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19 avril 2016 2 19 /04 /avril /2016 13:24

Après la nette défaite de son parti aux élections législatives, la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye s'est d'abord murée dans le silence. Il a fallu attendre cinq jours pour qu'elle daigne reconnaître, le 18 avril, le changement de majorité parlementaire, en déclarant qu'elle "coopèrerait étroitement" avec la nouvelle majorité démocrate. Mais les termes choisis sont étranges : non seulement elle n'a exprimé aucune responsabilité personnelle dans la défaite du parti qui la soutenait, mais elle continue à plaider pour une réforme du marché du travail lourdement impopulaire, à l'origine de l'échec du Parti Saenuri (conservateur) aux législatives : ce déni de réalité est caractéristique d'un régime autoritaire dont la Corée du Sud présente de plus en plus de signes caractéristiques.

Défaite aux législatives, Park Geun-hye s'enferme dans un déni de réalité

Le 19 avril, lors d'une rencontre avec les participants sud-coréens aux 9e Abilympics (olympiades des métiers des personnes handicapées) qui ont eu lieu fin mars 2016 à Bordeaux, la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye a réaffirmé sa volonté de mener à bien son projet de réforme du code du travail, en déclarant : 

Si le gouvernement s’efforce à mener la réforme du travail, c’est parce qu’on pense que le changement du marché du travail contribuera grandement non seulement aux personnes handicapées mais aussi à l’économie.

http://french.yonhapnews.co.kr/national/2016/04/19/0300000000AFR20160419002200884.HTML

La référence aux personnes handicapées étant manifestement de pur opportunisme (pour mémoire, Mme Park s'est faite élire sur un programme - notamment - de défense des droits des femmes qu'elle s'est empressée d'enterrer une fois élue à la Maison Bleue), il reste l'essentiel : à savoir qu'elle n'envisage apparemment pas ni de changer de gouvernement, ni de ligne politique. Dès lors, que valent ses déclarations - tardives - selon lesquelles elle accepte le verdict des urnes et coopèrera avec la nouvelle majorité parlementaire ?

La démocratie consiste à accepter sa défaite électorale, pas à forcer une majorité qui vous est hostile à appliquer votre programme : Mme Park Geun-hye révèle une nouvelle fois son absence de respect des valeurs démocratiques.

Peut-être la Présidente pense-t-elle retourner un à un les députés d'opposition, en multipliant les pressions comme elle a su le faire, depuis plus de deux ans, vis-à-vis de ses opposants : interdiction d'un parti politique (le Parti progressiste unifié), censure des journalistes et des artistes, mensonges et manipulations des services de renseignement... Si telle est son intention, le conflit avec les démocrates apparaît inévitable, et la vigilance s'impose plus que jamais pour défendre les libertés démocratiques et la paix - car la guerre est l'exutoire classique des régimes autoritaires qui sombrent, Mme Park Geun-hye ayant multiplié les propos guerriers vis-à-vis de la Corée du Nord, les autorités sud-coréennes appelant ainsi à "décapiter" le régime du Nord. Pour sa part, comme elle le faisait dès les années 1970 en s'opposant à la Corée du Sud du général Park Chung-hee (père de Mme Park Geun-hye) et en défendant les défenseurs sud-coréens de la démocratie et des libertés, l'Association d'amitié franco-coréenne répondra présente dans le combat antifasciste.

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16 avril 2016 6 16 /04 /avril /2016 16:09

Le 16 avril 2014, le naufrage du ferry Sewol au large des côtes sud-coréennes entraînait la mort de 304 passagers, majoritairement des lycéens en voyage scolaire originaires du lycée Danwon à Ansan. Deux ans après cette tragédie, le collectif Sewol Paris organise deux projections-débats autour du film Diving Bell, the Truth Shall Not Sink with Sewol (La cloche de plongée, La vérité ne doit pas couler avec le Sewol) co-réalisé par le journaliste Lee Sang-ho et le documentariste Ahn Hae-ryong, le 15 avril à l'EHESS et le 16 avril à l'INALCO. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) avait alerté l'opinion publique française sur les zones d'ombre autour de cette catastrophe et le propriétaire du Sewol, présenté ses condoléances aux familles des victimes et s'était mobilisée aux côtés des Coréens en France pour que toute la lumière soit faite sur les causes, les circonstances et les conséquences de cette tragédie. Nous rendons compte, ci-après, de la projection-débat du 15 avril 2016 à l'EHESS, animée par le réalisateur Bastian Meiresonne, qui participe à l'organisation de plusieurs festivals du cinéma asiatique, dont le Festival international des cinémas d'Asie à Vesoul - tout en saluant le tour de force réalisé par les membres du collectif Sewol Paris qui ont organisé avec succès cette projection-débat suivie par plus de 100 personnes, dont de nombreux Français, en effectuant la traduction et le sous-titrage en français du film en un temps record.

 
Bastian Meiresonne

Bastian Meiresonne

Projections à Paris du film "The Truth Shall Not Sink with Sewol" : l'exigence de vérité

Comme l'a expliqué Bastian Meiresonne en ouverture de la soirée, le film Diving Bell est un documentaire qui n'avait pas vocation à connaître une diffusion internationale. Réalisé en seulement six mois avec un budget limité, le film a été tourné à l'arraché, alors que le ferry était toujours en train de couler. Le journaliste Lee Sang-ho, co-réalisateur - dont on découvre dans le film qu'il a été licencié par Global News pour son implication aux côtés des familles des victimes - se met en scène, à la manière d'un Michael Moore, dans ce documentaire coup de poing qui révèle les circonstances de la tragédie, notamment les erreurs dans la gestion de la catastrophe par les autorités publiques et la manipulation opérée par les médias avec la complicité du Parti Saenuri au pouvoir - depuis la fausse information initiale selon laquelle tous les naufragés auraient été sauvés, jusqu'au sabotage d'une alternative organisée, sans succès, par des professionnels (avec le soutien des familles des victimes et de Lee Sang-ho) d'opérer le sauvetage de victimes en utilisant une cloche de plongée (diving bell) - laquelle a donné son nom au film.

Le simple exposé des faits, brutal, laisse sans voix : après avoir refusé l'utilisation de cette cloche de plongée, les autorités publiques (en première ligne, les garde-côtes et la marine nationale) et privées (la société Ondine à laquelle a été confiée l'organisation des secours, privatisation oblige) doivent s'y résigner face à la colère des familles des victimes. Les scènes de confrontation entre les familles, surveillées par des bataillons de policiers en civil, et le ministre chargé de la mer et le responsable des gardes-côtes font apparaître des responsables publics désemparés, apeurés, et qui ne tiennent pas parole. Après des manoeuvres dilatoires des autorités et plusieurs tentatives infructueuses, le procédé de cloche réussit techniquement mais les autorités publiques s'opposent à son déploiement... tout en menaçant de procès, par la voix de députés du Parti Saenuri, ceux qui ont eu le tort, d'après eux, d'avoir retardé les opérations de sauvetage. Un sauvetage qui a pourtant été catastrophique dès la survenue de l'accident, et ne permettra pas de sauver la moindre vie passé les premières heures, sur fond de désinformation massive quant à la réalité des moyens engagés.

Ce que montre aussi le film c'est la façon dont un des tuyaux alimentant la cloche a été coupé, de toute évidence par une intervention humaine, sabotant l'une des premières tentatives, puis la manoeuvre brutale du bateau des garde-côtes qui a failli provoqué une collision dont les conséquences auraient pu être dramatiques... pour les plongeurs privés et leur équipe utilisant la cloche. Passé cet incident interprété comme volontaire par des plongeurs américains présents sur les lieux, les professionnels privés utilisant la cloche de plongée se sont vus intimer l'ordre de partir, tandis que les médiax aux ordres les accablaient de critiques et qu'une campagne était organisée par les conservateurs au pouvoir pour exiger qu'ils soient traduits en justice au même titre que l'équipage du ferry.

S'adressant à un public averti, le documentaire ne revient pas sur les causes de la tragédie : le danger que présentait le lieu du naufrage (où 28 accidents ont eu lieu en 8 ans), la surcharge du bateau et son déséquilibre (il aurait dû être rééquilibré par 2 000 tonnes d'eau mais ne l'était que par 500 tonnes), la sous-formation de l'équipage qui a été le premier à fuir, les conséquences de la déréglementation libérale qui ont permis de prolonger la durée d'utilisation d'un ferry qui n'était plus aux normes - occidentales s'entend. 

En mettant en lumière les dysfonctionnements de la chaîne de décision publique, ainsi que les intimidations et les sabotages à l'encontre de l'équipe de sauveteurs ayant utilisé la cloche privée, le documentaire a souverainement déplu à la très autoritaire Président sud-coréenne Mme Park Geun-hye. Par conséquent, les conservateurs du Parti Saenuri alors au pouvoir (défait lors des législatives du 13 avril 2016) ont tout fait pour empêcher la projection du film, jusqu'à menacer l'existence du Festival International du Film de Busan (acronyme anglais BIFF), l'un des principaux festivals de cinéma d'Asie, où il a néanmoins été diffusé dans une version écourtée (de dix minutes) malgré les menaces et les pressions.  Alors que le débat après la projection du film s'est concentré sur les actions à conduire, le collectif des organisateurs Sewol Paris a rappelé l'initiative internationale conduite "I support BIFF".

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 12:07

Si la défaite du Parti Saenuri (conservateur, au pouvoir) lors des législatives du 13 avril 2016 s'est peu à peu confirmée au fur et à mesure du dépouillement, le Saenuri pouvait se consoler en se disant qu'il resterait la formation politique la plus importante du nouveau Parlement au regard des résultats provisoires. Las, les résultats définitifs font apparaître que le Parti Minjoo (démocrate, opposition) lui a finalement ravi cette place. Alors que la Présidente Park Geun-hye, directement mise en cause, tarde à réagir, que la plus grande incertitude règne sur la formation (ou non) du futur Gouvernement, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) donne les résultats définitifs en sièges.

Kim Chong-in, qui dirige par intérim le Parti Minjoo (au centre), et Lee Jong-kul, qui dirige le groupe parlementaire (à droite).

Kim Chong-in, qui dirige par intérim le Parti Minjoo (au centre), et Lee Jong-kul, qui dirige le groupe parlementaire (à droite).

Le Parti Minjoo obtient au total 123 sièges sur les 300 que compte le Parlement : il a remporté 110 des 253 circonscriptions pourvues au scrutin majoritaire et 13 sièges au scrutin de liste (25,5 % des suffrages exprimés au scrutin national de liste).

Le Parti Saenuri a remporté 122 sièges, dont 105 au scrutin majoritaire et 17 au scrutin de liste (33,5 %).

Le Parti du Peuple comptera 38 députés dans le nouveau Parlement, dont 25 élus dans les circonscriptions et 13 à la proportionnelle (26,7 %).

Le Parti de la Justice remporte 6 sièges : 2 au scrutin majoritaire et 4 dans les circonscriptions (7,2 %).

Autre aucune formation politique ne franchit le seuil des 3 % pour obtenir des sièges au scrutin national de liste, ni ne remporte de circonscription. Le Parti chrétien-libéral (extrême-droite) réunit 2,6 % des voix à la proportionnelle.

Enfin, 11 députés ont été élus comme indépendants dans les circonscriptions : il s'agit pour la plupart de députés sortants du Parti Saenuri qui n'avaient pas été réinvestis, le plus souvent en raison de leur opposition à la ligne et à la pratique politiques de la Présidente Mme Park Geun-hye et du Parti Saenuri : leur succès est un signe supplémentaire de la forte impopularité de l'exécutif sud-coréen.

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13 avril 2016 3 13 /04 /avril /2016 19:52

Les élections législatives sud-coréennes du 13 avril 2016 ont signé, contre toute attente, une défaite du Parti Saenuri (conservateur, au pouvoir) au profit de l'opposition démocrate. Ce résultat traduit un refus de l'opinion publique de suivre les autorités sud-coréennes dans leur agenda de réformes néolibérales et autoritaires.

De gauche à droite, Choi Kyung-hwan (Parti Saenuri), Kim Chong-in (Parti Minjoo) et Ahn Cheol-soo (Parti du Peuple).

De gauche à droite, Choi Kyung-hwan (Parti Saenuri), Kim Chong-in (Parti Minjoo) et Ahn Cheol-soo (Parti du Peuple).

La défaite est sans appel : dans l'attente des résultats définitifs, le Parti Saenuri n'obtient que 128 sièges sur 300 selon les projections nationales de la chaîne de radio-télévision publique KBS, ne recueillant qu'un peu plus de 36 % des suffrages au scrutin de liste pour les sièges pourvus à la proportionnelle (soit 19 sièges sur 47) et 109 sièges (sur 253) dans les circonscriptions. Si le Parti Saenuri devrait néanmoins rester le premier parti de l'Assemblée nationale, il aura pâti d'une participation (58 %) plus élevée qu'en 2012 et surtout du rejet de sa politique, ses résultats étant au final très proches du taux de popularité de la Présidente Mme Park Geun-hye : l'opposition - toutes tendances confondues - a fait campagne contre ses projets de révision néolibérale du droit du travail, ainsi que contre une politique de plus en plus autoritaire réduisant au silence ses opposants. A l'exception de ses bastions de l'Est du pays, les conservateurs sont minoritaires presque partout ailleurs. Ils pensaient bénéficier de la division de l'opposition entre plusieurs candidats dans les circonscriptions dont les députés sont désignés au scrutin uninominal majoritaire à un tour, mais un réflexe de vote utile a entraîné leur défaite dans une majorité de circonscriptions. Des bastions historiques sont tombés, comme dans le très chic quartier des affaires de Gangnam.

L'opposition démocrate du Parti Minjoo est le principal vainqueur du scrutin, avec 117 sièges selon KBS : au scrutin de liste, le Minjoo a recueilli plus de 24 % des voix (12 sièges sur 47) et a remporté 105 sièges dans les circonscriptions.

La nouveauté du scrutin est la réémergence du tripartisme en Corée du Sud, avec un succès supérieur aux prévisions des sondages pour le Parti du Peuple d'Ahn Cheol-soo, qui decroche 39 sièges selon KBS (contre 20 dans le Parlement sortant). Au scrutin de liste, le Parti du Peuple réussit l'exploit de devancer le Parti Minjoo, avec un peu plus de 25 % des voix (et 13 sièges). Dans les circonscriptions, il décroche 26 sièges, devenant la première force politique dans le Jeolla, bastion traditionnel de l'opposition dans le Sud-Ouest. Alors que le leader du Parti du Peuple Ahn Cheol-soo se rêve un destin présidentiel, la recomposition politique à l'approche du scrutin présidentiel de décembre 2017 ne pourra pas se faire sans lui.

Ce tripartisme a laissé peu d'espace aux autres formations politiques. Le Parti de la Justice, seule formation de gauche dans le Parlement sortant, devrait conserver ses 5 sièges - avec 6,5 % (et 3 sièges) au scrutin de liste et 2 sièges dans les circonscriptions. Les autres formations de gauche n'obtiennent que des résultats très faibles, et aucun député : au scrutin de liste, 0,7 % pour les écologistes, 0,7 % pour l'Union Populaire (constituée notamment à l'initiative d'anciens militants du Parti progressiste unifié, interdit dans des conditions non conformes aux principes démocratiques) et 0,4 % pour le Parti travailliste, issu principalement du Nouveau parti progressiste. A l'autre bord de l'échiquier politique, un ancien député démocrate avait constitué le Parti chrétien-libéral, violemment islamophobe et homophobe, qui échoue de peu à franchir la barre des 3 % pour obtenir des sièges au scrutin proportionnel : comme aux Pays-Bas, la Corée du Sud voit ainsi apparaître des partis à composante religieuse, ultra-conservateurs, proches de certaines des puissantes églises protestantes. 

Sonnés par leur défaite, qui n'apparaissait pas encore acquise lors des premiers résultats sortis des urnes, les conservateurs ont tardé à réagir. Il est attendu que Kim Moo-sung, l'ultraconservateur dirigeant du Parti Saenuri à la manoeuvre dans le révisionnisme historique des manuels scolaires, quitte ses fonctions de direction au sein du Saenuri. Le système politique sud-coréen ne tend pas à des cohabitations à la française (en 2000, le Président Kim Dae-jung, défait lors des législatives, n'avait pas nommé de Premier ministre issu de l'opposition), mais la Présidente Mme Park Geun-hye n'aura plus de majorité à sa disposition pour libéraliser le marché du travail, renforcer encore les pouvoirs de l'Agence nationale de renseignement (NIS) qui est le bras armé des atteintes aux libertés publiques en Corée du Sud ou encore interdire les oppositions politiques et syndicales en emprisonnant les opposants. Quant à l'opposition majoritaire au Parlement, elle pourra être un contre-pouvoir efficace en faisant cesser les poursuites contre les opposants et en levant les entraves à la manifestation de la vérité dans les dramatiques naufrages du Cheonan et du Sewol, y compris par la conduite de commissions d'enquêtes parlementaires indépendantes et dotées de réels pouvoirs. Enfin, elle pourra s'employer à mettre fin aux ingérences des services de renseignement dans la vie politique sud-coréenne, afin que ceux-ci ne manipulent pas une nouvelle fois les résultats des élections, à un an et demi du scrutin majeur que sera l'élection présidentielle de décembre 2017 pour laquelle le chef de l'Etat sortant ne peut pas être immédiatement candidat à sa réélection.

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11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 19:40

Le 13 avril 2016, les électeurs sud-coréens sont appelés aux urnes pour renouveler leur Parlement. Et, comme à l'accoutumée à la veille d'élections, les autorités conservatrices au pouvoir à Séoul tentent de faire souffler le vent du Nord, c'est-à-dire de manipuler l'actualité intercoréenne pour garder le pouvoir. Mais en exploitant la défection de 13 employés d'un restaurant nord-coréen à l'étranger au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité pour ces derniers, la manoeuvre est particulièrement nauséabonde et enfreint les règles les plus élémentaires du droit d'asile, qui a pour principe de ne pas mettre en danger la personne qui a cherché refuge dans un pays étranger.

Une conférence de presse a été convoquée d'urgence pour annoncer la "bonne nouvelle" de la défection de 13 Nord-Coréens.

Une conférence de presse a été convoquée d'urgence pour annoncer la "bonne nouvelle" de la défection de 13 Nord-Coréens.

La politique nord-coréenne de la droite au pouvoir à Séoul n'est pas populaire dans l'opinion publique, et elle le sait : malgré le matraquage de médias largement acquis aux conservateurs, les Sud-Coréens se rendent parfaitement compte que les sanctions et la politique de tensions avec Pyongyang qu'a attisée Séoul, depuis que la droite est revenue à la Maison Bleue en 2008, n'ont fait que rendre la péninsule coréenne encore plus dangereuse, tout en accroissant le fardeau des dépenses militaires dans des proportions qui mettent en péril toute velléité de relance économique ou de redistribution sociale - l'argent public doit être orienté vers la préparation de la guerre, pas vers la réduction du chômage ou la satisfaction des besoins sociaux les plus élémentaires.

Dans ce contexte, la manoeuvre autour des défecteurs nord-coréens engagée à la veille des élections législatives du 13 avril consiste à démontrer que la politique de sanctions serait efficace - mieux, qu'elle entraînerait des défections de plus en plus nombreuses de Nord-Coréens et précipiterait donc l'effondrement de la République populaire démocratique de Corée dont rêvent la Présidente Mme Park Geun-hye et ses conseillers.

C'est dans ce contexte que, le 8 avril, la Présidence sud-coréenne s'est directement impliquée dans l'organisation d'une conférence de presse consacrée à la défection collective de 13 employés d'un même restaurant nord-coréen à l'étranger. Cette décision a été prise contre l'avis du ministère sud-coréen de la Réunification, qui a rappelé que la règle est de ne pas rendre publiques les défections pour ne pas menacer la sécurité des transfuges nord-coréens et de leurs familles. Mais dans sa rage de remporter les élections au prix de toutes les manipulations Mme Park Geun-hye a ignoré cette règle, s'empressant de diffuser la nouvelle de cette défection miraculeuse intervenue seulement la veille, le 7 avril - car il y a urgence à gagner les élections, dussent des êtres humains (les défecteurs et leurs familles) en souffrir : toujours prompt à dénoncer les violations des droits de l'homme au Nord, les autorités de Séoul révèlent ainsi leur peu de considération pour la vie humaine de leurs compatriotes. La conservation du pouvoir est à ce prix.

Comme si la ficelle n'était pas assez grosse, des annonces de défection plus anciennes (datant de 2015) ont opportunément surgi les jours qui ont suivi - à savoir celles d'un officier nord-coréen du renseignement et d'un diplomate nord-coréen qui était en poste en Afrique. La presse aux ordres à Séoul a bien travaillé.

Pourtant, s'il a bien un élément qui ressort des prises de position du Nord quant aux élections à venir en Corée du Sud, c'est que les autorités nord-coréennes ont fait savoir publiquement qu'elles envisageaient la réouverture de la zone économique de Kaesong en cas de victoire de l'opposition sud-coréenne aux législatives. Une information capitale, mais soigneusement passée sous silence en Corée du Sud mais aussi dans la quasi-totalité des médias occidentaux : il n'est pas bon de faire savoir que c'est la politique de la droite sud-coréenne qui a ruiné le dialogue intercoréen patiemment élaboré par les administrations démocrates à Séoul, entre 1998 et 2008. En dissimulant cette prise de position du Nord et en donnant au contraire un large écho à la manoeuvre de manipulation des élections engagée par Mme Park, les médias, qu'ils soient sud-coréens ou occidentaux, se rendent complices d'un déni de démocratie.

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9 avril 2016 6 09 /04 /avril /2016 15:17

Le 13 avril 2016 les électeurs sud-coréens renouvelleront les 300 sièges de la Chambre des députés pour la vingtième législature (2016-2020). A quatre jours du scrutin, l'AAFC revient sur la situation politique et les enjeux des élections, avant une diffusion en direct des résultats sur sa page Facebook le mercredi 13 avril à partir de 13h (heure française). 

Le vote anticipé, pour les électeurs indisponibles le 13 avril, se tient les 8 et 9 avril.

Le vote anticipé, pour les électeurs indisponibles le 13 avril, se tient les 8 et 9 avril.

Les précédentes élections de 2012 et l'assemblée sortante

Le taux de participation s'était élevé à 54,3 % en 2012.

Lors des élections législatives du 11 avril 2012, le Parti Saenuri (conservateur), de l'actuelle présidente Mme Park Geun-hye, avait remporté 152 sièges sur 300, dont 127 sièges obtenus dans les circonscriptions pourvues au scrutin majoritaire (43,4 % des voix) et 25 sièges au scrutin de liste national proportionnel (42,8 %). Une autre formation conservatrice, absorbée depuis par le Saenuri, le Parti de l'avancement de la liberté, avait décroché 5 sièges, dont 3 sièges dans les circonscriptions (2,2 % des voix à l'échelle nationale) et 2 sièges à la proportionnelle (3,2 %). Une dernière formation conservatrice, le Parti de la vision coréenne, avait recueilli entre 0,2 % des voix (dans les circonscriptions) et 0,7 % (proportionnel), sans obtenir de siège, soit un total de voix pour les conservateurs de 45,8 % (circonscriptions) à 46,7 % (proportionnelle).

Le Parti démocrate unifié (PDU, libéral, opposition) avait remporté 127 sièges, dont 106 au scrutin majoritaire (39,1 %) et 21 à la proportionnelle (36,5 %). Le Parti progressiste unifié (PPU), socialiste, avait décroché 13 sièges, dont 7 dans les circonscriptions (4,7 %), où des accords de désistement avaient été conclus avec le PDU, et 6 à la proportionnelle (10,3 %), portant le nombre de sièges de l'opposition à 140 (sur 300). 3 députés élus au scrutin majoritaire n'appartenaient à aucun parti. Une seule autre formation politique avait recueilli plus de 1 % des voix (mais aucun siège), le Nouveau parti progressiste (socialiste) : 1,1 % à la proportionnelle, et 0,5 % dans les circonscriptions.

292 des 300 sièges sont pourvus dans l'assemblée sortante soumise à renouvellement. Le Parti Saenuri dispose de 146 sièges. L'opposition démocrate s'est scindée en deux : le Parti Minjoo (102 sièges) et le Parti du peuple, plus centriste, constitué notamment autour d'Ahn Cheol-su (20 sièges). Le PPU s'est également divisé : 5 députés ont rejoint une nouvelle formation, le Parti de la Justice. Les autres députés ont ensuite été déchus de leur mandat, du fait de l'interdiction du PPU. Parmi les autres sièges figurent essentiellement des députés conservateurs non réinvestis par leur parti, et qui sont donc considérés comme des élus indépendants.

Par ailleurs, les élections législatives précèdent le scrutin présidentiel prévu en décembre 2017, pour lequel le chef de l'Etat sortant ne peut pas être candidat à sa réélection.

Le mode de scrutin

Les circonscriptions ont été redécoupées dans les semaines précédant le scrutin pour tenir compte des évolutions démographiques, parallèlement à une diminution du nombre de sièges attribués à la proportionnelle : le 13 avril, 253 sièges seront pourvus dans le cadre des circonscriptions et 47 sièges attribués à la proportionnelle, suivant des listes nationales, entre les formations ayant recueilli plus de 3 % des suffrages exprimés.

Les sièges dans les circonscriptions relèvent du scrutin uninominal majoritaire à un tour, en vigueur dans les pays anglo-saxons comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

A la date du 31 mars 944 candidatures avaient été enregistrées dans les circonscriptions, y compris des candidats s'étant retirés ultérieurement.

Les forces politiques en présence et les intentions de vote

Selon l'institut de sondages indépendant Real Meter, au niveau national (pour le seul scrutin proportionnel), le dernier sondage dont la publication était autorisée (à la date du 7 avril 2016) donnait 34,4 % pour le Parti Saenuri, 27,3 % pour le Parti Minjoo, 16,8 % pour le Parti du Peuple et 8,3 % pour le Parti de la Justice, le solde correspondant aux intentions de vote pour les autres partis (moins de 4 % au total) et aux personnes interrogées n'ayant pas déclaré d'intentions de vote. Au cours des derniers mois les sondages ont été marqués par une érosion des intentions de vote en faveur du Parti Saenuri (qui a perdu 7 points en deux mois) et une progression du Parti du Peuple et du Parti de la Justice (de 5 points chacun). Cette évolution rend compte de la défiance croissante des citoyens sud-coréens envers les partis politiques traditionnels.

Le mode de scrutin, essentiellement majoritaire à un tour, favorise cependant les conservateurs, qui avec moins de 35 % des intentions de vote (contre plus de 50 % pour l'ensemble des forces d'opposition) pourraient néanmoins progresser nettement en sièges : ils visent l'obtention de 180 députés sur 300, voire une majorité de deux tiers des sièges (200 sur 300) qui leur permettrait d'engager des révisions constitutionnelles sans passer d'accord avec l'opposition. Cependant, la baisse continue des intentions de vote en leur faveur, le maintien des candidatures de députés sortants non réinvestis par le Saenuri après s'être opposés à la Présidente Park Geun-hye, l'adoption de la très controversée loi sur l'antiterrorisme et l'implication de proches ou de membres de la majorité dans l'affaire des "Panama papers" sont autant de facteurs qui rendent de moins en moins certain le succès attendu des conservateurs.

Le meilleur atout de la majorité, minoritaire en voix, est la division de l'opposition, pourtant unie dans sa critique de la politique économique du Gouvernement et sa dénonciation des atteintes aux libertés publiques. En effet, l'opposition présente trois candidats dans la plupart des circonscriptions. Cette situation résulte notamment de la volonté du dirigeant du Parti du Peuple Ahn Cheol-su de représenter une alternative aux principales forces politiques (Saenuri et Minjoo) dans l'espoir d'être élu Président de la République en décembre 2017. Ahn Cheol-su a tardivement levé l'interdiction faite à ses candidats d'opérer des désistements réciproques avec le Parti Minjoo dans les circonscriptions, tandis que des retraits ont aussi eu lieu sur une base locale entre le Parti Minjoo et le Parti de la Justice. Sauf coup de théâtre dans les derniers jours précédant le vote (et qui ne changeront pas le fait que les bulletins de vote sont déjà imprimés et seront mis à la disposition des électeurs), ces désistements - souvent réciproques - resteront cependant l'exception.

Le Parti Minjoo espère néanmoins bénéficier d'un vote utile pour obtenir jusqu'à 130 sièges, mais beaucoup d'observateurs estiment que, dans le contexte actuel et sauf si la tendance à la baisse du Parti Saenuri se poursuivait et s'accentuait, rester au-dessus de la barre des 100 sièges ne serait déjà pas un échec. Le Parti du Peuple ne devrait pour sa part remporter de circonscriptions que dans le Jeolla, très largement acquis à l'opposition et où sa division comporte peu de risques, à l'exception du siège d'Ahn Cheol-su dans la région capitale. Son but est de décrocher 20 sièges, pour former un groupe parlementaire autonome.

A gauche, le Parti de la Justice a bénéficié de sa position comme la seule formation à conserver une représentation parlementaire après l'interdiction du PPU, et d'hériter ainsi de relais syndicaux du PPU. S'il devrait obtenir des sièges à la proportionnelle, ses députés dans les circonscriptions sont tous menacés. Enfin, le résultat des autres formations de gauche sera à examiner : l'Union populaire a été constituée il y a quelques mois par d'anciens membres du PPU et regroupe d'ores et déjà plus de militants que le Parti de la Justice, même si ses chances d'obtenir des sièges dans les circonscriptions, où il concourt, sont très faibles. Le Parti Vert (0,5 % au scrutin proportionnel en 2012) espère une percée au scrutin de liste, mais la barre des 3 % pour décrocher des sièges apparaît très difficile à atteindre. Enfin, le Nouveau parti progressiste (1,1 % au scrutin proportionnel en 2012, contre près de 3 % en 2008) apparaît en perte de vitesse, son recul ayant profité notamment au Parti de la Justice et aux écologistes.

Le vote en Corée du Sud reste très régionalisé (les progressistes remportant tous les sièges dans le Jeolla, dans le Sud-Ouest, et les conservateurs remportant au contraire des majorités écrasantes dans le Sud-Est), même si les sondages par circonscription font apparaître des glissements avec des percées locales des démocrates dans l'Est.

Un facteur décisif sera ainsi la capacité de chaque camp à mobiliser ses électeurs, alors que traditionnellement les élections législatives ne mobilisent qu'environ un électeur sur deux en Corée du Sud. La mise en place du vote anticipé, pour la première fois dans le cadre d'élections législatives (aux élections locales du 4 juin 2014, 11,5 % des électeurs avaient voté de manière anticipée), vise à pallier une abstention que d'aucuns craignent élevée, malgré l'importance des enjeux. Alors que le Parti Saenuri prédomine chez les plus de 50 ans, plus enclins à se rendre aux urnes, une enquête de la Commission électorale nationale aurait fait apparaître une plus forte progression de l'asbtention dans cette tranche d'âge... mais s'agit-il des résultats d'une enquête objective, ou d'une tentative du pouvoir de mobiliser son électorat ? Réponse le 13 avril.

Sources :
 

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3 avril 2016 7 03 /04 /avril /2016 20:20

C'est un rassemblement exceptionnel qui a eu lieu à Paris, le 2 avril 2016 place du Châtelet, à l'appel du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD), à la hauteur des atteintes gravissimes aux libertés publiques que comporte la nouvelle loi antiterroriste en Corée du Sud : pour le retrait de cette loi et pour la libération de tous les prisonniers politiques en Corée du Sud, la manifestation du 2 avril a réuni des Français et des Coréens unis dans une même volonté de ne pas laisser la répression politique et antisyndicale s'exercer en toute impunité dans la Corée du Sud de Mme Park Geun-hye.

Rassemblement exceptionnel à Paris pour les droits de l'homme en Corée du Sud

Confier aux services de renseignement sud-coréens, fer de lance de la répression au Sud de la péninsule coréenne, la responsabilité de la lutte antiterroriste contre un ennemi terroriste créé de toutes pièces ce serait comme confier à un pyromane la responsabilité des services d'incendie : c'est pourtant ce que fait la loi antiterroriste, adoptée dans la nuit du 2 au 3 mars 2016 en Corée du Sud, sans consensus partisan - les députés d'opposition ayant boycotté la séance publique après s'être engagés dans une obstruction parlementaire sans précédent dans l'histoire du pays.

Fidèle à son combat historique en faveur des droits de l'homme et des libertés publiques en Corée du Sud, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a soutenu la manifestation du CILD place du Châtelet à Paris le 2 avril 2016, pour le retrait de la loi antiterroriste et la libération de tous les prisonniers politiques en Corée du Sud - dont des portraits géants étaient affichés par les membres de l'Alliance coréenne présents.

Patrick Kuentmann, secrétaire général de l'AAFC, refoulé de Corée du Sud, a rappelé la façon dont l'Agence nationale de renseignement sud-coréennes (NIS), non contente de s'immiscer dans la vie politique intérieure de la Corée du Sud (ce qui a entraîné la condamnation d'un ancien dirigeant des services du NIS), cherche également à empêcher la libre expression des étrangers qui, comme les militants de l'AAFC, ont le mauvais goût de pointer du doigt la dérive autoritaire et sécuritaire des autorités conservatrices au pouvoir à Séoul.

Rassemblement exceptionnel à Paris pour les droits de l'homme en Corée du Sud

Alors que l'année croisée France-Corée semble avoir anesthésié toute velléité des autorités françaises de porter la moindre critique à l'encontre des atteintes grandissantes aux droits de l'homme en Corée du Sud, pratiquant un mensonge dans lequel même le Département d'Etat américain n'ose pas se fourvoyer, les élections législatives du 13 avril 2016 en Corée du Sud offrent une chance historique de stopper la descente aux enfers de la démocratie sud-coréenne, en soutenant les démocrates et l'opposition victimes des atteintes aux droits de l'homme : il appartient à toutes celles et tous ceux qui, en France et dans le monde, ne veulent pas voir resurgir les années de plomb de la junte militaire, naguère dirigée par le général Park Chung-hee, père de l'actuelle présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye, de tout faire pour empêcher que l'irréparable ne survienne à Séoul.

Rassemblement exceptionnel à Paris pour les droits de l'homme en Corée du Sud

Lire le compte rendu détaillé de la manifestation sur le site du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud :

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2 avril 2016 6 02 /04 /avril /2016 11:31

Le 16 avril 2014, le naufrage du ferry Sewol a causé la mort de 304 passagers, pour la plupart des lycéens en voyage scolaire. La gestion calamiteuse de la catastrophe et les manoeuvres des conservateurs pour empêcher toute enquête indépendante ont soulevé la colère des familles des victimes et de l’opinion publique. Le film The Truth Shall Not Sink with Sewol (« La vérité ne doit pas couler avec le Sewol »), co-réalisé par le journaliste Lee Sang-ho et le documentariste Ahn Hae-ryong, a révélé ces démarches des autorités sud-coréennes qui ont réagi par la pratique de la censure : elles ont d'abord tout fait pour déprogrammer la projection du film lors du prestigieux Festival international du film de Pusan, et comme les organisateurs du festival refusaient de céder, elles ont pratiqué l'intimidation et les rétorsions financières, ainsi que l'a détaillé un article du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud. A l'occasion du deuxième anniversaire de la tragédie, deux projections exceptionnelles du film ont cependant lieu à Paris, les 15 et 16 avril 2016 : des projections-débats exceptionnelles en France, auxquelles il faut assister pour comprendre et montrer que la liberté doit l'emporter sur les manoeuvres et les intimidations d'un pouvoir autoritaire.

"La vérité ne doit pas couler avec le Sewol" : projections exceptionnelles à Paris du film que les autorités sud-coréennes veulent censurer

Première projection-débat : vendredi 15 avril 2016 (18h-21h), EHESS (105 boulevard Raspail, 75006 Paris), amphithéâtre François Furet

Entrée libre dans la limite des 300 places disponibles.

17.00 : accueil des intervenants par le collectif organisateur.
18.00 : projection documentaire en VOST français (accueil du public, présentation & projection).
19.30 : débat à l'issue de la projection (fin à 21.00).

 

Deuxième projection-débat : samedi 16 avril 2016 (19h-22h), Inalco - Langues' O (65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris), grand amphithéâtre

Entrée libre dans la limite des 400 places disponibles.

18.00 : accueil des intervenants par le collectif organisateur.
19.00 : projection documentaire en VOST français (accueil du public, présentation & projection).
20.30 : débat à l'issue de la projection (fin à 22.00)

Plus d'informations sur les deux événements sur Facebook :

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29 février 2016 1 29 /02 /février /2016 20:43

Le projet de loi contre le terrorisme a soulevé une opposition parlementaire sans précédent en République de Corée (Corée du Sud). En effet, il confèrerait de nouveaux pouvoirs exorbitants du droit commun à l'Agence nationale de renseignement (NIS), bras armé de la répression des autorités sud-coréennes. Alors que l'opposition démocrate a engagé une bataille d'obstruction parlementaire marquée par des interventions des députés d'une durée sans précédent dans l'histoire de la démocratie parlementaire sud-coréenne, le bras-de-fer avec les conservateurs au pouvoir à Séoul suscite un intérêt nouveau de l'opinion publique, ce qui pourrait réouvrir le jeu en vue des élections législatives du 13 avril 2016 - pour lesquelles le parti Saenuri est actuellement favori grâce aux manoeuvres de division de l'opposition engagées par Ahn Cheol-su et d'autres anciens responsables du parti démocrate, ainsi devenus les alliés objectifs des forces conservatrices autoritaires.

Tribunes du Parlement sud-coréen (le Gukhoe), le 28 février 2016

Tribunes du Parlement sud-coréen (le Gukhoe), le 28 février 2016

Dans son éditorial du 24 février 2016, le quotidien sud-coréen d'opposition Kyunghyang Shinmun a souligné que le projet de loi antiterroriste, initié par le Président de l'Assemblée nationale Chung Ui-hwa, s'il ne produira que des effets douteux en matière de lutte contre le terrorisme, aura au moins une conséquence certaine : renforcer encore davantage les pouvoirs de l'agence nationale de renseignement (NIS), un organe situé en dehors de tout contrôle parlementaire comme l'exigerait une démocratie normale, et dont le quotidien rappelle le rôle partisan et l'implication majeure dans les atteintes aux libertés publiques en Corée du Sud :

Pour prévenir les actes terroristes, il est difficile de faire confiance à une agence de renseignement accusée d'avoir piraté le téléphone portable des citoyens, fomenté une affaire d'espionnage et intervenue dans l'élection présidentielle en publiant des commentaires en ligne. Il est extrêmement dangereux de dire à l'agence de renseignement qu'elle doit mettre en oeuvre la loi de prévention du terrorisme. En plus, les services de renseignement ne sont pas soumis à un contrôle démocratique s'agissant de leur budget et de leurs activités.

La manipulation de l'élection présidentielle de 2012 par le NIS a en effet soulevé la colère de l'opinion publique sud-coréenne, les forces de renseignement ayant constitué de tout temps l'appui le plus solide des partisans des régimes autoritaires en Corée du Sud. Ce sont elles qui ont orchestré un procès truqué ayant permis l'interdiction du principal parti de gauche, le Parti progressiste unifié, avec la complicité des organes judiciaires, et qui fabriquent des espions pour maintenir un état de terreur en Corée du Sud. Dès lors, on ne sera pas surpris d'apprendre qu'ils forment un organe qui s'est autonomisé, ne rendant plus compte à personne, dans ses manoeuvres pour imposer un nouvel ordre autoritaire. Et c'est bien à ce NIS, fossoyeur de la démocratie sud-coréenne, que le pouvoir autoritaire aux manettes à Séoul entend confier la protection des citoyens contre une prétendue menace terroriste. 

Car ce que vise le projet de loi, ce n'est pas seulement le terrorisme, mais bien toute "activité qui met en danger la vie d'une personne ou son intégrité physique dans le but d'interférer avec l'exercice par l'Etat de son autorité". Un manifestant s'oppose aux forces de l'ordre qui - elles - n'hésitent pas à faire preuve d'une violence inouïe en toute impunité, comme pour l'infortuné Baek Nam-gi, toujours entre la vie et la mort après la répression sauvage des forces de l'ordre lors de la manifestation du 13 novembre 2015 ? Il tombera, demain, sous le coup de la loi antiterroriste.

Les autorités étatiques pourraient, demain, obtenir la suppression d'un message sur Internet ou d'une image qu'ils jugent de nature à inciter au terrorisme. Les caricaturistes poursuivis pour avoir osé critiquer la très autoritaire présidente de la République, Mme Park Geun-hye, n'ont désormais qu'à bien se tenir.

Le projet de loi vise à instituer un pouvoir de contrôle intégral de l'ensemble des activités d'une personne seulement suspecte de terrorisme ou plutôt - devrait-on dire - d'activités anti-étatiques. Il comprend un panel de mesures (mise sous surveillance des communications électroniques, perquisitions à domicile, interdictions de voyager à l'étranger...) avec comme simple - et mince - filet de contrôle la seule mise en place d'un comité antiterroriste placé sous l'autorité du Premier ministre. Mais de quel pouvoir effectif disposera ce comité, face à une agence toute-puissante qui agit déjà en dehors de tout contrôle démocratique et parlementaire ?

Dans ce climat où une chape de plomb s'abat sur une démocratie sud-coréenne déjà bien mal en point, des signes d'espoir sont venus de la vigoureuse opposition manifestée par les démocrates au Parlement, des manifestations de rue et d'un intérêt inédit pour les travaux parlementaires - suite aux débats sur les forums de discussion, qui constituent un outil privilégié pour la liberté d'expression en Corée du Sud. Ceux qui osent s'opposer à la dérive autoritaire de la Corée du Sud, dont le projet de loi antiterroriste est l'expression la plus aboutie, méritent tout notre respect : nous leur devons un entier soutien, afin de ne pas permettre le retour aux milliers d'assassinats de l'ère de la junte militaire sud-coréenne.

Principales sources :

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25 février 2016 4 25 /02 /février /2016 20:50

Depuis la répression qui s'est abattue sur le syndicat KCTU, au lendemain de la manifestation du 14 novembre 2015, les autorités sud-coréennes veulent limiter la liberté de manifestation. C'est dans ce contexte que l'ONG Amnesty International, afin de protester contre les atteintes aux libertés fondamentales en République de Corée (Corée du Sud), a décidé d'organiser, le 24 février 2016, une manifestation d'un style nouveau à Séoul dans laquelle les manifestants étaient... des hologrammes.

Des manifestants hologrammes à Séoul

Des images ressortent des rassemblements de masse à Séoul : celles de manifestants aux prises avec les policiers qui les repoussent loin, très loin, de la Maison bleue, siège de la présidence de la République, mais aussi du centre-ville. C'est donc symboliquement devant le palais illuminé de Gyeongbokgung, au coeur de la capitale sud-coréenne, où les manifestations sont interdites, qu'Amnesty International a organisé une manifestation d'hologrammes, afin de protester contre la remise en cause de la liberté de réunion, ainsi que l'a expliqué Tom Rainey Smith, coordinateur de l'ONG : 

Ces hologrammes symbolisent la disparition du droit de réunion, ce qui est une tendance récente et très inquiétante. En particulier dans l'endroit où nous nous trouvons, entre le siège de la présidence et la place de Gwanghwamun, les manifestations sont systématiquement interdites. Nous sommes donc ici pour souligner que ce droit de réunion est un droit fondamental, auquel [le gouvernement] oppose des forces policière démesurées. Manifester à travers des fantômes est vraiment une mesure de dernier recours.

Lors de la dernière grande manifestation à Séoul, le 14 novembre 2015, un militant paysan, Baek Nam-gi, a été grièvement blessé par les forces de l'ordre suite à un usage disproportionné des canons à eau. Il est toujours dans le coma, entre la vie et la mort.

La manifestation d'une vingtaine d'hologrammes a été organisée en liaison avec la population coréenne, invitée à envoyer par Internet des messages audiodiffusés lors de la manifestation. Au moment où nous écrivions ces lignes, le pouvoir sud-coréen s'interrogeait toujours pour savoir si cette manifestation virtuelle était bien conforme à la loi...

Cette initiative intervient au moment où les autorités sud-coréennes tentent de faire passer en force au Parlement un projet de loi "antiterroriste", qui donnera des moyens accrus aux services de renseignement - réputés pour leur brutalité, à l'origine de milliers de morts (au bas mot) pendant la période du régime militaire - pour réprimer toute opposition au nom d'une lutte contre le terrorisme abusivement assimilé à la critique des institutions étatiques.

Source principale :

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