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23 février 2016 2 23 /02 /février /2016 21:05

Les citoyens de la République de Corée (Corée du Sud) renouvelleront leur Parlement le 13 avril prochain, pour une durée de quatre ans. Un an et demi avant l'élection présidentielle de décembre 2017, pour laquelle la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye ne pourra pas briguer un nouveau mandat, les conservateurs apparaissent en position de force - en grande partie grâce aux divisions de l'opposition.

Ce graphique montre la répartition des intentions de vote - selon l'institut de sondages Real Meter - entre les conservateurs (en rouge), les démocrates du Parti Minjoo (en bleu), les centristes du Parti du peuple (en vert) et les sociaux-démocrates du Parti de la justice (en jaune).

Ce graphique montre la répartition des intentions de vote - selon l'institut de sondages Real Meter - entre les conservateurs (en rouge), les démocrates du Parti Minjoo (en bleu), les centristes du Parti du peuple (en vert) et les sociaux-démocrates du Parti de la justice (en jaune).

Le 23 février 2016 les principaux partis sud-coréens ont annoncé être parvenu à un accord sur le redécoupage électoral des circonscriptions en vue des législatives du 13 avril prochain. Selon cet accord, qui devrait être entériné lors de la séance du 26 février, 253 sièges seront attribués au scrutin uninominal majoritaire à un tour, et 47 sièges à la proportionnelle, suivant des listes nationales, entre les formations ayant recueilli plus de 3 % des voix. Le nombre de sièges répartis à la proportionnelle est en baisse (de 54 à 47). 

Alors que les conservateurs du Parti Saenuri au pouvoir (157 sièges dans le Parlement sortant) recueillent des intentions de vote comparables à l'opposition, la division de cette dernière et le mode de scrutin la pénalisent une nouvelle fois. Le Parti Minjoo de Corée dispose actuellement de 108 sièges, le Parti du peuple de 17 sièges et le Parti de la justice de 5 sièges. Créé officiellement le 10 février 2016, le Parti du peuple est né d'une scission du Parti démocrate (devenu le Parti Minjoo de Corée) sur une ligne plus centriste, autour d'Ahn Cheol-soo - richissime homme d'affaires et ancien candidat à l'élection présidentielle de 2012, ayant dû se retirer après avoir été l'objet d'une campagne de dénigrement orchestrée par le services de renseignement sud-coréens - et de Kim Han-gil.

Selon l'institut de sondages sud-coréen Real Meter, le parti Saenuri bénéficie de 41,7 % des intentions de vote, le Parti Minjoo de Corée de 26,7 %, le Parti du peuple de 11,7 % et le Parti de la justice - seule formation de gauche au Parlement depuis l'interdiction du Parti progressiste unifié, dans des conditions non conformes aux règles démocratiques internationales - de 3,5 %.

Si les démocrates du Parti Minjoo du Parti du peuple ne parviennent pas à s'entendre dans les circonscriptions, leur défaite apparaît quasi-certaine. Alors que Ahn Cheol-soo avait initialement séduit une frange de l'électorat conservateur, il apparaît aujourd'hui essentiellement soutenu par des démocrates. Dans un contexte de recul continu des intentions de vote pour le Parti du Peuple, ses dirigeants endosseront une responsabilité certaine en cas de victoire des conservateurs, alors que ces derniers ont engagé la Corée du Sud sur la voie de la plus grave régression des libertés politiques depuis trente ans.
 

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22 décembre 2015 2 22 /12 /décembre /2015 22:58

Lors d'une conférence de presse qu'il a tenue le 13 décembre 2015, Ahn Cheol-soo a annoncé son départ de l'Alliance de la nouvelle politique pour la démocratie (ANPD, opposition démocrate) en vue de créer sa propre formation politique (et un groupe autonome au sein de l'Assemblée nationale). Un temps favori de l'élection présidentielle de décembre 2012, avant de se retirer au profit de Moon Jae-in, aujourd'hui président de l'ANPD qui avait finalement été battu par Mme Park Geun-hye, Ahn Cheol-soo avait ensuite rejoint l'ANPD, dont il était devenu le co-président. Les échecs répétés de l'opposition démocrate lors des élections partielles ont toutefois conduit Ahn Cheol-soo à prendre ses distances avec l'ANPD, et à réitérer ses appels en faveur d'une nouvelle façon de faire de la politique. A moins de quatre mois des élections législatives prévues le 13 avril 2016, si le départ d'Ahn Cheol-soo fragilise apparemment l'ANPD, son profil centriste et attrape-tout lui permet aussi de rallier des électeurs conservateurs jusqu'à présent acquis au Parti Saenuri (droite, au pouvoir), rendant in fine plus incertaine l'issue du dernier scrutin maljeur avant l'élection présidentielle de décembre 2017 - pour laquelle la présidente sortante ne peut pas être candidate à sa succession. 

Ahn Cheol-soo, à l'issue de sa conférence de presse du 13 décembre 2015

Ahn Cheol-soo, à l'issue de sa conférence de presse du 13 décembre 2015

Les divergences avaient été mises en scène pour préparer la rupture : le 6 décembre 2015, Ahn Cheol-soo avait d'abord exigé - sans succès - du Président de l'ANPD Moon Jae-in une convention pour changer les pratiques du parti, avant d'annoncer son propre départ de l'ANPD une semaine plus tard, le 13 décembre. Bien que membre de l'opposition, Ahn Cheol-soo a décoché ses principales flèches contre son ancienne formation politique :

Le parti d'opposition ne peut pas aujourd'hui offrir d'alternative au peuple. Il ne peut pas changer le monde ni offrir au peuple l'espoir d'un nouveau gouvernement. Le parti a refusé jusqu'à présent de plus grands changements, soucieux de défendre ses propres intérêts.

Ainsi placée sous les feux de l'actualité, la formation politique d'Ahn Cheol-soo est créditée de plus de 16 % des intentions de vote aux législatives du 13 avril 2016 dans deux sondages récents : 16,4 % selon une enquête publiée par le quotidien d'opposition Hankyoreh, 16,5 % selon l'institut de sondages sud-coréen Real Meter.

Mais alors que ce départ devrait d'abord pénaliser l'ANPD, Ahn Cheol-soo parvient également à rallier des électeurs conservateurs du Parti Saenuri, crédité de 26,6 % (selon le Hankyoreh) à 35,2 % (selon Real Meter) des intentions de vote, l'écart avec l'ANPD (26,5 % pour le Hankyoreh à 28 % pour Real Meter) s'étant réduit.

Mais Ahn Cheol-soo parviendra-t-il, davantage que d'autres hommes politiques sud-coréens avant lui, à ancrer dans la durée une troisième force (ni démocrate, ni conservatrice), dans un paysage électoral où le mode de scrutin - essentiellement uninominal majoritaire à un tour (malgré une dose de proportionnelle aux législatives) favorise le bipartisme ?

A cet égard, il aura impérativement besoin d'alliés, qui soient notamment implantés régionalement, dans un pays où les bases électorales restent d'abord régionales. Il faudra observer s'il parviendra à rallier les députés démocrates du Honam, notoirement opposés à Moon Jae-in (l'un d'entre eux, Moon Byeong-ho, a annoncé son départ de l'ANPD dès le lendemain de la conférence de presse d'Ahn Cheol-soo), ou encore le député indépendant (ex-démocrate) Chun Jung-bae, qui l'avait emporté le 29 avril 2015 contre le candidat soutenu officiellement par l'ANPD lors d'une élection partielle à Gwangju, dans le district de Seogu, dans la province du Jeolla qui est un bastion traditionnel de l'opposition. Chun Jung-bae avait ensuite annoncé, en septembre, son intention de créer son propre parti.

Sources :

Chun Jung-bae, en septembre 2015

Chun Jung-bae, en septembre 2015

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20 décembre 2015 7 20 /12 /décembre /2015 22:46

Le 19 décembre 2015, une nouvelle manifestation à Séoul a rassemblé des milliers de participants - à l'appel notamment du syndicat KCTU, dont l'arrestation du président Han Sang-gyun, à la veille de cette nouvelle journée d'action, pour le grief de "sédition" (inusité depuis  1986, à l'époque du régime militaire à Séoul) témoigne d'un nouveau tour de vis dans la répression antisyndicale en cours à Séoul. Plus que jamais, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) est solidaire des militants qui luttent pour la démocratie politique et syndicale en Corée du Sud.

Nouveau rassemblement pro-démocratie à Séoul, pour faire entendre la voix de la liberté et de la justice

Si les motifs des précédentes manifestations n'avaient pas suffi - refus de l'imprimatur gouvernemental sur les futurs livres scolaires d'histoire, condamnation de la répression antisyndicale - l'arrestation pour "sédition" du président de la Confédération coréenne des syndicats (acronyme anglais, KCTU) Han Sang-gyun aurait suffi à galvaniser les participants pour la troisième journée d'action depuis celle du 14 novembre 2015, qui avait réuni un nombre record de manifestants - ce qui avait entraîné un raid policier sans précédent dans les locaux de la KCTU. Visiblement, après le Parti progressiste unifié banni il y a un an, la très autoritaire Park Geun-hye semble décidée à interdire à présent la KCTU.

A l'annonce de l'arrestation de son principal dirigeant, la KCTU a d'ailleurs publié, le 18 décembre 2015, un communiqué où elle a dénoncé les manoeuvres en cours visant in fine à l'interdire :

 

La police essaie de présenter toute la KCTU comme une organisation violente et illégale, afin retirer comme des voleurs les fondements de notre existence légale.

Par dérision, les organisateurs ont appelé la manifestation du 19 décembre "fête de la sédition" - un délit passible de dix ans de prison. Ils ont également déclarer espérer le prompt rétablissement de Baek Nam-gi, leader paysan toujours entre la vie et la mort après les affrontements lors de la manifestation du 14 novembre : si des échauffourées ont bien eu lieu, le sort de Baek nam-gi suffit à rappeler qui disposait de la capacité de tuer, entre les forces de l'ordre et les manifestants.

Plus sensibles que leurs confrères européens à l'évolution de la situation politique en Corée du Sud, les journalistes américains s'alarment de la dérive autoritaire en cours au Sud de la Corée, en rappelant que Park Geun-hye est la fille du général Park Chung-hee dont le régime avait assassiné des milliers d'opposants.

Soulignant que les conservateurs au pouvoir à Séoul n'aiment pas les divergences d'opinion ("distate for dissent"), l'agence Associated Press souligne que la répression antisyndicale s'inscrit dans le cadre plus général d'un recul de la liberté d'opinion :

Des poursuites ont été engagées ces derniers mois, pour crime de diffamation, à l'encontre de journalistes et de militants qui ont publiquement critiqué Park [Geun-hye].

De fait, au milieu des tambours et des cornes de brume, les participants ont appelé une nouvelle fois, le 19 décembre, à la démission de la chef de l'Etat.

Alors que les élections législatives se tiendront en Corée du Sud au printemps prochain, la volonté de faire taire l'opposition la plus déterminée témoigne de la volonté des autorités sud-coréennes de tout faire pour conserver un pouvoir gagné, en 2012, sur fond de manipulation de l'opinion, sinon des votes.

Sources :

Lire également, sur le blog de l'AAFC :

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29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 00:15

Si la visite en France de la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye à l'occasion de la conférence de Paris sur le climat (COP21) ne peut soulever cette année aucune protestation dans la rue - toutes les manifestations étant interdites depuis les attentats terroristes du 13 novembre 2015 - sa répression féroce des opposants soulève des protestations de plus en plus visibles en Amérique du Nord - davantage en tout cas qu'en France, malgré l'influence croissante du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud, qui s'est constitué cette année à Paris. Cette vigilance outre-Atlantique sur les atteintes aux droits de l'homme dans le Sud de la Corée n'est pas nouvelle : si, à la fin des années 1970, le Président Jimmy Carter avait tenté - en vain - d'infléchir le soutien inconditionnel US à la junte militaire alors dirigée par le père de l'actuelle présidente, en déplorant son bilan déplorable dans le domaine des libertés publiques et de la démocratie, une réelle prise de conscience avait alors commencé à émerger dans la société américaine, où vit une communauté coréenne de 2 millions de membres. Aujourd'hui, alors que chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles quant au cours autoritaire qu'imprime Mme Park à la politique sud-coréenne, c'est à nouveau un des principaux quotidiens américains, le New York Times, qui s'est illustré en consacrant un éditorial, le 19 novembre dernier, à la dérive anti-démocratique de la Corée du Sud contemporaine, intitulé "La Corée du Sud prend pour cibles les opposants". Nous publions ci-après, traduits de l'anglais, de larges extraits de cet éditorial.

Les manifestations à Séoul du 14 novembre 2015, contre le révisionnisme historique des livres scolaires (visant à présenter sous un jour favorable le régime ultra-autoritaire du général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente), et les réformes visant à la déréglementation accrue du marché du travail, ont servi de prétexte au déclenchement d'une nouvelle vague de répression, à présent dirigée d'abord contre l'unique syndicat qui s'était opposé au corporatisme de feu le régime militaire, après l'interdiction du principal parti de gauche en décembre 2014.

Les manifestations à Séoul du 14 novembre 2015, contre le révisionnisme historique des livres scolaires (visant à présenter sous un jour favorable le régime ultra-autoritaire du général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente), et les réformes visant à la déréglementation accrue du marché du travail, ont servi de prétexte au déclenchement d'une nouvelle vague de répression, à présent dirigée d'abord contre l'unique syndicat qui s'était opposé au corporatisme de feu le régime militaire, après l'interdiction du principal parti de gauche en décembre 2014.

Les Sud-Coréens peuvent être fiers d'avoir transformé une dictature en une démocratie vivante (...) C'est pourquoi il faut s'alarmer des intentions manifestes de la Présidente Park Geun-hye de revenir en arrière s'agissant des libertés démocratiques (...).

Le week-end dernier, des dizaines de milliers de Sud-Coréens ont battu le pavé pour refuser deux initiatives répressives du Gouvernement. La première vise à remplacer les manuels scolaires d'histoire des écoles sud-coréennes, aujourd'hui choisis de manière indépendante, par des manuels diffusés par le Gouvernement. La seconde consiste à modifier la législation sur le travail pour faciliter les licenciements par les conglomérats financiers dont le capital est familial.

Mme Park tente également de contrôler les critiques et les oppositions sur les médias sociaux et Internet. Samedi, Lee Sir-goo, co-dirigeant de l'application de messagerie en ligne la plus populaire en Corée du Sud, a dû démissionner. Il est menacé de poursuites pénales pour n'avoir pas empêché des adolescents de publier des photos obscènes, mais des voix critiques affirment que le véritable objectif est de le punir pour avoir résisté aux efforts de surveillance [d'Internet] du Gouvernement et refusé de limiter l'expression des opinions critiques vis-à-vis du Gouvernement.

Mme Park est la fille du Général Park Chung-hee, un ancien officier de l'armée impériale japonaise pendant l'époque coloniale et le dictateur militaire de la Corée du Sud de 1961 à 1979. Réhabiliter son père apparaît comme son unique objectif pour que les élèves sud-coréens apprennent une version de leur histoire nationale étouffant la vérité - tout particulièrement pendant l'époque où les libertés démocratiques étaient vues comme un obstacle à l'industrialisation.

(...) Le plus grand risque pour la réputation internationale de la Corée du Sud n'est pas économique mais politique, à savoir la main lourde de Mme Park dans ses tentatives pour réécrire l'histoire et écraser les oppositions.

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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 23:04

Lee Yeda est le premier objecteur de conscience sud-coréen à avoir obtenu l'asile politique - en l'occurrence en France. Le 24 novembre 2015, il a animé une conférence, organisée par le collectif SOLIDA (Solidarité, Liberté, Démocratie en Asie) - Paris, sur l'objection de conscience en République de Corée (Corée du Sud) à Paris. Constitué notamment de Japonais et de Coréens, SOLIDA était invitée par l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), qui a participé aux rassemblements organisés par le collectif depuis août contre la révision de l'article 9 de la Constitution japonaise, qui autorisera pour la première fois depuis 1945 l'envoi de troupes japonaises à l'étranger pour intervenir sur des terrains de bataille, contre la volonté d'une majorité de Japonais pacifistes. L'AAFC soutient le combat pour l'introduction d'un service alternatif au service militaire.

Conférence de Lee Yeda sur l'objection de conscience en Corée du Sud

En ouverture de la conférence, Olivier Bouchard a rappelé que les événements tragiques survenus le 13 novembre 2015 à Paris avaient conduit à reporter la manifestation prévue le lendemain par le collectif SOLIDA contre la construction des bases navales militaires de Henoko, à Okinawa, et de Jeju, en Corée du Sud, et pour le maintien de l'article 9 de la Constitution japonaise. Il a réaffirmé l'engagement de SOLIDA pour la paix et la liberté en Asie de l'Est, dans un contexte où la lutte antiterroriste sert à justifier des restrictions des libertés fondamentales. Les participants ont observé une minute de silence en mémoire des victimes des attentats de Paris.

Conférence de Lee Yeda sur l'objection de conscience en Corée du Sud

Puis Lee Yeda a présenté la question de l'objection de conscience en Corée du Sud, en utilisant un Powerpoint en grande partie préparé par Yang Yeo-ok militante du collectif "World without war" ("Un monde sans guerre") qui lutte en Corée du Sud pour obtenir, notamment, la création d'un service civil alternatif au service militaire.

Lee Yeda a tout d'abord rappelé le contexte politique et historique de la Corée du Sud, pays de conscription où le service militaire s'inscrit dans une logique de militarisation de la société, dès l'école. Avec un montant de 34 milliards de dollars, le budget militaire national est le dixième plus élevé au monde. Les effectifs militaires sont de 640 000 soldats, soit le triple de la France, pourtant plus peuplée que la Corée du Sud.

Depuis 1945, 20 000 Sud-Coréens ont été emprisonnés comme objecteurs de conscience. Chaque année, 600 jeunes hommes purgent une peine moyenne de prison d'une durée moyenne de dix-huit mois parce qu'ils refusent d'effectuer leur service militaire, qui dure de 21 à 24 mois et est suivi de 8 années dans la réserve. 90 % d'entre eux sont des témoins de Jéhovah ; à côté d'eux, une proportion croissance de Sud-Coréens refusent également d'être incorporés comme pacifistes ou font ce choix pour des motifs politiques.

Conférence de Lee Yeda sur l'objection de conscience en Corée du Sud

Les objecteurs de conscience ont non seulement un casier criminel qui les prive de certains droits fondamentaux, mais ils sont également stigmatisés socialement et professionnellement : il est en effet d'usage que les employeurs demandent une attestation concernant le service militaire.

L'absence d'alternative au service militaire en Corée du Sud est contraire aux engagements internationaux du pays, et cette situation a été sanctionnée par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies. Le ministère de la Défense a cependant renoncé au projet, lancé par l'ancienne majorité démocrate en septembre 2007, d'introduire un système alternatif au service militaire, en pointant le "manque de consensus national". Les conservateurs au pouvoir à Séoul tirent également prétexte de la situation de confrontation avec la Corée du Nord.

Revenant sur son histoire personnelle, Lee Yeda a pris conscience de son refus d'effectuer le service militaire et de porter les armes pour tuer d'autres êtres vivants dès l'âge de 14 ans, à la lecture du manga Buddha d'Osamu Tezuka. Il reproche également l'engagement de l'armée sud-coréenne sur des théâtres d'opérations militaires extérieures, au Vietnam et en Afghanistan, bien loin du discours officiel selon lequel l'armée protège les populations. Ayant obtenu l'asile politique en France à l'été 2013 comme objecteur de conscience, il s'exprime dans les médias pour défendre l'objection de conscience et refuser la militarisation de la Corée du Sud. Avant lui, un objecteur de conscience, bouddhiste, Oh Tae-yang, avait tenu pour la première fois une conférence de presse en Corée du Sud, le 4 février 2002, pour défendre des objectifs similaires.

A l'issue de l'exposé de Lee Yeda, les questions ont porté notamment sur les sursis accordés aux étudiants, les interventions militaires sud-coréennes à l'étranger et les conséquences qu'encourent les familles des objecteurs de conscience.

Une déclaration des étudiants japonais de SEALDs a été lue, pour dénoncer l'implantation d'une base militaire à Henoko (à Okinawa), de même que le témoignage d'un soldat américain, en janvier 2015, recueilli par des Okinawaïens exprimant sa compréhension et sa solidarité avec les habitants de l'île refusant la destruction d'un environnement naturel exceptionnel pour construire une nouvelle base militaire. Ces prises de position ont déterminé la position du collectif SOLIDA, sollicité par le Mouvement de la Paix en France, dans son combat pour la paix.

Conférence de Lee Yeda sur l'objection de conscience en Corée du Sud
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24 novembre 2015 2 24 /11 /novembre /2015 13:20

Né le 20 décembre 1927 à Geoje dans le Gyeongsang du Sud, l'ancien Président de la République de Corée (Corée du Sud) Kim Young-sam (1993-1998) est décédé quelques jours avant son quatre-vingt-huitième anniversaire, le 22 novembre 2015 à l'hôpital de l'Université nationale de Séoul. L'Association d'amitié franco-coréenne salue la mémoire d'un homme d'Etat qui a marqué l'histoire de la Corée au vingtième siècle en conduisant à engager la Corée du Sud sur la voie de la démocratie, et dont les obsèques donneront lieu à des funérailles nationales.

Kim Young-sam (1927-2015), ancien Président de la République de Corée

Kim Young-sam (1927-2015), ancien Président de la République de Corée

Il y a plusieurs phases dans la vie politique de Kim Young-sam. Né dans une famille aisée de pêcheurs en 1927, diplômé de l'Université de Séoul en 1952, il devient en 1954 le plus jeune député de l'Assemblée nationale, élu sous les couleurs du parti majoritaire du très autoritaire Syngman Rhee. Puis il rejoint les rangs de l'opposition par refus des manoeuvres des autorités sud-coréennes pour réviser la Constitution.
 

Pendant le régime militaire du général Park Chung-hee, il devient, avec Kim Dae-jung, l'un des chefs de file de l'opposition libérale et se distingue par sa critique acerbe du pouvoir le plus autoritaire qu'ait jamais connu la Corée du Sud, et son refus de toute compromission avec la junte militaire. Cette dernière utilise le pouvoir judiciaire pour l'écarter politiquement : en septembre 1979, une décision de justice lui retire la présidence du Nouveau parti démocratique ; en octobre 1979, il est déchu de son mandat de député, ce qui conduit 66 députés d'opposition à remettre leur démission et les Etats-Unis à rappeler leur ambassadeur en République de Corée. Interdit de toute activité politique entre 1980 et 1985, placé en résidence surveillée, il conduit une grève de la faim pendant vingt-et-jours, en 1983, devant le siège de la présidence.

Après le rétablissement de l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel direct grâce au combat des militants pour la démocratie, il est candidat au scrutin présidentiel de 1987, remporté par le général Roh Tae-woo. La division de l'opposition entre ses deux figures de proue (Kim Dae-jung et Kim Young-sam, qui obtiennent respectivement 27 % et 28 % des voix), et le mode de scrutin uninominal à un seul tour assurent l'élection d'un répresentant de la junte militaire (36,6 % pour Roh Tae-woo).

Alors que le régime militaire est de plus en plus affaibli, ses partisans décident de s'allier avec Kim Young-sam contre Kim Dae-jung, le premier étant considéré comme un opposant moins dangereux pour leurs intérêts : en 1990, le Parti libéral-démocrate (PLD) naît de la fusion du Parti pour une réunification démocratique de Kim Young-sam et du Parti démocratique pour la justice (au pouvoir). Kim Young-sam prend la présidence du PLD. Avec 42 % des voix (contre 33,8 % pour Kim Dae-jung), Kim Young-sam remporte l'élection présidentielle de 1992. En fonctions de février 1993 à février 1998, il devient le premier président civil de la Corée du Sud depuis 1962.

Son mandat est marqué par une volonté de réforme politique et économique : dans le contexte d'une campagne anti-corruption, ses deux prédécesseurs (les généraux Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo) sont arrêtés. Des milliers de prisonniers politiques sont libérés, et la faction militaire Hanahoe, dont les hommes avaient animé la junte militaire au pouvoir, est dissoute. Kim Young-sam entend en outre adapter la Corée du Sud à l'ère de la mondialisation.

Il échoue cependant à réduire le pouvoir des conglomérats, les chaebols, alors que le pays reste marqué par des catastrophes témoignant de l'ampleur de la corruption : en 1995, l'effondrement du grand magasin Sampoong cause cinq cents morts. La crise financière asiatique de 1997-1998, qui conduit la République de Corée à bénéficier de la plus importante opération de soutien financier alors jamais conduite par le FMI (à hauteur de 58 milliards de dollars), ternit considérablement son image, de même que l'implication de son second fils dans un scandale de corruption et d'évasion fiscale, conduisant à la faillite du conglomérat Hanbo Steel. Il finit aussi par amnistier ses deux prédécesseurs à la tête de l'Etat, qui avaient été accusés de mutinerie et de trahison.

La démocratisation n'a pas été conduite à son terme, la loi de sécurité nationale restant en vigueur et les opposants étant sévèrement réprimés - notamment le mouvement étudiant, fer de lance de la démocratisation, à l'Université Yonsei en 1996, et le mouvement syndical, suite à l'adoption de la loi du 26 décembre 1996 restreignant les libertés syndicales. Néanmoins, les syndicats non liés aux intérêts patronaux peuvent pour la première fois s'organiser librement : la Confédération coréenne des syndicats (acronyme anglais, KCTU) est créée en 1995.

S'agissant des relations intercoréennes, le Président Kim Young-sam a joué un rôle utile de retenue pour empêcher les Etats-Unis de bombarder les installations nucléaires nord-coréennes lors de la crise de 1994, ce qui aurait pu entraîner une escalade des tensions menant jusqu'à la guerre. En juillet 1994, l'absence de condoléances de la République de Corée après la disparition du Président Kim Il-sung de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ajournera les projets de sommet intercoréen jusqu'à la fin du mandat de Kim Young-sam, grippant durablement les relations Nord-Sud.

Alors que les chefs de l'Etat sud-coréens n'ont plus le droit de se représenter immédiatement à l'issue de leur mandat, Kim Young-sam favorise implicitement l'élection de Kim Dae-jung en 1997, en se distanciant de son ancien Premier ministre (1993-1994), Lee Hoi-chang, candidat sur une ligne ultra-conservatrice.

Après son départ de la présidence de la République, Kim Young-sam a évité une trop grande implication dans la vie politique. Récemment, il avait critiqué l'actuelle chef de l'Etat Mme Park Geun-hye, fille du général Park Chung-hee qui avait réprimé sévèrement les activités de l'opposition alors conduite par Kim Young-sam.

Sources :

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22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 18:17

Une semaine après les manifestations d'envergure exceptionnelle du 14 novembre 2015, la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a décidé de frapper vite et fort, comme elle l'avait menacé avant même que ne commence la journée d'action : le siège de la Confédération coréenne des syndicats (Korean Confederation of Trade Unions, KCTU), principal organisateur des manifestations du 14 novembre, a été la cible d'un raid policier sans précédent depuis sa fondation en 1995, sous la présidence de Kim Young-sam - qui était devenu en 1993 le premier président civil de la République de Corée (Corée du Sud) depuis plus de trente ans, et vient par ailleurs de décéder. Le raid policier a duré six heures : 700 agents de police ont pénétré à l'intérieur du siège de la KCTU pour saisir documents et matériels informatiques, quand 1.840 de leurs collègues étaient positionnés autour du bâtiment. Leur but ? Trouver les preuves d'une implication de la KCTU dans les incidents violents qui ont émaillé - comme trop souvent, hélas, en Corée du Sud - les manifestations du 14 novembre. La répression policière a causé quelque 30 blessés dans les rangs des manifestants (dont l'un est toujours entre la vie et la mort) - sur le sort desquels les médias conservateurs et pro-gouvernementaux sud-coréens éviteront soigneusement de faire allusion dans leurs comptes rendus d'une des plus spectaculaires descentes de police contre une organisation forte de centaines de milliers de membres, et ayant toujours agi dans la légalité.

Raid policier sans précédent au siège du syndicat KCTU

La descente de police opérée ce week-end en Corée du Sud a un air de déjà vu : de même, le principal parti de gauche, le Parti progressiste unifié (PPU), avait fait l'objet d'un raid des forces de l'ordre avant d'être interdit et ses députés déchus de leur mandat, sur la base de preuves fabriquées et d'un amalgame effectué à dessein entre l'action d'une partie de ses membres et l'ensemble de l'organisation.

Car Mme Park Geun-hye a besoin de preuves si elle veut détruire la KCTU, comme elle a fait auparavant interdire le PPU par une décision de la Cour constitutionnelle qui a été une farce juridique : les forces de l'ordre n'ont trouvé qu'un talkie-walkie et un casque au siège de la KCTU ? C'est bien maigre pour prouver qu'il s'agit d'une organisation poursuivant des objectifs insurrectionnels... Qu'à cela ne tienne : il suffit de rajouter dans la liste des documents saisis des haches, des marteaux et des cordes. Les dirigeants de la KCTU auront beau affirmer que lorsqu'ils organisent des rassemblements à la campagne ils ont besoin de haches pour couper du bois, et que les marteaux servent à briser la glace, l'essentiel est ailleurs : en communiquant opportunément sur la liste des objets saisis (ce qui, par ailleurs, n'est absolument pas l'usage), le gouvernement sud-coréen cherche à distiller l'idée que la KCTU, fondée il y a 20 ans, serait subitement devenue une organisation violente, dont la répression s'impose.

Car s'il est exact que des échauffourées ont eu lieu avec les forces de l'ordre sud-coréennes, ces dernières ne sont pas spécialement réputées pour leur faiblesse - le syndicaliste paysan toujours dans le coma suffirait à nous le rappeler... Voix fidèles du gouvernement conservateur, les médias de droite ou à capitaux publics ne manquent pas de souligner à satiété que certains manifestants avaient, le 14 novembre, des barres de fer et que des véhicules de police ont été détruits. Des véhicles de police dont ils se gardent de rappeler qu'ils étaient utilisés, au nombre de 700, comme éléments de barrage, dans une stratégie d'aiguisement des tensions savamment organisée par le pouvoir sud-coréen... Et que les barres de fer deviennent des haches dans l'imaginaire répressif de la droite sud-coréenne est une incohérence qui n'effleure pas davantage les partisans de Mme Park.

Dans leur offensive policière et juridique contre la KCTU, les autorités sud-coréennes cherchent aussi toujours à faire arrêter le leader de la centrale syndicale, Han Sang-gyun, qu'elles avaient déjà tenté de faire enlever à l'occasion des manifestations du 14 novembre lors d'une piteuse opération menée par des policiers en civil. Son crime ? Avoir activement permis l'organisation, ce 1er mai, des plus importantes manifestations jamais vues en Corée du Sud pour une fête du travail - lors desquelles des affrontements ont eu lieu entre la police et les manifestants. Au nom du principe de culpabilité par association (si un membre de la KCTU a agi en dehors du cadre légal pacifique, toute la KCTU est responsable), déjà utilisé pour interdire un syndicat enseignant trop critique vis-à-vis du pouvoir (le syndicat a été dissous car certains de ses membres n'étaient plus enseignants), Han Sang-gyun a écopé d'un mandat d'arrêt. Depuis, il se cacherait dans un temple bouddhiste de l'ordre Jogye.

Et si les disques durs saisis au siège de la KCTU ne disent rien ? C'est qu'ils auront été purgés, forcément, ont déjà prévenu par avance les autorités sud-coréennes : le même artifice avait déjà été utilisé en juillet pour emprisonner le militant des droits de l'homme Park Rae-gun ("si nous n'avons trouvé aucunes preuves à son domicile, c'est qu'il les a détruites"), placé depuis en liberté conditionnelle après le versement d'une caution. Des preuves ? Vous êtes coupable. Pas de preuves ? Vous êtes aussi coupable. L'argument est imparable.

A l'approche des élections législatives du printemps 2016 le pouvoir sud-coréen a besoin de criminaliser ses opposants, hier le PPU, aujourd'hui la KCTU - avant de chercher à impliquer les démocrates dans les combats du PPU et de la KCTU, en pratiquant l'amalgame. Avant, demain, de frapper cette même opposition libérale ? Si un tel scénario se produisait, il serait la réplique de ce qu'a ourdi le père de l'actuelle chef de l'Etat, le général Park Chung-hee, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat militaire, en 1961, avec le soutien au moins tacite des Etats-Unis. Son régime était devenu de plus en plus autoritaire jusqu'à ce qu'il soit assassiné en 1979 par son chef des services de renseignement, dans des conditions qui n'ont jamais été élucidées. 

Face aux menaces grandissantes qui pèsent sur les libertés politiques et syndicales en Corée du Sud, la vigilance et la solidarité avec les démocrates s'imposent : demain comme hier, l'AAFC répondra toujours présente dans le combat pour la démocratie en Corée du Sud.

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14 novembre 2015 6 14 /11 /novembre /2015 22:03

Malgré les intimidations et les menaces des autorités sud-coréennes, 68 000 personnes (selon la police) à 130 000 personnes (selon les organisateurs) ont participé le 14 novembre 2015 à l'un des plus vastes rassemblements organisé à Séoul au cours de ces dix dernières années, à l'appel de 53 organisations (dont la centrale syndicale Korean Confederation of Trade Unions, Confédération coréenne des syndicats - acronyme anglais KCTU - et l'Union des enseignants et travailleurs de l’éducation coréens, KTU). Plusieurs mots d'ordre ont fédéré les participants : tout particulièrement, le refus des projets de libéralisation du marché du travail et des manuels scolaires d'Etat - que les autorités sud-coréennes entendent mettre en place pour inculquer la "bonne pensée" aux écoliers. Un même slogan "A bas Park Geun-hye !" a traduit l'aspiration commune des participants, fermement opposés à la dérive libérale-autoritaire de la Corée du Sud. Refusant la criminalisation de l'opposition sud-coréenne, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) est pleinement solidaire du combat des militants sud-coréens pour la démocratie, les libertés et la justice sociale, en saluant leur courage face à la répression.

"A bas Park Geun-hye !"

Parmi les motifs du rassemblement figuraient le refus des manuels scolaires d'histoire estampillés par les pouvoirs publics qui doivent entrer en vigueur en 2017 (et permettre une appréciation positive de la présidence Park Chung-hee, initiateur d'un régime militaire ayant entraîné des milliers de morts, et père de l'actuelle chef de l'Etat Park Geun-hye), la déréglementation de marchés de produits agricoles, la facilitation du licenciement des "travailleurs inadaptés" (sic) - que les syndicats dénoncent comme une mesure qui accroîtrerait la pression à la baisse des salaires et accentuerait encore le dualisme du marché du travail au détriment des travailleurs ayant un statut précaire.

 

Les autorités sud-coréennes avaient mis en place le dispositif nécessaire pour assurer la criminalisation des manifestations de ce samedi 14 novembre et en retirer les bénéfices politiques attendus en limitant encore un peu plus la liberté d'expression de l'opposition politique et syndicale :

- d'abord, les menaces pour décourager les participants éventuels ; outre les déclarations martiales du ministère de l'Intérieur (cf. infra), les fonctionnaires et enseignants qui participeront au mouvement encourront toute la sévérité de la loi en cas de débordements, avait prévenu préalablement le gouvernement, la veille, dans un communiqué conjoint du ministère de l'Education, du ministère de la Justice, du ministère de l'Intérieur, du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales et du ministère de l'Emploi et du Travail ;

- ensuite, un déploiement policier surdimensionné (20 000 policiers anti-émeutes) pour favoriser les affrontements ;

- enfin, des pièges tendus aux dirigeants du mouvement identifiés comme devant être arrêtés dans le cadre de la journée d'action.

Je veux dire clairement que nous tiendrons les fonctionnaires personnellement responsables pour avoir participé à ou conduit toute activité illégale faisant l'objet de poursuites légales, et que nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour poursuivre de tels individus (Chung Chae-gun, ministre de l'Intérieur).

Hankyoreh

Quand les manifestants ont approché de la Maison Bleue, siège de la présidence, les forces de l'ordre ont déployé un cordon de 700 bus pour bloquer leur avancée, puis ont utilisé des canons à eau et du gaz lacrymogène. Et ce qui devait se passer est arrivé : certaines personnes ont tenté de forcer les barrages de police, entraînant des affrontements et causant des dizaines de blessés (30, selon un bilan provisoire du quotidien progressiste Hankyoreh).

Cible de choix, le dirigeant de la centrale syndicale KCTU Han Sang-gyun a fait l'objet d'une tentative d'arrestation par des policiers en civil munis d'un mandat d'arrêt judiciaire pour avoir prétendument organisé, par le passé, des rassemblements illégaux - entre autres, le rassemblement ayant mobilisé un nombre exceptionnel de travailleurs à l'occasion de la fête du travail cette année. Mais Han Sang-gyun est parvenu à s'échapper lors de sa tentative d'arrestation après des échaffourées entre des syndicalistes de la KCTU et les policiers en civil, étant exfiltré par un bâtiment adjacent, avant de réapparaître au coeur du principal rassemblement devant l'hôtel de ville de Séoul en appelant à se diriger vers la Maison Bleue, qu'il a dénoncée comme "le coeur d'un gouvernement injuste".

Solidaire des militants pour les libertés politiques et syndicales, l'AAFC n'aura qu'un mot : ce n'est qu'un début, continuons le combat !

"A bas Park Geun-hye !"

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21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 21:39

Depuis l'interdiction du Parti progressiste unifié (PPU) en République de Corée (Corée du Sud), il y a un an, en décembre 2014, le Comité international pour les libertés démocratiques, en Corée du Sud (CILD) alarme l'opinion publique internationale et organise la solidarité avec les militants sud-coréens pour les droits de l'homme et la démocratie. Parmi les militants de l'ex-PPU, un groupe est particulièrement dans le viseur des autorités sud-coréennes : les membres de la tendance Corea21 du PPU, qui animent l'Alliance coréenne. Nous reproduisons ci-après un témoignage des militants de l'Alliance coréenne à Séoul. Le CILD appelle à leur libération immédiate, ainsi qu'à l'abrogation de la loi de sécurité nationale, instrument des régimes autoritaires au Sud de la péninsule !

PS : article reproduit du blog du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD). Le 14 mars 2015, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) avait co-organisé un colloque à Paris avec l'Alliance coréenne pour défendre les droits de l'homme et les libertés en Corée du Sud : l'AAFC est donc plus que jamais solidaire du combat pour la libération des militants progressistes emprsonnés en Corée du Sud et la fin de la répression politique. Les photos illustrant l'article nous ont été communiquées par l'Alliance coréenne.

Notre camarade Ji Young-chul (ancien co-président de l'Alliance coréenne pour la démocratie et la réunification indépendante) a été arrêté hier, mardi 20 octobre [2015], après trois mois de recherches. La police a pisté les camarades et sa famille, y compris ses deux enfants, pour trouver Ji Young-chul. Il se trouve en ce moment au commissariat de Jongro-gu, à Séoul. Il est actuellement en grève de la faim, exigeant l'abolition de la loi de sécurité nationale, la démission de la Présidente Park Geun-hye et refusant les persécutions judiciaires. Les camarades de l'Alliance coréenne ont commencé une manifestation illimitée à une personne devant le commissariat depuis hier soir.

Le lundi 19 octobre marquait le 71e jour de l'action illimitée de nos militants dormant à la belle étoile devant la maison de détention de Séoul et le dixième jour de la grève de la faim de Sang Hoon. En effet, Sang Hoon a commencé une grève de la faim en prison le samedi 10 octobre pour demander l'amélioration des conditions de vie des prisonniers et le respect des droits de l'homme, la libération de tous les prisonniers politiques et la fin de la répression politique contre les forces progressistes. Nos camarades de l'Alliance coréenne organisent des manifestations avec distribution de tracts tous les jours, matin et soir, depuis dix jours. Mme Lee Mi-sook, ancienne secrétaire générale du Forum coréen international, commencera aussi bientôt une grève de la faim en prison. Pour sa part, Mme Kim Hye-young ne peut pas mener une grève de faim à cause de sa maladie, souffrant d'un cancer de la thyroïde... Pourtant, la maison de détention ne lui permet toujours pas de suivre un traitement approprié à l'hôpital.

Hier [20 octobre 2015], a eu lieu l'audience publique de trois de nos camarades, sans résultat par rapport au précédent jugement début septembre. Le rapport d'accusation est long de 40 000 pages. Le combat sera difficile, mais nous ne lâcherons rien !



Ji Young-chul et, en bas, ses enfants
Ji Young-chul et, en bas, ses enfants

Ji Young-chul et, en bas, ses enfants

Manifestation le 20 octobre devant le commissariat de Jongro, à Séoul

Manifestation le 20 octobre devant le commissariat de Jongro, à Séoul

Kim Joong-hee, l'épouse de Ji Young-chul

Kim Joong-hee, l'épouse de Ji Young-chul

Non à la chasse à l'homme en Corée du Sud ! Libération des militants de l'Alliance coréenne emprisonnés !
Non à la chasse à l'homme en Corée du Sud ! Libération des militants de l'Alliance coréenne emprisonnés !
Non à la chasse à l'homme en Corée du Sud ! Libération des militants de l'Alliance coréenne emprisonnés !

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19 octobre 2015 1 19 /10 /octobre /2015 23:20

Le 7 octobre 2015, le gouvernement conservateur sud-coréen a annoncé son intention de revenir à des manuels d'histoire d'Etat dans les établissements secondaires, suivant la pratique en vigueur entre 1973 et 2009 - et non plus à un choix entre des manuels édités par huit maisons d'édition habilitées par un comité d'experts. L'opposition démocrate est vent debout contre cette tentative de la droite sud-coréenne d'imposer sa vision de l'histoire - de fait, les conservateurs ont clairement annoncé la couleur : mettre fin à la conception selon eux "gauchiste", trop favorable à la Corée du Nord, enseignée dans les actuels manuels scolaires, et réhabiliter le régime militaire, et tout particulièrement celui très autoritaire établi par le général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente Park Geun-hye, en mettant notamment l'accent sur ses réalisations économiques.

Manuels scolaires : les conservateurs sud-coréens veulent imposer leur vision de l'histoire

Imposer une vision unique de l'histoire, notamment dans l'enseignement, a toujours été une préoccupation des régimes autoritaires dans leur volonté de révisionnisme historique : en voie de fascisation, la Corée du Sud de Mme Park Geun-hye a donc franchi allègrement ce pas en annonçant que, à compter de 2017, une conception selon elle "correcte" et "équilibrée" de l'histoire serait enseignée dans le secondaire à travers des manuels d'Etat dûment estampillés par les autorités gouvernementales.

Experts dans l'art de faire passer des réformes antidémocratiques pour une défense des libertés, ayant déjà interdit le principal parti de gauche au nom d'une soi-disant défense de la démocratie mais en forgeant un procès de toutes pièces, les conservateurs sud-coréens, héritiers du régime militaire à l'origine de milliers d'assassinats politiques en Corée du Sud pendant trente ans, osent prétendre que la vérité naîtra de la fin du débat contradictoire et de l'étouffement des voix discordantes.

Pour justifier sa contre-réforme, la droite conservatrice invoque une demande de l'opinion publique ; en fait, le parti Saenuri au pouvoir a lui-même créé de toutes pièces un mouvement d'opinion réactionnaire pour le révisionnisme historique dans les manuels scolaires.

L'opposition démocrate sud-coréenne réunie au sein de l'Alliance de la nouvelle politique pour la démocratie a exigé l'établissement d'un vrai consensus sur cette question, et demandé la constitution d'une commission d'enquête parlementaire.

Des inquiétudes se sont exprimées non seulement en Corée du Sud, mais aussi à l'étranger, notamment au Japon où les opposants au révisionnisme historique du gouvernement Shinzo Abe craignent non seulement une exacerbation des tensions Corée-Japon, mais aussi que les autorités de droite japonaises prennent prétexte du précédent sud-coréen pour aller plus loin encore dans leur dérive autoritaire. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) soutient les démocrates opposés à la réforme des manuels scolaires, que veut une nouvelle fois imposer au forceps une administration conservatrice aux abois, affolée par la perspective de pouvoir être désavouée aux législatives du printemps 2016 et à l'élection présidentielle de décembre 2017.

Principales sources :

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