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4 août 2017 5 04 /08 /août /2017 20:36

Huit jours après sa sortie, le film du Sud-Coréen Ryoo Seung-wan The Battleship Island a dépassé les 5 millions d'entrées : témoignant du travail forcé des Coréens et des Chinois dans l'île japonaise de Hashima pendant la Seconde guerre mondiale, ce film très largement diffusé en salles témoigne de la popularité des longs métrages historiques en Corée du Sud - puisque le jour où il dépassait les 5 millions d'entrées le film de Jang Hoon A Taxi Driver, consacré à un journaliste allemand témoin de la Commune de Gwangju en 1980, faisait une entrée fracassante au box office.  

"The Battleship Island", un film de Ryoo Seung-wan sur le travail forcé des Coréens et des Chinois à Hashima

Etroite (elle ne mesure que 160 mètres de large sur 450 mètres de long, soit une superficie de seulement 6,3 hectares), l'île de Hashima, située à 19 kilomètres des côtes de Nagasaki a connu un destin exceptionnel lié à l'exploitation des mines sous-marines de charbon situées aux alentours, après son achat par Mitsubishi en 1890. Le groupe japonais met en valeur l'île, construit des immeubles et des infrastructures pour les ouvriers : abritant 5 229 habitants en 1959, Hashima est alors l'endroit comptant la plus forte concentration de population au monde - avec une densité de population de 83 500 habitants au kilomètre carré. Mais le déclin de l'industrie houillère entraîne le recul de l'exploitation minière : les derniers habitants quittent Hashima en 1974, qui devient une île fantôme ayant accueilli des décors de film - notamment pour Skyfall de Sam Mendes et Inception de Christopher Noland. L'île, en tant que site de la révolution industrielle de l'ère Meiji, est inscrite depuis juillet 2015 au patrimoine mondial de l'UNESCO.

"The Battleship Island", un film de Ryoo Seung-wan sur le travail forcé des Coréens et des Chinois à Hashima
"The Battleship Island", un film de Ryoo Seung-wan sur le travail forcé des Coréens et des Chinois à Hashima
"The Battleship Island", un film de Ryoo Seung-wan sur le travail forcé des Coréens et des Chinois à Hashima

Le sang et les larmes des mineurs de Hashima sont aussi mêlés à l'histoire tragique de la colonisation japonaise, notamment le travail forcé des Coréens et des Chinois : derrière les murailles ceignant l'île navire de guerre (selon la traduction en français de son nom japonais) ont été déportés 800 travailleurs forcés coréens pendant la Seconde guerre mondiale. 134 d'entre eux y sont morts, et ceux qui tentaient de fuir étaient torturés.

Le film de Ryoo Seung-hwan The Battleship Island, sorti en salles fin juillet 2017, nous raconte la vie et le récit de l'évasion de Coréens déportés dans l'île - avec l'acteur Hwang Jung-min dans le rôle principal de Lee Kang-ok. Ryoo Seung-hwan a souligné que le film, tourné à Chuncheon où ont été reproduits les décors de Hashima, est une fiction - alors que certains médias japonais ont dénoncé le long métrage décrivant Hashima comme un enfer, négligeant de ce fait que le taux de mortalité (17 % des travailleurs forcés coréens y sont morts) suffit à rendre compte de leurs conditions terribles d'existence, encore largement méconnues en Occident.

"The Battleship Island", un film de Ryoo Seung-wan sur le travail forcé des Coréens et des Chinois à Hashima
"The Battleship Island", un film de Ryoo Seung-wan sur le travail forcé des Coréens et des Chinois à Hashima

Des survivants interrogés par Yonhap ont rendu compte des conditions de travail forcé extrêmement dures dans l'île de Hashima.

Choi Chang-seop y est arrivé en 1943 à l'âge de 15 ans, et y est resté jusqu'à la capitulation japonaise en août 1945 :

J’ai vécu une vie de prisonnier pendant trois ans sur l’île de Hashima, totalement entourée par la mer (...) ça m’étouffe de me souvenir de l’époque où j’ai travaillé pendant 12 heures par jour en petite tenue au fond de cette mine de charbon

Mal nourri, Choi Chang-seop, comme les autres Coréens, était affecté aux tâches les plus dangereuses - non seulement  à extraire  du charbon mais aussi boucher les trous de la mine :

Lorsque j’ai eu cette mission, les Japonais responsables m’ont dit, ‘‘pauvre toi, jeune, faut faire attention à ta tête, on se blesse souvent la tête avec les pierres qui tombent’’. J’ai été plusieurs fois hospitalisé à cause de blessures à la tête.

Choi Chang-seop

Choi Chang-seop

Egalement interrogé par Yonhap, un autre survivant aujourd'hui âgé de 92 ans, Lee In-woo, qui est resté huit mois dans la mine, s'est dit sauvé quand il a été incorporé dans l'armée japonaise. Il raconte aussi qu'une petite île à côté de Hashima était appelé le crématorium, car "c'était le lieu où les Japonais incinéraient les cadavres des travailleurs et fugitifs morts".  

Lee In-woo

Lee In-woo

Sources :

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29 juin 2017 4 29 /06 /juin /2017 12:54

Tous les mercredis, des manifestations ont lieu en République de Corée (Corée du Sud), devant l'ambassade du Japon, pour dénoncer l'esclavage sexuel de centaines de milliers de femmes - pour un grand nombre d'entre elles, coréennes - organisé par l'armée japonaise avant et pendant la Seconde guerre mondiale. Ce mercredi 28 juin 2017, cette manifestation du mercredi a eu lieu à Paris place du Trocadéro, sur le parvis des droits de l'homme, à l'initiative de l'association "Papillons de l'espoir" - par de jeunes Coréens du septième voyage international pour la paix (et du sixième voyage en Europe) organisé par l'association.

Sur le parvis des droits de l'homme : manifestation du mercredi pour que justice soit rendue aux "femmes de réconfort"

Rien n'a fait reculer les vaillants étudiants coréens, en un temps pluvieux, pour demander que le Japon reconnaisse le crime de guerre qu'a constitué l'esclavage sexuel des "femmes de réconfort"  - alors que disparaissent les dernières survivantes. Une grande banderole rappelait cette exigence de justice, tandis qu'un spectacle chanté et dansé des jeunes Coréens a retenu l'attention du public, qui pouvait signer la pétition initiée par le Conseil coréen pour les "femmes de réconfort".

Dans ce combat de longue haleine, soutenu pleinement par l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), et de portée universelle alors que les guerres continuent d'entraîner des crimes sexuels analogues, l'élection du démocrate Moon Jae-in à la présidence de la République à Séoul apporte une lueur d'espoir : en effet, ce dernier s'est engagé à revenir sur l'inacceptable accord conclu fin 2015 entre le Japon et la République de Corée - tendant à enterrer la question, sans excuses officielles des autorités japonaises, en contrepartie du versement d'une certaine somme d'argent.

Pour l'honneur des "femmes de réconfort", contre l'esclavage sexuel sous toutes ses formes, nous devons poursuivre le combat - jusqu'à la victoire !

Sur le parvis des droits de l'homme : manifestation du mercredi pour que justice soit rendue aux "femmes de réconfort"
Sur le parvis des droits de l'homme : manifestation du mercredi pour que justice soit rendue aux "femmes de réconfort"
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6 avril 2017 4 06 /04 /avril /2017 15:45

Dans un article du Japan Times publié le 3 avril 2017, Jesse Johnson a longuement cité William Perry, ancien secrétaire à la Défense sous l'administration Clinton (1994-1997) pro-japonais, qui insiste sur la nécessité d'une approche réaliste concernant la question nord-coréenne - en évitant les postures idéalistes. Nous avons traduit cet article en français (grâce à BA) dans la mesure où il illustre, dans une publication japonaise, l'actuel dilemme de l'administration Trump vis-à-vis de Pyongyang (même si W. Perry doute que l'administration Trump suive ses recommandations de reprise du dialogue) : à la fois envisager un dialogue avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC) sur des positions réalistes (en particulier, rechercher la non-prolifération et un gel des programmes militaires plutôt qu'un improbable abandon à ce stade de ses armes nucléaires par la RPDC, proposer un moratoire des essais nucléaires et balistiques en contrepartie d'actions américaines sur le terrain économique ou diplomatique), éviter la guerre mais aussi renforcer la présence militaire américaine des Etats-Unis (notamment le déploiement d'armes nucléaires au Japon). Si l'AAFC partage pleinement le constat de William Peery sur l'échec des politiques nord-coréennes des Etats-Unis depuis 2000, le réalisme pragmatique et l'objectif pacifiste de William Perry, elle se démarque en revanche nettement de sa volonté de relancer la course aux armements nucléaires et balistiques dans la mesure où celle-ci est porteuse, précisément, de risques de guerre - et traduit au demeurant un certain cynisme consistant à faire ce qu'on reproche aux autres (à savoir, prendre une posture guerrière et renforcer son arsenal militaire et celui de ses alliés pour négocier en position de force). Dans ce contexte, alors que la RPD de Corée a procédé à un nouveau tir de missile de moyenne portée le 5 avril 2017, à la veille d'une rencontre aux Etats-Unis entre Donald Trump et Xi Jinping (le numéro un américain ayant réaffirmé sa solidarité avec Tokyo et menacé la Chine d'agir unilatéralement, y compris militairement, contre Pyongyang si Pékin ne se ralliait pas à la position américaine), la République de Corée (Corée du Sud) a procédé, le 6 avril 2017, à l'essai d'un missile susceptible d'atteindre tout le territoire nord-coréen : quand la Corée du Nord est sanctionnée par les Nations Unies pour son programme nucléaire et balistique, s'agissant de Séoul toutes les outrances sont non seulement permises, mais bien encouragées par Washington - comme le prouve la position de William Perry dont rend compte Jesse Jonhson pour le Japan Times. Mais si, au fond, Pyongyang ne cherchait par ses initiatives conduites depuis l'entrée en fonctions de Donald Trump à atteindre par ce moyen son objectif constant d'un dialogue direct avec les Etats-Unis ?

L’approche de l’ancien secrétaire américain à la Défense concernant la Corée du Nord : Traitez-la telle qu’elle est, pas comme vous souhaiteriez qu’elle soit

Par Jesse Johnson

Journaliste au Japan Times

Le 3 avril 2017

 

« Nous devons traiter la Corée du Nord telle qu’elle est, pas comme nous voudrions qu’elle soit. »

 

C’était la phrase clé de la préface du rapport transmis aux dirigeants japonais, sud-coréens et américains après que celui qui était alors secrétaire à la Défense des États-Unis eut effectué une visite sans précédent à Pyongyang.

 

Près de 18 ans plus tard, ces mots sonnent toujours vrais pour Perry. L’ancien secrétaire à la Défense de l’administration Clinton est devenu l’un des visages les plus connus d’un mouvement en plein essor pressant Washington, ainsi que les autres nations clés, de mettre en place des objectifs réalistes et de traiter à nouveau sur le plan diplomatique le programme nucléaire et d’armement.

 

Selon Perry, les récentes approches et stratégies concernant le Nord, manquant d’une compréhension claire des objectifs de Pyongyang, ont échoué dès leur mise en place. Le résultat a été une montée en puissance de son programme d’armement, que n'avaient prévu ni les analystes américains, ni les responsables gouvernementaux.

 

« Je crois que notre approche devrait être orienté vers une évaluation de ce que sont leurs buts » a déclaré Perry au Japan Times. « Je pense que nos négociations devraient être orientées sur ce que sont leurs buts. Nos politiques, nos stratégies, devraient être orientées vers la minimisation des dangers. Je ne pense pas que ce fut le cas précédemment. »

 

Cela pourrait inclure des compromis tels qu’un moratoire ou des accords sur l’arrêt du programme de missiles balistiques intercontinentaux en échange de rétributions, comme une aide économique ou une reconnaissance sur le terrain diplomatique.

 

Ne pas prendre en compte les motivations derrière les provocations nord-coréennes pourrait selon Perry voir les États-Unis, la Corée du Sud – et par extension le Japon – se retrouver impliqués dans un nouveau conflit coréen.

 

Dans un article écrit pour le site internet Politico, il écrit qu’il est probablement trop tard pour démanteler le programme nucléaire du Nord. À la place, il indique que le but doit être désormais de le contenir.

 

Citant Sigfried Hecker, l’ancien directeur du Laboratoire National de Los Alamos qui a visité à quatre reprises le réacteur de Nyongbyon au Nord, Perry écrit que les négociations « sont condamnées à continuer à échouer » si elles sont basées sur le principe de servir à ce que la Corée du Nord abandonne son arsenal nucléaire.

 

Il avance que les États-Unis pourraient commencer avec des objectifs plus modestes en se servant des Trois Non («Three Nos ») proposés par Hecker (1. Pas de nouvelles armes ; 2. Pas de meilleures armes ; 3. Pas de prolifération), ajoutant cela aux différentes aides offertes à Pyongyang. L’accomplissement de ces objectifs ne serait pas seulement d’une grande valeur concernant la sécurité, mais pourrait également être un « tremplin » pour des négociations à venir avec pour but ultime la dénucléarisation de la péninsule coréenne, déclare Perry.

 

Près d'un accord

 

Désigné comme étant le coordinateur de la politique nord-coréenne par Clinton en 1998, Perry a supervisé une étude qui a amené Washington à être plus proche que jamais d’un accord mettant un frein au programme nucléaire et balistique de Pyongyang.

 

Perry, qui a été décoré de l’Ordre du Soleil Levant par l’Empereur du Japon en 2002, gère maintenant le William J Perry Project, un organisme chargé d’éduquer le public sur les dangers des armes nucléaires. Il donne souvent des conférences et a visité le mois dernier la Chine et Taïwan.

 

Ce dernier voyage rappelait son passage au secrétariat de la défense, faisant la navette à travers l’Asie de l’Est, où Perry a activement cherché à réunir les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon pour apporter de la stabilité à la péninsule coréenne.

 

En 1999, il a ainsi délivré au Nord une proposition de Clinton pour que l’embargo économique visant le pays depuis 50 ans soit graduellement levé en échange d’un ensemble de concessions majeures, incluant un accord mettant un terme à son programme de missiles balistiques.

 

Le travail de Perry a été à la base d’un nombre considérable de visites par les hauts dignitaires des deux pays et de l'idée grandissante à cette époque qu’un accord pouvait être atteint.

 

Mais alors que l’administration Clinton touchait à sa fin en 2000, et que le nouveau Président George W. Bush se préparait à entrer à la Maison Blanche, cet élan a perdu de sa vigueur.

 

Les États-Unis ont été « cruellement proches » de garantir un accord avec la Corée du Nord pour éliminer ses missiles à moyenne et à longue portées et arrêter ses exportations de produits balistiques, comme l'a écrit Wendy Sherman, ancienne conseillère spéciale du Président et du secrétaire d’État en charge de la Corée du Nord, dans un éditorial du New York Times en mars 2001. Elle a pressé Bush de saisir cette chance

 

Dix mois plus tard, l’environnement avait changé. Les États-Unis titubaient, blessés par les attaques terroristes du 11 septembre et cherchaient vengeance, et l’Irak, l’Iran et le terrorisme Islamique étaient devenus le centre d’intérêt principal de la Maison Blanche.

 

Avec Téhéran et Bagdad, Pyongyang a été inclus dans ce que Bush a appelé « l’axe du mal ».

 

« Le président Bush a délibérément mis un terme aux négociations – qui étaient quasiment achevées – on peut concevoir que ces dernières auraient réglé ce problème », indique Perry. « Il a fait cela en pensant qu’il y aurait de nouvelles discussions dans des termes qui lui seraient plus favorables. Cela n’a évidemment pas fonctionné, que ce soit pour lui ou pour les tentatives de l’administration Obama. »

 

« Sans mesurer la valeur théorique de ce qu’ils sont en train de faire, le résultat est pour le moins prévisible », ajoute Perry, analysant l’état présent des négociations.

 

Dans son livre de 2015 « My Journey at the Nuclear Brink », il résume les résultats de la politique américaine envers le Nord depuis l’administration Clinton comme étant « peut-être l’exercice diplomatique le plus infructueux de l’histoire de notre pays ».

 

« Mon analyse est que la raison pour laquelle ils n’ont pas réussi dans le cas de l’administration Bush est qu’ils étaient détournés de cette question par la guerre en Irak » nous dit Perry. « Ils n’ont pas accordé suffisamment de temps ou d’attention à ce sujet. Qui sait ce qui aurait pu se produire s’ils en avaient fait une priorité et s’étaient mis au travail là-dessus. Mais cela n’a pas été le cas. »

 

Le risque d’une nouvelle guerre

 

Cependant, déclare Perry, alors que l’administration Bush était préoccupée par le Moyen-Orient, son successeur, le Président Barack Obama, avait quant à lui une politique dans le cadre de laquelle le programme nucléaire et balistique du Nord a continué à se développer.

 

Cela s’appelle « La Patience Stratégique ». « Ce que j’en ai compris, ce que la Patience Stratégique signifie est que – Si nous attendons suffisamment longtemps, la Corée du Nord va s’effondrer. – Je pense qu’il s’agit d’un espoir désespéré. Je serais heureux de voir le régime tomber, mais il n’y a aucune raison de croire que cela va se produire » indique Perry.

 

A la place, les peurs de Perry qui sont susceptibles de se réaliser dans l’atmosphère sécuritaire tendue entourant la péninsule coréenne sont la survenue d’hostilités de petite envergure menant à un conflit de grande ampleur impliquant les États-Unis et le Japon.

 

« Si cela se produit, si une nouvelle guerre de Corée venait à voir le jour, le Nord perdrait sûrement … et à ce moment-là, voyant la fin du régime, ils pourraient déclencher un Armageddon nucléaire » ajoute Perry. « Donc on peut imaginer le scénario dans lequel ils démarrent une guerre inintentionnellement et que dans ce cas ils utilisent leurs bombes atomiques dans un dernier sursaut. »

 

Selon Perry, ce scénario est le plus probable parmi les différentes théories concernant la façon dont le Nord pourrait provoquer un conflit. Il exclut toute sorte d’attaque surprise contre la Corée du Sud, le Japon ou les États-Unis, indiquant qu’un tel mouvement serait « suicidaire » et serait en contradiction avec l’objectif numéro 1 de Pyongyang : la survie du régime

 

« Ils ne veulent pas être des martyrs. Ce n’est pas al-Qaida ou l’Etat Islamique », déclare-t-il

 

« Cependant, l’utilisation de leurs armes sera dictée par l’utilisation dont elles ont été prévues pour … d’abord et avant tout la survie du régime, le maintien au pouvoir de la dynastie des Kim.

 

« Cela, j’en suis certain, est leur objectif principal. »

 

Et tandis que le chef d’État nord-coréen Kim Jong Un et son régime ont souvent été qualifiés de « fous », y compris le mois dernier par l'ancien candidat à la présidence républicain, le sénateur John McCain, Perry croit qu’il s’agit d’une idée fausse.

 

« Les personnes affirmant qu’ils sont fous ont je pense tort » déclare-t-il « La Corée du Nord est un Etat paria. Ils prennent des décisions extravagantes, mais ces dernières sont destinées à consolider leur emprise sur le pouvoir. »

 

Selon Perry, une compréhension de cet état de fait est nécessaire, peu importe la politique adoptée par les États-Unis concernant le Nord

 

Une ouverture pour des négociations ?

 

Le nouveau président américain Donald Trump a promis que la politique de son gouvernement envers Pyongyang différerait de celle d'Obama, et le secrétaire d'État Rex Tillerson a ainsi déclaré la fin de la Patience Stratégique.

 

Trump a parlé alternativement de s’asseoir à table pour manger un hamburger avec Kim Jong-un et de faire tout son possible pour l'empêcher de maîtriser la technologie pour monter une arme nucléaire sur un missile à longue portée capable de frapper les États-Unis continentaux.

 

Mais après l’essai par le Nord de quatre missiles le mois dernier, qui était présenté comme la simulation d’une attaque américaine au Japon, Trump a adopté un ton nettement plus sévère.

 

Le mois dernier, Tillerson a déclaré que toutes les options - y compris des frappes militaires préventives - étaient « sur la table ». Plus tôt cette année, il a également nié une affirmation de Kim selon laquelle les préparatifs étaient en phase finale, en disant : « Cela n'arrivera pas. »

 

Le Nord a répondu avec sa propre rhétorique, attaquant l'administration Trump concernant son approche du problème nord-coréen et en la rapprochant des actions de l'administration Obama.

 

Ces gesticulations mises à part, Perry pense qu’il y a une ouverture pour des discussions.

 

« Il pourrait réellement essayer de négocier avec eux, ce qui serait une bonne chose – s’il part d’une véritable compréhension du passif de chacun », a déclaré Perry à propos de Trump, en précisant qu'un bon négociateur doit s'efforcer de comprendre l'autre partie.

 

« Je pense comprendre les Nord-Coréens, ce qui me rend un peu pessimiste à propos de négociations basées sur les menaces et les intimidations. »

 

Au-delà de la compréhension des objectifs du Nord, Perry estime qu’il y a une autre composante qui est essentielle de prendre en compte pour les États-Unis pour que les négociations avec Pyongyang soient efficaces : la Chine.

 

« Nous devons discuter en conjonction avec la Chine, ce que nous n'avons jamais fait dans le passé », a déclaré M. Perry. « Même si nous nous sommes tous deux présents ensembles dans les pourparlers à six, nous n'avons jamais eu une compréhension commune de la menace ni de stratégie mutuelle sur la façon de procéder. »

 

Désormais – de par les relations tendues de Pyongyang avec Beijing, son patron d’autrefois – le moment est peut-être opportun, avance-t-il.

 

« Je pense que ce qui s’est passé au cours des dernières années est que les Chinois ont acquis une meilleure compréhension du danger représenté par les armes atomiques nord-coréennes », ajoute Perry. « Ils sont beaucoup plus préoccupés par ce sujet qu’ils pouvaient l’être il y a quelques années. »

 

Compte tenu de cela, il nous indique qu’il existe une réelle possibilité d’arriver au moins à une stratégie de négociation commune.

 

« Si nous y arrivons, cela améliorera grandement les réussites des pourparlers », nous dit Perry.

 

Parler durement

 

Certains experts, y compris Perry, prédisent que si les États-Unis ne parviennent pas à fixer des objectifs raisonnables, ils pourraient risquer par inadvertance de provoquer une situation désastreuse dans la région. Un de ces résultats pourrait voir le Japon et la Corée du Sud entreprendre de développer leurs propres capacités nucléaires - quelque chose que Trump a sous-entendu lors de la campagne présidentielle - et ainsi déstabiliser davantage la région.

 

« Je comprends pourquoi les Japonais sont dans le désarroi, mais je souhaite également penser quelles sont leurs alternatives viables », soutient Perry. « L’une d’entre elle serait qu’ils construisent leurs propres armes nucléaires … ils pourraient ainsi menacer de répondre aux provocations par leurs propres moyens … C’est, à mon avis, une très mauvaise idée mais cela pourrait se produire. »

 

Une autre option, ajoute-t-il, serait de renforcer la confiance que les Japonais portent aux États-Unis en demandant à Washington de faire une mise au point plus claire sur sa politique de dissuasion.

 

« La façon la plus sûre de le faire serait de nous demander de déployer certaines de nos armes nucléaires au Japon», déclare M. Perry, en s’appuyant sur l'exemple de l'Allemagne. Les armes atomiques américaines y ont d'abord été déployées pendant la guerre froide comme moyen d'afficher la volonté de Washington de protéger le pays.

 

« Lorsque vous commencez à parler durement, vous devez commencer à réfléchir à ce que sont les alternatives réalistes », note Perry. « Aucune d'entre elle n'est très attrayante. »

 

Selon Perry, la stratégie des États-Unis et du Japon s'oriente vers une garantie de dissuasion prolongée et la fourniture de systèmes de défense antimissiles balistiques limités - une politique qui n'est pas différente de celle du prédécesseur de Trump.

 

Pour l'ancien secrétaire à la Défense, cette perspective - un retour potentiel au statu quo - est insensée.

 

« Il est frustrant de penser que vous comprenez le problème et de le voir partir dans des directions très différentes de celles que vous souhaiteriez », déclare-t-il. « Je pourrais vous expliquer ce que je pense pouvoir fonctionner, mais je n'ai aucune raison de croire que cela va être tenté. »

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2 janvier 2017 1 02 /01 /janvier /2017 19:53

Du 28 décembre 2016 au 18 janvier 2017, des étudiants sud-coréens visitent la France, l'Allemagne, la République tchèque, la Hongrie, l'Autriche et la Suisse dans le cadre du sixième voyage international pour la paix (et du cinquième voyage en Europe), organisé par l'association "Papillons de l'espoir" et soutenu par le Conseil coréen pour les femmes requises pour l'esclavage sexuel militaire du Japon. Le 2 janvier 2017, ils ont été place du Trocadéro, à Paris, sur le parvis des Droits de l'Homme, pour exprimer l'aspiration de tout un peuple à vivre en paix, ce qui exige de porter un regard lucide sur le passé - le Japon devant notamment formuler des excuses pour le crime de l'esclavage sexuel des "femmes de réconfort", principalement coréennes, commis avant et pendant la Seconde guerre mondiale.

Justice pour les "femmes de réconfort" !
Justice pour les "femmes de réconfort" !

Nulle part dans le monde peut-être davantage que dans la péninsule coréenne l'exigence de paix n'est plus forte, alors que la guerre civile internationalisée qu'a été la guerre de Corée s'est soldée par un simple accord d'armistice, en 1953, sans signature à ce jour d'un traité de paix ni mise en place de mécanismes de sécurité collective qui permettraient de privilégier le dialogue aux tensions et aux sanctions, et de supprimer les armes nucléaires sur le sol coréen.

Ce message de paix a été porté par les divers orateurs présents, coréens, japonais et français, tandis que des messages ont également été lus en anglais et en espagnol. Comme les années précédentes, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) était présente : par la voix de son vice-président en charge des actions de coopération, Benoît Quennedey, elle a rappelé son exigence d'une paix durable en Corée, qui implique de renouer avec le dialogue, de mettre fin à la course aux armements et de trouver une solution honorable aux drames vécus par les "femmes de réconfort", anciennes esclaves sexuelles de l'armée japonaise - ce que ne permet pas le déshonorant accord nippo-sud-coréen signé fin 2015 - mais que la nouvelle situation politique ouverte, en Corée du Sud, par le vote de destitution de la Présidente Park Geun-hye pourrait heureusement remettre en cause.

Comme l'ont expliqué les organisateurs de "Papillons de l'espoir" qui relaient la campagne de 100 millions de signatures pour la résolution de la question de l'esclavage sexuel, le papillon symbolise cet espoir d'un monde d'harmonie, sans guerre, débarrassé de la violence intolérable faite aux femmes en période de conflit :

Le Papillon est le symbole qui représente la battement des ailes de la Liberté, échappant aux discriminations, à l'oppression, à la violence. Papillons de l'espoir est une association pour la résolution de la question de l'esclavage sexuel infligé par l'armée japonaise. Nos principales activités sont des campagnes pour la collecte de 100 millions de signatures au niveau national mais aussi international, ainsi qu'en France, en Allemagne, en Equateur et en Bolivie.

Puissent les papillons de l'espoir symboliser cette aspiration universelle à la justice, à la paix et à la fraternité !

Justice pour les "femmes de réconfort" !
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23 novembre 2016 3 23 /11 /novembre /2016 20:17

En décembre 2017 doit se tenir la prochaine élection présidentielle en République de Corée (Corée du Sud). Mais ce calendrier pourrait se trouver accéléré, alors que les Sud-Coréens manifestent depuis des semaines par centaines de milliers pour obtenir la démission de la Présidente Park Geun-hye, embourbé dans le scandale Choi Soon-sil qui a révélé son incompétence : dans ce contexte, les conservateurs au pouvoir à Séoul accélèrent le rythme pour réaliser leur programme de répression politique et antisyndicale, et renforcer l'alignement de Séoul sur l'axe Washington-Tokyo. Plus que jamais, il faut les empêcher de mettre en oeuvre une politique discréditée dans l'opinion : tel est le sens, notamment, de la manifestation à Paris le 26 novembre 2016, à 15h place du Trocadéro, pour le départ de Mme Park Geun-hye, à laquelle l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) appelle à participer.

Une manifestante coréenne le 23 novembre, contre l'accord nippo-sud-coréen en matière de renseignement

Une manifestante coréenne le 23 novembre, contre l'accord nippo-sud-coréen en matière de renseignement

Cela fait quatre ans que l'accord nippo - sud-coréen, de partage d'information en matière de renseignement, était bloqué en Corée du Sud : sentant le risque que cet accord impopulaire ne soit jamais mis en oeuvre après leur départ du pouvoir désormais exigé par une écrasante majorité de Sud-Coréens, les conservateurs qui tiennent encore le haut du pavé à Séoul ont engagé une manoeuvre pour une entrée en vigueur immédiate, le 23 novembre 2016, en prétextant - une fois encore - la menace nord-coréenne. Il n'y a pourtant eu aucune initiative nord-coréenne récente de nature à juger cet empressement... sinon le besoin de Mme Park Geun-hye et de ses affidés de lier les mains de leurs successeurs, comme pour le déploiement en Corée du système de missiles antibalistique THAAD, sans l'accord du Parlement et malgré l'opposition d'une majorité de citoyens. Tel est le sens de la démocratie pour Mme Park Geun-hye, qui trouve opportunément des alliés pour cautionner sa démarche autoritaire dans les dirigeants français, François Hollande en tête. La Corée du Sud de Mme Park accomplit parfaitement son rôle de supplétif des Etats-Unis.

Cette marche à la guerre, par le renforcement des systèmes d'alliances militaires, est indissociable des atteintes grandissantes aux libertés publiques en Corée du Sud, que le bellicisme permet de justifier. Un des symboles de cette dérive autoritaire est la condamnation à cinq ans de prison du syndicaliste Han Sang-gyun, suivant une décision qui a soulevé un tollé international tant elle constitue une atteinte inacceptable à la liberté d'expression et à la liberté de manifestation. Alors que le procureur exige l'alourdissement de cette peine à huit ans en appel (le jugement sera rendu le 13 décembre prochain), l'AAFC appelle toutes et tous à signer la pétition en ligne pour la libération de Han Sang-gyun et assurer le respect des droits des travailleurs en Corée du Sud. Cette pétition, disponible en plusieurs lignes sur le site change.org, a été initiée par le Réseau européen pour une Corée progressiste (basé en Allemagne) et est adressée au juge Shim Dam.

Sources :

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15 août 2016 1 15 /08 /août /2016 07:54

A l'occasion du 71e anniversaire de la libération de la Corée de la colonisation japonaise, le 15 août 1945, le Président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine a adressé un message de félicitations à Kim Jong-un, Président de la Commission des affaires de l'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Alors que l'anniversaire de la Libération est traditionnellement, dans toute la Corée, l'occasion d'appeler au dialogue et à la réconciliation Nord-Sud, la Présidente Park Geun-hye de la République de Corée (Corée du Sud) a choisi cette année de délivrer un message guerrier, à la veille de manoeuvres militaires américano - sud-coréennes qui aggraveront une nouvelle fois les tensions et les risques de conflit dans la péninsule coréenne.

Dans son message au Président Kim Jong-un, le Président Vladimir Poutine a appelé au resserrement des liens avec la RPD de Corée et rappelé que des soldats de l'Armée rouge et des patriotes coréens étaient tombés pour la libération de la Corée. De fait, conformément à leurs engagements internationaux, les Soviétiques étaient intervenus en Corée en août 1945 pour combattre les troupes d'occupation japonaise, en respectant la limite du 38e parallèle au Sud de laquelle les Américains devaient recevoir la reddition des troupes japonaises - pour leur part, les Américains ont attendu la fin des combats pour débarquer en Corée, et n'ont donc pas combattu sur le sol de la péninsule coréenne pour libérer les Coréens de l'occupation japonaise. Selon l'agence nord-coréenne KCNA, le Président Vladimir Poutine a déclaré :

Nous nous souvenons avec respect des soldats de l'Armée rouge et des patriotes coréens qui ont consacré leur vie à l'indépendance de la Corée (...) Les glorieuses traditions d'amitié et de coopération forgées dans les années de la guerre sont devenues la pierre angulaire du développement des relations entre la Russie et la RPDC.

http://www.kcna.kp/kcna.user.home.retrieveHomeInfoList.kcmsf;jsessionid=CCC047A0401B8F6B387AC68AC4BFA728

Le Président Vladimir Poutine a également appelé à l'essor des relations bilatérales entre la Russie et la RPD de Corée dans les domaines économiques, scientifiques, technologiques et humanitaires, afin de garantir la paix et la stabilité en Asie du Nord-Est.

Préserver la paix n'était en revanche pas la préoccupation de la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye dans son message prononcé à l'occasion de la Libération de la Corée. Dans un discours au vitriol contre les "provocations" et les "menaces" nord-coréennes, elle a défendu la course aux armements en défendant avec force le déploiement en Corée du système américain de défense antimissile à haute altitude THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) qui soulève un rejet croissant dans l'opinion publique sud-coréenne. Le 9 août, les Etats-Unis et leurs alliés avaient échoué à obtenir du Conseil de sécurité des Nations Unies l'adoption d'une résolution condamnant la RPDC pour son tir de missile balistique effectué le 2 août, après que la Chine eut demandé - en vain - d'éviter les provocations et les initiatives telles que le déploiement de THAAD.

Dans quelques jours débuteront les exercices militaires américano - sud-coréens Ulji Freedom Guardian, avec l'introduction de bombardiers américains dans le ciel de la Corée.

L'Association d'amitié franco-coréenne appelle une nouvelle fois à la paix et au dialogue dans toute la Corée en vue d'une dénucléarisation de toute la péninsule, et à cesser la course aux armements et les manoeuvres militaires qui aggravent dangereusement les tensions dans une des régions les plus militarisées au monde.

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12 août 2016 5 12 /08 /août /2016 18:01

Dans Corée du Nord. Un Etat-guérilla en mutation, le journaliste Philippe Pons, correspondant du quotidien Le Monde pour la Corée et le Japon depuis plus de trente ans, a publié l'oeuvre d'une vie. Comme toujours, Philippe Pons, sans complaisance pour la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), met en avant les transformations de l'Etat soumis au plus vieil embargo au monde et qu'une certaine presse veut, à la différence de Philippe Pons, enfermer dans des images caricaturales. Les thèses qu'il déploit sont parfois audacieuses (notamment sur le système politique interne à la Corée du Nord, dont les analyses américaines et sud-coréennes - utilisées par Philippe Pons - doivent être prises avec précaution vu la difficulté à confronter les données), mais l'information est riche, complète, y compris sur des sujets mal connus : nous traitons ci-après celui des relations, aujourd'hui rompues, entre le Parti communiste japonais (PCJ) et la RPDC, abordées page 158 de l'ouvrage.

Aux origines de la rupture entre le Parti communiste japonais et la Corée du Nord

Philippe Pons rappelle que la gauche japonaise - socialistes comme communistes, membres de l'Association de coopération pour le rapatriement des Coréens du Japon (Zainichi Chôsenjin kikoku kyoryoku kai) - ont soutenu le rapatriement en RPDC des Nord-Coréens du Japon, engagé à partir de 1959. Un communiste japonais, Terao Gorô, a ainsi publié un ouvrage décrivant la RPD de Corée de manière idéalisée, et dont le succès a été considérable.

Cependant, une partie des Coréens retournés au Nord de la péninsule ont eu du mal à s'habituer à une vie très différente de celle qu'ils espéraient, et matériellement beaucoup plus difficile que dans l'archipel nippon. C'est dans ce contexte que le correspondant à Pyongyang du quotidien du PCJ Akahata, Hagiwara Ryô, a été expulsé de RPDC en 1973, alors qu'il conduisait une enquête sur les rapatriés en Corée du Nord. Il a ensuite publié un livre, très critique sur le régime nord-coréen, qui va contribuer à la dégradation des relations entre le PCJ et la RPDC. Au sein de la gauche japonaise, seuls les socialistes maintiendront de bonnes relations avec les autorités nord-coréennes.

Puis la rupture entre le PCJ et Pyongyang est intervenue en 1987, après qu'un attentat contre un appareil de la Korean Air eut été attribué par Séoul à Pyongyang (ce que la Corée du Nord a toujours nié, l'enquête comportant en outre d'importantes zones d'ombre).

C'est ainsi que l'un des plus puissants partis communistes d'Asie (hormis ceux au pouvoir), avec les partis communistes indiens, a désormais cessé ses relations avec la RPD de Corée, cette prise de distance radicale étant étrangère à l'orientation du communisme japonais, qui n'a pas été sans rappeler celle des tendances eurocommunistes en Europe occidentale dans les années 1970.

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29 juillet 2016 5 29 /07 /juillet /2016 16:17

Le 28 décembre 2015, un accord nippo - sud-coréen a prétendu régler "de manière finale et irréversible" la question des "femmes de réconfort" - euphémisme désignant les centaines de milliers d'esclaves sexuelles, en grande partie coréennes, qui ont été obligées de se prostituer dans les bordels de l'armée impériale japonaise avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Cet accord a soulevé de vives protestations en Corée du Sud et dans le monde (notamment à Paris), puisque si le gouvernement japonais a exprimé une nouvelle fois des regrets il a refusé de reconnaître la responsabilité de l'Etat japonais. Par ailleurs, l'accord a prévu l'ouverture d'un fonds doté de 1 milliard de yens (soit 7,5 millions d'euros) pour que la Corée du Sud n'évoque plus ces questions dans les enceintes internationales - ce qui s'appelle acheter une indulgence à peu de frais : environ 40 euros pour chacune des exclaves sexuelles, pour solde de tout compte. Le 27 juillet 2016, la conférence de presse annonçant l'ouverture de la fondation pour gérer le fonds a été perturbée par l'irruption de manifestants hostiles à l'accord signé entre la Corée du Sud de Mme Park Geun-hye, qui n'a jamais autant cédé au nom d'un gouvernement sud-coréen, et les autorités nationalistes nippones.

Une manifestante emmenée de force par la police

Une manifestante emmenée de force par la police

Les messages des manifestants étaient clairs : "Vous ne pouvez pas faire taire les victimes avec de l'argent", tout en arborant des pancartes sur lesquelles il était écrit "Ce n'est pas ce que veulent les femmes de réconfort". Des étudiants ayant réussi à entrer dans la salle de la conférence de presse ont été évacués de force par la police. L'un d'entre eux criait : "Ecoutez les voix des victimes !".

Bien que défaite aux élections législatives du 13 avril 2016, la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye s'enferre à conduire une politique pour laquelle elle ne dispose plus de majorité parlementaire - poussant le déni de démocratie jusqu'à maintenir son équipe gouvernementale et à vouloir forcer l'Assemblée nationale à appliquer une politique que l'opposition, désormais majoritaire au Parlement, a combattue dans les urnes. Vendre l'honneur des femmes de réconfort pour le bon plaisir des nationalistes japonais fait partie de son programme, qu'elle entend mener à tout prix.

La mise en place de la "Fondation pour la réconciliation et la guérison", chargée de gérer le fonds de 1 milliard de yens pour les "femmes de réconfort", a donc donné lieu à une conférence de presse ce jeudi 28 juillet 2016. Même Kim Tae-hyun, dirigeant de la Fondation, a bien été obligé de reconnaître que l'accord du 28 décembre 2015 "n'était pas complètement satisfaisant", mais ce texte offre, selon lui, quelque espoir et il aurait même trouvé des survivantes qui lui auraient exprimé sa gratitude. On a connu déclarations plus enthousiastes... même les autorités sud-coréennes ne peuvent pas cacher qu'elles ont décroché un accord honteux pour les victimes et, plus généralement, pour le peuple coréen.

Présente dans la manifestation organisée à Paris quatre jours seulement après que cet accord de la honte a été rendu public, l'Association d'amitié franco-coréenne poursuivra le combat aux côtés des démocrates et des féministes coréens pour la dénonciation de l'accord du 28 décembre 2015, et en vue de la reconnaissance par les autorités japonaises de la responsabilité légale de l'Etat japonais dans le crime de masse qu'a constitué l'esclavage sexuel des femmes de réconfort.

Sources :

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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 17:14

Le dimanche 26 juin 2016, les étudiants coréens participant au cinquième voyage international pour la paix de l'association "Papillons de l'espoir" (et au quatrième voyage en Europe) ont fait une halte place du Trocadéro, à Paris, sur le parvis des Droits de l'Homme, pour réaffirmer leur exigence d'une Corée en paix et pour que les crimes du passé ne se reproduisent plus - le Japon devant notamment formuler des excuses pour le crime de l'esclavage sexuel des "femmes de réconfort" coréennes (et d'autres pays d'Europe et d'Asie) commis pendant la Seconde guerre mondiale. Comme pour les précédents voyages en Europe pour la paix, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a participé au rassemblement place du Trocadéro.

Pour la paix !

Comme toujours, les spectacles chorégraphiques et les chants des jeunes Coréens ont attiré un public nombreux, place du Trocadéro, témoignant - si besoin était - que l'attention des Parisiens n'étant pas entièrement accaparée par la coupe d'Europe de football en ce dimanche estival...

Au-delà de son caractère festif, l'étape parisienne du voyage en Europe était également lourde de sens : faire connaître la situation de la Corée à une opinion publique occidentale qui n'ignore que trop souvent que la guerre de Corée (1950-1953) ne s'est malheureusement toujours pas conclue par un traité de paix, et que le crime de guerre des "femmes de réconfort" ne peut être soldé par le peu glorieux accord intergouvernemental Corée du Sud - Japon du 28 décembre 2015. La dénonciation de cet accord était d'ailleurs au coeur des interventions des orateur japonais et coréen, tandis que les participants continuaient à réunir des soutiens dans le cadre de la campagne internationale des "100 millions de signatures" pour obtenir des excuses officielles des autorités japonaises.

Ayant fait de la conclusion d'un traité de paix en Corée l'un de ses combats majeurs, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) était représentée par Benoît Quennedey, vice-président en charge des actions de coopération, qui a également souligné le besoin d'une dénucléarisation de toute la péninsule coréenne, d'un départ de l'ensemble des troupes étrangères et de la mise en place de mécanismes internationaux assurant une sécurité collective. Il a également rappelé l'engagement de l'AAFC aux côtés des anciennes victimes de l'esclavage sexuel militaire japonais, la dénonciation des crimes du passé contribuant à ce que ceux-ci ne se reproduisent plus à l'avenir : les femmes ne doivent plus être les premières victimes des conflits !

Pour la paix !
Pour la paix !
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20 mars 2016 7 20 /03 /mars /2016 20:08

Le film Spirits’ homecoming de Cho Jung-rae raconte l'histoire des centaines de milliers de femmes, pour beaucoup d'entre elles coréennes, qui ont été obligées de se prostituer pour l'armée japonaise avant et pendant la Seconde guerre mondiale. Son succès époustouflant - le film caracole en tête du nombre d'entrées dans les cinémas sud-coréens - témoigne de l'émotion légitime que suscite la question des "femmes de réconfort", quelques mois après la conclusion d'un accord controversé entre les gouvernements japonais et sud-coréen que nous avons dénoncé, à l'AAFC, comme insuffisant, à l'instar du Conseil coréen sur les "femmes de réconfort". 

“Spirits’ homecoming” : le film sur les femmes de réconfort de Cho Jung-rae en tête du nombre d'entrées au cinéma

Il aura fallu près de quatorze ans au réalisateur Cho Jung-rae pour mener à bien son projet de film sur les "femmes de réconfort" - qu'il a côtoyées dans un foyer, et qui lui avaient donné comme seule instruction de réaliser un film de qualité. Il était émouvant de voir plusieurs d'entre elles assister à la première, alors qu'il n'y a plus que 44 survivantes sur les 238 femmes sud-coréennes qui ont accepté de témoigner en racontant leur histoire.

Le film Spirits’ homecoming est aussi exceptionnel dans la mesure où son budget de 500 millions de won (soit 381 000 euros) a été bouclé grâce au financement participatif, avec un nombre record de 320 000 donateurs.

Auprès du public, le succès a été au rendez-vous : le matin de la sortie (le 24 février 2016) déjà 27,5 % des billets avaient déjà été pré-vendus, et une semaine plus tard le nombre d'entrées (1,7 million) plaçait le film en tête des ventes.

L'AAFC espère que cette réussite contribuera à la mobilisation et à la sensibilisation de l'opinion publique pour que plus jamais les femmes ne soient victimes d'esclavage sexuel, notamment dans les périodes de guerre.

Sources :

 

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