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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 00:01

Dans tous les pays du monde, les déclarations du plus haut dirigeant à l'occasion de la nouvelle année constituent un moment solennel. La Corée ne fait pas exception à la règle : après la cérémonie de voeux de la Présidente Park Geun-hye de la République de Corée (Corée du Sud), le Dirigeant Kim Jong-un de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) s'est à son tour adressé à ses concitoyens et au monde, le 1er janvier 2015, dans un discours de trente minutes. De part et d'autre, la volonté a été clairement exprimée de reprendre le dialogue intercoréen à un haut niveau, alors que cette année marque le soixante-dixième anniversaire de la libération de la Corée de l'occupation japonaise. Fidèle à ses engagements constants depuis 1969, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) accompagne pleinement la RPD de Corée sur la voie des échanges économiques et culturels, et soutient fermement toute initiative de nature à favoriser le dialogue, la paix et la réunification dans la péninsule - après que le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul, en 2008, a malheureusement ruiné les efforts accomplis en ce sens pendant la décennie de la "politique du rayon de soleil" (1998-2008) d'ouverture du Sud au Nord, et réciproquement.

Le Maréchal Kim Jong-un, Premier secrétaire du Parti du travail de Corée

Le Maréchal Kim Jong-un, Premier secrétaire du Parti du travail de Corée

Suivant un exercice rodé, dans ses voeux de nouvel an diffusés le 1er janvier 2015, le Maréchal Kim Jong-un s'est inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs, le Président Kim Il-sung et le Dirigeant Kim Jong-il, pour l'édification d'un pays socialiste puissant et prospère, sous la conduite du Parti du travail de Corée (PTC), alors que le 10 octobre 2015 marquera le soixante-dixième anniversaire de la fondation du PTC, dont le message de nouvel an a souligné qu'il donnerait lieu à d'importantes célébrations. 

Le dirigeant Kim Jong-un a fait le bilan de l'année écoulée et fixé les priorités pour 2015, en mettant l'accent, comme les années précédentes, sur la poursuite et l'accélération du développement économique ainsi que l'élévation du niveau de vie de la population. A cet égard, la récolte céréalière a atteint, en 2014, son plus haut niveau depuis les graves catastrophes climatiques des années 1990, lesquelles avaient engendré une sévère pénurie alimentaire. La mise en place continue d'une nouvelle infrastructure de loisirs marque la volonté de garantir l'accès le plus large à la consommation de biens et de services. Enfin, la modernisation technologique et la mise en exergue de l'importance accordée au progrès scientifique rendent compte de l'engagement de la RPD de Corée dans un nouveau cycle de croissance économique, se fondant sur l'effort réalisé en matière d'investissements en recherche-développement - y compris par un recours accru aux investissements étrangers. L'intervention mentionne également la nécessaire accélération de l'ouverture au tourisme international.

Le développement économique et social a été décrit comme indissociable du renforcement des capacités militaires, fondé notamment - comme en France - sur une force de dissuasion nucléaire, la RPD de Corée restant soumise au plus vieil embargo au monde.

Un des moments les plus attendus des voeux état de savoir si le Nord répondrait à la proposition formulée par le Sud quelques jours plus tôt, de relancer le dialogue et les échanges intercoréens, mis à mal par l'alternance politique qui a vu le retour au pouvoir à Séoul, en 2008, des conservateurs, parmi lesquels beaucoup privilégient au contraire le renforcement des sanctions en vue d'un effondrement de la RPD de Corée. En 2014, la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a mis en place un comité de préparation de l'unification, qui avait proposé au Nord, dans les derniers jours de décembre, de reprendre le dialogue interministériel dès janvier 2015 pour discuter de sujets d'intérêt mutuel, dont de nouvelles réunions de familles coréennes séparées par la division.

Le compte rendu de l'allocution de nouvel an publié par l'agence de presse nord-coréenne KCNA a souligné que la nation coréenne tout entière - du Nord, du Sud et de la diaspora - devait se retrouver derrière le mot d'ordre "Que l'ensemble de la nation fasse des efforts conjoints pour ouvrir un boulevard vers la réunification indépendante, en cette année du soixante-dixième anniversaire de la libération nationale !". En effet, si le 15 août a vu la libération de la Corée de l'occupation japonaise, l'indépendance s'est accompagnée de la division de la nation coréenne avec la mise en place d'institutions séparées de part et d'autre du 38e parallèle.

Plus précisément, le Maréchal Kim Jong-un a déclaré qu'il n'avait "pas de raison" de refuser la main tendue par le Sud, en apportant les précisions suivantes :

"Si les autorités sud-coréennes veulent sincèrement améliorer les relations entre la Corée du Nord et du Sud par le dialogue, nous pouvons reprendre les rencontres à haut niveau qui ont été suspendues. [...] Si l'atmosphère et l'environnement sont favorables, il n'y a pas de raison de ne pas tenir un sommet à haut niveau [avec la Corée du Sud]."

Si les autorités sud-coréennes ont raison de souligner qu'il s'agit d'une réponse positive, la RPD de Corée a rappelé qu'il faut que soient réunies les conditions d'un dialogue de haut niveau - un peu hâtivement interprété comme la possibilité d'un sommet Nord-Sud, dans la continuité de ceux de juin 2000 et octobre 2007. En effet, les canaux du dialogue existent déjà : le Nord avait pris l'initiative de l'envoi d'une délégation de très haut niveau lors de la cérémonie de clôture des Jeux asiatiques d'Incheon, au Sud, le 4 octobre 2014, qui coïncidait jour pour jour avec le septième anniversaire de la seconde déclaration conjointe Nord-Sud. Il s'agit donc déjà de reprendre les discussions, à l'occasion de l'anniversaire de la libération qui sera commémoré avec faste tant au nord qu'au sud de la péninsule, alors que la fin d'année 2014 avait été marquée par des initiatives du Sud qui avaient éloigné la perspective de renouer les fils du dialogue : les envois depuis le Sud de tracts de propagande contre la RPD de Corée, le rôle actif joué par Séoul dans la condamnation de la situation des droits de l'homme au Nord, enfin (et peut-être surtout) la répression exercée par les autorités sud-coréennes vis-à-vis des militants pro-réunification, dans la foulée de l'interdiction du Parti progressiste unifié (PPU), décrié comme "pro-Nord", qui s'inscrit dans une évolution autoritaire du régime du Sud. Tant que cette répression continuera, il est très improbable que le Nord accepte de servir de caution à la présidente sud-coréenne, dont la popularité vient de tomber en-dessous de la barre des 40 %.

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17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 17:26

A l’occasion du troisième anniversaire de la mort de Kim Jong-il (anniversaire qui a donné lieu à une table ronde organisée par l’AAFC), un parlementaire sud-coréen s’est rendu en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pour transmettre une couronne de fleurs et les meilleurs sentiments du peuple sud-coréen à l’occasion d’une cérémonie douloureuse pour la population de la RPD de Corée.

Rassemblement en hommage à Kim Jong-il, le 17 décembre 2014 à Pyongyang

Rassemblement en hommage à Kim Jong-il, le 17 décembre 2014 à Pyongyang

Il y a trois ans, le 17 Décembre 2011, disparaissait le dirigeant de la RPDC Kim Jong-il. Sa disparition avait donné lieu à une importante vague d’hommages venus des quatre coins du monde, rituel diplomatique auquel la France avait jugé bon de déroger, au mépris des bonnes pratiques de courtoisie en Asie et tout simplement de bonne tenue des relations diplomatiques. Pour célébrer les trois ans de sa disparition, date symbolique en Corée et dans le monde confucéen car elle marque la fin du deuil officiel, de nombreuses manifestations ont eu lieu à l’étranger (expositions, tables rondes comme à Paris, conférences). Les Nord-Coréens de Pékin, qui forment vraisemblablement la plus grosse communauté de Nord-Coréens expatriés, ont notamment tenu une cérémonie le 17 décembre dans l’imposante ambassade de RPDC, et ont pu venir y déposer des couronnes de fleurs blanches, à l’instar du N°5 chinois, Liu Yunshan.

En Corée du Sud, c’est un parlementaire de l'Alliance de la nouvelle politique pour la démocratie, Park Jie-won, qui a traversé la zone démilitarisée (DMZ) pour transmettre à ses interlocuteurs nord-coréens une couronne de fleurs, dans la ville symbole de Kaesong. Cette ville, ancienne capitale de la Corée, est surtout connue pour accueillir le complexe industriel intercoréen de Kaesong, lieu où la main d’œuvre d’excellente qualité nord-coréenne travaille dans des usines financées par le Sud. Le Complexe de Kaesong, qui représente le plus bel effort vers la réunification de la péninsule coréenne à ce jour (malgré les efforts de Washington pour freiner son développement), a vu le jour sous la présidence du Sud-Coréen démocrate Kim Dae-jung, notamment connu et respecté pour son approche pragmatique envers le Nord. Il avait notamment rencontré le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il lors de l'historique sommet intercoréen de  juin 2000. A la suite de son séjour en RPDC, M. Park a exprimé à la presse son sentiment selon lequel la RPDC a très envie de renouer le dialogue avec son partenaire du Sud, et a indiqué que l’année prochaine, qui marque les quinze ans du premier sommet intercoréen, serait vraisemblablement un bon moment.

A l’occasion du cinquième anniversaire de la mort de Kim Dae-jung, la RPDC avait notamment envoyé une couronne de fleurs au Centre pour la paix Kim Dae-jung, à Séoul. L’Association d'amitié franco-coréenne, dont un des principaux combats vise à la réunification indépendante et pacifique de la Corée, soutient tous les efforts des deux Etats coréens pour échanger sur une base équitable et réciproque.

 

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3 novembre 2014 1 03 /11 /novembre /2014 00:08

Le 1er novembre 2014, le Comité pour la réunification pacifique de la Corée (CRPC), basé en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), a déclaré que le dialogue Nord-Sud ne pourrait pas se tenir tant que se poursuivraient les opérations de lancers de ballons emportant des tracts hostiles à la RPDC depuis le Sud de la péninsule. Le CRPC a dénoncé des opérations portant atteinte à "la dignité du commandement suprême de la RPDC". Les autorités sud-coréennes ont déclaré vivement regretter cette décision, tandis que le ministère de la Réunification de la République de Corée (Corée du Sud) a déclaré que, contrairement aux affirmations de la RPDC, ils ne protégeaient ni ne soutenaient les groupes civiques procédant aux lâchers de tracts. Mais qu'en est-il exactement? L'AAFC a retracé le fil des événements, notamment à partir des médias chinois, soucieuse de donner une version exacte des faits.

Le 4 octobre 2014, la visite impromptue de dirigeants nord-coréens au Sud, à l'occasion de la cérémonie de clôture des Jeux asiatiques d'Incheon, a relancé de manière spectaculaire le dialogue intercoréen, à l'initiative du Nord. Le principe d'une seconde rencontre de haut niveau Nord-Sud avait alors été acté, à une date restant à déterminer, fin octobre ou début novembre.

Le 15 octobre, la Corée du Sud a proposé la date du 30 octobre. Mais la RPDC, très opposée à la distribution de tracts hostiles par des groupes d'activistes depuis le Sud, n'avait pas donné suite, tout en annonçant qu'elle pourrait répliquer militairement en tirant sur les ballons transportant ces tracts.

Le 25 octobre, des groupes anti-RPDC ont été empêchés de procéder à l'envoi de ballons par les habitants, qui leur reprochaient de mettre leur sécurité en danger, ainsi que par des militants progressistes favorables à la résolution du conflit Nord-Sud par la voie du dialogue. Les activistes anti-Corée du Nord ont finalement procédé au lancement la nuit, dans une zone proche de celle initialement retenue. Le lendemain, la Commission de la défense nationale (CDN) de la RPDC a adressé un message à la présidence sud-coréenne, dans lequel elle déclarait qu'elle reconsidérait la décision d'une rencontre de haut niveau Nord-Sud dans la mesure où les autorités du Sud n'avaient pas empêché le lancement de tracts.

Le 28 octobre, la CDN de la RPDC a indiqué aux autorités de la Corée du Sud qu'il leur appartenait de choisir entre poursuivre le lancement de tracts anti-RPDC ou organiser des pourparlers de haut niveau, en les accusant de remettre en cause les conditions du dialogue intercoréen.

Le ministère sud-coréen de la Réunification a alors répondu qu'il n'existait pas de moyens juridiques de s'opposer à la décision des groupes d'activistes de lancer des tracts. Mais cet argument est en réalité spécieux, sinon faux : les autorités sud-coréennes ont les moyens de refuser le survol aérien de la DMZ en tant que zone militaire, et ont d'ailleurs adressé un tel refus... mais à un groupe civique qui entendait condamner la gestion par le Gouvernement du naufrage du Sewol.

Si l'on ajoute que les activistes sud-coréens anti-RPDC sont une des composantes de l'électorat conservateur, on comprend dès lors mieux la relative bienveillance des autorités du Sud à leur égard. Mais ont-elles aussi soutenu les opposants anti-Corée du Nord, directement ou indirectement, par l'inaction des militaires et des forces de police, comme les en a ensuite accusés le Comité (nord-coréen) pour la réunification pacifique de la Corée ? Compte tenu de l'opacité sur l'armée sud-coréenne, il est difficile de trancher sur ce point. Mais une certitude est que la République de Corée n'a pas mis en oeuvre (tous) les moyens juridiques dont elle dispose pour permettre la poursuite effective du dialogue Nord-Sud, après avoir pourtant accepté la main tendue par Pyongyang le 4 octobre dernier.

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23 octobre 2014 4 23 /10 /octobre /2014 21:49

Le 10 octobre 1980, à l'occasion du sixième congrès du Parti du travail de Corée le Président Kim Il-sung de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) formulait la proposition d'une République fédérale démocratique de Koryo, consistant en la formation d'un seul gouvernement, compétent pour les questions politiques, militaires et diplomatiques, chaque partie - Nord et Sud - reconnaissant et admettant l'idéologie et le régime de l'autre. Cette solution pragmatique - consistant en une confédération - a inspiré le rapprochement et les échanges intercoréens, en favorisant les coopérations dans le cadre des déclarations conjointes du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 auxquelles se réfèrent pleinement les autorités nord-coréennes. En revanche, du côté sud-coréen, les positions ont fluctué suivant les gouvernements et les chefs d'Etat, et la période récente a encore fait apparaître les ambiguïtés et les atermoiements des positions exprimées par la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, alors que le Nord a multiplié les gestes d'ouverture ces derniers mois.

Le Président Kim Il-sung devant le sixième congrès du Parti du travail de Corée, à Pyongyang en octobre 1980

Le Président Kim Il-sung devant le sixième congrès du Parti du travail de Corée, à Pyongyang en octobre 1980

Officiellement, pour la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, il s'agit de conduire les relations intercoréennes sur la voie d'une trustpolitik, c'est-à-dire d'une confiance mutuelle. Mais où est la confiance avec le Nord, quand Mme Park Geun-hye, dans son discours prononcé le 24 septembre 2014 devant l'Assemblée générale des Nations Unies, a mis l'accent sur l'abandon préalable par le Nord de ses armes nucléaires, brandi la question des droits de l'homme et "appelé la communauté internationale à se tenir à (ses) côtés", alors que les déclarations conjointes Nord-Sud du 15 juin 2000 mettaient l'accent sur la réunification par les efforts des Coréens eux-mêmes, sans ingérence extérieure ? De telles propositions ont repris la vieille lune de la "réunification par absorption", mise en oeuvre avec les limites que l'on connaît en Allemagne.

Pour sa part, la RPD de Corée est restée fidèle à ses propositions de principe, basées sur le fédéralisme comme une réponse pragmatique et adaptée à la situation de la Corée en vue d'avancer sur la voie de la réunification. Lors de la même session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Ri Su-yong, ministre des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, a répondu le 27 septembre 2014 en s'opposant à la posture arrogante de la chef d'Etat sud-coréenne : il a appelé à une résolution pacifique de la question nucléaire, en cessant les manoeuvres militaires conjointes américano - sud-coréennes et en refusant l'instrumentalisation de la question des droits de l'homme à des fins politiques.

Joignant les gestes à la parole, la RPD de Corée a ensuite confirmé sa volonté d'ouverture en envoyant une délégation de haut niveau, conduite par Hwang Pyong-so, vice-président de la Commission de la défense nationale, à l'occasion de la cérémonie de clôture des Jeux asiatiques d'Incheon, le 4 octobre 2014 - une date qui coïncidait (ce n'est sans doute pas un hasard) avec le septième anniversaire de la seconde déclaration conjointe intercoréenne conclue au plus haut niveau, en 2007, entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et le président sud-coréen Roh Moo-hyun.

Aujourd'hui, l'un des enjeux est la levée des sanctions dites du 24 mai, mises en place unilatéralement par la Corée du Sud en 2010 après le naufrage de la corvette Cheonan, attribué contre l'évidence à la Corée du Nord qui a vivement protesté contre cette mise en cause. Ces derniers jours, des propos de la Présidente Park Geun-hye ont été interprétés comme un geste en ce sens, mais une telle lecture a été considérée comme excessive par d'autres observateurs. En tout état de cause, une nouvelle rencontre de haut niveau entre les dirigeants du Nord et du Sud prévue en cette fin de mois devrait apporter les clarifications attendues sur les intentions des autorités sud-coréennes.

En attendant, des obstacles doivent encore être levés au retour au dialogue et à une atmosphère de confiance réciproque. Si le gouvernement de Séoul prétend ne pas pouvoir s'opposer à l'envoi de tracts anti-RPDC depuis le Sud de la péninsule (tout en jugeant néanmoins inopportune une telle démarche), il s'agit plus d'une pétition de principe que d'un argument en droit : les autorités sud-coréennes ont les moyens de refuser le survol aérien de la DMZ, qui est une zone militaire. Elles ont d'ailleurs opposé un tel refus à un groupe civique qui entendait ainsi lancer des ballons munis de tracts pour critiquer la gestion du naufrage du Sewol, ayant gravement mis en cause le gouvernement de Mme Park. Mais dans le cas des opposants à la Corée du Nord, le Gouvernement et les militaires sud-coréens font preuve d'une tout autre mansuétude, alors même qu'un lancer de tracts d'opposants à la RPDC est annoncé le 25 octobre prochain à Pujo, dans la zone P-513 interdite de survol aérien. Une fois encore, les conservateurs sud-coréens appliquent une politique du "deux poids deux mesures" pour refuser l'exercice de la liberté d'expression de leurs seuls opposants, ce qui ne les qualifie pas pour s'ériger en parangons de démocratie.

Dans ce contexte encore lourd d'incertitudes, deux incidents frontaliers sont intervenus récemment : le 10 octobre, des tirs de mitrailleuse ont été échangés de part et d'autre du 38e parallèle, le Nord ayant mis à exécution sa menace de tirer sur les ballons transportant des tracts hostiles à la RPDC ; le 19 octobre, des échanges de tirs ont eu lieu dans la zone démilitarisée.

Même lors des précédentes phases de dialogue, notamment pendant la décennie du "rayon de soleil" (1998-2008), des incidents meurtriers pouvaient se produire, et il n'y a donc pas lieu de surinterpréter ceux intervenus ces dernières semaines, qui n'ont apparemment - et heureusement - pas fait de victimes. Mais ils témoignent, si besoin était, de l'urgence de résoudre de manière pacifique le conflit toujours latent dans la péninsule coréenne. 

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4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 10:46

A l'occasion de la clôture des Jeux asiatiques d'Incheon en République de Corée (Corée du Sud) le 4 octobre 2014 - qui ont vu les athlètes du Sud comme du Nord de la Corée obtenir des résultats remarquables, sur lesquels nous reviendrons dans nos prochaines éditions - une délégation de hauts dirigeants de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), conduite par Hwang Pyong-so, récemment élu vice-président de la commission de la défense nationale de la RPDC, a visité le Sud de la péninsule. Ce déplacement est exceptionnel par l'importance et le niveau de cette délégation. Il marque la détermination du Nord de relancer le dialogue intercoréen, ainsi que l'acceptation par le Sud d'une telle visite, après d'autres indices clairs du souhait des autorités de Pyongyang de réouvrir une phase de discussions - comme en avaient témoigné la visite en Europe en septembre d'une délégation de haut niveau du Parti du travail de Corée, ou encore l'appel aux échanges et à la coopération Nord-Sud, sur la base d'une formule confédérale, lancé par Ri Su-yong, ministre des Affaires étrangères de la RPD de Corée, à la tribune des Nations Unies, lors de la dernière assemblée générale en septembre 2014. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) se félicite du retour à un dialogue de haut niveau entre le Nord et le Sud de la péninsule, en espérant qu'il permettra de lever les obstacles à l'approfondissement des échanges économiques et qu'il conduira à la reprise des pourparlers multilatéraux pour la paix et la dénucléarisation de toute la Corée.

Hwang Pyong-so, vice-président de la commission de la défense nationale de la RPD de Corée, et Ryu Kihl-jae, ministre de la Réunification de la République de Corée

Hwang Pyong-so, vice-président de la commission de la défense nationale de la RPD de Corée, et Ryu Kihl-jae, ministre de la Réunification de la République de Corée

La reprise d'un dialogue de haut niveau entre le Nord et le Sud de la Corée était attendue depuis plusieurs mois, mais elle s'est matérialisée de façon spectaculaire ce samedi 4 octobre 2014, à l'occasion de la cérémonie de clôture des Jeux asiatiques d'Incheon, en Corée du Sud. En effet, ce sont des personnalités nord-coréennes de tout premier plan qui ont pu rencontrer des officiels sud-coréens de haut rang, sur le sol même de la péninsule coréenne, à l'occasion d'un événement - les Jeux asiatiques - qui a marqué une relance des échanges Nord-Sud avec la participation d'une importante délégation d'athlètes nord-coréens.

La délégation de la RPD de Corée a été conduite par Hwang Pyong-so, vice-président de la commission de la défense nationale, arrivé à l'aéroport d'Incheon à 10 heures, avant de repartir vers 22 heures, à l'issue de la cérémonie de clôture. La délégation a compris également Choe Ryong-hae et Kim Yang-gon, secrétaires du Parti du travail de Corée. Kim Yang-gon a une longue expérience des discussions intercoréennes au sein du PTC. La délégation nord-coréenne, forte de onze membres, a été accueillie par une délégation sud-coréenne comprenant notamment Ryu Kihl-jae, ministre de la Réunification, Kim Kwan-jin, conseiller à la sécurité nationale, et Han Ki-bum, directeur adjoint du service de renseignement (NIS), avant une rencontre avec le Premier ministre Chung Hong-won lors de la cérémonie de clôture des Jeux d'Incheon.

 

Les deux parties ont discuté du renforcement des échanges Nord-Sud et convenu d'une nouvelle rencontre de haut niveau fin octobre ou début novembre, alors que les principales agences de presse des deux parties de la Corée - KCNA au Nord et Yonhap au Sud - ont rendu compte de cette rencontre d'un niveau inhabituel depuis le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul en 2008.

Kim Yang-gon a déclaré que "les Jeux asiatiques ont constitué un événement significatif qui ont montré au reste du monde la gloire et la puissance de notre nation (...) Cela a été une grande joie et une grande fierté pour notre nation que le Nord comme le Sud aient obtenu de tels résultats".

Lim Byeong-cheol, porte-parole du ministère sud-coréen de la Réunification, a exprimé les espoirs du Gouvernement que "la participation d'une délégation de haut niveau à la cérémonie de clôture des Jeux asiatiques soit l'occasion d'améliorer les relations entre le Nord et le Sud". Un espoir que partage l'AAFC, alors que les récentes critiques réciproques entre le Nord et le Sud - notamment sur la question des droits de l'homme - nous apparaissaient devoir plus être regardées comme la volonté de chaque partie de poser des principes et des conditions avant la reprise du dialogue, que comme des obstacles insurmontables à la relance des échanges intercoréens. Une telle relance serait bénéfique à tous les Coréens en éloignant les dangers de guerre et en posant les bases d'une prospérité accrue dans la péninsule coréenne.

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11 septembre 2014 4 11 /09 /septembre /2014 22:59

Le 11 septembre 2014, les premiers athlètes, entraîneurs et autres accompagnants de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) sont arrivés en République de Corée (Corée du Sud) pour les Jeux asiatiques d'Incheon, qui se dérouleront du 19 septembre au 4 octobre prochains - par un vol direct qui, exceptionnellement, reliait les aéroports de Pyongyang et Incheon. Si les deux gouvernements coréens se rejettent mutuellement la responsabilité de l'absence de supporters nord-coréens, comme la RPDC l'avait initialement proposé, l'importante participation de la RPD de Corée aux Jeux asiatiques constitue en soi un événement chargé de symbole et d'émotion - alors que les Coréens, frères séparés depuis plus de 60 ans par une division qu'ils n'ont pas voulue, sont toujours dans l'incapacité de communiquer par quelque moyen que ce soit (courrier, téléphone, mél) avec leurs proches restés de l'autre côté du 38ème parallèle.

Au total, ce sont 150 athlètes nord-coréens qui participeront aux Jeux d'Incheon, dans 14 des 36 disciplines, et auxquels s'ajouteront 123 officiels et arbitres. Parmi eux, des champions olympiques et champions du monde sont des gloires dans l'ensemble de la péninsule coréenne :

 

- l'haltérophile Om Yun-chol, médaille d'or aux Jeux olympiques de Londres en 2012, et champion du monde 2013 des moins de 56 kg, détient le record mondial de l'épaule jeté avec 169 kg ;

- Kim Un-guk, autre médaillé d'or en haltérophilie des Jeux de Londres (dans la catégorie des moins de 62 kg) ;

- les joueurs de tennis de table Kim Hyok-bong et Kim Jong, champions du monde en double mixte à Paris en mai 2013 ;

- la judoka Sol Hyong, championne du monde 2013 des moins de 78 kg...

 

Ri Se-gwang, premier aux Jeux asiatiques de Doha en 2006, sera confronté à Yang Hak-seon, médaillé d'or en saut de cheval aux Jeux de Londres.

L'haltérophile Om Yun-chol, médaillé d'or aux Jeux olympiques de Londres

L'haltérophile Om Yun-chol, médaillé d'or aux Jeux olympiques de Londres

Parmi les premiers Nord-Coréens arrivés le 11 septembre figurent les membres des deux équipes nationales de football, masculine et féminine.

Le ministre des sports de la RPD de Corée Kim Young-hun serait le plus important officiel nord-coréen présent aux Jeux d'Incheon.

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18 août 2014 1 18 /08 /août /2014 16:00

Le lundi 18 août 2014, au terme d'une visite de cinq jours en Corée du Sud, le Pape François a appelé les deux Corée à se pardonner et à s'unir. L'appel du Pape coïncidait avec le début de l'exercice annuel conjoint Ulji Freedom Guardian des armées américaine et sud-coréenne, dirigé contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). A l'instar des manœuvres annuelles Key Resolve et Foal Eagle du mois du mars, Ulji Freedom Guardian est une source récurrente de tensions dans la péninsule coréenne.

Le Pape François célèbre la messe spéciale pour la paix et la réconciliation à la cathédrale de Myeongdong, à Séoul, le 18 août 2014

Le Pape François célèbre la messe spéciale pour la paix et la réconciliation à la cathédrale de Myeongdong, à Séoul, le 18 août 2014

Commencée le 14 août, la visite du Pape François en Corée du Sud s'est achevée par une messe spéciale pour la paix et la réconciliation sur la péninsule coréenne, célébrée le 18 août à la cathédrale de Myeongdong, à Séoul, devant mille personnes. C'était un des principaux événements de la visite papale, avec les messes de béatification de 124 martyrs coréens et de clôture de la Journée de la jeunesse asiatique.


D'après le compte rendu de Radio Vatican, le Pape a demandé aux Coréens d’accueillir « la grâce réconciliatrice » dans leurs cœurs et de la partager avec les autres. Une invitation claire au dialogue entre Coréens du Nord et du Sud, « frères et sœurs, membres d’une unique famille et d’un unique peuple ».

Le Pape François a aussi appelé chacun à « réfléchir sur la façon » dont il témoigne comme individu et comme communauté, d’un engagement évangélique pour les défavorisés, pour les marginalisés, pour ceux qui n’ont pas de travail ou « sont exclus de la prospérité de beaucoup ». Le Pape en a profité pour fustiger une nouvelle fois la « mentalité fondée sur la suspicion, sur l’antagonisme et sur la compétition, et appelé à favoriser plutôt une culture façonnée par l’enseignement de l’Evangile et par les plus nobles valeurs traditionnelles du peuple coréen ».

La réconciliation n’est toutefois possible que quand la porte du pardon est ouverte. C’est pourquoi le Pape a demandé aux Coréens de « rendre un témoignage convaincant au message réconciliateur du Christ », dans les maisons, les communautés et dans tous les domaines de la vie nationale. Ce témoignage doit être étendu « dans un esprit d’amitié et de coopération avec les autres chrétiens, avec les adeptes des autres religions et avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté qui ont à cœur l’avenir de la société coréenne ».

Au début de la messe, juste avant de rejoindre l’autel, le Pape avait salué sept « femmes de réconfort », victimes de l'esclavage sexuel de l'armée japonaise durant la Seconde Guerre mondiale, présentes dans l'assistance, dont Mme Kim Bok-dong que l'Association d'amitié franco-coréenne avait longuement rencontrée en septembre 2013.

La présidente sud-coréenne Park Geun-hye assistait également à la messe. Au moment même où le Pape appelait à la réconciliation, rappelant que les Coréens ne forment qu’un seul peuple et une seule famille, l'exercice militaire conjoint annuel américano-sud-coréen Ulji Freedom Guardian débutait dans la péninsule coréenne.

Présenté comme défensif par les armées américaine et sud-coréenne, l'exercice Ulji Freedom Guardian s'étale cette année sur 12 jours jusqu'au 29 août et mobilise pas moins de 50 000 soldats sud-coréens et 30 000 soldats américains, dont 3.000 venant de bases à l'étranger.

Lors de cet exercice, les forces sud-coréennes et américaines adopteront pour la première fois une « stratégie de dissuasion sur mesure » contre la Corée du Nord. Lors de la 45eme Réunion consultative sur la sécurité entre Séoul et Washington, en octobre 2013, les chefs des défenses sud-coréenne et américaine s'étaient accordés sur cette stratégie prescrivant des mesures de réponse selon les niveaux des crises liées aux armes de destruction massive du Nord, en temps de guerre comme en temps de paix.

Par un communiqué du porte-parole de l'état-major de l'Armée populaire de Corée, la République populaire démocratique de Corée a dénoncé les manœuvres conjointes américano-sud-coréenne comme une répétition de guerre contre elle, prévenant qu'elle se tient prête à lancer « des attaques préventives au moment voulu ».

Comme l'a souligné Radio Vatican, la concordance de calendrier entre l'appel du Pape pour la paix en Corée et le début des manœuvres militaires américano-sud-coréennes, « révèle combien la réconciliation sera difficile et fruit d’un long parcours ». Engagée depuis 45 ans pour la paix et la réunification de la Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne ne peut que partager cette analyse du Saint-Siège.


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9 août 2014 6 09 /08 /août /2014 14:54

Madame Hyun Jeong-eun, actuelle présidente du groupe sud-Coréen Hyundai, s’est rendue le 4 août 2014 en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pour assister à la cérémonie de commémoration donnée en l’honneur de son époux, Chung Mong-hun (décédé en 2003), après en avoir reçu l’autorisation du gouvernement sud-coréen. La RPDC honore chaque année la mémoire de l’ancien président de Hyundai Asan, continuateur de l’œuvre de rapprochement entreprise par son père Chung Ju-yung.

La présidente du groupe sud-coréen Hyundai en visite en RPDC

De tous les chaebols (conglomérats) sud-coréens, le groupe Hyundai fondé en 1947 par Chung Ju-yung est indubitablement celui qui a le plus pris à cœur la division de la nation coréenne et a inlassablement travaillé à améliorer les relations entre les deux Corée. Le président Chung Ju-yung, lui-même originaire d’un village de la province du Kwangon du Nord, a personnellement pris part à cet engagement transcendant les divergences politiques : en 1998, à l’âge de 82 ans, il traverse la frontière accompagné de 500 « vaches de l’unification », en cadeau au peuple nord-coréen pour rembourser la dette qu’il avait contracté en vendant la vache familiale pour permettre son installation à Séoul. Ce geste a amplement contribué à la renommée de Chung et à l’implantation du groupe précurseur Hyundai au Nord, au travers de la filiale Asan. Cette dernière gère toutes les activités du groupe en RPDC, notamment le circuit touristique des monts Kumgang jusqu’à sa fermeture en 2008 après la mort d’une touriste sud-coréenne. La mort du fondateur en 2001 a entrainé la division du chaebol en plusieurs entreprises indépendantes. Le groupe s’est ensuite recomposé mais l’organisation diffère aujourd’hui de celle qui prévalait durant la présidence du fondateur.

 

Chung Ju-yung a partagé la présidence du groupe avec son cinquième fils Chung Mong-hun en 1997. Cependant, des rivalités familiales avec le frère aîné, Chung Mong-koo, entrainent des complications dans la gestion des affaires et une chute importante de popularité dans l’opinion sud-coréenne pour le groupe qui souffre déjà de dettes importantes. En 2000, Kim Jae-soo - vice-président et président de l’unité de restructuration du groupe - lit une lettre du fondateur dans laquelle celui-ci annonce sa démission de toutes les fonctions managériales ainsi que celles de ses fils pour mettre fin aux pressions médiatiques, gouvernementales et de l’opinion publique. Chung Mong-koo se refuse à abandonner la présidence de Hyundai Motors Co. et Kia Motors Corp mais Chung Mong-hun accepte de bonne grâce, ne conservant la tête de la filiale nord-coréenne Hyundai-Asan que sur décision expresse de son père.

 

En juin 2003, un choc financier puissant ébranle la filiale : celle-ci est suspectée d’avoir trempé dans le scandale nommé « de l’argent pour le sommet », la société étant accusée d'avoir servi d’écran au gouvernement sud-coréen pour verser d’importantes sommes d’argent pour permettre le sommet intercoréen historique de juin 2000. Risquant trois ans de prison et pour avoir été contraint de témoigner dans cette affaire, Chung Mong-hun s’est suicidé en se défenestrant.

 

Président de Hyundai Asan, Chung Mong-hun a développé le commerce Nord-Sud mais aussi les retrouvailles entre familles séparées, organisées dans les locaux des monts Kumgang. Les autorités nord-coréennes ont convié l’année dernière sa veuve, Mme Hyun Jeong-eun - devenue PDG du groupe Hyundai et présidente de Hyundai Asan - et des représentants du groupe pour commémorer les dix ans de la mort de Chung. L’invitation ayant été renouvelée cette année, elle a obtenu le 31 juillet 2014 la permission de se rendre en RPDC pour y participer, avec 22 membres du groupe, à une cérémonie de commémoration le 4 août. Outre la cérémonie, la délégation sud-coréenne devait visiter les bâtiments lui appartenant aux monts Kumgang, le circuit touristique étant toujours à l’arrêt en raison de l’incident de 2008.

 

Ce voyage laisse espérer un regain d’effort pour relancer la coopération et les échanges économiques entre les deux parties de la péninsule mais les autorités sud-coréennes ont demandé aux médias de ne pas faire preuve d’un optimiste démesuré. La présidente Hyun n’a pas prévu de rencontrer d’officiels nord-coréens cette fois alors qu’elle avait rencontré le dirigeant Kim Jong-il lors d’un séjour à Pyongyang en 2009. S’il a annoncé qu’il n’allait pas transmettre de message à la RPDC par l’intermédiaire de la présidente de Hyundai, le gouvernement sud-coréen a cependant fait preuve de bonne volonté en autorisant ce voyage, laissant présager une amélioration des relations intercoréennes alors que les rituels exercices conjoints entre Etats-Unis et Corée du Sud, simulant une attaque contre RPDC, se poursuivent.

 

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29 juillet 2014 2 29 /07 /juillet /2014 15:44

En juillet 2014, la République populaire démocratique (RPDC, Corée du Nord) a accueilli 38 fonctionnaires et représentants du monde économique sud-coréens pour une visite d’une semaine dans le port de Rajin, formant avec Sonbong la zone économique spéciale (ZES) de Rason, près de la frontière avec la Fédération de Russie. Ceux-ci se sont déclarés favorables au projet, malgré les appels pressants des Etats-Unis à rejoindre un front commun de sanctions contre la Russie suite aux événements d'Ukraine. Le choix de la Corée du Sud de soutenir le projet russo-nord-coréen de relier le Transsibérien à la péninsule coréenne permettrait de dynamiser la ZES de Rason et ferait bénéficier la Corée du Sud d’un approvisionnement en charbon russe. Il ferait aussi progresser les relations intercoréennes

Une participation sud-coréenne au projet de « rail eurasien » pour dynamiser la zone économique spéciale de Rason?

Située sur la rive ouest de la rivière Tumen, la zone économique spéciale de Rajin-Sonbong, d'une superficie de 746 km², a été fondée en 1991 sous la juridiction du Comité de la coopération économique extérieure de la République populaire démocratique de Corée afin d’accueillir des investisseurs étrangers intéressés par le potentiel économique et géographique de la Corée du Nord. Renommée Rason en 2000, cette zone économique spéciale - inspirée des modèles de Hong Kong et de Macao - constitue la première ouverture de la RPDC sur l’économie mondiale, bénéficiant d'une juridiction spéciale. Cette zone intègre un centre de transit de cargos, une plate-forme de correspondance (hub) pour les exportations de la RPDC mais aussi une zone touristique avec plusieurs parcours guidés. En 1996, la ZES abritait déjà 51 entreprises étrangères pour un total de 37 millions de dollars investis et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (UNIDO) estimait alors que l’investissement total se porterait à 150 millions de dollars. Son statut a été modifié en 2010 pour lui accorder une plus grande autonomie. En 2012, la ZES a accueilli sa première foire internationale consacrée au commerce.

 

Rason s’appuie notamment sur un complexe de trois ports qui en font sa force majeure : Rajin, Sonbong et Chongjin, dont les capacités cumulées atteignent 14 millions de tonnes. La localisation du site de la ZES, à l’embouchure du fleuve Tumen, a d’abord attiré l’attention du gouvernement et d’investisseurs chinois qui percevaient Rason comme une manière de désenclaver économiquement les trois provinces du nord-est de la Chine (Liaoning, Jilin et Heilongjiang). Depuis, la République populaire de Chine est le premier investisseur de la zone et opère deux jetées dans le port, une pour l’exportation de charbon et l’autre pour les containers. L’Université de Yanbian a conclu le 7 juin dernier un partenariat avec la ZES de Rason pour offrir formation et soutien juridique à celle-ci. La Russie s’est également très tôt intéressée aux possibilités offerte par cette zone économique spéciale située juste à sa frontière : elle suit la Chine en termes d’investissements et opère une jetée utilisée pour le charbon. Les connections terrestres avec la Chine ont été rénovées en 2010 et depuis un accord de 2008 entre le dirigeant de la RPD de Corée Kim Jong-il et le président russe Vladimir Poutine, la RPDC et la Russie ont achevé de restaurer en septembre 2013 une liaison ferroviaire de 54 kilomètres entre la ville russe de Khasan et Rason.

Inauguration de la ligne Rajin-Khasan le 22 septembre 2013

Inauguration de la ligne Rajin-Khasan le 22 septembre 2013

C’est dans ce contexte de projet ferroviaire qu’est intervenue, en juillet 2014, la visite d’une semaine de 38 fonctionnaires et représentants économiques sud-coréens appartenant à la compagnie ferroviaire KORAIL, à l’aciériste POSCO et à la compagnie maritime Hyundai Merchant Marine Co, à l'invitation du gouvernement de la RPDC. Cette visite avait pour but de décider de la faisabilité d’une participation sud-coréenne au projet russo-nord-coréen de connecter le Transsibérien via Khasan à la ville de Rajin. Les représentants de ce consortium trilatéral ainsi que les envoyés gouvernementaux se sont déclarés intéressés par les possibilités offertes par ce projet. Les trois entreprises envisagent donc de réaliser un transport-test de charbon russe par voie ferrée jusque Rajin puis de l’expédier par mer vers le port sud-coréen de Pohang. Si cette participation devait se concrétiser, il semble que le consortium sud-coréen achèterait la moitié des parts de la Russie dans la nouvelle jetée construite à Rajin, capable de recevoir 4 millions de tonnes de charbon. Un tel projet dynamiserait indubitablement la ZES de Rason en la transformant en plaque tournante pour le transport international.

 

Cette initiative économique bénéficie d’un soutien ferme des autorités sud-coréennes et russes : la présidente sud-coréenne Park Geun-hye et le président russe Vladimir Poutine sont tombés d’accord lors d’une rencontre en novembre 2013 à Séoul sur le soutien à apporter à l’implantation des firmes sud-coréennes dans ce projet. De plus, Park Geun-hye met en avant comme vision politique de son mandat une « initiative eurasienne », appelant à la construction de plus d’infrastructures de transport et à la libération du commerce entre toutes les nations eurasiennes pour créer un marché commun géant rivalisant avec l’Union Européenne. Le gouvernement nord-coréen est très favorable à cette participation sud-coréenne dans ce projet et espère qu’il constituera un terreau fertile pour faire avancer les relations intercoréennes.

 

En revanche, le choix opéré par la Corée du Sud, qui la rapprocherait de la Fédération de Russie, s'oppose frontalement aux récents appels lancés par les Etats-Unis. Suite à une réunion le 28 juillet 2014 avec des représentants français, allemands, britanniques et italiens pour décider des sanctions à appliquer contre la Russie, le secrétaire assistant adjoint au Counter Threat Finance and Sanctions (TFS) du département d’Etat américain, Peter Harrell, en visite à Séoul, s’est rendu au ministère des Affaires étrangères pour demander la coopération sud-coréenne dans ce front commun de sanctions. Le gouvernement sud-coréen a répondu via un communiqué que l’annexion de la Crimée par la Russie n’était pas acceptable. Il n'a cependant annoncé aucune sanction à l’encontre de la Fédération de Russie, afin de ne pas détériorer les relations bilatérales avec un potentiel partenaire majeur dans un projet intéressant toute l'Asie orientale.

 

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13 juillet 2014 7 13 /07 /juillet /2014 15:08

A partir du 16 juillet 2014, les Etats-Unis et la République de Corée (Corée du Sud) engageront de nouveaux exercices militaires conjoints, qui associeront par ailleurs les troupes japonaises les 21 et 22 juillet au large de l'île de Jeju, où la construction d'une base navale rencontre une vive opposition de ses habitants. Le maintien de ces exercices de guerre apparaît comme une fin de non-recevoir aux offres répétées de dialogue formulées par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) depuis plusieurs semaines. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) déplore que Washington et Séoul se soient sciemment engagés une nouvelle fois sur la voie de l'escalade des tensions dans la péninsule coréenne, en rejetant les propositions de Pyongyang qui auraient permis de faire avancer la cause de la paix dans l'une des régions les plus militarisées de la planète. Dans ce contexte, les tirs balistiques et de roquettes nord-coréens de ces derniers jours apparaissent comme la réponse du berger à la bergère.

Préparatifs des exercices militaires conjoints américano - sud-coréens.

Préparatifs des exercices militaires conjoints américano - sud-coréens.

A écouter certains médias occidentaux, les nouveaux tirs de missiles balistiques à courte portée auxquels a procédé la RPD de Corée dans la nuit du 12 au 13 juillet 2014 - qui constitueraient les 14e tirs de roquettes et le 5e tirs de missiles depuis le début de l'année - seraient une nouvelle preuve des intentions belliqueuses des autorités nord-coréennes. Mais les exercices de guerre américano - sud-coréens, qui seront engagés du 16 au 21 juillet (puis étendus au Japon les 21 et 22 juillet), sont pourtant d'une toute autre ampleur que les exercices de routine nord-coréens. Par ailleurs, la distorsion des faits consistant à omettre les vraies causes de l'escalade actuelle nécessite de rappeler certains éléments de contexte.

Le 30 juin, la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée appelait - déjà - les autorités sud-coréennes à arrêter les hostilités militaires, notamment en suspendant les exercices militaires prévus en juillet. Malgré le refus des conservateurs au pouvoir à Séoul d'engager toute discussion, Pyongyang réitérait son offre de dialogue en proposant, le 7 juillet, d'envoyer une équipe de supporters nord-coréens lors des Jeux asiatiques qui auront lieu à Incheon (au Sud de la péninsule) du 19 septembre au 4 octobre prochains, de mettre fin aux exercices militaires américano-sud-coréens conjoints que la RPDC dénonce comme des préparatifs d'invasion de la péninsule coréenne, de s'engager dans la mise en oeuvre des déclarations intercoréennes du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 et, enfin, d'arrêter les coopérations avec d'autres pays sur le programme nucléaire nord-coréen - dont Pyongyang considère qu'il relève d'une question de sécurité distincte des relations Nord-Sud. Les autorités sud-coréennes ont seulement accepté le premier point - l'accueil de supporters nord-coréens, ce qui constitue en soi un événement (des supporters nord-coréens ne s'étaient plus rendus au Sud pour un événement sportif depuis 2005, pour les championnats asiatiques d'athlétisme d'Incheon, à l'époque de la politique du "rayon de soleil").

Non seulement le Sud a fait la sourde oreille aux propositions du Nord, mais les préparatifs des exercices militaires conjoints se poursuivent sans changement notable, alors même qu'ils s'ajoutent à deux séries annuelles d'exercices conjoints. Le 11 juillet, le porte-avions de 97.000 tonnes USS George Washington est ainsi entré dans le port sud-coréen de Pusan. C'est dans ce contexte que l'Armée populaire de Corée a procédé à de nouveaux tirs de courte portée et que la commission de la défense nationale (CDN) de la RPD de Corée a déclaré que "les exercices à venir défiaient les récents appels répétés de Pyongyang pour mettre fin à la confrontation politique et militaire et améliorer les relations Nord-Sud". Toujours selon la CDN, les exercices militaires s'inscrivent en porte-à-faux par rapport aux "efforts sincères de l'armée et du peuple de la RPD de Corée de faire diminuer les tensions dans la péninsule coréenne et de créer une atmosphère pacifique".

Il n'y a pourtant pas de fatalité à la montée des tensions dans la péninsule coréenne, ni à ce que la voix de la raison ne puisse enfin se faire entendre. Mais une réponse envisageant le long terme nécessite que les Etats-Unis acceptent de voir la réalité en face : ne pouvant pas ou ne souhaitant pas s'engager dans un conflit armé en Corée, ils n'ont pas d'autre choix que de revenir à la table des négociations, comme le proposent les Nord-Coréens. Mais les intérêts des industriels de l'armement - premiers bénéficiaires des exercices militaires à répétition autour de la péninsule coréenne - et la pression des néoconservateurs pèsent manifestement d'un tout autre poids dans les prises de décision de l'administration Obama.

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