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30 août 2013 5 30 /08 /août /2013 15:52

Lee-seok-ki.jpgDepuis des mois, l'agence de renseignement sud-coréenne (National Intelligence Service, NIS) est dans la tourmente : alors que des preuves ont été apportées de sa collusion avec les conservateurs dans l'élection présidentielle de décembre 2012, remportée par la principale candidate de droite, Mme Park Geun-hye, ses responsables refusent de se soumettre au contrôle démocratique du Parlement dans le cadre d'une commissions d'enquête et bloquent toute réforme interne qui feraient entrer les services de renseignement, héritiers du régime militaire, dans le droit commun des démocraties parlementaires. Pour détourner l'indignation de l'opinion publique, nationale et internationale, le NIS fait ce que pratique tout service de renseignement dans la tourmente : ils grossissent la supposée menace extérieure (en l'espèce, venant de la République populaire démocratique de Corée, RPDC, Corée du Nord) en montant d'autres affaires pour faire diversion. La première tentative – rendre publique des échanges intercoréens en amont du sommet Nord-Sud de 2007 – a tourné court : d'une part, divulguer sans autorisation gouvernementale des documents confidentiels est une faute lourde ; d'autre part, faire croire que le Président démocrate Roh Moo-hyun, aujourd'hui décédé, aurait remis en cause la ligne de démarcation Nord (Northern Limitary Line, NLL) dans ses échanges avec la RPDC est apparu comme une manœuvre grossière visant, encore et toujours, à salir la réputation du Parti démocrate, principal parti d'opposition. Mais si la transparence était la préoccupation majeure du NIS, comme il l'a prétexté pour couvrir ses propres turpitudes, qu'il dise la vérité sur le dramatique naufrage du Cheonan ! Pris de court, paniqués, les dirigeants du NIS – avec la complicité et l'appui certainement d'une partie de l'appareil d'Etat aux mains des conservateurs – ont allumé deux autres contre-feux : une campagne de dénigrement de la RPD de Corée ciblant le dirigeant Kim Jong-un, et une attaque en règle contre des membres du Parti progressiste unifié (PPU), dont le député Lee Seok-ki (photo en haut à droite), accusés sans preuves de complot contre l'Etat.  

 

La première manœuvre de diversion du NIS est, à ce jour, la seule à avoir retenu l'attention des médias occidentaux, sans doute en partie grâce aux relais dans la presse des agents du NIS agissant sous couverture diplomatique et aux vieilles amitiés entretenues par la CIA, parrain et allié inconditionnel du NIS.


Les ingrédients traditionnels ont été réunis. Tout d'abord, le quotidien pour répandre la désinformation, le
Chosun Ilbo, est non seulement le plus conservateur de tous les journaux nationaux sud-coréens, il est aussi le relais habituel du NIS : quand ses directeurs veulent s'exprimer publiquement, c'est d'abord le Chosun Ilbo qu'ils choisissent, comme encore récemment à l'occasion du scandale créé par la divulgation des entretiens intercoréens de 2007 pour tenter de discréditer le Président Roh Moo-hyun.

 

Les affaires de mœurs au cœur du processus de désinformation mené par le NIS ne méritent pas qu'elles soient détaillées, ayant vocation à finir dans les poubelles de l'actualité. Ce qui importe surtout pour le NIS est qu'elles visent à compromettre le maréchal Kim Jong-un, au moment opportun d'un nouveau rapprochement intercoréen qui suscite, comme toujours en pareilles occasions, un raidissement du NIS soucieux d'entraver le dialogue intercoréen. Comme le premier coup d'essai du NIS, voulant faire croire à une prostitution à grande échelle en RPDC, a plutôt figuré dans la rubrique « insolite » ou « faits divers » des médias occidentaux, le NIS a répliqué en sortant la grosse artillerie : des pelotons d'exécution et des morts, dont prétendument une ancienne conquête du dirigeant... Pour la crédibilité du NIS, espérons que cette fois-ci les morts annoncés ne vont pas ressusciter, comme cela arrive malheureusement trop souvent pour eux. Kim Kye-gwan, un des principaux négociateurs avec les Etats-Unis, n'avait-il pas été donné en 2009 comme exécuté par le NIS et ses journaux aux ordres, avant de réapparaître pour accueillir l'ancien Président Carter à l'été 2009 ? Cette fois, toujours selon le NIS – pardon, le Chosun Ilbo – l'Orchestre Unhasu – celui-là même qui joue dans les grandes cérémonies et s'est produit en France en mars 2012, au cœur du scandale supposé, aurait été dispersé. Mais cette fois-ci, l'emploi du conditionnel permet de parer à toute éventualité, si quelque journaliste un peu attentif faisait observer, à l'avenir, que l'Orchestre Unhasu joue toujours et que ses musiciens vedettes sont encore en têtes d'affiche...

 

Ce qui est troublant, dans ces deux « affaires », est qu'elles touchent à des sujets tabous dans toute la Corée, Nord comme Sud : la prostitution et la pornographie, dont les visiteurs de la Corée du Nord peuvent pourtant attester qu'il est difficile d'en trouver la trace... comme s'il fallait que les services sud-coréens, obsédés (on peut le dire) par tout ce qui touche à la vie privée des dirigeants nord-coréens et aux questions de mœurs, avaient ressenti le besoin de signer leur œuvre de désinformation. Les services secrets occidentaux ont, eux, abandonné le montage d'opérations aussi grossières (pour mémoire, la pseudo affaire Markovic qui cherchait à compromettre Georges Pompidou et son épouse figure dans les annales de ce qu'il ne faut pas faire pour une agence de renseignement). Mais quelques journalistes crédules, peu avares de scoops sensationnels sur la Corée du Nord, ont été considérés par le NIS, à juste titre, comme suffisamment manipulables, la couverture du Chosun Ilbo servant à couvrir l'entreprise.

 

La deuxième manœuvre de diversion est encore plus inquiétante, dans la mesure où elle met en cause les fondements de la liberté d'expression en renvoyant aux heures les plus sombres du régime autoritaire quand il accablait – jusqu'à assassiner– ses opposants sur la base de complots imaginaires de collusion avec la RPDC. Le motif d'accusation - complot et tentative d'insurrection - était en effet tombé en désuétude depuis des décennies.

 

Le 28 août 2013, une descente de police a été opérée dans les locaux du député Lee Seok-ki (Parti progressiste unifié, PPU, gauche). Lee Seok-ki et 9 autres dirigeants du PPU sont suspectés de conspiration pour le renversement du gouvernement, notamment par des moyens armés et la destruction d'infrastructures de communication ! Une réunion de 130 membres dans un bâtiment religieux de Séoul (bien sûr non identifié), fin mai, au cours de laquelle auraient été entendus des chants révolutionnaires nord-coréens, servant de base à l'intervention musclée du NIS...

 

Comme l'a observé le quotidien de centre-gauche Hankyoreh, considéré à juste titre par l'opinion publique comme un des rares médias indépendants et le quotidien le plus fiable, ces accusations anachroniques tombent à pic pour le NIS. Le NIS est actuellement mis en cause pour son interférence dans la dernière élection présidentielle et reste prompt à faire souffler « le vent du Nord » pour empêcher une réforme qui conduirait à un contrôle démocratique des services sud-coréens. Par ailleurs, le PPU est un « plus petit poisson » que le Parti démocrate, qui contrôle près de la moitié des sièges du Parlement, après que la récente tentative du NIS de mettre en cause l'ancien Président Roh Moo-hyun lors du sommet intercoréen de 2007 se fut retournée contre ses auteurs.

 

Une source proche du NIS a déclaré au Hankyoreh que Lee Seok-ki était une « cible facile » pour une enquête anticommuniste des services sud-coréens, et que « l'enquête pouvait apparaître comme une tentative du NIS pour justifier son existence. Elle pourrait avoir comme objectif de bloquer les efforts visant à encadrer, voire éliminer, les branches interne et d'investigation du NIS, qui en constituent le coeur ». Deux jours avant la descente de police contre le PPU, la Présidente sud-coréenne Park Geun-hye avait assuré que le NIS serait réformé. Faut-il y voir une tentative désespérée du NIS de défendre un régime exorbitant du droit commun, en pesant sur les arbitrages internes au Gouvernement ? Il est apparu qu'une surveillance renforcée du député Lee Seok-ki avait commencé il y a trois ans... pourquoi cette soudaine précipitation, si les faits avérés étaient aussi graves ? Comme l'a montré une enquête du Hankyoreh, des sources proches de l'enquête s'interrogent en tout cas, sous couvert d'anonymat, sur la capacité réelle d'un petit groupe d'opposants à fomenter l'insurrection dont ils sont accusés, aujourd'hui sans preuves.

 

Sources : AAFC, Hankyoreh (notamment, articles des 29 et 30 août 2013, dont photo)

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23 août 2013 5 23 /08 /août /2013 16:13

Parmi les drames engendrés par la division de la Corée, les familles séparées de part et d'autre du 38ème parallèle représentent un enjeu humain extrêmement fort, trop de Coréens âgés disparaissant sans avoir pu revoir leurs proches. C'est pourquoi les réunions de familles divisées constituent l'un des enjeux majeurs du dialogue intercoréen. Le 23 août 2013, une rencontre organisée au niveau des Croix-Rouge du Nord et du Sud s'est conclue par un accord pour de nouvelles réunions de familles divisées, à compter du 25 septembre prochain, peu après la fête traditionnelle de Chuseok (cette année, le 19 septembre) pour laquelle, de chaque côté de la péninsule, les Coréens honorent leurs ancêtres.

   

20101031_453240_01.jpgDu 25 au 30 septembre prochains, 100 Coréens du Sud et 100 Coréens du Nord retrouveront leurs proches restés de l'autre côté. Les listes de participants seront échangées le 16 septembre, afin de s'assurer que les membres des familles séparées sont toujours vivants.

Comme lors des dernières réunions qui ont eu lieu en 2010, la rencontre aura lieu dans le complexe touristique des Monts Kumgang, au Nord de la péninsule, visité par près de 2 millions de Sud-Coréens dans le cadre d'un projet touristique intercoréen ayant commencé en 1998 et suspendu après la mort accidentelle d'une touriste le 11 juillet 2008. La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) avait proposé de discuter également de la reprise des circuits touristiques dans les monts Kumgang lors de la réunion qui s'est tenue ce 23 août de 10h à 21h au village de Panmunjom (côté Sud), mais la République de Corée (RDC, Corée du Sud) a souhaité disjoindre les deux sujets.

Alors que beaucoup de membres des familles séparées ne sont plus en mesure de se déplacer, des rencontres sont également organisées par visioconférence. Le 23 août, les deux parties ont donc aussi convenu d'une réunion par visioconférence entre 40 familles séparées. Par ailleurs, de nouvelles rencontres ont été prévues à partir de novembre, selon des modalités à déterminer ultérieurement, après les retrouvailles qui auront lieu, pendant six jours, du 25 au 30 septembre.

Un des enjeux des discussions à venir sera également la mise en place d'un processus régulier d'échanges, y compris par courrier, alors que, du seul côté Sud, 72.000 personnes attendent de pouvoir un jour retrouver leurs proches dont elles n'ont plus de nouvelles depuis plus de soixante ans.


Source : Bernama.

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14 août 2013 3 14 /08 /août /2013 21:29

Kaesong_representants-des-entreprises_manifestation_140820.jpgLe 14 août 2013, à la veille de l'anniversaire de la libération de la Corée de l'occupation japonaise en 1945 - célébrée comme une fête nationale dans l'ensemble de la péninsule - la septième série de pourparlers entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et la République de Corée (du Sud) sur la zone intercoréenne de Kaesong a abouti à un accord sur la reprise des activités du complexe industriel. Celles-ci avaient démarré en 2004 avant d'être suspendues en avril, dans un contexte de fortes tensions intercoréennes marqué par des exercices conjoints de grande ampleur entre les Etats-Unis et la Corée du Sud. Quelques jours plus tôt, la partie Nord avait proposé des garanties, répondant à la demande de la partie Sud, qui ont ouvert la voie à la conclusion de l'accord conclu le 14 août. Etait en jeu l'avenir de 123 entreprises sud-coréennes (ci-dessus, manifestation avec des pancartes de représentants des employeurs, le 14 août, source Jung Yeon-je-APF-Getty Images / Bloomberg), employant 53.000 ouvriers nord-coréens dans la zone de Kaesong. Le Nord et le Sud se sont engagés, pour l'avenir, à ce que les activités de la zone ne soient plus suspendues, quelle que soit la situation géopolitique.  Il est créé une commission conjointe Sud-Nord pour la gestion du complexe, devant également examiner le dédommagement des entreprises pour les dommages causés par la suspension des activités. Par ailleurs, les deux parties s'engagent à encourager les investissements des entreprises étrangères, alors que la zone est aujourd'hui exclusivement intercoréenne. Nous reproduisons ci-après le texte de l'accord en cinq points publié par l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, selon les documents transmis par le ministère sud-coréen de la Réunification. Il a été observé qu'il ne fixait pas de date précise pour la reprise des activités - celle-ci dépendant en pratique des délais d'approvisionnement, de remise en état éventuel des installations et de reprise de la production, comme les négociateurs l'ont précisé aux médias. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) salue l'accord ainsi conclu, de nature à pérenniser un symbole du rapprochement et de la coopération entre les deux Corée qui prépare le chemin vers la réunification de la péninsule.


La Corée du Sud et la Corée du Nord ont mené sept réunions de travail du 6 juillet au 14 août 2013 et ont consenti à la normalisation du complexe industriel de Kaesong comme suivant :


1. Le Sud et le Nord tâchent de ne pas répéter une suspension du complexe par l’interdiction de son accès ou par le retrait des travailleurs et de garantir la normalité des activités, comme l’accès du personnel sud-coréen au complexe, le travail des ouvriers nord-coréens et la protection des biens des entreprises, quelle que soit la situation géopolitique.

Le Sud et le Nord discuteront des moyens de dédommagement des dégâts encourus par les entreprises et par les parties prenantes dans une commission conjointe pour la gestion du complexe de Kaesong qui va être créée à l’avenir

2. Le Sud et le Nord garantissent la sécurité du personnel sud-coréen qui fréquente le complexe et la protection des biens des entreprises et résoudront les questions d’accès, de communication et de dédouanement.


    2-1. Le Sud et le Nord garantissent l’accès et le séjour en sécurité du personnel sud-coréen qui fréquente le complexe.


    2-2. Le Sud et le Nord protègent les biens investis par les entreprises et mettront en place un système d'enquête conjointe en cas de situation conflictuelle portant sur des actions illicites ou son dédommagement.


    2-3. Le Sud et le Nord prennent des mesures appropriées destinées à résoudre les problèmes d’accès, de communication, et de dédouanement : la garantie permanente de l’accès, de la connexion à l’Internet et de l’usage de la téléphonie mobile ainsi que la simplification et la réduction des délais de dédouanement. Les détails seront discutés par la commission conjointe pour la gestion du complexe de Kaesong.


3. Le Sud et le Nord encouragent la consolidation des activités des entreprises du complexe qui correspondent à un niveau international et s'efforceront de développer le complexe pour qu'il ait une compétitivité internationale.


    3-1. Le Sud et le Nord encouragent activement les investissements des entreprises étrangères.


    3-2. Le Sud et le Nord tâchent de développer des systèmes de niveau international tels que la gestion du travail, le régime fiscal, le salaire, l’assurance et les réglementations concernées.


    3-3. Le Sud et le Nord recherchent conjointement les moyens de rendre le complexe compétitif au niveau international, comme l'octroi d'un régime fiscal avantageux pour l’exportation des produits vers les pays tiers.


    3-4. Le Sud et le Nord mènent conjointement une campagne de promotion à l'étranger pour attirer les investissements.


4. Le Sud et le Nord forment la commission conjointe de la gestion du complexe de Kaesong pour exécuter ces diverses mesures et les comités seront assujettis à la commission en cas de besoin.

Pour ce faire le Sud et le Nord signeront un accord sur la création de la Commission conjointe du complexe industriel de Kaesong le plus vite possible.


5. Le Sud et le Nord élaboreront les moyens institutionnels pour garantir l’accès, le séjour en sécurité et la protection des biens et travailleront à soutenir l'entretien des équipements des entreprises et à la reprise des activités.


Par procuration, le chef de la délégation sud-coréenne : Kim Ki-woong
Par procuration, le chef de la délégation nord-coréenne : Pak Chol-su

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10 août 2013 6 10 /08 /août /2013 21:34

Les autorités du Nord et du Sud de la Corée ont déjà tenu, sans succès, six réunions de travail pour tenter de trouver les moyens de rouvrir la Zone industrielle de Kaesong, symbole du rapprochement intercoréen inauguré à la suite du sommet du 15 juin 2000. L'activité de la zone de Kaesong, située sur le territoire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a été suspendue en avril 2013, au plus fort des tensions dans la péninsule coréenne, consécutives à des manœuvres militaires américano-sud-coréennes d'une durée et d'une ampleur sans précédent. Le 7 août 2013, la RPDC, par la voix de son Comité pour la réunification pacifique de la Corée (CRPC) a proposé qu'une septième réunion ait lieu le 14 août, veille du 68emeanniversaire de la libération de la Corée, célébration commune à tous les Coréens. Le CRPC a donné des garanties à la partie sud-coréenne sur le bon fonctionnement du complexe de Kaesong, qu'il s'agisse de la sécurité des Sud-Coréens travaillant dans le complexe, du libre accès des personnels des entreprises sud-coréennes qui y sont installées ou de la présence des travailleurs nord-coréens sur les lieux de travail. En outre, la Corée du Nord affirme que la Zone industrielle de Kaesong ne devait plus être fermée pour des raisons politiques. La Corée du Sud a accepté cette rencontre, mais la normalisation définitive de la situation à Kaesong reste incertaine alors que de nouveaux exercices militaires américano-sud-coréens sont prévus pour la fin du mois d'août.

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Usine textile dans la Zone industrielle de Kaesong (photo : AAFC - septembre 2008) 

 

Le mercredi 7 août 2013, le porte-parole du Comité pour la réunification pacifique de la Corée, organisme de la RPD de Corée en charge des affaires intercoréennes a publié la déclaration suivante :

« Quatre mois ont passé depuis que le fonctionnement de la Zone industrielle de Kaesong (ZIK) a été provisoirement suspendu.

Les six sessions de discussions de travail entre les autorités du nord et du sud de la Corée pour normaliser le fonctionnement de la ZIK se sont avérées infructueuses et sont entrées dans une impasse sérieuse, rendant difficile d'envisager toute perspective.

La ZIK a apporté l'espoir et la foi en la réunification à nos compatriotes au cours de la décennie écoulée malgré toutes les tempêtes et tensions. Si elle s'effondre, cela blessera gravement les sentiments de nos compatriotes du nord et du sud et aura un impact épouvantable sur les relations intercoréennes. Les Coréens fêteront bientôt le 68eme anniversaire de la libération du pays, le 15 août.

Plus longtemps dure la tragédie provoquée par la division nationale imposée par les forces étrangères aux Coréens, plus insupportable devient leur peine et plus grandit leur espoir en la réunification.

A cet instant, comment laisser s'effondrer pour de bon la ZIK quand celle-ci a rendu si heureux nos compatriotes en tant que symbole de la réconciliation nationale, de la coopération et de la réunification ?

Actuellement, les parties nord et sud devraient sauver de la crise les biens communs de la nation et maintenir la zone à flot, non la mener à un naufrage total. C'est une décision patriotique et courageuse et un juste choix.

Le Comité pour la réunification pacifique de la Corée déclare solennellement ce qui suit comme il y est autorisé, poussé par son désir d'amener une nouvelle phase de réconciliation, de coopération, de paix, de réunification et de prospérité en normalisant le fonctionnement de la ZIK et en améliorant les relations intercoréennes, et par son intention d'alléger les souffrances des entreprises sud-coréennes et de minimiser leurs dommages ainsi que de répondre aux attentes et aspirations de l'opinion publique dans le pays et à l'étranger concernant la détente, partant de la responsabilité et de la mission qu'il a assumées devant la nation maintenant que le sort de la ZIK est dans une situation critique :

1. La partie nord lèvera la mesure de suspension provisoire du fonctionnement de la ZIK prise le 8 avril dernier et autorisera totalement l'entrée des entreprises sud-coréennes dans la ZIK.

2. Elle assurera la présence normale de ses travailleurs dans les entreprises sud-coréennes qui sont prêtes à fonctionner après vérification de leur équipement.

3. Elle garantira la sécurité du personnel de la partie sud dans la ZIK et protégera complètement les biens des entreprises.

4. Les parties nord et sud préviendront le retour à une suspension du fonctionnement de la ZIK et assureront le fonctionnement normal de la ZIK sans être affectées par quelque situation que ce soit quelle que soit la circonstance.

5. Si la partie sud répond à l'expression de cette position courageuse et généreuse, la partie nord tiendra sans la moindre précondition la septième session de discussions de travail pour la normalisation du fonctionnement de la ZIK, laquelle a été demandée à plusieurs reprises par les autorités de la partie sud, dans la zone le 14 août. Elle propose aussi que les discussions donnent de bons résultats et apportent de bonnes nouvelles à tous les Coréens dans l'élan du 15 août.

Nous exprimons l'espoir que les autorités sud-coréennes répondront positivement à cette proposition constructive. »

Le gouvernement de Séoul a répondu favorablement à la proposition faite le 7 août par la RPD de Corée et les deux Corée se retrouveront donc pour une septième réunion de travail le 14 août à Kaesong afin de tenter de sortir de l'impasse. Toutefois, le gouvernement sud-coréen a voulu rester prudent, le porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification déclarant le 9 août que « la Corée du Sud cherchera à obtenir une garantie qui permettra d'aider à normaliser le complexe industriel en allant de l'avant, en accord avec le bon sens et les normes ».

La réouverture de la Zone industrielle de Kaesong semble donc à la fois proche et incertaine et, loin du « bon sens » réclamé par le gouvernement sud-coréen, le Commandement des forces combinées (CFC) américano-sud-coréennes a annoncé le 10 août 2013 que les exercices militaires Ulchi Freedom Guardian auraient lieu du 19 au 30 août. Ces exercices annuels menés conjointement par les armées américaine et sud-coréenne visent, selon le CFC, à « améliorer leur posture défensive contre la Corée du Nord » et mobiliseront 50 000 soldats sud-coréens et 30 000 soldats américains, dont 3 000 venant des Etats-Unis et d'autres bases du Pacifique. La RPDC a déjà dénoncé ces manœuvres comme le prélude à une guerre menée contre elle.  Depuis son ouverture en 2004, les administrations américaines, bien qu'elles prétendent le contraire, ont été plutôt hostiles à l'égard du symbole du rapprochement intercoréen qu'est la Zone industrielle de Kaesong. En avril 2013, les manœuvres militaires conjointes américano-sud-coréennes Key Resolve et Foal Eagle, en faisant monter de plusieurs crans les tensions dans la péninsule coréenne, avaient entraîné la fermeture provisoire du complexe. En août, les mêmes causes pourraient avoir de pires effets.

Sources :

"CPRK Spokesman on Normalization of Operation in KIZ", KCNA, 7 août 2013

« Kaesong : Séoul souhaite une issue "raisonnable" », Yonhap, 9 août 2013

"S. Korea, U.S. to conduct joint military exercise in Aug. 19-30", Yonhap, 10 août 2013

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15 juillet 2013 1 15 /07 /juillet /2013 11:37

pak-chol-su suh-ho panmunjom juillet-2013En dépit de l'accord de principe des deux parties coréennes quant à la nécessité d'une reprise des activités de la zone intercoréenne de Kaesong, les discussions qui se sont tenues le 15 juillet 2013 n'ont abouti à aucun accord. Une quatrième série d'échanges est prévue après-demain. La partie Nord commence à mettre en doute la volonté du Sud d'aboutir à un accord, alors qu'une suspension durable des activités signifierait que les échanges Nord-Sud seraient pratiquement nuls, soit un retour en arrière d'un quart de siècle dans l'histoire du commerce intercoréen.

L'annonce en a été faite par le ministère de la réunification sud-coréen, à l'issue de la troisième série de pourparlers : "les discussions à la ville frontalière de Kaesong n’ont pas abouti à un quelconque accord (...) les deux camps [sic] se sont mis d’accord pour se réunir à nouveau mercredi", selon le site de l'agence officielle sud-coréenne Yonhap qui a commis par ailleurs un lapsus (révélateur ?) dans la retranscription des propos du ministère - au lieu de parler de "parties" aux discussions, elle a évoqué des "camps", utilisant un terme utilisé dans une situation de guerre ou de conflit.

Alors que le Nord considère qu'il y a lieu de permettre une reprise sans conditions des échanges, les demandes présentées par la partie Sud ne facilitent pas la conclusion d'un accord : obtention de garanties pour empêcher toute suspension des activités à l'avenir dans la zone, alors que le Sud impute la situation actuelle à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ; mise en conformité avec les normes internationales, notamment en matière de communication et de douanes ; transformation du complexe en une zone d'activité internationale, et pas seulement intercoréenne.

Chacune des deux parties se renvoyant la responsablité de la suspension des activités de Kaesong, symbole du rapprochement intercoréen, un débat sur les causes de la situation actuelle ne pourrait qu'éloigner davantage toute solution. Le texte commun sur lequel le Nord et le Sud s'étaient entendus le 7 juillet évitait ainsi d'entrer dans ce débat. En Corée du Sud, les partisans d'une politique d'isolement du Nord avaient vivement dénoncé cette omission volontaire, réutilisant alors une tactique classique de la présidence Lee Myung-bak : exiger préalablement des excuses du Nord, cette demande ayant alors permis de refuser toute reprise des échanges Nord-Sud.

L'élargissement de l'ordre du jour des discussions étant une stratégie connue d'enlisement, la partie Nord a commencé à mettre en doute la sincérité de la partie Sud.

En tout état de cause, la Corée du Sud ne montre pas le même empressement que la Corée du Nord à une reprise des échanges : dans un entretien donné à Pascal Dayez-Burgeon pour la revue française Politique internationale, la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a défendu sa vision d'une politique de confance ("Trustpolitik") à l'égard du Nord, en déclarant : "je ne veux pas d’un nouveau compromis décidé à la hâte".

Le temps presse pourtant pour les entrepreneurs sud-coréens présents à Kaesong, de nouveaux délais mettant en péril leurs acivités. Toutefois, conformément à l'accord du 7 juillet, 159 entrepreneurs sud-coréens appartenant à 49 entreprises textiles ont pu contrôler leurs installations situées au Nord de la DMZ, alors que commence la saison des pluies, et ramener des produits finis et des matériaux de production.

Par ailleurs, l'argument de Mme Park selon lequel la balle serait dans le camp de Pyongyang ne correspond pas à la réalité de l'histoire des relations intercoréennes, qui montre au contraire une continuité de la politique nord-coréenne réagissant aux changements d'orientations au Sud au gré des alternances politiques.

Comme l'a observé Haksoon Paik dans une contribution récente à un ouvrage collectif de chercheurs spécialistes de la Corée du Nord publié par la librairie du Congrès américain : "fondamentalement, il n'y a pas eu beaucoup de changement dans la stratégie et la politique de la Corée du Nord vis-à-vis du Sud (...). Pour l'essentiel, les changements dans la stratégie et la politique de la Corée du Sud - s'exprimant souvent dans la remise en cause des stratégies et des politiques du précédent gouvernement - ont été responsables de la plupart des évolutions dans les relations intercoréennes, qu'elles soient bonnes ou mauvaises". Comme l'analyse plus en détail Haksoon Paik, pendant les présidences Roh Tae-woo (1988-1993), Kim Dae-jung (1998-2003) et Roh Moo-hyun (2003-2008), dans l'application d'une politique de la carotte et du bâton, la Corée du Nord a alors choisi la carotte : le dialogue intergouvernemental, la coopération économique, les échanges sociaux et culturels, la coopération humanitaire. Mais quand les présidences sud-coréennes de Kim Young-sam (1993-1998) et Lee Myung-bak (2008-2013) ont visé à l'isolement de la RPD de Corée dans l'espoir de précipiter une réunification de la péninsule par effondrement de la Corée du Nord, les autorités nord-coréennes ont manié le bâton : vives attaques verbales, fin de projets intercoréens (comme le tourisme des Monts Kumgang, dont il n'est pas anodin que la RPDC enivsage actuellement la reprise après le départ du Président Lee Myung-bak de la Maison bleue), suspension des réunions de familles séparées...

 

L'enjeu, à présent, est de savoir si la présidente Park Geun-hye s'engagera sur la voie du dialogue intercoréen ou du rapport de forces. Si la chef de l'Etat avait critiqué la politique intercoréenne, impopulaire, de son prédécesseur Lee Myung-bak, elle est soumise à des influences contraires au sein même de sa propre famille politique. Soucieuse d'éviter toute accusation de faiblesse par son extrême-droite, elle cherche à obtenir des résultats tangibles - comme des garanties pour éviter toute nouvelle suspension des activités de Kaesong. Mais à mettre la barre trop haut, elle encourt le risque de tout perdre, et à réduire à néant les échanges commerciaux intercoréens.

 

Sources :

- AAFC,

- Pascal Dayez-Burgeon, "Corée du Sud : une femme aux commandes", in Politique internationale, n° 140, juillet 2013 ;  

- Haksoon Paik, "Changes and continuities in interkorean relations", in Kung-ae Park et Scott Snyder (sous la direction de), North Korea in transition. Politics, economy and society, bibliothèque du Congrès, Rowman and Littlefield Publishers, 2013, pp. 239-261 ;

- Yonhap, principalement, dépêche du 15 juillet 2013.   

 

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7 juillet 2013 7 07 /07 /juillet /2013 22:46

Le dimanche 7 juillet 2013 à 4h du matin heure locale, à l'issue de 16 heures de négociations, les délégations nord et sud-coréennes réunies à Panmunjom ont conclu un accord qui prévoit la reprise normale des activités de la zone intercoréenne de Kaesong. Si une nouvelle réunion doit se tenir le 10 juillet pour "normaliser" le fonctionnement du complexe de Kaesong et empêcher une suspension des activités à l'avenir, l'accord a d'ores et déjà été salué au Sud comme signalant une même volonté de redémarrer la zone industrielle, telle qu'elle ressort également du communiqué publié sur le site de l'agence nord-coréenne KCNA et que nous reproduisons ci-dessous, traduit de l'anglais.

 

pak-chol-su_suh-ho_panmunjom_juillet-2013.jpg

 

"Les discussions ont abordé les questions de la prévention des dommages qui pourraient être causés aux entreprises de la partie Sud pendant la saison des pluies, ainsi que de la normalisation des opérations dans la zone intercoréenne de Kaesong (ZIK). Un accord a été conclu.

 

Aux termes de cet accord, le Nord et le Sud laisseront les chefs d'entreprise concernés de la partie Sud et les autres personnels visiter la ZIK à partir du 10 juillet, vérifier et régler les équipements pour réduire les dommages. 

 

Le Nord et le Sud permettront aux chefs d'entreprise de la partie Sud d'emporter les produits finis et les matériaux de base et intermédiaires en dehors de la zone, et d'enlever les équipements conformément aux procédures qui s'y rapportent.   

 

Le Nord et le Sud assureront le passage des personnels et des véhicules de la partie Sud à l'intérieur et à l'extérieur de la zone, ainsi que leurs communications  et leur sécurité personnelle pour les raisons sus-mentionnées.  

 

Le Nord et le Sud s'assureront de la reprise des activités de la ZIK, suivant ces préparatifs, et ont décidé de tenir une prochaine série de discussions dans la ZIK le 10 juillet pour la normalisation des opérations dans la zone, y compris pour prévenir la survenue à nouveau de la suspension des opérations".

 

Source : KCNA.

 

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6 juillet 2013 6 06 /07 /juillet /2013 12:03

Une réunion de travail entre les deux Corée a commencé à Panmunjom, au Nord de la DMZ, le samedi 6 juillet 2013. Les représentants des deux parties doivent examiner les conditions d'une reprise des activités de la zone industrielle intercoréenne de Kaesong, suspendues en avril dernier dans un contexte de fortes tensions marqué par des manoeuvres américano - sud-coréennes de grande ampleur.

 

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Au moment de l'anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 juillet 1972, qui a posé les principes du dialogue intercoréen, les deux gouvernements coréens ont fait des propositions sur la zone de Kaesong, dont la suspension des activités, dommageable pour l'ensemble de la Corée, a été déplorée tant par le Nord que par le Sud, quelques semaines après l'échec d'une rencontre au niveau ministériel.

 

La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a proposé que les chefs d'entreprise sud-coréens présents à Kaesong puissent visiter leurs unités situées au Nord de la péninsule, avant notamment la période de fortes pluies de l'été qui peut entraîner de graves dommages. Pour sa part, la République de Corée (du Sud) a proposé la tenue d'une réunion sur la reprise des activités de Kaesong, acceptée par le Nord, qui a conduit à l'ouverture d'une réunion de travail à Panmunjom, dans la partie Nord de la zone démilitarisée, le 6 juillet.

 

La délégation du Nord est conduite par Pak Chol-su, vice-directeur du bureau de la direction générale du développement de la zone spéciale, et la délégation du Sud par Suh Ho, directeur du bureau des échanges et de la coopération du ministère de la Réunification. La veille, Kim Hyung-suk, porte-parole du ministère, avait fait savoir qu'était souhaitée la définition de principes sur le fonctionnement du complexe. Des journalistes ont pu accompagner la délégation du Sud.

 

L'Association d'amitié franco-coréenne espère l'aboutissement des négociations, alors que la zone de Kaesong, forte de 53 000 ouvriers nord-coréens, est un symbole de réconciliation et d'échanges hérité de la politique du rayon de soleil mise en oeuvre de 1998 à 2008.

 

Sources : AAFC, Fox News (dont photo), Yonhap.

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8 juin 2013 6 08 /06 /juin /2013 11:09

Le 8 juin 2013, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et la République de Corée (du Sud) ont convenu de renouer le dialogue : le 9 juin, une réunion préparatoire de travail se tiendra dans la zone démilitarisée, à Panmunjom, en vue de préparer une rencontre à un plus haut niveau - ministériel - le 12 juin à Séoul. La veille, Pyongyang avait rétabli les liaisons téléphoniques intercoréennes, suspendues lors des graves tensions en mars et avril dernier, et c'est d'ailleurs par ce canal que Séoul a répondu. L'interruption des liaisons était intervenue après le troisième essai nucléaire nord-coréen, en février, dans un contexte d'escalade militaire - dont on sait aujourd'hui que celle-ci s'inscrivait dans un plan délibéré du commandement américain. Si l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) se réjouit que Séoul ait répondu favorablement à la proposition de Pyongyang de réouvrir le dialogue intercoréen, elle observe qu'il faut maintenant rétablir des relations de confiance. De ce point de vue, la nouvelle direction sud-coréenne est confrontée à une responsabilité historique, pour permettre - ou non - qu'advienne une nouvelle ère de dialogue et de coopération dans la péninsule.

 

Kim-jong-un_Congress_Korean-Childrens--Union.jpgUne fois encore, c'est la République populaire démocratique de Corée qui a pris l'initiative de relancer le dialogue Nord-Sud. La ligne diplomatique nord-coréenne obéit à des constantes, la RPDC ayant été à l'origine des avancées sur la voie des échanges et des coopérations intercoréennes sans hésiter, en cas de blocage des autorités sud-coréennes, à adopter des positions d'extrême fermeté. Ainsi, le cours fluctuant des relations Nord-Sud a toujours reflété les changements de direction à Séoul, la période la plus récente ayant été marquée par une intensification sans précédent des échanges intercoréens sous les présidences démocrates de Kim Dae-jung (1998-2003) et Roh Moo-hyun (2003-2008), avant une profonde détérioration sous l'administration conservatrice du Président Lee Myung-bak (2008-2013). Après la suspension des activités de la zone intercoréenne de Kaesong - où quelque 120 PME sud-coréennes employaient 53.000 ouvriers nord-coréens, ce qui en faisait la mesure la plus emblématique du dialogue et de la réconciliation entre le Nord et le Sud - la balle est donc désormais dans le camp de la nouvelle chef d'Etat, Mme Park Geun-hye, entrée en fonctions en février dernier : va-t-elle rompre avec la politique d'intransigeance de son prédécesseur Lee Myung-bak, afin de permettre au dialogue intercoréen de repartir de l'avant ? En janvier, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un (à gauche, au 7ème congrès de l'Union des enfants coréens, le 6 juin 2013) avait déjà tendu la main au Sud pour réengager les échanges, mais les autorités sud-coréennes n'avaient alors pas saisi cette opportunité.

 

Alors que les dirigeants des principales puissances de la planète ont les yeux rivés sur la péninsule coréenne - au même moment se tient une rencontre entre les présidents américain Barack Obama et chinois Xi Jinping, et la question coréenne figure au programme de leurs échanges - Séoul vient de répondre positivement à une proposition de Pyongyang de renouer le dialogue intercoréen. La RPD de Corée a été très souple sur les conditions de la reprise des discussions, acceptant les demandes sud-coréennes tant en ce qui concerne le calendrier (le 12 juin) et le lieu (Séoul) que le niveau de la rencontre (interministériel). La seule demande nord-coréenne était de tenir une réunion technique préparatoire, qui aura lieu le 9 juin à Panmunjom, pour préparer au mieux les échanges prévus le 12 juin. Pour des raisons d'organisation et de délais, c'est le village de Panmunjom - où a été signé l'accord d'armistice de 1953, et où se tiennent régulièrement des rencontres intercoréennes - qui a été retenu.

 

Les sujets à l'ordre du jour ne sont pas limitativement énumérés : ils pourraint porter non seulement sur l'avenir de la zone de Kaesong, mais aussi sur une possible reprise du tourisme intercoréen dans les monts Kumgang, suspendu en juillet 2008, et de nouvelles réunions de familles séparées - alors que cette année marque le soixantième anniversaire de la fin de la guerre de Corée qui a entériné la division de la péninsule, sans se conclure par un traité de paix qui permettrait de prévenir de nouveaux affrontements intercoréens.

 

Par ailleurs, l'accélération du calendrier sur la reprise du dialogue intercoréen laisse à penser que Séoul pourrait également donner une suite favorable à la proposition de Pyongyang de célébrer en commun la déclaration intercoréenne du 15 juin 2000, cosignée dans le cadre de la première rencontre au sommet entre les dirigeants du Nord et du Sud de la péninsule. En outre, des initiatives conjointes pourraient être prises à l'occasion du 41ème anniversaire de la déclaration du 4 juillet 1972, premier accord intercoréen de haut niveau - et dont l'un des protagonistes était le général Park Chung-hee, alors Président de la République et père de l'actuel chef de l'Etat au pouvoir à Séoul, Mme Park Geun-hye, soucieuse de réhabiliter la mémoire de son père.

 

En tout état de cause, le moment actuel est crucial pour les relations intercoréennes : la nouvelle direction sud-coréenne, elle-même traversée par des différences de générations et d'intérêts, saura-t-elle tisser des relations de confiance avec les autorités nord-coréennes, qui apprécieront la sincérité de leurs nouveaux interlocuteurs ? A défaut, c'est l'ensemble du processus d'échanges intercoréens qui risque d'être durablement interrompu.

 

Sources : AAFC, iafrica.com (dont photo).

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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 23:47

Le jeudi 6 juin 2013, la République de Corée (du Sud) a accepté la proposition de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) d'engager des discussions sur plusieurs sujets, dont la zone industrielle intercoréenne de Kaesong - dont les activités ont été suspendues il y a deux mois, dans un contexte alors marqué par de très vives tensions autour de la péninsule. Si le niveau et les modalités du dialogue - date et calendrier, lieu - devront encore être précisés, il s'agit d'un signe encourageant de la volonté des deux parties de relancer le dialogue et les coopérations Nord-Sud.

 
Enfin : après des mois de tension, ayant conduit la Corée jusqu'au bord du précipice de la guerre, le Nord et le Sud semblent avoir trouvé un terrain d'entente et de dialogue, Séoul ayant répondu positivement à une proposition de Pyongyang de réouvrir des discussions sur plusieurs sujets de coopération : la zone d'activités intercoréenne de Kaesong ; de nouvelles réunions de familles séparées par la guerre, les dernières ayant eu lieu en septembre 2010, dans le contexte de la commémoration imminente du soixantième anniversaire de la fin des combats (photo à gauche). La possibilité d'une reprise du tourisme intercoréen des monts Kumgang, suspendu depuis juillet 2008, a aussi été évoquée.

 

Jusqu'à présent, le Sud exigeait des discussions à un niveau intergouvernemental, ce que semblent indiquer les thèmes de discussion. Quelle que soit l'issue des négociations, elles induisent la reconstruction d'une relation de confiance mentionnée à juste titre par le ministère sud-coréen de la Réunification, et qui est le préalable indispensable à la reprise du dialogue et des échanges Nord-Sud, comme une première étape sur le chemin de la réunification.

 

Sources principales : AAFC, Le Monde.

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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 16:19

Sud-Coréens quittant Kaesong 27-04-2013Après le refus du ministère sud-coréen de la Réunification d'autoriser des chefs d'entreprise sud-coréens de la zone industrielle de Kaesong à se rendre au Nord de la péninsule, l'incertitude grandit sur la reprise, ou non, des activités du complexe industriel, symbole de la coopération intercoréenne, suspendues depuis le 9 avril 2013, et où 53.000 ouvriers nord-coréens travaillaient jusqu'à récemment pour 123 PME sud-coréennes (photo ci-contre, les cadres et entrepreneurs sud-coréens quittant Kaesong). Dans ce contexte, il peut être tentant d'établir un parallèle avec la zone touristique des monts Kumgang, qui était également gérée par la filiale Hyundai Asan du conglomérat sud-coréen Hyundai, située au Nord de la péninsule, et visitée par quelque 2 millions de Sud-Coréens jusqu'à ce que la mort accidentelle d'une touriste, le 11 juillet 2008, entraîne la fin du tourisme intercoréen dans cette région. Mais un certain nombre de différences entre les deux projets industriels incitent à ne pas considérer comme définitif l'arrêt des activités à Kaesong, en imaginant les scénarios d'une sortie de crise.

 

Tout d'abord, les causes ayant conduit à suspendre l'un et l'autre de ces projets économiques intercoréens répondent à des situations différentes. Dans le cas du tourisme intercoréen des monts Kumgang, malgré la dégradation des relations intercoréennes ayant suivi l'élection du conservateur sud-coréen à la présidence de la République à Séoul (et dont avait rendu compte un éditorial du Rodong Sinmun, journal du Parti du travail de Corée, en date du 1er avril 2008), c'est un dramatique accident, fortuit, qui a conduit la partie sud-coréenne à décider de suspendre les circuits touristiques. Cette décision avait été prise à titre conservatoire, dans l'attente d'une enquête conjointe Nord-Sud qui n'a jamais eu lieu. En effet, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a mené seule ses propres investigations, après que les faits se furent produits dans une zone militaire où avait pénétré la touriste mortellement blessée, visiblement suite à une négligence du groupe Hyundai Asan dans l'entretien d'une clôture de sécurité. S'agissant de la zone industrielle de Kaesong, la suspension de ses activités - décidée par les Nord-Coréens dans un contexte de fortes tensions intercoréennes, au motif qu'ils ne pouvaient plus assurer la sécurité des Sud-Coréens présents sur le site - s'inscrit, pour sa part, dans le cours global des relations Nord-Sud.

 

Les conséquences économiques de la suspension des activités de l'une et l'autre zones spéciales - outre de moindres ressources en devises pour la RPD de Corée - ne sont pas non plus les mêmes du point de vue sud-coréen. Dans les monts Kumgang, c'est surtout le groupe Hyundai qui a subi un manque à gagner. A Kaseong, c'est un tissu de petites et moyennes entreprises qui sont menacées de faillite - si bien que l'une des premières mesures annoncées par les autorités sud-coréennes a porté sur leur indemnisation, alors qu'il avait été estimé que le groupe Hyundai pourrait économiquement faire face, seul, à la fin des circuits touristiques intercoréens dans les monts Kumgang.

 

Les entrepreneurs sud-coréens de Kaesong représentent ainsi un groupe beaucoup plus large, et potentiellement plus revendicatif, de citoyens qui peuvent peser dans la réouverture des échanges intercoréens de Kaesong. Ils se sont d'ailleurs aussitôt mobilisés et se sont fait entendre dans les médias - quand le groupe Hyundai avait choisi, pour sa part, des modes d'action plus discrets. Si, pour les monts Kumgang, la direction de Hyundai avait eu des échanges au plus haut niveau avec les autorités nord-coréennes, le gouvernement sud-coréen se méfie manifestement des initiatives prises par les chefs d'entreprise de la zone industrielle de Kaesong, en ayant refusé leur visite au Nord de la péninsule tout en disant clairement qu'il ne voulait, sur ce dossier, que des discussions intergouvernementales - c'est-à-dire piloter lui-même les relations Nord-Sud. Cette décision d'autorité est très peu libérale dans son esprit : l'argument selon lequel les Nord-Coréens pourraient ainsi créer des divergences entre le gouvernement et les citoyens de Corée du Sud n'est-il pas l'affirmation revendiquée d'un monolithisme sud-coréen, ce même monolithisme que le gouvernement sud-coréen reproche précisément à la RPD de Corée ? Elle est surtout le signe d'un malaise : réduits au rang de subordonnés des Etats-Unis dans la décision prise par Washington d'escalade des tensions en Corée, les gouvernants sud-coréens n'arrivent pas à imaginer la mise en place de canaux de dialogue intercoréens qui permettraient de relancer les discussions. Il pourrait s'agir soit de représentants du groupe Hyundai, jusqu'ici étonnamment discret, soit de personnalités politiques sud-coréennes disposant d'un meilleur crédit en RPD de Corée que les conservateurs aujourd'hui au pouvoir à Séoul.

 

Si les anciens présidents démocrates sud-coréens sont aujourd'hui décédés, des représentants de l'opposition sud-coréenne ont fait des offres de bons offices, au nom des intérêts supérieurs de la nation coréenne. Au demeurant, il existe des formules juridiques - comme les parlementaires en mission, agissant donc pour le compte de l'exécutif - qui permettraient aux autorités de Séoul de ne pas "perdre la face" dans leur exigence que les négociations soient conduites au niveau gouvernemental. Comme les deux gouvernements coréens partagent le même constat que la suspension des activités de Kaesong est regrettable, il est de l'intérêt d'envisager des voies nouvelles pour renouer un dialogue qui ne peut qu'être profitable à tous les Coréens, du Nord comme du Sud de la péninsule.

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