.  Le personnel est étonné, voir amusé de nous voir ici et témoigne souvent de petits gestes amicaux.

La production est principalement destinée aux débits de boissons locaux qui sont plutôt nombreux,  aux épiceries, boutiques d’hôtels  et supermarchés. Ces derniers sont en plein développement dans divers quartiers de la capitale et sont bien approvisionnés.  Et les bars à bières gérés par la brasserie Taedonggang  sont en plein essor avec des enseignes qui les distinguent dans les avenues de la capitale. Ils sont ouverts aux Pyongyangais comme aux étrangers de passage. Outre la bière Taedonggang, on y déguste aussi les bières de la brasserie Ryongsang qui se déclinent en plusieurs qualités.

Il est possible que quelques cartons soient exportés, particulièrement à Berlin semble-t-il. En effet, les relations diplomatiques avec l’Allemagne sont très développées,  ce qui n’est, hélas, pas le cas de la France.  Des suggestions ont été tentées auprès de quelques importateurs décalés … mais la mode hexagonale, particulièrement parisienne, est aux bières style India Pale Ale, c'est-à-dire fortement houblonnées. Il faudra attendre.

Salle d'embouteillage de la brasserie Taedonggang (photo : AAFC)

Salle d'embouteillage de la brasserie Taedonggang (photo : AAFC)

Pour les amateurs français curieux de cette mousse inconnue, elle est selon notre dégustation, proche des pils allemandes – certains évoquent aussi des ales anglaises…  j’ai trouvé une ressemblance  avec la Kölsch par sa douceur et sa finesse. Très classique et réussi pour ce type de bière. Bien sûr,  nous sommes un peu loin de la mode des IPA qui font fureur chez nous, et encore plus loin des vieillissements en fûts de second remplissage, cognac, whiskies, vins etc.  Mais ce ne saurait tarder,  les micros brasseries sont présentes dans les grands hôtels, une taille qui pourrait permettre des brassins collaboratifs ce qui n’est guère possible avec la dimension industrielle de la brasserie Taedonggang par exemple. Les Coréens sont curieux et passionnés et ce serait vraiment heureux de rassembler ces compétences dans un brassin de l’amitié. En effet, les brassins collaboratifs se développent parmi les brasseries artisanales françaises et les micros brasseries permettraient d’aller dans ce sens. Une piste à creuser.

Nous avons goûté une pils particulièrement fine et rafraîchissante pour terminer cette visite très intéressante qui témoigne de la maîtrise des ingénieurs et ouvriers de la brasserie Taedonggang. 

Au cours de ce moment de convivialité, j’ai remis à M. Ham quelques bières artisanales françaises. Un choix cornélien imposé par le poids des bagages : La Véliocasse, bière au miel de la Brasserie du Vexin (Ile de France), La Ch’ti blonde et triple de la Brasserie Castelain (Nord), la Telenn Du, bière bio au blé noir de la Brasserie Lancelot (Bretagne), la Carnutes triple de la Brasserie des Carnutes (Centre) et l’Anosteke India Pale Ale de la Brasserie du Pays Flamand (Nord). 

J’ai rapporté deux bières différentes trouvées dans le magasin de notre hôtel, l’une de la brasserie Taedonggang (étiquette verte) et l’autre de la brasserie Ryongsong (étiquette blanche).  Pour cette dernière voici ce qu’en dit M. Gilbert Delos, le président des Amis de la Bière Ile de France : « Couleur ambrée pâle, mousse blanche, bulles moyennes à grosses. Nez céréalier, sur le biscuit et la levure. De la fraîcheur en bouche, avec une agréable finesse. Arômes fondus sur la céréale maltée, avec petites notes de caramel et de noisette. De la douceur sans amertume notable. Agréable et désaltérante de par sa légèreté, avec peu d’originalité au total. » Il faut sans doute comprendre par peu d’originalité, le côté standard en regard des innovations des brasseries artisanales auxquelles nous sommes habitués.
La Corée n’a pas fini de nous surprendre question bières puisqu’une brasserie récente s’est ouverte dans la zone portuaire de Rason avec l’aide d’une brasserie tchèque.

 

A la découverte de la brasserie Taedonggang de Pyongyang
Partager cet article
Repost0
27 mars 2016 7 27 /03 /mars /2016 18:28

Samedi 19 mars 2016, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) organisait un compte-rendu de son voyage d’octobre 2015 en République populaire démocratique de Corée (RPDC) dans le sympathique village de Tousson (Seine-et-Marne), au Foyer rural de Tousson et au café La Tête des trains. L'animateur du Foyer rural de Tousson, Pierrot Beltante, faisait partie de la délégation de l'AAFC en visite en RPDC en octobre 2015. Ce n’est pas que la première fois qu’un évènement de l’AAFC a lieu à Tousson. On peut même dire qu'une véritable tradition s'est créée avec un rendez-vous chaque année chez nos amis de Tousson depuis 2011. Ce fut l’occasion d’une rencontre qui a permis aux participants de se retrouver et d’échanger. Plusieurs vidéos et diapositives du voyage d’octobre 2015 ont été présentées. Ainsi, certains participants ont pu se familiariser avec les côtés insolites et inconnus de la RPDC, loin des clichés facilement éculés. Un débat a ensuite eu lieu. Comme toute bonne chose a une fin, un sympathique repas a permis aux participants de conclure la soirée, avec kimchi et nouilles froides (une des spécialités culinaires de Pyongyang). Nous remercions Pierrot Beltante et La Tête des trains pour leur accueil toujours chaleureux. À l’année prochaine, à… Tousson évidemment ! L'AAFC revient, en images, sur cette réunion.

La réunion de compte rendu du voyage de l'AAFC avait été placardé dans tout Tousson...

La réunion de compte rendu du voyage de l'AAFC avait été placardé dans tout Tousson...

... et relayée dans la presse locale !

... et relayée dans la presse locale !

Nouilles froides et kimchi au menu

Nouilles froides et kimchi au menu

Films et photos, débat, buffet franco-coréen : une organisation de main de maître par Pierrot Beltante

Films et photos, débat, buffet franco-coréen : une organisation de main de maître par Pierrot Beltante

Compte-rendu à Tousson du voyage d’octobre 2015 de l’AAFC
Partager cet article
Repost0
25 janvier 2016 1 25 /01 /janvier /2016 19:26

A l’occasion des célébrations du 70e anniversaire du Parti du travail de Corée (PTC), une délégation de l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC), conduite par son secrétaire général Patrick Kuentzmann, s'est rendue en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) du 8 au 15 octobre 2015, à l’invitation du Comité des relations culturelles avec les pays étrangers. Le 18 janvier 2016, l'AAFC a organisé une réunion de compte rendu de ce déplacement à Paris, en présence de l'ensemble des participants à ce voyage. 

L'AAFC a rendu compte du voyage de sa délégation en Corée en octobre 2015

Projetant des photos et vidéos prises lors de leur séjour, ou transmises par les Nord-Coréens s'agissant des cérémonies officielles lorsque la prise de photos ou de films n'était pas autorisée, les participants à la délégation de l'AAFC, dont plusieurs s'étaient déjà rendus en RPD de Corée, ont rendu compte des évolutions en cours et du message qu'avaient souhaité transmettre les autorités nord-coréennes à l'occasion des cérémonies ayant marqué officiellement le 70e anniversaire de la fondation du Parti du travail de Corée.

Alors qu'en 2010, pour le 65e anniversaire de la fondation du PTC, s'était tenue une seule parade militaire, l'imposant défilé civil et militaire du 10 octobre 2015 a témoigné de la volonté de développement concomitant de la puissance économique et militaire, conformément à la nouvelle ligne imprimée par les autorités nord-coréennes depuis 2011. Si l'effort appréciable de construction - tout particulièrement - dans la capitale témoigne d'un dynamisme économique certain, avec un accent mis sur l'industrie légère et les loisirs, d'autres obstacles structurels restent à surmonter - notamment la pénurie d'énergie et l'obsolescence des réseaux de transport. C'est pourquoi les coopérations économiques, scientifiques et culturelles figurent au premier plan des priorités de l'AAFC et des rencontres bilatérales conduites par la délégation, en marge des cérémonies officielles. Cette spécificité de l'AAFC a d'ailleurs été appréciée et soulignée par d'autres délégations d'associations d'amitié également présentes - une vingtaine de pays ayant été représentés à ce titre. Des visites spécifiques ont également été effectuées à la demande de la délégation - notamment dans l'usine de bière Taedonggang et la cathédrale de Jangchung - alors que quelques semaines plus tard une délégation de catholiques sud-coréens devait visiter à son tour la RPD de Corée, témoignant de l'importance des canaux religieux pour le dialogue intercoréen.

La présentation s'est poursuivie par des échanges avec la salle, portant notamment sur les conditions du séjour de la délégation, les échanges avec l'Association d'amitié Corée-France, puissance invitante, les projets de coopération en cours et l'évolution de la situation économique et sociale. L’AAFC tient à remercier Mme Jong Un-a secrétaire générale de l’Association d’amitié Corée-France, et son assistant M. Ham Sung-jin, pour l’accueil et leur aide tout au long de cette visite.

Nous reproduisons ci-après un entretien avec Patrick Kuentmann, qui conduisait la délégation de l'AAFC.

Un dimanche au bord de l'eau à Pyongyang

Un dimanche au bord de l'eau à Pyongyang

Tu étais déjà présent à Pyongyang aux cérémonies marquant le 65e anniversaire de la fondation du Parti du travail de Corée, en octobre 2010. Quelles différences te semblent les plus frappantes entre le voyage de 2010, et celui de 2015 ?

En effet, une délégation de l’AAFC était présente en RPD de Corée en octobre 2010 lors des manifestations marquant le 65e anniversaire du PTC. Il était donc intéressant d’observer les différences et les similitudes entre ces deux célébrations. Déjà, la RPD de Corée a, depuis décembre 2011, un nouveau dirigeant, Kim Jong-un, suite au décès du Dirigeant Kim Jong-il. Le 10 octobre 2010, pour le défilé militaire marquant le 65e anniversaire du Parti, Kim Jong-il était à la tribune, comme Kim Jong-un ce 10 octobre 2015 pour le défilé du 70e anniversaire. Première nouveauté, Kim Jong-un, premier secrétaire du PTC, a prononcé un discours juste avant le défilé, continuant d’adopter un style plus direct par rapport à son prédécesseur. Pendant que nous écoutions le discours (en coréen, bien sûr) du dirigeant suprême de la RPD de Corée à quelques mètres de la tribune officielle, notre interprète en a traduit les points clés. L’élément qui nous a tout de suite frappés est l’accent mis sur le niveau de vie du peuple et la jeunesse. La place prépondérante accordée au niveau de vie du peuple a été illustrée par l’imposant défilé « civil » qui a immédiatement suivi le défilé militaire : agriculture, éducation, loisirs... tous les secteurs de la vie coréenne étaient ainsi représentés. En octobre 2010, pour le 65e anniversaire du PTC, il n’y avait qu’un défilé militaire. Au soir de ce 10 octobre 2015, les organisations de jeunesse ont aussi donné un spectaculaire défilé aux flambeaux. Mais au-delà des discours et des manifestations de masse, nous avons pu constater que, dans les faits, les infrastructures, notamment agricoles et de loisirs, sont en plein développement, suivant une tendance déjà amorcée en 2010 et constamment poursuivie et amplifiée depuis, comme en ont été témoins les délégations de l’Association d’amitié franco-coréenne qui se sont rendues en RPDC en 2012, 2013, 2014 et cette année. Et puis, il y a l’aéroport international de Pyongyang rénové, inauguré en juillet 2015.

Spectacle "Le Grand parti et la brillante Corée" donné le 11 octobre 2015 à Pyongyang

Spectacle "Le Grand parti et la brillante Corée" donné le 11 octobre 2015 à Pyongyang

Quels ont été les points les plus marquants du programme ?

Le programme comportait des visites en province, à Panmunjom, dans la zone démilitarisée (DMZ) séparant les deux Corée, et à Kaesong, qui abrite le musée d’histoire du Koryo. Comme rappelée dans ce musée, des archéologues nord-coréens et français (de l’École française d’Extrême-Orient) travaillent en coopération sur le site de l’ancienne forteresse de Kaesong. En province, nous sommes aussi allés dans les monts Myohyang, à une centaine de kilomètres au nord de Pyongyang, et à Nampo pour visiter l’impressionnant barrage-écluse de la mer de l’Ouest inauguré il y a juste 30 ans pour empêcher l’eau de mer de remonter le fleuve Taedong, améliorant ainsi l’irrigation des exploitations agricoles. Au total, nous avons ainsi parcouru environ 700 km à travers la Corée pendant ce séjour d’une semaine. Cela donna lieu à quelques rencontres inattendues, comme ce pique-nique improvisé avec des randonneurs coréens croisés dans les monts Myohyang. Ils étaient aussi surpris que nous de cette rencontre et ce fut l’occasion de constater que la générosité et la convivialité des Coréens ne sont pas une réputation usurpée ! À Pyongyang, nous avons bien sûr assisté aux célébrations du 70e anniversaire du PTC, lesquelles, outre le défilé militaire et civil et la marche aux flambeaux du 10 octobre, comportaient aussi un spectacle de plus de 3 heures, réunissant 10 000 artistes, chanteurs et danseurs, donné plusieurs soirs de suite sur une scène flottante érigée sur le fleuve Taedong. Au programme, figuraient aussi les visites du musée de la Victoire de la Guerre de libération de la patrie (nom donné à la guerre de Corée en RPDC), rénové en 2013, et du musée des équipements de défense et d’armes. C’était un privilège puisque cette exposition présentant les équipements, véhicules et armes de tout calibre de l’Armée populaire de Corée n’est normalement pas ouverte au grand public. Il est à noter qu’une partie importante du musée est consacrée aux armées étrangères, avec des maquettes et explications très détaillées qui feraient la joie de nombreux stratèges. Nous avons aussi visité la brasserie Taedonggang, où est fabriquée la plus célèbre bière de Corée. Ce n’était pas la première fois qu’une délégation de l’AAFC visitait cette brasserie, mais, cette année, nous avions la chance d’avoir un spécialiste dans notre délégation et ce fut donc l’occasion d’un échange approfondi avec le directeur qui nous a fait faire la visite. Nous avons visité la nouvelle ferme coopérative Jangchon du quartier Sadong, à l’est de Pyongyang, où résident près de 400 familles. Cette ferme, présentée comme un modèle pour l’ensemble du pays, constitue une véritable petite ville avec ses propres équipements d’enseignement et de loisir et se consacre à la production de légumes. Un gros effort est fait pour les énergies renouvelables, comme en témoigne la multiplication des panneaux solaires sur les bâtiments. Le séjour à Pyongyang fut l’occasion d’autres rencontres fortuites comme lors de cet arrêt que nous avons demandé pour visiter la cathédrale Jangchung. Notre souhait a été immédiatement exaucé et nous avons pu ainsi avoir un échange avec deux représentants de l’Association des catholiques de Corée (il y a 3 000 catholiques en Corée du Nord). Ils ont accepté de retarder leur déjeuner pour cette visite impromptue, et nous leur en sommes reconnaissants. Cette rencontre était d'autant plus intéressante que des délégations de catholiques sud-coréens ont visité cette même cathédrale de Jangchung dans les semaines qui ont suivi. Nous y sommes allés un mercredi, mais la prochaine fois nous viendrons le dimanche pour assister à l’office.

Scène de rue à Pyongyang

Scène de rue à Pyongyang

Intérieur de la cathédrale Jangchung de Pyongyang

Intérieur de la cathédrale Jangchung de Pyongyang

Certains médias sud-coréens et américains, souvent conservateurs, avaient joué les Cassandre en prédisant, à l’occasion des cérémonies du 10 octobre 2015, un nouvel essai nucléaire ou un lancement de satellite qui auraient engendré un nouveau cycle de tensions internationales. Or, rien de tel ne s’est produit... Dans les discours que vous avez entendus, les lieux visités et les contacts avec vos interlocuteurs, comment apprécies-tu l’état d’esprit des Nord-Coréens : est-on dans une phase de détente, ou l’attentisme prévaut-il ?

Comme je l’ai déjà dit, l’accent a surtout été mis sur l’amélioration du niveau de vie du peuple et la jeunesse. Toutefois, compte tenu des tensions autour de la péninsule coréenne, de l’état de guerre en Corée (rappelons-le, c’est un simple cessez-le-feu qui a été signé en 1953), et de la pression militaire exercée par les États-Unis et leur allié sud-coréen, notamment pendant leurs importants exercices militaires annuels, la RPDC a dû consentir de gros efforts pour sa défense, y compris en développant une force de dissuasion nucléaire malgré les sanctions internationales. Telle est l’équation que doit résoudre la RPDC : assurer sa défense face à l’hostilité de la première puissance mondiale et de ses alliés tout en développant le niveau de vie de sa population affectée par les sanctions internationales, la RPDC étant, de l’aveu même de l’ancien président américain George W. Bush en 2008 « le pays le plus sanctionné du monde ». Il y a bien sûr une solution à cette équation : un traité de paix entre la RPDC et les États-Unis pour mettre un terme définitif à la guerre, ce que les États-Unis refusent, alors que le programme nucléaire militaire de la RPDC, pour ne parler que de ça, est la conséquence, et non la cause, de l’absence de paix entre les deux pays. Le défilé militaire du 10 octobre fut une démonstration de force spectaculaire, avec un message clair : la RPDC est prête à toute éventualité. Cet état « technique » de guerre qui prévaut toujours en Corée, nous avons pu, une nouvelle fois, le constater en allant dans la DMZ à Panmunjom. Il était important d’aller à cet endroit exactement 70 ans après la division de la Corée imposée par les grandes puissances, pour exprimer notre refus de cette injustice historique. L’officier de l’Armée populaire de Corée qui a accompagné notre délégation dans la DMZ, et avec lequel nous avons longuement discuté, était bien représentatif, je crois, de l’état d’esprit des Coréens : un époux et un père, soucieux du bien-être des siens, mais aussi prêt au sacrifice ultime pour sauvegarder la paix de son pays. Avant d’être interdit de séjour en Corée du Sud pour des raisons plus qu’obscures, j’avais pu visiter ce même endroit, Panmunjom, côté Sud à deux reprises (en 2008 et 2009). La différence est saisissante. Au Sud, c’est un militaire américain qui fait visiter et les Coréens (du Sud) ne sont là que pour le décor, figés dans une pose martiale. L’armée américaine va même jusqu’à faire signer aux visiteurs un document la déchargeant de toute responsabilité si l’armée nord-coréenne venait à leur tirer dessus ! C’est totalement absurde, et visiter Panmunjom côté Nord, où aucune signature de décharge n’est demandée, en discutant avec les officiers de l’Armée populaire de Corée, permet de comprendre à quel point la guerre en cours en Corée est aussi (surtout ?) une guerre de propagande, l’armée américaine n’étant pas la dernière en matière.

Campagne coréenne sur la route entre Pyongyang et les monts Myohyang

Campagne coréenne sur la route entre Pyongyang et les monts Myohyang

Rencontre avec des randonneurs coréens dans les monts Myohyang

Rencontre avec des randonneurs coréens dans les monts Myohyang

Les événements commémoratifs ont été couverts largement par les médias internationaux. Quels médias français étaient présents, et avez-vous eu des contacts avec eux ?

À l’aller, nous étions dans le même avion que de nombreux journalistes venus du monde entier. Au cours de notre séjour d’une semaine, nous avons eu l’occasion de croiser, brièvement, les envoyés spéciaux du Figaro et du Monde. Nos contacts avec la presse se sont limités à ça. Les comptes rendus des manifestations du 70e anniversaire du PTC que nous avons ensuite pu lire dans la presse française étaient, pour la plupart d’entre eux, très convenus. On a vraiment l’impression que, à part de rares exceptions comme Pierre-Olivier François et son magistral documentaire « Corée : l’impossible réunification ? », les journalistes français viennent en Corée du Nord, non pas pour apporter  à leurs lecteurs ou auditeurs une information plus précise sur ce pays, son histoire et son contexte géopolitique, mais pour y chercher ce qui pourra illustrer certains préjugés en disant « j’y étais ». La Corée est loin et il faut consentir quelques efforts et passer du temps pour y aller. Il est donc dommage que des journalistes consentent autant d’efforts et passent autant de temps pour un travail « d’information » aussi médiocre. Au fond, le plus choquant dans cette histoire n’est pas le dénigrement systématique de la RPDC par une certaine presse qui se complait dans sa propre ignorance et enchaîne les clichés sur ce pays, mais le gâchis que cela représente.

 

A un carrefour de Pyongyang

A un carrefour de Pyongyang

En ce qui concerne les associations d’amitié, comment était perçue et a été accueillie la délégation de l’AAFC ?

La délégation de l’AAFC a été très bien reçue en Corée. Comme d’habitude, a-t-on envie de dire. Nos homologues et amis de l’Association d’amitié Corée-France, qui dépend du Comité des relations culturelles avec les pays étrangers, ont, une fois de plus, très bien fait les choses. Au total, pendant les manifestations du 70e anniversaire, hormis notre délégation, il y avait 20 délégations d’associations d’amitié avec la Corée venues des pays suivants : Allemagne, Australie, Bangladesh, Belgique, Brésil, Congo, Danemark, Espagne, Indonésie, Irlande, Italie, Japon, Népal, Pakistan, Philippines, Pologne, Royaume-Uni, Russie, Slovaquie, Slovénie. Lors d’une réunion de toutes les associations présentes, M. André Lohekele, de la délégation congolaise, a rappelé qu’une mission importante des associations d’amitié est de sensibiliser les opinions publiques de leurs pays respectifs à propos de la situation en Corée. À titre d’exemple, M. Lohekele a cité le travail accompli par l’AAFC. Cet hommage montre que la voix de l’AAFC, aussi modeste soit-elle, porte au-delà de la France, dans le monde francophone. Cela nous encourage à continuer et à multiplier les contacts avec les autres associations d’amitié, sans attendre de nous rencontrer en Corée. Il y a tant de choses que nous pouvons faire ensemble.

Malgré un programme chargé, la délégation de l’AAFC a-t-elle pu avoir des rencontres bilatérales pour discuter ou favoriser des projets de coopération ?

L’AAFC a toujours des projets de coopération et un séjour en Corée est une bonne occasion de discuter avec nos partenaires pour les faire avancer. Sans entrer dans les détails, nous avons, cette fois, eu des rencontres avec des représentants de la Commission de l’Éducation et du ministère de la Construction de la RPD de Corée.

 Merci.

 

Photos : AAFC

Partager cet article
Repost0
27 septembre 2015 7 27 /09 /septembre /2015 21:46

Le 25 septembre 2015, l'IUT de Saint-Dié a organisé une conférence-débat intitulée "La Corée du Nord, au-delà des idées reçues", animée par le grand reporter Claude Vautrin, avec les interventions de Damien Jamet, maître de conférences à l'Université de Lorraine, et Benoît Quennedey, vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) chargé des actions de coopération. Cette conférence faisait suite à un séjour - préparé par l'AAFC à partir de juillet 2014 - de Damien Jamet en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) au début de l'été 2015, afin de jeter les bases d'une future coopération universitaire en mathématiques avec l'Université Kim Il-sung, l'une des plus prestigieuses universités de la RPD de Corée. L'AAFC remercie l'IUT de Saint-Dié et l'Université de Lorraine, dont relève l'IUT, pour leur invitation et l'organisation de cette conférence. Les très riches discussions, couvertes par différents médias locaux, ont permis de chasser plusieurs idées reçues sur la Corée du Nord, en montrant l'intérêt et la pertinence de coopérations universitaires pour jeter des ponts entre la France et la RPDC et contribuer ainsi au rapprochement des peuples et à la paix dans cette région du monde.

Retour sur la conférence-débat "La Corée du Nord, au-delà des idées reçues"

Si l'on mesure le succès d'une conférence par le nombre de participants rapporté à la population du lieu d'accueil, l'IUT de Saint-Dié - implanté dans une ville de 21 000 habitants au coeur des Vosges - peut s'enorgueillir d'avoir établi une sorte de record s'agissant d'un événément lié à la Corée : plus de 70 personnes présentes, dont le directeur de l'IUT, Olivier Caspary, par ailleurs maître de conférences en informatique, différents médias locaux, ou encore des étudiants que n'avait pas rebuté l'heure tardive à laquelle nombre de leurs congénères avaient définitivement mis le cap vers d'autres activités extra-universitaires en cette veille de week-end...

Car la Corée du Nord fascine et intrigue. Comme l'a souligné l'animateur des débats, le grand reporter Claude Vautrin (auteur de Grand reporter, le pas de côté, publié en 2015 par Kairos), dès un exposé liminaire clair, dense et ouvrant la porte à la confrontation d'idées, le pays est sous le feu des différentes propagandes. Tout au long de la conférence débat, illustrée par les photos prises cet été par Damien Jamet, aucun des aspects qui fait la singularité de la Corée n'a été éludé : économie, société, politique, diplomatie et, bien évidemment, échanges universitaires, conformes à l'objectif de la mise en place - depuis septembre 2011 - d'un bureau français de coopération à Pyongyang, et dont Damien Jamet a logiquement rencontré le directeur, Emmanuel Rousseau lors de son séjour en RPD de Corée. Il s'agit de la première représentation diplomatique française jamais établie dans le pays avant, espérons-le, que se nouent des relations diplomatiques complètes. En effet, la France est l'un des deux derniers pays de l'Union européenne (avec l'Estonie) à ne pas avoir franchi le cap de l'établissement de relations diplomatiques complètes, ce qui a contribué au recul de son influence en Asie du Nord-Est par rapport à d'autres pays occidentaux, au premier rang desquels l'Allemagne.

Mais, au-delà de la singularité toute relative (car largement façonnée par les médias) de la Corée du Nord, c'est déjà un intérêt scientifique qui a motivé la volonté de Damien Jamet d'approfondir les échanges entre l'IUT de Lorraine et l'Université Kim Il-sung à Pyongyang : tout a commencé par la lecture, dans une revue internationale, d'un article relevant de sa spécialité écrit par un confrère nord-coréen, confirmant le haut niveau de la RPDC en mathématiques, et qui a donné lieu à un échange de correspondances. Comme Damien Jamet n'avait pas de connaissance préalable de la Corée du Nord, il s'est tourné vers l'AAFC qui, lors du voyage de la délégation de l'association qui s'est rendue en RPDC en août 2014, a discuté directement des modalités d'une coopération universitaire - qui n'est pas la première (ni sans doute la dernière) qu'a favorisée l'AAFC. Pour le lancement réussi de cet échange (le premier à notre connaissance, en France, avec la RPDC dans le domaine des sciences fondamentales) à maints égards prometteur, l'AAFC remercie par ailleurs M. Ri Tok-son, conseiller à la délégation générale de la RPD de Corée en France, et Mme Jong Un-a, secrétaire générale de l'Association d'amitié Corée-France au sein du Comité des relations culturelles avec les pays étrangers, qui ont été des intermédiaires efficaces.

Retour sur la conférence-débat "La Corée du Nord, au-delà des idées reçues"

Pendant près de deux heures, les clichés sont tombés les uns après les autres : tout d'abord, il est possible de voyager en Corée du Nord, dont la culture confucéenne a façonné un respect de l'autorité (y compris celle des enseignants) devenue largement étrangère à nos modes de pensée. Il y a chez les Nord-Coréens une appétence pour les connaissances techniques et scientifiques occidentales, afin d'accomplir un nécessaire bond en avant dans le développement et la modernisation du pays. Quand les Français moroses font grise mine, les Coréens (et pas seulement du Nord) manifestent la volonté prométhéenne d'un peuple il y a encore peu soumis au joug d'une domination étrangère, aspirant à la réunification de sa patrie, et se projetant vers l'avenir avec la ferme conviction que l'homme est et doit rester maître de son destin. Par-delà l'échange universitaire entre la Lorraine et Pyongyang, qui n'en est qu'à ses débuts, c'est de la rencontre entre deux univers de pensées et deux sociétés très différentes dont a rendu compte une conférence-débat mémorable.

Partager cet article
Repost0
26 août 2015 3 26 /08 /août /2015 22:54

Comme nous l'annoncions dans notre édition du 19 juillet 2015, le groupe de rock industriel Laibach s'est produit en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) les 19 et 20 août 2015. Le 25 août dernier,  un des membres du groupe, Ivo Saliger, a donné une interview en anglais à Kory Grow, du magazine en ligne Rolling Stone. S'il n'est ni un spécialistes de la Corée, ni un diplomate, il a vécu dans une démocratie populaire et fait surtout part de ses impressions non seulement comme musicien, mais aussi comme voyageur, en partageant comme Damon Albarn (du groupe Blur) une fascination pour le pays, et surtout pour ses habitants. Nous reproduisons et traduisons ci-après des extraits de l'entretien qu'Ivo Saliger a donné à Lory Grow.

Le groupe Laibach place Kim Il-sung

Le groupe Laibach place Kim Il-sung

Qu'est-ce qui vous a plu et vous a déplu dans le pays ?


Les Coréens en général sont vraiment le plus beau joyau du pays. Il n'y avait aucun cynisme, ni sarcasme, ironie, vulgarité et autres "caractéristiques occidentales" dans leurs regards, sur leurs visages et dans leurs comportements. Il n'y avait qu'une modestie sincère, de la gentillesse, de la fierté et du respect. Il n'y a pas eu de parade militaire pour le 70e anniversaire de la libération, mais des gens dansant partout, avec grâce, dans les rues et les parcs de Pyongyang.

Observer les femmes policières faisant la circulation était vraiment amusant. Elles accomplissaient un rituel biomécanique des plus surprenants, presque à la manière de robots, aux carrefours, probablement toute la journée.

Ce que nous n'avons pas aimé est que nous ne pouvions pas nous déplacer librement, dans un pays qui est presque hermétiquement isolé du monde extérieur et ainsi de toute la pollution médiatique, des étrangers et des sujets toxiques qui pourraient potentiellement diffuser une maladie idéologique dans cette Utopie communiste, un "Truman show" collectif.

Quelles conceptions erronées les Occidentaux ont-ils de la Corée du Nord ?

Quelles conceptions erronées n'ont-ils pas ? C'est un pays que tout le monde en Occident aime détester, mais la plupart des récits de tabloïd à propos de la RPDC sont entièrement faux : ils ne mangent pas leurs propres enfants, ils ne jettent pas les gens aux chiens et ils ne souffrent pas de famine à cause d'un manque de nourriture.

Par exemple, les Américains en Corée du Nord ne sont pas du tout détestés, mais bienvenus. Et les Coréens n'assimilent pas le peuple américain à la politique du gouvernement américain. Entrer en Corée du Nord n'est absolument pas si difficile. De fait, c'est généralement plus facile que d'entrer aux Etats-Unis.

Pyongyang, qui a été complètement bombardée et détruite pendant la guerre de Corée - du fait bien sûr des bombes américaines - est aujourd'hui une belle ville, propre, bien ordonnée et riche en couleurs avec une architecture et des parcs impressionnants.

Les Nord-Coréens rient, sourient et plaisantent énormément et les gens à travers le pays sont incroyablement bien et "dignement" habillés. Ils apprennent les langues étrangères ; les enfants commencent à apprendre l'anglais à l'âge de sept ans. Les Coréens sont prêts à s'ouvrir au monde extérieur, mais ils veulent le faire lentement, à leur façon, et d'une manière très différente des Chinois.

Qu'est-ce qui vous a surpris le plus en Corée du Nord ?

Ils produisent une excellente bière. Elle est en fait considérée comme une boisson à faible teneur en alcool et les minidistilleries sont là-bas très populaires. Vous pouvez aussi boire de la bière librement à partir d'un container ouvert dans la rue et fumer à l'intérieur des hôtels et des cafés sans risquer de vous retrouver en prison. Pyongyang, comme le reste du pays, est probablement l'endroit le plus sûr au monde pour se balader - s'ils vous laissent vous promener, bien sûr. Et pour ceux qui consomment du cannabis, la Corée du Nord est un pays très libéral, où la détention de cannabis est en fait légale.

 

Concert de Laibach au théâtre Ponghwa le 19 août 2015

Concert de Laibach au théâtre Ponghwa le 19 août 2015

Comment le public a-t-il réagi aux concerts ?

Les Coréens n'avaient jamais entendu une telle musique auparavant, et ils ne savaient donc pas vraiment qu'en penser. Mais, à nouveau, ils ont réagi poliment, applaudissant après chaque morceau, et même à la fin du concert, ils nous ont donné une ovation debout (Peut-être qu'ils étaient contents que ce soit fini. L'ambassadeur syrien n'a visiblement pas beaucoup aimé le spectacle - il a fait le commentaire que "c'était trop lourd - presque comme une torture").

Lors du second spectacle, à l'école de musique Kum Song, les membres de Laibach ont produit deux chansons acoustiquement, avec les musiciens de l'école coréenne. Le reste du spectacle était en fait un programme de démonstration par l'école elle-même, réalisé en l'honneur de Laibach. La musique était incroyable, et nous avons tout entendu, depuis des rythmes style bonbon ressemblant à la musique japonaise des années soixante-dix à de l'électro-acoustique expérimental, presque le style de musique du genre d'Arca, joué à la guitare électrique et sur des synthés, combinés à leurs instruments traditionnels. Morten Traavik, qui s'est aussi produit avec Laibach, s'est plongé sur scène à la fin du spectacle, et en signe de remerciement il a offert un cadeau à l'école (...).

Comment le public a-t-il reçu vos visuels ?

Le comité de censure a eu des problèmes avec beaucoup d'entre eux. Ils ne veulent pas voir de nudité ou d'images potentiellement agressives, mais nous sommes parvenus à garder la plupart des visuels qui ont été projetés sous leur forme originale. Le public utilise en fait des fusées et des explosifs coréens, parce que c'est ce dont on se sert dans la musique populaire coréenne et chez les groupes militaires pour les projections en arrière-plan durant les concerts.

Il y a aussi eu une chanson coréenne, n'est-ce pas ?

Nous voulions présenter trois importantes et célèbres chansons coréennes : "Une vie et une mort honorables", "Arirang" et "Nous irons au Mont Paektu". A la fin, leurs censeurs nous ont demandé de retirer "Une vie..." et "Le Mont Paektu", parce que nous avions fait trop de modifications par rapport aux chansons originales, et qu'ils sont extrêmement sensibles à ce qui touche leur propre culture.

Finalement, qu'est-ce les Nord-Coréens ont pensé de votre musique après les concerts ?

Il y a eu cette brillante remarque d'un Coréen âgé. Après le spectacle, il nous a dit : "Je ne savais pas qu'il existait une telle musique dans le monde. Maintenant je le sais".

Source : extraits traduits de l'article en anglais, disponible intégralement à l'adresse suivante

Partager cet article
Repost0
12 juin 2015 5 12 /06 /juin /2015 21:57

L'agence Koryo Tours, spécialisée dans les voyages en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), propose du 18 au 22 août 2015 un circuit touristique qui comprend la participation à un semi-marathon au mont Paektu, point culminant (à 2 750 mètres) de la péninsule coréenne, situé à la frontière avec la Chine. Les splendides montagnes de la péninsule ont une valeur sacrée pour les Coréens, qui revêt en outre une importance historique et politique particulière dans le cas du Mont Paektu, où aurait été fondée la nation coréenne par Tangun, théâtre - selon les historiens nord-coréens - de combats du Président Kim Il-sung contre l'occupant japonais, et loué en RPD de Corée comme le lieu de naissance du Dirigeant Kim Jong-il, le 16 février 1942.

Le semi-marathon du Mont Paektu ouvert aux étrangers

Le programme de visite comprend également un séjour dans la capitale, et un déplacement sur les sites révolutionnaires près de la frontière avec la Chine - comme le camp secret du Mont Paektu. Les visiteurs pourront se rendre aux cascades de Rimyongsu et pourront admirer le lac volcanique Chonji. Pendant leur séjour, ils logeront notamment à l'hôtel Pegaebang de Samjiyon, au pied de la montagne. Enfin, une course de 10 kilomètres sera proposée en alternative au semi-marathon du Mont Paektu, le 21 août 2015.

Créée en 1993, et basée à Pékin, l'agence Koryo Tours est le principal opérateur étranger spécialisé de voyages à destination de la RPD de Corée. L'agence nord-coréenne Ryohaengsa (acronyme anglais : KITC) prend en charge les visites touristiques au Nord de la péninsule. Si les Chinois constituent le plus important contingent touristique en Corée du Nord, des milliers d'Occidentaux visitent chaque année la RPD de Corée.

Un autre marathon - qui se déroule quant à lui dans la capitale, à Pyongyang - accueille depuis plusieurs années des sportifs étrangers.

Principale source :

Partager cet article
Repost0
28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 15:12

Sorti le 27 avril 2015, le dernier album "The Magic Whip" du groupe de rock anglais Blur comprend une chanson intitulée Pyongyang, qui fait directement référence au voyage en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), deux ans plus tôt, de Damon Albarn. Dans un album traversé d'influences asiatiques (Blur a séjourné à Hong Kong et la pochette porte le nom de l'album et du groupe en chinois), le titre Pyongyang dénote :  le son lancinant du synthétiseur, et des paroles empreintes de nostalgie, rendent compte d'une volonté de témoigner musicalement d'un séjour qui a fasciné le chanteur du groupe, par ailleurs engagé politiquement.

Un dernier regard depuis la fenêtre de l'hôtel Yanggakdo avant le départ, demain, de Corée du Nord. La chanson Pyongyang de Blur est empreinte d'une irrésistible nostalgie où, dans la pénombre, reviennent les images des cerisiers, du Palais mémorial Kumsusan et du halo rose qui entoure les portraits des dirigeants. Damon Albarn engage une discussion improbable avec l'un des nombreux Coréens croisés en silence pendant son séjour, Coréens à la fois si proches et si lointains : "Enfant [...] les rues sembleront vides sans toi [...] Je pars." 

 

Le chanteur de Blur, qui souhaite retourner en Corée du Nord et se dit en quête de quelque chose, a voulu rendre compte en musique des impressions de son voyage à Pyongyang. Damon Albarn a été plongé dans un monde quasi-irréel aux avenues parfaites. Blur a adopté pour la chanson Pyongyang un style minimaliste soigné, sur un tempo de synthétiseur doux et étrange, presque empreint d'inquiétude, où s'immiscent quelques paroles en coréen. C'est d'une atmosphère dont a voulu témoigner Damon Albarn, comme il l'a indiqué dans un entretien au magazine GQ :

Mec, c'était étrange. Quand tu décides de faire quelque chose comme cela [aller en Corée du Nord], tu ne le fais pas par caprice. Il faut suivre un processus, obtenir une permission - ça ne consiste pas seulement à dire "Je prends un avion". Quand tu vas là-bas, la meilleure description que je peux en faire est celui d'un royaume magique, au sens où tout le monde est sous le charme. Les statues et les édifices sont absolument partout - partout où tu vas on te rappelle la famille Kim. Ils sont véritablement omniprésents. Mais la seule preuve de l'existence d'une élite est quand tu vois au coin d'une rue deux Range Rovers noires accélérant dans une rue déserte. Mais à part cela la Corée du Nord est pleine de gens normaux, qui existent simplement sous ce charme dément.

Damon Albarn évite de porter le moindre jugement : en artiste conséquent, il fait partager son ressenti. Mais l'approche par l'expression des sentiments ne signifie nullement un désintéressement : militant engagé pour la paix, notamment contre la guerre en Irak en 2003, il admirait son grand-père, Edmund Albarn, architecte rejeté de la société britannique car, objecteur de conscience, il avait refusé de combattre pendant la Seconde Guerre mondiale - avant de décéder en 2002 après une grève de la faim.  

"Pyongyang" de Blur, un témoignage musical de Damon Albarn

Sources :

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Association d'amitié franco-coréenne
  • : Soutenir la paix en Corée, conformément à l'aspiration légitime du peuple coréen et dans l’intérêt de la paix dans le monde
  • Contact

"Les leçons sympathiques et utiles"

Recherche

D'où venez-vous?