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23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 13:43

Cor-eUnie-copie-1.pngAlors que les tensions s'apaisent dans la péninsule coréenne après la fin des exercices militaires conjoints américano - sud-coréens, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a pris l'initiative d'une relance du dialogue intercoréen, en proposant à la République de Corée (du Sud) de commémorer en commun la première rencontre au sommet entre les plus hauts dirigeant du Nord et du Sud, qui avait conduit à l'adoption de la déclaration conjointe Nord-Sud du 15 juin 2000 entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et le président sud-coréen Kim Dae-jung. Cette annonce intervient dans un contexte d'intenses négociations diplomatiques bilatérales entre les Etats parties aux pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

L'annonce est venue de la partie Sud du Comité pour la mise en oeuvre de la déclaration conjointe du 15 juin, dont le président Jung Hyun-gon a déclaré publiquement, le 23 mai 2013, avoir reçu la veille une proposition de leurs homologues de la partie Nord pour une célébration conjointe de la déclaration du 15 juin 2000, dans deux lieux symboliques situés au Nord de la péninsule : les monts Kumgang, visités par 2 millions de Sud-Coréens de 1998 à 2008 et où se sont réunis des Coréens appartenant à des familles séparées, ou dans l'ancienne capitale royale de Kaesong, siège d'un complexe industriel intercoréen dont les activités sont actuellement suspendues.

Des célébrations intercoréennes conjointes du sommet de 2000 ont eu lieu, entre 2001 et 2008, dans les monts Kumgang.

Si le gouvernement sud-coréen a manifesté de très fortes réticences à ne pas piloter, côté Sud, les relations intercoréennes et s'agace des initiatives privées sud-coréennes visant à relancer le dialogue Nord-Sud, opposer un refus ferait apparaître ses appels à renouer le dialogue comme purement théoriques et pourrait également conduite les autorités nord-coréennes à fermer la porte des discussions. Un responsable du ministère de la Réunification sud-coréen a déclaré, sous couvert d'anonymat, que la décision de Séoul serait prise après une "analyse approfondie des événements récents" et de ses effets, afin d'éviter "toute controverse inutile sur la situation transfrontalière actuelle".

La proposition du Nord intervient dans un contexte d'intenses discussions bilatérales entre les Etats parties aux pourparlers à six (les deux Corée, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon). Si les Américains déclarent qu'il existe selon eux un front uni des cinq autres Etats vis-à-vis de la RPDC, dans les faits Pyongyang s'engage également dans des négociations bipartites.

La semaine dernière, Isao Iijima, conseiller spécial du Premier ministre japonais Shinzo Abe, a visité la Corée du Nord, où il a notamment rencontré Kim Yong-nam, président du praesidium de l'Assemblée populaire suprême. Isao Iijima est un spécialiste des questions nord-coréennes au sein du Parti libéral-démocrate (PLD, conservateur) au pouvoir à Tokyo, et il avait accompagné le Premier ministre Junichiro Koizumi lors de ses visites à Pyongyang en 2002 et 2004. L'ancienne majorité démocrate au Japon avait échoué - ou renoncé - à renouer le dialogue avec la Corée du Nord, dominée à Tokyo par la question des citoyens enlevés par les services secrets nord-coréens (mais que Pyongyang qualifie de personnes disparues), avancée comme argument par le Japon pour justifier son tête-à-tête récent avec la RPDC - qui a été par ailleurs ouvertement critiqué par la Corée du Sud. A Pyongyang, la question majeure est de celle de la reconnaissance par le Japon de ses crimes de guerre, y compris la prostitution forcée des "femmes de réconfort" pendant la deuxième guerre mondiale. Les deux pays ont renoué des discussions de haut niveau en novembre 2012.

Enfin, le vice-maréchal Choe Ryong-hae, directeur du bureau de politique générale de l'Armée populaire de Corée, est actuellement en visite en République populaire de Chine, en qualité d'envoyé spécial de Kim Jong-un, Premier secrétaire du Parti du travail de Corée.

 

Principales sources : AAFC, The Korea Herald.

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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 13:54

Sud-Coreens_quittant_Kaesong_27-04-2013.jpgSi les médias occidentaux se détournent de la péninsule coréenne, où la deuxième guerre de Corée, qu'ils ont déclarée une fois de plus, n'a pas eu lieu, la crise actuelle a déjà eu des conséquences désastreuses pour le dialogue intercoréen : la suspension des activités de la zone industrielle de Kaesong, le 9 avril dernier, est suivie du retrait en cours des employés sud-coréens qui y travaillent (photo à gauche, source RFI/Reuters). C'est le dernier legs majeur de la période de dialogue intercoréen de "la politique du rayon de soleil", sous les présidences démocrates à Séoul (1998-2008), qui est aujourd'hui menacé. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) plaide pour la reprise des échanges intercoréens et des activités à Kaesong, symbole de la réconciliation intercoréenne, ce qui suppose un dialogue sincère et sans exclusive entre toutes les parties.

 

A en croire les stratèges américains initiateurs du plan Playbook, au coeur de la dangereuse escalade des tensions autour de la péninsule coréenne, il n'y avait pas à craindre de réaction, autre que verbale, de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). C'était une grave erreur d'analyse. Non seulement les services de renseignement sud-coréens pronostiquent à présent la conduite imminente d'exercices militaires nord-coréens aériens et terrestres, en réponse aux exercices conjoints américano - sud-coréens de grande ampleur Key Resolve et Foal Eagle, mais les tensions ont déjà fait une victime : symbole de la réconciliation intercoréenne, la zone industrielle de Kaesong, au Nord de la DMZ, où 123 petites et moyennes entreprises sud-coréennes emploient plus de 53.000 ouvriers nord-coréens, a suspendu ses activités le 9 avril. Après le retrait des ouvriers nord-coréens, ce sont maintenant les cadres sud-coréens dont le retour au Sud de la péninsule est en cours, pour s'achever dans les tout prochains jours.

 

Dans une déclaration en date du 26 avril où il a dénoncé les initiatives prises par le gouvernement sud-coréen, dans le cadre notamment des exercices militaires conjoints avec les Etats-Unis, le département politique de la Commission de la défense nationale (CDN) nord-coréenne a estimé que "la zone industrielle de Kaesong est maintenant au bord de l'effondrement. Cette situation est entièrement imputable à l'hystérie militaire incessante du gouvernement fantoche sud-coréen".

 

Quelques jours auparavant, le gouvernement sud-coréen avait demandé la reprise du dialogue Nord-Sud sur la zone de Kaesong, mais dans des délais si rapprochés que les observateurs avaient estimé qu'il n'y avait aucune chance d'une réponse favorable des autorités nord-coréennes. En fait, il s'agissait surtout, pour le gouvernement de Mme Park Geun-hye, de se rallier l'opinion publique conservatrice, en rejetant sur Pyongyang la responsabilité éventuelle d'une rupture. Comme toujours sur les questions de réunification, les médias conservateurs, qui dominent la scène médiatique à l'exception notable d'Internet, avaient fidèlement relayé les positions de la droite sud-coréenne.

 

Mais cette manoeuvre a accru la colère des autorités de la RPDC, qui ont dénoncé l'initiative de Séoul comme un ultimatum inacceptable. Ainsi que l'a déclaré le bureau général [nord-coréen] pour l'administration centrale de la zone spéciale, dans un entretien donné à l'agence KCNA le 27 avril, "il y a eu de nombreuses propositions de dialogue dans l'histoire des relations intercoréennes, mais il n'y a aucun précédent" à la situation actuelle où les autorités sud-coréennes "proposent un dialogue avec la menace d'une "étape décisive" après avoir fixé une date limite, et c'est également sans précédent dans l'histoire des relations internationales". Le bureau général pour l'administration de Kaesong fait référence à une réunion intergouvernementale sud-coréenne sur Kaesong, où différents scénarios ont été évoqués : le ministre de la défense Kim Kwan-jin avait alors évoqué une possible intervention militaire pour libérer des "otages" qui seraient retenus contre leur gré. Réagissant avec véhémence contre ces accusations, les autorités nord-coréennes ont souligné que tous les Sud-Coréens présents à Kaesong étaient libres de rester ou non dans la zone industrielle, et que l'initiative de leur retrait provenait du gouvernement sud-coréen. Côté nord-coréen également, il est jugé indispensable de gagner la bataille de l'opinion publique, et l'entretien donné à KCNA le 27 avril figure ainsi en bonne place sur la page d'accueil du site de KCNA.

 

Au-delà du débat sur les causes et les responsabilités de chaque partie dans la suspension des activités de la zone de Kaesong, le fait est que sa fermeture serait non seulement catastrophique pour les relations intercoréennes, mais qu'elle aurait aussi de lourdes conséquences au plan économique. Les autorités nord-coréennes affirment être en mesure de faire face à ces conséquences qui pèseraient d'abord, selon elles, sur la Corée du Sud. L'activité de la zone spéciale représente des revenus annuels pour la RPD de Corée estimés à 90 millions de dollars. Son interruption aurait aussi un impact négatif pour attirer les investisseurs étrangers en RPD de Corée, alors que les Nord-Coréens cherchent à diversifier leurs partenariats économiques avec, notamment, d'autres pays que la Chine. Toutefois, la RPD de Corée a toujours placé au premier plan la défense de sa sécurité et de sa souveraineté nationale, et il serait hasardeux d'évaluer l'intérêt de Kaesong pour les Nord-Coréens au seul plan économique. Au demeurant, la proximité immédiate de Kaesong avec la DMZ lui confère une valeur stratégique : l'intérêt de la Corée du Sud n'est pas que cette zone économique, constituant aujourd'hui une enclave en Corée du Nord, devienne une région militaire. 

 

Les médias publics sud-coréens, comme l'agence Yonhap, s'efforcent de rassurer les PME présentes à Kaesong, qui sont les premières exposées dans la situation actuelle. Dans une dépêche en date du 28 avril, l'agence Yonhap souligne ainsi que "le gouvernement sud-coréen a annoncé qu'il formera une organisation spéciale afin d'aider les entreprises forcées de quitter Kaesong. Séoul a déjà indiqué mercredi dernier avoir pris des mesures pour fournir des fonds suffisants aux entreprises", plusieurs d'entre elles étant menacées de cessation de paiement. Les termes mêmes employés par l'agence Yonhap, parlant d' "entreprises forcées de quitter Kaesong", sont inquiétants : l'auteur sud-coréen de la dépêche (seulement identifié par son adresse courriel rainmaker0220@yna.co.kr) n'anticipe-t-il pas un peu hâtivement le départ de tout ou partie des PME sud-coréennes présentes à Kaesong ? Pour l'heure actuelle, les activités ne sont que suspendues, et on ne compte que quelques très rares cas d'entreprises sud-coréennes ayant dû quitter la zone industrielle pour des raisons économiques. Malgré les tensions intercoréennes apparues suite à l'entrée en fonctions du conservateur Lee Myung-bak à Séoul, en février 2008, les activités de la zone de Kaesong avaient toujours continué à croître, et le nombre d'entreprises présentes à augmenter. Les craintes d'une suspension des activités à Kaesong, plusieurs fois exprimées, notamment au plus fort des tensions intercoréennes, ne s'étaient jamais matérialisées. En 2012, le commerce extérieur intercoréen a atteint les 2 milliards de dollars en volume annuel, ces données traduisant la seule dynamique de la zone de Kaesong, après la suspension de la plupart des autres canaux d'échanges commerciaux suite aux sanctions prises par Séoul contre la RPD de Corée au printemps 2010, après le naufrage du Cheonan.

 

Dans un article en date du 10 avril, le quotidien sud-coréen Hankyoreh avait fait part du désarroi des chefs d'entreprise de la zone de Kaesong (photo ci-dessous). Les investissements de ces PME à Kaesong s'élèvent à 855 millions de dollars. 93 des 123 entreprises présentes disposent d'assurances dans la limite de 6,1 millions de dollars, tandis que les 30 autres entreprises n'ont aucune assurance pour couvrir une perte d'activités, révélant une faille du système de couverture assurantiel sud-coréen - a contrario, les investissements chinois en RPD de Corée disposent de garanties d'Etat. Les chefs des entreprises sud-coréennes de Kaesong, qui ont fait le choix d'un engagement personnel pour la réconciliation et la réunification de la Corée, ont déclaré qu'ils feraient tout leur possible pour un retour à la normale dans les meilleurs délais. Formons l'espoir qu'ils soient entendus.

 

Kaesong_chefs-d-entreprise_10_avril-2013.jpg

 

Sources : Hankyoreh, KCNA, Yonhap.

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 10:49

DeuxCor-e.jpgLe déploiement par les Etats-Unis de bombardiers furtifs B2 en Corée a entraîné, comme l'espéraient certainement les faucons américains à l'origine de cette initiative,  une nouvelle escalade  des tensions  dans la péninsule coréenne : après la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) qui a décrit un scénario de guerre, c'est la présidente sud-coréenne Park Geun-hye qui a évoqué, le 1er avril 2013, une "riposte violente et immédiate" en cas de "provocation" du Nord. Pour l'Association d'amitié franco-coréenne, de tels propos ne favorisent pas la nécessaire reprise du dialogue, seule à même de garantir la paix et la stabilité dans l'une des régions les plus militarisées au monde.

La tension a encore monté d'un cran dans la péninsule coréenne, et ce n'est pas l'annonce, par le porte-parole des forces armées américaines, de l'arrivée ce 31 mars 2013 de chasseurs furtifs F-22 Raptor dans le cadre des exercices militaires conjoints américano - sud-coréens en cours qui va contribuer au retour à un climat plus apaisé.

Lors d'une réunion du Comité central du Parti du travail de Corée (PTC) le 31 mars 2013, Kim Jong-un, Premier secrétaire du PTC, a souligné l'obligation qu'avait selon lui la RPDC de se doter d'armes nucléaires en qualité et en quantité suffisantes pour dissuader tout risque d'agression par l'armée américaine. Compte tenu du déséquilibre des forces conventionnelles avec les Etats-Unis, il s'agit de la stratégie de dissuasion "du faible au fort" développée notamment, en France, par le général de Gaulle.

Dans ce contexte, la principale novation a été le brusque haussement de ton à Séoul : alors que jusqu'à présent la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, investie en février dernier, maintenait un discours prudent combinant sa disponibilité à reprendre le dialogue intercoréen et sa fermeté face à la Corée du Nord, le voile s'est déchiré le 1er avril. Celle que l'agence de presse AFP présente comme la "chef de file des conservateurs et faucons sud-coréens" a pleinement embrassé la cause de ces derniers en évoquant une "riposte violente et immédiate", à l'issue d'une rencontre avec des hauts responsables militaires enclins à l'escalade avec Pyongyang, dont elle a ainsi épousé les thèses : "Je pense que nous devrions opposer une riposte violente et immédiate sans aucune autre considération politique si [le Nord] s’aventure à une provocation contre notre population."

Pendant cinq ans, son prédécesseur à la Maison bleue, Lee Myung-bak, a alterné coups de menton et offres de dialogue que la RPDC n'a pas considérées comme sincères au regard des propos intransigeants que tenait par ailleurs le président sud-coréen. Si Mme Park Geun-hye s'engage sur la même voie en s'en remettant aux faucons de son armée, elle encourt le risque de s'exclure elle-même de tout processus de retour au dialogue avec la RPDC, en laissant ainsi le champ libre à Pékin et Washington de conclure, avec Pyongyang, les conditions de nouvelles discussions pluripartites. Sauf si elle-même ne souhaite pas la reprise du dialogue intercoréen, ce que ses prochaines déclarations permettront de clarifier.

Source : AFP (dépêche reproduite sur le site de Libération)

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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 23:20

kim_kwang_hyok_press-conference_8_novembre_2012.jpgAprès Pak Jong-suk, c'est au tour d'un autre Nord-Coréen de témoigner, lui aussi passé au Sud avant finalement de choisir retourner vivre au Nord : Kim Kwang-hyok et son épouse ont fait part de leurs désillusions qui traduisent le sentiment d'un grand nombre de Nord-Coréens ayant quitté la République populaire démocratique de Corée après leur arrivée au Sud de la péninsule. Ce témoignage a été donné lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le 8 novembre 2012, au Palais de la culture du peuple, à Pyongyang. Mais, pas davantage que pour Pak Jong-suk, le témoignage de Kim Kwang-hyok n'a retenu l'attention des médias occidentaux, qui préfèrent tendre leurs caméras et leurs micros vers l'infime minorité de Nord-Coréens ayant défection au Sud, et engagés aux côtés de l'extrême-droite sud-coréenne dans une croisade anticommuniste. Comme pour les Cubains de Floride, les clichés véhiculés par une presse accommodante ont décidément la vie dure.

 

La presse occidentale fait souvent grand cas des défecteurs nord-coréens qui franchissent les frontières de leur pays natal dans la perspective de vivre une vie - censée être meilleure - au Sud. La situation économique nord-coréenne, qui doit composer avec le plus vieil embargo au monde, une topographie peu propice à l’agriculture et des aléas climatiques particulièrement lourds, a connu en effet des périodes difficiles qui ont poussé une minorité de Nord-Coréens à fuir les difficultés économiques aggravées par l’étranglement américain.

 

Le traitement de ce phénomène - réel mais limité (à titre de comparaison, les Allemands de l'Est passés à l'Ouest étaient des dizaines de fois plus nombreux) - s’arrête souvent ici dans la presse occidentale. Peu abordent les agissements dans l’ombre des services secrets sud-coréens - acquis aux théories conservatrices prônant la fermeté politique à l’égard du Nord, celles-là mêmes incarnées par l'actuel président sud-coréen Lee Myung-bak. En effet, beaucoup sont attirés par toute une propagande d’Etat qui incite les Nord-Coréens à faire défection et ne sont gratifiés de la nationalité sud-coréenne qu’après  avoir témoigné - à charge, forcément - contre la République populaire démocratique de Corée (RDPC, Corée du Nord). Ce fait à lui seul permet de relativiser la fiabilité des fameux ouvrages de défecteurs, racoleurs et privilégiant le spectaculaire à l’analyse politique, mais qui font aujourd'hui tabac en Occident, alors qu'ils restent assez confidentiels en Asie.

 

Kim Kwang-hyok et sa femme furent parmi ces Nord-Coréens qui, attirés au Sud par quelques « phrases-chocs » de la propagande sud-coréenne, ont décidé de franchir le pas. Cependant, la vie dans le Sud capitaliste où l’individualisme - pourtant assez contraire à la philosophie traditionnelle coréenne - règne de plus en plus en maître incontesté, n’est pas évidente pour ceux qui ont passé leur vie dans un pays ou « l’unité monolithique du peuple » est célébrée comme étant le ciment de la société. En effet, les transfuges du Nord n’ont pas vraiment une vie facile au Sud où ils sont ostracisés et incompris d’une population qui a été élevée contre le « frère ennemi » du Nord. C’est ainsi qu’en septembre 2012, après quatre ans passés au Sud, le couple décide de retourner dans son pays natal, comme il a pu le raconter lors d’une conférence de presse tenue à Pyongyang. A notre connaissance, un des rares médias occidentaux qui en a rendu compte à ce jour, en utilisant une dépêche de l'AFP, est le quotidien australien Herald Sun.

 

Cette fuite du Sud vers le Nord est à situer dans la lignée des derniers « retours au pays » qui n’ont eu droit qu’a un traitement minime dans l’actualité, comme le retour au Nord, en juin 2012, d’une autre femme nord-coréenne, Pak Jong-suk, après six années de vie au Sud. Enfin, rappelons que plusieurs étrangers comme l’ancien cuisinier japonais de Kim Jong-il ou le soldat américain James Dresnok (dépeint dans le film Crossing the Lines) sont retournés plusieurs fois à Pyongyang, James Dresnok s'étant même établi depuis plus de quarante ans dans la capitale de la RPDC.

 

 

Sources : AAFC, KCNA (dépêche du 8 novembre 2012, dont photo).

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 00:07

Compétition internationale universitaire multi-sports organisera par la Fédération internationale du sport universitaire (FISU), l'Universiade tiendra, en 2015, sa XXVIIIème édition d'été dans la ville sud-coréenne de Gwangju. Des contacts ont d'ores et déjà été pris par les organisateurs pour qu'une équipe coréenne unifiée participe à cet événement. L'Association d'amitié franco-coréenne formule des voeux de plein succès pour qu'aboutisse ce projet, qui serait le symbole de l'unité de la nation coréenne.

 

En juillet 2012, un accord a été signé entre le comité d'organisation de l'Universiade d'été 2015 de Gwangju et Wilfried Lemke, conseiller spécial au bureau des Nations Unies pour le sport au service du développement et de la paix (acronyme anglais : UNOSDP). L'objectif est ambitieux, mais à la hauteur des espoirs de tous les Coréens pour montrer que leur pays peut parler d'une seule voix sur la scène internationale : constituer une équipe unifiée en vue de cet événement sportif qui rassemble des étudiants de plus de 150 pays du monde, alors que la Corée du Sud accueillera la XXVIIIème édition d'été dans la ville de Gwangju, foyer des luttes en Corée du Sud - notamment étudiantes - contre le régime militaire sud-coréen et pour la démocratie.

 

ban_ki_moon_universiade-2015_Gwangju.jpgLe 29 octobre 2012, ce projet a reçu un soutien de poids en la personne du Sud-Coréen Ban Ki-moon (photo à gauche), secrétaire général de l'ONU, lors d'une manifestation à Séoul pour la promotion de la diplomatie sportive. Ban Ki-moon a déclaré : la rencontre mondiale du sport universitaire de 2015 à Gwangju « sera une merveilleuse opportunité pour les étudiants de se rassembler autour du sport et de la culture, des valeurs et de l’entente (...) Nous étudions même la possibilité que cette première équipe coréenne unifiée concoure ensemble pendant l’événement ».

 

Si les deux Corée ont à plusieurs reprises défilé ensemble sous une même bannière lors des cérémonies d'ouverture de manifestations sportives internationales, en particulier lors des Jeux olympiques, à l'époque de la diplomatie du "rayon de soleil", constituer une équipe unifiée représente une étape supplémentaire, plus rarement franchie. Les précédents sont déjà anciens et datent de 1991 : Coréens du Nord et du Sud avaient alors joué ensemble lors de la coupe du monde de football des moins de 20 ans, et une équipe unifiée avait aussi été constituée pour les championnats du monde de tennis de table au Japon.

 

La Corée du Sud a déjà accueilli les Universiades, à Taegu en 2003. Cette édition avait d'ailleurs été marquée par le plus grand nombre à ce jour de nations participantes (174). La ville de Gwangju a été sélectionnée, le 15 mars 2009, pour accueillir l'édition d'été 2015, en l'emportant face aux candidatures d'Edmonton, au Canada, et de Taipei.

 

Lors de la dernière édition des Universiades d'été, en 2011 à Shenzhen, la République de Corée (du Sud) s'est classée troisième au tableau des médailles, en emportant 28 médailles d'or, 21 médailles d'argent et 30 médailles de bronze. Pour sa part, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) avait décroché 2 médailles d'or, 2 médailles d'argent et 1 médaille de bronze.

 

Sources : AAFC, Yonhap (dont photo).

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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 00:12

DeuxCor-e.jpgAu moment où les traditionnels exercices militaires conjoints américano - sud-coréens Hoguk engagent des forces militaires plus nombreuses que d'ordinaire, le gouvernement sud-coréen multiplie les déclarations sur de "possibles" "provocations" nord-coréennes, monte en épingle une intrusion supposée de navires nord-coréens dans les eaux territoriales que revendique la Corée du Sud, et laisse courir la rumeur - dans la presse conservatrice qui lui est acquise - d'un "prochain" essai nucléaire qui n'est jamais survenu à ce jour, avant de devoir reconnaître qu'il n'y a pas d'activité inhabituelle autour des sites nucléaires nord-coréens... Aucun doute n'est permis : la campagne pour l'élection présidentielle sud-coréenne du 19 décembre prochain bat son plein, et pour la droite au pouvoir à Séoul tout est bon pour agiter une prétendue menace du Nord, en faisant souffler "le vent du Nord". Mais à force de souffler sur les braises de la confrontation entre le Nord et le Sud, la droite sud-coréenne non seulement déçoit cruellement les espoirs du peuple coréen pour la réunification, mais elle accroît les risques de conflit. Attachée à la paix dans la péninsule et à la solidarité entre tous les Coréens, l'Association d'amitié franco-coréenne appelle à changer de cap et à tout mettre en oeuvre pour revenir au plus vite sur la voie du dialogue intercoréen.

En plaidant pour augmenter la portée de ses missiles, la Corée du Sud du président conservateur Lee Myung-bak a entraîné une tempête de critiques, non seulement en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), mais aussi en Chine et dans les autres pays voisins, en relançant la course aux armements par une remise en cause des principes sur lesquels est fondé l'équilibre des forces en Asie du Nord-Est.

Puis la visite du Président conservateur Lee Myung-Bak sur l'île Yeonpeong, théâtre d'affrontements meurtriers entre les deux Corée il y a moins de deux ans, a soulevé de vives protestations de la Corée du Nord, qui a alors rappelé qu'elle ne reconnaît pas la ligne de démarcation maritime tracée unilatéralement par les Etats-Unis à la fin de la guerre de Corée.

Enfin une rencontre, le 24 octobre 2012, entre le ministre sud-coréen de la Défense et son homologue américain, sur des "consultations de sécurité", a à nouveau agité la prétendue menace nord-coréenne, alors que dans l'immédiat les exercices militaires conjoints Hoguk entre Séoul et Washington posent ces deux Etats en principaux responsables de l'escalade des tensions dans la péninsule. Conduits du 25 octobre au 2 novembre, ces exercices de guerre impliquent des forces combinées des trois armes (air, terre, mer), à hauteur de 240.000 hommes, soit 100.000 hommes de plus que l'an passé. Le 27 octobre, le Comité national pour la paix en Corée a publié un communiqué dénonçant les exercices militaires Hoguk.

Dans ce contexte, le secrétariat du Comité (de la RPD de Corée) pour la réunification pacifique de la Corée a réagi très vivement, dans un bulletin publié le 27 octobre 2012, contre le renforcement de l'axe Washington-Séoul contre la RPDC. Il a notamment mis en cause la perspective d'une réintroduction d'armes chimiques de destruction massive dans le Sud de la péninsule.

Pour sa part, l'Association d'amitié franco-coréenne est convaincue que ces manoeuvres préélectorales visent à faire "souffler le vent du Nord" en cherchant à favoriser la candidate conservatrice Park Geun-hye au scrutin présidentiel du 19 décembre 2012. L'expérience du dramatique naufrage du Cheonan, causé par une mine sud-coréenne et non par la RPDC, avait toutefois montré les limites des tentatives de manipulation de l'opinion publique : en juin 2010, quelques semaines après les conclusions de l'enquête officielle incriminant la RPD de Corée malgré le scepticisme d'une bonne partie de l'opinion publique, les élections locales s'étaient soldées par un échec de la majorité conservatrice au pouvoir à Séoul, et en dépit d'une campagne quotidienne de mise en cause de la Corée du Nord.

 

Principales sources : AAFC, KCNA

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29 septembre 2012 6 29 /09 /septembre /2012 22:06

Cor-eUnie-copie-1.pngAlors que le mandat du président sud-coréen Lee Myung-bak (Saenuri, conservateur ; non rééligible) approche de son terme, à moins de trois mois de la prochaine élection présidentielle à Séoul, il est l'heure de dresser le bilan des relations intercoréennes au cours des cinq dernières années. Le constat est celui d'un grave recul dans le dialogue et les échanges Nord-Sud, ce que déplore vivement l'Association d'amitié franco-coréenne au moment où elle commémore le cinquième anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007 qui apparaît plus que jamais comme la seule voie  raisonnable vers la réunification de la Corée.

S'il n'a jamais officiellement tourné le dos aux déclarations communes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, le pouvoir conservateur du président sud-coréen Lee Myung-bak a mené une politique nord-coréenne qui a sapé un à un les acquis du dialogue intercoréen de ses prédécesseurs démocrates Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun :

- après l'interruption - seulement un an après leur lancement - des visites sud-coréennes dans l'ancienne capitale royale de Kaesong, ce fut la fin du tourisme intercoréen des monts Kumgang, après la mort malheureuse d'une touriste sud-coréenne, le Sud étant resté fermé à toutes les propositions nord-coréennes de reprise de circuits qui avaient permis à près de 2 millions de visiteurs du Sud de découvrir les magnifiques montagnes de diamant et aussi d'abandonner certains de leurs préjugés à l'encontre de leurs compatriotes du Nord ;

- fin des échanges réguliers de familles séparées de part et d'autre du 38ème parallèle, malgré des reprises ponctuelles, à l'initiative notamment de la RPD de Corée, comme en septembre 2010 ; de même, un "niet" a presque toujours été opposé par les collaborateurs du président Lee Myung-bak à la poursuite des échanges sportifs et culturels, les défilés conjoints des athlètes du Nord et du Sud lors des cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques appartenant désormais au passé ;

- fin des livraisons d'engrais et de céréales au Nord, même les catastrophes humanitaires ayant frappé la RPD de Corée n'ayant pas conduit les autorités sud-coréennes à assouplir leurs positions ; après le dramatique bilan du passage cet été des puissants typhons Bolaven et Tembin qui ont balayé toute la péninsule, le gouvernement de Séoul a proposé, comme l'an passé, des produits ne correspondant pas aux besoins exprimés par le Nord et s'est logiquement vu opposer, comme l'an dernier, une fin de non-recevoir de ses homologues du Nord, qui demandaient des céréales et des matériaux de construction ; en réitérant une offre dont il savait d'avance qu'elle ne serait pas acceptée par le Nord, le Sud a créé délibérément les conditions d'un blocage du dialogue ;

- net ralentissement du développement de la zone économique spéciale de Kaesong, qui n'en reste pas moins la seule politique intercoréenne à avoir survécu au changement de cap décidé à Séoul ; officiellement soutenus par le président Lee Myung-bak, le raccordement des liaisons ferroviaires intercoréennes et la poursuite des gazoducs sibériens jusqu'au Sud de la péninsule n'auront en réalité marqué aucun progrès en plus de quatre ans.

- parallèlement à la répression qui s'est abattue sur les militants sud-coréens pro-réunification (et qui n'a pas épargné l'AAFC, objet d'une surveillance policière accrue et de manoeuvres des services secrets sud-coréens en France), l'armée sud-coréenne a injustement accusé la République populaire démocratique de Corée du dramatique naufrage du Cheonan, ayant conduit à la mort de 46 marins sud-coréens, en l'utilisant comme prétexte à une cessation des échanges économiques et humains et à un renforcement des exercices militaires conjoints avec les Etats-Unis, ce qui fait peser un climat de confrontation dans la péninsule coréenne et en Asie du Nord-Est.

L'administration Lee Myung-bak a invoqué la poursuite du programme d'autodéfense nord-coréen, notamment l'essai nucléaire du 25 mai 2009, pour imposer toute une batterie de sanctions et être à l'initiative de mesures répressives du Conseil de sécurité des Nations Unies vis-à-vis de la RPD de Corée. Mais il s'agit de prétextes fort opportunément utilisés, quand au contraire l'essai nucléaire nord-coréen d'octobre 2006 n'avait pas empêché, un an plus tard, la seconde rencontre intercoréenne au sommet, entre le Dirigeant Kim Jong-il et le Président Roh Moo-hyun. Si les anciennes administrations démocrates sud-coréennes tenaient compte des inévitables avancées et reculs dans le dialogue intercoréen pour faire progresser les échanges sur le long terme, les conservateurs au pouvoir depuis février 2008 ont suivi une ligne exactement inverse : en mettant en avant les tensions intercoréennes (dont ils sont parfois eux-mêmes directement à l'origine, comme dans le cas du Cheonan), et en minimisant systématiquement les avancées du Nord pour rejeter les occasions de reprise du dialogue, les autorités sud-coréennes ont mené consciemment une politique de déconstruction de la relation Nord-Sud.

En décidant d'organiser une réunion d'urgence des ministres chargés des affaires étrangères et de la sécurité le 26 septembre 2012, au lendemain d'une session de l'Assemblée populaire suprême de la RPD de Corée essentiellement consacrée à l'allongement de la durée obligatoire de scolarisation, le président Lee Myung-bak s'est inscrit dans une politique constante consistant à faire souffler le vent du Nord, en accréditant l'idée d'une menace venant de la RPDC, pour favoriser son camp à l'approche de chaque échéance électorale.

Au moment où des navires sud-coréens ont tiré sur des bateaux de pêche nord-coréens qui se seraient selon eux aventurés dans les eaux territoriales de la République de Corée, le département politique de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée a au contraire dénoncé l'intrusion répétée de la flotte du Sud dans les eaux territoriales nord-coréennes. Ces incidents, qui n'ont heureusement fait aucune victime, sont symptomatiques du climat du défiance qui s'est instauré entre les deux gouvernements coréens, à contre-courant de la déclaration du 4 octobre 2007 qui avait montré la voie à suivre en proposant l'instauration d'une zone de paix et de pêche conjointe dans les eaux disputées, alors que la ligne de limite Nord (Northern Limit Line, NLL) en mer de l'Ouest a été tracée unilatéralement par les Etats-Unis à la fin de la guerre de Corée. La candidate conservatrice à l'élection présidentielle de décembre, Mme Park Geun-hye, en parlant de l'application de la déclaration du 4 octobre 2007 dans le respect de la NLL, poursuit la ligne de l'administration Lee Myung-bak dans les relations intercoréennes, alternant faux appels au dialogue et vraies mesures de confrontation.

Le président Lee Myung-bak prétendait que seule la fermeté permettrait de faire prévaloir les intérêts du Sud dans les relations intercoréennes. Aujourd'hui, la péninsule est au contraire une zone de dangers accrus. Le renforcement de la défense sud-coréenne qui en a résulté a détourné des ressources qui auraient été mieux utilisées à l'amélioration de l'économie et du niveau de vie au Sud, dans un contexte de crise mondiale. Enfin, la politique délibérée de l'administration Lee Myung-bak d'étranglement économique de la RPD de Corée - en coupant les circuits d'échanges, à l'exception notable de Kaesong, sans doute car elle entraînerait la faillite des dizaines de PME sud-coréennes présentes au Nord de la DMZ - a créé une situation préjudiciable à la prospérité de tous les Coréens, qu'ils soient du Nord ou du Sud, tout en renvoyant à une échéance encore plus lointaine la convergence des deux économies. Cette convergence est pourtant l'une des conditions nécessaires à une réunification de la Corée dans les meilleures conditions possibles.

L'échec de la politique nord-coréenne du président Lee Myung-bak a apporté la preuve, par la négative, que la politique du rayon de soleil conduite entre 1998 et 2008 était la seule viable dans les relations Nord-Sud.

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2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 23:31

Le 1er septembre 2012, Oh Ik-jae (O Ik-je), ancien président leader religieux sud-coréen (de l'Eglise Chondogyo), ayant rejoint la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en août 1997, est mort à Pyongyang, à l'âge de 83 ans. Le lendemain, le 2 septembre 2012, c'est une autre figure religieuse, le révérend Moon Sun-myung, fondateur de l'Eglise de l'unification (souvent appelée "secte Moon") qui a disparu, à Séoul, âgé de 92 ans. Si la question de la réunification de la Corée a croisé les destins de Oh ik-je et Moon Sun-myung, c'est de manière totalement différente, selon notre analyse qui s'en tient strictement aux seules relations intercoréennes.

 

Après avoir été un des pourfendeurs du "communisme athée", le révérend Moon, originaire du Nord de la péninsule, avait rencontré le Président Kim Il-sung en 1991 : il en avait résulté une présence économique des entreprises liées à l'Eglise de l'unification en RPD de Corée, notamment dans l'assemblage des voitures Pyonghwa motors - mais dont la production est restée modeste (à notre connaissance, inférieure à 1.000 véhicules par an, faute de pouvoir le vérifier sur place, nos demandes de visiter les usines ayant toujours été refusées par les dirigeants du groupe sud-coréen) - ainsi qu'une floraison d'associations se disant favorables à la réunification de la Corée, comportant dans leur dénomination le mot "paix", et bénéficiant des importants moyens financiers de l'empire économique constitué par Moon.

 

L'Association d'amitié franco-coréenne s'est toujours maintenue à l'écart de l'Eglise de l'unification, qui a approché à plusieurs reprises nos dirigeants (dans la période récente, en 2007, 2010 et 2012, en visant chaque fois des personnes nouvelles et procédant différemment, par contact téléphonique, puis par une rencontre fortuite via des tiers, et enfin par l'envoi ciblé d'ouvrages sur le révérend Moon) - comme d'ailleurs ceux d'autres associations oeuvrant pour la réunification de la Corée.

 

En effet, d'une part, nous avons toujours considéré comme essentielle notre indépendance financière, en fondant nos activités sur nos seules ressources propres, issues des cotisations et des dons de nos adhérents et sympathisants.

 

D'autre part, il nous a paru pour le moins singulier que des coordonnées personnelles (comme des numéros de téléphone portable) aient été obtenues et utilisées par la secte Moon pour nous approcher. Nous avons été conduits à nous interroger sur de possibles liens entre l'Eglise de l'unification et les services de renseignement sud-coréens (successeurs de la KCIA) et américains, hostiles à l'AAFC et à ses membres. Roger Faligot a écrit dans Paris Nid d'espions (Parigramme, p. 53), à propos de l'enlèvement à Paris en 1979, puis de l'assassinat, de Kim Hyung-wook : "en 1973, Kim Hyung-wook, directeur de la KCIA, fait défection aux Etats-Unis. Quatre ans plus tard, il témoigne devant la sous-commission du Congrès et détaille les liens entre la secte Moon et la KCIA. Parmi ses révélations figure la mise en place de Radio Free Asia, qui émet en liaison avec la CIA américaine, tout en fustigeant la corruption de membres du Congrès américain achetés par le dictateur Park Chung-hee". Certes, la position de la secte Moon vis-à-vis de la Corée du Nord n'est plus la même en 1973 et en 2012, et nous avons pris bonne note qu'un responsable français de la Fédération pour la paix universelle - liée à l'Eglise de l'unification - a affirmé n'avoir pas transmis des données personnelles nous concernant à quelque service national de renseignement que ce soit. C'est toutefois le propre d'un service national de renseignement d'utiliser tous les réseaux possibles pour collecter de l'information.

 

Enfin, fondamentalement, l'AAFC est indépendante de tout mouvement politique, religieux ou philosophique. Les associations liées à la secte Moon ont au contraire, selon nous, un caractère religieux. Enfin, des auteurs comme Roger Faligot ont fait état de liens avec le régime militaire sud-coréen, que nous avons pour notre part toujours combattu, en nous plaçant délibérément du côté des partisans de la démocratie en Corée du Sud, qui ont souvent payé leur engagement au prix de leur vie.

 

Tel est le choix fait par un autre leader religieux, disparu presque au même moment, et dont nous saluons la mémoire : Oh Ik-jae avait pris part aux mouvements politiques pour la démocratisation de la Corée du Sud des militaires, ainsi qu'aux combats pour la réunification de la Corée. Après avoir dirigé le mouvement religieux Chondogyo, il était devenu un conseiller aux affaires religieuses du futur président démocrate Kim Dae-jung, à l'origine de la "politique du rayon de soleil" d'ouverture au Nord, conduite entre 1998 et 2008.

 

o_ik_je_oh_ik_jae.jpg

 

Alors que la campagne présidentielle sud-coréenne battait son plein, et devait aboutir à la première alternance démocratique dans l'histoire du pays, Oh Ik-jae choisissait de rejoindre la RPD de Corée en août 1997. Il n'était ni la première, ni la dernière personnalité sud-coréenne à faire ce choix, la loi de sécurité nationale - toujours en vigueur au Sud - créant un climat permanent de maccarthysme contre tout partisan de la réunification, mais aussi à l'encontre des contestations politiques et syndicales de l'actuel gouvernement conservateur.

 

Au Nord, Oh Ik-jae avait poursuivi son combat de toujours pour la réunification, en devenant vice-président du Comité pacifique pour la réunification de la Corée. Il était parallèlement membre du Comité central d'orientation de l'Association chondoïste de Corée, l'une des trois principales associations à caractère religieux de la RPD de Corée (avec les associations bouddhiste et chrétienne).

 

Le 2 septembre, l'agence KCNA de la RPD de Corée a rendu hommage au "patriote qui s'est dévoué à la démocratisation de la société sud-coréenne et à la réunification du pays". Une couronne de fleurs a été adressée par Kim Jong-un, Premier secrétaire du Parti du travail de Corée.

 

Sources : AAFC, AP, KCNA.

 

 

 

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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 18:59

Un curieux message est apparu en juin dernier sur les pages d'accueil des sites Internet de plusieurs missions diplomatiques sud-coréennes à l'étranger : il s'agissait de la reprise d'une note des services secrets sud-coréens envoyée aux ambassades de la République de Corée (Corée du Sud), et intitulée "Merci de ne pas fréquenter les restaurants nord-coréens". Sous des arguments peu convaincants, la note développait la thèse des néo-conservateurs américains sur la stratégie d'étranglement économique de la Corée du Nord. La vigueur des réactions en Corée du Sud a entraîné le retrait de ces messages sur Internet. L'Association d'amitié franco-coréenne dénonce ces pratiques d'un autre âge, révélatrices de l'emprise que continuent d'exercer les services secrets sur la société sud-coréenne. Comme les nobles émigrés de retour après la Révolution française et l'Empire, les espions sud-coréens n'ont "rien appris, rien oublié" depuis la chute du régime militaire à Séoul.

 

jon_yong_chol_conference_presse.jpgLe 19 juillet 2012, un Nord-Coréen ayant fait défection au Sud, Jon Yong-chol, a donné une conférence de presse au Palais de la culture du peuple, à Pyongyang, après son arrestation pour terrorisme. Il a déclaré être revenu au Nord en tant qu'agent d'une organisation soutenue par les gouvernements américain et sud-coréen, le Front de libération du peuple nord-coréen (FLPNC) dirigé par Kim Song-min, avec pour mission de détruire les statues des dirigeants nord-coréens, en vue de créer une situation d'instabilité politique. Il a précisé qu'il devait passer à l'acte le 27 juillet, célébré en République populaire populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) comme le jour de la victoire dans la guerre de libération de la patrie (guerre de Corée). Jon Yong-chol a détaillé devant la presse le mode opératoire envisagé pour l'explosion des statues, ainsi que les préparatifs engagés depuis la fin de l'année 2011. Le gouvernement sud-coréen a réfuté en bloc les déclarations de Jon Yong-chol, qui font état d'une tentative de déstabilisation d'un des deux Etats coréens par l'autre partie sans précédent dans l'histoire des relations intercoréennes depuis deux décennies.

 

Quelques semaines plus tôt, le gouvernement sud-coréen avait préféré adopter un profil bas sur une autre affaire, moins spectaculaire mais symptomatique de l'activisme des services secrets sud-coréens comme bras armé des conservateurs au pouvoir à Séoul dans leur politique de changement de régime au Nord. Le silence sur cette autre affaire a été observé par les médias sud-coréens conservateurs (Chosun Ilbo, Dong-A Ilbo, Joong-Ang Ilbo) et pro-gouvernementaux (KBS, Yonhap), alors que les preuves matérielles empêchent tout déni.

 

Comme l'a révélé le Hankyoreh, un des rares médias sud-coréens indépendants du pouvoir conservateur et considéré à ce titre comme l'un des plus fiables par l'opinion publique, une note du service national de renseignement sud-coréen (National Intelligence Service, NIS) a été adressée aux représentations diplomatiques sud-coréennes à l'étranger pour décourager les touristes sud-coréens de fréquenter les restaurants nord-coréens implantés en dehors de la péninsule. Des messages intitulés "Merci de ne pas fréquenter les restaurants nord-coréens" ont été publiés entre le 11 et 19 juin en page d'accueil des sites Internet de plusieurs ambassades et consultats sud-coréens.

 

L'argumentaire développé ne manque pas de sel : les restaurants nord-coréens sont décrits comme des entreprises uniquement destinées à procurer à la RPD de Corée des devises pour son programme nucléaire et balistique, tout client sud-coréen d'un restaurant nord-coréen se rendant ainsi complice d'une atteinte à la sécurité nationale sud-coréenne. Derrière l'inanité de telles affirmations, fondées sur les raccourcis les plus grossiers, se fait jour un raisonnement bien plus cohérent : plus la Corée du Nord sera asphyxiée économiquement, plus le vieux rêve de l'extrême-droite d'un effondrement de la RPDC aura des chances de se réaliser. Ce qu'oublient naïvement les "faucons" sud-coréens est que leur logique a pour seul effet certain d'appauvrir les populations nord-coréennes. Mais les ultraconservateurs sud-coréens ont montré de manière constante leur désintérêt pour la vie des Nord-Coréens, après avoir pratiqué depuis des années le chantage alimentaire

 

Sous couvert d'anonymat, un diplomate du ministère sud-coréen des Affaires étrangères et du commerce a déclaré "ne pas en croire ses yeux" en se demandant "à quelle époque nous vivons". Les messages sur les sites Internet ont finalement été supprimés sans plus d'explications par le ministère des Affaires étrangères sud-coréen. Mais pendant combien de temps la société sud-coréenne acceptera-t-elle encore de se plier aux caprices des services de renseignement, obligés d'inventer des ennemis imaginaires pour justifier le maintien de leurs privilèges ?

 

Sources : AAFC, Hankyoreh, KCNA (dont photo).

 

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9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 23:32

Le 24 mars 2012, Ro Su-hui, vice-président de la branche sud-coréenne de l'Alliance pancoréenne pour la réunification (Ponminryon), entrait en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), alors en deuil après la disparition du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il. Après un accueil chaleureux par ses compatriotes au Nord de la péninsule, Ro Su-hui a courageusement choisi de franchir la ligne de démarcation entre les deux Etats coréens, le long de la DMZ, pour retourner au Sud, en portant haut le drapeau de la Corée unifiée. Ro Su-hui a été accompagné notamment par Choe Jin-su, président de la branche nord-coréenne de la Ponminryon, et de représentants de l'Alliance pancoréenne de la jeunesse et des étudiants ainsi que du Comité Nord pour la mise en oeuvre de la déclaration conjointe du 15 juin. Mais dès qu'il a franchi la DMZ côté Sud, c'est un tout autre comité d'accueil qui l'attendait, comme le montrent les images ci-dessous : Ro Su-hui a été molesté et arrêté, au nom de la loi de sécurité nationale sud-coréenne, qui interdit tout contact entre le Nord et le Sud n'ayant pas fait l'objet d'une autorisation gouvernementale préalable. L'Association d'amitié franco-coréenne plaide pour que Ro Su-hui soit libéré, et que la loi de sécurité nationale soit abrogée.

 

adieux_a_ro_su_hui.jpg

 

ro_su_hui_franchissant_la_DMZ.jpg

 

ro_su_hui_arrestation.jpg

 

ro_su_hui_arrestation_3.jpgSource : Rodong Sinmun.

 

 

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