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23 août 2015 7 23 /08 /août /2015 11:44

Le 22 août 2015, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), à l'instar d'autres associations d'amitié avec la Corée, a reçu par courrier électronique un message du Comité des relations culturelles avec les pays étrangers de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), revenant sur les récents événements entre les deux Corée ayant gravement accru les tensions militaires. Le Comité des relations culturelles avec les pays étrangers regroupe les associations coréennes d'amitié avec les pays étrangers, dont l'Association d'amitié Corée-France, homologue de l'AAFC. Un tel communiqué est rare de la part du Comité des relations culturelles, soulignant la gravité de la situation et le besoin, selon les autorités nord-coréennes, d'élargir les canaux de communication et d'action. Nous traduisons ci-après en français ce communiqué rédigé en anglais. Pour sa part, l'AAFC appelle à la reprise du dialogue pour diminuer durablement les tensions dans la péninsule coréenne, chaque partie devant s'abstenir de toute action de nature à aggraver les risques de confrontation : la création d'un climat de paix et de sécurité dans la péninsule coréenne passe par la suspension des exercices militaires conjoints Ulji Freedom Guardian, l'arrêt de toute propagande contre l'autre partie dans la DMZ et la mise en oeuvre par les autorités sud-coréennes des moyens dont elles disposent pour empêcher de nouveaux envois de ballons de propagande au Nord, afin de ne pas jeter d'huile sur le feu d'une situation devenue explosive.

Réunion d'urgence de la Commission militaire centrale du Parti du travail de Corée le 20 août 2015

Réunion d'urgence de la Commission militaire centrale du Parti du travail de Corée le 20 août 2015

Chers amis,

Nous vous adressons nos chaleureuses salutations de Pyongyang.

Nous vous écrivons cette lettre à propos des tensions actuelles dans la péninsule coréenne, qui est au bord de la guerre.

Le 20 août dernier les militaires gangsters des forces fantoches sud-coréennes ont créé une histoire d'obus tiré par le Nord, et sous ce prétexte ont tiré de manière irresponsable 36 obus sur les postes de l'Armée populaire de Corée. Le groupe fantoche sud-coréen a prétendu à cor et à cri avoir répliqué à un obus ou une balle tiré par le Nord, malgé une absence totale de preuves. Le 20 août nous n'avons tiré aucun obus ou aucune balle contre le Sud, et il n'y a même pas eu de tir accidentel. Le tir unilatéral des gangsters fantoches sud-coréens n'était ni imprévu ni accidentel ; il s'agissait bien d'une provocation ourdie et calculée.

Ils ont d'abord créé une histoire d'explosion de mine antipersonnelle, et sous ce prétexte ils ont repris leur guerre psychologique par les hauts parleurs situés tout le long de la ligne de front. Ils ont frénétiquement accru les opérations d'envoi de tracts contre la RPDC en mobilisant les organisations les plus réactionnaires.

Ils ont effectué à présent une nouvelle provocation militaire en tirant 36 obus contre la RPDC. La reprise de leur guerre de propagande et de leurs actions militaires contre la RPDC intervient au moment où se déroule en Corée du Sud Ulji Freedom Guardian, c'est-à-dire les vastes exercices conjoints de préparation d'une guerre nucléaire conduits par les Etats-Unis, lancés le 17 août. Cela montre clairement que le groupe fantoche sud-coréen coopère étroitement avec les Etats-Unis pour plonger toute la nation coréenne dans les désastres de la guerre, en imputant à la RPDC la responsabilité des tensions actuelles entre le Nord et le Sud et en créant de bonnes raisons, tel que l'envoi de tracts, pour justifier des confrontations entre compatriotes.

Dans la grave situation actuelle, une réunion élargie de la Commission militaire centrale du Parti du travail de Corée s'est tenue d'urgence dans la nuit du 20 août. Lors de cette réunion, le Commandement suprême de l'Armée populaire de Corée a ordonné que les unités les plus avancées sur la ligne de front soient en état d'alerte afin d'être entièrement prêtes à lancer des opérations surprise et que la région autour du front soit dans un état de semi-guerre à compter du 21 août 17 heures.

La situation dans la péninsule coréenne est au bord du gouffre d'une nouvelle guerre en raison des provocations répétées des Etats-Unis et des forces fantoches sud-coréennes. La situation actuelle montre une nouvelle fois clairement que ce sont bien les Etats-Unis et le régime fantoche sud-coréen à ses ordres qui aggravent les tensions dans la péninsule coréenne et menacent la paix et la stabilité dans la région.

Nous sommes fermement convaincus que les personnes et les organisations internationales sincèrement attachées à la justice et à la paix mondiale comprendront parfaitement le danger de la situation actuelle dans péninsule coréenne et sa nature, et soutiendront pleinement le peuple coréen dans son combat pour sauvegarder sa souveraineté nationale en organisant des activités de solidarité, telles que des réunions, des déclarations, des interviews et des manifestations de protestation pour briser les provocations et les agressions militaires anti-RPDC des Etats-Unis et des autorités fantoches sud-coréennes.

En vous priant d'agréer nos salutations les meilleures,

Le Comité des relations culturelles avec les pays étrangers de RPDC

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22 août 2015 6 22 /08 /août /2015 12:20

Après une brusque montée des tensions dans la péninsule coréenne, des négociations d'urgence entre les deux Corée se sont ouvertes dans le village frontalier de Panmunjom ce samedi 22 août 2015 à 18 heures heure locale (11h30 heure française). L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) apporte un éclairage sur ces discussions, décidées deux heures avant la fin de l'ultimatum lancé par Pyongyang pour que Séoul fasse cesser la diffusion de sa propagande par haut parleur le long de la DMZ. Pyongyang avait menacé de tirer sur les hauts parleurs, après des échanges de tirs d'obus deux jours plus tôt (présentés par le Sud comme une riposte à un premier tir du Nord, et par le Nord comme une initiative et une provocation du Sud).

Comprendre les négociations en cours entre les deux Corée

Quel est l'objet des discussions ?

Si ces négociations d'urgence interviennent dans le contexte d'exercices de guerre américano - sud-coréens (auxquels participe la France, entre autres), leur objet premier porte sur les hauts parleurs situés le long de la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corée. Le 4 août dernier, l'explosion de mines antipersonnel a gravement estropié deux soldats sud-coréens le long de la DMZ. En réaction à ce qu'elle a finalement considéré comme une attaque du Nord, à la suite d'une enquête qu'elle a menée avec les seuls Américains, le Sud a décidé de relancer sa propagande par haut parleur - suspendue depuis un accord intercoréen de 2004 - le long de la DMZ.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a vivement rejeté cette accusation qu'elle considère comme une manoeuvre pour ressouder l'opinion sud-coréenne autour de sa présidente, largement impopulaire. La RPDC a apporté des éléments d'explication crédibles sur l'origine de ces mines, dont la DMZ est truffée, provenant selon elles de l'époque de la guerre de Corée (1950-1953), les inondations ayant pu entraîner par ailleurs des glissements vers le Sud de la DMZ.  

Enfin, l'envoi par des groupes d'activistes sud-coréens de ballons de propagande au Nord suscite une forte irritation de la RPDC, qui a demandé aux autorités sud-coréennes d'intervenir pour suspendre ces opérations. Le gouvernement sud-coréen dit qu'il ne peut pas intervenir, en invoquant la liberté d'expression, bien qu'en d'autres circonstances il ait pourtant interdit des lancers de ballons le mettant en cause après le naufrage d'un ferry (le "Sewol"). En outre, la proximité de ces activistes sud-coréens avec l'extrême-droite sud-coréenne (pro-gouvernementale), d'une part, et les services de renseignement sud-coréens, d'autre part, offre de réelles marges de manoeuvre au gouvernement sud-coréen.

 

Qui négocie ?


Compte tenu que leur objet premier est la propagande sud-coréenne le long de la DMZ, les négociations n'incluent pas les Etats-Unis.

Les discussions sont conduites à un  haut niveau. La délégation nord-coréenne est menée par Hwang Pyong-so, directeur du bureau de politique générale de l'Armée populaire de Corée, et Kim Yang-gon, directeur du Département du Front uni au sein du Parti du travail de Corée. Il s'agit d'une équipe de négociation mixte (civilo-militaire), dont les membres ont une expérience des échanges avec le Sud : ils faisaient l'un et l'autre partie de la délégation nord-coréenne ayant visité le Sud, en octobre 2014, à l'occasion des Jeux asiatiques d'Incheon qui s'étaient tenus dans la ville sud-coréenne. La délégation sud-coréenne est menée par Kim Kwan-jin, chef du bureau de la sécurité nationale de l'administration présidentielle, et Hong Yong-pyo, ministre de la Réunification.

 

Quelle durée des négociations ?

Le fait que les négociations n'aient pas été interrompues peu après leur ouverture indique une certaine volonté de conclure, alors que les tensions ont atteint un degré élevé dans la péninsule coréenne. Mais chaque partie campe sur ses positions (le Sud ayant notamment indiqué qu'il n'entendait pas arrêter sa propagande par haut parleur), ouvrant la possibilité de rencontres ultérieures avant de parvenir à un éventuel accord.

 

Est-ce le retour à une phase de négociations pour réduire les tensions dans la péninsule coréenne ?

Les Etats-Unis n'entendant pas à ce stade suspendre leurs exercices de guerre Ulji Freedom Guardian, il restera en tout état de cause de nombreux points d'achoppement et les risques d'affrontement ne disparaîtront pas, quelle que soit l'issue des négociations intercoréennes en cours.

Le retour à la table des négociations entre toutes les parties, notamment sur la question nucléaire et l'éventuelle conclusion d'un traité de paix en lieu et place de l'accord d'armistice de 1953, est vivement encouragé par Pékin. Ces propositions se sont toutefois heurtées jusqu'à présent à une fin de non-recevoir de la part de Washington et Séoul, qui posent des conditions préalables jugées inacceptables par Pyongyang.

Mise à jour : les négociations, qui ont commencé à 18h30, se sont achevées près de dix heures plus tard, à 4h15 du matin (heure locale) le dimanche 23 août 2015. Les deux parties ont convenu de les reprendre ce même dimanche, à 15h.

Sources :

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20 août 2015 4 20 /08 /août /2015 20:52

Si le dialogue intergouvernemental entre la République de Corée (Corée du Sud) et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est au point mort, les autres canaux d'échanges intercoréens sont maintenus - comme l'ont encore montré récemment la conclusion d'un accord salarial pour la zone économique spéciale (ZES) de Kaesong, au Nord de la péninsule, et la visite en RPDC, à caractère humanitaire, de Mme Lee Hee-ho, veuve de l'ancien président sud-coréen Kim Dae-jung (1998-2003). Le Président Kim Dae-jung avait initié la première rencontre au sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, à Pyongyang, en juin 2000, dans le cadre de la politique du "rayon de soleil" d'ouverture au Nord - abandonnée par les administrations conservatrices revenues au pouvoir à Séoul en 2008.  

Mme Lee Hee-ho

Mme Lee Hee-ho

Lors de sa visite en RPD de Corée du 5 au 8 août 2015, à la tête d'une délégation composée, outre elle-même, de 18 personnes, Mme Lee Hee-ho, âgée de 93 ans, a visité un hôpital pour enfants, une maternité et un orphelinat à Pyongyang, confirmant le caractère d'abord (sinon exclusivement) humanitaire de son troisième déplacement en RPDC - après ceux de juin 2000, avec son mari le Président Kim Dae-jung, et de décembre 2011, à l'occasion des funérailles du dirigeant Kim Jong-il.

Lors de son départ à l'aéroport de Séoul, Mme Lee Hee-ho a exprimé son "espoir" que "ce voyage ouvre une fenêtre pour davantage de dialogue, d'échanges et de coopération" entre les deux Corée. Ce déplacement intervenait peu avant la célébration du 70e anniversaire de la libération de la Corée, le 15 août 1945, qui a malheureusement donné lieu à des célébrations séparées au Nord et au Sud de la péninsule.

L'acquis le plus significatif de la politique sud-coréenne du "rayon de soleil" d'ouverture au Nord (1998-2008) reste le développement de la ZES de Kaesong, au Nord, où 124 PME sud-coréennes emploient 53 000 ouvriers nord-coréens, pour un volume d'échanges intercoréens ayant atteint 2,3 milliards de dollars en 2014.

Le 17 août, après six mois de blocage, un accord a été conclu entre la Commission (sud-coréenne) de gestion du district industriel de Kaesong (Kaesong Industrial District Management Committee, acronyme anglais : KIDMC) et le Bureau central (nord-coréen) d'orientation du développement spécial de la zone (Central Special Development Guidance Bureau, CSDGB) : le salaire minimum des ouvriers nord-coréens de la ZES a été porté à 73,873 dollars américains, avec effet rétroactif à partir de mars 2015, soit une hausse de 5 %. Par ailleurs, la protection sociale des travailleurs a été renforcée, entraînant une hausse du coût de la main d'oeuvre comprise entre 8 % et 10 % selon l'Association des entreprises du complexe industriel de Kaesong (Corporate Association of Kaesong Industrial Complex, CAGIC). Le coût global de la main d'oeuvre nord-coréenne à Kaesong - compris entre 120 et 200 dollars par mois - reste toutefois l'un des plus bas d'Asie, comparable à celui du Cambodge. Les prochaines négociations salariales pour la ZES de Kaesong sont prévues en mars 2016.

Par ailleurs, la partie nord-coréenne a déclaré qu'elle travaillerait à pouvoir fournir une main d'oeuvre suffisante pour répondre aux demandes des entreprises sud-coréennes. L'accord salarial du 17 août 2015 prévoit la poursuite des discussions en ce qui concerne les communications, les douanes et le transport.

Sources :

Usine textile dans la zone économique spéciale de Kaesong

Usine textile dans la zone économique spéciale de Kaesong

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18 août 2015 2 18 /08 /août /2015 17:01

A l'occasion du 70e anniversaire de la libération de la Corée, le député sud-coréen Moon Jae-in a tenu une conférence de presse à l'Assemblée nationale le 16 août 2015. L'adversaire malheureux de la Présidente Park Geun-hye lors de l'élection présidentielle de décembre 2012, et qui dirige l’Alliance de la nouvelle politique pour la démocratie (ANPD, démocrate) depuis février 2015, a prôné une autre politique intercoréenne, en mettant l'accent sur le renforcement des échanges économiques avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).

Moon Jae-in, le 16 août 2015 à l'Assemblée nationale

Moon Jae-in, le 16 août 2015 à l'Assemblée nationale

S'inscrivant dans la droite ligne des administrations démocrates au pouvoir à Séoul entre 1998 et 2008, Moon Jae-in a jugé nécessaire de renforcer les échanges intercoréens pour préparer la réunification, tout particulièrement dans le domaine économique :

Nous devons dresser une nouvelle carte économique de la péninsule coréenne en étendant le territoire de nos activités économiques vers la Corée du Nord et le continent (...) Si nous arrivons d’abord à établir une communauté économique, même si nous ne pouvons pas (tout de suite) réaliser l’unification des deux Corées, la taille de notre économie pourra s’accroître avec un marché de 80 millions d’habitants et un revenu par tête de 30.000 dollars grâce à l’entrée au Nord de nos entreprises.

En mettant en avant les bénéfices que chaque partie de la Corée retirerait d'un accroissement des échanges économiques, Moon Jae-in a pris le contrepied des administrations conservatrices (au pouvoir à Séoul depuis 2008) qui, tout en privilégiant les aspects sécuritaires dans les relations Nord-Sud, ont bloqué l'essor du commerce intercoréen. Pour Moon Jae-in, la mise en place d'une communauté économique intercoréenne accroîtrait le PIB sud-coréen de 0,8 % par an jusqu’en 2050, générant 50.000 emplois nouveaux par an.

Etablies unilatéralement par le Sud en 2010 après le dramatique naufrage de la corvette "Cheonan" (dont la cause est une torpille nord-coréenne selon Séoul, ce que nie farouchement Pyongyang, les preuves avancées par la Corée du Sud étant très contestées par de nombreux experts), les mesures dites du 24 mai (2010) interdisent pour l'essentiel les échanges économiques intercoréens, sauf dans la zone économique spéciale nord-coréenne de Kaesong. Moon Jae-in préconise la levée de ces mesures, ce que refusent les autorités conservatrices sud-coréennes.

Moon Jae-in a également réitéré la position démocrate traditionnelle en faveur des échanges et du dialogue Nord-Sud : il a proposé une réunion 2+2 (République de Corée - RPDC d'une part, RPDC - Etats-Unis d'autre part) en vue d'une reprise rapide des pourparlers à six. Le chef de l'opposition sud-coréenne a jugé nécessaire l'intensification des échanges, officiels ou officieux, Nord-Sud.

L'AAFC soutient pleinement les propositions de Moon Jae-in, alors que la politique de fermeté suivie par les administrations conservatrices sud-coréennes de Lee Myung-bak et de Park Geun-hye depuis 2008 a fait la preuve de son inefficacité. Cette politique a considérablement réduit les perspectives d'investissement au Nord des entreprises sud-coréennes, accru les tensions dans la péninsule coréenne sans pouvoir entraver, comme prétendaient naguère y parvenir les oracles de la droite sud-coréenne, les progrès des programmes nucléaires et balistiques nord-coréens.

Source :

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12 août 2015 3 12 /08 /août /2015 22:47

Le 4 août 2015, deux soldats sud-coréens ont été estropiés dans la zone démilitarisée (DMZ) située entre les deux Etats coréens après avoir été blessés par l'explosion de trois mines antipersonnel. Si la République de Corée (Corée du Sud) a aussitôt accusé la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et décidé, en représailles à ce qu'elle a qualifié d' "attaque", d' "intensifier" la guerre psychologique en lançant à nouveau des messages de propagande hostiles à la RPDC par les haut-parleurs situés le long de la DMZ, il faut garder la tête froide : en l'absence d'enquête indépendante rien ne permet à ce stade d'accuser la RPD de Corée. En revanche, il est certain que les mines antipersonnel, lesquelles sont d'abord un legs monstrueux de la guerre de Corée (1950-1953), créent des dommages atroces : l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) appelle ainsi à ce que le refus des mines antipersonnel soit un combat prioritaire pour toutes celles et tous ceux qui sont sincèrement attachés à la paix dans la péninsule coréenne.

Dans la terrible attaque qui a gravement estropié deux soldats sud-coréens, la vigueur de la réaction des autorités sud-coréennes, parlant désormais de mesures de représailles, contraste avec leur silence assourdissant pendant près d'une semaine, puis avec l'absence tout d'abord  de réponse coordonnée entre les différentes administrations. En effet, ce n'est que le 10 août que le ministère de la Défense sud-coréen a rendu compte de cet incident, et le 11 août, soit une semaine après les faits, que le porte-parole de la présidence sud-coréenne, Min Kyung-wook, a pointé la responsabilité selon lui de la Corée du Nord :

Il s'agit clairement d'une provocation dans laquelle des forces nord-coréennes ont franchi illégalement la ligne de démarcation militaire et planté une mine dans une boîte en bois (...) Cette provocation de la Corée du Nord est une violation flagrante de l'accord d'armistice et de l'accord de non-agression entre le Sud et le Nord, et nous demandons avec force à la Corée du Nord de s'excuser pour cette provocation et d'en punir les responsables.

Mais il serait naïf de prendre pour argent comptant ces accusations bien tardives, alors que la République de Corée a une longue réputation d'opacité sur les questions touchant la défense nationale et est prompte à accuser le Nord pour se dédouaner de ses propres défaillances dans la protection de ses soldats - car quelle que soit l'origine des mines, il y a eu clairement des insuffisances dans la protection des militaires sud-coréens face à un problème connu, celui des mines antipersonnel, encore bien trop nombreuses dans la DMZ depuis la fin de la guerre de Corée.

Si les médias nord-coréens n'avaient pas encore réagi publiquement à l'heure où nous rédigeons ces lignes, il est à attendre que les autorités nord-coréennes s'offusquent d'une opération qu'elles dénoncent comme montée par la Corée du Sud elle-même, à quelques jours de l'anniversaire de la libération de la Corée. Dans ce contexte, la prudence s'impose : seule une enquête internationale indépendante, associant toutes les parties, permettra de déterminer la nature et l'origine des mines ayant estropié les deux soldats sud-coréens, et serait un préalable nécessaire pour prendre ensuite les mesures indispensables au déminage de la péninsule coréenne, qui n'a causé que trop de souffrances depuis la guerre de Corée.

Au regard de l'absolue nécessité de supprimer les mines antipersonnel, l'Association d'amitié franco-coréenne considère urgent de créer un climat de confiance et de détente entre toutes les parties, et non de provoquer une escalade dans les tensions - comme s'y essaient aujourd'hui les faucons au pouvoir à Séoul pour tenter de calmer une opinion publique légitimement indignée face à ce qui apparaît comme un nouveau scandale de sécurité, après les dramatiques naufrages du "Cheonan" et du "Sewol".

Sources :

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1 août 2015 6 01 /08 /août /2015 19:29

Alors qu’une nouvelle dérive autoritaire est en cours en République de Corée (Corée du Sud), l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC) a toujours été aux côtés des démocrates sud-coréens dans leur combat pour la liberté et la réunification. En particulier, au tournant des années 1980 et 1990 plusieurs personnalités sud-coréennes ont été arrêtées par le régime Roh Tae-woo pour avoir visité la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) sans autorisation du gouvernement sud-coréen : parmi elles, Rim Su-kyong avait participé au Festival mondial de la jeunesse à Pyongyang en 1989 ; le prêtre Moon Kyu-hyun et le pasteur Moon Ik-hwan s’étaient également rendus en RPDC en 1989. L’AAFC a alors été le fer de lance, en France, du combat international pour leur libération, par des manifestations, des pétitions et des lettres adressées aux autorités politiques françaises, non sans succès : Rim Su-kyong, condamnée à cinq ans de prison, a été libérée au printemps 1992 après avoir purgé une peine de deux ans et demi, avant d’être amnistiée par le président sud-coréen Kim Dae-jung en 1999, tandis que Moon Ik-hwan, condamné en 1989 à dix ans, est sorti de prison en 1993. Nous reproduisons ci-après l’appel lancé par l’AAFC en 1989, cosigné par plusieurs organisations françaises (dont la Confédération générale du travail, le Parti communiste français, l’Association française des juristes démocrates et la Jeunesse étudiante chrétienne) et des personnalités (parmi lesquelles Jean Ferrat, Hugues Aufray, Paul Préboist, Gilles Perrault, Catherine Ribeiro, Siné, Jean Ziegler, Bernard Clavel…) publié dans le n° 28 (4e trimestre 1989) du bulletin trimestriel de l’AAFC. La graphie des noms coréens correspond à la translittération alors en usage.

Rim Su-kyong, en 1989 en RPD de Corée

Rim Su-kyong, en 1989 en RPD de Corée

Moon Ik-hwan

Moon Ik-hwan

Respect des droits de l’homme en Corée du Sud, libération de tous les démocrates emprisonnés

Nous soussignés, après avoir pris connaissance avec une vive émotion, des arrestations et des lourdes condamnations infligées par les autorités sud-coréennes à l’issue de procès iniques à :

- M. le Pasteur Moun Ik Hwan,
- l’écrivain You Won Ou,
(condamnés à 10 ans de prison)
- le Prêtre Moun Kyu Hyun
- la jeune étudiante Rim Sou Kyeung
(menacés de la peine de mort)

Ces personnes comme bien d’autres démocrates sud-coréens également emprisonnés n’ont commis d’autre crime que de vouloir passionnément le dialogue entre les deux parties de la Corée et la réunification de leur patrie.

Ces arrestations et condamnations sont une atteinte intolérable à la liberté d’opinion et aux droits les plus élémentaires de l’homme.

Elles sont en flagrante contradiction avec les engagements de M. Ro Tai Ou de permettre le dialogue Nord-Sud et de démocratiser son pays.

Les soussignés exigent du Président sud-coréen la libération de tous les démocrates emprisonnés.

D’autre part, nous appuyant sur les déclarations du Gouvernement français affirmant la volonté dans ses relations extérieures de faire prévaloir le principe du respect des droits de l’homme, nous demandons instamment à M. le Président de la République française d’exiger des autorités sud-coréennes la libération de tous les prisonniers politiques en Corée du Sud.

Premiers signataires de l’appel pour la libération de la jeune étudiante Rim Sou Kyeung, du prêtre catholique Moun Kyu Hyun, du pasteur protestant Moun Ik Hwan et des autres démocrates sud-coréens emprisonnés, et pour le respect des droits de l’homme en Corée du Sud.

ORGANISATIONS

- Association d’amitié franco-coréenne,
- Comité français de soutien à la réunification de la Corée (COFRECO),
- Comité français de soutien à la création de la RCDK,
- Comité français pour la reconnaissance diplomatique de la RPDC,
- Confédération Générale du Travail,
- Parti communiste français,
- Association française des juristes démocrates,
- Mouvement de la jeunesse communiste de France,
- Comité national pour l’indépendance et le développement (CNID),
- Jeunesse étudiante chrétienne.

PERSONNALITES

- Jean Ferrat, Artiste lyrique, compositeur,
- Michel Germa, Président du conseil général du Val-de-Marne,
- Claude Bessy, Artiste chorégraphe de l’Opéra de Paris,
- Charles Lederman, Avocat, Sénateur, Secrétaire de la Commission des lois,
- Jean Suret-Canale, Professeur d’université, Président de l’AAFC,
- Hugues Aufray, Chanteur-compositeur,
- Raoul Sangla, Réalisateur de télévision,
- Nicole Dreyfus, Avocate,
- Joannes Galland, Secrétaire de la CGT,
- Paul Préboist, Comédien,
- Albert Lévy, Journaliste,
- Gilles Perrault, écrivain,
- André Aubry, ancien Sénateur, Président du COFRECO,
- Catherine Ribeiro, Artiste lyrique,
- Henri Tisot, Comédien, évangéliste,
- Gérard Brignolais, Sculpteur,
- François Fournier, Jésuite, Directeur de « Culture et Foi »,
- Yves Grenet, Economiste, membre de la Présidence de la Conférence des catholiques européens,
- Marcel Trigon, Maire d’Arcueil,
- Siné, Dessinateur, humoriste,
- Daniel Zimerman, Professeur d’université, écrivain,
- Guy Dupré, Secrétaire général du Comité international de liaison pour la réunification et la paix en Corée,
- Jean Ziegler, Professeur d’université, Conseiller national de la Confédération helvétique,
- Gilles Langoureau, Chanteur,
- Marcel Rigout, Conseiller économique et social, ancien Ministre,
- Marc Ogeret, Chanteur,
- Moussa Keita,
- Pierre Derens, Principal de collège,
- Jacqueline Derens, Professeur,
- Sigfried Feller-Steinhauer,
- Laetitia Meignan,
- Clotilde Kante,
- Nicole Crestou,
- Jeannette Genot,
- Jean Charlon,
- Jacqueline Bailly, Section internationale CGT,
- Maurice Cukierman, Secrétaire de l’AAFC,
- Catherine Deveault, syndicaliste,
- Françoise Caro, secrétaire,
- Thierry Angles, Secrétaire de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD),
- Valérie de Foulpiquet, Universitaire,
- Robert Charvin, Professeur, Secrétaire général du Comité international de juristes pour la démocratie et les droits de l’homme en Corée du Sud,
- Bernard Clavel, Ecrivain,
- Jacqueline Fraysse-Cazalis, Médecin, Sénateur-Maire de Nanterre,
- Jacqueline Grunfeld.

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 20:11

Mme Lee Hee-ho, veuve de l'ancien président sud-coréen Kim Dae-jung qui avait co-initié le premier sommet intercoréen en juin 2000, aujourd'hui présidente du Centre pour la paix Kim Dae-jung, devrait se rendre en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) dès juillet 2015. Cette annonce fait suite à une rencontre le mardi 30 juin à Kaesong, au Nord de la péninsule, entre des représentants du Centre pour la paix Kim Dae-jung et une délégation du Comité (nord-)coréen pour la paix en Asie-Pacifique conduite par son vice-président M. Maeng Kyong-il. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) soutient pleinement la visite de l'ex-Première dame, qui est de nature à relancer la coopération intercoréenne et à améliorer des relations Nord-Sud fortement dégradées.

Kim Seong-jae, directeur du Centre pour la paix Kim Dae-jung, lors d'un point presse le 30 juin 2015 après la rencontre avec la partie nord-coréenne pour discuter d'une visite en RPDC de Mme Lee Hee-ho. Photo prise au bureau de liaison intercoréen de Paju (source : Hankyoreh)

Kim Seong-jae, directeur du Centre pour la paix Kim Dae-jung, lors d'un point presse le 30 juin 2015 après la rencontre avec la partie nord-coréenne pour discuter d'une visite en RPDC de Mme Lee Hee-ho. Photo prise au bureau de liaison intercoréen de Paju (source : Hankyoreh)

La visite prévue au Nord de Mme Lee Hee-ho, âgée de 92 ans, dont les dates et l'itinéraire doivent encore être discutés, aura un caractère humanitaire : Mme Lee entend notamment remettre des bonnets pour les enfants nord-coréens, suivant une action engagée depuis maintenant deux ans.

Elle a indiqué souhaiter permettre un apaisement dans les relations Nord-Sud. En octobre 2014, la présidente de la République de Corée (Corée du Sud) Mme Park Geun-hye avait indiqué qu'elle approuverait la demande de visite au Nord dès que la demande officielle en aurait été faite. En application de la loi sud-coréenne de sécurité nationale, tous les échanges Nord-Sud - y compris les contacts préparatoires au déplacement de Mme Lee - sont soumis à une autorisation gouvernementale.

Mme Lee Hee-ho avait envoyé une couronne de fleurs en décembre 2014 lors du troisième anniversaire de la disparition du Dirigeant Kim Jong-il. A cette occasion, le Maréchal Kim Jong-un l'avait invitée à venir en RPD de Corée.

Le ministère sud-coréen de la Réunification a annoncé qu'il était favorable à cette visite, ce qui peut laisser espérer une reprise des échanges et du dialogue Nord-Sud par des canaux non gouvernementaux. Les autorités sud-coréennes ont également réexprimé leur souhait d'un rétablissement des liaisons ferroviaires intercoréennes.

Mise à jour : Mme Lee visitera le Nord de la Corée du 5 au 8 août 2015

Sources :

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25 juin 2015 4 25 /06 /juin /2015 20:16

Le 22 juin 2015, le comité d'organisation des Universiades de Kwangju, en République de Corée (Corée du Sud), a annoncé que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) annulait sa participation. Cette décision, qui touche d'abord les athlètes nord-coréens, est la conséquence - hélas - logique d'une politique de confrontation entretenue par les autorités sud-coréennes, en l'occurrence sur l'argument des droits de l'homme alors que la Corée du Sud est loin d'être exemplaire en ce domaine. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) plaide une nouvelle fois pour que cesse l'escalade des tensions, dans l'intérêt du peuple coréen de toute la péninsule. Par ailleurs, les coopérations intercoréennes dans les domaines sportif et culturel ne devraient pas pâtir de considérations politiques.

Pourquoi la Corée du Nord a-t-elle annulé sa participation aux Universiades de Kwangju ?

C'est par un courrier électronique, reçu le 19 juin 2015, que le comité d'organisation des Universiades 2015 de Gwangju a appris que la RPDC ne pourrait pas se joindre à cet événement, qui commencera le 3 juillet prochain dans la ville sud-coréenne. En mars, la RPDC avait annoncé la participation d'une équipe de 108 athlètes aux Universiades de Kwangju, notamment en athlétisme, plongée, gymnastique, tennis de table, football féminin et handball féminin.

 

La partie nord-coréenne a expliqué que cette décision était motivée par l'ouverture prochaine, à Séoul, du bureau des Nations Unies sur les droits de l'homme en RPD de Corée, qui est d 'abord - sinon essentiellement - le fruit du lobbying de forces néo-conservatrices principalement implantées aux Etats-Unis.

 

L'AAFC a déjà souligné que la position des Nations Unies, et les méthodes qu'elles utilisent, pour dénoncer les atteintes aux droits de l'homme en Corée du Nord étaient totalement inadaptées à l'objectif poursuivi, et risquaient seulement de dégrader encore davantage les relations internationales s'agissant de la question coréenne. Notre lettre à Joachim Rücker, Président du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, n'a pas reçu de réponse - apportant ainsi la preuve du parti pris délibéré de cet organisme des Nations Unies s'agissant de la RPD de Corée.

 

Le choix d'ouvrir un bureau à Séoul apparaît d'autant plus comme une provocation que la République de Corée est engagée dans une dérive autoritaire qui soulève des inquiétudes de plus en plus vives des ONG de défense des droits de l'homme et d'autres organisations, au premier rang desquelles le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud.
 

Principale source :

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15 juin 2015 1 15 /06 /juin /2015 18:31

Au quinzième anniversaire de la Déclaration commune Nord-Sud du 15 juin 2000, les autorités de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ont proposé une nouvelle fois à la République de Corée (Corée du Sud) de s'engager sur la voie du dialogue et des négociations. Mais, une fois encore, les autorités sud-coréennes, d'obédience conservatrice, ont balayé d'un revers de main cet appel à la réconciliation et à la coopération intercoréennes. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) déplore une nouvelle occasion manquée pour substituer un climat de dialogue à la confrontation et aux tensions.

Les autorités nord-coréennes accordent une grande importance aux anniversaires des déclarations conjointes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, fondements du dialogue et du rapprochement intercoréens : le 4 octobre 2014, une délégation nord-coréenne de haut niveau avait ainsi visité la Corée du Sud à l'occasion de la clôture des Jeux asiatiques d'Incheon (sur cette photo, Hwang Pyong-so, vice-président de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée, et Ryu Kihl-jae, ministre de la Réunification de la République de Corée)

Les autorités nord-coréennes accordent une grande importance aux anniversaires des déclarations conjointes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, fondements du dialogue et du rapprochement intercoréens : le 4 octobre 2014, une délégation nord-coréenne de haut niveau avait ainsi visité la Corée du Sud à l'occasion de la clôture des Jeux asiatiques d'Incheon (sur cette photo, Hwang Pyong-so, vice-président de la Commission de la défense nationale de la RPD de Corée, et Ryu Kihl-jae, ministre de la Réunification de la République de Corée)

Pour montrer la sincérité de son offre de dialogue à l'occasion de l'anniversaire de l'historique Déclaration du 15 juin 2000, la RPD de Corée a mis les formes : pour la première fois depuis le 7 juillet 2014, lorsque Pyongyang avait annoncé pour que des supportrices du Nord participeraient aux Jeux asiatiques d'Incheon (en Corée du Sud), c'est le Gouvernement qui a signé le communiqué formulant une nouvelle proposition d'échanges et de coopération entre les deux parties divisées de la Corée. Deux conditions ont toutefois été posées : l'arrêt des exercices militaires conjoints américano - sud-coréens, et la fin des "invectives" contre la RPD de Corée, en appelant à ce que s'instaure "une atmosphère de confiance et de réconciliation".

Le principe selon lequel les deux gouvernements coréens doivent s'abstenir mutuellement de se critiquer, en reconnaissant le système politique et social de l'autre partie, est au coeur des principes consacrés par la Déclaration commune Nord-Sud du 15 juin 2000. Quant à la suspension des exercices de guerre américano - sud-coréens, c'est une demande nullement déraisonnable pour qui souhaite réellement créer les conditions d'un dialogue sincère : déjà, dans les années 1990, lorsque des discussions portaient sur le nucléaire nord-coréen, ces exercices avaient été suspendus pour favoriser un climat d'échanges et apaiser les tensions. Mais les faucons au pouvoir à Séoul ont la mémoire courte...

Fidèle à sa ligne intransigeante, le ministère de la Réunification sud-coréen n'a même pas considéré sérieusement ce nouveau appel au dialogue, parlant de "préconditions déplacées" et observant, avec agressivité, que la RPD de Corée devait "suspendre immédiatement ses actes de provocation". Dans la curieuse rhétorique des conservateurs sud-coréens, il est devenu traditionnel de dénoncer les appels au dialogue nord-coréens comme des "provocations" (sic), tout en prétendant légitimer les exercices de guerre menés conjointement avec les Etats-Unis - les plus importants au monde - comme étant soi-disant de nature "défensive"...

Alors que cette année marque le 70e anniversaire de la libération de la Corée de l'occupation japonaise, l'occasion était belle de relancer le dialogue Nord-Sud. Mais pour dialoguer il faut être deux, et la droite sud-coréenne n'en éprouve manifestement aucune envie.

Sources :

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13 juin 2015 6 13 /06 /juin /2015 23:02

Il y a quinze ans, du 13 au 15 juin 2000, se tenait la première rencontre au plus haut niveau entre les dirigeants de la Corée divisée : Kim Dae-jung, Président de la République de Corée (du Sud), était reçu à Pyongyang par Kim Jong-il, Président de la Commission de la défense nationale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). A l'issue de cette visite, les deux dirigeants ont signé, le 15 juin 2000, une Déclaration commune Nord-Sud, qui constitue la pierre angulaire de relations et de coopérations nouvelles entre les deux parties de la Corée divisée, en vue de la réunification de la péninsule, dont la division à la fin de la Seconde guerre mondiale a été entérinée par la création de deux Etats concurrents en 1948, puis par la guerre de Corée (1950-1953). Les perspectives nouvelles d'une réunification indépendante et pacifique de la Corée ont alors soulevé un immense espoir, en créant les conditions d'un dialogue et d'échanges mutuels sur des bases qui restent plus que jamais d'actualité. Si le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul en 2008, avec les présidences Lee Myung-bak (2008-2013) et Park Geun-hye (depuis 2013), a marqué un coup d'arrêt aux progrès dans le rapprochement intercoréen en attisant de nouveau les tensions, la Déclaration commune Nord-Sud du 15 juin 2000 a permis d'avancer sur la voie de la coopération économique, culturelle et politique. Quinze ans après, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), fidèle à l'esprit de la Déclaration du 15 juin (tout comme de la Déclaration commune du 4 octobre 2007, adoptée lors de la deuxième rencontre au sommet Nord-Sud), appelle à analyser lucidement la situation actuelle, en ne sous-estimant ni les progrès accomplis, ni les obstacles posés par ceux qui s'opposent, aujourd'hui comme hier, à la réunification de la Corée.

Quinze ans après, la déclaration du 15 juin 2000 est toujours d'actualité pour la réunification de la Corée

Texte bref mais puissant, la Déclaration commune Nord-Sud du 15 juin 2000 rappelle tout d'abord qu'elle traduit "la noble volonté de tous les Coréens aspirant à la réunification pacifique de la patrie", ayant été conclue à l'issue de "la rencontre historique et des pourparlers au plus haut niveau" entre le Nord et le Sud, "premiers du genre depuis la partition de la nation", et qui "sont d'une importance faisant date pour promouvoir la compréhension mutuelle, développer les rapports Nord-Sud et réaliser une réunification pacifique".

Le Dirigeant Kim Jong-il et le Président Kim Dae-jung se sont accordés sur quatre points.

Le premier point concerne les principes de la réunification : "le Nord et le Sud ont décidé de résoudre en toute indépendance le problème de la réunification du pays grâce à l'union de toute notre nation qui en est responsable". La réunification de leur nation par les Coréens eux-mêmes en toute indépendance signifie le rejet de toute ingérence extérieure, tant des grandes puissances (responsables de la division du pays après la capitulation japonaise) que d'organisations internationales (il ne faut pas oublier que c'est au nom des Nations Unies que les Etats-Unis et leurs alliés sont intervenus militairement pendant la guerre de Corée). Si ce principe d'indépendance est un élément fondamental de la politique internationale de Pyongyang, il a en revanche connu une application bien différente au Sud : non seulement plus de 28 000 soldats américains stationnent toujours au Sud de la péninsule, mais en cas de conflit le commandement des forces combinées américano - sud-coréennes appartiendrait à Washington. Les administrations conservatrices aux manettes à Séoul depuis 2008 ne sont pas seulement pro-américaines ; elles ont entendu lier les relations intercoréennes à la question nucléaire, abordée dans un cadre multilatéral, ne faisant plus des Coréens les seuls maîtres de leur destin en tant que peuple aspirant à se réunifier.

Le deuxième point de la déclaration du 15 juin porte sur la volonté de concilier "le projet de fédération" du Nord et celui de "commonwealth" du Sud, ce dernier étant inspiré des approches théoriques fonctionnalistes développées, par exemple, dans le cadre de la construction européenne. Si le Nord a maintenu et réaffirmé son projet fédéral ou confédéral (un seul Etat, mais deux systèmes politiques, du moins dans une première étape), au Sud le discours intercoréen n'a plus vraiment de boussole claire. L'idée d'une "trustpolitik", développée par la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye, est très pauvre intellectuellement par rapport à celle de "commonwealth" défendue par les anciens présidents démocrates sud-coréens, selon laquelle il faut créer des espaces de coopération - et pas seulement établir une confiance mutuelle, laquelle ne se décrète pas mais s'instaure et se renforce par des mesures concrètes.

Le troisième point de la Déclaration commune du 15 juin 2000 a porté sur les initiatives communes à prendre pour commémorer la libération de l'occupation japonaise, le 15 août, qui constitue une fête nationale tant au Nord qu'au Sud de la Corée : le Nord et le Sud "ont décidé, à l'occasion du 15 août prochain, d'échanger des groupes de familles et de proches dispersés et de résoudre au plus vite le problème des anciens prisonniers de guerre non convertis et d'autres problèmes humanitaires". En 2000, une des traductions de la Déclaration du 15 juin avait été le retour au Nord, le 2 septembre, de 63 anciens prisonniers politiques sud-coréens ayant refusé de se convertir au système politique et économique du Sud. Par ailleurs, les réunions de familles séparées, de part et d'autre de la DMZ qui sépare les deux Corée, ont pu se tenir régulièrement pendant la politique intercoréenne "du rayon de soleil" des présidences sud-coréennes démocrates (1998-2008), avant de ne devenir plus qu'exceptionnelles (la dernière fois, en février 2014), dans un contexte de remise en cause des principes de la Déclaration du 15 juin 2000 par les conservateurs sud-coréens. Enfin, les cérémonies conjointes prévues cette année à l'occasion du 70e anniversaire de la capitulation japonaise et de la libération de la Corée, le 15 août 1945, émanent, au Sud, de groupes privés, même si l'on peut observer que les autorités sud-coréennes n'y ont pas opposé de veto, du moins à ce jour.

Le dernier point de la Déclaration du 15 juin a porté sur le développement des échanges Nord-Sud, dans différents domaines, mais en citant en premier l'économie nationale : les deux parties "ont convenu de développer de façon équilibrée l'économie nationale par la coopération économique et de promouvoir la collaboration et les échanges dans différents domaines, notamment social, culturel, sportif, sanitaire et environnemental en vue d'approfondir la confiance mutuelle". Mais les sanctions prises unilatéralement par le Sud contre le Nord, le 24 mai 2010, après le naufrage du Cheonan, ont entraîné la suspension de pratiquement tous les échanges économiques, à l'exception notable de ceux de la zone spéciale de Kaesong, au Nord de la péninsule, où opèrent 124 entreprises sud-coréennes employant 53 000 ouvriers nord-coréens. Géré par la filiale Hyundai Asan du groupe sud-coréen Hyundai, très fortement investi dans la réconciliation intercoréenne, le complexe de Kaesong a représenté un volume d'échanges de 2,33 milliards de dollars en 2014. Sur le plan des échanges économiques (investissements directs, commerce extérieur) avec la RPD de Corée, la Corée du Sud est désormais largement distancée par la Chine.

Si la Déclaration du 15 juin 2000 a apporté une réponse adaptée à la question de la division de la Corée, il est hautement regrettable que l'attitude des autorités sud-coréennes depuis 2008 ait non seulement bloqué mais fait reculer les échanges Nord-Sud, lesquels sont désormais principalement le fait, au Sud, d'acteurs privés.

 

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