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20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 10:40

Le 25 janvier 2010, Cultural Action, association civique coréenne basée à Séoul, a annoncé faire appel d'une décision du Tribunal administratif de Paris, rendue le 24 décembre dernier, afin d'obtenir la restitution d'archives royales de la dynastie Choseon, pillées par les troupes françaises lors de leur tentative d'invasion de la Corée en 1866. Retour sur un contentieux vieux de près d'un siècle et demi.

C'est le seul réel sujet de contentieux diplomatique dans les relations bilatérales entre la France et la République de Corée (du Sud) qui, par sa forte portée symbolique, représente un enjeu pour l'ensemble des Coréens, du Nord, du Sud et de la diaspora.

En 1866, après la mort de missionnaires chrétiens français en Corée, une expédition française conduite par le contre-amiral Pierre-Gustave Roze pénètre en Corée. Si l'aventure militaire se solde par un fiasco pour les troupes françaises, celles-ci s'emparent, lors de leurs retraite, de 297 volumes du millier faisant partie des archives royales de la dynastie Choseon (1392-1910), appelées Oegyujanggak et conservées sur l’île de Ganghwa, sur la côté occidentale. D'autres livres ont été détruits lors de l'incendie provoqué par les soldats français lors de leur départ.


Classés par erreur dans les collections chinoises de la Bibliothèque nationale de France, à l'instar par ailleurs de nombreuses autres pièces de collection coréennes en France (notamment celles du Musée Guimet) jusqu'à la deuxième moitié du vingtième siècle, les volumes sont retrouvés et identifiés en 1978 par un historien sud-coréen vivant à Paris, Park Byeong-seon.

La demande de restitution des archives pillées en 1866 fait alors l'objet d'intenses négociations entre les gouvernements français et sud-coréen, ce dernier soulignant qu'il s'agit d'éléments du patrimoine national volés. La question est évoquée lors des discussions d'achat de la technologie du TGV par la Corée du Sud, mais les Coréens sont profondément déçus par l'absence de restitution des archives royales en France malgré le choix de l'entreprise française. Le 15 septembre 1993, en visite à Séoul, le président français François Mitterrand a seulement restitué le premier tome d'un ouvrage en deux volumes, le Hyikyungwon-Wonsodogam-Uigwe, enregistré à la Bibliothèque nationale sous le nom "
Coréen 2495" (photo ci-dessous : François Mitterrand restitue l'ouvrage au Président Kim Young-sam, source Yonhap).

Mitterrand_archives_coreennes.jpg
Plusieurs options ont été envisagées, notamment un prêt sur le long terme. Par ailleurs, une édition numérique a été remise par la France à la Corée pour les besoins des chercheurs. Les autorités sud-coréennes observent toutefois que la question de la restitution n'est pas résolue.

Une association civique coréenne basée à Séoul, Cultural Action, a engagé une action juridique, mais sans succès jusqu'à présent : dans une décision rendue le 24 décembre 2009, le Tribunal administratif (TA) de Paris a rejeté cette demande au regard de considérants juridiques attendus, à savoir le principe d'inaliénabilité des collections françaises faisant partie du domaine public, quelles que soient les circonstances dans lesquelles ces biens ont été acquis. Le TA a ajouté que le pillage n'était pas juridiquement interdit par le droit international en 1866. Le 25 janvier, Cultural Action a annoncé qu'elle faisait appel de cette décision. "Nous faisons appel parce que ne pas le faire signifierait que nous acceptons ce jugement injuste du tribunal français", a déclaré Hwang Pyung-woo, membre de l'association. Cultural Action demande également que la propriété coréenne des livres soit reconnue, en critiquant la position du gouvernement sud-coréen prêt, selon elle, à accepter un prêt permanent sans régler cette question.

Tout en étant consciente que l'enjeu du débat dépasse les relations franco-coréennes, dans la mesure où la restitution des objets acquis par la France lors des guerres priverait nos musées d'une partie importante de leurs collections, l'Association d'amitié franco-coréenne soutient pleinement la demande du peuple coréen de reprendre possession de biens acquis par la force, d'une valeur historique de première importance pour le peuple coréen. Des restitutions ont déjà été décidées par le gouvernement français pour des biens d'autres pays. En effet, un accord ne pourra être que politique ; il pourrait également conduire à la reconnaissance, par la France, de l'erreur qu'a constituée l'expédition coloniale de 1866, ce qui solderait définitivement un contentieux ancien de plus de 140 années. 

Sources : AAFC,
Yonhap  

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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 00:57

Le jeudi 11 février 2010, l'ancien ministre Jack Lang, envoyé spécial du président de la République pour la Corée du Nord, a participé à la réception offerte par S.E. Son Musin, délégué général de la République populaire démocratique de Corée en France, ambassadeur auprès de l'UNESCO, à l'occasion de l'anniversaire du dirigeant Kim Jong-il.


Cette présence exceptionnelle, après plusieurs nouvelles rencontres de M. Lang avec les diplomates nord-coréens de la délégation générale à Paris en ce début d'année, clôt une mission de plusieurs mois, à l'issue de laquelle le député du Pas-de-Calais a annoncé l'ouverture d'un bureau français d'action culturelle et de coopération à Pyongyang. Les objectifs, les grandes lignes et les résultats de cette mission ont été rappelés par le ministère des Affaires étrangères et européennes dans une réponse au député Jean-Jacques Candelier, publiée au Journal officiel du 26 janvier 2010. Les représentants de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) présents à la réception donnée rue Asseline, à Paris, le 11 février dernier, ont pu, à cette occasion, rencontrer à nouveau l'envoyé spécial du président de la République. Jack Lang s'était "réjoui" de constater, dans une réponse du 18 novembre 2009 à un courriel de l'AAFC, que "nos analyses convergent", en soulignant que "nous devons intensifier nos efforts pour favoriser une solution de paix mais aussi pour obtenir un meilleur soutien public national et international aux actions menées sur place par les organisations non gouvernementales et les Nations Unies".


Jack Lang Andre Aubry
Jack Lang Son Musin 2
Jack_Lang_femmes_coreennes.JPG
De haut en bas :
- Jack Lang salué par André Aubry, ancien Sénateur-Maire d'Antony, Président de l'AAFC,
- Jack Lang et S.E. Son Musin, délégué général de la République populaire démocratique de Corée en France, ambassadeur auprès de l'UNESCO,
- Jack Lang et des femmes coréennes.

Photographies :
Alain Noguès
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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 20:03
JJCandelier.jpgLe 2 juin 2009, après l'essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) le 25 mai, le député Jean-Jacques Candelier, membre de la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale, publiait un communiqué pour dénoncer le dédain des grandes puissances et le non-respect de leurs engagements, à l'origine, selon lui, de l'attitude de la RPDC. A la fin de son communiqué, Jean-Jacques Candelier annonçait interroger le Premier ministre François Fillon sur l'avenir des relations entre la France et la RPDC. Publiée au Journal officiel le 9 juin 2009, la question du député a reçu une réponse du ministère des Affaires étrangères le 26 janvier 2010. Nous publions ci-après l'une et l'autre (les liens ont été ajoutés par l'AAFC).



Texte de la question du député Jean-Jacques Candelier (N°51664), publiée au JO le 9 juin 2009 
M. Jean-Jacques Candelier interroge M. le Premier ministre sur l'attitude de la France vis-à-vis de la République démocratique de Corée (RPDC). Les grandes puissances mondiales rivalisent de virulence pour réprouver les opérations militaires et l'attitude de la RPDC. Cependant, elles omettent de dire que la RPDC est favorable, depuis longtemps, à la dénucléarisation de la péninsule, ce qui implique le démantèlement de la base militaire américaine en Corée du sud, ainsi que des armements nucléaires mobiles transportés par la flotte et l'aviation américaine. Elles oublient d'indiquer que la RPDC est favorable, depuis longtemps, à la transformation de l'accord d'armistice de 1953 en un véritable traité de paix, ce qui implique une négociation RPDC-États-unis. Elles oublient, enfin, de rappeler à l'ordre le Japon, qui est en cours de remilitarisation en dépit des obligations de sa propre Constitution.. Ce « deux poids, deux mesures » lui est insupportable. Dans ses conditions, il estime qu'il ne faut pas s'étonner de la réaction d'autodéfense de la Corée du nord, qui voit ses propositions systématiquement rejetées. Il rappelle que même les accords conclus sous la présidence américaine de Bill Clinton n'ont pas été respectés, la RPDC n'ayant jamais obtenu, en échange de sa renonciation à l'arme nucléaire, les contreparties promises (livraison de réacteurs à eau légère, de pétrole et l'arrêt de l'embargo unilatéralement imposé). Puisque la France, à travers la future loi de programmation militaire, continue d'axer la stratégie de défense nationale sur la dissuasion nucléaire, au détriment de la nécessaire lutte contre la prolifération nucléaire mondiale, il estime que la diplomatie française devrait être plus conciliante envers la RPDC, d'autant qu'elle se trouve directement sous la menace internationale. En lieu et place de nouvelles sanctions néfastes et inefficaces, il estime que rétablir le dialogue et la confiance passe par la fin de l'embargo américain installé depuis plus de cinquante années, par l'arrêt des tentatives de dénigrement et de déstabilisation et par le respect de la souveraineté du peuple coréen, conformément à la charte des Nations-unies. Alors que la France, mauvais élève de l'Union européenne, continue à se refuser de reconnaître officiellement l'existence de ce pays, il lui demande s'il entend faire un premier geste d'apaisement, par l'établissement d'une ambassade de RPDC à Paris.

Texte de la réponse du ministère des Affaires étrangères et européennes, publiée au JO le 26 janvier 2010
L'honorable parlementaire a bien voulu appeler l'attention du ministre des affaires étrangères et européennes sur la question nucléaire nord-coréenne ainsi que sur les relations entre la France et la République populaire démocratique de Corée. La résolution 1718 du Conseil de sécurité demande à la Corée du Nord de s'abstenir de tout nouveau tir balistique. Le tir du 5 avril 2009 a ainsi constitué une violation de cette résolution, qui a été condamnée par le Conseil de sécurité, le 13 avril 2009, à l'unanimité de ses membres. Malheureusement, la Corée du Nord a poursuivi une politique d'escalade menaçant la paix et la sécurité internationale. Elle s'est retirée des pourparlers à Six, cadre de la négociation multilatérale sur la question nucléaire nord-coréenne, et a annoncé le 25 mai 2009 avoir effectué un essai nucléaire. La France, comme l'ensemble de ses partenaires européens, a condamné cet essai, et a activement pris part aux travaux du Conseil de sécurité des Nations unies, qui ont abouti à l'adoption à l'unanimité, le 12 juin 2009, de la résolution 1874. Celle-ci prévoit notamment un embargo très large sur les armes, l'inspection des navires et aéronefs en provenance ou à destination de la Corée du Nord dont la cargaison serait suspecte, le renforcement des sanctions individuelles par le Comité de sanctions mis en place en 2006 (Comité 1718) et des restrictions de services financiers aux personnes et institutions impliquées dans des programmes d'armes de destruction massive et balistiques. La France appelle la Corée du Nord à reprendre sans délai les pourparlers à Six. Notre pays attache une grande attention à la situation de la Corée du Nord. C'est la raison pour laquelle le Président de la République a décidé de charger M. Jack Lang d'une mission d'information sur la Corée du Nord en qualité d'envoyé spécial. M. Lang a ainsi été invité à présenter au chef de l'État et au ministre des affaires étrangères et européennes, à l'issue de cette mission, les initiatives que la France serait susceptible de prendre pour contribuer au règlement de la crise nord-coréenne, ainsi qu'une analyse sur les circonstances qui pourraient conduire à envisager l'établissement de relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée, en tenant compte de la nécessité de progrès sur la question nucléaire, les relations intercoréennes et la situation humanitaire et des droits de l'homme. M. Lang s'est rendu au Japon (4-6 octobre), en République de Corée (6-8 octobre), aux États-Unis (23 octobre) ainsi qu'en Chine (5-9 novembre) et en Russie (15 décembre). Il a, à chaque fois, rencontré les principaux responsables du dossier nord-coréen. L'envoyé spécial du Président de la République s'est également rendu en Corée du Nord (9-13 novembre), où il a eu des entretiens avec le président du présidium de l'Assemblée populaire suprême, avec le ministre des affaires étrangères et le ministre de la culture. M. Lang a fait rapport au Président de la République et au ministre des affaires étrangères et européennes de sa mission d'information. Sans que des relations diplomatiques soient établies, il a proposé d'ouvrir, dans un premier temps, un office français de coopération et d'action culturelle à Pyongyang. Cet office permettra d'assurer une présence française en Corée du Nord de façon pérenne. Sa mission, encore à l'étude tout comme son futur statut, pourrait consister dans l'assistance à la population nord-coréenne en matière d'éducation, de santé, de culture et de coopération humanitaire, économique et technique. Cet office servirait également d'appui aux ONG françaises opérant en Corée du Nord.

Source : Assemblée nationale

Site Internet du député Jean-Jacques Candelier
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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 23:00
Le 16 décembre 2009, au lendemain de sa rencontre avec le ministre russe des Affaires étrangères, dernière étape de sa mission, Jack Lang, envoyé spécial du président de la République pour la Corée du Nord, était auditionné par la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Si Paris ne propose pas de normaliser les relations diplomatiques avec Pyongyang "dans la période immédiate", nombre des propositions et préoccupations exprimées par Jack Lang devant les députés rejoignent celles de l'Association d'amitié franco-coréenne. Dès le 17 décembre 2009, l'agence officielle KCNA a confirmé l'accord du gouvernement nord-coréen pour l'ouverture d'un bureau français d'action culturelle et de coopération à Pyongyang. 

France-RPDC-flotDevant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Jack Lang a annoncé que la France a proposé à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) de créer à Pyongyang une "structure permanente de coopération humanitaire, culturelle, linguistique", sans toutefois établir de relations diplomatiques "dans la période immédiate".

La France, seul pays de l'Union européenne, à l'exception de l'Estonie, qui n'entretient pas de relations diplomatiques avec la RPDC, propose de se rapprocher de ce pays "par étapes (...), sans reconnaissance d'Etat dans la période immédiate", a déclaré Jack Lang.


L'envoyé spécial du président de République a expliqué que le contexte politique ne se prêtait pas à cette reconnaissance maintenant de l'Etat nord-coréen, tout en relevant que cette position était "contradictoire" avec la tradition française de reconnaître "des Etats et non des régimes".

"Le souhait formulé par la France est d'essayer d'ouvrir une page nouvelle" dans les relations entre les deux pays car "les lignes paraissent légèrement bouger" du côté des Nord-Coréens, a-t-il dit.

"Nous attendons la réponse de la Corée du Nord" à notre proposition d'ouvrir une structure dans la capitale nord-coréenne, a précisé Jack Lang qui a remis un rapport au président de la République Nicolas Sarkozy et au ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner.
Il a précisé que le nom de cette structure restait à définir avec les Nord-Coréens, alors que la République populaire démocratique de Corée est représentée en France, depuis vingt-cinq ans, par une délégation générale.

Avenue_Pyongyang.jpgSuite à cette annonce, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a précisé, dès le 17 décembre, l'accord de la RPDC pour l'ouverture d'un bureau français d'action culturelle et de coopération à Pyongyang :

"La RPDC a donné son accord à l'ouverture par la France d'un bureau à Pyongyang, provenant de sa position pour le développement des relations avec la France (...) La France a informé la RPDC qu'elle souhaitait établir un bureau français d'action culturelle et de coopération à Pyongyang, comme une étape dans la première phase de la normalisation des relations entre les deux pays."

La France compte déjà en RPDC un lecteur de français. Une coopération agricole et dans d'autres domaines, notamment éducatif, existe aussi grâce aux trois organisations non gouvernementales (ONG) françaises présentes sur place, Triangle Génération Humanitaire, Première Urgence et Handicap International, dont l'action a été vantée par Jack Lang.

 
"Une aide beaucoup plus importante à ces organisations serait profitable sur tous les points", a-t-il estimé.

Dans le cadre de sa mission, Jack Lang s'est rendu du 9 au 13 novembre en Corée du Nord. Il s'est aussi rendu au Japon, en Corée du Sud, aux Etats-Unis, en Chine et en Russie, autres Etats parties aux pourparlers à six sur la question nucléaire.

Les responsables nord-coréens avec lesquels il s'est entretenu ont fait deux déclarations solennelles, a rappelé Jack Lang. La première déclaration assurait que la RPDC ne se livrait pas à des activités de prolifération avec transferts de matières fissiles et balistiques.
La seconde affirmait que la RPDC était prête à discuter de la question des droits de l'homme, ainsi que des droits sociaux. Le  ministère français des Affaires étrangères "prépare plusieurs choses" à ce sujet afin "de prendre au mot les Nord-Coréens", a indiqué Jack Lang.

Bien que la question nucléaire ne fût pas au coeur de la mission de Jack Lang, ce dernier s'est déclaré, à titre personnel, favorable à l'institution d'un "système de sécurité collective" en Asie du Nord-Est pour répondre aux inquiétudes de tous les acteurs de cette région du monde.

073-DSC0279.jpgSi l'Association d'amitié franco-coréenne regrette que l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la France et la RPDC ne soit pas prévu dans l'immédiat, elle se félicite de la perspective d'un renforcement de la coopération humanitaire, culturelle et linguistique, comme elle l'a fait elle-même - notamment lors d'une soirée de solidarité dans les salons de Boffrand de la présidence du Sénat, ou par ses actions de coopération pour l'apprentissage du français (ici avec les étudiants du département de français de l'Université Kim Il-sung, en 2006). Pour la première fois, une représentation gouvernementale française en RPDC fera le pendant de celle de la RPDC qui existe à Paris depuis l'inauguration officielle, en 1972, d'un bureau commercial.

Dans ses échanges réguliers avec l'envoyé spécial du président de la République tout au long de sa mission, l'AAFC n'a cessé de plaider en ce sens ; elle a reçu le 18 novembre dernier une lettre de Jack Lang se félicitant de la convergence de nos analyses (voir ci-dessous), tandis qu'un de ses adhérents a été reçu, à titre professionnel, par l'envoyé spécial du chef de l'Etat.

Sources : AAFC, AFP, Assemblée nationale, KCNA


Regarder l'audition de Jack Lang par la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale



Courrier électronique adressé par l'AAFC à Jack Lang le 17 novembre 2009


Monsieur le Ministre,


L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a suivi attentivement votre mission en Corée du Nord et ses résultats.

En particulier, l'entretien que vous avez accordé le 15 novembre à RFI, TV5 et Le Monde a retenu toute notre attention.

Vos premières analyses de la situation en Corée et des relations franco-coréennes rejoignent nombre des appréciations et positions de l'AAFC, exposées notamment sur son site Internet, qu'il s'agisse :

- de la nécessité d'un véritable traité de paix dans la péninsule coréenne et de sa dénucléarisation TOTALE (voir http://amitiefrancecoree.over-blog.org/article-36912030.html
),

- de l'importance de soutenir l'action humanitaire des ONG françaises présentes sur place, face aux diverses difficultés qui touchent la population (voir http://amitiefrancecoree.over-blog.org/article-16496697.html
, http://amitiefrancecoree.over-blog.org/article-20785044.html et http://amitiefrancecoree.over-blog.org/article-20879115.html),

- de la place à accorder objectivement à la question des droits de l'homme (voir http://amitiefrancecoree.over-blog.org/article-33801898.html
).

L'AAFC accorde aussi une grande importance à la coopération éducative de la France avec la RPD de Corée, notamment en ce qui concerne l'apprentissage de la langue française (voir http://amitiefrancecoree.over-blog.org/article-25770750.html
, http://amitiefrancecoree.over-blog.org/article-32216463.html et http://amitiefrancecoree.over-blog.org/article-du-bellay-et-montaigne-en-coree-du-nord-39276181.html).

Si les analyses de notre association ont jusqu'ici rencontré peu d'écho auprès des autorités françaises, nous espérons que votre mission aura pour résultat d'établir enfin un véritable dialogue politique entre la France et la RPD de Corée sur tous ces sujets.

D'une manière générale, pour assurer la paix et la sécurité dans cette région du monde - qui doit être la priorité - la France devrait, selon nous, jouer un rôle actif et contribuer à la pleine mise en oeuvre des accords inter-coréens du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, soutenus par l'Assemblée générale des Nations Unies.


Restant à votre disposition pour vous rencontrer ou vous apporter toute information que vous jugeriez utile, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l'expression de notre haute considération.
 

André Aubry
président de l'Association d'amitié franco-coréenne
ancien sénateur-maire d'Antony

Patrick Kuentzmann
secrétaire général de l'Association d'amitié franco-coréenne

 


Réponse de Jack Lang à l'AAFC

J.-Lang---AAFC.jpg


A Paris, le 18 novembre 2009

 


Monsieur le Président,

Monsieur le Secrétaire Général,

 

Je vous remercie pour votre lettre en date du 17 novembre.

 

Je me réjouis de constater que nos analyses convergent.

 

Nous devons intensifier nos efforts pour favoriser une solution de paix mais aussi pour obtenir un meilleur soutien public national et international aux actions menées sur place par les organisations non gouvernementales et les Nations Unies.

 

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Général, à mes meilleurs sentiments.

 

 

Jack Lang





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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 00:56
De retour à Paris après sa mission de cinq jours en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), Jack Lang a accordé, le dimanche 15 novembre, un entretien à Radio France Internationale, TV5 Monde et Le Monde.

Répondant aux questions de Bruno Daroux (RFI), Xavier Lambrechts (TV5 Monde) et Nathalie Nougayrède (Le Monde), l'envoyé spécial du Président Sarkozy pour la Corée du Nord aborde, entre autres points : la déclaration solennelle des Nord-Coréens qui lui ont affirmé ne pas procéder à la prolifération d'armes de destruction massive ; la perspective d'un règlement global de la question nucléaire nord-coréenne, de la paix et de la sécurité en Asie du Nord-Est, auquel la France pourrait contribuer ; le travail en Corée des ONG françaises qu'il conviendrait de soutenir davantage.

Si la seconde partie de cet entretien ne concerne la Corée du Nord qu'au début, ce que Jack Lang dit ensuite sur l'embargo imposé à Cuba peut très bien s'appliquer à la Corée.

Par ailleurs, Jack Lang évite de répondre aux questions des journalistes sur "la nature du régime nord-coréen", mettant en avant son rôle d'envoyé spécial, sans chercher à se poser en juge.


Ecouter l'interview accordée par Jack Lang à RFI, TV5 et Le Monde le 15 novembre 2009 :

Première partie

Seconde partie
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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 12:16

A l'issue de sa mission de cinq jours en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), Jack Lang, envoyé spécial du président de la République Nicolas Sarkozy, a fait état de "progrès positifs" sur plusieurs dossiers, y compris la question nucléaire. Jack Lang a indiqué qu'il rendrait compte de sa mission au président français et proposerait des initiatives, alors que la France est l'un des deux derniers pays de l'Union européenne à ne pas avoir établi de relations diplomatiques complètes avec la RPDC.

Si l'on se garde de toute annonce prématurée, tant du côté français que nord-coréen, il est clair que la visite de cinq jours en RPDC de Jack Lang, envoyé spécial du président de la République, du 9 au 13 novembre 2009, a permis l'engagement d'un dialogue politique entre Paris et Pyongyang. Jack Lang a rencontré M. Pak Ui-chun, ministre des Affaires étrangères, et M. Kim Yong-nam, président du praesidium de l'Assemblée populaire suprême, qui exerce les fonctions de chef de l'Etat. Au total, selon les propres termes de Jack Lang, ce dernier a eu "dix heures de rencontres cordiales, franches et chaleureuses" avec les responsables nord-coréens. Pour leur part, les autorités nord-coréens ont fait état d'échanges dans un climat de "respect mutuel". Selon l'envoyé spécial du quotidien Le Monde à Pyongyang, Philippe Pons, il s'agit d' "une formule qui n'est pas neutre pour un pays qui se sent ostracisé et demande le respect de sa souveraineté. M. Lang était la première personnalité politique française de haut niveau à se rendre à Pyongyang depuis la visite, en février 1981, de François Mitterrand, alors secrétaire du Parti socialiste et candidat à la présidence". 

Ce déplacement clôturait une série de visites de Jack Lang dans les Etats parties aux pourparlers à six sur la question nucléaire coréenne.

Dans un entretien donné à l'AFP en Chine, à son retour de Corée du Nord, Jack Lang a déclaré que "les plus hauts dirigeants nord-coréens ont annoncé que, dans un geste particulier envers la France, ils avaient accepté notre proposition d'un échange avec la France sur les droits de l'homme". Jack Lang a rappelé que, par le passé, un dialogue s'était engagé entre l'Union européenne et la Corée du Nord sur le même sujet, avant d'être rompu en 2003. Selon les sources dont disposent l'AAFC, les gouvernements de Jacques Chirac avaient appuyé des positions rigoureuses au sein des institutions européennes, ce qui n'avait pas été sans conséquences dans la rupture de ce dialogue entre l'UE et la RPD de Corée.

Ce geste des autorités nord-coréennes, qui ne s'adresse qu'à Paris, est d'autant plus significatif que, parmi les trois conditions posées par la France à l'établissement de relations diplomatiques complètes avec la RPDC (la question nucléaire, les relations intercoréennes et les droits de l'homme), seuls les droits de l'homme ont justifié de manière constante que notre pays soit l'un des deux Etats membres de l'Union européenne (avec l'Estonie) à ne pas avoir franchi le cap de la reconnaissance diplomatique, cette question étant au coeur de la mission confiée à Jack Lang. Par ailleurs, les droits de l'homme sont un des arguments utilisés, tant au Japon que dans les milieux conservateurs américains et sud-coréens, pour appeler la France à la prudence dans l'établissement de relations diplomatiques complètes avec Pyongyang. Sans ignorer les objectifs diplomatiques de Washington, Séoul ou Tokyo, la diplomatie française doit cependant d'abord défendre nos intérêts propres. 

L'ancien ministre socialiste a fait état de discussions sur de nombreux sujets, de la coopération à des questions plus controversées, comme le nucléaire, en observant que la France pourrait "jouer un certain rôle" pour relancer les pourparlers. Ayant pu visiter de nombreuses régions en Corée du Nord, l'envoyé spécial du Président français a déclaré que "la situation sociale dans certaines régions était très difficile... particulièrement en ce qui concerne la santé et l'alimentation". 

Jack Lang a indiqué qu'il rendrait compte à Nicolas Sarkozy de sa mission la semaine prochaine et proposerait quelques initiatives. Il s'est déclaré "prêt à revenir en Corée du Nord à tout moment, s'il en décide ainsi".

Sources : AAFC,
AFP, Le Monde. Photo : KCNA

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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 08:54

Comme annoncé précédemment, Jack Lang, envoyé spécial du président de la République Nicolas Sarkozy pour la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), est arrivé ce lundi 9 novembre à Pyongyang, dans le cadre d'une mission d'information de cinq jours pour explorer, notamment, la possibilité de l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la France et la République populaire démocratique de Corée, alors que notre pays est l'un des deux derniers Etats de l'Union européenne - avec l'Estonie - à ne pas avoir encore franchi ce cap dans ses relations avec la RPDC.

Après avoir effectué une mission similaire sur Cuba pour le président de la République, l'ancien ministre socialiste Jack Lang, député du Pas-de-Calais et ancien président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, poursuit avec diligence sa nouvelle mission d'envoyé spécial du chef de l'Etat sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) : arrivé le 9 novembre à Pyongyang dans le cadre d'une mission d'information de cinq jours, il a rencontré, ce 10 novembre, M. Pak Ui-chun, ministre des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, avant d'autres rencontres avec les dirigeants nord-coréens. La semaine dernière, une visite en France du directeur pour l'Europe du ministère nord-coréen des Affaires étrangères avait préparé cette visite à Pyongyang, suivant l'usage diplomatique.

Selon les termes du communiqué de l'Elysée en date du 1er octobre 2009 qui a nommé officiellement M. Jack Lang envoyé spécial, sa mission recouvre plusieurs aspects : "M. Lang a été invité à présenter au Chef de l'Etat et au ministre des Affaires étrangères et européennes à l'issue de cette mission, les initiatives que la France pourrait utilement entreprendre pour contribuer au règlement de la crise nord-coréenne, ainsi qu'une analyse sur les circonstances qui pourraient conduire la France à envisager l'établissement de relations diplomatiques avec la République Populaire Démocratique de Corée en tenant compte de la nécessité de progrès sur la question nucléaire, les relations intercoréennes et la situation humanitaire et des droits de l'Homme." Dans ce cadre, un rôle plus actif de la France sur le dossier nucléaire, entre autres, suppose préalablement l'ouverture de canaux de dialogue actifs, alors que notre pays, absent des pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, est le seul des grands Etats de l'Union européenne à ne pas avoir encore établi de relations diplomatiques complètes avec la RPDC.

Jack Lang  a déjà rencontré des représentants au plus haut niveau d'autres Etats impliqués dans les pourparlers à six, dont le président sud-coréen Lee Myung-bak, et à Pékin, d'où il venait avant d'arriver à Pyongyang, le Conseiller d'Etat chargé des affaires diplomatiques M. Dai Bingguo, ainsi évidemment que des responsables américains du dossier nord-coréen.

Sans anticiper sur l'issue de sa mission, Jack Lang avait déclaré la semaine dernière : "nous allons à Pyongyang avec la volonté d'engager un dialogue (...) aussi large possible (...) avec les hauts dirigeants" nord-coréens, dans le cadre d'une mission "ponctuelle, précise" devant permettre de collecter "des renseignements, des impressions", étant entendu par ailleurs, toujours selon M. Lang, que la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, "peut jouer un certain rôle".

Ayant naturellement pris contact avec les collaborateurs de M. Jack Lang dont elle suit attentivement la mission, l'AAFC a plaidé de manière constante pour l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la France et la République populaire démocratique de Corée, en estimant que le développement des échanges dans tous les domaines est le meilleur gage d'une pleine insertion de la RPDC sur la scène internationale, pour parvenir à une paix durable dans cette partie du monde. Selon l'AAFC, l'apprentissage du français en RPDC (en fort recul par rapport aux années 1970), le développement de projets de coopération économiques ou encore la fourniture de céréales - alors que
la situation alimentaire apparaît critique - sont quelques-uns des domaines possibles d'approfondissement de nos échanges bilatéraux.

La mission de Jack Lang intervient à un moment opportun, à la veille de la reprise attendue des pourparlers bilatéraux entre la Corée du Nord et les Etats-Unis : l'envoyé spécial américain pour la RPDC, M. Stephen Bosworth, pourrait se rendre prochainement à Pyongyang. Pour l'AAFC, sur des questions qui engagent l'avenir de la péninsule coréenne, l'initiative diplomatique de la France doit être saluée, au-delà des clivages partisans.

Sources : AAFC,
Le Nouvel Observateur. Photo : KCNA

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27 octobre 2009 2 27 /10 /octobre /2009 22:30

Au moment où Jack Lang a été chargé de mission par le président de la République comme envoyé spécial pour envisager, notamment, l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la France et la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il est intéressant de rappeler que, 28 ans plus tôt, François Mitterrand visitait Pyongyang comme candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle. Mais sa promesse que la France reconnaisse la RPDC n'avait alors pas été honorée, du fait notamment des pressions du gouvernement sud-coréen sur les entreprises françaises investissant au Sud de la péninsule.

Jack Lang, dont le déplacement en République populaire démocratique de Corée comme envoyé spécial du président de la République, Nicolas Sarkozy, pour la Corée du Nord est attendu aux alentours du 10 novembre, va-t-il conduire à honorer la promesse faite par l'ancien président de la République François Mitterrand, en février 1981, d'établir des relations diplomatiques complètes avec la République populaire démocratique de Corée ? 

Lors de son déplacement de deux jours en RPD de Corée en février 1981, dans le cadre d'un voyage en Extrême-Orient qui l'avait également conduit en Chine, François Mitterrand cherchait alors à renforcer à l'international sa stature de candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle, qu'il devait remporter deux mois plus tard, non sans chasser sur des terres réputées plus favorables au candidat communiste Georges Marchais. Accompagné de Lionel Jospin et Gaston Defferre, alors respectivement Premier secrétaire du Parti socialiste et président du groupe socialiste de l'Assemblée nationale, il avait rencontré le Président Kim Il-sung, qu'il avait décrit, selon le quotidien Le Monde, comme un homme "ayant beaucoup de bon sens, beaucoup de réalisme". Sensible à la politique d'indépendance de Pyongyang vis-à-vis des grandes puissances, François Mitterrand aurait, toujours selon le quotidien du soir, "retiré de cette rencontre l'impression qu'il y a entre Pékin et Pyongyang un rapprochement évident sans qu'il y a ait rupture avec l'URSS de la part de la Corée du Nord".

La visite en RPD de Corée du futur président de la République pourrait être comparée, toutes choses égales par ailleurs, à celle qui serait rendue aujourd'hui, par exemple, au président vénézuelien Hugo Chavez : si le Président Kim Il-sung concentrait lui aussi les critiques de certains milieux anticommunistes, il bénéficiait également d'une image valorisée non seulement par la résistance de la Corée du Nord aux Etats-Unis, mais aussi par le refus de tout alignement sur l'URSS : la Corée du Nord n'a jamais été membre du Conseil d'assistance économique mutuelle (CAEM), et les troupes soviétiques ont quitté le territoire coréen dès 1948. En outre, le rapide développement économique et social des années 1960 et 1970 faisait apparaître la Corée du Nord comme un pays ayant suivi avec succès une voie socialiste de développement.

Kim Il Sung Mitterrand fevrier 1981Entrevue entre François Mitterrand et Kim Il-sung, février 1981 (source : Naenara)


Selon le dirigeant socialiste Claude Estier, lors de son déplacement à François Mitterrand se serait vu prédire sa future élection, et le Président Kim Il-sung fut d'ailleurs l'un des premiers à le féliciter de son élection :

"Il nous a reçus pendant trois heures, vantant les mérites de son pays et témoignant d’une assez bonne connaissance de la situation politique en France. En nous quittant et après nous avoir fait remettre à chacun une petite caisse contenant ses oeuvres complètes, il a dit à François Mitterrand : 'Je suis heureux d’avoir reçu aujourd’hui le futur président de la République française.'

"Nous sommes peu à savoir que, le 10 mai, l’un des premiers télégrammes de félicitations parvenus à Paris était celui de Kim Il-sung !"

François Mitterrand pourra ensuite observer qu'il sera le seul dirigeant occidental en exercice à avoir visité la Corée du Nord, et à avoir rencontré le Président Kim Il-sung.

La promesse qu'il avait alors faite d'établir des relations diplomatiques complètes avec Pyongyang ne fut toutefois pas honorée. Alors que des relations économiques entre nos deux pays s'étaient nouées dès les années 1972-1973, avec l'inauguration officielle du bureau commercial de la RPDC en France et l'ouverture d'un bureau du Conseil national du patronat français en RPDC, ce sont à nouveau des arguments économiques qui semblent avoir pesé, cette fois, dans le sens d'une absence de reconnaissance diplomatique : les pressions de la Corée du Sud sur la perte potentielle de plusieurs marchés (notamment de deux centrales nucléaires) semblent avoir joué un rôle décisif. Les démarches ultérieures du prince Norodom Sihanouk, qui avait vécu à Pyongyang, pour l'amélioration des relations franco - nord-coréennes n'avaient ensuite pas suffi pour que soit franchi le cap de la reconnaissance diplomatique. Toutefois, le bureau commercial de la RPDC en France avait été élevé dès 1984 au statut de délégation générale, tandis qu'était renforcée la représentation diplomatique de la RPDC auprès de l'UNESCO, basée à Paris.

Aujourd'hui, il est fréquent qu'on rappelle aux délégations françaises en déplacement en RPDC le voyage de François Mitterrand, en février 1981. Si la mission de Jack Lang devait conduire à l'établissement de relations diplomatiques entre nos deux pays, peut-être les guides nord-coréens feraient-ils alors observer que, 28 ans après, l'ancien ministre socialiste aurait finalement honoré la promesse de celui dont il a été plusieurs fois ministre. Et que la parole présidentielle du candidat François Mitterrand aurait été mise en oeuvre par le président de la République Nicolas Sarkozy.

Sources :
Claude Estier, Le voyage en Chine de février 1981, sur le site de l'Institut François Mitterrand, 3 décembre 2007
Philippe Pons, in Le Monde, édition des dimache 15-lundi 16 février 1981, et du 17 février 1981. Cité sur Wikipédia

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1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 23:49

Un communiqué de l'Elysée, en date du 1er octobre 2009, l'a annoncé officiellement : "le Président de la République a chargé M. Jack Lang d’entreprendre une mission d'information sur la Corée du Nord en qualité d'Envoyé spécial". L'AAFC se félicite de cette nomination qui devrait permettre d'envisager, notamment, l'établissement de relations diplomatiques entre la France et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Notre pays est l'un des deux derniers Etats de l'Union européenne - avec l'Estonie - à ne pas avoir encore établi de relations diplomatiques complètes avec Pyongyang, après avoir été pourtant l'un des plus ouverts au dialogue avec la Corée du Nord au sein du bloc occidental. C'était il y a plus de 20 ans...

En février dernier, le magazine Challenges avait annoncé que l'Elysée envisageait de confier à l'ancien ministre socialiste Jack Lang une mission en direction de différents pays, dont l'Iran, la Corée du Nord et Cuba. De fait, après avoir été chargé de mission en début d'année "pour explorer avec les autorités cubaines les modalités d'une reprise du dialogue politique et de la coopération", Jack Lang vient de se voir confier, par le Président de la République Nicolas Sarkozy, une mission d'information sur la Corée du Nord, en qualité d'envoyé spécial.

Selon le communiqué de l'Elysée en date du 1er octobre 2009, "M. Lang a été invité à présenter au Chef de l'Etat et au ministre des Affaires étrangères et européennes à l'issue de cette mission, les initiatives que la France pourrait utilement entreprendre pour contribuer au règlement de la crise nord-coréenne, ainsi qu'une analyse sur les circonstances qui pourraient conduire la France à envisager l'établissement de relations diplomatiques avec la République Populaire Démocratique de Corée en tenant compte de la nécessité de progrès sur la question nucléaire, les relations intercoréennes et la situation humanitaire et des droits de l'Homme."

Alors que l'absence de relations diplomatiques entre la France et la République populaire démocratique de Corée ne facilite pas, pour l'heure, le rôle que pourrait jouer Paris dans les pourparlers sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne (
dont est aujourd'hui absente l'Union européenne), les trois critères cités pour l'établissement de relations diplomatiques complètes entre Paris et Pyongyang - le nucléaire, les relations intercoréennes et les droits de l'homme - sont ceux qui, invariablement, ont justifié le maintien du statu quo, notamment dans les réponses à l'AAFC du ministère français des Affaires étrangères et européennes. Notre dernière lettre en date du 17 mars 2009, posant à nouveau la question des relations diplomatiques entre la France et la RPDC, n'a pas reçu de réponse.

La situation actuelle autorise cependant un plus grand optimisme. D'une part, Jack Lang avait indiqué au magazine Challenges, en février dernier, être favorable, "sur un plan personnel", à l'ouverture de relations diplomatiques avec Pyongyang et, selon le magazine financier, son point de vue ne serait "pas très éloigné de celui de l'Elysée". De fait, rien n'interdit de penser que l'Elysée ait, sur le sujet, une approche plus ouverte que le ministère des Affaires étrangères et européennes. L'AAFC se tient ainsi à l'entière disposition du nouvel envoyé spécial de l'Elysée pour présenter ses positions sur ce dossier.

Depuis février, Jack Lang a manifesté en d'autres occasions son intérêt pour la péninsule coréenne plus généralement, notamment le 16 juillet 2009 dans un discours remarqué, à Séoul, en ouverture des travaux de révision de la constitution sud-coréenne. Il s'est alors prononcé pour la restitution par la France des archives royales coréennes pillées en 1866. Le député du Pas-de-Calais s'était ainsi démarqué, une première fois, des positions officielles du ministère français des Affaires et étrangères sur la Corée.


D'autre part, le contexte international a évolué. Pyongyang a multiplié les geste d'ouverture depuis la visite de Bill Clinton à Pyongyang en août 2009. Enfin, de la même façon que les Etats-Unis et le Japon - qui n'ont pas encore établi de relations diplomatiques complètes avec Pyongyang - ont nommé des représentants pour la Corée du Nord, il était attendu que la France désigne également un envoyé spécial, au risque sinon d'être marginalisée dans cette partie du monde. Depuis début août, l'ambassade de France à Séoul - également en charge des dossiers relatifs au Nord de la péninsule - a d'ailleurs renforcé sa chancellerie diplomatique, en affectant un nouveau conseiller spécialement sur les questions concernant la Corée du Nord.

Enfin, d'autres voix que celle de l'AAFC sont favorables à l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la France et la République populaire démocratique de Corée. Dans une tribune publiée dans le quotidien Libération le 16 juillet 2008,
Barthélémy Courmont, chercheur au Centre d'études transatlantiques, a pris position pour "une ambassade de France à Pyongyang". Le Sénat s'est également prononcé en faveur de l'établissement de relations diplomatiques complètes, notamment dans un rapport d'information publié la veille de la nomination de Jack Lang.


Sources : AAFC, Le Monde
site de la présidence de la République française.

Photo : AFP

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1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 12:14

Jusqu'au début des années 1990, la France a été, parmi les pays occidentaux, l'un des plus ouverts au dialogue et aux échanges avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), et le chef de la représentation diplomatique à Paris occupait alors un poste élevé dans la diplomatie nord-coréenne : l'actuel chef d'Etat nord-coréen, le président de l'Assemblée populaire suprême M. Kim Yong-nam, a ainsi été le représentant de la RPDC auprès de la République française  à Paris. Dans ce contexte, les années 1972-1973 ont marqué, en quelque sorte, une lune de miel dans les relations franco - nord-coréennes, avec la présence d'ingénieurs français à Wonsan qui semblaient annonciatrices d'un essor des échanges commerciaux, ainsi que la visite en RPD de Corée d'une délégation de l'Assemblée nationale française.

Dans son ouvrage Juche and North Korea's global aspirations, récemment publié en septembre 2009, Charles K. Armstrong, l'un des meilleurs spécialistes actuels de la diplomatie nord-coréenne, a analysé le rôle particulier joué par la France dans l'offensive diplomatique nord-coréenne des années 1970 pour diversifier ses relations internationales. Cet auteur s'est basé notamment sur des archives de la période de la guerre froide aujourd'hui déclassifiées. Outre un renforcement des
liens avec le Tiers-Monde, les pays occidentaux n'ont pas été négligés : forte d'une diplomatie d'indépendance vis-à-vis des Etats-Unis dont les principes avaient été définis par le général de Gaulle, la France apparaît, en 1972-1973, comme un important partenaire économique et politique de la République populaire démocratique de Corée.

Les liens avec la France ont été d'abord de nature économique : alors que la diplomatie parlementaire est un des
canaux privilégiés de discussion avec les pays n'ayant pas de relations diplomatiques complètes avec la France, une délégation de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale a été invitée en République populaire démocratique de Corée en novembre 1972, pour discuter l'ouverture de missions commerciales dans les deux pays. L'inauguration officielle du bureau commercial de la République populaire démocratique de Corée en France a eu lieu à la fin de l'année 1972.

Des contacts préalables avec les entreprises françaises avaient préparé ces avancées politiques. Comme l'observe Charles K. Armstrong, en Europe occidentale, la France semblait appeler, en 1972-1973, à jouer en Corée du Nord un rôle économique comparable à celui de la République démocratique allemande. Selon des informations provenant des archives de l'ambassade est-allemande à Pyongyang, un accord conclu en 1972 prévoyait la contruction à Hamhung, pour une valeur de 400 millions de francs, d'une usine chimique de polyéthylène, dont la production annuelle devait atteindre 30.000 tonnes. Alors que les discussions avaient déjà porté sur les conditions de travail et d'accueil de 200 techniciens français et de leurs familles, ce projet ne semble toutefois pas avoir été mis en oeuvre.

Toujours selon les archives est-allemandes, un rapport soviétique du début de l'année 1973 mentionne la présence de 180 spécialistes français non plus à Hamhung, mais à Wonsan, sans préciser toutefois l'objet de leur présence en Corée du Nord, ni la durée de leur séjour.

Apparemment inédites, les informations de Charles K. Armstrong posent toutefois autant de questions qu'elles n'apportent de réponses sur les relations franco - nord-coréennes. L'auteur de cet article a eu la confirmation de rencontres avec le Conseil national du patronat français (CNPF) et les diplomates nord-coréens en poste à Paris, dans les années 1970 : conduits essentiellement avec le secteur privé, les échanges n'ont donc été ni isolés, ni limités à la seule période (1972-1973) que mentionne Charles K. Armstrong. 

Nous avons également eu confirmation de l'absence de documents sur ce sujet dans les archives du groupe d'étude à vocation internationale de l'Assemblée nationale sur les questions de la République populaire démocratique de Corée, et pour cause : le déplacement d'une délégation de députés en 1972 relevait de la commission des affaires étrangères, dont il serait intéressant de savoir si elle a conservé des comptes rendus. Enfin, des témoignages de députés ou de fonctionnaires parlementaires ayant participé au déplacement de 1972, de responsables français du CNPF ayant été en relation avec la Corée du Nord ou encore des techniciens français qui ont été présents à Wonsan permettraient d'éclairer cette phase encore méconnue des relations franco - nord-coréennes. 
 
Sources : AAFC et Charles K. Armstrong, Juche and North Korea's global aspirations, Woodrow Wilson International Center for Scholars, septembre 2009, pp. 9-10.

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