Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 juin 2015 1 01 /06 /juin /2015 21:22

Inscrit en 2013 au Patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO, le site de Kaesong, ancienne capitale du royaume de Koryo (918-1392), a donné lieu à des coopérations dans le domaine archéologique entre la France et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), ainsi qu'entre les deux Corée. Le 1er juin 2014, une équipe de 11 archéologues et historiens sud-coréens est arrivée à Kaesong, dans le cadre d'un programme de recherches conjoint Nord-Sud, d'une durée prévisionnelle de six mois, sur le site de l'ancien palais royal Manwoldae.

Le site archéologique de l'ancien palais royal Manwoldae, à Kaesong

Le site archéologique de l'ancien palais royal Manwoldae, à Kaesong

Au cours des six mois que durera le programme sur le site de Manwoldae, 81 Sud-Coréens - archéologues ou historiens, membres de l'Institut national de recherche sur le patrimoine culturel (sud-)coréen - doivent se rendre au Nord de la péninsule, prolongeant ainsi des travaux de recherches archéologiques menés conjointement par les deux Corée de 2007 à 2011, et qui ont repris en juillet 2014. Le fonds de coopération intercoréenne de la République de Corée (du Sud) participe financièrement au projet.

Prévues pour s'achever le 30 novembre 2015, les fouilles archéologiques comprendront des travaux de restauration de vestiges d'une grande valeur patrimoniale, inscrits 2013 depuis au Patrimoine mondial de l'humanité.

Ces recherches conjointes, témoignant de l'importance des champs potentiels de coopération Nord-Sud sur les questions historiques et culturelles, sont d'autant plus significatives qu'elles portent sur le centre du pouvoir royal du premier Etat réellement unifié de la péninsule coréenne.

Source :

Partager cet article
Repost0
28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 16:04

Le 26 mars 2010, la corvette Cheonan de la marine sud-coréenne coulait au large de l'île de Baengnyeong, à l'ouest de la péninsule coréenne, entraînant la mort de 46 marins. Pour élucider les causes de ce naufrage, le gouvernement sud-coréen a mis en place un groupe d'enquête - largement dominé par la Corée du Sud et les Etats-Unis – qui a rendu le 20 mai 2010 son rapport intermédiaire (confirmé le 13 septembre suivant) selon lequel le Cheonan avait été coulé par une torpille tirée par un sous-marin de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Ces accusations ont aussitôt été rejetées par la RPDC, mais la thèse d'une torpille nord-coréenne ayant coulé le Cheonan a servi de justification à des mesures de rétorsion à l'encontre de la Corée du Nord, annoncées le 24 mai 2010 par le gouvernement sud-coréen. Au cinquième anniversaire des « mesures du 24 mai », la RPD de Corée a réitéré sa demande d'une enquête conjointe pour faire la lumière, de manière incontestable, sur les causes du naufrage du Cheonan, alors que la version officielle américano-sud-coréenne, dite de la torpille nord-coréenne, est d'autant plus remise en question qu'elle contribue à alimenter les tensions dans la péninsule coréenne.

Repéchage de l'épave du "Cheonan" en avril 2010

Repéchage de l'épave du "Cheonan" en avril 2010

Les mesures de rétorsion à l'encontre de la RPDC, annoncées le 24 mai 2010 par le gouvernement du président sud-coréen Lee Myung-bak (conservateur), comprenaient : la reprise de la diffusion de messages de propagande par tracts et par haut-parleurs à la frontière avec le Nord par l'armée sud-coréenne ; l'organisation de manœuvres sous-marines conjointes avec les Etats-Unis en mer de l'Ouest (mer Jaune) ; la fermeture du détroit de Jeju, à l'extrême sud de la péninsule coréenne, aux navires nord-coréens ; la suspension des relations commerciales avec la RPDC, à l'exception de la zone industrielle intercoréenne de Kaesong ; la restriction des contacts entre Coréens du Sud et du Nord. Sur le plan diplomatique, Séoul a saisi le Conseil de sécurité des Nations Unies pour alourdir les sanctions déjà en place contre la RPDC et en adopter de nouvelles. Toutefois, le 9 juillet 2010, le Conseil de sécurité, tout en condamnant l'« attaque » contre le Cheonan, s'est bien gardé de désigner la Corée du Nord comme l'agresseur.

Depuis leur divulgation, les conclusions de l'enquête officielle américano-sud-coréenne accusant la RPDC d'avoir coulé le Cheonan ont été remises en question, entre autres, par un ancien membre du groupe d'enquête (mai 2010), par des chercheurs de prestigieuses universités américaine (juillet 2010) et britannique (novembre 2014), et même par les experts de la marine russe (juillet 2010) invités par Séoul à examiner les « preuves » de la culpabilité de la Corée du Nord.

Au cinquième anniversaire des « mesures du 24 mai », le département politique de la Commission de la défense nationale (CDN), plus haute instance de la RPD de Corée, a publié le 24 mai 2015 une déclaration exposant sa « position de principe », appelant la présidente sud-coréenne Park Geun-hye à lever ces mesures et affirmant que la RPDC est prête à participer à l'enquête sur le naufrage du Cheonan :

1. Les "mesures du 24 mai" constituent une négation ouverte de l'historique déclaration conjointe du 15 juin [2000], réussite commune à toute la nation, et de son programme d'action qu'est la déclaration du 4 octobre [2007].

Le traitre Lee Myung-bak et son parti ont qualifié l'ère de la réunification consécutive au 15 juin [2000] de 'décennie perdue' et ont menacé d'ouvrir une 'décennie de confrontation' pour refroidir l'enthousiasme des compatriotes pour la réunification.

Cette menace a été mise à exécution avec l'affaire du naufrage du navire de guerre "Cheonan" et les "mesures du 24 mai" qui ont suivi.

Cinq années ont passé depuis et le chef de Chongwadae [le siège de la présidence de la République de Corée du Sud] a aussi changé.

Mais les "mesures du 24 mai" demeurent comme une tumeur cancéreuse, bloquant l'amélioration des relations entre le Nord et le Sud, entravant la concorde et l'unité nationale et faisant monter la confrontation et la tension.

Cela montre clairement que Park Geun-hye et son parti sont juste pareils à Lee Myung-bak.

2. Les "mesures du 24 mai" sont une initiative en vue de la confrontation, fabriquée sous le prétexte du naufrage du navire de guerre "Cheonan".

Les mesures basées sur une fabrication ne peuvent être que des mesures visant à la confrontation.

Saisissant cette opportunité, nous enjoignons poliment Park et son parti de faire ce qui suit.

S'ils ont le moindre élément leur permettant de prouver la responsabilité de la RPDC dans l'affaire du naufrage, ils doivent accepter sa demande d’inspection conjointe sur l’incident, face à toute la nation et au monde entier.

Il n'y a pas d'excuse possible pour eux de refuser notre demande, s'ils n'ont pas peur.

L'enquête sur la vérité sera d'autant plus facile à mener que la coque du navire "Cheonan", qui a été brisée en deux parties, a été récupérée et placée à terre.

Nous gardons un puissant groupe d'inspection de la CDN de la RPDC prêt à se joindre à une enquête sur l'incident.

Si Park et son parti refusent cette juste demande de la RPDC, ils ne feront qu'admettre que l'affaire est une mascarade montée par eux. Les "mesures du 24 mai" devraient donc naturellement être levées.

3. Les sinistres "mesures du 24 mai" sont le produit d'intrigues politiques qui devraient être jetées dans la décharge de l'histoire.

Ces mesures sont le produit d'escroqueries politiques, que personne ne veut, contre la nation, la réunification et la paix, et constituent la plus grande source d'ennuis pour tous les Coréens.

Park Geun-hye et son parti devront admettre devant toute la nation les crimes contre les compatriotes, commis en s'accrochant aux "mesures du 24 mai" et jeter ces dernières dans la décharge de l'histoire.

Leurs paroles pleines de non-sens telles que "d'abord le dialogue puis la levée des mesures" ne font que révéler leur stratagème cynique visant à pousser le dialogue Nord-Sud vers un autre théâtre de confrontation. Cela ne constitue qu'une perte de temps.

Les gens de tous les horizons en Corée du Sud devront se lever comme un seul homme afin de lutter au niveau national pour voir levées les "mesures du 24 mai".

Le grand tournant et l'amélioration des relations Nord-Sud dépendent de la levée de ces mesures.

En réaction à la déclaration de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée, le ministère sud-coréen de l'Unification a indiqué que la position du gouvernement sud-coréen « n'a pas changé. Il faut que la Corée du Nord assume la responsabilité du naufrage du Cheonan avant que soient levées les sanctions du 24 mai 2010 ». Pour Séoul, « une enquête internationale a déjà déterminé que la Corée du Nord est derrière l’attaque », comme l'a rappelé en mars le ministère de l’Unification. Toutefois, Séoul se garde bien de rappeler le groupe d'enquête « international » ayant imputé le naufrage du Cheonan à la Corée du Nord était composé de 47 experts civils et militaires mandatés par le gouvernement de Corée du Sud et de 15 autres mandatés par le gouvernement des Etats-Unis, ce qui ne constitue pas exactement la meilleure des garanties pour l'impartialité de l'enquête… Les autres membres du groupe d'enquête venaient de Suède (5), d'Australie (4) et du Royaume-Uni (3). Le gouvernement sud-coréen oublie aussi de rappeler que la Suède, seul pays neutre participant à l'enquête sur le naufrage du Cheonan, a pris ses distances avec les conclusions du rapport accusant la RPDC d'avoir torpillé le navire.

Pour la paix en Corée, en Asie et dans le monde, il est grand temps de lever les « mesures du 24 mai » et de mener - enfin - une enquête impartiale sur le naufrage du Cheonan, dont les conclusions seront, cette fois, incontestables.

 

Sources :

Partager cet article
Repost0
19 mai 2015 2 19 /05 /mai /2015 20:39

Le 19 mai 2015, trente femmes de différents pays et horizons, dont deux lauréates du prix Nobel de la paix, sont parties de Pékin pour Pyongyang, en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Cette initiative baptisée Women Cross DMZ (Les femmes franchissent la DMZ) a pour objectif de promouvoir la paix en Corée en marchant du nord au sud de la Corée avec un passage, le 24 mai, par la zone démilitarisée (DMZ) divisant la péninsule coréenne depuis la fin des combats de la Guerre de Corée en 1953. Les organisatrices de cette marche pour la paix ont appelé le Commandement des Nations Unies, chargé de superviser la frontière intercoréenne, à les laisser passer à travers le village de la trêve de Panmunjom. Les gouvernements du Nord et du Sud ont donné leur accord pour le franchissement de la DMZ, mais le gouvernement sud-coréen voudrait que les participantes de Women Cross DMZ empruntent la route intercoréenne Gyeongui, reliant Kaesong (Nord) à Séoul (Sud), au lieu de passer par Panmunjom, sous le contrôle de l'ONU. Christine Ahn, coordinatrice de la marche, a toutefois précisé : «L’importance de traverser la DMZ à Panmunjom est que nous, femmes de quinze pays différents, servions de pont entre les deux côtés là où la guerre s’est achevée par une impasse et ainsi renouveler l’espoir que cette division de longue date peut être surmontée.» Le 18 mai, trois participantes américaines de Women Cross DMZ, membres de l'organisation pacifiste CODEPINK : Women for Peace, ont lancé un appel-pétition en faveur de la paix en Corée, dont l'Association d'amitié franco-coréenne propose ci-après une traduction pour que le plus grand nombre de personnes s'associent à cette initiative.

 

Des femmes du monde entier sur la voie de la paix en Corée

En route pour la Corée du Nord !

Cher militant, Chère militante,

Salutations de Pékin, en Chine, en route vers Pyongyang, en Corée du Nord ! Toutes les trois, nous sommes membres d'une délégation de trente femmes de quinze pays. Dans quelques jours, nous participerons avec des femmes nord-coréennes à un symposium international sur la paix. Le 24 mai, journée internationale des femmes pour la paix et le désarmement, nous franchirons la zone démilitarisée (DMZ) vers la Corée du Sud, étant seulement le troisième groupe international à le faire en 70 ans.

Notre objectif ? Remplacer l'accord d'armistice de la Guerre de Corée vieux de 62 ans par un traité de paix, moyen de mettre fin aux hostilités, de promouvoir la réconciliation et de réunir des milliers de familles dans la péninsule coréenne.

Ajouter votre voix à cette action : signez cette pétition pour demander au secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon de négocier une conférence politique sur la paix en Corée !

L'accord d'armistice de la Guerre de Corée a marqué l'arrêt des horribles combats entre le Sud soutenu par les Etats-Unis et le Nord soutenu par l'ex-Union soviétique, des combats responsables de la mort de près de 4 millions de personnes. L'accord a mis fin à l'affrontement physique, mais la militarisation de la frontière, les exercices guerriers, les accrochages, les infiltrations et les défections ont continué à diviser les familles coréennes et à placer la péninsule au bord d'un conflit.

Les femmes coréennes qui ont eu l'idée de cette délégation sont tellement reconnaissantes pour nos efforts et si désireuses de mettre fin à ce long conflit. Des milliers de Nord-Coréens marcheront avec nous vers la frontière où nous irons à la rencontre de milliers de Sud-Coréens.

Rejoignez-les en signant cette pétition adressée aux Nations Unies pour aider à réunir des milliers de familles dans la péninsule coréenne et initier le processus de réconciliation.

Dans l'histoire, les femmes ont exercé une influence pour mettre fin à des conflits en apparence difficiles à résoudre. Notre groupe, qui compte la légendaire militante américaine pour les droits des femmes Gloria Steinem et les lauréates du prix Nobel de la paix Mairead Maguire et Leymah Gbowee, respectivement d'Irlande et du Libéria, espère tracer un chemin que d'autres suivront. Nous sommes fières de représenter CODEPINK dans ce pèlerinage pour la paix, et nous vous remercions de vous joindre à nous. Les femmes mènent à la paix !

Vers un monde plus pacifique,

Ann Wright, Jodie Evans et Medea Benjamin

PS: rejoignez-nous sur International Women’s Day for Peace and Disarmament twitter Thunderclap pour partager le plus largement notre pétition ! Suivez-nous sur Twitter : @WomenCrossDMZ (et, bien sûr, @CODEPINK) en utilisant le mot-dièse #WomenXDMZ !


 

Sources :

Partager cet article
Repost0
8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 22:59

Du 5 au 7 mai 2015 ont eu lieu à Shenyang en Chine des rencontres à un niveau non-gouvernemental entre Coréens du Nord, du Sud et de la diaspora pour organiser des commémorations conjointes du 15e anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 15 juin 2000, conclue à l'occasion d'un sommet historique à Pyongyang entre le Président de la République de Corée (Corée du Sud) Kim Dae-jung et le Dirigeant Kim Jong-il, Président de la Commission de la défense nationale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Si les gouvernements des deux Etats coréens avalisent les projets, ce sera la première fois depuis 2008 qu'auront lieu des célébrations intercoréennes communes de la déclaration du 15 juin 2000.

La partie Sud du Comité préparatoire annonce les résultats des négociations en vue de la commémoration conjointe Nord-Sud de la déclaration du 15 juin 2000.

La partie Sud du Comité préparatoire annonce les résultats des négociations en vue de la commémoration conjointe Nord-Sud de la déclaration du 15 juin 2000.

Si le contenu des manifestations n'a pas été précisé à ce stade, il est attendu qu'il consiste notamment en des événements sportifs et culturels conjoints. Des cérémonies seraient organisées à Séoul entre le 14 et le 16 juin 2015.

Il s'agirait des premières manifestations communes depuis les cérémonies qui avaient eu lieu dans les monts Kumgang, au Nord, en 2008.

Par ailleurs, les différentes parties ont discuté de l'organisation d'événements communs à l'occasion du 70e anniversaire de la libération de l'occupation japonaise, le 15 août 1945. La période du 15 juin au 15 août prochains sera ainsi considérée comme marquant la réconciliation intercoréenne. Selon le communiqué conjoint, "au cours de cette période, les deux pays comptent organiser des évènements conjoints et des projets de coopération pour promouvoir l’unité nationale, la réconciliation et avancer vers la réunification".

Par ailleurs, des supporters nord-coréens pourraient participer aux Universiades d'été de Gwangju, du 3 au 14 juillet 2015, la RPD de Corée y étant favorable selon un responsable sud-coréen ayant participé à la réunion préparatoire à Shenyang, du 3 au 7 mai derniers.

Sources :

Partager cet article
Repost0
5 mai 2015 2 05 /05 /mai /2015 17:42

Le 2 mai 2015, les médias de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ont rendu compte de l'arrestation d'un étudiant sud-coréen de 21 ans, ayant le statut de résident permanent aux Etats-Unis (où sa famille s'est installée en 2001), Joo Won-moon (ou Won-moon Joo, si l'on suit l'usage américain de placer le nom de famille coréen, monosyllabique, après le prénom). Joo Won-moon est entré illégalement en RPD de Corée le 22 avril. Le 5 mai, Will Ripley, un journaliste américain de CNN, a interviewé Joo dans une vidéo filmée : l'étudiant a déclaré, par son geste, avoir voulu contribuer à l'amélioration des relations intercoréennes. Mais comment et pourquoi ?

Pourquoi l'étudiant sud-coréen Joo Won-moon est-il entré illégalement en Corée du Nord ?

Si des Sud-Coréens ou des Coréens américains ont déjà été arrêtés en RPD de Corée, c'est en général pour des motifs considérés comme portant atteinte à la sécurité publique - espionnage ou prosélytisme religieux. Une équipe de CNN actuellement en Corée du Nord a d'ailleurs rencontré deux autres Coréens arrêtés par les autorités nord-coréennes et accusés d'espionnage, Kim Kuk-gi et Choe Chun-gil. Les journalistes de CNN ont aussi demandé un entretien avec Jon Won-moon, que Will Ripley a pu interviewer à l'hôtel Koryo, à Pyongyang, en décrivant un jeune homme détendu et souriant. Ses conditions d'entrée et d'arrestation en RPDC apparaissent plus singulières.

Etudiant en commerce à l'Université de New York, Joo Won-moon est entré illégalement en RPDC le 22 avril en traversant à la nage le fleuve Yalu qui sépare la Chine et la Corée, après avoir franchi deux rangées de fil barbelé. Il a poursuivi son chemin à travers champs avant d'être arrêté par des soldats nord-coréens. Contrairement à d'autres Coréens ayant pénétré sans autorisation sur le territoire nord-coréen, il ne semble pas avoir cherché à se cacher ni à rencontrer d'autres Nord-Coréens. Il a d'ailleurs déclaré à CNN qu'il était prêt à se faire arrêter, conscient d'avoir gravement enfreint non seulement la loi nord-coréenne, mais plus généralement les règles de droit international.

Quand le journaliste Will Ripley lui a demandé les raisons pour lesquelles il était entré en Corée du Nord, Joo Won-moon a déclaré qu'il était conscient d'avoir commis un délit, mais qu'il espérait que cet incident créerait les conditions d'une amélioration des relations intercoréennes :

J'espérais que mon entrée, illégalement je le reconnais, pourrait entraîner quelque grand événement, avec l'espoir que cela aurait un effet positif sur les relations entre le Nord et le Sud [de la Corée] [...] Evidemment, je n'en suis pas encore totalement sûr, mais j'espère que je pourrai dire au monde comment un simple étudiant d'université a pu entrer illégalement en RPDC [...] et rentrer chez lui en sécurité grâce au traitement généreux de la RPDC.

Plusieurs éléments doivent être pris en considération pour apprécier cette réponse en évitant un jugement européo-centré : tout d'abord, l'impossibilité pour un Sud-Coréen d'avoir le moindre contact avec les Nord-Coréens en application de la loi de sécurité nationale. Dès lors, la curiosité qui a animé Joo Won-moon est celle de bien des Sud-Coréens, et sa volonté de voir puis de témoigner (alors qu'il n'est qu'un "simple étudiant") est compréhensible... dès lors qu'il sera libéré, ce dont il exprime ouvertement le souhait, ce qui ne fait d'ailleurs guère de doutes au regard des précédents et du caractère relativement limité de l'infraction commise par rapport à d'autres actes qualifiés de crimes dans le droit nord-coréen.

Mais plus fondamentale est l'idée, avancée par Joo Won-hoon, de créer un incident et d'amener ainsi à des discussions intercoréennes (à noter qu'à aucun moment ne sont évoquées les relations entre la RPDC et les Etats-Unis, bien que Joo ait le statut de résident permanent aux Etats-Unis). Le raisonnement est loin d'être absurde : à plusieurs reprises, les Etats-Unis ont dépêché à Pyongyang des émissaires de haut niveau - comme l'ancien Président Bill Clinton - pour obtenir la libération de leurs ressortissants, souvent coréens, arrêtés en RPDC (dans le cas de Bill Clinton, les journalistes Laura Ling et Euna Lee, elles aussi entrées illégalement en Corée du Nord). Et de fait, un canal de dialogue s'était ainsi instauré. Que cet exemple ait pu marquer Joo Won-hoon, qui vit aux Etats-Unis depuis quatorze ans, est probable, le jeune homme exprimant par ailleurs des marques de respect pour la République populaire démocratique de Corée (qu'il désigne toujours de son nom officiel).

Mais ce qui a valu pour les relations américano-nord-coréennes peut-il être transposé aux relations intercoréennes ? Il est permis d'en douter, tant les suspicions sont fortes de part et d'autre. Le gouvernement sud-coréen, en appelant à la libération immédiate de Joo Won-hoon, a dénoncé selon lui une pratique de Pyongyang contraire aux droits de l'homme, en n'ayant pas informé immédiatement de l'arrestation de Joo Won-hoon. Cette critique apparaît pourtant déplacée si l'on considère que les soldats sud-coréens, eux, n'ont pas hésité encore récemment à tuer certains de leurs compatriotes qui tentaient de gagner le Nord en fuyant le Sud.

Le New York Post a vu dans le geste de Joo un plaidoyer pour la paix ; certainement, mais plus basiquement l'étudiant a manifestement souhaité voir les deux gouvernements coréens discuter directement, le désir de réunification de leur pays animant les Coréens.

Interrogé enfin par Will Ripley sur ce le message qu'il souhaitait faire passer, Joo Won-hoon a eu un mot pour ses parents et ses proches, en soulignant qu'il était bien nourri, qu'il avait bien dormi et qu'il voulait s'excuser pour l'inquiétude qu'il leur donnait. Les autres étrangers arrêtés en Corée du Nord sont, de fait, bien traités. Ce qui nous semble toutefois le plus intéressant dans cette réponse est son caractère profondément coréen, dans  le respect des aînés et des parents. Si l'on veut comprendre Joo Won-hoon, il faut le considérer d'un point de vue coréen, et formuler avec lui le voeu que son geste, qui apparaît teinté d'idéalisme, puisse effectivement avoir un effet bénéfique sur les relations Nord-Sud.



Sources :

Partager cet article
Repost0
26 mars 2015 4 26 /03 /mars /2015 23:03

Le 26 mars 2010, le Cheonan, corvette de la marine sud-coréenne, sombrait au large de l'île de Baegnyeong, à l'ouest de la péninsule coréenne, entraînant la mort de 46 marins. Suite à ce naufrage, sur la base d'une enquête controversée attribuant à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) la responsabilité du drame du 26 mars, le gouvernement sud-coréen a pris des sanctions à l'encontre de la RPDC, malgré les dénégations de cette dernière. Ces sanctions ont porté le coup le plus sévère au dialogue intercoréen après l'arrivée au pouvoir des conservateurs en 2008 en Corée du Sud. Cinq ans après le naufrage du Cheonan, il apparaît plus urgent que jamais de rouvrir l'enquête pour établir de manière incontestable les causes réelles du naufrage du Cheonan. La thèse dite de la torpille nord-coréenne est en effet de plus en plus contestée, et pas seulement par la Corée du Nord.

Emplacement du naufrage du "Cheonan" le 26 mars 2010

Emplacement du naufrage du "Cheonan" le 26 mars 2010

Pour élucider les causes du naufrage de la corvette Cheonan, le 26 mars 2010, le gouvernement sud-coréen a mis en place un groupe d'enquête principalement composé d'experts civils et militaires de Corée du Sud et des Etats-Unis auxquels se sont joints ceux de deux pays alliés (l'Australie et le Royaume-Uni) et d'un pays neutre (la Suède). Dès le 20 mai 2010, le rapport intermédiaire du groupe d'enquête (confirmé le 13 septembre suivant) a imputé le naufrage du 26 mars à une torpille nord-coréenne, des accusations aussitôt rejetées par la RPD de Corée.

Sur la base des conclusions du rapport d'enquête intermédiaire, le gouvernement sud-coréen a pris le 24 mai 2010 des mesures de rétorsion contre la RPDC : reprise de la diffusion de messages de propagande par tracts et par haut-parleurs à la frontière avec le Nord, manœuvres sous-marines conjointes avec les Etats-Unis en mer de l'Ouest, fermeture du détroit de Jeju (extrême sud de la péninsule coréenne) aux navires nord-coréens, suspension des relations commerciales avec la RPDC, arrêt de tout investissement en RPDC, et restriction des contacts entre Coréens du Sud et du Nord. Ce sont ces mesures qui ont porté le coup le plus grave aux déclarations Nord-Sud pourtant signées au plus haut niveau des deux Etats coréens le 15 juin 2000 et le 4 octobre 2007.

A la veille du cinquième anniversaire du naufrage du Cheonan, le département politique de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée a tenu à exposer, le 24 mars 2015, ce qui reste la position de principe de la RPDC à l'égard des "mesures du 24 mai" consécutives à un naufrage "qui ne la concerne en rien":

 

"[...] Premièrement, nous ne modifierons pas notre position selon laquelle le Sud doit immédiatement lever les sinistres 'mesures' qu'il a concoctées sous le prétexte absurde de l'affaire du naufrage du navire de guerre Cheonan, sans perdre de temps. Ces 'mesures' s'appuient sur la fiction d'une 'implication du Nord dans le naufrage'.

L'absence de fondements justes rend ces mesures déraisonnables.

Deuxièmement, le Sud devrait clairement comprendre qu'exiger des 'excuses' et une 'expression de regrets' comme préalable à la levée des 'mesures' est un sophisme qui ne pourra jamais fonctionner.

Si quelqu'un demande au Nord de 's'excuser' pour lever les 'mesures', cela sera considéré comme une intolérable moquerie à l'égard de la RPDC et une déclaration de confrontation avec elle.

Si les autorités sud-coréennes souhaitent réellement une amélioration des relations Nord-Sud, elles doivent garder à l'esprit que la première chose à faire est de lever les 'mesures'.

Troisièmement, la RPDC maintient sa position selon laquelle l'enquête doit, si nécessaire, être immédiatement rouverte pour établir de manière scientifique la vérité sur ce naufrage qui a abouti à ces sinistres 'mesures', même si cela arrive tardivement.

Si les autorités sud-coréennes souhaitent réellement le règlement de cette question, elles doivent avoir le courage de prendre la décision d'accepter toutes les propositions faites par la RPDC pour régler l'affaire concernant le naufrage.

Si elles considèrent qu'il est difficile de répondre aux propositions de la RPDC, elles peuvent juste apporter à Panmunjom [dans la zone démilitarisée séparant les deux Corée], ou à tout autre endroit convenu, les matériaux et preuves liés au naufrage pour seulement laisser la RPDC livrer ouvertement au monde la vérité au sujet de cette affaire. […]"

 

Les "mesures du 24 mai" n'ont jamais été remises en question par les autorités de Séoul après 2010, malgré les doutes croissants sur la version américano-sud-coréenne d'une implication de la Corée du Nord dans le naufrage du Cheonan, doutes exprimés, dès la publication des résultats de l'enquête officielle, par, entre autres, les experts de la marine russe qui ont eu accès aux "preuves" avancées pour accuser la RPDC, par des scientifiques indépendants et même par un ancien membre du groupe officiel d'enquête.

A la suite de l'exposé du 24 mars 2015 de la "position de principe" de la Commission de la défense nationale, la mission de l'Armée populaire de Corée (du Nord) à Panmunjom a accusé les Etats-Unis d'avoir "monté l'affaire du naufrage du navire de guerre Cheonan et d'en avoir abusé pour intensifier leur politique hostile à l'égard de la RPDC":

"[… Le naufrage du Cheonan] a été orchestré par les Etats-Unis avec la sinistre intention de garder le contrôle de la Corée du Sud et du Japon, de les utiliser comme une brigade de choc dans la réalisation de leur ambition de domination mondiale et d'intensifier les actions visant à isoler et étouffer la RPDC après avoir trouvé des justifications pour un renforcement militaire dans la région. [...]"

 

La mission de l'Armée populaire de Corée cite notamment des experts de la marine russe selon lesquels le Cheonan pourrait avoir été coulé par un "tir ami", à savoir une torpille lancée depuis un sous-marin à propulsion nucléaire américain. La possibilité de la présence d'un sous-marin de grande taille à proximité du Cheonan le 26 mars 2010 a été évoquée à plusieurs autres reprises, notamment en novembre 2014 dans une étude scientifique publiée dans la revue Advances in Acoustics and Vibration.

De fait, le naufrage du Cheonan a constitué pour les Etats-Unis un événement tombant de manière très opportune pour justifier un renforcement de leur présence militaire dans la zone Asie-Pacifique, conformément à la stratégie dite du pivot asiatique, dans le cadre d'une politique d'encerclement de la Chine identifiée depuis le début des années 2000 comme le principal adversaire stratégique.

 

Sources :

Partager cet article
Repost0
3 mars 2015 2 03 /03 /mars /2015 23:41

Le 2 mars 2015, les armées américaine et sud-coréenne ont entamé leurs exercices conjoints annuels "Key Resolve" et "Foal Eagle", prévus pour durer jusqu'à fin avril. Cinq autres pays participent à ces exercices militaires, dont la France. Malgré les espoirs soulevés par les appels au dialogue lancés par les dirigeants du Nord et du Sud en début d'année, ces manœuvres font replonger la Corée dans un nouveau cycle de tensions où le moindre incident peut avoir des conséquences incalculables.

L'exercice "Key Resolve", basé sur des simulations informatiques, se tient jusqu’au vendredi 13 mars 2015, avec la participation d’environ 10 000 soldats sud-coréens et 8 600 américains. Officiellement, "Key Resolve" vise à renforcer les capacités de combat des forces américano-sud-coréennes. L'exercice "Foal Eagle" se déroule, lui, jusqu’au 24 avril 2015 et mobilise 200 000 soldats sud-coréens et 3 700 américains pour des manœuvres sur terre, en mer et dans les airs.

 

L’USS Fort Worth, navire de combat littoral de 3 450 tonnes, capable d’approcher au plus près des côtes grâce à sa grande maniabilité, prendra part à ces exercices. On note aussi la participation de cinq autres pays : l'Australie, le Canada, le Danemark, la France et la Grande-Bretagne. En 2014, la France n'avait pas participé aux exercices "Key Resolve" et "Foal Eagle", selon le ministère français des Affaires étrangères interrogé à ce sujet.

le navire de combat littoral américain USS Fort Worth

le navire de combat littoral américain USS Fort Worth

A la veille du début de l'édition 2015 de "Key Resolve" et "Foal Eagle", l'état-major de l'Armée populaire de Corée (APC) a exposé dans un communiqué sa "position de principe" à l'égard de ces exercices récurrents vus comme le prélude à une attaque contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) :

"1. Nos forces armées révolutionnaires ne resteront pas témoins passifs de l’actuelle tension créée par suite des présents exercices de guerre d’agression aventuriers des Etats-Unis et des pays satellites contre notre République.
Les Etats-Unis durcissent sans cesse leur politique hostile à notre République. Obama et consorts redoublent leurs calomnies et diffamations, et intensifient sanctions et pression et élargissent l’envergure et la sphère de leurs exercices de guerre d’agression contre notre pays. Aussi, nous avons déclaré à la face du monde notre volonté de prendre des mesures de riposte beaucoup plus énergiques et redoutables que les leurs.
[...]
2. Nos forces armées révolutionnaires ne permettront pas la moindre violation de notre territoire, de notre espace aérien et de nos eaux territoriales par les Etats-Unis et les pays satellites.
Si ceux-ci provoquent une guerre conventionnelle contre nous, nous leur répondrons par une guerre conventionnelle à la coréenne. Si c’est une guerre nucléaire, nous lui opposerons une guerre nucléaire de notre invention. S’ils tentent de nous 'renverser' par la cyberguerre, nous leur infligerons une défaite totale en hâtant leur fin par une cyberguerre prompte et redoutable, proprement coréenne.
[...]
3. Les Etats-Unis et les pays à la remorque de ceux-là doivent se rendre clairement compte que leurs manœuvres d’agression forcenées et cyniques, affublées de paix, sont condamnées à l’échec car le monde entier chérit l’équité et la justice. En effectuant les exercices de guerre visant à 's’emparer' d'un seul coup de la capitale d’un pays souverain et à en 'éliminer' la direction suprême, les Etats-Unis osent les décrire cyniquement comme les exercices militaires de caractère 'défensif' et 'annuel'. 'Key Resolve', 'Foal Eagle' et d’autres mouvements militaires intenses des Etats-Unis dans la péninsule coréenne et à ses environs ne visent pas seulement notre République.
[...]
Les agresseurs US, les fantoches sud-coréens et les forces à la remorque des Américains auront à se repentir amèrement et à se lamenter douloureusement d’avoir effectué 'Key Resolve' et 'Foal Eagle' car ces exercices aventuriers ne leur apporteront que des conséquences désastreuses et irrémédiables."

 

De son côté, le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a publié le 2 mars un communiqué soulignant que la RPDC avait proposé en début d'année de suspendre ses essais nucléaires si les Etats-Unis et leurs alliés renonçaient à leurs exercices militaires de grande ampleur. En réponse, rappelle le communiqué du ministère, le président américain Barack Obama avait décrété des sanctions supplémentaires contre la RPDC.

 

Pour la paix en Corée et dans le monde, il est plus que jamais urgent que toutes les parties en présence retrouvent la voie d'un dialogue sincère. Pour sa part, l'Association d'amitié franco-coréenne n'aura de cesse d'appeler les autorités françaises à jouer un rôle positif dans cette partie du monde.

 

 

Sources :

Partager cet article
Repost0
7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 11:53

Au pouvoir entre 2008 et 2013, l'ancien Président sud-coréen Lee Myung-bak (parti Saenuri, conservateur), dans ses mémoires intitulés Le Temps du Président, accuse la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) d'avoir tenté de monnayer la tenue d'un sommet intercoréen pendant son mandat. La RPD de Corée, par la voix de la Commission pour la réunification pacifique de la patrie, a vivement dénoncé un ouvrage "mensonger". Pour sa part, la Maison bleue - siège de la présidence sud-coréenne - s'est officieusement démarquée de M. Lee Myung-bak, qui avait été vivement critiqué par l'opinion publique sud-coréenne pour sa responsabilité dans la détérioration des relations Nord-Sud, en estimant que ses déclarations ne servaient pas l'intérêt national. Ces affirmations, à prendre avec la plus extrême précaution, interviennent dans le contexte de contacts Nord-Sud discrets, voire secrets, et d'un besoin alors de rebondir pour un chef de l'Etat sud-coréen dont la popularité était en berne.

Les mémoires de l'ancien Président sud-coréen Lee Myung-bak, en vente dans une librairie de Séoul.

Les mémoires de l'ancien Président sud-coréen Lee Myung-bak, en vente dans une librairie de Séoul.

Les accusations portées par l'ancien Président sud-coréen sont sans ambiguïté : pour lui, la RPD de Corée aurait cherché à monnayer la tenue d'un sommet Nord-Sud en demandant une aide en nature et un apport en capital de 10 milliards de dollars :

"La Corée du Nord a demandé à la Corée du Sud de fournir 100.000 tonnes de maïs, 400.000 tonnes de riz, 300.000 tonnes de fertilisants, du bitume d'une valeur de 100 millions de dollars et 10 milliards de dollars pour établir une banque nationale de développement."

 

A supposer que de telles discussions aient eu lieu, la somme de 10 milliards de dollars aurait ainsi correspondu à un fonds de développement, vraisemblablement commun aux deux Corée, traduisant un apport en capital de la partie sud-coréenne, sans précision sur le montant et la nature de l'apport nord-coréen à ce même fonds.


L'ancien chef de l'Etat affirme également que la proposition d'un sommet intercoréen serait venue à plusieurs reprises de la partie Nord, notamment de la part de la délégation présente aux funérailles de l'ancien Président Kim Dae-jung à Séoul en août 2009, et d'une autre délégation - civile et militaire - qui aurait visité le Sud en décembre 2010.

Réagissant à un ouvrage qu'elle a qualifié de "mensonger" qui cherche à "changer le noir en blanc", la Commission (nord-coréenne) pour la réunification pacifique de la patrie a vivement réfuté les propos de M. Lee Myung-bak, en déclarant qu'au contraire c'était ce dernier qui aurait demandé la tenue d'un sommet intercoréen alors qu'il était affaibli politiquement, tout en précisant qu'elle détenait des preuves en ce sens :

"Nous n'avons pas besoin de rentrer dans les détails (...) Mais pour résumer, le traître Lee nous a interpellé et nous a supplié d'accepter un envoyé spécial ou un sommet lorsqu'il était acculé politiquement (...) Nous avons toutes les preuves en main de ce que nous avançons."


Elue en décembre 2012 et entrée en fonctions en février 2013, l'actuelle Présidente sud-coréenne, Mme Park Geun-hye, bien qu'étant issue du même parti politique que son prédécesseur, a cherché à se démarquer de la politique intransigeante de ce dernier vis-à-vis de la RPD de Corée, et qui avait conduit à la remise en cause des acquis du dialogue intercoréen fondé, notamment, sur les rencontres au sommet Nord-Sud de juin 2000 et octobre 2007. Alors que les deux Etats coréens appellent aujourd'hui au dialogue, les déclarations figurant dans les mémoires de l'ancien Président Lee Myung-bak ne sont évidemment pas de nature à favoriser la reprise des échanges - mais peut-être est-ce l'objectif poursuivi, outre la volonté de l'ancien Président sud-coréen de se justifier, en rejetant l'échec des discussions sur l'autre partie ? Un "officiel de haut niveau du bureau présidentiel sud-coréen" a ainsi déclaré à l'agence officielle sud-coréenne Yonhap, sous couvert d'anonymat, ne pas être "sûr que la révélation des détails sur les relations intercoréennes aidera l'intérêt national".

Qu'il y ait eu des contacts intercoréens discrets, voire secrets, chacun en convient - l'agence officielle nord-coréenne KCNA appelant d'ailleurs à ne pas commettre d'erreur d'interprétation sur "les contacts informels Nord-Sud" qui ont donc bien eu lieu, mais sans en préciser les dates, les lieux les participants et le contenu, ni a fortiori les résultats. Dès lors, il est impossible d'apprécier l'exactitude matérielle et la part que prend l'interprétation dans les révélations sensationnelles de M. Lee Myung-bak, seul à fournir des détails qui ne sont corroborés par aucune source indépendante. En particulier, ce dernier n'a reçu à ce jour aucun appui de la Maison Bleue, qui a évité de confirmer ou d'infirmer ses propos.  

Par des "fuites", sans doute en partie organisées par la présidence sud-coréenne, au tournant des années 2000 et 2010 les médias sud-coréens et occidentaux s'étaient fait l'écho, à plusieurs reprises, de discussions sur un possible troisième sommet intercoréen qui, s'il s'était tenu, aurait permis au chef de l'Etat sud-coréen de démentir les critiques selon lesquelles sa politique vis-à-vis de Pyongyang conduisait les relations Nord-Sud dans le mur. Mais le fait est que les contacts informels Nord-Sud n'ont abouti, à notre connaissance, à aucun résultat important, et que la nomination in fine, comme ministre de la Réunification à Séoul, d'un des hommes-clés de ces échanges avec le Nord n'avait pas davantage permis d'enclencher - ou réenclencher - un processus de dialogue basé sur une relation de confiance réciproque. Pendant la dernière année du mandat du Président Lee Myung-bak, les médias avaient cessé de parler d'un sommet intercoréen : il fallait désormais attendre l'élection présidentielle sud-coréenne de décembre 2012 pour apprécier si, oui ou non, le nouveau locataire de la Maison Bleue souhaiterait et pourrait relancer les échanges intercoréens, sérieusement mis à mal pendant la présidence Lee Myung-bak.


Sources :

Partager cet article
Repost0
28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 00:57

La Conférence coréenne des religions pour la paix, qui regroupe sept des principaux groupes religieux en République de Corée (Corée du Sud), a annoncé son intention d'organiser un sommet religieux intercoréen pour la paix, à l'occasion du 70e anniversaire de la libération de la Corée de l'occupation japonaise, en août 1945. Cette initiative témoigne, une nouvelle fois, du rôle d'avant-garde que jouent les églises coréennes pour promouvoir le dialogue et la paix dans la péninsule.

Réunion à Pusan, les 16 et 17 décembre 2014, des représentants de la Conférence coréenne des religions pour la paix

Réunion à Pusan, les 16 et 17 décembre 2014, des représentants de la Conférence coréenne des religions pour la paix

L'annonce a été faite, lors d'une conférence de presse le 26 janvier 2015, par le pasteur anglican Kim Kwang-jun, secrétaire général de la Conférence (sud-)coréenne des religions pour la paix : à l'occasion du soixante-dixième anniversaire de la fin de l'occupation japonaise, une rencontre religieuse intercoréenne est en préparation avec la Conférence (nord-)coréenne des religions, qui regroupe les cinq principaux groupes religieux en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).

La manifestation commune pourrait avoir lieu en août ou en septembre 2015, à Pyongyang ou dans le complexe touristique intercoréen des Monts Keumgang qui, par le passé, a accueilli des réunions de familles séparées par la division et la guerre.  

Un récital pour la paix est également envisagé, autour de la date anniversaire de la libération, le 15 août, au siège du Parti du travail de Corée du comté de Cheorwon, dans la province de Gangwon (au Nord), ou au Mont Dora, à Paju, dans la province de Gyeonggi (au Sud).

La Conférence coréenne des religions pour la paix est très engagée pour la dialogue et contre la guerre, non seulement dans la péninsule, mais aussi dans le monde : elle recevra le 29 janvier des étudiants iraniens en religion, et elle prépare la candidature de la République de Corée pour accueillir, en 2018, de la Conférence mondiale pour la paix - dont le pays hôte doit être choisi en octobre 2015.

Source :

Partager cet article
Repost0
1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 00:01

Dans tous les pays du monde, les déclarations du plus haut dirigeant à l'occasion de la nouvelle année constituent un moment solennel. La Corée ne fait pas exception à la règle : après la cérémonie de voeux de la Présidente Park Geun-hye de la République de Corée (Corée du Sud), le Dirigeant Kim Jong-un de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) s'est à son tour adressé à ses concitoyens et au monde, le 1er janvier 2015, dans un discours de trente minutes. De part et d'autre, la volonté a été clairement exprimée de reprendre le dialogue intercoréen à un haut niveau, alors que cette année marque le soixante-dixième anniversaire de la libération de la Corée de l'occupation japonaise. Fidèle à ses engagements constants depuis 1969, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) accompagne pleinement la RPD de Corée sur la voie des échanges économiques et culturels, et soutient fermement toute initiative de nature à favoriser le dialogue, la paix et la réunification dans la péninsule - après que le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul, en 2008, a malheureusement ruiné les efforts accomplis en ce sens pendant la décennie de la "politique du rayon de soleil" (1998-2008) d'ouverture du Sud au Nord, et réciproquement.

Le Maréchal Kim Jong-un, Premier secrétaire du Parti du travail de Corée

Le Maréchal Kim Jong-un, Premier secrétaire du Parti du travail de Corée

Suivant un exercice rodé, dans ses voeux de nouvel an diffusés le 1er janvier 2015, le Maréchal Kim Jong-un s'est inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs, le Président Kim Il-sung et le Dirigeant Kim Jong-il, pour l'édification d'un pays socialiste puissant et prospère, sous la conduite du Parti du travail de Corée (PTC), alors que le 10 octobre 2015 marquera le soixante-dixième anniversaire de la fondation du PTC, dont le message de nouvel an a souligné qu'il donnerait lieu à d'importantes célébrations. 

Le dirigeant Kim Jong-un a fait le bilan de l'année écoulée et fixé les priorités pour 2015, en mettant l'accent, comme les années précédentes, sur la poursuite et l'accélération du développement économique ainsi que l'élévation du niveau de vie de la population. A cet égard, la récolte céréalière a atteint, en 2014, son plus haut niveau depuis les graves catastrophes climatiques des années 1990, lesquelles avaient engendré une sévère pénurie alimentaire. La mise en place continue d'une nouvelle infrastructure de loisirs marque la volonté de garantir l'accès le plus large à la consommation de biens et de services. Enfin, la modernisation technologique et la mise en exergue de l'importance accordée au progrès scientifique rendent compte de l'engagement de la RPD de Corée dans un nouveau cycle de croissance économique, se fondant sur l'effort réalisé en matière d'investissements en recherche-développement - y compris par un recours accru aux investissements étrangers. L'intervention mentionne également la nécessaire accélération de l'ouverture au tourisme international.

Le développement économique et social a été décrit comme indissociable du renforcement des capacités militaires, fondé notamment - comme en France - sur une force de dissuasion nucléaire, la RPD de Corée restant soumise au plus vieil embargo au monde.

Un des moments les plus attendus des voeux état de savoir si le Nord répondrait à la proposition formulée par le Sud quelques jours plus tôt, de relancer le dialogue et les échanges intercoréens, mis à mal par l'alternance politique qui a vu le retour au pouvoir à Séoul, en 2008, des conservateurs, parmi lesquels beaucoup privilégient au contraire le renforcement des sanctions en vue d'un effondrement de la RPD de Corée. En 2014, la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a mis en place un comité de préparation de l'unification, qui avait proposé au Nord, dans les derniers jours de décembre, de reprendre le dialogue interministériel dès janvier 2015 pour discuter de sujets d'intérêt mutuel, dont de nouvelles réunions de familles coréennes séparées par la division.

Le compte rendu de l'allocution de nouvel an publié par l'agence de presse nord-coréenne KCNA a souligné que la nation coréenne tout entière - du Nord, du Sud et de la diaspora - devait se retrouver derrière le mot d'ordre "Que l'ensemble de la nation fasse des efforts conjoints pour ouvrir un boulevard vers la réunification indépendante, en cette année du soixante-dixième anniversaire de la libération nationale !". En effet, si le 15 août a vu la libération de la Corée de l'occupation japonaise, l'indépendance s'est accompagnée de la division de la nation coréenne avec la mise en place d'institutions séparées de part et d'autre du 38e parallèle.

Plus précisément, le Maréchal Kim Jong-un a déclaré qu'il n'avait "pas de raison" de refuser la main tendue par le Sud, en apportant les précisions suivantes :

"Si les autorités sud-coréennes veulent sincèrement améliorer les relations entre la Corée du Nord et du Sud par le dialogue, nous pouvons reprendre les rencontres à haut niveau qui ont été suspendues. [...] Si l'atmosphère et l'environnement sont favorables, il n'y a pas de raison de ne pas tenir un sommet à haut niveau [avec la Corée du Sud]."

Si les autorités sud-coréennes ont raison de souligner qu'il s'agit d'une réponse positive, la RPD de Corée a rappelé qu'il faut que soient réunies les conditions d'un dialogue de haut niveau - un peu hâtivement interprété comme la possibilité d'un sommet Nord-Sud, dans la continuité de ceux de juin 2000 et octobre 2007. En effet, les canaux du dialogue existent déjà : le Nord avait pris l'initiative de l'envoi d'une délégation de très haut niveau lors de la cérémonie de clôture des Jeux asiatiques d'Incheon, au Sud, le 4 octobre 2014, qui coïncidait jour pour jour avec le septième anniversaire de la seconde déclaration conjointe Nord-Sud. Il s'agit donc déjà de reprendre les discussions, à l'occasion de l'anniversaire de la libération qui sera commémoré avec faste tant au nord qu'au sud de la péninsule, alors que la fin d'année 2014 avait été marquée par des initiatives du Sud qui avaient éloigné la perspective de renouer les fils du dialogue : les envois depuis le Sud de tracts de propagande contre la RPD de Corée, le rôle actif joué par Séoul dans la condamnation de la situation des droits de l'homme au Nord, enfin (et peut-être surtout) la répression exercée par les autorités sud-coréennes vis-à-vis des militants pro-réunification, dans la foulée de l'interdiction du Parti progressiste unifié (PPU), décrié comme "pro-Nord", qui s'inscrit dans une évolution autoritaire du régime du Sud. Tant que cette répression continuera, il est très improbable que le Nord accepte de servir de caution à la présidente sud-coréenne, dont la popularité vient de tomber en-dessous de la barre des 40 %.

Sources :

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Association d'amitié franco-coréenne
  • : Soutenir une réunification indépendante et pacifique de la Corée, conformément à l'aspiration légitime du peuple coréen et dans l’intérêt de la sécurité et de la paix dans le monde
  • Contact

Recherche

D'où venez-vous?