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12 septembre 2015 6 12 /09 /septembre /2015 22:54

Le 12 septembre 2015, le collectif Solida (Solidarité, Liberté, Démocratie en Asie) - Paris, constitué suite à une première manifestation le 29 août 2015 à Paris place du Trocadéro (voir notre édition du 29 août), a organisé un nouveau rassemblement à Paris, place de la République, pour exiger le retrait du projet de loi de sécurité nationale et le maintien de l'article 9 de la Constitution japonaise afin d'empêcher que, demain, des troupes japonaises combattent à l'étranger. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a à nouveau soutenu cette manifestation ; Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC, a pris la parole pour expliquer que le combat de l'AAFC pour la paix en Asie passe par le refus de la résurgence du militarisme japonais, la reconnaissance par le gouvernement japonais des crimes commis pendant la Seconde guerre mondiale (à l'encontre notamment des femmes de réconfort) et la résolution par la voie du dialogue des différends territoriaux qui opposent le Japon et ses voisins. L'AAFC souhaite plein succès au collectif Solida, formé notamment de Japonais, de Coréens et de Français, pour garantir la paix et les libertés en Asie.

Mobilisation grandissante à Paris pour exiger le maintien de l'article 9 de la Constitution japonaise

"Pour la paix en Asie, non à la loi pour la guerre" : cette exigence a été portée haut et fort non seulement par les Japonais de Paris, mais aussi par les pacifistes coréens et français tous membres du collectif Solida, lors du second rassemblement qui s'est tenu en France, ce 12 septembre 2015, afin d'obtenir le retrait du projet de loi de sécurité nationale. Sur le point d'être définitivement adopté au Japon (si la Chambre des conseillers ne s'est pas prononcée dans un délai de 2 mois suivant le vote favorable de la Chambre des représentants le 16 juillet 2015), ce projet de loi comporte une modification de l'interprétation de l'article 9 de la Constitution japonaise engagée suivant une procédure foulant aux pieds les règles de révision constitutionnelle, et rejetée par une majorité de citoyens japonais, qui permettrait l'envoi de troupes nippones à l'étranger au nom d'un prétendu "droit de défense collective".

Comme au Japon où la protestation va crescendo, la mobilisation a grandi en France entre la première manifestation à Paris, le 29 août, et celle du 12 septembre, face à la gravité du danger que comporte le "coup d'Etat constitutionnel" du Premier ministre japonais Shinzo Abe. Les participants ont distribué des tracts quadrilingues (japonais, coréen, chinois, français), marqués du logo Solida, et entonné le chant de lutte "A bas Abe" qui lie le combat pour la paix au Japon, la défense des libertés démocratiques (et en premier lieu de la procédure de révision constitutionnelle, qui requiert une majorité qualifiée des deux tiers dans chacune des deux chambres du Parlement et un accord des citoyens par référendum) et l'exigence d'une nouvelle politique passant par le départ de Shinzo Abe, héritier des courants militaristes les plus réactionnaires, nostalgiques des impérialistes japonais - qui ont dominé la politique nippone et la scène diplomatique extrême-orientale jusqu'à la capitulation japonaise du 15 août 1945.

Mobilisation grandissante à Paris pour exiger le maintien de l'article 9 de la Constitution japonaise

Les témoignages successifs - de Japonais, de Coréens, de Français - rassemblant des citoyens de tous âges et de toutes opinions, au cours d'une manifestation où l'on voyait également des représentants de l'association Okinawa France, ont tous témoigné d'une même volonté et d'une aspiration commune : que le Japon reste une puissance pacifique et que, plus jamais, les enfants des familles japonaises ne soient envoyés combattre et meurent pour des guerres qui ne sont pas les leurs. Cette exigence a retenti devant la statue monumentale de la place de la République où, symboliquement, une inscription manuscrite proclamait l'adage "Tu ne tueras pas".

Mobilisation grandissante à Paris pour exiger le maintien de l'article 9 de la Constitution japonaise
Mobilisation grandissante à Paris pour exiger le maintien de l'article 9 de la Constitution japonaise
Mobilisation grandissante à Paris pour exiger le maintien de l'article 9 de la Constitution japonaise

La conviction de toutes et de tous est qu'aucun gouvernement légitime ne peut gouverner en ignorant la volonté de l'immense majorité : le gouvernement Shinzo Abe, en ne recueillant plus que l'opinion favorable d'un Japonais sur trois, a creusé la tombe où seront enfouis les vieilles rengaines nostalgiques militaristes. La mobilisation doit continuer, au Japon, en France et partout dans le monde, pour faire reculer les faucons d'un ordre militariste dont les Japonais et les peuples épris de paix ne veulent plus.

Pour contacter le collectif Solida, écrire à solidaritepaixjapon@yahoo.fr

Mobilisation grandissante à Paris pour exiger le maintien de l'article 9 de la Constitution japonaise
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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 22:07

A l'occasion des cérémonies marquant le 70e anniversaire de la victoire en Asie lors de la Seconde guerre mondiale, la République populaire de Chine accueille (RPC) quelque trente chefs d'Etat et de gouvernement étrangers - dont le Russe Vladimir Poutine et la Sud-Coréenne Park Geun-hye. Cette dernière, présente à Pékin du 2 au 4 septembre 2015, se démarque des pays occidentaux, qui n'ont pas souhaité être représentés au plus haut niveau, notamment lors de la parade militaire dans la capitale chinoise le 3 septembre, tandis que le Japon est absent. Si l'actuelle diplomatie sud-coréenne entend ne pas choisir entre les Etats-Unis, principal allié politique et militaire, et la Chine, premier partenaire économique, ce choix  de Mme Park Geun-hye d'aller à Pékin traduit une marque d'indépendance vis-à-vis de Washington, qui tranche avec l'alignement systématique de son prédécesseur Lee Myung-bak. Cette évolution favorise un approfondissement des échanges intercoréens, alors que Pékin se pose en médiateur, encourageant le dialogue entre la République de Corée (Corée du Sud) et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).

Rencontre au sommet entre Park Geun-hye et Xi Jinping

A l'occasion de leur sixième rencontre au sommet depuis 2013, la présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye et le président chinois M. Xi Jinping ont convenu, le 2 septembre 2015, d'approfondir leur coopération bilatérale, traditionnellement forte dans le domaine économique. En particulier, le Président Xi Jinping a rappelé la mise en place officielle de l'accord de libre échange et les progrès réalisés au sein de la Banque asiatique d'investissement et de développement des infrastructures (BAII).

S'agissant de la péninsule coréenne, si l'agence officielle sud-coréenne Yonhap a joué son rôle d'organisme pro-gouvernemental en titrant sur une prétendue "mise en garde" vis-à-vis de la RPDC "contre toute provocation", le texte précis émanant de la Maison Bleue sud-coréenne (et confirmé par le communiqué de l'agence officielle chinoise Xinhua) indique simplement que "les deux parties se sont opposées à tout acte pouvant attiser les tensions". Il s'agit de la reprise très exactement de la position chinoise, hostile tant aux essais nucléaires nord-coréens qu'aux manoeuvres militaires américano - sud-coréennes au large de la péninsule. Mais la formulation elliptique permet à Séoul d'en donner une interprétation conforme à sa position traditionnelle.

L'élément le plus significatif est en fait que les deux chefs d'Etat "s’accordent à penser que les pourparlers à six doivent reprendre rapidement", suite notamment au récent accord sur le nucléaire iranien. Ces pourparlers, visant à la dénucléarisation de toute la péninsule coréenne, impliquent les deux Corée, la Chine, les Etats-Unis, la Russie et le Japon et sont interrompus depuis 2008. Si la Chine est favorable à leur reprise sans conditions préalables, de telles conditions sont régulièrement rappelées par Washington et Séoul. Le fait que le communiqué ne mentionne plus ces préconditions peut être interprété comme un pas de Séoul en faveur de la reprise du dialogue multilatéral, même si cette position doit encore être exprimée plus explicitement par la République de Corée.

Par ailleurs, dans un contexte de tensions toujours vives entre Séoul et Tokyo à propos du révisionnisme historique japonais, il est significatif d'observer la représentation de la République de Corée à Pékin au plus haut niveau, à l'occasion de cérémonies qui, selon l'agence chinoise Xinhua, célèbrent la "victoire de la Guerre de résistance du Peuple chinois contre l'agression japonaise et de la Seconde Guerre mondiale". Les deux chefs d'Etat ont rappelé qu'ils avaient lutté ensemble contre le Japon. Ils n'en ont pas moins convenu d'organiser un sommet trilatéral avec le Japon, fin octobre ou début novembre, pour relancer le dialogue trilatéral, bloqué par les contentieux territoriaux et historiques, la dernière réunion datant de 2012, Mme Park Geun-hye remerciant par ailleurs Pékin pour son rôle joué dans l'apaisement des tensions régionales.

Sources :

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30 août 2015 7 30 /08 /août /2015 23:09

Le 30 août 2015, à l'appel du collectif Students Emergency Action for Liberal Democracy (SEALDs, Action d'urgence des étudiants pour la démocratie libérale), plus de 120 000 manifestants sont descendus dans les rues à Tokyo, pour refuser la révision de l'article 9 de la Constitution pacifiste japonaise, que le gouvernement de Shinzo Abe tente d'imposer contre la volonté d'une majorité de Japonais et suivant une procédure qui ne respecte pas le droit constitutionnel japonais. Alors que des rassemblements ont également eu lieu dans 300 villes japonaises, les Japonais de l'étranger ont aussi manifesté dans le monde, les 29 et 30 août 2015 : à Paris, ils se sont réunis le 29 août place du Trocadéro, de 19h à 21h. Parmi les participants originaires de six pays (Japon, France, Corée du Sud, Vietnam, Luxembourg, Bulgarie), Lee Yeda, premier Sud-Coréen à avoir obtenu l'asile politique en France en tant qu'objecteur de conscience, a souligné son refus de voir le Japon engagé dans des conflits à l'étranger, si la nouvelle interprétation de l'article 9 de la Constitution japonaise était adoptée dans le cadre du projet de loi de sécurité nationale qui créerait ainsi un "droit de légitime défense collective". La manifestation était soutenue par l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), qui a fait du combat pour la paix en Asie de l'Est l'une de ses priorités. Nous reproduisons ci-après le discours prononcé lors du rassemblement du Trocadéro par Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC chargé des actions de coopération.

Manifestation à Paris contre la révision de la Constitution pacifiste japonaise

Mesdames,
Messieurs,
Chers amis, japonais, français, coréens, vietnamiens, luxembourgeois, bulgares,

Je suis fier d'être présent aujourd'hui aux côtés de ceux qui représentent en France l'Action d'urgence des étudiants pour la démocratie libérale (Students Emergency Action for Liberal Democracy, SEALDs), au nom de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), dont je suis vice-président chargé des actions de coopération.

L'AAFC a pour but la paix et la réunification de la Corée. Agir pour la paix en Asie de l'Est, c'est refuser la course aux armements, conventionnels comme nucléaires. Agir pour la paix en Asie de l'Est, c'est refuser la révision de l'article 9 de la Constitution japonaise, que le gouvernement Shinzo Abe tente de faire passer en catimini, au mépris des procédures normales de révision constitutionnelle, dans le cadre du projet de loi de sécurité nationale actuellement en discussion au Parlement. Agir pour la paix en Asie de l'Est, c'est refuser la renaissance du militarisme japonais, combattre le révisionnisme historique qui a installé la droite et l'extrême-droite japonaises dans le déni de la défaite de 1945 : non, nous n'acceptons pas que des troupes japonaises soient demain les auxiliaires de l'impérialisme américain, pour des guerres de rapines menées hier en Irak, aujourd'hui en Syrie et au Proche-Orient.

Le Gouvernement Abe doit accepter d'écouter la voix de la sagesse, de la paix et de la liberté - celle d'une majorité de Japonais qui refusent le retour du militarisme nippon, avec son cortège de guerres, d'atteintes à la démocratie et aux droits de l'homme. Il doit aussi écouter le gouvernement chinois, les gouvernements coréens et tous les amis de la liberté et de la paix qui refusent que la formidable puissance économique du Japon devienne, demain, une force de guerre et d'agression.

Le combat des Japonais et de nous tous réunis ici, au Trocadéro, place du Parvis des Droits de l'Homme, dépasse l'enjeu du seul Japon : c'est la paix en Asie du Nord-Est, la paix en Asie et dans le monde, qui est en jeu. Puissent les lauriers de la paix ceindre vos fronts, jeunes et courageux militants pacifistes japonais, qui reprenez le glorieux flambeau porté par vos aînés, pour un monde sans guerre !

En tant que Français, en tant que militant pacifiste, j'exige le retrait de la loi de sécurité nationale. J'exige le maintien de l'article 9 de la Constitution japonaise. J'exige, enfin, que le gouvernement japonais joue désormais un rôle positif pour résoudre pacifiquement et par la voix du dialogue les conflits territoriaux qui l'opposent à tous ses voisins - Russie, Chine, Corée.

A Tokyo, à Paris et dans le monde, c'est l'aube d'une ère nouvelle dont nous préparons l'avènement, pour nous, pour nos enfants, et pour les générations futures !

Je vous remercie de votre attention.

Lire aussi (en japonais) : le compte rendu des manifestations au Japon et dans le monde (dont une photo de la manifestation à Paris), sur le site du quotidien du Parti communiste japonais Akahata

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13 août 2015 4 13 /08 /août /2015 20:23

Le 12 août 2015, lors du dernier rassemblement - avant le 70e anniversaire de la libération de la Corée - organisé chaque mercredi à Séoul devant l'ambassade du Japon pour que justice soit rendue aux femmes de réconfort (anciennes esclaves sexuelles de l'armée japonaise), un octogénaire, Choi Heon-yeol, a tenté de s'immoler par le feu. Ce geste radical a attiré l'attention sur la nécessité que le Japon reconnaisse enfin le crime qu'il a commis à l'encontre de centaines de milliers de femmes asiatiques.

Une femme porte secours à Choi Heon-yeol

Une femme porte secours à Choi Heon-yeol

Alors que la manifestation du mercredi du 12 août 2015 a réuni un nombre élevé de participants (plus de 2 500 selon les organisateurs), en présence de trois anciennes esclaves sexuelles de l'armée japonaise (sur les 47 encore en vie qui participent ou ont participé aux activités du Conseil coréen pour les "femmes de réconfort"), les personnes présentes ont immédiatement réagi pour secourir Choi Heon-yeol, qui s'était immolé par le feu à 12h40 derrière une banderole : l'octogénaire a été aspergé d'eau et les flammes ont été éteintes à l'aide de couvertures avant l'arrivée des secouristes. Le docteur Yang Hyeong-tae a déclaré que la plus de la moitié du corps avait été brûlé (dont plus de 40 % au troisième degré), et que le pronostic vital était engagé du fait de l'âge avancé de la victime.

Encore choquée par le geste désespéré d'un homme qu'elle a décrit comme calme, Yoon Mi-hyang, qui dirige le Conseil coréen pour les "femmes de réconfort", a précisé que Choi Heon-yeol est un participant régulier - une à deux fois par mois - aux manifestations qui ont lieu chaque mercredi à Séoul, où il se rend depuis sa ville de Gwangju, à 330 kilomètres au Sud de la capitale. Agé de 81 ans, il a également participé aux audiences judiciaires.

De longue date, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) s'est pleinement engagée en faveur de la reconnaissance par les autorités japonaises des crimes commis à l'encontre des "femmes de réconfort" et pour qu'elles obtiennent réparation, à l'occasion notamment des visites en France depuis septembre 2013 de plusieurs des anciennes esclaves sexuelles de l'armée japonaise. 

Mise à jour 30 août 2015 : Choi Heon-yeol est malheureusement décédé de ses blessures neuf jours plus tard, le 21 août 2015, au Centre médical de l'Université Hallym, sans avoir repris connaissance. Il était le fils de Choe Byeong-su, un combattant indépendantiste coréen condamné à un an de prison en 1932 (avec 18 autres Coréens) pour avoir participé à une manifestation paysanne à Yeongam, dans le Cheolla du Sud, contre l'accaparement des terres et des meilleures récoltes par le colonisateur japonais.

Femmes de réconfort : Choi Heon-yeol a tenté de s'immoler par le feu

Sources :

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9 août 2015 7 09 /08 /août /2015 21:33

Le 7 août 2015, à l'occasion du 70e anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale en Asie suite à la capitulation japonaise le 15 août 1945, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) et l'Alliance coréenne ont organisé une conférence à Paris intitulée "Agir pour la paix et la sécurité collective en Asie du Nord-Est, 70 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale". Lors des débats animés par Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'AAFC, les orateurs et les participants, originaires de cinq pays  éprouvés par le conflit (Japon, Corée, Vietnam, France, Allemagne), et parmi lesquels des membres d'organisations pacifistes françaises et japonaises (dont le Mouvement de la paix), ont exprimé leur volonté commune d'agir pour la paix, le désarmement - tant conventionnel que nucléaire - et la mise en place de mécanismes de sécurité collective en Asie de l'Est. Par ailleurs, fondamentalement attachés à la défense des droits de l'homme et des libertés publiques, les participants ont relayé l'appel du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud appelant à la libération immédiate du directeur du Centre des droits de l'homme Park Rae-gun, arrêté à Séoul le 16 juillet 2015 en tant que membre de l'Alliance du 16 avril, groupe civique sud-coréen qui exige une véritable enquête sur les causes du dramatique naufrage du ferry "Sewol", qui a causé plus de 300 morts au large de la Corée - pour la plupart des lycéens en voyage scolaire - le 16 avril 2014.

Français, Coréens et Japonais plaident pour la paix et le désarmement en Asie de l'Est

Dans son intervention intitulée "D'un conflit à l'autre : de la Seconde Guerre mondiale à la guerre de Corée, les tensions en Asie du Nord-Est et la nécessité de mettre en place des dispositifs de paix, de désarmement et de sécurité collective", Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC chargé des actions de coopération, a montré que la Seconde guerre mondiale - qui, en Asie, a commencé en juillet 1937 avec la guerre sino-japonaise, et s'est terminée le 15 août 1945 - a créé la situation géopolitique (division de la Corée, occupations du Japon et de la Corée) à l'origine de la guerre de Corée (1950-1953), et comment les tensions actuelles en Asie de l'Est découlent de ces deux conflits. Se prolongeant par des conflits de représentations (ainsi, le 15 août est considéré comme la fin de la guerre au Japon, mais marque bien la capitulation et la défaite de l'empire nippon et est célébré comme le jour de la libération en Corée), ces tensions sont de différents ordres :

- militaire (course aux armements, notamment nucléaires ; exercices militaires bisannuels américano - sud-coréens de grande ampleur au large de la Corée apparaissant comme les préparatifs d'un nouveau conflit),

- diplomatique (absence de traité de paix à la fin de la guerre de Corée, non-établissement de relations diplomatiques entre le Japon et la République populaire démocratique de Corée, absence d'excuses du Japon pour les crimes commis pendant la Seconde guerre mondiale, notamment lors de la normalisation des relations avec la République de Corée en 1965), 

- territorial (entre la Russie et le Japon à propos des îles Kouriles, sur les îles Dok - appelées Takeshima par le Japon - entre la Corée et le Japon, sur les Diaoyu/Senkaku entre la Chine et le Japon).

Dans ce contexte, l'AAFC appelle à la signature d'un traité de paix en lieu et place de l'accord d'armistice ayant clos les combats de la guerre de Corée, à la reconnaissance par le Japon des crimes commis à l'encontre des "femmes de réconfort", anciennes esclaves sexuelles (principalement coréennes) de l'armée japonaise, au soutien aux efforts de démilitarisation et de dénucléarisation et au refus de tout révisionnisme historique (notamment, sur l'usage désormais avéré d'armes chimiques par les troupes américaines pendant la guerre de Corée).

Puis Camille Fonseca est intervenue sur "La question du militarisme japonais contemporain et de la Constitution pacifiste japonaise". Elle a souligné que, 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement japonais du Premier ministre Shinzo Abe est en proie à une tentation militariste teintée de révisionnisme historique. Depuis décembre 2012, le gouvernement Abe s'obstine à vouloir ressusciter le vieux rêve d'une partie de la droite et de l'extrême-droite japonaise : "en finir avec le régime d'après-guerre", c'est-à-dire avec la Constitution pacifiste dont l'article 9 n'autorise pas les soldats japonais à aller se battre à l'étranger. Si dès 1948 le contexte de la guerre froide a incité les Etats-Unis à encourager un réarmement limité du Japon, entraînant notamment la création en juillet 1954 des Forces japonaises d'autodéfense (jieitai), le Premier ministre de l'époque, Shigeru Yoshida, expliquant alors que l'article 9 de la Constitution n'interdisait pas l'autodéfense.

Avec le temps, les forces du jieitai se sont considérablement développées. A partir de 1991, le jieitai a même été envoyé à l'étranger, le Japon se dotant d'une nouvelle législation qui l'autorise à participer à des actions dans le cadre de la Force de maintien de la paix des Nations Unis (loi PKO de 1992) ou pour des actions humanitaires. Dans l'opinion publique, l'envoi de soldats du jieitai à l'étranger a suscité à chaque fois une vive opposition, en particulier en 2003 lors de la Guerre d'Irak. Les dirigeants au sein du gouvernement PLD ont toujours expliqué que le jieitai ne participerait jamais à des combats à l'étranger parce que l'article 9 ne permet pas au Japon d'exercer le droit de légitime défense collective.

Les efforts actuels du gouvernement Abe de revenir sur l'article 9 de la Constitution s'inscrivent dans une démarche de déni de la défaite, comme l'ont montré les travaux du jeune politologue japonais Satoshi Shirai : les dirigeants japonais n'ont jamais admis la capitulation de leur pays : c'est ainsi que le 15 août, date de cet événement, est appelé "jour anniversaire de la fin de la guerre". Ce déni de la défaite explique également le développement d'un très fort courant révisionniste à partir des années 1990, notamment en réaction aux demandes de reconnaissance officielle des "femmes de réconfort", principalement coréennes. 

Lors de sa visite à Washington, fin avril 2015, le Premier ministre Shinzo Abe a prononcé un discours devant le Congrès et le Sénat américains réunis, promettant de faire adopter un "droit de légitime défense collective" avant l'été, revenant sur l'interprétation de l'article 9 de la Constitution. Mais la mobilisation de l'opinion publique a rendu ce projet impopulaire auprès d'une majorité de Japonais, hypothéquant ainsi son adoption, tout en entraînant un net recul de la cote de popularité du gouvernement.

Enfin, Stephen Cho (Alliance coréenne) a traité la question de "La Corée au coeur de la stratégie américaine du pivot asiatique" consistant en un recentrage des forces militaires américaines dans la région Asie-Pacifique. L'une des composantes du pivot asiatique est la remilitarisation du Japon. Il a également pour pendant le renforcement de l'alliance avec la Corée du Sud et la création d'un axe militaire Washington-Tokyo-Séoul, comportant la participation du Japon à des exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud et la mise en place d'un accord tripartite en matière de renseignement. Le gouvernement sud-coréen de Mme Park Geun-hye tend toutefois à se rapprocher davantage de la Chine (devenue le premier partenaire économique de la République de Corée) que du Japon. Ce rééquilibrage vers l'Asie, accentué après le déclenchement de la crise économique mondiale en 2008, vise à faire pièce à la montée en puissance militaire de la Chine et de la Russie.

La politique américaine en Asie est teintée d'hypocrisie quand elle prétend favoriser la résolution de la question des femmes de réconfort, alors qu'elle est un obstacle à la remilitarisation du Japon à laquelle Washington est favorable. De même, sur la question nucléaire, les Etats-Unis occultent le fait qu'ils ont été la seule puissance à l'avoir utilisée lors des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki, ayant fait par ailleurs de nombreuses victimes coréennes parmi les populations de ces deux villes japonaises, et que son usage a été à nouveau envisagé pendant la guerre de Corée.

En conclusion, Stephen Cho a expliqué que les progressistes sud-coréens étaient favorables à la transformation de l'accord d'armistice du 27 juillet 1953 en un traité de paix et qu'ils s'opposaient à la modification de l'article 9 de la Constitution japonaise. Par ailleurs, la démilitarisation de la Corée et de l'Asie implique un refus de toutes les armes de destruction massive, et devrait prendre place dans le cadre d'un système de sécurité collective, sur la base de l'expérience des conférences sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE). Si les CSCE ne peuvent pas être considérées comme un modèle, d'autres régions du monde que l'Europe montrent la possibilité de relations de coopération équilibrées (comme l'ALBA en Amérique latine), fondées sur la solidarité entre les peuples.

Français, Coréens et Japonais plaident pour la paix et le désarmement en Asie de l'Est
Français, Coréens et Japonais plaident pour la paix et le désarmement en Asie de l'Est
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27 juillet 2015 1 27 /07 /juillet /2015 20:19

Le 27 novembre 2014, l'Association d'amitié franco-coréenne a rejoint "l'Association de solidarité civile pour avancer vers une nouvelle Asie orientale à l'occasion du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale", également appelée Association de solidarité civile, qui a adopté le 23 juin 2015 une déclaration dont nous publions ci-après une traduction en français. Dans sa réponse adressée le 10 juillet 2015 à l'Association de solidarité civile, le bureau de l'AAFC a indiqué "pleinement soutenir la déclaration de l'Association de solidarité civile, en considérant que la construction d'un cadre pour la paix et la coopération en Asie du Nord-Est a toujours été l'un de nos principaux buts. En particulier, nous continuerons de travailler pour la réunification pacifique de la Corée, la signature d'un traité de paix qui empêcherait de nouveaux conflits localisés dans la péninsule coréenne, l'établissement de relations diplomatiques complètes entre le Japon et la RPDC et la reconnaissance par le Gouvernement japonais de ses crimes de guerre, en particulier ceux commis à l'encontre des soi-disant "femmes de réconfort" de Corée et d'autres pays".

23 juin 2015
Déclaration des civils de l'Asie orientale :
Nous ouvrirons une nouvelle ère pour le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale

 

Monsieur Abe, Premier ministre du Japon, envisage de faire une déclaration cet été à l'occasion du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Nous nous inquiétons de son contenu car M. Abe a attisé les tensions entre le Japon et ses voisins au sujet des questions "historiques". Il y a 70 ans, les pays d'Asie étaient libérés des guerres d'agression impériales et de la soumission coloniale. De nombreux civils, en plus de millions de soldats, perdirent la vie au cours de ces agressions impériales totalement dépourvues de nécessité. Nous devons sincèrement réfléchir à l'histoire passée et construire une nouvelle amitié entre voisins pour la coexistence pacifique et la co-prospérité en Asie orientale.

Le Japon, éprouvant des remords pour les agressions et la domination coloniale exercées contre les pays d'Asie pendant la guerre, déclara dans sa constitution vouloir "ne jamais plus être le témoin des horreurs de la guerre du fait de l'action du gouvernement" et "renoncer à la guerre" dans son article 9. En outre, le Japon rejoignit la communauté internationale en acceptant la décision du Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient qui reconnut le Japon coupable d'agressions.

En 1995, 50 ans après la guerre, la "Déclaration du Premier ministre Tomiichi Murayama" fut approuvée lors d'une réunion du Cabinet et annoncée au monde. Elle dit : "Dans un passé encore proche, le Japon, suivant une politique nationale erronée, avança vers la guerre, pour seulement faire tomber le peuple japonais dans le piège d'une crise catastrophique, et, au travers de ses domination et agression coloniales, provoqua d'immenses dommages et souffrances aux peuples de nombreux pays, particulièrement ceux des pays d'Asie. Dans l'espoir que de telles erreurs ne se répètent pas dans le futur, je considère, dans un esprit d'humilité, ces faits historiques irréfutables, et exprime à nouveau ici mes sentiments de profonds remords et présente mes excuses sincères." Les citoyens d'Asie orientale acceptèrent ses sentiments de remords sincères et ses excuses en espérant qu'une nouvelle ère s'ouvrirait dans la région.

Cependant, certaines forces se sont depuis employées à saper et réfuter l'essence même du contenu de la Déclaration Muruyama, allant jusqu'à tordre les faits historiques en affirmant qu'il s'agissait d'une "guerre d'auto-défense ou pour la libération de l'Asie". C'est un grave et abominable défi pour les milliards de gens d'Asie orientale exigeant inlassablement la paix, la sécurité et la co-prospérité pour cette région.  Ils accomplissent aussi des efforts permanents pour bâtir la confiance et la coopération entre les pays asiatiques.

Toutefois, malheureusement, les tentatives de l'actuel gouvernement de Tokyo de tordre et même nier l'histoire passée auront pour effet, non seulement de sérieusement entraver un avenir de co-prospérité pour la vaste région asiatique, mais aussi de raviver encore davantage les plaies qui ne cicatriseront jamais des survivants des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis par des Japonais dans de nombreux pays d'Asie.

En conséquence, à l'occasion du 70e anniversaire de la fin de la guerre, nous ne devons pas autoriser le Premier ministre Abe non seulement à ne pas reconnaître mais aussi à nier le contenu essentiel de la "Déclaration du Premier ministre Tomiichi Murayama" sous le prétexte qu'elle serait "irréaliste". Le Japon doit reconnaître sa responsabilité dans la guerre en tant que principal coupable ayant provoqué la guerre en Asie-Pacifique et envahi et colonisé de nombreux pays de cette région.


Depuis la fin de la guerre en août 1945, même s'il y a toujours eu des efforts au niveau régional, la plupart des pays d'Asie orientale, sinon tous, ne se sont jamais libérés d'un état constant de conflits, de guerres et d'antagonismes.

Cependant, nous, peuples concernés de la région d'Asie orientale, sommes déterminés à ouvrir et à travailler pour une nouvelle ère par des discussions permanentes et sincères, lesquelles ne seront basées que sur le respect mutuel, la confiance et la coopération.

Fidèles à nos efforts tenaces et nos engagements de toujours, nous formulons les espoirs suivants qui sont autant d'exigences :

1. Nous demandons la mise en place d'un environnement pacifique fondé sur le respect mutuel, la confiance et la coopération entre les peuples d'Asie orientale par des efforts permanents visant à promouvoir la compréhension mutuelle entre tous et à partager modestement une vision commune de notre histoire ;

2. Nous insistons sur le fait que le gouvernement Abe doit reconnaître les guerres d'agression et la domination coloniale exercées par le Japon contre ses voisins de la région Asie-Pacifique et présenter des excuses sincères, dédommager entièrement toutes les victimes et les membres survivants de leurs familles;

3. Nous accomplirons d'immenses efforts pour bâtir un environnement réellement pacifique et établir une structure de sécurité commune régionale en Asie orientale en commençant par remplacer le fragile accord d'armistice de la guerre de Corée par un traité de paix, puis en retirant les bases militaires américaines du Japon et de Corée du Sud, lesquelles sont la cause ultime des tensions dans la région;

4. Nous demandons la normalisation des relations diplomatiques entre le Japon et la République populaire démocratique de Corée, le Japon devant apporter de véritables réparations à cette dernière sur la seule base de la Déclaration de Pyongyang et du récent accord signé à Stockholm l'année dernière;

5. A l'occasion du 50e anniversaire de la signature du Traité sur les relations de base entre le Japon et la République de Corée, nous exigeons que soient révisées les relations entre les deux pays et résolus les crimes odieux du passé tels que celui des "femmes de réconfort" de l'armée japonaise, lesquels furent de manière indiscutable de graves crimes de guerre, crimes contre l'humanité et violations des droits humains, commis par le Japon;

6. Nous encourageons le Nord et le Sud de la Corée, seule nation encore divisée dans le monde actuel, à reprendre leurs discussions interrompues en vue de parvenir à la réunification indépendante et pacifique de la péninsule coréenne, laquelle doit n'être basée que sur la Déclaration du 15 juin et la Déclaration du 4 octobre signées par les dirigeants des deux parties;

7. Nous ferons tous les efforts nécessaires pour mettre en oeuvre une paix et une sécurité véritables dans la région en avançant main dans la main avec tous les peuples sur la base du respect mutuel, de la confiance et de la coopération.


■ Japon
The Association of Civil Solidarity to Take a Step forward to a New East Asia on the Occasion of the 70th Anniversary of the End of the World War II,
Forum Peace, Human Rights and Environment,
Peace Boat,
Campaign for Reconnecting Japan and ROK,
The National Network for Japan-ROK Peoples’ Solidarity,
Network for Opposing Exclusion of Korean Schools from the Tuition Fee Waiver Programme for High School Education,
Association for Succeeding and Developing " Statement by Prime Minister Tomiichi Murayama",
The Team in Tokyo for Investigating Truth about Forced Korean Laborers,
Regional Committee of Koreans in Japan for Implementing June 15 Joint Declaration of North and South Korea,
Support Network for Korean Schools in Japan,
Japan Committee for Supporting Independent Peaceful Reunification of Korea,
Association for Exchange of Education and Science between Japan and DPRK,
Violence Against Women in War Research Action Center,
All Japan Construction Transport Solidarity Trade Union,

■ République de Corée
People's Action Against War and Realization of Peace,
Korea Christian Action Organization,
The Labor Rights Center,
Supporters Group for Prisoners of Conscience,
Korean Council for Democratic Martyr,
Central Association for Independent Peaceful Reunification of the Nation,
National Conference of Democratic Workers,
Solidarity for Democracy, Public Welfare, Peaceful Reunification and Sovereignty,
Buddhism Peace Solidarity,
April 19 Revolution Committee,
Progressive Solidarity in Seoul,
Conference to Promote Reunification of our Nation in Federal System
Live with Jesus,
Solidarity of Koreans for Independent Reunification and Democracy,
Korean Farmers League,
Korea Association of Bereaved Families for Democracy,
Korean Confederation of Trade Unions,
National Association for Relief of the Poor,
Korea Woman Farmer Association,
National Women's Solidarity
South Headquarters of the Pan-national Alliance for Korea's Reunification
Reunification Square,
Way to Reunification,
Veterans for Peace, Korea,
Federation of Korean Trade Unions,
Korean Progressive Solidarity,
Korean Youth Solidarity,
Korean College Students Association in 21st Century,

 ■ Etats-Unis
A.N.S.W.E.R Coalition (Act Now to Stop War and End Racism)

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3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 18:37

Le 1er juillet 2015, place du Trocadéro, a eu lieu à Paris un rassemblement identique à ceux organisés tous les mercredi, dans la péninsule coréenne, par le Conseil coréen pour les femmes requises pour l'esclavage sexuel militaire du Japon (dites "femmes de réconfort"). Constitué en 1990, le Conseil coréen milite pour la reconnaissance par le Japon du crime commis contre les femmes asiatiques forcées de se prostituer pour l'armée impériale japonaise - du début des années 1930 à 1945 - et en vue de leur indemnisation, en organisant à cette fin une campagne visant à la collecte de 100 millions de signatures. Plus largement, il dénonce les violences sexuelles faites aux femmes dans tous les conflits. La 1185ème Manifestation du mercredi qui a eu lieu exceptionnellement à Paris était co-organisée par l'association "Papillons de l'espoir" qui, pour la troisième année consécutive, organise, du 25 juin au 14 juillet 2015, un voyage pour la paix en Europe de jeunes Coréens, lequel coïncide cette année avec le soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale. L'exigence d'un monde de paix et de prospérité, en Asie du Nord-Est et dans le monde, est plus que jamais d'actualité.

Rassemblement à Paris contre l'esclavage sexuel des "femmes de réconfort"

Des orateurs japonais ont pris la parole pour exprimer leur solidarité avec le combat du Conseil coréen pour les "femmes de réconfort", témoignant qu'il s'agit d'une question de principe qui transcende les clivages nationaux, et déplorant le nationalisme et le révisionnisme du Gouvernement Abe. Gérard Halie a pris la parole au titre du Mouvement de la paix et Patrick Kuentzmann au nom de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC). L'AAFC est pleinement solidaire du combat en faveur des "femmes de réconfort", depuis septembre 2013 et la visite en France de l'une des survivantes, Mme Kim Bok-dong, puis à l'occasion des actions menées en janvier 2014 et en avril 2014 dans le cadre de la campagne de pétition internationale, et enfin lors de la visite en France, en juin 2014, d'une autre survivante, Mme Kil Won-ok. Il convient de poursuivre la sensibilisation de l'opinion publique internationale, ainsi que des décideurs politiques, pour que plus jamais de tels crimes ne se reproduisent.

A l'occasion du rassemblement organisé à Paris le 1er juillet 2015, les jeunes pacifistes de l'association "Papillons de l'espoir" ont adopté une déclaration pour la résolution de la question de l'esclavage sexuel militaire japonais :

Nous sommes venus en Europe pour la paix et pour l'espoir. 2015 marque à la fois le soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale et de la libération de la Corée. Nous, participants du voyage en Europe pour la paix, nous sommes lancés dans ce voyage afin d'exprimer notre opposition à la guerre, tout en espérant la résolution du problème de l'esclavage sexuel par l'armée japonaise pendant la Seconde guerre mondiale. Les blessures de la Seconde guerre mondiale ne pourront être cicatrisées tant qu'il ne sera pas mis fin au problème de l'exploitation sexuelle (...)

Nous, jeunes amoureux de la paix, nous adressons aux Européens et à tous dans le monde entier. Avançons ensemble contre la guerre. Accomplissons ensemble des pas sur le chemin de la paix. Nous avons besoin d'être soutenus pour que le problème de l'esclavage sexuel par l'armée japonaise - problème jamais abordé depuis la fin de la guerre - soir résolu et qu'un système garantissant la paix se construise dans la péninsule coréenne. Que les papillons qui volent à tire-d'aile ici et maintenant deviennent de véritables messagers de la paix pour tous les hommes du monde.

- Nous exigeons du gouvernement japonais qu'il reconnaisse la vérité sur les crimes sexuels de guerre des militaires japonais, qui sont un crime contre l'humanité violant le droit international !
- Nous exigeons du gouvernement japonais qu'il présente des excuses sincères aux victimes de l'esclavage sexuel et qu'il les dédommage !
- Nous sommes contre toutes les guerres et contre les violences sexuelles dans le monde !

Rassemblement à Paris contre l'esclavage sexuel des "femmes de réconfort"

Photos : Conseil coréen pour les femmes requises pour l'esclavage sexuel militaire du Japon.

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21 juin 2015 7 21 /06 /juin /2015 17:18

Il y a 50 ans, le 22 juin 1965, la République de Corée (Corée du Sud) et le Japon normalisaient leurs relations avec la signature à Tokyo, par les ministres des Affaires étrangères Lee Dong-won (Corée du Sud) et Shiina Etsusaburo (Japon), du Traité sur les relations fondamentales entre le Japon et la Corée du Sud. Cet accord rencontra une vive opposition dans la péninsule coréenne, dans la mesure où il réglait de manière extrêmement ambiguë la question de la colonisation japonaise.

Alors que des excuses des autorités japonaises avaient toujours été considérées comme un préalable à la normalisation des relations bilatérales, le ministère sud-coréen des Affaires étrangères n'évoqua la colonisation que de manière très indirecte, en formulant la déclaration suivante :

Il a existé, à une certaine période du passé, des relations préjudiciables aux deux nations.

Une telle ambiguïté évita au ministère japonais des Affaires étrangères de présenter des excuses, en répondant simplement :

Il est fâcheux que de telles relations aient existé par le passé, et cela nous préoccupe profondément.

Par ailleurs, le traité de 1910 d'annexion de la Corée par le Japon ayant été considéré par l'article 2 du traité du 22 juin 1965 comme "déjà" annulé, sans préciser à quelle date, toute perspective d'excuses du Japon au titre de la colonisation de la Corée était évacuée.

En contrepartie, la Corée a bénéficié d'une cession, par le Japon, à hauteur de 300 millions de dollars, et de prêts au secteur public et au secteur privé, s'élevant respectivement à 200 millions et 300 millions de dollars. Si ces aides devaient contribuer à l'essor de l'économie sud-coréenne, alors moins développée que celle de la Corée du Nord, elles n'apparaissaient nullement comme une compensation des dommages subis au titre de la colonisation, tandis que le traité du 22 juin 1965 affirmait que la question d'éventuelles réclamations était désormais réglée.

Dans ce contexte, l'annonce par les autorités sud-coréennes, dirigées par le général Park Chung-hee, de la normalisation des relations bilatérales entraîna, dès le mois d'avril, des manifestations d'opposition des étudiants et des lycéens. Après la mort d'un étudiant à l'Université de Dongguk, le Gouvernement ordonna la fermeture des universités, ce qui toutefois n"empêcha pas de nouvelles manifestations à partir du 19 avril. Le 21 juin, veille de la signature du traité, l'Université nationale de Séoul anticipa ses congés annuels. Les grèves de la faim d'étudiants s'amplifièrent, tandis qu'une centaine de pasteurs puis, mi-juillet, 354 professeurs d'université et 11 généraux de réserve relayèrent le mouvement de protestation. Fin juillet, un rassemblement de 300 personnalités marqua le refus du traité, auquel s'opposa également l'ancien Président de la République Yun Po-sun, à l'instar des députés du Parti du peuple (opposition), qui présentèrent leur démission. Le 14 août 1965, le traité sur la normalisation des relations entre la Corée du Sud et le Japon fut ainsi ratifié par les seuls députés du Parti républicain (au pouvoir).

Les manifestations étudiantes et lycéennées reprirent dès le 18 août et rassemblèrent 10 000 participants le 23 août. Le Gouvernement choisit de déployer l'armée dans les universités, de multiplier les arrestations et d'interdire de cours, en septembre, 21 professeurs. La répression de l'opposition au traité Japon-Corée allait de pair avec la fin d'une certaine tolérance dans la liberté d'expression.

Au plan international, ce passage en force s'inscrivait par ailleurs dans une réorientation de la diplomatie sud-coréenne, désormais encore plus étroitement liée aux intérêts américains : presque concomitamment à la formation d'un axe Tokyo-Séoul pro-américain, la Corée du Sud décidait l'envoi de troupes au Sud-Vietnam (avec l'accord du Parlement le 13 août 1965), où elles devaient constituer le deuxième plus important contingent étranger, après celui américain.

Source : Seo Joong-seok, La Corée du Sud : 60 ans d'histoire contemporaine. Origines et étapes du mouvement démocratique, Fondation coréenne pour la démocratie, 2007, p. 166-171.

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4 juin 2015 4 04 /06 /juin /2015 21:30

La répression en cours contre l'Association générale des résidents coréens au Japon (Chongryon), proche de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), soulève une vague internationale de protestations, à laquelle s'est associée l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) qui a toujours dénoncé les discriminations dont sont victimes les Coréens du Japon. Nous publions ci-après la traduction en français d'un courrier en anglais adressé au Premier ministre japonais Shinzo Abe, le 23 mai 2015, par Guy Dupré, président de l'AAFC, au nom du bureau national de l'AAFC. Une copie de cette lettre a été remise en pièce jointe à un message de félicitations de Guy Dupré à M. Ho Jong Man, Président du Comité central de la Chongryon, alors que l'organisation a fêté son 60ème anniversaire le 25 mai 2015.

Paris, le 23 mai 2015

 

M. Shinzo Abe

Premier ministre

Service des relations publiques

Secrétariat du cabinet

1-6-1 Nagata-cho

Chiyoda-ku

Tokyo 100

8968 Japon

 

 

Monsieur le Premier ministre,

Les membres du bureau national de l’Association d’amitié franco-coréenne, qui défend depuis 46 ans une réunification pacifique de la Corée, sont profondément préoccupés par les discriminations en cours contre la communauté coréenne au Japon, tout particulièrement à l’encontre de l’Association générale des résidents coréens au Japon (Chongryon). Fin mars, les domiciles de plusieurs dirigeants de la Chongryon ont été fouillés par la police japonaise en méconnaissance des droits de l’homme, et tout particulièrement de leur droit de propriété. Par ailleurs, agir aussi ouvertement méconnaissait le principe de présomption d’innocence. Plus récemment, le fils du Président Ho Jong Man a également fait l’objet d’un harcèlement policier. Compte tenu du rôle joué par la Chongryon comme ambassade de fait de la République populaire démocratique de Corée au Japon, de telles actions doivent cesser immédiatement, dans la mesure où elles mettent en danger la paix et la stabilité en Asie du Nord-Est en créant de nouveaux contentieux avec la République populaire démocratique de Corée.

Votre gouvernement doit aussi s’excuser pour la colonisation japonaise de la Corée. Il a été porté atteinte à la dignité de millions de travailleurs coréens obligés de travailler pour les industries militaires pendant la Seconde guerre mondiale. De jeunes hommes coréens ont été conscrits de force dans l’armée impériale. Enfin, l’esclavage sexuel de celles qu’on appelle « les femmes de réconfort » a détruit la vie de centaines de milliers de femmes coréennes. Les membres du bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne sont vivement déçus que vous n’ayez mentionné aucun de ces sujets lors de votre récente visite aux Etats-Unis. Les victimes de l’impérialisme japonais attendent des excuses sincères, ce qui pourrait ouvrir la voie d’une réconciliation entre le Japon et la Corée 70 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale.

Cette lettre sera rendue publique.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, mes salutations les meilleures.

 

Au nom du bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne,

Guy Dupré

Président

 

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4 mai 2015 1 04 /05 /mai /2015 15:59

La répression en cours par les autorités japonaises contre l'Association générale des résidents coréens au Japon (nom usuel en coréen : Chongryon, en japonais : Chosohren) a soulevé une vague internationale de protestations, exprimée en France par l'AAFC. Dans ce contexte, les Coréens américains du Conseil national de coordination des Coréens américains (Korean American National Coordination Council, KANCC) ont écrit une lettre ouverte de protestation au Premier ministre japonais M. Shinzo Abe, dont la KANCC a adressé une copie à l'AAFC. Nous reproduisons ci-après cette lettre, traduite de l'anglais, dont nous partageons pleinement les objectifs.

Lettre ouverte à M. Shinzo Abe
Premier ministre
Japon

Le 8 avril 2015

Cher M. Abe,

Les nouvelles publiques récentes selon lesquelles la police japonaise était entrée dans les demeures du Président et du Vice-Président de la Chosen Sohren (Association générale des résidents coréens au Japon) et les avait fouillées de fond en comble sans notification préalable a soulevé un choc et suscité la colère de la communauté coréenne américaine. Cette violation du droit de propriété légitime comme des droits humains fondamentaux à l'encontre des plus haut responsables de l'organisation Chosen Sohren attriste plus particulièrement les membres de la communauté progressiste américaine coréenne, représentée par le Conseil national de coordination des Coréens américains (KANCC), dont les objectifs affichés sont la paix et la réunification de la péninsule coréenne, ainsi que la protection des droits des Coréens d'outre-mer.

Cher M. Abe,

Comme vous le savez la Chosohren joue souvent un rôle d'intermédiaire entre le Japon et la Corée du Nord en l'absence de relations diplomatiques officielles entre les deux pays. Par conséquent, l'action illégale incompréhensible conduite par votre gouvernement a inutilement tendu les relations internationales, tout particulièrement dans les circonstances actuelles où les tensions dans la péninsule coréenne sont à leur plus haut. En outre, vous devez savoir que la Sohren est la seule organisation significative qui représente et protège les résidents coréens au Japon, majoritairement constituée des Coréens déplacés de force au Japon par les autorités impériales pendant la Seconde guerre mondiale, ainsi que de leurs descendants. C'est pourquoi l'action conduite par votre gouvernement reflète leur vie au Japon et leur histoire, marquée par leur lutte pour la survie et la justice face aux lourdes discriminations dont ils sont l'objet dans la société japonaise. En d'autres termes, elle a encore aggravé les discriminations contre les résidents coréens au Japon, qui est une violation à peine voilée des droits de l'homme !

Cher M. Abe,

Etant donné que vous appartenez à la génération d'après-guerre, vous devez être conscient que les actions menées par votre gouvernement assombrissent durablement les relations internationales en Asie du Nord-Est ; il n'y a jamais eu de véritable réconciliation avec les peuples des pays de la péninsule coréenne, de la Chine et d'autres Etats dont les mémoires restent marquées par l'impitoyable colonisation japonaise. Les peuples de la région se souviendront de votre action regrettable contre la Chosohren, comme de votre visite inappropriée au sanctuaire  Yasukuni, votre refus d'admettre la responsabilité de l'Etat sur la question des "femmes de réconfort" et la déclaration de votre grand-père  M. Abe Nobuyuki, dernier dirigeant colonial japonais, lors de son départ forcé de Corée à la fin de la guerre, où il a plaidé, sans aucun repentir, pour le retour du Japon et de lui-même en Corée comme un maître colonial !

Cher M. Abe,

La KANCC, représentant les Coréens américains progressistes préoccupés par ces questions, vous incite à prendre les mesures nécessaires pour prévenir que de faits de cette nature se reproduisent à l'avenir, et à vous excuser auprès de la Chosen Sohren pour l'épisode qu'elle a vécu.

En attendant, cette action illégale de votre gouvernement sera diffusée largement parmi la communauté coréenne américaine et dans la société américaine, notamment dans les médias, le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire et auprès de l'opinion publique.

Nous vous remercions pour votre attention.


Korean American National Coordinating Council (KANCC)
475 Riverside Drive,
#1368 New York,
NY 10115, USA

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  • : Soutenir une réunification indépendante et pacifique de la Corée, conformément à l'aspiration légitime du peuple coréen et dans l’intérêt de la sécurité et de la paix dans le monde
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