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16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 10:40

Après avoir initialement refusé à des bouddhistes de l'ordre Jogye de se rendre au Nord de la péninsule, dans le cadre du dialogue religieux intercoréen, le ministère sud-coréen de la Réunification, dirigé par le très controversé Hyun In-taek, a finalement accepté qu'une délégation de l'ordre se rende en Corée du Nord. L'AAFC se félicite de ce revirement de position, en espérant qu'il soit le signal d'une acceptation, par le gouvernement Lee Myung-bak, de la reprise du dialogue intercoréen, mené aussi par des canaux non-gouvernementaux.

Kyong_Ho_Seong_Wu.jpgPremier ordre bouddhique de Corée, l'ordre Jogye (ci-contre, à gauche, Kyong Ho Seong-wu, 75ème patriarche) avait annoncé, le 3 février 2010, que 4.000 de ses membres souhaitaient visiter les monts Kumgang, au Nord de la péninsule. Cette visite était de nature à approfondir le dialogue religieux intercoréen, en permettant notamment aux fidèles de l'ordre Jogye de se rendre au temple Shingye, qui a réouvert ses portes en 2007 à l'issue de travaux de rénovation menés, notamment, avec le soutien de l’ordre bouddhiste. Mais le ministère sud-coréen de la réunification avait rejeté cette demande, en estimant le moment choisi inopportun au regard de l'état actuel des relations intercoréennes. 

Cependant, le 11 mars 2010 le ministère sud-coréen de la Réunification a finalement donné son accord à cette demande, en estimant qu'elle visait à encourager les échanges religieux intercoréens, et non à reprendre le tourisme sud-coréen dans les monts Kumgang, suspendus depuis la mort d'une touriste le 11 juillet 2008. Le gouvernement sud-coréen a ainsi autorisé une délégation de l'ordre Jogye à se rendre à Kaesong, au Nord de la DMZ, afin de préparer le voyage de ses membres.

Si l'AAFC se félicite de ce revirement de position du ministère de la Réunification, des interrogations demeurent : est-ce le résultat d'une action discrète, mais efficace, de l'ordre Jogye, ou un signal envoyé par Séoul aux autorités nord-coréennes, alors que la presse fait état d'une possible reprise des pourparlers à six en avril prochain ? Cette hypothèse serait d'autant plus crédible que le motif allégué pour le refus initial était l'état des relations intercoréennes, dont l'amélioration est subordonnée par Séoul à des progrès sur la question nucléaire.

En tout état de cause, le gouvernement sud-coréen semble éprouver des difficultés à définir une ligne claire quant à la poursuite des échanges intercoréens menés en dehors du cadre gouvernemental : si le président Lee Myung-bak désapprouve la "politique du rayon de soleil" de ses prédécesseurs démocrates Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun, les déclarations Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 n'ont pas, pour autant, été déclarées caduques, et elles fondent toujours les échanges intercoréens, dans les domaines économique, culturel ou religieux. 

Sources : AAFC,
KBS World Radio

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25 février 2010 4 25 /02 /février /2010 08:36

Alors que les discussions gouvernementales intercoréennes se poursuivent, notamment sur la zone industrielle de Kaesong et la reprise du tourisme intercoréen, le ministère sud-coréen de la Réunification a rejeté une demande de de l'ordre bouddhiste Jogye de permettre à 4.000 de ses fidèles de visiter les monts Kumgang, en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Un bien mauvais signal pour le développement des échanges intercoréens, alors que les initiatives de groupes privés tendent à pallier le peu d'empressement du gouvernement Lee Myung-bak à répondre aux propositions d'ouverture du Nord.

Kyong_Ho_Seong_Wu.jpgPlus important ordre bouddhique de Corée, l'ordre Jogye (ci-contre, à gauche, Kyong Ho Seong-wu, 75ème patriarche) avait annoncé, le 3 février 2010, que 4.000 de ses membres souhaitaient visiter les monts Kumgang, au Nord de la péninsule, dans le cadre du dialogue religieux intercoréen.

Las, le ministère sud-coréen de la réunification, dirigé par le très conservateur
Hyun In-taek, a rejeté cette demande, en estimant inopportun le calendrier d'une telle visite, après que des discussions gouvernementales intercoréennes n'ont pas abouti sur la reprise du tourisme intercoréen. De fait, il aurait s'agi de la plus importante opération d'échanges intercoréens dans les monts Kumgang depuis la suspension des circuits touristiques suite à la mort d'une touriste sud-coréenne, le 11 juillet 2008. 

Ce faisant, le gouvernement sud-coréen entretient délibérément une confusion entre les échanges touristiques et ceux conduits dans d'autres domaines - en l'occurrence, le dialogue interreligieux. En effet, la visite au Nord de l'ordre Jogye aurait permis à se fidèles d’accéder au temple Shingye, lequel a réouvert ses portes en 2007 après cinq ans de rénovation avec l'appui de l’ordre sud-coréen. 

La reprise du tourisme intercoréen, de même que le développement de la zone intercoréenne de Kaesong, sont deux des points-clés de l'accord signé entre le groupe sud-coréen Hyundai et les autorités nord-coréennes suite à la rencontre de Mme Hyung Jeong-eun, présidente du groupe Hyundai avec Kim Jong-il, président de la commission de la défense nationale de la République populaire démocratique de Corée, en août 2009. Mais les initiatives du secteur privé sud-coréen et les gestes d'ouverture du gouvernement nord-coréen, tous deux à l'origine de la reprise du dialogue intercoréen, butent sur l'intransigeance du gouvernement Lee Myung-bak.

Sources : AAFC,
KBS World Radio

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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 17:37
DeuxCor-e.jpgAprès la réunion de travail du 1er février 2010 au sujet de la zone industrielle de Kaesong, les deux Corée se sont retrouvées le 8 février pour discuter de la reprise du tourisme dans la ville historique de Kaesong et dans les monts Kumgang. A l'instar de la zone industrielle de Kaesong - elle aussi menacée par deux ans de dégradation des relations intercoréennes - le tourisme constitue un symbole fort du rapprochement entre les deux Corée. A l'issue des réunions des 1er et 8 février, des différends subsistent entre les deux parties. Ces différends pourraient cependant trouver un début de solution grâce au dialogue et au simple respect des accords passés. Mais le gouvernement sud-coréen semble user d'arguments dilatoires tout en multipliant les déclarations incendiaires.
  
Le 8 février 2010, les deux délégations coréennes dirigées, côté Sud, par le directeur chargé des échanges et la coopération intercoréens du ministre de la Réunification, Kim Nam-sik, et, côté Nord, par le conseiller du Comité pour la paix de la région Asie-Pacifique, Kang Yong-chul, ont exposé leur position sur la reprise du tourisme dans la ville de Kaesong, sur la côte ouest de la péninsule coréenne, et dans les monts Kumgang, sur la côte est.

Les circuits touristiques dans les monts Kumgang avait été suspendus par décision du gouvernement sud-coréen juste après le décès d'une touriste sud-coréenne tuée par balle par une sentinelle nord-coréenne, le 11 juillet 2008, après avoir pénétré dans une zone militaire.
  
Le programme de visites à Kaesong, ancienne capitale du royaume de Koryo (918-1392), avait ensuite été interrompu le 1er décembre 2008 par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) dans le cadre de mesures restrictives sur la circulation entre les deux Corée.

A l'issue de la réunion du 8 février, la délégation sud-coréenne a présenté "trois conditions essentielles" pour la reprise des visites touristiques sud-coréennes en Corée du Nord : la réouverture de l’enquête sur le décès de la touriste sud-coréenne, la garantie qu’un tel incident ne se reproduira plus, et l’engagement que la sécurité des touristes sud-coréens serait assurée.

Le Sud a également demandé que les autorités sud-coréennes puissent inspecter les lieux de l’incident et rappelé la nécessité de modifier les accords portant sur l’entrée, la sortie et le séjour, afin que ces trois conditions essentielles soient réunies.

A ces demandes, les délégués nord-coréens, cités par l'agence Yonhap, ont répondu que "les trois conditions exigées avaient déjà été résolues", insistant sur la nécessité de la reprise immédiate du tourisme transfrontalier. Ils ont réitéré leurs positions précédentes concernant le décès de la touriste sud-coréenne en déclarant : "Elle avait pénétré dans une zone militaire interdite aux touristes et n’avait pas donné suite aux appels de notre soldat la sommant de s’arrêter immédiatement, elle est ensuite tombée suite aux tirs de ce soldat".

Ils ont également ajouté que le personnel de Hyundai Asan, chargé de la gestion des sites touristiques en Corée du Nord, avait retiré le corps de la touriste en inspectant le lieu de l’accident.
  
18000301.jpgLa délégation nord-coréenne a  indiqué que, étant donné la parole donnée par le  dirigeant Kim Jong-il assurant que ce type d’accident ne se reproduirait plus à l’occasion d’une rencontre en août 2009 avec la présidente de Hyundai, Mme Hyun Jeong-eun, il n’était pas nécessaire de reprendre les discussions portant sur des mesures préventives concernant des accidents de ce type ou sur la sécurité des touristes.

Déjà, les deux Corée ne s'étaient pas accordées le 1er février 2010 sur les mesures à prendre pour améliorer le fonctionnement du complexe industriel intercoréen de Kaesong. Les deux parties avaient toutefois convenu de mettre à profit les pourparlers militaires Nord-Sud à venir pour discuter des restrictions aux frontières qui ont ralenti les transports sud-coréens et des communications, dans le complexe et en dehors de celui-ci, selon les responsables du ministère de la Réunification à Séoul.

Une précédente réunion consacrée au complexe industriel de Kaesong s'était tenue les 19 et 20 janvier 2010 pour évaluer les résultats de la visite effectuée du 12 au 22 décembre 2009 par une délégation intecoréenne en Chine et au Vietnam. Cette délégation composée de dix envoyés du Nord et de dix envoyés du Sud s'était successivement rendue à Tsingtao, un port industriel situé dans le Sud de la Chine, à Suzhou, centre névralgique de l’industrie chinoise de la soie, et dans la zone économique spéciale de Shenzhen, près de Hong Kong. Au Vietnam, elle avait visité Yenpong, un complexe proche de Hanoi. L'objectif de ce voyage était d’observer sur place les conditions de travail et les méthodes de gestion afin d'en tirer des idées applicables au complexe industriel intercoréen de Kaesong.

Kaesong.jpgSymbole le plus concret du rapprochement des deux Corée initié par le sommet intercoréen de juin 2000, le complexe industriel de Kaesong, ouvert en 2004, compte aujourd'hui 110 entreprises sud-coréennes employant 42.000 ouvriers nord-coréens. Mais le complexe de Kaesong est aussi victime de la dégradation des relations intercoréennes observée depuis l'arrivée au pouvoir du président (conservateur) Lee Myung-bak en février 2008, et son développement semble aujourd'hui compromis par un "cercle vicieux".

La rencontre du 1er février 2010 a ainsi achoppé sur la question de l'augmentation des salaires des travailleurs nord-coréens. Une telle augmentation est toujours refusée par le Sud qui maintient que la question des salaires doit être mise de côté jusqu'à la levée des restrictions aux frontières imposées par le Nord en décembre 2008. La RPDC a bien proposé de tenir des pourparlers militaires au cours desquels seraient abordées les questions relatives aux passages transfrontaliers, aux communications et aux procédures douanières, mais la partie sud-coréenne n'a pas encore fait connaître la date à laquelle ces pourparlers potentiellement décisifs pourraient avoir lieu.

La proposition nord-coréenne d'une rencontre entre militaires du Nord et du Sud, dont les résultats peuvent être de nature à améliorer la circulation transfrontalière et à relancer la coopération intercoréenne, fait partie des nombreuses initiatives prises par la RPDC depuis le début de l'année 2010. En réponse aux propositions nord-coréennes, les autorités de Séoul ont jusqu'ici adopté une attitude pour le moins fermée, en rupture avec la décennie écoulée où, suite à la déclaration Nord-Sud du 15 juin 2000, la Corée du Sud était à l'initiative de nombreuses rencontres entre les deux gouvernements.  

Au lieu de chercher les moyens de rebâtir la confiance entre le Nord et le Sud de la Corée, le gouvernement sud-coréen a au contraire multiplié les déclarations incendiaires. Ainsi, le ministre sud-coréen de la Défense, Kim Tae-young, cité par Yonhap, déclarait le 20 janvier que la Corée du Sud "doit frapper de façon préventive" la Corée du Nord "au moindre signe de provocation nucléaire". "Il y a eu des débats sur la justification des attaques préventives et certains estiment que de telles attaques sont légitimes en cas de menaces nucléaires", a ajouté le ministre, lequel défendait la même idée d'attaques préventives en 2008 juste avant d'être nommé chef d'état-major interarmées. Les déclarations du 20 janvier du ministre sud-coréen de la Défense intervenaient quelques jours après une nouvelle proposition de la RPDC visant à remplacer l'accord d'armistice de 1953 par un véritable traité de paix. Il est vrai que l'offre nord-coréenne du 11 janvier était d'abord destinée aux Etats-Unis, la Corée du Sud n'étant pas signataire de l'accord de 1953. Au fait, qu'est-ce qu'un "signe de provocation nucléaire"?...

Les manoeuvres dilatoires qui menacent les réalisations les plus tangibles du rapprochement intercoréen et les déclarations provocatrices qui ne peuvent qu'irriter la RPDC sont à rapprocher d'un fait passé presqu'inaperçu, rapporté par la radio sud-coréenne KBS en décembre 2009 : le gouvernement sud-coréen envisage de modifier le plan de base sur le développement des relations intercoréennes élaboré en novembre 2007. Le plan modifié présenté le 15 décembre 2009 par le ministère sud-coréen de la Réunification au Grand Parti national au pouvoir à Séoul prévoit d'élargir la coopération économique Nord-Sud en fonction des progrès accomplis sur le dossier nucléaire nord-coréen. Or, le plan actuel, mis en place sous l'administration précédente dans l’attente de la mise en oeuvre de la déclaration conjointe du 4 octobre 2007, ne stipule à aucun moment que le rétablissement des voies routières et ferrées et le développement du complexe industriel de Kaesong doivent être liés au déroulement du programme nucléaire nord-coréen.

Dans ce contexte, le piétinement du dialogue intercoréen apparaît comme une conséquence de la volonté à peine voilée d'une des deux parties de ne pas respecter les accords du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, en liant la mise en oeuvre de ces accords à la question du programme nucléaire militaire nord-coréen. Or, ce programme concerne d'abord la RPDC et les Etats-Unis qui ont, les premiers, introduit des armes de destruction massive dans la péninsule coréenne,  y stationnent 30.000 soldats et organisent régulièrement des exercices militaires. Un hypothétique troisième sommet entre les deux Corée permettra peut-être d'établir un lien entre les relations intercoréennes et la question nucléaire. En attendant, pour sortir de l'impasse actuelle, il convient de  respecter les  accords signés - au plus niveau - par les deux Etats coréens, accords dont le principe est "Par la nation coréenne elle-même".


Sources : KBS (12 décembre 2009 et 18 décembre 2009),
Radio Chine Internationale (20 janvier 2010), Yonhap (2 février 2010 et 8 février 2010)
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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 00:01

En marge du forum de Davos, dans un entretien accordé le 29 janvier 2010 à la BBC, le président sud-coréen Lee Myung-bak s’est déclaré prêt à rencontrer son homologue nord-coréen Kim Jong-il. Si l’éventualité d’un troisième sommet intercoréen peut être interprétée comme une inflexion de la politique intercoréenne de Lee Myung-bak, de nombreux obstacles doivent être levés préalablement.

Sommets Nord-SudQue voulait le président sud-coréen Lee Myung-bak en évoquant, le 29 janvier dernier, un possible troisième sommet intercoréen avec le dirigeant Kim Jong-il, président de la Commission de la défense nationale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ?

Le 1er février 2010, la présidence sud-coréenne a expliqué que le but d’un tel sommet serait de définir un nouveau cadre pour les relations intercoréennes. Cette proposition sud-coréenne doit en effet être conciliée avec la démarche jusqu’ici très ferme de Lee Myung-bak vis-à-vis du Nord. Tout en considérant que n’étaient plus d’actualité les politiques conduites sur la base des sommets intercoréens de juin 2000 et octobre 2007 (sans toutefois déclarer formellement caducs les accords du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 !), le président et du sud-coréen poursuit un objectif constant de ses prédécesseurs démocrates : l’engagement, voire l’institutionnalisation, d’un dialogue intercoréen au plus haut niveau. Il est d’ailleurs significatif que le principal parti d’opposition, le Parti démocrate, ait appuyé le principe d’un sommet intercoréen (que son leader Chung Se-kyun
avait appelé de ses vœux début janvier), tout en s’interrogeant sur une possible récupération politique à l’approche des élections locales de juin. A contrario l’opposition de droite du Parti libéral progressiste a appelé à la prudence, dans la continuité des positions de son leader à l’élection présidentielle de 2007 : Lee Hoe-chang avait fait campagne sur une ligne de plus grande intransigeance vis-à-vis du Nord que le candidat élu Lee Myung-bak.

Kaesong.jpgL’annonce sud-coréenne intervient dans un contexte de relatif détente des relations Nord-Sud, au moment de la reprise des discussions intercoréennes dans la zone industrielle de Kaesong, au cours desquelles Pyongyang a demandé une hausse des salaires des ouvriers nord-coréens. Des exercices d’artillerie nord-coréens sont toutefois intervenus pendant trois jours, la semaine dernière, dans la zone maritime disputée entre les deux Corée, après les affrontements intercoréens de novembre 2009.

Mais quelles sont les chances réelles de tenir un sommet intercoréen, que Lee Myung-bak a envisagé au cours de l’année 2010 – sans toutefois fixer de date butoir ? La réitération de sa proposition de "grand marché", consistant notamment en une aide économique du Sud en contrepartie de l’abandon préalable de ses armes nucléaires par Pyongyang, n’est pas acceptable en l’état par la Corée du Nord. Pour Pyongyang, la question nucléaire concerne ses relations avec les Etats-Unis, et pas avec la Corée du Sud ; par ailleurs, avancer l’idée d’une aide économique (et non d’une coopération, comme sur la base des accords de 2000 et 2007) ne peut que raviver le refus par Pyongyang d’une politique d’assistanat. Enfin, les nominations au gouvernement de personnalités réputées pour leur intransigeance vis-à-vis de la Corée du Nord, comme le ministre de la Réunification
Hyun In-taek et le ministre de la Défense Kim Tae-young (qui a répondu à l'offre de paix nord-coréenne du 11 janvier 2010 en menaçant la RPDC de frappes préventives), ont été de mauvais signaux adressés à Pyongyang.

Le président Lee Myung-bak souhaite montrer à son opinion publique que, contrairement à ses prédécesseurs, il serait, lui, capable d’organiser un sommet intercoréen en prenant plus en compte les positions sud-coréennes. Mais c’est ignorer que les accords de 2000 et 2007 ont été basés sur des formules de compromis entre le Nord et le Sud.

Kumgang.jpgDe la même façon que George W. Bush avait progressivement changé de ligne politique vis-à-vis de la Corée du Nord (d'abord classée en 2002 parmi les pays de "l’axe du mal") jusqu’à négocier deux accords majeurs, en septembre 2005 et en février 2007, il est possible que Lee Myung-bak envisage d'infléchir sa politique intercoréenne. Mais de très nombreux obstacles restent à lever, tant sur le contenu d’un tel accord que sur l’envoi préalable de signaux de détente vis-à-vis du Nord. A cet égard, une atmosphère plus favorable pourrait d’abord être créée par des avancées des discussions sur la zone de Kaesong, ou la réouverture attendue des circuits touristiques -
interrompus depuis 2008 - dans les monts Kumgang, conformément à la déclaration intercoréenne du 4 octobre 2007 et suite aux discussions entre le PDG de Hyundai, Mme Hyun Jeong-eun, et le gouvernement nord-coréen lors de la visite effectuée par Mme Hyun en RPDC en août 2009.

Sources : AAFC, KBS World (articles du 1er février 2010 : retour sur l’annonce d’un possible sommet intercoréen, précisions de la présidence sud-coréenne, réactions des partis politiques)

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8 janvier 2010 5 08 /01 /janvier /2010 10:24

Dans une conférence de presse organisée le 7 janvier 2010 à l'occasion du Nouvel An, le député Chung Sye-kyun, dirigeant du Parti démocrate (PD, principale formation d'opposition, centriste) a exhorté le président sud-coréen Lee Myung-bak à changer radicalement le cap de sa politique intercoréenne : son appel à organiser un sommet intercoréen au plus haut niveau pour discuter d'un traité de paix fait écho aux attentes d'une majorité de Sud-Coréens, après un nouveau geste d'ouverture des autorités nord-coréennes en direction du Sud et des Etats-Unis à l'occasion de la publication de l'éditorial du 1er janvier 2010 (Juche 99).


Chung_Sye_Kyun--2-.jpg

"Il est temps aujourd'hui que les dirigeants du Sud et du Nord se rencontrent et discutent d'un traité de paix ainsi que du futur de la péninsule coréenne", a déclaré le dirigeant du Parti démocrate (PD, principale formation d'opposition, centriste), le député Chung Sye-kyun, à l'occasion de sa conférence de presse du Nouvel An. Ce dernier a ajouté que "l'armistice d'un autre temps doit maintenant être abrogé et remplacé par un traité de paix". M. Chung a indiqué que le PD était prêt à pleinement coopérer pour préparer un tel sommet intercoréen, y compris par des visites à Pyongyang. Par cette offre de bons services, Chung Sye-kyun indique clairement que le dialogue intercoréen doit dépasser les clivages partisans. Il suggère aussi de manière discrète que les contacts personnels qu'ont pu nouer des dirigeants de l'opposition peuvent être un atout pour renouer le dialogue Nord-Sud, faute de relations de confiance entre les membres de administration Lee Myung-bak et leurs interlocuteurs nord-coréens.

Chung Sye-kyung a déclaré que le président Lee Myung-bak devait se libérer d'un état d'esprit hérité de la guerre froid et reconnaître clairement qu'il appliquerait les déclarations intercoréennes du
15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, signées par ses prédécesseurs libéraux Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun au nom de l'Etat sud-coréen.

Cet appel intervient après que la Corée du Nord eut tendu une branche d'olivier aux autorités sud-coréennes. Dans leur
éditorial conjoint du 1er janvier 2010, les principaux titres nord-coréens ont en effet déclaré :

"
Il importe de réaliser par tous les moyens la réconciliation et la collaboration nationales.

Il faut mettre au premier plan les intérêts communs de la nation, promouvoir la réconciliation et la collaboration à travers la circulation et le contact de toutes les couches sociales. Doivent être supprimés tous les dispositifs juridiques et institutionnels qui portent atteinte aux intérêts communs et à la coprospérité de la nation, et la discussion et les activités libres de toute la population assurées en faveur de la réunification du pays
".  

Réaffirmant l'un des objectifs des pourparlers à quatre (Corée du Nord, Corée du Sud, Etats-Unis, Chine)
rappelé à l'issue de la visite à Pyongyang de l'envoyé spécial américain Stephen Bosworth, l'éditorial conjoint nord-coréen a également appelé à l'établissement d'un régime de paix dans la péninsule coréenne, dont Chung Sye-kyung se fait aussi l'avocat :  

"Aujourd'hui, le problème fondamental posé pour assurer la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne et dans la région environnante est de mettre un terme aux rapports d'hostilité entre la RPD de Corée et les Etats-Unis. Etablir un système de paix durable et réaliser la dénucléarisation de la péninsule coréenne par la voie du dialogue et des négociations, c'est notre position invariable".

La question des relations intercoréennes a ainsi dominé la conférence de presse de Chung Sye-kyun, dans un contexte politique tendu après le vote du budget 2010 et de plusieurs projets de loi sur le travail sans qu'il n'ait été trouvé de terrain d'entente avec l'opposition, laquelle a remis en cause les procédures d'adoption de ces textes. Chung Sye-kyun a ainsi appelé à suspendre le projet de réaménagement des quatre principaux fleuves, critiqué pour les
menaces qu'il fait peser sur l'environnement et représentant une dépense budgétaire de 2,98 milliards de dollars, ainsi que le projet de création de la nouvelle capitale administrative Sejong.

Sources :
KBS, The Korea Herald

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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 00:00

 

Alors qu'on vient de célébrer le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, presque rien n'est dit sur le mur qui divise la Corée depuis que, en 1945, un officier de l'armée des Etats-Unis traça une ligne le long du 38eme parallèle pour délimiter les zones d'influence américaine et soviétique dans la Corée libérée de l'occupation japonaise. Cette division fut encore aggravée avec l'établissement d'une  ligne de démarcation militaire en application de l'accord d'armistice à la fin de la guerre de Corée en 1953. Cette ligne traverse la zone démilitarisée (DMZ), no man's land long de 240 km et large de 4 km entre les deux Corée. La ligne de démarcation fut plus tard doublée, au sud, d'une véritable muraille de béton édifiée entre 1977 et 1979 par les forces américaines. Ce mur haut de 5 m et épais de 3 à 10 mètres coupe concrètement la péninsule coréenne en deux pour parer à une prétendue « menace d'invasion venue du Nord ». Pendant que, en novembre 1989, le Mur de Berlin était abattu sous les applaudissements, le Mur de Corée était donc bien debout. A cette même époque, pour briser le silence entourant la division de la Corée et l'occupation de son pays par des forces étrangères, l'étudiante sud-coréenne Rim Su-kyong, surnommée « la Fleur de la Réunification », brava toutes les interdictions pour aller en Corée du Nord. Emprisonnée à son retour en Corée du Sud, une vaste mobilisation internationale permit de la libérer.


Malgré la Loi de sécurité nationale qui interdit aux citoyens de Corée du Sud de se rendre en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) sans autorisation préalable du gouvernement sud-coréen, Rim Su-kyong, alors âgée de  22 ans, déléguée de l'Alliance nationale des conseils étudiants de Corée du Sud (Chondaehyop), participa au 13eme Festival mondial de la jeunesse et des étudiants, qui réunit du 1er au 8 juillet 1989, à Pyongyang, 22 000 personnes venues de 177 pays.


Pour déjouer les services secrets sud-coréens, elle avait dû passer par le Japon, Berlin-Ouest et Berlin-Est avant d'atterrir à l'aéroport Sunan de Pyongyang le 30 juin 1989. Là, d'une voix tremblante d'émotion, la jeune femme commença par adresser ces mots à la foule immense venue l'accueillir:


« Je suis Rim Su-kyong, étudiante en dernière année au département de français de l'Université Hanguk des Langues étrangères, en Corée du Sud. Je suis venue au Festival en tant que déléguée de la Chondaehyop. Cela m'a pris dix jours pour venir ici, voyageant au total pendant 24 heures par avion, alors qu'il ne faut que quatre heures de voiture pour parcourir la distance qui nous sépare. La Chondaehyop participera au festival de Pyongyang. La jeunesse et les étudiants du Nord et du Sud, unis, parviendront à tout prix à la réunification du pays !»


Plus tard, devant les journalistes, Rim Su-kyong ajouta :


« J'ai fait un long voyage pour venir car je pensais qu'un million d'étudiants et 40 millions de gens de Corée du Sud devraient venir ici par tous les moyens. Dès mon arrivée, en vous voyant m'accueillir de manière aussi chaleureuse, et même en pleurant, je me suis sentie vraiment fière d'être venue à vous, comme une de vos compatriotes. Quand je rentrerai chez moi, je ne passerai pas par d'autres pays, mais j'irai en Corée du Sud en passant par Panmunjom, prête à mourir s'ils ne me permettent pas de passer. »


Après le Festival, Rim Su-kyong se rendit donc à Panmunjom, dans la zone démilitarisée (DMZ) séparant les deux Corée, avec d'autres marcheurs d'une trentaine de nationalités. Partie le 21 juillet 1989 du mont Paektu, à la frontière sino-coréenne, cette marche pacifique avait pour but d'atteindre le mont Halla, sur l'île de Jeju, partie la plus au sud de la Corée. Les marcheurs atteignirent Panmunjom le 27 juillet, exactement au 36eme anniversaire de la signature du cessez-le-feu de la guerre de Corée. Là, dans ce qui est appelé la « zone de sécurité conjointe » (Joint security Area, JSA), seule une bande de ciment, haute de 7 cm et large de 40 cm, marque la limite entre les deux Corée. « En franchissant la ligne de démarcation pour rejoindre mon foyer, je veux briser symboliquement la barrière artificielle qui déchire depuis quarante ans le peuple coréen », expliqua Rim Su-kyong. Mais les marcheurs ne furent pas autorisés à entrer en Corée du Sud, les autorités de Séoul ayant prévenu qu'elles s'opposeraient par la force à leur passage.


Ce même 27 juillet, à la demande de l'Association des prêtres catholiques pour la justice en Corée (APCJ), le père Moon Kyu-hyun rejoignit Rim Su-kyong (elle-même de confession catholique) pour garantir sa sécurité au moment de rentrer en Corée du Sud. Pour protester contre l'interdiction d'entrer en Corée du Sud, appeler au retrait des troupes américaines et exiger la signature d'un véritable traité de paix dans la péninsule coréenne, Rim Su-kyong et Moon Kyu-hyun menèrent une grève de la faim du 27 juillet au 1er août 1989.


Le 15 août 1989, 44eme anniversaire de la Libération de la Corée, Rim Su-kyong et Moon Kyu-hyun décidèrent d'emjamber la bande de ciment symbolisant la division de leur pays. C'était un geste inédit depuis l'établissement de la DMZ en 1953. Dès qu'ils posèrent le pied en Corée du Sud, Rim Su-kyong et Moon Kyu-hyun furent arrêtés. Affaiblie par ses cinq jours de grève de la faim, Rim Su-kyong fut envoyée à l'hôpital universitaire de Séoul pour y subir des examens. Le 18 août, elle fut arrachée de son lit par des agents des services de contre-espionnage sud-coréens et conduite dans un centre de l'Agence pour la sécurité nationale pour y être interrogée.

 

Face à l'attitude courageuse de l'étudiante, les autorités sud-coréennes ne reculèrent devant rien. Elles obtinrent - par quels moyens ? - que le propre père de Rim Su-kyong condamne publiquement sa fille, affirmant qu'elle est folle. La direction de la Chondaehyop dut, elle, entrer dans la clandestinité. 

 

En février 1990, pour avoir ainsi enfreint la Loi de sécurité nationale, Rim Su-kyong et Moon Kyu-hyun furent condamnés, respectivement, à dix ans et huit ans de prison. En juin de la même année, un premier appel, pointant des irrégularités dans leur procès, permit de réduire leur peine à cinq ans. Mais, en septembre, un autre appel fut rejeté par la Cour suprême sud-coréenne qui statua que, si une loi récente avait bien levé certaines restrictions quant à la coopération inter-coréenne, cela ne s'appliquait pas à Rim Su-kyong et au père Moon car « leur visite [en Corée du Nord] n'était pas propice à l'amélioration de la coopération Nord-Sud ».


Le sort de Rim Su-kyong et Moon Kyu-hyun émut le monde entier, déclenchant une vaste campagne de mobilisation en leur faveur.

 

En France, dès le 25 septembre 1989, le député Louis Pierna posa une question au gouvernement, rappelant notamment que le seul crime de Rim Su-kyong et Moon Kyu-hyun était « d'avoir séjourné quelques jours en Corée du Nord lors du festival mondial de Pyongyang, d'avoir bravé les interdits imposant à la Corée une séparation en deux Etats soutenue notamment par les Etats-Unis qui maintiennent en Corée du Sud une armée de plus de 43 000 hommes. »


« II serait tout à fait inadmissible que la volonté de Rim Su-kyong et Moon Kyu-hyun d'attirer l'attention internationale sur les conséquences de la coupure de la Corée se termine par une tragédie pour les intéressés dans l'indifférence des pays développés et notamment celle du pays de la Déclaration des droits de l'homme », concluait le député Pierna.


Dans sa réponse datée du 25 novembre 1989, alors qu'un mur venait de tomber à Berlin, le ministère français des Affaires étrangères dit « [ne pas pouvoir] se prononcer sur les motifs des incarcérations [de Rim Su-kyong et Moon Kyu-hyun] sur lesquels il ne dispose pas d'éléments suffisants », ne pouvant « que déplorer, dans ce cas comme dans d'autres, les restrictions apportées aux déplacements des hommes et des femmes qui souhaitent quitter leur pays ou le rejoindre ». Le ministère des Affaires étrangères ajoutait que « le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats interdit au Gouvernement français d'intervenir directement auprès des autorités sud-coréennes . De plus, une intervention n'apporterait aucune solution aux difficultés de circulation entre les deux Corée ».

 

Force est de constater que le gouvernement français n'a pas toujours fait preuve de la même volonté de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un autre Etat, en particulier dans ses réponses aux questions de l'AAFC sur les raisons de la non reconnaissance de la RPDC par la France...  La visite du président sud-coréen Roh Tae-woo, prévue en France au début du mois de décembre 1989, n'était sans doute pas  étrangère à l'extrême prudence de la réponse du gouvernement français. A Paris, pendant que ceux qui oeuvraient à la coopération entre les deux parties de la Corée et à la réunification étaient pourchassés, le président sud-coréen put ainsi déclarer, le plus sérieusement du monde, que « l'aspiration des hommes à plus de liberté et de bonheur est en train de renverser un mur qui divisait le grand village qu'est notre planète ».

 

Le Comité international de liaison pour la réunification et la paix en Corée (CILRECO, auquel est affiliée l'Association d'amitié franco-coréenne) lança une pétition internationale pour la libération de Rim Su-kyong et de Moon Kyu-hyun, signée par diverses personnalités, parmi lesquelles Hugues Auffray, Jean Ferrat, Gilles Perrault, Catherine Ribeiro, Siné...  

 

Lors de la réunion de l'automne 1990 de la Conférence épiscopale, les évêques sud-coréens décidèrent d'envoyer une lettre au président Roh Tae-woo, demandant la libération du père Moon, de Rim Su-kyong et de tous les prisonniers politiques afin de créer une atmosphère de réconciliation ne pouvant que faciliter la réunification de la Corée. Les évêques sud-coréens étaient pourtant réputés s'opposer sur un certain nombres d'initiatives prises par les catholiques engagés dans le mouvement pro- réunification, comme les prêtres de l'APCJ. En 1989, les évêques avaient même publié un communiqué pour s'opposer au voyage « illégal » du père Moon Kyu-hyun en RPDC, et affirmer que c'était au gouvernement d'établir des contacts avec la Corée du Nord.

 

Malgré le peu d'empressement du gouvernement français, et grâce à cette mobilisation internationale, Rim Su-kyong et Moon Kyu-hyun furent libérés le 24 décembre 1992. Liberté conditionnelle.


Après sa libération, Rim Su-kyong resta longtemps sous la surveillance constante des services de sécurité sud-coréens. Considérée comme « non convertie idéologiquement », elle pouvait retourner en prison à la moindre activité suspecte.


Elle passa d'abord beaucoup de temps à donner des interviews. Sans se plaindre, bien au contraire : « Un emploi du temps chargé me convient tout à fait, surtout quand je repense à cette solitude insupportable quand j'étais en prison. J'ai réalisé à quel point la solitude peut faire souffrir quelqu'un », disait-elle en février 1993.

 

Finalement « réhabilitée » en 1999, elle obtint même l'autorisation de se rendre aux Etats-Unis pour y étudier.

 

Dans le sillage de l'historique Déclaration conjointe Nord-Sud du 15 juin 2000, elle se rendit, officiellement, à Pyongyang en août 2001 avec la délégation sud-coréenne participant à une grande manifestation en faveur de la réunification. C'est ainsi que, douze ans plus tard, Rim Su-kyong put à nouveau fouler le sol nord-coréen.


Devenue journaliste, elle s'intéressa aussi aux questions d'environnement, tenant en 2004 une rubrique régulière intitulée « Les personnes magnifiques rencontrées par Rim Su-kyong » dans le mensuel Haein, un magazine lu majoritairement dans les milieux religieux et culturels. Rim Su-kyong voulait ainsi « rapporter les histoires de gens qui se dévouent pour améliorer l'environnement naturel et social tout en restant fidèles à leurs propres positions ».


Mais les milieux conservateurs sud-coréens ne lui ont jamais pardonné son voyage de l'été 1989 en RPDC. Quand le site Internet du quotidien conservateur Chosun Ilbo rapporta la mort accidentelle de son petit garçon âgé de huit ans, en juillet 2005, plusieurs lecteurs du site allèrent jusqu'à se réjouir de cette tragédie. Malgré son chagrin, Rim Su-kyong trouva la force de poursuivre en justice les auteurs des commentaires insultant son fils et répandant des rumeurs obscènes à son sujet.


Après ce drame, elle se retira dans un temple, puis voyagea dans plusieurs pays. Elle suivit aussi des études à l'Institut international pour la paix, à Vienne (Autriche), avant de rentrer en Corée du Sud en janvier 2009.


Rim Su-kyong est réapparue en public en mai et en août 2009, pour rendre hommage aux anciens présidents Roh Moo-hyun et Kim Dae-jung qui venaient de décéder. De 1997 à 2007, Kim Dae-jung puis Roh Moo-hyun avaient commencé à donner corps aux espoirs de réunification de la Corée qu'elle même portait en 1989. En se recueillant devant l'autel dressé pour le Président Roh, qui lui aussi franchit à pied la limite entre le Sud et le Nord en octobre 2007, peut-être Rim Su-kyong pensait-elle à sa propre expérience de l'été 1989 et à tout le chemin parcouru en 18 ans.


Elle donne aujourd'hui des cours de journalisme à l'université et présente l'émission « One Corea » sur une radio sud-coréenne, Radio 21. Dans un entretien accordé à l'occasion du vingtième anniversaire de son voyage à Pyongyang, Rim Su-kyong dit, sans le regretter, que les étudiants ne la reconnaissent plus :


« A l'Université des Langues étrangères, il y avait un tableau me représentant, mais personne ne m'a reconnu. Tant mieux pour moi. Si un étudiant me reconnaît, je lui dis de demander à sa mère. Pour les étudiants d'aujourd'hui, mon histoire ressemble à celles que j'entendais quand j'étais moi-même étudiante. Je ne veux pas être vue comme quelqu'un se faisant de la publicité avec une histoire vieille de vingt ans. »


Vingt ans après, l'histoire personnelle de Rim Su-kyong a fini par appartenir à l'histoire de la Corée, mais c'est presque malgré elle que la « Fleur de la Réunification » reste un symbole du combat contre un mur toujours debout.

 

Le mur érigé au sud de la ligne de démarcation miltaire,

tel qu'observé par la délégation de l'AAFC pendant le voyage d'août 2006 en RPD de Corée.


Principales sources :

Union of Catholic Asian News, "Korea priests arrested in attempt to help student re-enter South Korea", 2 août 1989, sur le site de l'Association des prêtres catholiques pour la justice

Bruno Peuchamiel,  « Kidnappée ! », L'Humanité, 19 août 1989, p.8

Réponse du ministre des Affaires étrangères à la question écrite n°17805 du député Louis Pierna, Journal officiel de la République française - Débats parlementaires de l'Assemblée nationale, 27 novembre 1989, p. 5212

« Le président a-t-il parlé de Rim », L'Humanité, 2 décembre 1989, p.12

« Appel international pour Rim », L'Humanité,  13 février 1990, p.32

Eglises d'Asie - Agence d'information des missions étrangères de Paris, « Les évêques demandent la libération des prisonniers politiques », bulletin n°100, 1er décembre 1990

The People's Korea, "Liberation Day celebration underlines pan-national will to reunification" , 25 août 2001

Jean K. Min, "Korean ex-activist sues for Web slander", OhmyNews, 25 janvier 2006

Comité européen pour la Déclaration du 15 juin 2000, "[이 종탁이 만난 사람]‘통일의 꽃’ 임수경", 11 octobre 2009

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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 10:33

Le 10 novembre 2009, des affrontements armés intercoréens se sont produits en mer de l'Ouest, pour la première fois depuis sept ans, après les précédents de 1999 et 2002. Alors que les deux gouvernements coréens donnent des interprétations contradictoires sur l'origine des combats et leur bilan, l'AAFC avait déjà souligné que, en l'absence de traité de paix dans la péninsule depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, la situation de tension permanente entre les deux Corée comporte des risques réels d'escalade, pouvant déboucher sur un conflit ouvert. Le dialogue est la seule solution viable pour parvenir à une paix durable dans cette partie du monde et que, plus jamais, des Coréens n'ouvrent le feu sur d'autres Coréens.

Ce mardi 10 novembre, des affrontements armés ont eu lieu entre des patrouilleurs nord et sud-coréens en mer de l'Ouest, pour la première fois depuis 2002.  Ces événements sont intervenus une semaine avant la venue à Séoul du président américain Barack Obama. Le mercredi 11 novembre, la secrétaire d'Etat américaine, Mme Hillary Clinton, a par ailleurs déclaré que n'était pas remise en cause la décision américaine d'envoyer à Pyongyang M. Stephen Bosworth, ambassadeur en charge des pourparlers à six sur la question nucléaire.

Comme c'est généralement le cas dans les situations de conflit, les deux parties donnent des versions contradictoires des faits. Pour le ministre de la Défense sud-coréen Kim Tae-young, le navire nord-coréen aurait pénétré intentionnellement à 1,6 km au Sud dans les eaux sud-coréennes. Après des signaux d'avertissement, les Sud-Coréens auraient procédé à des tirs d'avertissement et le bâtiment du Nord aurait ouvert le feu avant de se replier, en flammes. Toujours selon Séoul, les seules pertes seraient nord-coréennes (un mort et trois blessés).

Pour le ministère nord-coréen de la Défense, il s'agirait d'une "grave provocation armée du Sud" et les navires sud-coréens auraient ouvert le feu alors que le bâtiment du Nord se trouvait au Nord de la ligne de séparation maritime entre les deux Corée. Selon les médias officiels nord-coréens, le navire du Nord "n'aurait pas perdu de temps pour asséner en représailles un coup rapide aux provocateurs".

Si l'on compare les deux versions, la Corée du Sud ne semble pas nier avoir tiré la première, même si - selon Séoul - il s'agissait de "tirs d'avertissement", après les sommations d'usage. La nature et le contexte de ces tirs est contestée par Pyongyang, qui n'a par ailleurs pas donné d'informations quant à d'éventuelles pertes.

L'absence d'accord sur la ligne de démarcation Nord entre les deux Corée (Northern Limitary Line, NLL), frontière de fait définie par les seuls Américains à la fin de la guerre de Corée à la faveur de la supériorité de leurs forces navales en 1953, est de nature à occasionner de telles escalades meurtrières entre les deux Corée, qui sont heureusement restées circonscrites. Après
l'essai nucléaire nord-coréen du 25 mai 2009, la Corée du Sud avait rejoint l'Initiative de sécurité contre la prolifération (acronyme anglais, PSI), attisant les tensions intercoréennes, l'AAFC avait analysé différents scénarios possibles d'affrontement, y compris les accrochages en mer de l'Ouest qui viennent de se produire à nouveau, en exhortant toutes les parties à la retenue pour éviter que des Coréens n'attaquent militairement d'autres Coréens. Il y a ainsi lieu de s'interroger sur la décision de Séoul d'envoyer deux nouveaux navires de patrouille de 1.800 tonnes après les affrontements de mardi : regrouper des forces de guerre risque d'être perçu comme le signal à de possibles nouveaux accrochages.

Car il n'est pas d'engrenage irrésistible de la violence. Le troisième point de la déclaration commune intercoréenne Nord-Sud du 4 octobre 2007 spécifiait ainsi : "[le Nord et le Sud] ont décidé d'ouvrir à Pyongyang dans le courant du mois de novembre de cette année des pourparlers entre le ministre des Forces armées populaires du Nord et le ministre de la Défense du Sud pour délibérer sur les mesures à prendre pour instaurer la confiance militaire dont le projet consistant à fixer un secteur de pêche commun pour la prévention de conflits inopinés sur la mer de l'Ouest et à en faire un secteur de paix et les mesures d'assurance militaire en faveur de toutes sortes de collaboration".

L'AAFC espère que les leçons du récent affrontement permettront - enfin - de mettre en oeuvre les accords nécessaires à la prévention d'autres conflits, pour une paix durable dans la péninsule coréenne. 

Sources :
AFP, AP. Carte Gene Thorn, The Washington Post

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24 octobre 2009 6 24 /10 /octobre /2009 23:06

Lors des dernières discussions entre les Croix-Rouges des deux Corée, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) aurait, selon les médias sud-coréens, lié l'organisation de nouvelles rencontres de familles séparées - après celles ayant eu lieu du 26 septembre au 1er octobre 2009, à l'initiative de Pyongyang, pour la première fois depuis deux ans - à une reprise de la fourniture par les Sud-Coréens de céréales à leurs compatriotes du Nord, toujours soumis à une situation alimentaire critique. En annonçant le 18 octobre dernier qu'il n'envisageait la fourniture d'une "aide alimentaire" qu'en quantités limitées, le ministère de la réunification sud-coréen remet en cause une tradition de solidarité intercoréenne, qui a bénéficié tant au Nord qu'au Sud de la péninsule depuis la partition du pays en 1948. L'AAFC condamne ce chantage à l'arme alimentaire.

La Corée est une : c'est au nom du principe de solidarité nationale, au-delà des clivages politiques, que les Coréens du Nord comme du Sud de la péninsule ont toujours porté secours à leurs compatriotes situés de l'autre côté de la DMZ en cas de grave catastrophe naturelle. Ainsi, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a approvisionné le Sud en électricité après la partition pour pallier de graves pénuries, avant de fournir une aide de 12 millions de dollars aux victimes d'inondations en Corée du Sud en 1984. Réciproquement, les autorités sud-coréennes ont répondu à la situation alimentaire critique au Nord après les catastrophes climatiques des années 1990, en fournissant aux populations nord-coréennes, sous l'administration Roh Moo-hyun, 440.000 tonnes de riz et 300.000 tonnes d'engrais par an. De même, le gouvernement sud-coréen, à l'instar de nombreux citoyens et ONG au Sud de la péninsule, ont répondu présents, lors de l'appel lancé par la RPD de Corée à la communauté internationale après les inondations catastrophiques de l'été 2007.

Mais ce principe de solidarité nationale semble avoir vécu avec l'entrée en fonctions à Séoul, en février 2008, du président conservateur Lee Myung-bak. Les livraisons de céréales et d'engrais au Nord ont cessé, et malgré la demande qui aurait été formulée en ce sens, pour la première fois depuis février 2008, par la Croix-Rouge nord-coréenne lors de réunions préparatoires de nouvelles rencontres de familles séparées, le porte-parole du ministère sud-coréen de la réunification, M. Lee Jong-joo, aurait rejeté "toute aide massive", selon les termes de la presse sud-coréenne : suivant des déclarations faites à la presse le 25 octobre 2009, si aide il devait y avoir, celle-ci serait limitée aux enfants et aux nourrissons, sans dépasser un volume de 50.000 tonnes de céréales.

L'AAFC déplore d'autant plus vivement ce chantage à l'aide alimentaire, tel qu'il est pratiqué depuis près de deux ans par l'administration Lee en subordonnant les actions de solidarité à des critères politiques, que le rapporteur spécial des Nations-Unies pour la Corée du Nord, le Thaïlandais Vitit Muntarbhorn a lancé un cri d'alarme. Ce dernier, toujours très critique vis-à-vis de Pyongyang,
a jugé la situation alimentaire "désespérée", suite à des récoltes 2009 qui pourraient être aussi mauvaises qu'en 2007. Le manque de bonne volonté des donateurs internationaux n'a permis au Programme alimentaire mondial que de recevoir un tiers des besoins pour la Corée du Nord. Faut-il rappeler que les enfants sont les premières victimes des pénuries alimentaires, en affectant leur développement physique et intellectuel pendant leur vie entière ? 

Sources principales : AAFC,
AFP.

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3 octobre 2009 6 03 /10 /octobre /2009 23:13

Il y a deux ans se tenait à Pyongyang, du 2 au 4 octobre 2007, la deuxième rencontre intercoréenne au plus haut niveau, entre Kim Jong-il, président de la Commission de la défense nationale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), et Roh Moo-hyun, Président de la République de Corée (Corée du Sud). La déclaration commune intercoréenne signée à l'issue de ce sommet, le 4 octobre 2007, ouvrait la voie à un approfondissement des échanges et du dialogue intercoréens, en vue de la réunification de la péninsule, en réaffirmant les principes et en élargissant les politiques découlant de l'accord intercoréen du 15 juin 2000. Deux ans après, alors que la politique intercoréenne du nouveau président sud-coréen Lee Myung-bak (Grand parti national, conservateur) semble avoir tourné le dos à celle de ses prédécesseurs démocrates menée sur la base des déclarations communes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, quel bilan tirer de la déclaration du 4 octobre 2007 ? Si l'intransigeance de Lee Myung-bak a conduit les relations intercoréennes au bord du gouffre, le niveau aujourd'hui atteint par les échanges intercoréens montre que la déclaration du 4 octobre n'est pas restée, loin s'en faut, lettre morte.

La déclaration conjointe intercoréenne, signée le 4 octobre 2007 à l'issue de la deuxième rencontre Nord-Sud au plus haut niveau, avait soulevé un immense espoir parmi tous les Coréens d'une accélération du processus de dialogue et d'échanges, devant conduire à la réunification de leur patrie divisée depuis soixante ans. Deux ans après, si les orientations du nouveau président conservateur sud-coréen Lee Myung-bak (élu deux mois plus tard, en décembre 2007), ont sérieusement altéré les relations intercoréennes en tournant le dos à la politique du "rayon de soleil" de ses prédécesseurs démocrates, doit-on pour autant considérer comme caduc l'accord du 4 octobre 2007 ?

La spectaculaire reprise des échanges intercoréens, suite notamment à la rencontre à Pyongyang,
le 17 août dernier, entre le président de la Commission de la défense nationale de la RPDC Kim Jong-il et la présidente du conglomérat sud-coréen Hyundai, Mme Hyun Jeong-eun, a non seulement conduit à la reprise des échanges interrompus, mais également permis la mise en oeuvre de plusieurs des principes contenus dans la déclaration du 4 octobre 2007 :

- le rétablissement de la liaison ferroviaire intercoréenne, qui avait été ouverte le 1er décembre 2007 en application directe de l'accord intercoréen du 4 octobre 2007, avant d'être interrompue un an plus tard ;

- de
nouvelles réunions de familles séparées - les premières en deux ans - qui viennent de s'achever à la veille de la traditionnelle fête coréenne de Chuseok ;

- la perspective d'ouvrir au tourisme intercoréen les monts Kumgang, au Nord de la péninsule.

Ces points positifs ne doivent cependant pas occulter l'absence d'avancées, voire des reculs, sur de nombreux autres points de la déclaration du 4 octobre, qu'il s'agisse de nouveaux domaines de coopération bilatérale (comme la création d'une zone de pêche commune autour du port de Haeju), ou de la perspective d'un traité de paix dans la péninsule coréenne pour remplacer l'accord d'armistice de 1953 - suite notamment à la
décision de Séoul de rejoindre l'initiative de sécurité contre la prolifération des armes de destruction massive (PSI). De même, le commerce intercoréen, au cours des huit premiers mois de 2009, a diminué de plus de 20 % par rapport à 2008, même si cette situation est autant imputable à la dégradation des relations intercoréennes qu'à la crise économique internationale (les dernières prévisions tablent sur un recul de 1 % du produit intérieur brut sud-coréen en 2009).

Au final, une mise en oeuvre plus complète de l'accord du 4 octobre 2007 dépendra d'abord de la volonté des deux parties. Au Nord, à l'occasion du deuxième anniversaire de l'accord, le quotidien Rodong Sinmun l'a salué comme un texte fondateur qui apporte des lignes directrices pour la réunification du pays, en appelant à son application intégrale. Au Sud, la situation reste ambiguë : si
l'opposition démocrate appelle à l'application des déclarations du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 en revendiquant l'héritage des anciens présidents Roh Moo-hyun et Kim Dae-jung, l'un et l'autre récemment décédés, le gouvernement conservateur de Lee Myung-bak n'a pas formellement déclaré caducs ces deux accords intercoréens conclus au nom des gouvernements sud et nord-coréens, et qui continuent donc à engager chacun des Etats. Il a toutefois ouvert le procès des relations intercoréennes sous l'ère Roh Moo-hyun en poursuivant les partisans de la réunification, tout en formulant des propositions alternatives à la politique du "rayon de soleil". La dernière en date, appelée "grand marchandage" (sic), a à nouveau proposé des garanties de sécurité à Pyongyang et une aide économique, en contrepartie pour la RPDC de renoncer d'abord unilatéralement et inconditionnellement à ses armes nucléaires. Mais comme par le passé les pourparlers sur le nucléaire coréen ont buté sur le non-respect de leurs engagements par les autres parties que la RPDC, c'est sans surprise que le gouvernement nord-coréen a rejeté cette énième reformulation du "plan 3.000" du président Lee Myung-bak (visant à porter le produit intérieur brut par habitant de la Corée du Nord à 3.000 dollars à moyen terme, en contrepartie du renoncement à ses armes nucléaires et de réformes économiques). Les autorités nord-coréennes avaient dénoncé le "plan 3.000" comme une démarche misérabiliste fondée sur une ingérence dans ses affaires intérieures, contraire aux déclarations du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, et en dissociant les relations intercoréennes de la question de l'arme nucléaire, considérée comme une garantie de sécurité contre toute attaque américaine. Au demeurant, l'histoire ne fournit aucun exemple d'un Etat ayant accepté volontairement de procéder à son désarmement unilatéral, sauf à renoncer à sa souveraineté militaire (comme dans le cas de Panama, par exemple).  

Tout  accord suppose le consentement des différentes parties : les déclarations Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, même remises en cause par le pouvoir sud-coréen actuel, restent de plus sûrs fondements des relations intercoréennes que les schémas intellectuels du président sud-coréen Lee Myung-bak.

Sources : AAFC,
AP, Xinhua

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26 septembre 2009 6 26 /09 /septembre /2009 09:33

Pour la première fois depuis 2007, les réunions de famille séparées par la division de la Corée ont repris aujourd'hui dans les Monts Kumgang, au nord de la péninsule, et se poursuivront jusqu'à jeudi, juste avant la traditionnelle fête des moissons (Chuseok) pendant laquelle les Coréens honorent leurs ancêtres.

C'est un moment qu'ils attendaient depuis plus de soixante ans : du samedi 26 septembre au jeudi 1er octobre, plus de 880 Coréens - 545 du Sud, et 339 du Nord - rencontreront les membres de leurs familles, de l'autre côté de la DMZ, qu'ils n'ont pas revus ni contactés depuis deux générations. Alors que les deux Corée sont toujours techniquement en état de guerre depuis l'armistive ayant mis fin à la guerre de Corée en 1953, la loi de sécurité nationale - toujours en vigueur à Séoul - interdit aux Sud-Coréens de téléphoner, d'écrire ou d'envoyer un courriel aux Nord-Coréens sans autorisation gouvernementale.  

Les réunions de familles séparées qui commencent ce samedi sont le résultat de la
rencontre, le 16 août dernier, entre Kim Jong-il président de la commission de la défense nationale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), et Mme Hyun Jeong-eun, présidente du conglomérat Hyundai Asan, alors que l'intransigeance du président sud-coréen Lee Myung-bak, au pouvoir depuis février 2008, avait enrayé le dialogue intercoréen.

Des
rencontres entre les représentants des Croix-Rouge des deux Corée ont préparé ces réunions, qui se tiennent dans le complexe touristique dans les montagnes de diamant (les Monts Kumgang), au Nord de la DMZ, géré par Hyundai Asan. Deux groupes vont se rencontrer successivement pendant trois jours dans les Monts Kumgang. Yoo Chong-ha, président de la Croix-Rouge sud-coréenne, conduit le premier groupe sud-coréen, et son homologue nord-coréen, Chang Jae-un, le premier groupe nord-coréen.

La première rencontre était prévue ce samedi 26 septembre à 15 h 00 (heure locale), avant des réunions individuelles à partir de demain.


 

Sources : The Korea Herald, Xinhua

Photo : Tongil News

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