
veille du 60ème anniversaire de la Libération, au cours d'une manifestation internationale de soutien
à la réunification de la Corée (photo : AAFC)
commenter cet article …
Dans son dernier rapport sur les investissements étrangers en France, retraçant les opération de l'année 2007, l'Agence française pour les investissements internationaux (AFII) détaille notamment les implantations d'entreprises sud-coréennes en France. En vingt ans, elles ont créé 1.400 emplois dans notre pays.
Comme le souligne l'Agence française pour les investissements internationaux, dans son dernier rapport annuel (concernant l'année 2007), la Corée du Sud est un investisseur récent en France : les premiers groupes sud-coréens se sont implantés en France à la fin des années 1980.
Pourtant, en 20 ans, ils ont embauché 1.400 collaborateurs, principalement dans la période 2000-2006, durant laquelle 850 emplois ont été créés. En 2002, l'entreprise française Corail a été reprise et étendue par YG-1, entreprise spécialisée dans les machines-outils, ayant permis le maintien ou la création de 100 emplois à Villeroy, en Seine-et-Marne.
Avec 584 millions d'euros d'investissements directs à l'étranger (IDE) en septembre 2007, selon la Korea Export-Import Bank, la France n'est toutefois que le sixième pays d'Europe destinataire des investissements sud-coréens, après les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Pologne et la Slovaquie.
La trentaine d'entreprises coréennes présentes en France sont spécialisées dans l'électronique (comme LG Electronics, opérateur de téléphonie mobile, ou Samsung Electronics), les cosmétiques (AmorePacific) et l'automobile. Les emplois créés concernent d'abord le commerce et le marketing (à plus de 60 %), suivis des secteur de la production et de la recherche-développement (respectivement, 18 % et 13 %).
90 % des entreprises sont localisées en grande région parisienne, la principale unité de production, appartenant à AmorePacific, étant située à Chartres. L'exemple d'AmorePacific montre l'intérêt pour la France d'entreprises sud-coréennes de taille moyenne, en particulier depuis 2002.
Parmi les opérations d'investissement réalisées en 2007, Sangji Construction a créé 15 emplois à Beaulieu dans les Alpes-Maritimes, en se spécialisant dans les habitations haut de gamme, tandis que la première implantation de LG Electronics en dehors de Paris, à Saint-Priest, pour des produits de climatisation, a entraîné la création de 12 emplois.
Pour l'avenir, la forte présence de touristes sud-coréens en France (530.000 en 2005, en hausse de 10 % sur un an), la participation de la Corée du Sud au projet ITER et la communauté sud-coréenne en France, forte de quelque 17.000 membres (dont une majorité d'étudiants), constituent autant de facteurs positif pour un renforcement des investissements coréens en France
Les 12 mars et 21 avril 2008, l’Association d’amitié franco-coréenne a écrit, respectivement, au ministère des Affaires étrangères et européennes et au Président de la République, en posant des questions précises sur l'attitude de la République française vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Le 22 mai, M. Jean-Noël Poirier, sous-directeur en charge de l'Extrême-Orient au ministère, nous a adressé la lettre reproduite ci-dessous. Ce courrier est pour le moins décevant : le ministère français des Affaires étrangères ne répond à aucune des questions posées tout en semblant ignorer les derniers développements de la situation en Corée. Une ignorance bien singulière qui confine à un inquiétant aveuglement de la part des autorités de notre pays...
Monsieur le Président,
vous avez bien voulu faire part au Président de la République et au Ministre des Affaires étrangères et européennes de vos vues sur les relations entre la France et la Corée du Nord. J’ai été chargé de vous répondre.
Ainsi que je vous l’écrivais précédemment, l’établissement de relations diplomatiques entre la France et la République populaire démocratique de Corée dépend de progrès effectifs dans trois domaines : la question nucléaire, les relations inter-coréennes et la situation des Droits de l’homme. Les conditions ne sont pas aujourd’hui réunies pour l’établissement de telles relations.
La diplomatie française suit avec une grande attention la situation en Corée du Nord, et se préoccupe particulièrement aujourd’hui du sort de la population nord-coréenne qui endure une situation de disette voire de famine très grave. A cet égard, il nous apparaît particulièrement urgent que le gouvernement nord-coréen accepte de faire appel à l’aide internationale, ce qu’il s’est refusé à faire jusqu’à présent en dépit de l’urgence humanitaire.
Enfin, s’agissant de la mission d’information du Ministère des Affaires étrangères et européennes en Corée du Nord que vous évoquez, elle a fait l’objet d’une déclaration de la Porte-parole du Ministère le 4 février dernier, disponible sur le site internet du Ministère. Cette mission entre dans le cadre des échanges réguliers que nous entretenons avec les autorités nord-coréennes.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma considération distinguée.
Jean-Noël Poirier
Réaction de l'Association d'amitié franco-coréenne suite à la réponse de M. Poirier
Une fois encore, le ministère des Affaires étrangères ne répond pas à notre proposition de rendez-vous et nous donne les mêmes arguments que ceux présentés, invariablement, depuis 2001, sans mention des évolutions récentes de la situation en Corée suite à l'accord signé à Pékin le 13 février 2007 sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne ; de même, la réponse qui nous est parvenue passe sous silence la visite en France, qui venait d'avoir eu lieu, d'une délégation du ministère des Affaires étrangères de RPDC, conduite par le vice-ministre.
Alors que l'accord de Pékin a permis l'ouverture de négociations en vue de l'établissement de relations diplomatiques complètes avec les dernières grandes puissances n'ayant pas reconnu la République populaire démocratique de Corée, notamment les Etats-Unis et le Japon, nous constatons que la France ne semble pas engagée dans un tel processus : faut-il y voir un choix d'effacement de la diplomatie française, ou une préférence pour la diplomatie secrète telle qu'elle était pratiquée avant la Première Guerre mondiale ?
Le ministère des Affaires étrangères ne répond pas à deux questions très précises que nous lui avons posées :
- | Pourquoi les diplomates nord-coréens en poste à Paris ne figurent pas dans l'annuaire diplomatique du ministère des Affaires étrangères contrairement, par exemple, aux représentants de la Palestine, avec laquelle la France n'a pas de relations diplomatiques officielles ? |
- | Pourquoi la Corée du Nord ne figure pas dans la liste des destinations pour lesquelles le site internet du ministère des Affaires étrangères donne des conseils aux voyageurs, alors que des informations concernant ce pays sont disponibles sur le site du département d'Etat américain ? |
S'agissant de la situation alimentaire, nous enregistrons le refus de la France, seule parmi les grandes puissances, à fournir la moindre aide bilatérale après les inondations de l'été 2007 en RPDC, alors même qu'un appel a été adressé à la communauté internationale, appel relayé par la presse. Le ministère français des Affaires étrangères avait-il cessé ses activités, éteint les postes de télévision et cessé d'effectuer des revues de presse au moment des pires inondations en Corée du Nord depuis quarante ans, contrairement à ses confrères américains, britanniques, allemands -- pour ne citer que ceux-là -- dont les gouvernements ont porté assistance à la RPDC ?
Alors que la France prétend soutenir le rapprochement intercoréen, nous constatons qu'elle mène une politique contraire en refusant encore récemment, le 6 juin 2008, d'accorder des visas d'entrée en France à des artistes et des universitaires nord-coréens présents en Allemagne à l'invitation de Sud-Coréens dans le cadre de la célébration du huitième anniversaire du sommet intercoréen du 15 juin 2000...
Une délégation du ministère des Affaires étrangères (MAE) de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), conduite par le vice-ministre M. Kung Sok-ung, achève demain, le 14 mai 2008, une visite de huit jours en Europe. A l'invitation du CILRECO, la direction de l'Association d'amitié franco-coréenne a rencontré à Paris, le 12 mai 2008, la délégation nord-coréenne. A cette occasion, elle a fait le point sur les récents développements diplomatiques dans la péninsule coréenne.
Lors d'un déjeuner de travail le 12 mai 2008, la direction de l'AAFC a rencontré une délégation du ministère des Affaires étrangères (MAE) de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en visite en Europe, conduite par M. Kung Sok-ung, vice-ministre.
MM. André Aubry et Benoît Quennedey, respectivement président et secrétaire général de l'AAFC, étaient présents à cette réunion, organisée à l'initiative du secrétaire général du CILRECO, M. Guy Dupré, par ailleurs également vice-président de l'AAFC.
La délégation du MAE de RPDC achevait à Paris un déplacement de huit jours en Europe, qui l'avait conduite précédemment à Varsovie, Prague et Bruxelles. Les échanges en République tchèque et en Pologne ont permis de préciser les modalités d'association de ces deux pays à la commémoration du soixantième anniversaire de l'établissement de relations diplomatiques après la fondation de la RPDC, le 9 septembre 1948. A Bruxelles, M. Kung Sok-ung et ses collaborateurs ont rencontré des représentants du Parlement européen et eu également des échanges approfondis avec la Commission européenne et le Conseil des ministres. L'Union européenne conduit actuellement des projets de coopération avec la RPDC, notamment dans le domaine de l'aide au développement.
Alors que l'Union européenne est actuellement absente des pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, le récent accord américano - nord-coréen sur le dossier nucléaire ouvre la voie à une reprise prochaine des pourparlers multilatéraux. La semaine dernière, M. Sung Kim, chef du bureau Corée du département d'Etat américain, s'est vu remettre en mains propres plus de 18.000 pages de documents sur le programme nucléaire nord-coréen depuis 1986, lors d'un déplacement à Pyongyang. Les Américains doivent par ailleurs livrer un demi-million de tonnes de céréales.
En revanche, l'entretien entre l'AAFC et la délégation nord-coréenne a confirmé que les progrès dans les relations bilatérales avec les Etats-Unis étaient indépendants d'une amélioration du dialogue intercoréen au niveau gouvernemental, lequel s'est dégradé après les prises de position du nouveau président sud-coréen, M. Lee Myung-bak, élu le 19 décembre 2007.
A Paris, le programme de la délégation du MAE de RPDC comprend des rencontres avec les parlementaires (sénateurs, députés) au Sénat, ainsi qu'avec le ministère français des Affaires étrangères, à la veille de la présidence française de l'Union européenne (du 1er juillet au 31 décembre 2008). Alors que la France est l'un des deux derniers pays de l'Union européenne à ne pas avoir établi de relations diplomatiques avec la RPDC, comme l'a encore rappelé récemment l'AAFC dans un courrier adressé au président de la République M. Nicolas Sarkozy, l'étape française du voyage de la délégation nord-coréenne, la première à ce niveau depuis plusieurs années, est annonciatrice d'une amélioration des relations bilatérales, quatre mois après le déplacement à Pyongyang d'une délégation du ministère français des affaires étrangères.
Soucieuse de renforcer les relations entre les peuples français et coréen, l'Association d'amitié franco-coréenne plaide notamment pour l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la République française et la République populaire démocratique de Corée. Dans un contexte de grave crise alimentaire en Corée et dans le monde, et alors que la solidarité internationale est plus que jamais nécessaire, M. André Aubry, président de l'AAFC, a interpelé M. Nicolas Sarkozy, Président de la République française, par une lettre en date du 21 avril 2008. En voici le texte.
Paris, le 21 avril 2008 M. Nicolas Sarkozy Président de la République française Palais de l'Élysée 55, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris |
OEuvrant depuis 1969 au renforcement de l’amitié entre les peuples français et coréen, l’Association d’amitié franco-coréenne vous avait écrit dès le lendemain de votre élection pour vous demander les actions que vous souhaitiez entreprendre en vue de la reconnaissance de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).
Malgré les assurances données par votre chef de cabinet dans sa réponse du 23 août 2007, et plus d’un mois après les courriers adressés le 12 mars 2008 à M. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes, et à M. Jean-Noël Poirier, sous-directeur en charge de l’Extrême-Orient au ministère des Affaires étrangères et européennes, nous n’avons reçu aucune information sur l’avancée du dossier de la reconnaissance diplomatique de la RPDC par la République française.
La présidence française de l’Union européenne, à partir du 1er juillet 2008, va amener notre pays à se trouver dans la situation délicate de discuter de programmes de coopération européens avec la RPD de Corée, notamment dans le domaine humanitaire, en restant l'un des deux derniers États de l’Union européenne, avec l’Estonie, à ne pas avoir établi de relations diplomatiques complètes avec ce pays.
Une délégation du ministère des Affaires étrangères et européennes, dont faisait partie M. Jean-Noël Poirier, s’est pourtant rendue à Pyongyang du 29 janvier au 2 février 2008, sans que le ministère réponde à notre courrier précité. Au demeurant, cette information n’a été rendue publique que le 4 février 2008 par le porte-parole du ministère, en réponse à un journaliste informé de cette visite par l’agence officielle nord-coréenne KCNA.
Cette situation nous préoccupe d’autant plus que la RPDC est confrontée, de l’avis même du Programme alimentaire mondial, à l’une des pires crises alimentaires de son histoire, comparable à celle des années 1990 qui avait entraîné des centaines de milliers de victimes.
Faut-il voir un lien entre la non-reconnaissance diplomatique de la RPDC et le fait que la France soit le seul des grands pays industrialisés à ne pas avoir fourni d’aide bilatérale après les inondations catastrophiques de l’été 2007 en Corée, à l’origine du drame humain imminent qui pourrait se jouer en Extrême-Orient ? Même les États-Unis, qui ne reconnaissent pourtant pas la RPD de Corée, ont fourni une aide médicale et alimentaire exceptionnelle à ce pays.
Comment expliquer que la RPD de Corée ne figure pas dans les destinations pour lesquelles le site internet du ministère des Affaires étrangères donne des conseils aux voyageurs ? Là encore, même le Département d’État américain fournit des informations aux citoyens des États-Unis désirant se rendre en Corée du Nord.
Comment expliquer que les diplomates nord-coréens en poste à Paris ne figurent pas sur l’annuaire diplomatique du ministère des Affaires étrangères, contrairement aux représentants d’autres États avec lesquels la France n’entretient pas de relations au niveau d’ambassadeurs, comme la Palestine ?
Interrogé sur ces deux points, M. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes, ne nous a pas répondu.
Comment expliquer que la France ne réagisse pas face à un recul sans précédent de l’apprentissage de notre langue dans un pays étranger ? Dans les années 1970, le français était l’une des principales langues étrangères étudiées en RPD de Corée ; aujourd’hui, le nombre d’étudiants en français est estimé à moins d'une centaine dans ce pays de 23 millions d’habitants. A notre connaissance, le poste de lecteur de français à Pyongyang est vacant depuis l’été 2007, au moment même où les pires inondations dans ce pays depuis quarante ans auraient nécessité d’approfondir les actions de coopération et de solidarité.
Comment expliquer que les étudiants nord-coréens en France ne puissent pas déclarer leur nationalité lorsqu’ils s’inscrivent dans certaines de nos universités, comme Paris-Dauphine ? Comment expliquer que les mêmes étudiants nord-coréens ne puissent pas bénéficier de bourses, contrairement aux ressortissants des autres pays en voie de développement ?
Tels sont les éléments qui nous amènent à considérer que la discrimination à l’égard de la République populaire démocratique de Corée et des Nord-Coréens s’est non seulement poursuivie depuis votre élection à la présidence de la République française, mais qu’elle s’est même aggravée avec l’inaction du pouvoir exécutif lors des graves crises récentes.
Nous renouvelons donc notre demande d’un dialogue avec vous et vos collaborateurs sur la question de la reconnaissance diplomatique de la RPD de Corée, tout en appelant la France à ne pas rester la grande absente en Corée du Nord.
Compte tenu de l’urgence de la situation alimentaire en RPD de Corée, nous souhaitons très vivement que cette nouvelle lettre ne reste pas sans réponse, huit mois après le précédent courrier de votre chef de cabinet. Nous avons l'intention d'informer l'opinion publique de la situation en Corée et de la position de la France. A cette fin, nous envisageons de rendre publique la présente lettre.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en l’assurance de nos salutations très respectueuses.
André Aubry Président de l’Association d'amitié franco-coréenne Ancien sénateur-maire d’Antony |
Une délégation du ministère français des Affaires étrangères a visité la République populaire démocratique de Corée du 29 janvier au 2 février 2008.
Selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA, la délégation française a rencontré des représentants des ministères nord-coréens des Affaires étrangères, de l'Agriculture, de l'Education et de la Culture pour discuter du développement des échanges entre la France et la République populaire démocratique de Corée (RPDC).
D'après les informations recueillies par l'AAFC, la délégation française comprenait deux sous-directeurs du ministère des Affaires étrangères, en charge respectivement de la zone Asie et de la coopération internationale et du développement. Le site du ministère des affaires étrangères ne fournit pas d'informations sur cette visite.
La République populaire démocratique de Corée est aujourd'hui représentée, en France, par une délégation générale. Le délégué général de la RPDC en France a également rang d'ambassadeur auprès de l'UNESCO.
L'AAFC est favorable à l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la République française et la République populaire démocratique de Corée, afin d'encourager les échanges entre nos deux pays et contribuer à la réunification de la péninsule coréenne.
Les investissements français en Corée du Nord, bien que développés dans certains secteurs comme la production de dessins animés, sont ainsi très en retard par rapport à l'Allemagne et au Royaume-Uni.
L'établissement de relations diplomatiques complètes permettrait également d'enrayer le recul de l'apprentissage du français : alors que le français était, il y a vingt ans, une des principales langues étrangères d'enseignement en Corée du Nord, le nombre d'étudiants nord-coréens apprenant le français serait aujourd'hui inférieur à 100. Le poste de lecteur de français à Pyongyang est vacant depuis l'été 2007. Selon l'AAFC, il n'existe pas a fortiori de projet de création d'un Institut français, alors qu'un Institut Goethe a déjà été mis en place par l'Allemagne dans la capitale nord-coréenne.