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16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 15:05

Du 6 au 9 décembre 2008, s'est tenu à Paris le forum de politique internationale Paris21, à l'initiative de plusieurs organisations progressistes sud-coréennes, dont la section parisienne du comité européen du Parti démocratique du travail et l'Institut de recherches coréennes du 21ème siècle. L'AAFC a été invitée à intervenir les 7 et 8 décembre. Nous publions ci-après l'intervention prononcée le 7 décembre par Benoît Quennedey, secrétaire général de l'AAFC, sur la réunification de la Corée et le rôle joué par l'AAFC en tant qu'organisation d'amitié et de solidarité entre les peuples français et coréen.

Soixante ans après la fondation des Etats rivaux de la République de Corée (au Sud) et de la République populaire démocratique de Corée (au Nord), et dix-sept ans après la fin de la guerre froide, la persistance de la division de la Corée apparaît aujourd’hui comme un anachronisme.

 

En effet, le processus de division de la Corée après la Libération de l’occupation japonaise a été largement le fait des grandes puissances, et non du peuple coréen qui aspirait à conserver une unité politique ancienne de treize siècles. Les forces d’occupation américaines, au Sud, ont joué un rôle essentiel dans l’échec des discussions de la commission soviéto – américaine après 1945, pour rechercher une solution politique de compromis avec les Soviétiques, présents au Nord de la péninsule. Les Américains ont également appuyé Syngman Rhee dans sa prise de pouvoir autoritaire, pour laquelle il n’a pas hésité à s’appuyer sur les anciens collaborateurs des colonisateurs japonais : le premier acte de la division de la Corée a été la proclamation à Séoul de la République de Corée, le 15 août 1948, à l’issue d’élections séparées tenues dans la seule partie Sud de la péninsule, et boycottées par la plupart des partis d’opposition, de la gauche à la droite nationaliste.

 

L’antagonisme Est-Ouest disparu, n’était-il donc pas légitime d’espérer un processus rapide de réunification de la Corée ? Le peuple coréen partage une histoire, une langue et une culture communes plurimillénaire, au-delà des différences de systèmes politique, économique et social. Tout Européen ayant des contacts à la fois avec des  Sud et  des Nord-Coréens ne peut que confirmer sa surprise d’observer chez tous les Coréens les mêmes comportements, les mêmes réactions, la même aspiration à la réunification de leur patrie.

 

La division a perduré car elle s’est institutionnalisée, nourrie pendant des décennies par des relations de méfiance et d’hostilité, alimentées par l’effroyable guerre civile et internationale qu’a été la guerre de Corée. On ne surmonte pas aisément la peur de l’autre, surtout dans un pays marqué par une importance toute particulière pour les réseaux de solidarité régionaux, sociaux et familiaux. Quels que soient aujourd’hui les progrès sur le chemin de la réunification et de la compréhension mutuelle, il ne faut pas oublier que des millions de familles divisées sont sans nouvelles de leurs proches restés de l’ « autre côté », que les Coréens du Nord et du Sud ne peuvent pas se déplacer sans autorisation dans l’autre partie de la péninsule, ni même communiquer entre eux. En Corée du Sud, la loi de sécurité nationale punit pénalement de tels actes. Par ailleurs, la conduite régulière d’exercices militaires conjoints avec les Américains dans le Sud, où stationnent toujours près de 30.000 G.I., est une pomme de discorde persistante dans les relations intercoréennes.

 

Dans cet exposé liminaire aux travaux de notre atelier de travail, je souhaiterais simplement rappeler brièvement

 

(1)  les bases juridiques des échanges entre le Nord et le Sud, ainsi que les résultats déjà obtenus ;

(2)  la situation actuelle des relations intercoréennes après l’élection de Lee Myung-bak en Corée du Sud ;

(3)  le rôle que peuvent jouer les organisations progressistes, comme l’AAFC, pour encourager la réunification de leur patrie par les Coréens eux-mêmes.

 

I.          Indépendance, paix, grande union nationale : trois principes fondateurs des relations intercoréennes vers la réunification

 

A – Des principes communs

 

Le premier communiqué commun Nord-Sud a été signé dix-neuf ans après l’armistice marquant la fin de la guerre de Corée, le 4 juillet 1972. Bien que le programme qu’il prévoyait n’ait alors pas pu être mis en œuvre, il a défini les principes qui restent, jusqu’à nos jours, la pierre angulaire des relations intercoréennes, en vue de la réunification de la péninsule :

 

-    le principe d’indépendance : la réunification doit être l’œuvre des Coréens eux-mêmes, sans ingérence extérieure d’un autre pays ou d’une organisation internationale ;

-     le principe de paix : la réunification doit être réalisée de manière pacifique, sans recours aux armes ;

-     la grande union nationale : chacun des deux Etats s’engage à respecter les différences de systèmes politique, économique et social de l’autre partie.

 

Après la rupture du dialogue intercoréen suite à l’interruption des travaux du Comité de coordination Nord-Sud, dès juin 1973, il faudra attendre quinze ans pour une reprise des échanges, d’abord informels, à la fin de l’année 1988. La percée opérée en 1972 s’expliquait en effet largement par le besoin du général Park Chung-hee, président du Sud, d’affermir son pouvoir, avant un nouveau tournant autoritaire marqué par la proclamation de la Constitution « Yusin » en octobre 1972 et l’enlèvement par les services sud-coréens de l’opposant Kim Dae-jung durant l’été 1973.

 

En 1990, les « Pourparlers de haut niveau entre le Nord et le Sud de la Corée », tenus au niveau des Premiers ministres, conduisent à l’Accord de base intercoréen en 1991 et à la reconnaissance réciproque des deux Corée, qui font leur entrée aux Nations-Unies. Les principes posés en 1972 sont réaffirmés et précisés, en particulier la non-ingérence dans les affaires de l’autre partie.

 

L’alternance politique au Sud, après l’élection à la présidence de la République des candidats démocrates Kim Dae-jung (1997-2002) et Roh Moo-hyun (2002-2007), crée un climat favorable à l’approfondissement du dialogue intercoréen. La première rencontre au plus haut niveau entre les dirigeants du Nord, Kim Jong-il, et du Sud, Kim Dae-jung, se tient à Pyongyang, du 13 au 15 juin 2000. La déclaration commune du 15 juin 2000 conduit à un ensemble de projets concrets :

 

-    les échanges de personnes, y compris les réunions de familles séparées par la division ;

-    le développement des échanges économique, culturel, sportif et environnemental, de nature à créer des relations de « confiance mutuelle » ; 

-    l’institutionnalisation du dialogue intergouvernemental. 
   

La seconde rencontre au sommet Nord-Sud s’est tenue à Pyongyang, du 2 au 4 octobre 2007, entre le président Roh Moo-hyun et le dirigeant Kim Jong-il, président de la commission de la défense nationale de la RPD de Corée. La déclaration commune du 4 octobre 2007 prévoit des efforts conjoints de chaque partie pour inciter les autres protagonistes de la guerre de Corée (en premier lieu, les Etats-Unis et la Chine) à remplacer le régime d’armistice de 1953 par un traité de paix permanent. Par ailleurs, de nouveaux projets de coopération sont lancés dès la fin de l’année 2007 : l’ouverture au tourisme intercoréen de la ville de Kaesong, au Nord, et le rétablissement des liaisons ferroviaires intercoréennes.

 

B – Des politiques nationales différentes au Nord et au Sud

 

Les progrès du dialogue intercoréen depuis 1998 ont été rendus possibles par la mise en œuvre de mesures qui répondent à l’intérêt de tout le peuple coréen, malgré les projets différents des gouvernements sud et nord-coréens.

 

En Corée du Sud, les présidents démocrates Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun ont défini la politique du « rayon de soleil » (Sunshine policy), souvent comparée à l’Ostpolitik de Willy Brandt. Les Coréens du Nord, du Sud et de la diaspora forment une seule communauté ayant des intérêts communs. Dans cette perspective, il s’agit de développer des projets mutuellement avantageux, comme l’encouragement à un progrès économique commun. Cette approche a été théorisée et mise en œuvre alors que la Corée du Sud venait d’être ébranlée par la crise financière de 1997.

 

Pour prendre un exemple très concret, les entreprises sud-coréennes sont intéressées par des investissements au Nord, car elles peuvent ainsi bénéficier d’une main-d’œuvre hautement qualifiée et moins coûteuse qu’au Sud, à quelques dizaines de kilomètres de Séoul. Pour sa part, le Nord acquiert des devises et développe des projets industriels de modernisation. A cet égard, il faut prendre en compte la situation économique de la Corée du Nord difficile depuis 1990, après la disparition des liens économiques privilégiés avec l’URSS et les démocraties populaires, et suite aux catastrophes climatiques (sécheresse et inondations entre 1994 et 1998, inondations de 2007) qui ont entraîné de graves pénuries alimentaires.

 

Dans cette perspective de dialogue, les autorités sud-coréennes s’efforcent d’éviter les sujets de confrontation – conformément au principe de non-ingérence dans la politique intérieure du Nord – pour mener des projets communs et réduire ainsi  progressivement les différences économiques, politiques et culturelles entre les deux Corée. Cette politique est notamment inspirée du précédent allemand, plus perçu comme un repoussoir que comme un modèle à suivre : la « réunification » allemande a été en fait une absorption de la République démocratique allemande par la République fédérale d’Allemagne, qui n’a pas comblé l’écart culturel entre les deux anciens Etats, tandis qu’une partie de l’opinion ouest-allemande a eu le sentiment de devoir payer un prix élevé pour la réunification.

 

En Corée du Nord, le Président Kim Il-sung et le Parti du travail de Corée ont appelé, dès 1948 puis à nouveau en 1950, à la formation d’un organe législatif unique, puis ont proposé en 1954 et 1958 de développer les échanges intercoréens et de permettre la liberté de circulation à travers l’ensemble du pays. Ces propositions ont été formalisées dans le projet de République (con)fédérale démocratique de Koryo (RFDK), lors du VIème Congrès du Parti du Travail de Corée, en octobre 1980 :

 

-     un comité permanent fédéral dirigeant l’Etat fédéral et devant conduire des projets communs au Nord et au Sud ;

-     une seule assemblée (formée à parité de représentants du Nord et du Sud, ainsi que de représentants des Coréens d’outre-mer) ;

-     une seule armée, réduite à 100.000 hommes.

 

La RFDK serait un Etat neutre, indépendant des blocs politiques et militaires (ce qui suppose le retrait des troupes américaines du Sud), respectant l’autonomie des gouvernements régionaux du Nord et du Sud.

 

Les déclarations communes du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 sont compatibles tant avec les principes de la communauté, définie par le Sud, que de la confédération, proposée par le Nord, en retenant le noyau commun de ces deux propositions : le développement de politiques concrètes intercoréennes. De même, les comités conjoints – représentant en nombre égal le Nord et le Sud – respectent le principe de parité défini dans le projet de RFDK. La parité Nord-Sud semble toutefois plus difficile à accepter pour la Corée du Sud si elle devait s’appliquer à des organes communs de représentation, comme une assemblée délibérante, au regard  des différences de population entre le Sud (49 millions d’habitants) et le Nord (23 millions d’habitants), non compris les Coréens de la diaspora (dont le nombre peut être estimé à au moins 5 millions).

 

C – L’essor des relations intercoréennes depuis 1998

 

L’essor spectaculaire des relations intercoréennes depuis 1998 a atteint un niveau tel qu’il est aujourd’hui difficile d’envisager un retour à la situation antérieure, marquée par la quasi-absence de relations entre les deux pays :

 

-     s’agissant des visites entre les deux Etats, outre la réunion de plusieurs milliers de familles séparées, près de 2 millions de Sud-Coréens ont visité les montagnes de Diamant (monts Kumgang), au Nord, depuis 1998 ; par ailleurs, en moins d’un an, plus de 100.000 Sud-Coréens ont déjà visité Kaesong, l’ancienne capitale du royaume de Goryo (918-1392), située en RPD de Corée depuis la fin de la guerre de Corée ; ces deux projets touristiques sont menés dans le cadre de partenariats entre la RPD de Corée et Hyundai Asan, filiale du conglomérat sud-coréen Hyundai ;

-     au plan économique, la Corée du Sud est devenue, avec la Chine, un des deux principaux partenaires économiques de la Corée du Nord, tant en termes d’investissements (la zone industrielle de Kaesong emploie 30.000 ouvriers nord-coréens dans des usines sud-coréennes) que d’échanges commerciaux (1,8 milliard de dollars en 2007) ;

-     le rétablissement, pour la première fois depuis 1951, d’une liaison intercoréenne régulière pour le fret, depuis décembre 2007, ne fait plus des Sud-Coréens des « insulaires », selon le terme qu’ils utilisent eux-mêmes pour parler de l’étranger (« l’outre-mer ») : en cas de raccordement des réseaux russe, chinois et nord-coréen, la ligne ferroviaire Pusan-Marseille serait la plus longue au monde.

 

Les deux Corée ont mis en place des instances communes de dialogue intergouvernemental. C’est sous le drapeau de la Corée unifiée, représentant la carte de la Corée en bleu sur un fond blanc, que les équipes du Nord et du Sud ont défilé ensemble aux Jeux olympiques de 2000 et de 2004 (mais pas de 2008). Enfin, les pourparlers entre responsables militaires ont nettement réduit les tensions le long de la zone démilitarisée, la consolidation de la paix étant probablement un des acquis les plus durables du dialogue intercoréen.

 

Dans le domaine de la protection de l’environnement, la faune et la flore ont été préservées dans la zone démilitarisée, située à la frontière des deux Etats intercoréens, où stationnent les troupes de RPDC au Nord, sud-coréennes et américaines, au Sud. Lorsque les tensions militaires auront disparu, la création d’un espace naturel permettrait de continuer à protéger les espaces animales et végétales.

 

II.         La politique du président sud-coréen Lee Myung-bak : blocage durable ou provisoire dans le rapprochement intercoréen ?

 

A – De multiples points de blocage

 

L’élection du conservateur Lee Myung-bak à la présidence de la République en Corée du Sud, le 19 décembre 2007, a tout d’abord ouvert une période d’attentisme au Nord : quelle allait être la politique nord-coréenne du président Lee ? Ce dernier, tout en disant vouloir poursuivre le dialogue intercoréen, avait critiqué ses prédécesseurs pour ce qui était, selon lui, une politique de concessions sans contreparties envers le Nord.

 

Sa principale proposition était contenue dans le « Plan 3.000 » : la Corée du Sud aurait encouragé les transferts financiers et les investissements au Nord dont le produit intérieur brut aurait été porté, à moyen terme, à 3.000 dollars par an, en contrepartie, notamment, d’une accélération des réformes économiques engagées par Pyongyang depuis 2002.

 

Dans le même temps, l’administration Lee Myung-bak a resserré les liens avec les administrations américaine et japonaise.

 

Dans un éditorial du Rodong Sinmun, journal du Parti du travail de Corée, en date du 1er avril 2008, Pyongyang a mis en cause le « Plan 3.000 » comme une ingérence dans ses affaires intérieures, contraire aux principes du dialogue intercoréen, et a, plus fondamentalement, dénoncé ce qu’elle a considéré comme une politique d’aumône et d’assistance. De fait, le succès des échanges intercoréens a été fondé sur la conduite de politiques mutuellement avantageuses : tout en mettant en doute les avantages pour le Sud de la « politique du rayon de soleil », Lee Myung-bak semble vouloir modifier radicalement les rapports Nord-Sud, en cherchant à peser sur les orientations prises à Pyongyang par la promesse de transferts financiers. Une telle position est évidemment inacceptable pour la RPD de Corée. L’opposition sud-coréenne s’est faite fort de rappeler que les acquis du dialogue intercoréen se trouvaient ainsi gravement menacés.

 

Dans ce contexte, la mort d’une touriste sud-coréenne dans les monts Kumgang, tuée par un soldat nord-coréen, le 11 juillet 2008, après avoir pénétré dans une zone militaire, a entraîné la suspension des circuits touristiques intercoréens dans les montagnes de Diamant, Pyongyang ayant refusé de mener une enquête commune avec le Sud après cet incident tragique. Au printemps 2008, des cadres sud-coréens ont été expulsés de la zone industrielle de Kaesong, au Nord, tandis que la fermeture des voies d’échange intercoréennes à travers la zone démilitarisée peut mettre en péril l’avenir de cette zone industrielle.

 

B – La poursuite, malgré tout, des projets initiés depuis 1998

 

Malgré ces indéniables reculs, la poursuite des chantiers industriels à Kaesong et les progrès du tourisme intercoréen dans cette même ville tendent à montrer que l’hypothèse la plus probable est le gel de nouveaux projets de développement intercoréens, sinon jusqu’à la fin du mandat de Lee Myung-bak (prévu en décembre 2012), du moins jusqu’à un éventuel assouplissement de la ligne de fermeté de Séoul vis-à-vis de Pyongyang. En effet, le Sud est à l’origine de la nette dégradation du dialogue intercoréen : avant l’éditorial du 1er avril 2008 du Rodong Sinmun qui a manifesté la rupture consommée entre les deux gouvernements, c’est l’entourage de Lee Myung-bak qui avait refusé de rencontrer ses homologues du Nord, avant l’investiture du nouveau chef d’Etat sud-coréen fin février 2008.

 

Bien que le dialogue intergouvernemental se poursuive, les relations de confiance mutuelle qui ont permis l’essor des échanges intercoréens se sont nettement détériorées : la priorité serait aujourd’hui de dissiper les lourdes suspicions nées de la fermeté de l’administration Lee Myung-bak, par des déclarations et des politiques concrètes. Ainsi, ce dernier n’a toujours pas exprimé clairement sa volonté de respecter les déclarations communes du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, sans toutefois les considérer ouvertement caduques.

 

Enfin, l’élection aux Etats-Unis du démocrate Barack Obama, favorable au dialogue avec Pyongyang, nécessitera pour l’administration Lee Myung-bak de s’adapter à cette nouvelle donne, alors que le président sud-coréen a été l’un des plus fermes soutiens de George W. Bush.

 

III.           Les tâches de l’AAFC et du mouvement progressiste

 

A – Un principe cardinal : pas d’ingérence dans les relations intercoréennes

 

Les Coréens ne souhaitent pas d’ingérence extérieure dans l’essor des relations intercoréennes : ce principe de base des déclarations des 15 juin 2000 et 4 octobre 2007 signifie qu’il n’est ni souhaité, ni souhaitable, que des organisations progressistes jouent un rôle d’intermédiaire entre le Nord et le Sud.

 

Néanmoins, la division de la Corée, un des derniers vestiges de la guerre froide, reste l’objet d’une profonde méconnaissance en Occident. Si, hier, la division de l’Allemagne ou, aujourd’hui, les relations israélo-palestiniennes sont des questions d’actualité majeures pour les journalistes occidentaux, la réunification de la Corée n’est pas un sujet aussi médiatique que la question nucléaire nord-coréenne. Celle-ci est pourtant indissociable du contexte de la division de la péninsule coréenne, où aucun traité de paix n’a été formellement signé depuis 1953. Techniquement, les deux Corée sont toujours en état de guerre.

 

Les organisations progressistes pourraient ainsi avoir d’abord pour tâche d’informer sur la situation réelle, et complexe, de la Corée, tout en soutenant les efforts du peuple coréen en vue de sa réunification.

 

B – Un exemple : les activités de l’AAFC

 

Fondée en 1969 par des personnalités venues de tous les horizons politiques (notamment gaullistes, communistes et socialistes), l’Association d’amitié franco-coréenne s’est donnée pour mission de développer les échanges entre la France et la Corée dans tous les domaines : politique, économique, social, culturel, sportif… A cette époque où les deux Corée ne se reconnaissaient pas mutuellement, les contacts de l’AAFC ont été privilégiés avec la République populaire démocratique de Corée. Puis les statuts de l’AAFC ont été modifiés en 1989 pour prendre en compte les évolutions politiques en Corée du Sud, ainsi que notre soutien aux forces démocratiques en Corée du Sud – y compris la part prise par l’AAFC dans la campagne internationale de soutien à l’opposant Kim Dae-jung, condamné à mort par la junte militaire, avant de devenir, un quart de siècle plus tard, le premier président sud-coréen à rencontrer son homologue du Nord.

 

L’AAFC est affiliée au Comité international de liaison pour la paix et la réunification en Corée (CILRECO) : en effet, notre conviction est que le développement des relations entre la France et la Corée, et notamment la RPD de Corée, est le meilleur garant de la pleine intégration de la RPD de Corée sur la scène internationale, ainsi que de la réunification future de la péninsule. La RPD de Corée souhaite en effet des coopérations non seulement avec sa voisine du Sud, mais aussi avec les autres pays industrialisés, et ce dans tous les domaines.

 

L’AAFC s’efforce de répondre à ces demandes de coopération, tout en mettant l’accent sur l’information quant à la situation réelle de la Corée, suite notamment au lancement de plusieurs sites Internet depuis février 2008 (site en français amitiefrancecoree.over-blog.org, site en coréen aafc-korea.over-blog.org, et site du comité régional de l’AAFC en Bourgogne aafc-bourgogne.over-blog.org).

 

La France est, avec l’Estonie, l’un des deux derniers pays de l’Union européenne à ne pas avoir de relations diplomatiques officielles avec la RPD de Corée : l’AAFC continue donc de plaider pour la reconnaissance diplomatique de la RPD de Corée, auprès du Président de la République Française, du ministère des Affaires étrangères, ainsi que des groupes parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat spécialisés dans les relations avec la RPD de Corée (deux des quatre membres de la présidence de l’AAFC étant eux-mêmes d’anciens sénateurs).

 

S’agissant des projets concrets, l’AAFC a par exemple favorisé des tournées du cirque de Pyongyang en Europe et encouragé des expositions artistiques ; plus récemment, elle a pris en compte, en 2007, la pratique du Taekwon-Do, le sport national de combat coréen, par quelque 60.000 Français pour encourager les échanges avec la Fédération Internationale de Taekwon-Do (ITF) à laquelle sont affiliés les athlètes nord-coréens ; par ailleurs, en décembre 2007, une soirée de solidarité avec les populations nord-coréennes sinistrées a été organisée dans les salons de Boffrand de la présidence du Sénat, en coopération avec le Secours populaire français.

 

Pour son quarantième anniversaire en octobre 2009, l’AAFC a d’ores et déjà invité en France une délégation nord-coréenne de l’Association d’amitié Corée-France, afin de faire avancer concrètement les projets de coopération économique, culturel, sportif et éducatif.

 

En conclusion, nous souhaitons souligner que le chemin vers la réunification de la Corée sera certes long et complexe, marqué par des avancées et des reculs, mais qu’il constitue un horizon atteignable pour tous les Coréens, et auquel peuvent contribuer l’ensemble des organisations progressistes.

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25 novembre 2008 2 25 /11 /novembre /2008 20:09

Le lundi 24 novembre 2008, Pyongyang a annoncé, notamment, la suspension à compter du 1er décembre du trafic ferroviaire intercoréen, qui a repris il y a moins d'un an après cinquante-six années d'interruption. Faut-il y voir une remise en cause du dialogue intercoréen ? Au contraire, face à la fermeté de l'administration Lee Myung-bak, Pyongyang choisit de répondre à la confrontation par la confrontation, dans le but que soient appliqués les accords du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007. Un choix délibéré de "diplomatie non conventionnelle" déjà testé, avec succès, sur le dossier nucléaire, puisque l'essai d'octobre 2006 avait contraint les Etats-Unis à accepter de s'asseoir à la table des négociations.

 

Que faire face à un partenaire qui refuse de négocier, ou qui pose des conditions inacceptables ? Les manuels de diplomatie recommandent habituellement de rechercher un terrain d'entente, en prenant en compte les positions de l'autre partie - tout au moins à un stade préliminaire, pour rétablir le dialogue.

 

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) préfère, pour sa part, le choix d'une diplomatie non conventionnelle : il faut que l'autre partie prenne pleinement conscience des conséquences de son refus d'un dialogue acceptable pour les deux parties. Sinon, ce que l'autre partie présente comme un dialogue n'est, en réalité, qu'un diktat consistant à ne laisser d'autre choix qu'une capitulation inconditionnelle.

 

Pyongyang a déjà expérimenté la diplomatie non conventionnelle dans son bras-de-fer avec Washington sur la question des armes nucléaires (ci-contre le complexe de Yongbyon). Tout en réaffirmant la position de principe du président Kim Il-sung en faveur d'une péninsule coréenne dénucléarisée, Pyongyang rappelle qu'elle ne peut pas accepter de renoncer à l'arme par excellence de dissuasion du "faible au fort" que si elle dispose de garanties pour sa propre sécurité, et se voit réaffirmer son droit à accéder au nucléaire civil. Tel était le sens de l'accord-cadre passé avec l'administration Clinton, remis en cause par l'administration Bush. Pour George W. Bush, la RPDC devait renoncer à ses armes nucléaires de manière inconditionnelle et sans contrepartie. Face à diktat, Pyongyang a montré les conséquences de l'intransigeance US en procédant à son premier essai nucléaire, en octobre 2006. Face au constat d'échec de sa politique hostile, Washington a accepté de reprendre les négociations multilatérales sur le nucléaire nord-coréen, depuis l'accord de Pékin en février 2007. En d'autres termes, c'est l'essai nucléaire nord-coréen qui a conduit l'administration américaine à comprendre les contreparties que pouvait légitimement escompter Pyongyang de son renoncement aux armes nucléaires.

 

Le dialogue intercoréen offre un deuxième exemple de diplomatie non conventionnelle. Pyongyang a une position claire : le rapprochement doit se fonder sur la base des déclarations communes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007. Pour sa part, depuis son entrée officielle en fonctions en février 2008, le nouveau président (conservateur) sud-coréen, M. Lee Myung-bak, louvoie : s'il ne met pas en oeuvre les accords Nord-Sud, il ne les dénonce pas explicitement non plus. Il prétend développer de manière exponentielle les échanges Nord-Sud dans le cadre de son "plan 3.000", qu'il a défini unilatéralement, mais il conditionne la manne promise à une ingérence dans la politique intérieure de Pyongyang, contraire à la déclaration du 15 juin 2000, et à un diktat vis-à-vis de Pyongyang sur le dossier nucléaire, qui relève pourtant de la sécurité de la RPDC et non du dialogue intercoréen.

 

Dans ce contexte, Pyongyang a choisi de répondre à la confrontation par la confrontation. Après la fermeture des monts Kumgang au tourisme intercoréen suite à la mort d'une touriste qui avait pénétré dans une zone militaire, le 11 juillet 2008, la RPDC revient progressivement sur chacun des acquis du dialogue intercoréen, tant que l'administration Lee Myung-bak refuse de réouvrir un dialogue dans des termes acceptables pour chacune des deux parties :

 

- restriction et interruption des points de passage terrestres, à compter du 1er décembre 2008 ;

- toujours à partir de cette date, suspension des liaisons ferroviaires intercoréennes, qui avaient repris il y a moins d'un an pour la première fois depuis 1951, en application de l'accord intercoréen du 4 octobre 2007 ;

- expulsion ponctuelle des Sud-Coréens travaillant au Nord dans la zone industrielle de Kaesong, où sont implantées des entreprises du Sud, ainsi que dans les monts Kumgang, si la présence ne s'avère pas "indispensable" ;

- restriction stricte des entrées de Sud-Coréens au Nord ;

- interruption des circuits touristiques sud-coréens dans la ville nord-coréenne de Kaesong.

 

Comme l'a précisé l'agence officielle nord-coréenne KCNA, il ne s'agit que d'une "première réponse à la grave situation qui prévaut dans les relations intercoréennes". D'autres contre-mesures sont donc à prévoir si le président Lee Myung-bak persiste dans une politique de confrontation méconnaissant les règles du dialogue intercoréen ; ainsi, selon Pyongyang, il aurait fait part, lors d'un voyage à Washington après l'élection de Barack Obama, de son but de réunifier la Corée selon un système de démocratie libérale, alors que les deux Etats coréens ont convenu depuis 1990 de s'abstenir de toute action tendant à remplacer le système politique, économique et social de l'autre partie.

 

La prochaine étape dans une riposte graduée pourrait être la fermeture du complexe intercoréen de Kaesong ou, pour le moins, le gel de son développement.

 

Si le président Lee Myung-bak veut sincèrement le rapprochement intercoréen, il doit s'abstenir de toute nouvelle mesure de provocation vis-à-vis du Nord et se prononcer clairement en faveur de l'application des déclarations du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, signées au nom de la Corée du Sud, et non à titre personnel par les présidents sud-coréens alors en exercice. Toute autre attitude signifierait sinon qu'il considère comme sans valeur les engagements pris par ses prédécesseurs au nom de la République de Corée.

 

Extrêmement impopulaire, Lee Myung-bak est invité à assouplir sa position vis-à-vis du Nord non seulement par l'opposition, mais aussi par bon nombre des députés de son propre parti... sauf à vouloir laisser sa marque dans l'histoire de la Corée comme le fossoyeur des relations intercoréennes. (AAFC, d'après AFP et KCNA)

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18 novembre 2008 2 18 /11 /novembre /2008 17:58

Le projet touristique intercoréen des monts Kumgang a dix ans. Le 18 novembre 1998, un navire de croisière quittait le port sud-coréen de Donghae et mettait pour la première fois le cap vers la côte est de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Après cinquante années de séparation, les échanges reprenaient entre le Nord et le Sud de la péninsule coréenne. Ce projet constitue une des retombées les plus visibles de la politique d'engagement avec le Nord, dite politique du rayon de soleil, initiée par l'ancien président sud-coréen Kim Dae-jung et poursuivie par son successeur Roh Moo-hyun. Mais cet anniversaire a lieu alors que les relations intercoréennes connaissent de nouvelles tensions.


En juin 1998, Chung Ju-yung (décédé en 2001), alors président honoraire du groupe sud-coréen Hyundai, se rendit en RPDC pour y amener 500 têtes de bétail. A cette occasion, il rencontra le président de la Commission de la Défense Nationale, Kim Jong-il. L'homme d'affaires et le dirigeant tombèrent d'accord pour ouvrir, avec le soutien du gouvernement du président sud-coréen Kim Dae-jung, un circuit touristique dans les monts Kumgang, appelés "montagnes de diamant" à cause de leur scintillement au lever du soleil, situés sur la côte orientale du pays.

 
Ouvert le 18 novembre 1998, le circuit des monts Kumgang a été un des piliers de la paix dans la péninsule coréenne. Ni les affrontements navals en mer de l'Ouest (mer Jaune) entre les marines du Nord et du Sud en juin 1999 et juin 2002, ni le test nucléaire effectué par la Corée du Nord en octobre 2006, n'ont remis en question le circuit des monts Kumgang. Au contraire, l'existence d'un tel projet, symbole d'une confiance nouvelle dans les relations intercoréennes, empêchait ces accrochages de dégénérer en conflits à grande échelle, prouvant qu'il était possible d'avoir des échanges pacifiques. 

   
Certes, le programme fut suspendu à divers moments, comme quand le typhon Rusa dévasta la péninsule coréenne en 2002 ou quand l'épidémie mortelle de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) se déclara en Chine. Les circuits furent aussi interrompus en août 2003 lorsque le président de Hyundai Asan, Chung Mong-hun, qui avait repris le projet des monts Kumgang pour continuer l'oeuvre de son père, se suicida suite aux allégations selon lesquelles sa société avait transféré de l'argent à la Corée du Nord.

 

Hyundai Asan, opérateur du complexe touristique, dut souvent affronter les critiques accusant la Corée du Nord de détourner les revenus des monts Kumgang pour développer son arsenal nucléaire. Néanmoins, petit à petit, le projet des monts Kumgang avançait. Si Hyundai Asan commença par perdre beaucoup d'argent dans les monts Kumgang, le projet devint rentable quand le gouvernement nord-coréen décida d'en faire une zone touristique spéciale en 2002 et ouvrit une route vers cette zone en 2003. La viabilité du projet s'accrut encore en 2003 quand les autorités nord-coréennes acceptèrent de percevoir 50 dollars par touriste plutôt que d'être payées en une seule fois. Les monts Kumgang ont attiré 500.000 touristes pendant les quatre premières années d'exploitation et le million de visiteurs a été dépassé le 7 juillet 2005. Au 11 juillet 2008, 1,95 million de personnes avait visité les monts Kumgang, la RPDC ayant reçu 480 millions de dollars grâce à ce projet.  

   
Mais, le 11 juillet 2008, les visites aux monts Kumgang furent interrompues suite au
décès d'une touriste sud-coréenne abattue par un soldat nord-coréen alors qu'elle marchait dans une zone militaire.
Aujourd'hui, après quatre mois d'interruption, les pertes financières supportées par Hyundai Asan, ses sous-traitants et les entreprises de la ville voisine de Koseong sont évaluées à 70,3 millions de dollars. Dans les jours suivant le drame du 11 juillet, le Nord et le Sud ne purent se mettre d'accord sur les moyens d'une enquête. Séoul voulait envoyer une commission d'enquête dans la zone militaire nord-coréenne où s'était produit l'incident, ce que la RPDC ne pouvait accepter. "Le gouvernement aurait dû agir de manière plus officieuse", a regretté Yi Pong-jo, ancien vice-ministre de la Réunification. "Il pense punir le Nord en suspendant le tourisme aux monts Kumgang, mais ce sont les entrepreneurs sud-coréens qui en pâtissent le plus." Ce désaccord persistant et la ligne dure adoptée vis-à-vis de la RPDC par le président sud-coréen conservateur Lee Myung-bak depuis sa prise de fonction le 25 février 2008 bloquent la reprise des visites aux monts Kumgang.

   


Dans un débat tenu le 17 novembre à l'occasion du dizième anniversaire du projet touristique, Jeong Young-cheol, de l'Institut de recherche sur l'histoire contemporaine, a
demandé au gouvernement sud-coréen d'exprimer sa volonté de respecter et mettre en oeuvre les déclarations conjointes Nord-Sud des 15 juin 2000 et 4 octobre 2007 afin, en premier lieu, de permettre une reprise des échanges intercoréens. Les visites aux monts Kumgang en font partie. L'opposition sud-coréenne avait déjà lancé le même appel
. Dans les jours qui ont suivi le décès de la touriste sud-coréenne, des concessions restaient possibles de la part des deux Corée, cette question étant distincte de celle des relations intercoréennes dans leur ensemble, a expliqué Jeong Young-cheol. Ce n'est plus le cas aujourd'hui où les deux questions sont entremêlées. Des mesures fortes doivent donc être prises pour jeter les bases d'opérations futures. (sources : Hankyoreh, Minjungui sori)

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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 20:04

Le dirigeant du principal parti d'opposition sud-coréen a publiquement demandé au président Lee Myung-bak qu'il change de ton et de politique vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et remplace ses conseillers pour la politique extérieure, afin de ne pas risquer de se retrouver en décalage avec la politique qui pourrait être menée par la nouvelle administration américaine vis-à-vis de la Corée du Nord. Cet appel ne semble malheureusement pas avoir été entendu jusqu'ici.


"L'équipe en charge de la politique nord-coréenne au sein du gouvernement est composée de gens qui pensent le dialogue intercoréen inutile, n'ont aucune connaissance de la Corée du Nord, et pourrait s'avérer en décalage avec la nouvelle administration américaine", a expliqué le président du Parti démocratique de Corée du Sud, Chung Sye-kun, devant le Club des correspondants étrangers réuni à Séoul le 7 novembre 2008. "Il est difficile de discuter calmement quand les équipes en charge de la Corée du Nord et de la politique extérieure comptent davantage de partisans de la ligne dure que de gens connaissant bien le Nord."

"Le président américain Obama nouvellement élu a déclaré qu'il aura un dialogue actif avec le Nord afin de résoudre la question du nucléaire nord-coréen, et je pense donc que les Etats-Unis négocieront de manière plus déterminée, dans le cadre des pourparlers à six par exemple, permettant ainsi des progrès dans les relations américano-nord-coréennes", a-t-il dit. "Le président Lee Myung-bak devraient considérer la nouvelle situation intérieure et internationale telle qu'elle est et abandonner immédiatement son ton provocateur digne de la Guerre froide avec la Corée du Nord."

 

Chung Sye-kyun s'était déjà vivement opposé au gouvernement sud-coréen au sujet des manifestations organisées le 15 août 2008, anniversaire de la Libération de la Corée, pour le 60eme anniversaire de la fondation de la République de Corée (du Sud). Le choix de célébrer un événement strictement sud-coréen - la fondation du pays - plutôt qu'un événement commun au nord et au sud de la Corée - la Libération de l'occupation japonaise - ne laissait aucune place à des discussions sur la réunification ou la réconciliation avec le Nord, et avait alors été qualifié par Chung de "déformation de l'histoire".

 

Chung a énuméré les mesures à prendre par le gouvernement sud-coréen pour améliorer ses relations avec la RPDC, parmi lesquelles


- s'engager publiquement à appliquer les déclarations du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007,  

- faire avancer le projet du complexe industriel de Kaesong,

- reprendre, sans conditions, l'aide humanitaire,

- reprendre le dialogue intercoréen au niveau gouvernemental.

   

Face à ces critiques, le ministre des Affaires étrangères, Yu Myung-hwan, a imputé à Pyongyang l'interruption du dialogue et affirmé que le gouvernement sud-coréen n'avait aucune intention de changer de politique. 

   

S'exprimant le même jour, 7 novembre, lors d'une conférence de presse au siège du gouvernement, Yu a exclu que l'absence de dialogue officiel entre Séoul et Pyongyang soit due à un quelconque problème dans la politique sud-coréenne envers la Corée du Nord.

 

Selon Yu, il y a blocage "parce que la Nord rejette toutes les offres de dialogue" du gouvernement sud-coréen. Et de poursuivre : "La politique du gouvernement vis-à-vis de la Corée du Nord ne doit pas être modifiée tant qu'il n'y a eu aucune modification dans les principes de base selon lesquels tout doit être résolu par le dialogue et la négociation."

 

Mais quand on lui demandait quelle serait la réaction du président Lee et du gouvernement si le nouveau président Obama engageait les Etats-Unis dans des discussions directes avec la RPDC, et si Séoul encouragerait alors ce genre de contacts directs entre les deux pays ou insisterait plutôt pour que des discussions soient menées parallèlement entre le Nord et le Sud, Yu a répondu que la tenue en simultané de telles négociations bilatérales "produirait une synergie", en s'attendant à ce que "Séoul et Washington aient à coopérer" pour y parvenir. 

 

Ces commentaires du ministre des Affaires étrangères de Corée du Sud semblent indiquer que l'administration du président Lee n'envisage pas d'ajuster sa politique nord-coréenne avant l'inauguration du président Obama, le 20 janvier 2009. Il est de plus en plus évident que le gouvernement sud-coréen, à la traîne des Etats-Unis, ne prendra aucune des initiatives préconisées par Chung Sye-kyun tant que la nouvelle administration américaine n'aura pas elle-même entamé un dialogue direct avec la RPDC. (source : Hankyoreh)

Il est temps d'apprendre à jouer :  Lee Myung-bak peine à jouer le morceau de musique intitulé S'Engager en Corée du Nord. En chef d'orchestre, Barack Obama demande pourquoi il y a autant de fausses notes (dessin paru le 7 novembre 2008 dans le Hankyoreh)

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16 août 2008 6 16 /08 /août /2008 02:05

Dans son discours marquant le soixantième anniversaire de la fondation de la République de Corée (du Sud), le 15 août 2008, le président Lee Myung-bak a exprimé son "rêve de coprospérité" des deux Etats coréens, par la réalisation de projets concrets tels que le rétablissement des liaisons ferroviaires intercoréennes.

Le 15 août est une fête commune aux deux Etats coréens, du Nord et du Sud de la péninsule, marquant la capitulation japonaise et la fin de trente-cinq ans de colonisation de la Corée par l'empire nippon. En Corée du Sud, il s'agit de surcroît de la fête nationale, avec la fondation de la République de Corée (du Sud) le 15 août 1948, à l'issue d'élections législatives organisées de manière séparée par le seul gouvernement sud-coréen.

Dans son discours prononcé pour le soixantième anniversaire de la fondation de l'Etat, le 15 août 2008, le président Lee Myung-bak a exprimé son "rêve d'une coprospérité" des deux Corée grâce à des projets économiques communs. En particulier, selon lui, le rétablissement des liaisons ferroviaires intercoréennes ferait de la péninsule une porte tant vers l'Eurasie que vers les Etats de la ceinture du Pacifique, dont le Japon et les Etats-Unis (voir ci-contre Lee Myung-bak et George W. Bush, lors de la visite du président américain en Corée du Sud le 6 août 2008).

Ce discours d'ouverture vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a toutefois été tempéré, en conditionnant une éventuelle politique de coopération économique à l'abandon de ses armes nucléaires par la RPDC.

Il faut reconnaître au président Lee Myung-bak une continuité dans ses prises de position en faveur du rétablissement des liaisons ferroviaires intercoréennes, manifestées dès le lendemain de son élection en décembre 2007. Sa proximité des milieux d'affaires, encore soulignée par son choix de grâcier des chefs d'entreprise le même jour, le 15 août 2008, n'est sans doute pas étrangère à cette volonté de relier la Corée du Sud aux réseaux ferroviaires eurasiatiques, car elle engendrerait de substantielles économies de frais de transport pour les entreprises sud-coréennes.

La difficulté réside cependant dans le décalage entre le discours et les actes du président Lee, qui non seulement n'a pas mis en oeuvre les mesures de coopération économique prévues dans l'accord intercoréen du 4 octobre 2007, mais a aussi mis en péril les projets déjà existants. La décision de suspendre les circuits touristiques sud-coréens dans les monts Kumgang, au Nord, après la mort d'une Sud-Coréenne, remet en cause un des principaux axes de la coopération intercoréenne. Le discours du 15 août 2008 n'est-il pas, au fond, une variante du "plan 3000" (dollars), consistant en une aide de la Corée du Sud pour porter à ce niveau le revenu de la Corée du Nord à moyen terme, en contrepartie de réformes économiques et d'un abandon de ses armes nucléaires par la RPDC ? Or le "plan 3000" a été vivement rejeté par Pyongyang, comme une ingérence dans ses affaires intérieures et l'expression d'une humiliante politique d'assistance. (Source : The Korea Times)

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21 juillet 2008 1 21 /07 /juillet /2008 23:37

Kim Il-jin, ancien prisonnier de conscience détenu pendant 31 ans après la guerre de Corée, est décédé le 8 juillet 2008. Il était une figure emblématique des prisonniers politiques communistes ayant refusé de se convertir en reniant leurs idées politiques, avant d'être rapatrié en République populaire démocratique de Corée.

Les "non-convertis" : en Corée, l'expression ne renvoie pas aux guerres de religion, comme en Occident, mais à la situation des prisonniers politiques maintenus en détention souvent pendant des dizaines d'années au sud de la péninsule, et qui refusèrent d'être libérés par le régime militaire sud-coréen, car cette promesse était conditionnée au reniement de leurs idées politiques.

Kim Il-jin, décédé le 8 juillet 2008, était l'un d'entre eux. Né le 13 juillet 1930 dans une famille pauvre de la province du comté de Yongdok, dans la province du Nord Kyongsang, il avait rejoint le Parti du travail de Corée (PTC) et combattu contre les troupes de l'ONU sous commandement américain pendant la guerre de Corée (1950-1953). Ses prises de position politiques lui avaient valu d'être emprisonné à l'issue du conflit, pendant trente-et-un ans, avant d'être libéré et de pouvoir rejoindre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), étant resté fidèle au PTC. Kim Il-jin s'était vu décerner le titre de héros de la RPDC.

L'AAFC salue la mémoire et le combat mené par Kim Il-jin pour la réunification de la Corée, en rappelant sa position de principe en faveur de la 
libération de tous les prisonniers de conscience dans la péninsule coréenne. (Source : KCNA, dépêche du 9 juillet 2008) 

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11 juillet 2008 5 11 /07 /juillet /2008 11:53

Le vendredi 11 juillet 2008, une touriste sud-coréenne a été tuée après le tir d'un soldat nord-coréen, dans les monts Kumgang. Dans l'attente des résultats d'une enquête où devraient étroitement coopérer les deux Corée, la femme serait sortie des limites du complexe touristique.

C'est un incident tragique qui endeuille également les relations intercoréennes : le vendredi 11 juillet 2008, une touriste sud-coréenne a été tuée dans les monts Kumgang, au nord de la péninsule, ouverts au tourisme sud-coréen depuis 1997. Alors que près de 2 millions de Sud-Coréens ont visité les "montagnes de diamant" en l'espace de 11 ans, dans le cadre d'une concession détenue par Hyundai Asan, c'est la première fois qu'un tel événement se produit.

Selon M. Kim Ho-nyun, porte-parole du ministère sud-coréen de la Réunification, Mme Park Wang-ja est morte après le tir intervenu vers 5h, avant que le corps ne soit emmené dans un hôpital au Sud. M. Kim a déclaré que "la Corée du Sud regrette profondément qu'un tel événement se soit produit."

Mme Park aurait quitté les limites du complexe touristique avant d'entrer dans une zone d'accès limité, probablement une zone militaire. Après avoir été avertie, elle se serait enfui et les soldats nord-coréens auraient reçu l'ordre de tirer.

Les voyages de Sud-Coréens dans les monts Kumgang ont été suspendus dans l'attente des résultats d'une enquête, pour laquelle il est attendu une pleine coopération des autorités nord et sud-coréennes.

L'AAFC déplore vivement un tel incident et adresse ses condoléances à la famille de Mme Park Wang-ja, décédée dans ces circonstances tragiques.

Cet événement survient alors qu'ont repris la veille les discussions sur le nucléaire nord-coréen, et que le dialogue intercoréen est au plus bas, avant un changement de ton récent de Séoul : si le président sud-coréen Lee Myung-bak a déclaré, le même jour, vouloir reprendre le dialogue intercoréen, les Nord-Coréens attendent que le président Lee, élu sur une ligne de fermeté vis-à-vis du Nord, mette en oeuvre les accords conclus lors du sommet intercoréen d'octobre 2007. (Sources : CNN, BBC, AFP, AAFC)

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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 16:26

Le 1er juillet 2008, le pasteur Samuel Kobia, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises, a adressé au président sud-coréen Lee Myung-bak une lettre l'exhortant à "prendre des mesures urgentes pour renforcer les relations intercoréennes sans conditions préalables."


Fondé en 1948, le Conseil œcuménique des Eglises (COE) est une organisation non gouvernementale rassemblant 349 Eglises d'une centaine de pays et territoires du monde entier, représentant plus de 560 millions de chrétiens de toutes les traditions, notamment protestantes, anglicanes et orthodoxes. De son côté, l'Eglise catholique romaine entretient des relations régulières avec le COE. Le Conseil œcuménique des Eglises a pour objectif l'harmonie entre les chrétiens au travers de réalisations concrètes communes mais n'a pas vocation à devenir une super-Eglise. Depuis janvier 2004, le COE a pour secrétaire général le pasteur kényan Samuel Kobia.


Dans sa lettre du 1er juillet (reproduite ci-dessous), le pasteur Kobia qualifie la nouvelle politique du gouvernement sud-coréen à l'égard de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) de "source d'inquiétude et de déception car elle va à l'encontre des déclarations communes faites dans un passé récent par les deux Corée." Il estime que cette nouvelle politique pourrait "entraver les efforts pour instaurer la paix et la réunification dans la péninsule coréenne."


La nouvelle position du président Lee à l'égard de la Corée du Nord, telle que définie dans son discours d'investiture le 25 février 2008, s'oppose à la Sunshine Policy, la politique d'engagement menée par ses deux prédécesseurs, Kim Dae-jung et Roh Mooh-hyun. Cette politique fondée sur la réconciliation, la coopération, la paix et la prospérité commune avait le soutien des Eglises de Corée du Sud et de Corée du Nord. La nouvelle attitude sud-coréenne, qualifiée d'"hostile" par les Eglises, lie la coopération économique à des conditions préalables comme la dénucléarisation de la Corée du Nord.


Le Conseil national des Eglises de Corée [du Sud] (NCCK) a demandé au gouvernement de "renoncer à cette politique d'affrontement", de respecter les accords antérieurs, de fournir une aide humanitaire, notamment alimentaire, à la Corée du Nord et de mettre en œuvre la coopération économique "sans condition préalable". La lettre du secrétaire général du COE au président Lee répondait à une demande de soutien de la part du NCCK.


Se référant à la démolition de la tour de refroidissement des installations nucléaires de Yongbyon, le 27 juin, le pasteur Kobia déclare dans sa lettre que le COE "se félicite des récents progrès accomplis en matière d'efforts multilatéraux pour mettre fin aux programmes nord-coréens d'armement nucléaire", ajoutant que "la nouvelle que le gouvernement des Etats-Unis est en train de lever les sanctions contre la Corée du Nord et de supprimer le pays de la liste des Etats soutenant le terrorisme constitue un autre signe encourageant."


Le secrétaire général réaffirme le soutien du COE aux initiatives des Nations Unies visant à éliminer toutes les armes nucléaires et à l'intégralité du Traité de non-prolifération nucléaire, ainsi que le soutien de toutes les personnes qui prient pour la réunification de la péninsule coréenne et l'appellent de leurs vœux.


Dans une lettre séparée (reproduite ci-dessous) aux Eglises sud-coréennes membres du COE, au NCCK et à la Fédération des chrétiens de Corée (RPDC), le pasteur Kobia exprime l'espoir que le démantèlement des installations de Yongbyon "donnera un nouvel élan" aux pourparler à six entre les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon, qui devraient "entrer dans une nouvelle phase".


Lettre au Président de la République de Corée Lee Myung-bak



Genève, le 1er juillet 2008



Votre Excellence,


Le Conseil œcuménique des Eglises se félicite des récents progrès accomplis en matière d'efforts multilatéraux pour mettre fin aux programmes nord-coréens d'armement nucléaire. La décision du gouvernement nord-coréen de soumettre la liste de ses installations et matériels nucléaires, suivie de la destruction de la tour de refroidissement du complexe nucléaire de Yongbyon, montrent de façon éclatante les progrès permis grâce aux pourparlers à six.


La nouvelle que le gouvernement des Etats-Unis est en train de lever les sanctions contre la Corée du Nord et de supprimer le pays de la liste des Etats soutenant le terrorisme constitue un autre signe encourageant. Ces signes nous incitent à croire que les mesures prises par les différentes parties aux pourparlers à six permettront de surmonter les derniers obtascles dans les négociations destinées à mettre fin au programme nucléaire de la Corée du Nord. En définitive, ces développements constituent des pas importants vers l'objectif ultime qu'est la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Cette avancée récente doit être considérée, tant politiquement que symboliquement, comme un engagement clair de la Corée du Nord à démanteler rapidement son programme nucléaire.


Tout en félicitant ceux qui se sont impliqués dans les pourparlers à six pour leurs efforts à conduire ce processus par la diplomatie multilatérale, Votre Excellence, je vous exhorte à prendre des mesures urgentes pour renforcer les relations intercoréennes sans les conditions préalables posées par votre gouvernement..


Le Conseil œcuménique des Eglises a suivi avec attention la situation dans la péninsule coréenne au cours des dernières décennies. La "politique d'engagement" fondée sur la "réconciliation et la coopération, la paix et la prospérité commune" initiée en Corée du Sud par les dirigeants de deux gouvernements successifs a contribué à réduire les tensions dans la péninsule coréenne. La politique et la dynamique de la coopération intercoréenne développée par la Corée du Sud dans les dix dernières années ont généré des progrès sans précédents dans les relations entre les deux Corée et ont aidé à bâtir la confiance mutuelle. Cependant, la nouvelle politique du gouvernement sud-coréen à l'égard de la Corée du Nord décrite dans votre discours d'investiture par la formule "Dénucléarisation - Ouverture - 3000 dollars" est une source d'inquiétude et de déception car elle va à l'encontre des déclarations communes faites dans un passé récent par les deux Corée.


Votre Excellence, nous percevons ce changement dans la politique de la Corée du Sud à l'égard de la Corée du Nord comme de nature à entraver les efforts pour instaurer la paix et la réunification dans la péninsule coréenne. C'est dans ce contexte, au nom du Conseil œcuménique des Eglises et de ses entités constitutives dans le monde entier, que je vous demande de prendre toutes les mesures possibles pour éviter une dégradation des relations intercoréennes.


Les entités constitutives du COE en Corée du Sud ont déjà exprimé leurs préoccupations quant à cette nouvelle politique, laquelle est portée par votre administration. Le Conseil œcuménique des Eglises partage les inquiétudes exprimées par les Eglises sud-coréennes quant à la politique de votre gouvernement vis-à-vis de la Corée du Nord, et nous vous demandons de répondre de manière constructive au  geste positif accompli la semaine dernière par le gouvernement nord-coréen.


Nous espérons sincèrement, Votre Excellence, que votre gouvernement trouvera vite une solution politique permettant d'améliorer les relations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud et ainsi de favoriser une paix et une sécurité durables dans la péninsule coréenne. Le Conseil œcuménique des Eglises a maintes fois réaffirmé son soutien aux initiatives de l'ONU visant à éliminer toutes les armes nucléaires aux termes du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Dans le même temps, nous nous sommes joints aux prières et aux aspirations du peuple pour la réunification de la péninsule coréenne. En 2004, le Comité exécutif du Conseil œcuménique des Eglises a proposé la prière suivante :


Nous pleurons devant Vous du désespoir profond né de la division de la Corée,

Laquelle est la victime d'un monde divisé.

Vous venez dans ce monde comme un Serviteur de la Paix,

Vous apportez amour et paix.

Vous nous demandez de nous aimer les uns les autres...

Vous nous donnez des signes d'espoir en plein désespoir.


Je termine avec ces mots d'intercession prononcés pendant la Journée mondiale de prière pour la Paix, en assurant Votre Excellence que nous continuerons de soutenir tous les efforts déployés pour une Corée pacifique, réconciliée et unifiée.



Veuillez croire à mes respectueuses salutations.



Rev. Dr. Samuel Kobia

Secrétaire général du COE




Lettre aux Eglises de Corée


Eglises de Corée du Sud membres du COE

Conseil national des Eglises de Corée

Fédération des chrétiens de Corée



Genève, le 1er juillet 2008



Chers amis œcuméniques,


Recevez les salutations du Conseil œcuménique des Eglises.


Vous trouverez ci-jointe une copie de la lettre que j'ai adressée au Président de la République de Corée. A la demande du Secrétaire général du Conseil national des Eglises de Corée et sur une suggestion du Comité de direction du Forum œcuménique de coopération pour la paix, la réunification et le développement dans la péninsule coréenne, lequel est coordonné et présidé par le COE, j'ai transmis les préoccupations de la famille œcuménique au sujet de la nouvelle politique du gouvernement sud-coréen à l'égard de la Corée du Nord.


Nous suivons en permanence les tendances et événements survenant dans la péninsule coréenne et sommes inquiets du changement de la politique du gouvernement sud-coréen à l'égard de la Corée du Nord, annoncé par le président Lee Myung-bak dans son discours d'investiture par la formule "Dénucléarisation - Ouverture - 3000 dollars". En même temps, la déclaration de la semaine dernière de l'abandon par la Corée du Nord de son programme nucléaire nous adresse des signes d'espoir. Je suis sûr que cela constituera un pas très important dans le "processus d'arrêt", et que ce nouveau développement encouragera toutes les parties engagées dans les pourparlers à six et donnera un nouvel élan à ces pourparlers qui doivent entrer dans une nouvelle phase. 


Comme l'a dit le prophète Michée, gardons l'espoir que "chacun habite sous sa propre vigne et sous son  propre figuier, sans personne pour le troubler" (Michée 4:4). Que cela reste notre prière et notre espoir pour l'émergence prochaine d'une Corée réconciliée et réunifiée, où la paix et la sécurité de tous seront garanties pour toujours.



Avec vous à Son service,



Rev. Dr Samuel Kobia

Secrétaire général du COE

Eglise orthodoxe de la Vivifiante Trinité, à Pyongyang, consacrée le 13 août 2006 (photo : AAFC)
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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 13:32

Après son élection à la présidence de la République en Corée du Sud le 19 décembre 2007, le conservateur Lee Myung-bak s'était fait fort de modifier les relations intercoréennes en adoptant une ligne de plus grande fermeté vis-à-vis du Nord. Six mois plus tard, l'impasse dans les relations intercoréennes a amené Séoul à changer de ton.


 Une politique de concessions sans contreparties : c'est en ces termes peu amènes que le Sud- Coréen Lee Myung-bak, avant son élection à la présidence de la République, critiquait la politique du rayon de soleil, de coopération avec le Nord, de ses prédécesseurs centristes Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun.

Moins de six mois plus tard, le dialogue intercoréen est rompu au niveau intergouvernemental, sans aucune concession de Pyongyang vis-à-vis du Sud. Du coup, le pouvoir sud-coréen multiplie les volte-faces : après avoir fait part de sa volonté de conditionner la poursuite de la politique de coopération intercoréenne à des progrès dans d'autres domaines, notamment sur le dossier nucléaire, le ministre de la réunification Kim Ha-joong a annoncé, mercredi 5 juin 2008, l'intention de livrer 50.000 tonnes de céréales au Nord sans demande de Pyongyang. Auparavant, l'administration Lee Myung-bak avait répété urbi et orbi attendre une telle demande de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), confrontée à des risques de pénurie alimentaire sévères après les inondations catastrophiques de l'été 2007.

Sans doute ce geste de Séoul pour rétablir le dialogue intercoréen serait-il plus efficace s'il était relativisé, et resitué dans la tradition historique de coopération intercoréenne face aux catastrophes affectant l'ensemble de la nation coréenne. D'une part, les volumes proposés sont dix fois inférieurs à ceux fournis par les précédents gouvernements sud-coréens. D'autre part, la Corée du Nord avait approvisionné sa voisine du Sud en électricité après la guerre de Corée, ou offert une aide de 12 millions de dollars aux victimes des inondations en Corée du Sud en 1984, mais ces éléments de contexte historique semblent systématiquement oubliés.

Lee Myung-bak s'est également félicité des progrès dans le dialogue international sur le nucléaire nord-coréen, et formulé des demandes pour des progrès sur les échanges de prisonniers de guerre restés au Nord après 1953 ainsi que sur la restitution des corps des soldats tombés de l'autre côté du 53ème parallèle. Encore faudrait-il que, à présent, Séoul honore ses engagements de livraison d'énergie prévus par l'accord de Pékin du 13 février 2007.

Le changement de ton à Séoul ne semble par ailleurs pas étranger à la chute, à 20%, de la cote de popularité de Lee Myung-bak. En 1972, le général Park Chung-hee avait déjà opéré une volte-face dans les relations intercoréennes pour remédier à une impopularité record. Ayant subi des revers lors d'élections locales, confronté aux plus importantes manifestations en Corée depuis de nombreuses années, suite à la décision de réouverture du marché sud-coréen aux importations de boeuf américain. L'administration Lee Myung-bak a souhaité exclure les animaux âgés de plus de 30 mois du champ des importations américaines. Mais sans pouvoir de formuler autre chose que des voeux vis-à-vis de Washington, alors que les protestations continuent. (sources : International Herald Tribune, Korea Times, AAFC)

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14 mai 2008 3 14 /05 /mai /2008 10:23

Elu président de la Corée du Sud le 19 décembre 2007, sur une ligne de rupture avec la politique de ses prédécesseurs selon lui trop favorable à Pyongyang, le conservateur Lee Myung-bak cherche manifestement les voies du rétablissement d'un dialogue avec le Nord. Mais les premiers signes d'infléchissement ne signifient pas encore une évolution de la position sud-coréenne, et encore moins le rétablissement de la confiance dans les relations d'Etat à Etat.

Pour le président (conservateur) sud-coréen Lee Myung-bak, élu le 19 décembre 2007, les relations intercoréennes doivent être fondées sur un principe de réciprocité : l' "aide" qu'entend apporter le Sud au redressement économique du Nord serait conditionnée par l'approfondissement de la politique d'ouverture économique.

Ainsi posés, les termes du plan "Vision 3.000" (car visant à porter à 3.000 dollars par habitant le produit intérieur brut de la République populaire démocratique de Corée, RPDC) étaient difficilement acceptables pour Pyongyang : ils signifiaient une ingérence du Sud dans la politique intérieure du Nord et introduisaient le principe d'une conditionnalité fondée sur la notion misérabiliste d'une assistance du Sud au Nord.

Après une période d'attentisme de plus de trois mois, le Nord a dénoncé en Lee Myung-bak un "traître" et un "sycophante" des Etats-Unis.

De fait, après la visite exceptionnelle de Lee Myung-bak aux Etats-Unis, rien n'indique un changement de cap dans la politique de la Corée du Sud vis-à-vis du Nord. Cependant, l'administration Lee Myung-bak cherche apparemment les voies du rétablissement d'un dialogue :

- à la suite des Etats-Unis qui devraient livrer 500.000 tonnes de céréales à la RPD de Corée, dans des conditions encore à préciser, Séoul envisagerait une reprise des livraisons alimentaires au Nord, sous réserve que la RPDC formule une telle demande ;

- une assistance médicale a également été proposée, suite à l'apparition d'une épidémie de malaria au Nord, conséquence de la fragilisation de la situation sanitaire après les très graves inondations d'août-septembre ;

- la visite d'une délégation de métallurgistes sud-coréens à Pyongyang témoigne de la poursuite de la coopération non gouvernementale, alors que la dialogue intercoréen au niveau gouvernemental n'a jamais été rompu.

Par ailleurs, si Lee Myung-bak a poursuivi sa récente visite à Washington par un déplacement au Japon où il a invité l'empereur du Japon à venir en Corée tout en éludant le sujet de la brutale colonisation japonaise de la Corée de 1910 à 1945, son prochain déplacement en Chine pendant quatre jours, fin mai 2008, peut attester d'un début de rééquilibrage par rapport à l'axe Séoul-Washington-Tokyo privilégié dès son investiture.

Mais la RPDC a précisé vouloir atteindre l'autosuffisance alimentaire en comptant sur ses propres forces : dans ce contexte, les geste humanitaires de Séoul apparaissent condescendants... sauf à supposer que Séoul ne veut pas réellement aider son voisin du Nord, en présentant des demandes dans des formes inacceptables pour Pyongyang.

Si Lee Myung-bak souhaite réellement rétablir le dialogue intercoréen, la seule option possible est de mettre en oeuvre un programme global sortant du seul enjeu humanitaire et considérant le Nord comme un partenaire égal, et non comme devant appliquer les directives de Séoul pour accomplir les réformes souhaitées par le Sud. Un accord a été signé lors de la rencontre entre les deux présidents coréens, le 4 octobre 2007 : si Séoul manifestait une volonté concrète de mettre en oeuvre ces projets, comme le rétablissement des liaisons ferroviaires, des progrès seraient certainement possibles sur d'autres dossiers. Et la Corée du Sud ne serait plus obligée, comme aujourd'hui, d'être à la remorque de Washington, à la veille de la reprise des pourparlers multilatéraux sur le nucléaire nord-coréen, le plus vraisemblablement début juin.

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