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24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 21:54

Traditionnellement solidaire des Palestiniens, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a vivement dénoncé, le 15 juillet 2014, les "meurtres brutaux de nombreux Palestiniens sans défense" lors de l'opération Bordure protectrice, dans la réponse d'un porte-parole du ministère des Affaires étrangères à une question posée par l'agence nord-coréenne KCNA, et dont nous reproduisons ci-après des extraits. Pour sa part, la République de Corée (Corée du Sud) n'a pas officiellement réagi - alors que pendant la guerre de Gaza, en 2008-2009, elle avait fait part de sa "profonde préoccupation" quant à la "détérioration" de la situation et les pertes humaines qu'elle avait engendrées.

Sur cette carte, les pays en rouge ont condamné l'action d'Israël, les pays en bleu ont soutenu Israël (ou soutenu le droit d'Israël à se défendre). Les pays en vert ont appelé à la fin des hostilité ou condamné les deux - ou aucun - des belligérants. Les pays en jaune ont eu des réactions mixtes, et les pays en gris n'ont pas réagi officiellement. Israël et Gaza sont en noir.

Sur cette carte, les pays en rouge ont condamné l'action d'Israël, les pays en bleu ont soutenu Israël (ou soutenu le droit d'Israël à se défendre). Les pays en vert ont appelé à la fin des hostilité ou condamné les deux - ou aucun - des belligérants. Les pays en jaune ont eu des réactions mixtes, et les pays en gris n'ont pas réagi officiellement. Israël et Gaza sont en noir.

Dans une réponse à une question posée par l'agence de presse KCNA, le 15 juillet 2014, un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères a condamné dans les termes les plus fermes l'opération Bordure protectrice conduite par Israël, du nom de l'offensive lancée par l'armée israélienne contre la bande de Gaza, le 8 juillet, suite au meurtre de trois adolescents israéliens et d'un adolescent palestinien.

Le MAE nord-coréen a "dénoncé sévèrement le meurtre brutal par Israël de nombreux Palestiniens sans défense lors d'attaques militaires aveugles sur des zones résidentielles palestiennes qui vivaient en paix" comme "des crimes contre l'humanité impardonnables", en soulignant que le nombre de victimes avait d'ores et déjà atteint le chiffre de 1.000 à la date du 15 juillet.

Toujours selon le MAE nord-coréen, le lien entre l'opération militaire et la mort de trois jeunes Israéliens est "sans fondement".

Pour Pyongyang, Israël copie les pratiques arbitraires de la diplomatie américaine et ses actions militaires visent à contenir les forces de la résistance palestinienne et à créer des difficultés dans les activités du gouvernement national unifié palestinien.

Le MAE nord-coréen a exhorté Israël à arrêter toutes ses actions militaires illégales contre la Palestine et à apporter une réponse juste au conflit israélo-palestinien.

Sources :

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24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 08:47

Le dimanche 13 juillet 2014, la coupe du monde de football au Brésil s'est terminée sur la victoire de l'équipe allemande face à l'Argentine. Bien organisée, sans réels débordements, cette coupe du monde peut être considérée comme une réussite du point de vue de l'organisation et du spectacle offert. Pourtant, avant l'ouverture d'un des événements sportifs les plus rentables et les plus regardés au monde, de nombreuses voix se sont élevées au Brésil contre son organisation dans un Etat souvent considéré comme le pays du football. Les opposants ont trouvé des relais à l'étranger, notamment en Corée du Sud.

Soutien en Corée du Sud aux manifestants brésiliens contre la coupe du monde

De nombreux Brésiliens sont descendus dans la rue dès le mois de mai. D'abord des manifestations pacifiques, les rassemblements ont ensuite donné lieu à des affrontements avec la police et l'armée qui ont conduit une répression sévère. Parties de Porto Alegre suite à l'annonce de la hausse des tarifs d'autobus, les manifestations se sont étendues à l'ensemble du Brésil et ont débouché sur un mouvement aux revendications plus larges, critiquant la politique du Gouvernement et en particulier les dépenses liées à l'organisation de la coupe du monde de football de 2014, jugées dispendieuses : les opposants ont considéré que ces sommes auraient été plus utilement consacrées à l'action sociale, à la santé et à l'éducation. 

Ces actions ont rencontré un soutien international, notamment du mouvement sud-coréen  세월 호 몰살 에 분노 하는 노동자 행동 (Travailleurs en colère contre le meurtre du Sewol, créé suite au naufrage de ce ferry).

Le groupe, créé par des membres du syndicat coréen KCTU, a vivement critiqué la répression des autorités brésiliennes contre les manifestants. Dans une conférence de presse qui s'est tenue le 16 juin 2014, il a dénoncé le recours par les forces de l'ordre à des pistolets avec des balles en caoutchouc, 200.000 soldats ayant été déployés, ainsi qu'une hausse des prix des biens de consommation courante de plus de 6 % en un mois -  quand dans le même temps les bénéfices de la FIFA tirés de la vente des billets d'entrée aux matchs de la coupe du monde auraient atteint 4,5 milliards de dollars. Le collectif a aussi dénoncé les menaces de sanctions administratives du gouvernement sud-coréen contre les diffuseurs des chaînes de télévision et de radio si les matchs n'étaient pas retransmis - alors que le secteur sud-coréen des médias a connu de nombreux mouvements sociaux.  Les militants sud-coréens se sont ainsi déclarés solidaires de la lutte et de la résistance des travailleurs et des citoyens sud-coréens contre la coupe du monde, événement mercantile.


Les militants sud-coréens ont également entendu dénoncer les relations entre le pouvoir et les médias, dont rend compte la note du gouvernement sud-coréen aux chaînes de télévision et de radio. Déjà, en 2002, lors de la co-organisation de la coupe du monde par le Japon et la Corée du Sud, des scandales de manipulation des médias et de corruption avaient éclaté.

 

Le début des matchs a entraîné une nette baisse d'intensité des manifestations, à laquelle ont contribué tant le renforcement du dispositif militaire et policier qu'une forme d'union sacrée des Brésiliens autour de leur équipe nationale. Mais la contestation sociale devrait reprendre après le mondial raté de la sélection brésilienne suite à sa débâcle en demi-finale (défaite 1-7 contre l'Allemagne).

Sources :

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 15:43

En déboursant 350 millions de dollars (360 milliards de won) pour être sponsor de l'édition 2014 de la coupe du monde de football au Brésil, le conglomérat sud-coréen Hyundai n'avait sans doute pas anticipé qu'il serait une des cibles privilégiées des opposants brésiliens à l'organisation de la manifestation - dont ils dénoncent le coût prohibitif (11,5 milliards de dollars de dépenses publiques) au détriment de politiques sociales (santé, logement, éducation), ainsi que la répression des forces de l'ordre soucieuses de faire disparaître les traces d'une pauvreté endémique dans l'un des pays les plus inégalitaires au monde. Au total, près de deux cinquièmes des Brésiliens s'opposeraient à la coupe du monde. Dans ce contexte, avant les premiers matchs officiels, des actes de vandalisme ont été commis à l'encontre de Hyundai et le site Internet du groupe a été attaqué.

Manifestations, grèves et, pour les opposants les plus déterminés, des violences de rue et des affrontements avec la police anti-émeutes : les images qui nous proviennent du Brésil, au moment de l'ouverture du Mondial, sont celles d'un pays en révolte. Non seulement la politique spectacle du football comme sport professionnel - expression d'une économie capitaliste du divertissement - est mise en cause, mais de plus en plus de voix s'élèvent contre les conséquences sociales des lourds investissements publics ainsi engagés dans un pays profondément inégalitaire. Des groupes sociaux, comme le Mouvement des travailleurs sans terre, se sont pleinement engagés dans la contestation de la coupe du monde. La contestation a gagné plus de cinquante villes au Brésil.

La police anti-émeutes repousse les manifestants et les journalistes à Sao Paulo, à la veille du premier match

La police anti-émeutes repousse les manifestants et les journalistes à Sao Paulo, à la veille du premier match

Dans ce contexte, Hyundai - en tant que sponsor officiel de la quinzième coupe du monde - a été une des cibles de choix des opposants. Des images ont circulé montrant une voiture de la marque vandalisée à Sao Paulo, tandis que la boutique d'un concessionnaire du groupe Hyundai-Kia a été attaquée.

Les opposants à la coupe du monde ciblent le sponsor Hyundai

Par ailleurs, le site Internet de Hyundai a été attaqué par des hackers se revendiquant des Anonymous - à l'instar des sites d'autres institutions liées à l'organisation du Mondial, ainsi que des services de renseignement brésiliens - il y a quelque ironie du sort pour le conglomérat sud-coréen d'être en si bonne compagnie comme cible officielle des Anonymous, quand on sait que les services secrets sud-coréens sont largement derrière les attaques régulières de sites officiels nord-coréens, un temps conduites sous le masque des Anonymous. Le 11 juin 2014 a été déclaré journée de solidarité contre la coupe du monde par les Anonymous.

Les opposants à la coupe du monde ciblent le sponsor Hyundai

Au sein du groupe H, les Sud-Coréens affronteront la Russie le 17 juin, à 18h heure locale, au stade Arena Pantabal, à Cuiaba. Le précédent match (amical) contre la Russie, le 19 novembre 2013, s'était soldé par une victoire des Russes (2-1). Les Coréens seront ensuite opposés à l'Algérie, le 22 juin à 16 heures à Porto Alegre, puis à la Belgique le 26 juin à 17 heures à Sao Paulo. Les matchs de préparation ont été très décevants pour les hommes de Hong Myung-bo - qui avait conduit la Corée du Sud à décrocher une médaille de bronze aux Jeux de Londres en 2012 - défaits par la Tunisie (0-1) le 28 mai, puis par le Ghana (0-4) le 4 juin. Si les Sud-Coréens avaient dominé les deux matchs, ils avaient en effet commis de lourdes erreurs.

Sources :

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10 mai 2014 6 10 /05 /mai /2014 21:03

Dans une dépêche en date du 9 mai 2014, l'agence de presse nord-coréenne KCNA indique que Kim Jong-un, dirigeant suprême de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), a répondu aux messages de félicitations que lui ont adressé les dirigeants de partis politiques et les chefs d'Etat étrangers pour sa réélection comme Premier Président de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée, le 9 avril 2014. Si la dépêche ne prétend pas à l'exhaustivité (notamment pour les dirigeants de partis frères du Parti du travail de Corée), elle offre un aperçu des liens diplomatiques privilégiés qu'entretient la RPD de Corée avec des alliés de longue date.

Si la dépêche de l'agence KCNA mentionne (dans cet ordre) les dirigeants de partis et les chefs d'Etat, la particule "et" a un sens cumulatif : il s'agit bien de viser les plus hautes autorités de leur pays, en particulier dans les Etats socialistes où la fonction de dirigeant du Parti est, en pratique, la plus élevée dans l'exercice du pouvoir - même si le chef de l'Etat peut être protocolairement le numéro un, qui ont personnellement félicité le Maréchal Kim Jong-un pour sa réélection comme Premier Président de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée.

La liste, par nature incomplète, donnée par l'agence KCNA présente un autre intérêt - l'ordre de désignation apparaît également révélateur d'une certaine hiérarchie dans les amitiés de la RPD de Corée :

- en premier, la Chine, avec Xi Jinping, secrétaire général du Parti communiste chinois et Président de la République populaire de Chine ; la Chine est traditionnellement l'allié le plus étroit de la RPD de Corée, depuis les combats menés en commun contre l'occupant japonais puis lors de la guerre de Corée ; aujourd'hui, la Chine est - de loin - le premier partenaire économique de la Corée du Nord, à laquelle la lie par ailleurs un traité de coopération et d'assistance mutuelle ; enfin, contrairement à ce qu'escomptaient certains dirigeants occidentaux - américains en tête - Xi Jinping poursuit la longue tradition d'amitié sino-coréenne, exprimée notamment par les rencontres au sommet entre le dirigeant Kim Jong-il et le président Hu Jintao ;

Hu Jintao et Kim Jong-il, août 2010

Hu Jintao et Kim Jong-il, août 2010

- en deuxième, Raul Castro Ruz, premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba, président du Conseil d'Etat et président du Conseil des ministres de Cuba ; si Cuba, compte tenu de son éloignement de la Corée du Nord, n'est pas un de ses partenaires économiques majeurs, la solidarité est étroite et ancienne entre les deux pays socialistes, Cuba faisant partie des Etats ayant toujours choisi, jusqu'à ce jour, de ne pas établir de relations diplomatiques officielles avec la République de Corée (du Sud) ; chacun des deux Etats célèbre les fêtes politiques de l'autre ;

Che Guevara, en visite à Pyongyang en 1965, avec le Président Kim Il-sung

Che Guevara, en visite à Pyongyang en 1965, avec le Président Kim Il-sung

- en troisième, le président népalais Ram Baran Yadav ; il est intéressant de noter que la solidarité de la RPD de Corée avec les autorités népalaises transcende les liens traditionnels avec les principaux partis communistes, le Parti communiste du Népal (maoïste) et le Parti communiste du Népal (marxiste-léniniste unifié), puisque le Président Ram Baran Yadav est issu des rangs du Parti du Congrès ;

Ram Baran Yadav, président de la République démocratique fédérale du Népal

Ram Baran Yadav, président de la République démocratique fédérale du Népal

- en quatrième est mentionné Choummaly Sayasone, secrétaire général du Comité central du Parti révolutionnaire du peuple lao, qui avait été un des tout premiers chefs d'Etat étrangers à rencontrer le futur Maréchal Kim Jong-un, lors de sa visite officielle en RPD de Corée du 21 au 23 septembre 2011 ;

Le président Choummaly Sayasone, à Pyongyang, aux côtés du dirigeant Kim Jong-il et du général Kim Jong-un

Le président Choummaly Sayasone, à Pyongyang, aux côtés du dirigeant Kim Jong-il et du général Kim Jong-un

- en cinquième, Thein Sein, président de Myanmar ; les relations entre la Birmanie, qui avait participé à la guerre de Corée dans le bataillon des Nations Unies, sous commandement américain, avaient ensuite été équilibrées entre les deux Etats coréens avant d'être stoppées vis-à-vis de la RPD de Corée après 1983, puis ont connu un nouvel essor dans les années 2000 ;

- en sixième, le président mongol Tsakhiagiin Elbegdorj ; comme pour le Népal, les relations de coopération traditionnelles entre la Mongolie et la Corée du Nord dépassent les relations partisanes privilégiées du Parti du travail de Corée et des formations qui ont succédé au parti unique mongol, puisque Tsakhiagiin Elbegdorj est issu des rangs du Parti national démocratique ; des rencontres de très haut niveau ont eu lieu à plusieurs reprises entre la Mongolie et la RPD de Corée (notamment avec la visite à Pyongyang, en octobre 2013, du président mongol), et la Mongolie a effectué à plusieurs reprises des missions de bons offices avec les deux Corée pour un système de paix et de sécurité collective en Asie du Nord-Est, où elle partage avec les deux Etats coréens d'être un pays relativement petit entouré de puissants voisins ; les intérêts économiques sont également présents dans la relation bilatérale, notamment au regard de la présence de travailleurs nord-coréens en Mongolie et de la position de débouché maritime privilégié pour la Mongolie que peut constituer le port nord-coréen de Rason ;

- en septième, le roi du Cambodge Norodom Sihamoni ; les liens bilatéraux sont fondés sur la relation d'amitié privilégiée qu'avaient nouée le Président Kim Il-sung et le roi Norodom Sihanouk, qui avait pu trouver refuge au Nord de la péninsule coréenne lorsqu'il avait dû quitter son pays, et avait hautement apprécié la fidélité en amitié de son homologue de RPD de Corée, malgré qu'il n'occupât alors plus le pouvoir ;

Le souverain cambodgien Norodom Sihanouk et le Président Kim Il-sung

Le souverain cambodgien Norodom Sihanouk et le Président Kim Il-sung

- en huitième, Truong Tan Sang, président du Vietnam et président du Conseil de la défense nationale et de la sécurité du Vietnam (cette fonction étant explicitement mentionnée, sans doute par parallélisme avec les fonctions du Maréchal Kim Jong-un comme Premier Président de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée) ; les deux pays socialistes entretiennent traditionnellement de très bonnes relations, des pilotes de la RPD de Corée ayant participé à la guerre du Vietnam aux côtés du Nord, alors que la Corée du Sud avait fourni le deuxième contingent militaire étranger (après les Etats-Unis) au Sud-Vietnam ;

Le Président Ho Chi Minh et le Président Kim Il-sung

Le Président Ho Chi Minh et le Président Kim Il-sung

- en neuvième, Joseph Kabila Kabange, président de la République démocratique du Congo ; comme pour d'autres pays du Tiers Monde, le soutien à la RPD de Corée est, historiquement, largement transpartisan, le Zaïre alors dirigé par le Président Mobutu ayant été un des premiers Etats d'Afrique subsaharienne à ouvrir une ambassade à Pyongyang ;

 

- en dixième, le président angolais Jose Eduardo Dos Santos, et en onzième, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, dont les messages de félicitations et les réponses qu'ils ont reçus s'inscrivent dans une longue tradition de soutien de la RPD de Corée aux mouvements de libération nationale, notamment dans ces deux pays - la Corée du Nord ayant ainsi été le premier pays non arabe à reconnaître le gouvernement provisoire algérien.

Sources :

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22 avril 2014 2 22 /04 /avril /2014 13:01

220px-Shinzo_Abe_cropped.jpgLa colère monte en Asie de l’Est – et tout particulièrement en Chine et en Corée – après les visites de plus en plus fréquentes de responsables politiques japonais au sanctuaire Yasukuni, où sont honorés 2,5 millions de morts de guerre japonais dont 14 criminels de guerre de premier rang de la Seconde Guerre Mondiale – et qui est considéré à ce titre comme un symbole du passé militariste du Japon. Intervevant à la veille d'une tournée en Asie de l'Est du président américain, les hommages rendus au sanctuaire Yasukuni interviennent à un moment où le gouvernement japonais de Shinzo Abe discute d’une révision de la Constitution qui remettrait en cause son contenu pacifiste : aujourd’hui, le Japon dispose non pas d’une armée à proprement parler, mais de forces d’autodéfense qui ne peuvent pas s’engager sur des théâtres d’opérations extérieurs. Le gouvernement japonais cherche à faire plier en ce sens la superpuissance américaine, qui a besoin de supplétifs dans la région Asie-Pacifique où elle concentre ses forces pour endiguer la montée en puissance de la Chine. 

Le 22 avril 2014, ce sont 146 députés japonais – y compris de l’opposition démocrate – qui ont visité le sanctuaire Yasukuni, soulevant de nombreuses protestations des pays victimes du militarisme nippon pendant la Seconde guerre mondiale. Depuis l’arrivée au pouvoir de Shinzo Abe à Tokyo en 2012, les visites de responsables politiques japonais n’ont jamais été aussi nombreuses depuis 1989. Le Premier ministre japonais a lui-même montré la voie en se rendant lui-même au sanctuaire Yasukuni le 26 décembre 2013, à l’occasion du premier anniversaire de la formation de son gouvernement.

 Qin Gang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré que "le dossier du sanctuaire Yasukuni est à la fois un facteur destructeur des relations entre le Japon et ses pays voisins, et un lourd fardeau pour le Japon lui-même". Cho Tai-young, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a déclaré que le sanctuaire "Yasukuni honore des criminels de guerre et glorifie les invasions et agressions guerrières du Japon", en ajoutant qu’ "il est vain que le Japon parle du futur à ses voisins tant qu'il rend hommage au sanctuaire Yasukuni" à des criminels de guerre.

La date choisie par les parlementaires japonais intervient avant une tournée du Président américain Barack Obama en Asie de l’Est, qui doit le conduire au Japon, en Corée du Sud, aux Philippines et en Malaisie. La priorité stratégique des Etats-Unis est le renforcement de leur présence dans le Pacifique (à terme, en 2020, la région Asie-Pacifique doit concentrer 60 % de forces navales américaines) pour contrer la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) – qui a vivement dénoncé cette visite – et, implicitement, la montée en puissance de la Chine. Le 21 avril 2014, le porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères a dénoncé "l'escalade des tensions" entretenue par les Etats-Unis, poussant ainsi à la course aux armements nucléaires dans le foyer d'instabilité que constitue la péninsule coréenne. Il a également appelé les grandes puissances eurasiatiques à refuser l'hégémonie américaine.

Washington souhaite un resserrement des liens entre ses alliés pour conforter ses seuls intérêts, et un des objectifs de la tournée de Barack Obama est ainsi d’aplanir les contentieux entre Séoul et Tokyo. Le gouvernement japonais sait le prix que Washington est prêt à payer à cette fin, et les provocations que constituent les visites au sanctuaire Yasukuni s’inscrivent également dans un chantage de Tokyo pour obtenir des gages de Washington en vue de sa remilitarisation et pour avancer ses pions sur les litiges territoriaux qui l’opposent tant à Pékin qu’à Séoul. Mais Washington va-t-il céder aux pressions japonaises, en sacrifiant les intérêts sud-coréens ?


Sources : Hankyoreh, KCNA, Xinhua, Yonhap.

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9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 11:14

Edmond-Alphandery-297x300.jpgAncien ministre de l'Economie dans le gouvernement d'Edouard Balladur, de mars 1993 à mai 1995, Edmond Alphandéry (UMP), actuel président du groupe d'assurance CNP International, a visité la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) au sein d'une délégation conduite par Jonathan Powell, ancien chef de cabinet de Tony Blair, ayant également rejoint le secteur privé. Cette visite, d'une durée de cinq jours, du 3 au 7 mars 2014, et dont a rendu compte l'agence de presse nord-coréenne KCNA dans pas moins de six dépêches, s'inscrit dans une démarche des autorités de la RPD de Corée de diversification de leurs canaux d'échanges et de contacts.

Selon une dépêche de KCNA en date du 4 mars 2014, la délégation européenne a été décrite comme composée de représentants de différents politiques, même si ses membres n'ont plus de responsabilités politiques de premier plan et sont d'abord actifs dans les domaines économique, ou plus rarement humanitaire. Elle a été reçue, le même jour, par Kim Yong-il, secrétaire du Comité central (CC) du Parti du travail de Corée (PTC), directeur du département des relations internationales, en présence également de Pak Kun-gwang, directeur adjoint du département des relations internationales du PTC.

Conduite par Jonathan Powell, ancien chef de cabinet du Premier ministre britannique Tony Blair, la délégation comprenait également :

- Franz von Daeniken, membre du conseil d'administration de la Fondation Drosos (organisation caritative suisse fondée en 2003 à Zurich), ancien secrétaire d'Etat (Affaires étrangères) de la Confédération helvétique, 

- Wolfgang M. Nowak (SPD allemand), porte-parole du conseil d'administration du Forum international de la Deutsche Bank et ancien directeur général à la chancellerie fédérale allemande,

- Par Nuder (Parti social-démocrate de Suède), ancien ministre des Finances suédois, aujourd'hui président d'un fonds de pension,

- Edmond Alphandéry (UMP), ancien ministre français de l'Economie, président de l'entreprise d'assurance CNP International.

Toujours selon KCNA, la délégation était arrivée en RPDC la veille, le 3 mars, et elle est repartie le 7 mars. Le 4 mars, une réception a été organisée pour la délégation par le CC du PTC, à l'hôtel Koryo, en présence du secrétaire du CC du PTC Kim Yong-il. Le 6 mars, la délégation a été reçue par Kang Sok-ju, premier vice Premier ministre. Le programme de visite a compris notamment les nouveaux appartements dédiés aux personnels de l'Université Kim Il-sung.

Source : KCNA (dont dépêche du 4 mars 2014 sur la réception par le secrétaire Kim Yong-il).

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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 19:06

Robert-Charvin_19_avril_2013.jpgLe 21 mars 2013, une résolution du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies créait une commission chargée d'enquêter sur les droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Largement inspirée par les « travaux » d'officines néo-conservatrices américaines, cette commission a opportunément rendu son rapport le 17 février 2014, avec un mois d'avance sur le calendrier prévu, soit au moment d'une relative détente dans la péninsule coréenne et à la veille d'exercices militaires américano-sud-coréens controversés. Dans ces conditions, les conclusions du rapport sont forcément accablantes pour la RPDC. Voici l'analyse qu'en fait Robert Charvin, professeur émérite de droit (spécialisé dans les relations internationales) à l'Université de Nice Sophia-Antipolis et vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne.

Ayant participé en tant que juriste et professeur de droit international à diverses commissions d'enquête (en Angola, en Palestine, en Côte d'Ivoire et en Corée notamment), je crois connaître les difficultés extrêmes qu'il faut surmonter pour approcher une réalité toujours complexe et contradictoire.

Mais les gouvernements n'apprécient ni la complexité ni la contradiction. Ils ne recherchent pas les causes des phénomènes constatés. Les responsabilités incombent toujours aux « autres ». Les résultats des soi-disant « expertises » sont guidés par des objectifs stratégiques et non par une recherche « désintéressée » et « humanitaire ». Les organismes des Nations Unies n'échappent évidemment pas aux volontés étatiques : ils en sont le reflet. C'est flagrant pour le Conseil de sécurité, qui se comporte souvent comme un instrument de conflit et non de maintien de la paix.

C'est un fait aussi pour la plupart des autres organes qui tendent à s'incliner devant la volonté des puissances : à quoi a servi, par exemple, le rapport (modéré) Goldstone sur la question palestinienne ?

Aussi longtemps que l'ONU ne connaîtra pas une profonde démocratisation de ses structures et un véritable respect des dispositions de la Charte (notamment celles interdisant les ingérences et affirmant le respect de « l'égale souveraineté des États »), elle ne sera qu'un instrument plus ou moins « utile » aux grandes puissances, sachant que des organisations comme l'OTAN la contournent lorsqu'elle est « paralysée » par des oppositions entre grandes puissances.

Les rapports publiés par les Nations Unies sont donc inévitablement affectés par des arrières-pensées politiques : ils sont toujours « nuancés » lorsque des Puissances ou leurs alliés sont concernés (par exemple, Israël) ; ils sont sans réserve lorsque le pays mis en cause est petit et fait l'objet d'un consensus hostile plus ou moins large, ce qui est le cas de la RPDC, en raison d'une très longue résistance aux États-Unis et au Japon dans un espace jugé « vital » (de plus en plus) pour les intérêts américains. Imagine-t-on un rapport de même nature sur les libertés et les droits en Arabie Saoudite, au Qatar ou ….. au Texas ?

Cette facilité à accuser la RPDC sans la moindre preuve et la moindre retenue se vérifie à la lecture de tous les médias occidentaux qui, évidemment, ne connaissent rien du pays et de son histoire, mais écrivent sur lui sans complexe ni scrupule.

Il suffirait que le marché nord-coréen s'ouvre aux multinationales pour que le pays se retrouve dans « le meilleur des mondes ». L'Occident qui exerce encore une hégémonie (de plus en plus provisoire) sur le monde n'a aucun complexe : en pleine crise sociale, économique, politique et morale, il continue à donner des leçons à la planète entière (mais avec prudence lorsque ses adversaires sont de bons clients) et à intervenir avec son argent et ses soldats, dès lors que les rapports de force lui paraissent favorables.

Les États occidentaux qui pèsent sur les Nations Unies sont parfaitement indifférents aux droits de l'Homme dans le monde : ils instrumentalisent la question lorsqu'ils y trouvent intérêt. Le traitement des Palestiniens, victimes reconnues depuis plus d'un demi siècle, est significatif.

Le rapport des Nations Unies sur la RPDC ne fait que reprendre les analyses de quelques faux experts américains et européens, dont le travail n'a jamais suivi la moindre méthode scientifique et dont les financements sont en général très « particuliers ». Les rédacteurs auraient pu par exemple adopter la méthode élémentaire pour toute enquête du « contradictoire », consulter des ONG connaissant le terrain, (par exemple Caritas), interroger quelques personnalités qui ont visité le pays et qui se sont attachées à comprendre ce qu'elles ont vu et à remarquer ce qu'elles n'ont pas vu, etc...

En tout état de cause, se limiter à utiliser les analyses d'organisations qui inscrivent leur ligne d'action dans la stratégie occidentale et à ne rapporter que le témoignage de réfugiés nord-coréens dont le statut est incertain et donc leur sincérité limitée, porte atteinte au sérieux du rapport des Nations Unies.

La question fondamentale qui se pose aussi est de savoir quel est l'objectif poursuivi au moment même où le dialogue coréen nord-sud a repris. A l'évidence, il ne s'agit pas de favoriser l'amélioration de la situation du peuple coréen, avide de rapprochement et d'une future réunification.

Il ne s'agit pas non plus d'aider à la levée de l'embargo que subit la RPDC, origine essentielle de ses difficultés de développement, donc à l'ensemble des droits économiques et sociaux et par conséquences aux droits civils et politiques.

L'objectif n'est pas non plus de connaître la « vérité » par volonté d'un savoir qui ne préoccupe pas les États qui préfèrent ne pas savoir ce qui dérange !

Il était connu par avance que la population de la RPDC a connu et connaît encore des problèmes sérieux depuis la guerre dévastatrice de 1950-1953 qui a placé le pays en état de belligérance chronique jusqu'à nos jours (aucun traité de paix n'a été signé depuis 1953, malgré les demandes réitérées de Pyongyang). Il n'est pas besoin d'une Commission d'enquête pour savoir que l'inévitable militarisation d'une société placée sur une position de légitime défense (qui double l'absence de devises) n'est pas favorable au progrès des libertés.

Le rapport des Nations Unies conforte la stratégie de combat et d'isolement menée par les États-Unis et leurs alliés, y compris la France, depuis des décennies, quel qu'en soit le coût pour le peuple coréen.

Est-ce là la fonction d'une organisation chargée en principe du maintien de la paix et de la coopération pour le développement ?

Professeur Robert Charvin

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20 février 2014 4 20 /02 /février /2014 00:33

Flag_of_the_United_Nations.svg.pngToute personne s'intéressant à la péninsule coréenne et suivant un peu les médias occidentaux a forcément entendu parler ces derniers jours de la Commission d'enquête sur les droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), créée par une résolution du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en date du 21 mars 2013. Rendues publiques le 17 février 2014, les conclusions de la commission sont accablantes pour la RPD de Corée, puisque le rapport appelle à la comparution des dirigeants nord-coréens devant la Cour pénale internationale (CPI) - une hypothèse toutefois hautement improbable au regard de l'opposition de la Chine, membre du Conseil de sécurité des Nations Unies. Dès lors, quelle est la finalité réelle de ce rapport qui - comme souvent lorsqu'il s'agit de droits de l'homme en Corée du Nord - est publié opportunément à une période de relative détente dans la péninsule, et avec plus d'un mois d'avance sur le calendrier initialement prévu ? En fait, les travaux de la Commission d'enquête sont très largement la décalque de ceux menés par un collectif d'une quarantaine d'associations, au premier rang desquelles le Comité pour les Droits de l'homme en Corée du Nord (en anglais, Committee for Human Rights in North Korea, HRNK). Les "enquêtes" du HRNK sont largement controversées pour leur manque de fiabilité, le HRNK n'étant pas un organisme juridique présentant les garanties de sérieux et d'indépendance attendues d'un tribunal (même privé), mais bien l'une des multiples émanations de la sphère néo-conservatrice américaine qui, dans la foulée du discours de George W. Bush sur "l'axe du mal", cherche inlassablement l'effondrement des régimes jugés ennemis des Etats-Unis. Ayant travaillé main dans la main avec le HRNK, la Commission d'enquête des Nations Unies en a logiquement épousé les conclusions écrites d'avance, et qui ne nécessitaient donc ni de mener des auditions en face-à-face avec les personnes se disant victimes d'actes commis par les autorités nord-coréennes, ni de  conduire une enquête contradictoire avec les autorités nord-coréennes mises en cause - comme l'aurait pourtant fait un organisme juridique incontestable.

Il y a des reconnaissances en paternité qui peuvent être douloureuses. La bruyante satisfaction du HRNK - une association américaine autoproclamée de défense des droits de l'homme en Corée du Nord, en fait un lobby néo-conservateur - de retrouver dans le rapport de la Commission d'enquête sur les droits de l'homme en RPDC ses travaux et ses conclusions est un aveu accablant que le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies est, comme son prédécesseur, un instrument du jeu des Etats et des lobbies. Le Conseil s'affirme comme un outil de la puissance américaine, pour justifier dans le cas nord-coréen un régime de sanctions dont les populations sont les premières, sinon les seules, victimes. Car l'argument des droits de l'homme ne sert que dans un seul sens : justifier le recours à tous les moyens, légaux comme illégaux, contre certains Etats dont le principal tort est de ne pas se plier à la volonté américaine, quand d'autres pays - l'Arabie Saoudite, ou hier le Chili de Pinochet - sont opportunément exempts de critiques par les mêmes défenseurs des droits de l'homme. Si le procédé est vieux comme la diplomatie, il est curieux de voir un média tel que le quotidien communiste français L'Humanité faire ainsi la promotion des néo-conservateurs américains sans le moindre travail d'analyse critique de la fiabilité des sources.

Ayant pleinement atteint ses objectifs, le HRNK n'a plus à cacher l'efficacité de son lobbying. Rappelons que l'un des fondateurs du HRNK, en 2001, est Nicholas Eberstadt de l'American Enterprise Institute, le think tank néo-conservateur qui avait inventé la notion d'axe du mal chère à George W. Bush. HRNK est co-dirigé par Suzanne Scholte, nostalgique de Ronald Reagan, membre de plusieurs organisations néo-conservatrices et fondatrice de la Fondation pour le forum de la défense, "ONG" financée jusqu'en 2001 par Donald Rumsfeld. Le premier rapporteur spécial pour la Corée du Nord nommé par la Commission des droits de l'homme des Nations Unies (prédécesseur du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies), désigné en 2004, Vittit Muntarbhorn, est ensuite devenu un membre éminent de HRNK. Et c'est HNRK qui a plaidé pendant des années pour que le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies crée la Commission d'enquête pour les droits de l'homme des Nations Unies, dont il a fourni une bonne partie des matériaux ainsi recyclés sans le moindre examen contradictoire de leur valeur probatoire. Le nom même de la commission est quasi-identique à celui de l'ONG, introduisant une confusion intentionnelle sur le caractère officiel que veut se donner ladite ONG.

HNRK est le pivot d'une quarantaine d'associations regroupées dans la Coalition internationale pour stopper les crimes contre l'humanité en Corée du Nord (International Coalition to Stop Crimes against Humanity in North Korea, ICNK). ICNK est très active pour publier de nouvelles "révélations" sur les droits de l'homme en Corée du Nord dès lors qu'un possible dialogue avec la RPD de Corée pourrait conduire à la sortir de son isolement, ce qui est inacceptable pour les militants néo-conservateurs d'ICNK qui ont fait leur le credo de l'axe du mal de George W. Bush. Une des opérations d'ICNK a ainsi eu lieu au printemps 2012, lors de l'alternance politique en France : ICNK a rencontré le Président François Hollande et les responsables socialistes, ainsi que les diplomates proches du Parti socialiste au Quai d'Orsay, tout en publiant à la hâte deux livres chocs sur les droits de l'homme en Corée du Nord dont la promotion a été particulièrement appuyée dans notre pays : Rescapé du camp 14 : De l'enfer nord-coréen à la liberté et Corée du Nord : neuf ans pour fuir l'enfer. L'objectif était de faire oublier le succès d'image pour la RPD de Corée qu'avait été la représentation de l'orchestre Unhasu en France, et aussi de prévenir toute éventuelle sympathie du Gouvernement socialiste pour la Corée du Nord après le changement de cap en 1981, au lendemain de l'élection de François Mitterrand, comme le Gouvernement sud-coréen en avait exprimé la crainte.

Revenant sur les graves lacunes scientifiques des conditions dans lesquelles a été menée l'enquête, et notamment sur le témoignage douteux de Shin Dong-hyuk dans Rescapé du camp 14 que la commission onusienne s'est contenté de reprendre tel quel dans la droite ligne des militants de ICNK et de HNRK, Konstantin Asmolov, chercheur russe au Centre d'études coréennes à l'Institut des études d'Extrême-Orient, formule les observations suivantes :

"Comment la commission travaille-t-elle ? Les Nord-Coréens ne l'ont pas laissé entrer. Quand elle s'est rendue en Corée du Sud, au lieu de conversations en face-à-face avec les témoins, elle a organisé des auditions publiques. A ces auditions publiques il y avait 30 personnes qui ont raconté toutes sortes d'histoires horribles. Il y avait Shin Dong-hyuk qui ne parle pas avec un accent nord-coréen, et dont les mains sont celles d'un intellectuel plutôt que d'une personne qui aurait vécu dans un camp toute sa vie. La commission n'a pas procédé à un nombre suffisant d'entretiens privés pour pouvoir accuser le gouvernement [nord-coréen] de crimes de guerre et de famines, c'était un show."

Dans un entretien donné au quotidien La Croix, Jean-Vincent Brisset, chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), souligne également les graves lacunes scientifiques du rapport publié par la Commission d'enquête sur les droits de l'homme en RPD de Corée :

"Ce rapport pose de sérieuses questions sur le plan scientifique. Il a été rédigé sans aller en Corée du Nord, et uniquement sur la base de témoignages de gens qui disent avoir été victimes du régime. C’est une instruction strictement à charge. [...]

Par exemple, concernant les images satellites censées prouver l’existence des camps, je me souviens avoir vu, il y a quelques années, un certain nombre d’autres images satellites qui tendaient à prouver que la Corée du Nord avait fait un essai nucléaire et qui étaient des faux, ou qui étaient interprétées de manière fausse. [...]

Attention : ce que dit le rapport de l’ONU est assez vrai en ce qui concerne les exactions qui sont commises. Mais ne présenter que ce côté-là sans le replacer dans un contexte plus global démolit la validité de l’ensemble. Il aurait fallu parler de la manière dont les Etats-Unis ont géré le problème de la Corée du Nord, comment ils ont utilisé la Corée du Nord comme un repoussoir, ont empêché un certain nombre de réalisations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud… C’est un historique de trente ans !

Il y a une pensée unique autour de la Corée du Nord, et le rapport s’inscrit dans la continuité de cette pensée. Ce genre de rapport, quand il est fait de manière très sérieuse, peut être intéressant car il permet de solidifier des choses qui sont de l’ordre de la rumeur. Mais celui-ci est plutôt un rapport 'd’humeur', qui est fait en n’interviewant qu’une partie des intervenants
."

Nous partageons en effet pleinement le constat selon lequel le rapport n'est pas le fruit d'une démarche visant à des évolutions sur la question des droits de l'homme, puisque l'efficacité aurait alors commandé d'identifier des points de discussion avec les autorités nord-coréennes sur des sujets précis où un dialogue constructif peut s'engager. C'est par exemple ce que fait - partout dans le monde, mais pas en Corée du Nord - l'ambassadeur français chargé des droits de l'homme, conscient qu'aucun gouvernement au monde n'obtempère aux leçons de morale que peut lui administrer une puissance étrangère, dût-elle agir sous le couvert des Nations Unies. C'est aussi la démarche adoptée par le gouvernement britannique, quand il a soutenu la participation pour la première fois d'un athlète nord-coréen aux Jeux paralympiques - avec des résultats tangibles : la RPD de Corée communique aujourd'hui plus activement sur ses actions pour lutter contre le handicap sous ses différentes formes. En matière de droits de l'homme comme de diplomatie, l'Association d'amitié franco-coréenne considère qu'il est temps de ne plus pratiquer une politique discriminatoire du "deux poids, deux mesures" à l'encontre de la RPD de Corée et des populations nord-coréennes, prises en otage par le lobbying d'ONG qui sont le faux-nez d'organisations néo-conservatrices. Les activités de ces pseudo-humanitaires (car ont-elles jamais aidé les moindres populations en RPD de Corée ?) ont pour seul objectif de renforcer le plus sévère régime d'embargo au monde - avec toutes les conséquences néfastes qu'il entraîne sur le bien-être des populations, à commencer par le droit à la sécurité alimentaire.

Sources : AAFC, HRNK, La Croix
, Pravda. 

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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 17:00

300px-MitrokhinkgbLe contenu des archives Mitrokhine, du nom d'un archiviste du KGB (Vassili Mitrokhine) passé à l'Ouest, a donné lieu à diverses publications par l'intéressé, notamment un ouvrage publié avec Christopher Andrew et intitulé Le KGB à l'assaut du Tiers Monde. Si, comme souvent pour des ouvrages publiés par des agents (ou anciens agents) de services de renseignement, le parti pris de l'auteur doit inciter à une certaine prudence dans l'interprétation des sources (en l'occurrence, Mitrokhine a clairement comme objectif de critiquer le KGB), il n'y a apparemment guère de doute sur la réalité, en 1978, d'une opération de désinformation menée par le KGB à l'encontre de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). En l'occurrence, un faux document pakistanais remis à l'ambassade nord-coréenne à Islamabad prétendait que la Chine admettait la présence de troupes américaines en Corée du Sud. Si aujourd'hui une telle "intox" peut sembler maladroite (la présence de GIs américains au Sud de la péninsule, et peut-être demain jusque dans l'île de Jeju, vise en réalité autant la République populaire de Chine que la RPDC), le faux document pouvait avoir une certaine résonance dans le contexte, à cette époque, d'un rapprochement entre la Chine et les Etats-Unis. L'opération avait pour but d'éloigner  la Corée du Nord de la Chine et de permettre un retour de l'Union soviétique dans le jeu diplomatique et stratégique de la RPDC, notamment en matière de vente d'armes. Toutefois, comme Christopher Andrew et Vassili Mitrokhine le reconnaissent, d'autres facteurs plaidaient aussi pour un resserrement des liens entre Pyongyang et Moscou à la fin des années 1970 et au début des années 1980 - alors que la RPDC a poursuivi une politique d'équilibre dans ses relations avec la Chine et l'URSS pendant la Guerre froide, ce qui lui a permis d'assurer son indépendance vis-à-vis des grandes puissances. Nous reproduisons ci-après les extraits de l'ouvrage de Christopher Andrew et Vassili Mitrokhine sur cette opération de désinformation du KGB contre Pyongyang, et qui rappelle que de tout temps chaque pays a joué sa propre partition dans le monde du renseignement, en n'hésitant pas à surveiller et manipuler ses propres alliés.


"Le Service A tenta également de semer la discorde entre la Chine et la Corée du Nord. En 1978, lors de la visite du président pakistanais, le général Zia ul-Haq, à Pékin, l'ambassade nord-coréenne à Islamabad reçut un faux document pakistanais produit par le Service A, rapportant que les responsables chinois avaient informé le secrétaire d'Etat américain, Cyrus Vance, qu'ils admettaient la nécessité pour les troupes américaines de rester en Corée du Sud. Ainsi que l'avait escompté le Centre, les relations entre la Chine et la Corée du Nord se détériorèrent brutalement à la fin de la décennie. Les raisons en étaient toutefois beaucoup moins imputables aux opérations du KGB qu'à la méfiance des Nord-Coréens par rapport au rapprochement sino-américain. Le 1er janvier 1979, les Etats-Unis et la République populaire de Chine établirent des relations diplomatiques complètes. En février, les forces chinoises envahissaient le Vietnam, allié de l'Union soviétique, et, le mois suivant, on vit planer la menace de la première guerre entre Etats 'socialistes' Les fournitures militaires soviétiques à la Corée du Nord, qui avaient été suspendues en 1973, reprirent en 1979. En février 1980, le jour de la fête de l'Armée rouge, Pyongyang encensa de nouveau l' "amitié militantes" entre les forces militaires d'Union soviétique et celles de la Corée du Nord."

Source : Christopher Andrew et Vassili Mitrokhine, Le KGB à l'assaut du Tiers-Monde, Fayard, 2008 (version originale en anglais : 2005). Citations pp. 269-270.

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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 23:59

Le 15 janvier 2014, la Chambre des représentants des Etats-Unis a inscrit dans la loi l'obligation pour le Département d'Etat américain de mettre en application une résolution de 2007, tendant à faire pression sur le gouvernement japonais pour qu'il reconnaisse le crime constitué par l'esclavage sexuel de milliers de femmes asiatiques - dites "de réconfort" - dans les bordels de l'armée japonaise avant et pendant la Seconde guerre mondiale. Solidaire du combat des "femmes de réconfort", notamment lors de la visite de Mme Kim Bok-dong en France en septembre 2013, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) se félicite du vote de la Chambre des représentants, en appelant à ce que plus jamais les femmes ne soient des armes de guerre.

C'est un vote historique qu'a émis la Chambre des représentants du Congrès américain, le 15 janvier 2014, en inscrivant pour la première fois dans la loi un document annexé appelant le Département d'Etat américain à faire pression sur le gouvernement japonais pour qu'il prenne en compte les questions soulevées dans la résolution de la Chambre des représentants de 2007 sur les "femmes de réconfort" (H. Res. 121).

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Issue d'une action portée par le Conseil des électeurs américains (Korean American Voters’ Council, KAVC), la résolution de 2007 a été le fruit du combat mené par le député démocrate Mike Honda, d'origine japonaise, avec le soutien de son collègue - également démocrate - Steve Israel. Elle appelle le gouvernement japonais à reconnaître sa responsabilité dans les crimes de guerre qui ont été commis, à présenter des excuses officielles et à se conformer aux recommandations de la communauté internationale sur la nécessité d'éduquer et de sensibiliser sur ces questions la génération née après-guerre.

Le vote a une portée directe pour le gouvernement américain : le secrétaire d'Etat John Kerry et le Président Barack Obama sont tenus de mettre en oeuvre la résolution de 2007 dans les relations diplomatiques avec le Japon, au moment où une visite du Premier ministre japonais Shinzo Abe au sanctuaire Yasukuni, où sont honorés des criminels de guerre japonais, soulevait une tempête de protestations en Asie de l'Est et dans le monde. Il est plus que temps que le Japon reconnaisse ses erreurs du passé en se conformant aux standards démocratiques du droit international,  au regard des souffrances indélébiles endurées par les "femmes de réconfort".

Sources : AAFC, Hankyoreh (dont photo).

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