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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 00:27

Japonophile, le président sud-coréen Lee Myung-bak (Parti Saenuri, droite) avait inauguré son mandat, le jour même de son investiture le 25 février 2008, par un accord avec le Premier ministre japonais Yasuo Fukuda. Poursuivant dans cette voie, un accord de défense était en préparation entre les deux pays, malgré le lourd contentieux historique qui les oppose, après la colonisation de la Corée par le Japon militariste de 1910 à 1945. Ce projet militaire, sans précédent entre l'ancien colonisateur nippon et une nation qu'il a colonisée, a cependant été reporté sous la pression de l'opinion publique et de l'opposition. Rien n'indique à ce stade que le Président Lee Myung-bak parvienne à achever son mandat en obtenant l'approbation d'un accord négocié dans la plus grande discrétion.

 

En 1965, la normalisation des relations entre la Corée du Sud et le Japon soulevait une tempête de protestations dans la péninsule coréenne, la population étant choquée de la conclusion d'un accord au terme duquel l'ancien colonisateur ne s'excusait pas pour la brutalité avec laquelle il avait occupé la Corée. Parmi les manifestants, un étudiant, Lee Myung-bak, était emprisonné. Le même, devenu Président de la République en 2008, s'est-il souvenu du risque déjà encouru en 1965 par son prédécesseur, le général Park Chung-hee, dont la fille, Park Geun-hye, s'apprête aujourd'hui à briguer la présidence de la République, au nom de son parti, en décembre prochain ?

 

Quels que soient les motifs du recul du chef de l'Etat, le 29 juin 2012 le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a annoncé le report de la signature de l'accord de sécurité générale d'informations militaires (GSOMIA) qui était prévue à Tokyo le même jour, moins d'une heure plus tard. Il aurait constitué le premier pacte militaire entre les deux pays depuis la fin de la colonisation japonaise de la Corée en 1945. 

 

Le secret dans lequel le gouvernement sud-coréen avait engagé les négociations en vue de l'accord avait soulevé un tollé de protestations dès que la nouvelle avait été rendue publique. En effet, le Japon ne s'est toujours pas excusé pour l'occupation de la Corée. Il n'a pas mis une sourdine à ses revendications sur les îles Dokdo (contrôlées par les garde-côtes japonais), ni même assoupli ses positions révisionnistes sur les manuels scolaires.

 

L'opposition a été à l'avant-garde de la demande d'information du Parlement préalablement à la ratification de tout l'accord. Le GSOMIA était censé procéder à des échanges d'informations militaires et de renseignement sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Ce motif officiel suscite toutefois des interrogations, puisque l'armée et les services secrets sud-coréens n'ont guère d'informations à recevoir en la matière du Japon, qui doit compter sur les Etats-Unis qui partagent eux-mêmes avec la Corée du Sud les données dont ils disposent. La Corée du Nord apparaît ainsi plus comme un prétexte au rapprochement militaire nippo - sud-coréen, alors que la droite au pouvoir à Séoul regroupe historiquement les partisans d'une alliance avec le Japon.

 

Lee Hae-chan, président du Parti démocrate unifié (PDU, principale formation d'opposition, centre-gauche), a déclaré, lors d’une réunion à l’Assemblée nationale avec le chef du cabinet présidentiel Ha Kum-loul (photo ci-dessous) : "Il s’agit d’un sujet pour lequel le Premier ministre devrait assumer ses responsabilités, et si le président ne le démet pas de ses fonctions, le Parlement n’a pas d’autre choix que de demander un vote de non-confiance", ajoutant qu'il y avait selon lui un problème de principe à "reconnaître les Forces d’autodéfense japonaises en tant qu'armée et conclure un traité (avec elles) qui leur permet d'avoir accès aux (renseignements militaires)". C'est le Parti Saenuri au pouvoir qui est intervenu pour demander un examen préalable par le Parlement.

 

lee_hae_chan_ha_kum_loul.jpg

 

Le Premier ministre a présenté ses excuses à l'opinion publique. Tout en reconnaissant un non-respect des procédures, Ha Kum-loul a fait état de contacts pris préalablement avec les groupes parlementaires, sans en préciser la portée, pour réfuter la critique selon laquelle les négociations auraient été conduites en secret. De fait, alors que le Parti Saenuri dispose d'une majorité parlementaire étroite depuis les élections législatives d'avril, il n'est pas certain que la ratification de l'accord militaire avec le Japon eût recueilli le soutien d'une majorité de députés. La proximité de l'élection présidentielle de décembre incite également à la prudence sur un sujet extrêmement sensible, de nature à faire perdre ce scrutin à la droite de Mme Park Geun-hye.

 

Sources : Radio Chine Internationale, Yonhap (dont photo).

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 00:28

L'exemple français a manifestement fait école : le 14 avril 2011, un premier lot de 75 manuscrits (sur un total de 297), pillés par la France en 1866, arrivaient en Corée du Sud, dans le cadre d'un accord de restitution sous forme d'un prêt renouvelable de cinq ans. En effet, le 6 décembre 2011, 1 205 livres royaux anciens, pillés par le Japon pendant la colonisation de la Corée par l'empire nippon (1910-1945), sont arrivés par avion à l'aéroport de Séoul-Incheon. Ce résultat est le fruit, notamment, de la mobilisation depuis 2006 des bouddhistes de toute la péninsule coréenne.

 

Les 1 205 ouvrages sont arrivés ce mardi 6 décembre 2011 par deux vols Korean Air (KE 702 et KE 704), avant d'être transportés ensuite vers un des musées de Séoul : la restitution de ces précieux livres royaux de la Corée de la dynastie Choseon (1392-1910) s'inscrit dans une démarche de Tokyo pour améliorer ses relations avec la Corée du Sud, mises à mal par la résurgence, notamment, de la question du révisionnisme historique dans les manuels scolaires nippons.

 

restitution japon 1200 ouvrages coreens Choseon

 

Une cérémonie a été organisée lors du retour sur le sol coréen, en présence du premier vice-ministre des Affaires étrangères Park Suk-hwa et de l'ambassadeur du Japon à Séoul, Masatoshi Muto.

 

Ces textes, dont des protocoles royaux Uigwe qui décrivent les rites et les cérémonies à la cour royale coréenne de la dynastie Choseon (1392-1910), étaient jusqu'alors conservés par l'Agence de la famille impériale japonaise. Ils ont été restitués suite à un accord intervenu entre Tokyo et Séoul en novembre 2010.

 

Si l'AAFC se félicite de cette restitution, elle ne résout pas pour autant l'ensemble des contentieux historiques entre Japonais et Coréens suite à la brutale colonisation japonaise de la Corée, comme en témoignent notamment les revendications de Tokyo sur les îles Dokdo ou l'absence de toute indemnisation, à ce jour, de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pour les lourds dommages causés pendant l'occupation et la guerre.

 

Le 8 décembre 2011, le Comité central de la Fédération bouddhiste de Corée (du Nord, FBC), l'Association nationale des fidèles de la FBC, le Mouvement (sud-)coréen pour la restitution des trésors nationaux et le Conseil de l'Ordre Jogye de Corée du Sud ont publié une déclaration conjointe Nord-Sud des bouddhistes coréens. Ils se sont félicités que les efforts conjoints menés, depuis 2006, par les bouddhistes de toute la péninsule coréenne aient conduit à la restitution des ouvrages pillés il y a 80 ans. Ils ont annoncé travailler à la tenue d'un séminaire intercoréen sur le retour de ces livres royaux.

 

Sources principales : agences KCNA (dépêche du 8 décembre 2011) et Yonhap (dont photo).

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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 21:37

Le 31 octobre 2001, des médias locaux sud-coréens ont annoncé que Séoul chercherait à organiser, en novembre, une rencontre tripartite avec Pékin et Tokyo sur le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). La rencontre pourrait se tenir au niveau des ministres des Affaires étrangères, en marge d'une réunion internationale - par exemple dans le cadre de la prochaine réunion du forum de Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) en Russie, ou à l'occasion du sommet de l'ASEAN en Indonésie. Mais Tokyo n'en reste pas moins le grand absent des Etats parties aux pourparlers à six, à l'heure où se multiplient les rencontres bilatérales entre les Six.

 

Discussions bilatérales entre Washington et Pyongyang d'une part, Pyongyang et Séoul d'autre part ; visite du vice-Premier ministre chinois Li Keqiang dans les deux capitales coréennes ; avancées dans la coopération ferroviaire entre la Russie et la RPD de Corée à l'occasion d'un voyage d'essai entre Rajin et Khasan, tandis que Moscou se repositionne sur la scène diplomatique en Asie du Nord-Est après le sommet à Oulan-Oude en août entre le président russe Dmitri Medvedev et le dirigeant de la RPD de Corée Kim Jong-il... Une intense activité diplomatique se déploie autour de la péninsule coréenne dans l'éventuelle perspective d'une reprise des pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, que Pyongyang appelle de ses voeux. Seul le Japon reste largement à l'écart de ces négociations bilatérales ou trilatérales.

 

Yukio_Hatoyama_-VOA_Photo-.jpgPourtant, après l'alternance politique d'août 2009 qui a porté au pouvoir l'opposition démocrate, le changement semblait augurer d'une volonté du Japon de revenir sur la scène diplomatique. Ce dernier aurait pu reconnaître plus ouvertement les erreurs de l'impérialisme nippon - lequel reste le principal obstacle à une pleine insertion de Tokyo sur la scène internationale. Mais l'instabilité politique accrue après la démission du Premier ministre Yukio Hatoyama, qui n'a pas tenu ses promesses, n'a pas créé les conditions nécessaires à une approche moins frileuse de la diplomatie japonaise. Dans ce contexte, l'anticoréanisme viscéral de nombreux Japonais, qui se focalise aujourd'hui sur la RPD de Corée, est agité par des gouvernements faibles pour tenter de se refaire une virginité auprès de l'électorat d'extrême-droite.

 

Mais pour exister sur la scène diplomatique en Asie du Nord-Est, Tokyo doit prendre des initiatives : à cet égard, renouer le dialogue avec Pyongyang est probablement la meilleure carte que puisse jouer le Japon, pour ne pas être pris de court dans une accélération de l'histoire qui verrait, demain, une réconciliation entre les Etats-Unis et leurs ennemis d'aujourd'hui. Les diplomates nippons ne doivent pas oublier le "choc Nixon" : lorsque, au début des années 1970, Washington s'était spectaculairement rapproché de Pékin sous l'impulsion du président américain, Tokyo n'avait pas eu d'autre choix que de s'engager à son tour, et à marche forcée, dans des négociations bilatérales avec la République populaire de Chine, au risque sinon d'être enfermé dans un face-à-face avec Taïwan. Le Japon s'était alors vu imposer son calendrier diplomatique, et le même phénomène pourrait se reproduire demain avec Pyongyang.

 

Location-of-Liancourt-rocks-en-copie-1.pngCertes, le Japon est encore meurtri, frappé par les conséquences du terrible séisme et du tsunami qui ont touché l'archipel en mars de cette année. Mais alors que Tokyo aurait pu tendre la main à Pyongyang, qui a offert des secours d'urgence, tout comme Séoul, le gouvernement japonais s'est replié dans un isolationnisme dont il fait aujourd'hui les frais. Faute de règlement par le Japon de ses contentieux territoriaux avec la Russie sur les îles Kouriles, Moscou se tourne vers la péninsule coréenne pour établir un partenariat économique eurasiatique privilégié. Quand les Chinois cherchent à relancer les pourparlers à six, ils discutent d'abord avec les Etats-Unis et les deux Corée. Enfin, les Etats-Unis tendent de plus en plus à considérer Séoul comme leur allié privilégié en Asie de l'Est, non seulement dans le règlement de la question nucléaire mais aussi sur le plan économique, avec la douloureuse négociation de l'accord de libre-échange entre les deux pays. Enfin, l'intransigeance de Tokyo sur la souveraineté des îles Dokdo a même conduit à un rapprochement entre Séoul et Pyongyang sur la question de ces îlots coréens.

 

Si le Japon reste à l'écart des négociations avec la RPD de Corée, il ne sera jamais en mesure de régler les contentieux qui lui tiennent à coeur - comme le dossier de ses citoyens portés disparus au Nord de la Corée. Mais il faudra que Tokyo accepte aussi de revoir les droits et libertés des citoyens nord-coréens qui résident en permanence dans l'archipel depuis la colonisation japonaise de la Corée. Il faudra que le Japon reconsidère des questions historiques lourdes comme celle des "femmes de réconfort" coréennes, obligées de se prostituer pour les soldats nippons. Il faudra enfin que Tokyo accepte de verser une indemnisation à Pyongyang pour les dommages liés à la colonisation et à la guerre, comme il l'a fait vis-à-vis de la Corée du Sud en 1965 lors de la normalisation des relations entre les deux pays.

 

Toutefois, des canaux de dialogue sont préservés entre Pyongyang et Tokyo. Il s'agit notamment d'actions de coopération, comme à l'occasion de la récente visite en RPD de Corée d'une équipe de médecins japonais pour examiner les victimes nord-coréennes de Hiroshima et Nagasaki. Des échanges se maintiennent aussi au niveau parlementaire. Toutefois, des avancées réelles exigent une plus grande vision politique des gouvernants japonais au plus haut niveau, comme l'avait notamment montré le Premier ministre (conservateur) japonais Junichiro Koizumi. Ce dernier, lors de son premier sommet avec le président Kim Jong-il en RPD de Corée, avait signé le 17 septembre 2002 la déclaration de Pyongyang, pierre angulaire d'une possible réconciliation entre les deux pays.

 

junichiro_koizumi_kim_jong_il.jpg

 

Sources : AAFC, Xinhua.

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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 23:07

Le 11 octobre 2011, une équipe de médecins japonais est arrivée en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pour examiner les victimes des bombardements nucléaires américains de Hiroshima et Nagasaki. Il s'agit d'une coopération médicale exceptionnelle entre le Japon et la Corée du Nord, alors que les relations entre les deux pays restent très dégradées, même après l'accession au pouvoir à Tokyo d'une nouvelle majorité formée autour du Parti démocrate (centriste).

 

800px-Atomic_bombing_of_Japan.jpgLe Japon reste, à ce jour, le seul pays victime d'une attaque nucléaire, ayant été frappé par les bombardements américains de Hiroshima (à gauche) et Nagasaki (à droite) en 1945. Mais les bombes A n'ont pas seulement causé des victimes parmi les populations japonaises : de nombreuses victimes sont aussi des Coréens qui vivaient alors dans l'archipel nippon, pendant l'occupation japonaise de la Corée (1910-1945).

 

Du 11 au 15 octobre 2011, une équipe de médecins japonais est en visite en RPD de Corée pour examiner les victimes coréennes des bombardements nucléaires en 1945, et qui vivaient alors au Japon. L'arrivée des médecins a été couverte par le bureau à Pyongyang de l'agence américaine Associated Press, première agence occidentale à avoir établi un bureau d'information permanent en Corée du Nord.

 

Sumiteru_Taniguchi_back.jpgCette coopération dans le domaine médicale répond à une demande ancienne des associations de victimes de la RPD de Corée, qui estiment que plus de 40.000 Coréens ont péri dans les bombardements de Hiroshima et Nagasaki, tandis que 30.000 autres Coréens ont souffert des radiations nucléaires, étant notamment brûlés (à droite, photo du dos d'une victime japonaise, Sumiteru Taniguchi, en janvier 1946). Parmi eux, 2.000 ont été rapatriés en RPD de Corée, essentiellement après 1959, et 380 étaient vivants en 2008.

 

En 2002, les autorités nippones avaient accepté d'aider les victimes des attaques nucléaires vivant en RPD de Corée, mais à condition qu'elles présentent des certificats qui ne sont délivrés qu'au Japon. Le refroidissement des relations entre le Japon et la RPD de Corée a depuis pratiquement interrompu les échanges de personnes entre les deux pays.

 

La visite des médecins japonais représente une avancée pour la reconnaissance des droits des victimes de Hiroshima et Nagasaki en RPD de Corée, dont les associations demandent des excuses et une compensation par le gouvernement japonais.

 

Se félicitant de la visite des médecins japonais en RPD de Corée, l'AAFC estime que les victimes des bombes A en 1945  interpellent  chacune et chacun d'entre nous pour faire disparaître les armes nucléaires de la surface de la planète. Tel est le sens de notre engagement pour un traité de paix dans une péninsule coréenne sans armes nucléaires et sans troupes étrangères.

 

Sources : Official wire / AP. Images wikipédia.

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 11:24

Alors que trois députés japonais du Parti libéral-démocrate ont été interdits d'entrée en Corée du Sud pour un voyage visant à réaffirmer les revendications territoriales nippones sur les îles Dok (Dokdo), la protestation a été unamime dans toute la péninsule coréenne. Les Nord-Coréens ont vivement dénoncé la provocation des parlementaires japonais, appelant à former un front uni et faisant ainsi passer l'intérêt national au-dessus des divergences idéologiques et politiques. 

 

Location-of-Liancourt-rocks-en-copie-1.pngInhabitées, les îles Dok (Dokdo ; en japonais, Takeshima ; nom international, rochers de Liancourt), dont la superficie est de 0,18 km2, représentent un enjeu important dans les relations coréano - japonaises. Au plan économique, pour la délimitation des zones économiques exclusives et les droits sur la pêche en mer, les Dokdo sont ainsi placées depuis 1954 sous le contrôle des garde-côtes sud-coréens. Mais elles constituent plus encore un enjeu politique : ce n'est qu'en 1905 que Tokyo prend le contrôle des îles, qui ont ainsi été le premier territoire coréen à être annexé par le Japon à l'aube de la brutale colonisation du Pays du matin calme (1910-1945), et les Coréens rappellent que tant la déclaration de Potsdam du 26 juin 1945 que les directives du Commandement Suprême Allié du 29 janvier 1946 ont explicitement exclu les Dokdo du territoire japonais. Mais Tokyo se fonde sur leur absence de mention dans le traité de paix de 1951 pour appuyer sa revendication territoriale.

 

Au printemps 2008, les instructions gouvernementales japonaises pour les manuels scolaires présentant les Dokdo comme faisant partie du territoire nippon avaient déjà généré une crise entre Séoul et Tokyo, entraînant le rappel de l'ambassadeur sud-coréen en poste à Tokyo. L'arrivée au pouvoir d'une majorité démocrate à Tokyo n'a pas calmé les ardeurs nationalistes : au printemps 2011, le gouvernement japonais a donné son feu vert à l'édition de manuels scolaires soutenant les revendications territoriales japonaises sur les Dokdo et le rapport diplomatique annuel pour 2011 a également appuyé une telle position, ce qui n'était plus arrivé depuis 2007. Ce tournant droitier des démocrates se nourrit de la pression de l'extrême-droite japonaise, qui a réclamé l'instauration d'une journée dédiée aux îlots contestés et exprimé des positions aussi radicales que le refus de l'aide coréenne aux victimes du récent séisme.

 

Le 16 juin 2011, un A380 de la Korean Air a survolé les Dokdo, entraînant des réactions de protestation au Japon et des appels au boycott de la compagnie sud-coréenne.

 

Dans ce contexte, le déplacement de trois députés nationalistes japonais du Parti libéral-démocrate apparaît comme l'ultime provocation ayant soulevé une levée de boucliers en Corée, majorité et opposition confondues. Le 1er août 2011, une interdiction d'entrée sur le territoire sud-coréen a été opposée à Yoshitaka Shindo, Tomomi Inada et Masahisa Sato, tous membres du Parti libéral-démocrate (droite, opposition), à leur arrivée à l'aéroport international de Gimpo. Leur objectif était de gagner Ulleung, située à environ 90 kilomètres à l’ouest des Dokdo, dans la mer de l’Est, pour réaffirmer la souveraineté japonaise sur les Dokdo. Le gouvernement coréen a invoqué des dispositions de la législation sur l'immigration, permettant d'interdire l'entrée de personnes susceptibles de nuire aux intérêts du pays ou à la sécurité publique.

 

Non seulement la classe politique sud-coréenne, mais aussi le gouvernement nord-coréen ont vivement dénoncé les revendications japonaises sur les Dokdo, suivant une position constante de Pyongyang.

 

En février 2011, l'agence KCNA de la République populaire démocratique de Corée avait rappelé l'ancienneté des mentions des Dokdo par les historiens coréens comme d'une partie du territoire national, en accusant également Tokyo de vouloir utiliser ses revendications sur les Dokdo en tant que base arrière pour agresser la RPDC.

 

Réagissant au projet des députés nationalistes japonais, dans un article publié le 20 juillet dernier, le site nord-coréen Uriminzokkiri a désigné ces derniers comme un "groupe sans scrupule" et appelé tous les Coréens à former une force unie contre les revendications territoriales japonaises. Dénonçant une provocation des députés nippons, Uriminzokkiri a rappelé que les Dokdo étaient un trésor du peuple coréen transmis de génération en génération, en déclarant : "Nous sommes déterminés à venger 1.000 fois notre peuple pour les gestes réactionnaires du Japon qui, loin de s'excuser pour et compenser les malheurs incommensurables et les peines infligées à notre peuple, n'a comme objectif que de nous prendre notre terre".

 

Toujours selon le site nord-coréen, "le peuple entier doit s'unir pour détruire résolument le projet de capturer les Dokdo, afin que les réactionnaires japonais ne mettent jamais la main sur notre terre. C'est l'exigence de notre génération et l'appel du peuple". 

 

Face aux revendications japonaises sur les Dokdo, cette position commune des deux Corée en tant que nation, transcendant les clivages politiques, a été réaffirmée au même moment lors du 18ème forum régional de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN), qui s'est tenu à Bali en Indonésie - où a eu lieu par ailleurs une rencontre entre les négociateurs des deux Corée sur la dénucléarisation de la péninsule, en marge du forum.

 

Sources : Korea Times, Uriminzokkiri, Xinhua, Les Yeux du Monde, Yonhap (dépêches du 20 juillet et du 1er août 2011).

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 23:01

Le 24 mars 2011, l'agence officielle KCNA de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a annoncé une aide totale de 600 000 dollars aux victimes du séisme et du tsunami au Japon : d'une part, le dirigeant Kim Jong-il a envoyé une aide de 500.000 dollars aux résidents coréens dans l'archipel nippon, qui abrite une communauté de 700 000 Coréens dont un tiers ont la nationalité nord-coréenne ; d'une part, le comité central de la Croix-Rouge de RPDC a annoncé une aide de 100.000 dollars.

 

chongryon.jpgAprès le très grave séisme puis le tsunami qui ont endeuillé le Japon le 11 mars dernier, tous les Coréens ont exprimé leur solidarité avec les victimes, la Corée du Sud décidant de l'envoi d'une équipe de secours de 102 personnes.

 

Les autorités nord-coréennes ont également décidé de l'envoi d'une aide, dont une part importante est destinée aux résidents coréens au Japon : quelque 200.000 habitants du Japon ont la nationalité nord-coréenne, et même si aucun bilan n'a été établi concernant la communauté coréenne qui réside en permanence dans l'archipel nippon, celle-ci a sans doute aussi à déplorer des victimes. Il existe une longue tradition de soutien mutuel entre la RPD de Corée et l'Association générale des Coréens résidant au Japon (Chongryon).

 

Selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA, l'aide aux Coréens du Japon - d'un montant de 500.000 dollars - a été envoyée par le dirigeant Kim Jong-il, secrétaire général du Parti du travail de Corée, président de la Commission de la Défense nationale de la RPDC - témoignant d'une attention personnelle pour ses compatriotes vivant au Japon.

 

Par ailleurs, le comité central de la Croix-Rouge de RPDC a envoyé 100.000 dollars à la Croix-Rouge japonaise, en renouvelant son message de sympathie pour les victimes du séisme et leurs familles. L'aide totale de la RPDC atteint ainsi 600.000 dollars.

 

Sources :

- AAFC

- "Kim Jong Il Sends Relief Fund to Koreans in Japan", KCNA, 24 mars 2011

- "Relief Fund to Quake-hit Japan from DPRK", KCNA, 24 mars 2011

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 23:18

Alors que le séisme au Japon apparaît comme la plus grave épreuve à laquelle est confronté l'archipel nippon depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Coréens - qu'ils soient du Nord, du Sud ou de la diaspora - ont exprimé leur solidarité avec leurs voisins japonais, quels que puissent être les différends historiques entre les peuples japonais et coréen. L'Association d'amitié franco-coréenne adresse également ses condoléances aux familles des victimes, en souhaitant que tout soit mis en oeuvre pour retrouver au plus vite les personnes disparues, et en exprimant sa confiance dans la capacité du peuple japonais à reconstruire son pays.

 

Seisme-Japon.jpgLe Japon n'en finit pas de pleurer ses morts et de panser ses plaies, après le séisme d'une magnitude de 9,0 survenu le 11 mars 2011 au large des côtes nord-est de l'île de Honshu, suivi de nombreuses répliques et ayant aussi provoqué un tsunami . Il s'agit du plus important séisme jamais enregistré dans l'histoire du pays, qui a également entraîné des accidents dans plusieurs centrales nucléaires, faisant peser le risque d'une catastrophe nucléaire. Selon un bilan provisoire établi le 13 mars, alors que les recherches des personnes disparues se poursuivent, le séisme pourrait causer au final au moins 10 000 morts .

 

Les messages de solidarité et de sympathie ont afflué du monde entier, et notamment de la péninsule coréenne voisine qui n'apparaissait pas menacée, du moins dans l'immédiat, par le séisme et ses répliques, ni par la propagation des radiations des centrales où ont eu lieu les accidents nucléaires. Par ailleurs, près de 700 000 Coréens, résidents permanents dans l'archipel nippon, ont été directement exposés au tremblement de terre. Economiquement, la Corée du Sud - un des principaux partenaires du Japon - est directement affectée, alors que les effets seront très limités pour la Corée du Nord, dont les échanges avec le Japon ont été sévèrement restreints par le gouvernement nippon depuis 2006.

 

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Vue d'hélicoptère du port de Sendai


En République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), les médias ont immédiatement montré en images l'ampleur de la catastrophe, tout en rendant compte des estimations des  pertes humaines et matérielles ainsi que des accidents nucléaires. Le 14 mars, Jang Jae-on, président de la Croix-Rouge nord-coréenne, a envoyé un message de solidarité à son homologue japonais Konoe Tadateru : "Apprenant la triste nouvelle que le nord-est de votre pays avait été frappé par un tremblement de terre et un tsunami sans précédent qui a entraîné des pertes gigantesques et des dégâts matériels, je vous exprime ma profonde sympathie et mes condoléances et, à travers vous, aux victimes et à leurs familles de la part de la Société de la Croix-Rouge de RPDC. J'espère que la vie quotidienne des victimes reviendra à la normale dès que possible grâce aux efforts positifs de votre société."  

 

secouristes_sud_coreens_seisme_japon.jpg

En Corée du Sud, une équipe de secours de 102 personnes (dont 100 sapeurs-pompiers) est partie le 14 mars pour la région de Sendai, plaçant la Corée du Sud au premier rang des pays ayant réagi le plus vite et avec les moyens les plus importants. L'Assemblée nationale a réuni trois de ses commissions le lundi 14 mars pour discuter des mesures à prendre, tandis que la présidence de la République a également organisé une réunion d'urgence sur la sûreté nucléaire. Suite au tremblement de terre, la mort d'un résident sud-coréen a été confirmée dans la préfecture d'Ibaraki le 14 mars, tandis que 50 résidents sud-coréens à Fukushima étaient portés disparus.

 

L'Association d'amitié franco-coréenne exprime sa solidarité avec le peuple japonais, en présentant ses condoléances aux familles des victimes, confiante dans la capacité du Japon à faire face à ce défi sans précédent depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. 

 

Sources :

- AAFC

- "Damage by Quake and Tsunami Expands in Japan", KCNA, 14 mars 2011

- "Message of Sympathy to President of Japan Red Cross Society", KCNA, 14 mars 2011

- "Séisme au Japon : Séoul dépêche une équipe de secours vers Yamagata", Yonhap, 14 mars 2011

 

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 22:59

En août 2009, l'arrivée au pouvoir à Tokyo du Parti démocrate du Japon (PDJ, centriste) semblait ouvrir une nouvelle ère dans les relations entre le Japon, d'une part, la Chine et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), d'autre part. L'archipel nippon n'avait-il pas recherché des solutions régionales coordonnées avec la Chine et la Corée du Sud pour résoudre la crise financière, et le nouveau Premier ministre n'avait-il pas plaidé pour améliorer les relations avec Pyongyang ? Las, les révélations du site WikiLeaks révèlent qu'il s'agissait d'une tactique de diversion pour, en secret, poursuivre la mise en place d'un service de renseignement dirigé essentiellement contre les deux ennemis principaux que sont la Chine et la RPDC.

 

Yukio_Hatoyama_-VOA_Photo-.jpg

A la veille du succès de son parti aux élections générales d'août 2009 qui devait entraîner sa désignation comme Premier ministre, Yukio Hatoyama avait déclaré à l'agence Kyodo "Avec une administration dirigée par le Parti démocrate du Japon, nous avons besoin d'avoir un nouveau départ (dans les discussions bilatérales pour un nouvel accord) basé sur l'esprit de la Déclaration de Pyongyang", signée en 2002 lors de la visite en RPDC du Premier ministre  japonais  Jun'ichirō Koizumi, et qui prévoyait - déjà - la normalisation des relations diplomatiques entre le Japon et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).

 

Le rapprochement militaire nippo - sud-coréen, allié à un soutien sans faille de Tokyo à Séoul lors de la montée des tensions intercoréennes en 2010, aurait pu faire croire que le contexte international était à l'origine du maintien à Tokyo d'une ligne diplomatique dure vis-à-vis de la RPDC. En fait, comme le révèlent les télégrammes diplomatiques américains rendus publics grâce à WikiLeaks, la Corée du Nord a servi de prétexte pour une remilitarisation du Japon, indépendamment du second essai nucléaire nord-coréen du 25 mai 2009, suivant une ligne poursuivie et approfondie par l'administration démocrate japonaise.

 

C'est en effet dès 2008 que le gouvernement japonais a décidé de mettre en place un service de renseignement extérieur, inspiré du modèle des grands frères anglo-saxons, la CIA américaine et le MI6 britannique. Selon le quotidien australien Sydney Morning Herald, Hideshi Mitani, directeur général du Bureau de recherche et de renseignement du gouvernement (CIRO) aurait fait état de volonté de constituer une "capacité humaine de collecte de renseignements" lors d'un entretien avec Randall Fort,  alors chef du service de renseignement du département d'Etat américain. Selon le télégramme américain rendant compte de cette entrevue, "Il a été décidé d'avancer très lentement car les Japonais ont conscience qu'ils manquent de connaissances, d'expérience et d'agents (...) Un programme de formation pour le nouveau personnel commencera bientôt".

 

Les hommes d'affaires et les sociétés japonaises à l'étranger étaient cités comme leviers pour constituer cette capacité de renseignement humain, visant trois cibles nommément désignées : la Chine, la Corée du Nord et le "terrorisme", révélant toute l'ambiguïté du positionnement du gouvernement japonais, dirigé par les démocrates depuis plus d'un an et demi, dans leurs relations avec la République populaire de Chine et la République populaire démocratique de Corée.

 

Sources : AAFC ; "Le Japon veut se doter d'un service de renseignement extérieur selon WikiLeaks" in Le Monde, 21 février 2011

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12 août 2010 4 12 /08 /août /2010 16:51

Le 10 août 2010, le Premier ministre japonais Naoto Kan a présenté des excuses officielles à la République de Corée (du Sud) pour la colonisation de la péninsule coréenne entre 1910 et 1945. Ce geste est intervenu à la veille du soixante-cinquième anniversaire de la libération de la Corée le 15 août 1945 et du centième anniversaire du traité d'annexion de la Corée par le Japon, signé le 22 août 2010 et ayant pris effet le 29 août 2010. Si ce geste doit être salué, il est particulièrement regrettable que ces excuses ne s'adressent qu'à la seule Corée du Sud, quand la colonisation japonaise a concerné l'ensemble de la péninsule.

 

200px-Naoto_Kan_cropped_KAN_Naoto_2007.jpgDans une déclaration rendue publique le 10 août 2010, à la veille du centième anniversaire du début de la colonisation nippone de la Corée, le  Premier ministre japonais Naoto Kan a exprimé ses "profonds remords" et ses "excuses sincères" pour les "dommages immenses et les souffrances infligés par le régime colonial", dans une reconnaissance sans ambiguïté des responsabilités du Japon :

 

"Comme l'a montré la forte résistance de mouvements d'indépendance tels que celui de Samil [1er mars 1919], le peuple coréen à cette époque a été privé de son pays et de sa culture, et sa fierté nationale porte les cicatrices profondes du régime colonial qui a été imposé contre sa volonté dans des circonstances politiques et militaires. 

 

Je veux regarder l'histoire en face avec sincérité. Je veux avoir le courage de confronter honnêtement les faits historiques et de les accepter avec humilité, et de même avoir l'honnêteté que nous reconnaissions nos propres erreurs". 

 

Afin de solder le passé colonial du Japon en Corée, Naoto Kan s'est engagé à conduire sincèrement des questions de coopération humanitaire, comme "l'assistance aux Coréens restés à Sakhaline" (sans évoquer toutefois clairement l'indemnisation des travailleurs coréens de Sakhaline pour la spoliation de leur épargne) et le retour des cendres des personnes originaires de la péninsule coréenne. Il a également évoqué le transfert d'archives pillées pendant la période coloniale, notamment les protocoles royaux de la dynastie Choseon. Sur ce point, sa position est plus ouverte que celle du gouvernement français, qui jusqu'à présent s'arc-boute sur le refus de restituer les archives royales pillées pendant la tentative avortée de coloniser la Corée en 1866.

 

Se tournant vers l'avenir, Naoto Kan a appelé au renforcement du partenariat entre le Japon et la Corée du Sud, dont les échanges culturels et de populations depuis plus de deux millénaires ont atteint aujourd'hui un niveau inégalé, en soulignant que les deux pays partagent les valeurs communes de la démocratie, de la liberté et de l'économie de marché.

 

Séoul a vivement salué cette déclaration qui, dans son esprit, voire dans sa lettre, rappelle les excuses formulées par le Japon en 1995 pour l'attitude de l'empire nippon pendant la Seconde guerre mondiale. Mais cette volonté de solder le passé, dans une démarche d'ouverture très critiquée par l'extrême-droite japonaise, se heurte à des non-dits qui en limitent fortement la portée :

 

- pourquoi, alors que la colonisation a touché l'ensemble de la péninsule coréenne, ne s'adresser qu'aux représentants du seul régime sud-coréen ? L'omission de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est d'autant plus regrettable que la légitimité historique de la RPD de Corée est fondée sur la lutte antijaponaise du Président Kim Il-sung, quand le président sud-coréen Syngman Rhee réhabilitait les anciens collaborateurs du régime colonial pour affermir son pouvoir ; un responsable nord-coréen en charge des questions japonaises a affirmé, selon Japan Today, que Tokyo semble vouloir entériner la division de la péninsule coréenne, tout en observant que la question des relations entre le Japon et la RPD de Corée n'est toujours pas réglée soixante-cinq ans après la fin de la Seconde guerre mondiale :  en l'absence toujours de relations diplomatiques officielles entre Tokyo et Pyongyang, le Japon n'a versé d'indemnisations qu'à la partie Sud de la péninsule, ignorant les dommages causés par l'occupation au Nord ;

 

- pourquoi n'avoir pas dit un mot de la prostitution forcée des "femmes de réconfort" coréennes, ni de l'aumône indigne reçue à titre d'indemnisation par les travailleurs forcés coréens ?

 

- pourquoi avoir ignoré la question de l'égalité des droits des Coréens du Japon, à commencer par leur accès au droit de vote ?

 

Sur ces différents points, le Premier ministre Naoto Kan apparaît ainsi, au mieux, avoir manqué une occasion de solder le contentieux historique entre le Japon et toute la Corée, et au pire avoir adressé implicitement une fin de non-recevoir aux demandes réitérées de reconnaissance et d'indemnisation des victimes de la colonisation.

 

Sources :

- AAFC ;

- Japan Today, "N Korea slams Kan for apologizing only to S Korea for colonization", 11 août 2010 ;

- Ria Novosti, "Japon - Corée du Sud : excuses de Tokyo pour la colonisation de la Corée", 10 août 2010 ;

- Yomiuri Shimbun, "Statement by Prime Minister Naoto Kan", 11 août 2010.

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 23:01

Le 2 juin 2010, le Premier ministre japonais Yukio Hatoyama a annoncé sa démission devant les députés de sa formation, le Parti démocrate (centriste), huit mois seulement après avoir conduit l'opposition à un succès électoral inédit, le 30 août 2009, qui avait mis fin à plus de soixante ans de pouvoir quasi-ininterrompu du Parti libéral-démocrate. Cette démission vise à sauver la majorité au Sénat où des élections sont prévues le 11 juillet. Si les scandales de financement occulte et les promesses déçues dans le domaine économique et social ont terni l'image du Premier ministre démissionnaire, confronté à une impopularité record (21 % de bonnes opinions), l'AAFC a souhaité revenir sur le revirement de la politique coréenne, et plus largement internationale, de Yukio Hatoyama, à l'origine immédiate de la chute de son gouvernement.

 

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Il avait promis de changer le cours pro-américain de la diplomatie nippone, avec notamment le déménagement en dehors du Japon de la base américaine de Futenma, à Okinawa. Il avait promis de revoir les relations du Japon avec ses voisins, notamment la République de Corée (du Sud) et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), en réservant à la Corée du Sud sa première visite à l'étranger en tant que Premier ministre. Song Il-ho, ambassadeur nord-coréen pour la normalisation des relations avec le Japon, n'avait-il pas déclaré à l'agence Kyodo "Avec une administration dirigée par le Parti démocrate du Japon, nous avons besoin d'avoir un nouveau départ (dans les discussions bilatérales pour un nouvel accord) basé sur l'esprit de la Déclaration de Pyongyang", signée en 2002 lors de la visite en RPDC du Premier ministre japonais Jun'ichirō Koizumi, laquelle prévoyait la normalisation des relations diplomatiques entre le Japon et la République populaire démocratique de Corée ?

 

Là, aucun des changements attendus dans les relations nippo-coréennes n'a eu lieu, qu'il s'agisse de la remise en cause des manuels d'histoire japonais révisionnistes ou encore du statut de la minorité coréenne du Japon, notamment l'égalité en droit des écoles coréennes, seules à se voir refuser les subventions publiques.

 

La crise intercoréenne née du naufrage du Cheonan a précipité la chute du gouvernement Hatoyama, qui a emboîté le pas de Lee Myung-bak dans la mise en cause, sans nuance, de la Corée du Nord. Elle a été aussi l'occasion d'annoncer de nouvelles sanctions contre la RPD de Corée visant, en fait, les Coréens du Japon (en particulier, l'abaissement du plafond des sommes pouvant être transférées du Japon vers la Corée du Nord). Surtout, le naufrage du Cheonan a justifié un revirement quant à la base de Futenma. En visite sur place le 23 mai dernier, à peine connus les résultats de l'enquête officielle sur le Cheonan rendus publics trois jours plus tôt, Yukio Hatoyama avait demandé pardon aux habitants "pour avoir semé la confusion" : "Je m'excuse du fond du coeur de ne pas avoir été capable de respecter mes engagements", invoquant la situation dans la péninsule coréenne laquelle montrait, selon lui, "qu'il y a toujours des incertitudes considérables en termes de sécurité". Il avait ajouté: "si nous séparions les unités d'hélicoptères en déménageant les fonctions (de la base aérienne de Futenma), nous porterions sérieusement atteinte au fonctionnement des Marines". Le maire de la ville de Nago, à Okinawa, avait alors parlé de "trahison", tandis qu'une des formations de la coalition majoritaire, le Parti social-démocrate, retirait son soutien au gouvernement.

 

Les noms des successeurs de Yukio Hatoyama circulent déjà. Naoto Kan, ministre des finances, est favori. Mais un changement de nom suffira-t-il à réorienter le cours de la diplomatie japonaise, alors que le Parti démocrate reste tiraillé entre une aile droite, volontiers pro-américaine et plus hostile à la Corée du Nord, et une aile gauche minoritaire ? Les contradictions qui ont miné le gouvernement Hatoyama ne seront que ravivées par un éventuel revers aux élections sénatoriales du 11 juillet.

 

Sources : AAFC, aujourdhuilejapon

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