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11 décembre 2016 7 11 /12 /décembre /2016 19:03

Après le vote par le Parlement de la motion de destitution de la Présidente Park Geun-hye le 9 décembre 2016, les manifestations géantes qui se succèdent en République de Corée (Corée du Sud) depuis plus d'un mois ont pris une autre tournure : la célébration de la première victoire que représente le vote du Parlement, qui aurait été clairement inenvisageable il y a deux mois sans la mobilisation populaire. Or, précisément, le risque existe que rien ne change en Corée : que les conglomérats continuent de déterminer la vie de la nation, que des drames comme celui du naufrage du ferry Sewol continuent de se produire (un thème très présent dans l'expression des manifestants, souvent très jeunes), que les atteintes de plus en plus nombreuses aux libertés politiques et syndicales ne prennent pas fin... C'est pour toutes ces raisons que la mobilisation s'est poursuivie, non seulement à Séoul et dans les autres villes coréennes et dans le monde, à l'initiative des Sud-Coréens eux-mêmes, sans ingérence extérieure - avec évidemment des chiffres de mobilisation moins importants. Nous revenons ci-après en images sur la manifestation du 10 décembre 2016 à Paris, qui a réuni 150 participants, en remerciant Dominique de Miscault pour avoir permis ce reportage photo.

Un parfum de victoire
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9 décembre 2016 5 09 /12 /décembre /2016 13:33

Le vendredi 9 décembre 2016, l'Assemblée nationale de la République de Corée (Corée du Sud) a adopté à une très large majorité la motion de destitution de la Présidente Park Geun-hye (234 voix "pour", "56 contre", 2 abstentions et 7 votes invalides, sur 299 parlementaires présents au sein d'une assemblée qui compte 300 membres, alors que la majorité qualifiée pour l'adoption de cette motion était fixée à 200 voix). Dans l'attente du détail des votes, il s'avère que la moitié des parlementaires du parti majoritaire ont voté en faveur de la motion de destitution déposée par l'ensemble des formations d'opposition.

Les Coréens qui manifestent par millions depuis des semaines pour le départ de la Présidente Park Geun-hye ont laissé éclater leur joie.

Les Coréens qui manifestent par millions depuis des semaines pour le départ de la Présidente Park Geun-hye ont laissé éclater leur joie.

Des scènes de liesse ont éclaté à Séoul à l'annonce du vote du Parlement en faveur de la destitution de la Présidente Park Geun-hye, corrompue et autoritaire.

Dans l'immédiat, la direction de l'exécutif sera assurée par le Premier ministre Hwang Kyo-ahn, notamment en ce qui concerne la politique étrangère et la direction des affaires militaires.

La Cour constitutionnelle dispose d'un délai maximal de 6 mois pour se prononcer sur la motion de destitution. Sa composition - ses membres ont été nommés par des présidents conservateurs - fait planer un doute quant à sa décision finale.

D'ores et déjà, des voix se sont élevés au sein des partis d'opposition pour remettre en cause certaines des décisions récentes de l'exécutif parmi les plus controversées - notamment l'accord de décembre 2015 avec le Japon sur les "femmes de réconfort", anciennes esclaves sexuelles de l'armée japonaise, ainsi qu'en ce qui concerne les nouveaux manuels d'histoire révisionnistes. L'opposition souhaite également que les juges constitutionnels n'attendent pas l'expiration du délai de six mois pour rendre leur décision. En tout état de cause, quelle que soit la décision de la Cour constitutionnelle, une démission de la chef de l'Etat accélèrerait le dénouement de la crise politique, mais la Présidente Park Geun-hye n'a manifesté aucune intention explicite en ce sens.

En cas de départ ou de destitution du chef de l'Etat, une élection présidentielle anticipée doit être organisée dans un délai de 60 jours.

 

Le Président de l'Assemblée nationale Chung Sye-kyun dépose la motion de destitution après son adoption par le Parlement.

Le Président de l'Assemblée nationale Chung Sye-kyun dépose la motion de destitution après son adoption par le Parlement.

Principale source :

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8 décembre 2016 4 08 /12 /décembre /2016 15:18

La motion de destitution contre la Présidente Park Geun-hye, engluée dans  l'affaire Choi Soon-sil, a été déposée le 8 décembre 2016 par les députés d'opposition, en vue d'un vote dès le 9 décembre. Les parlementaires ont avancé trois motifs à l'appui de leur procédure : abus de pouvoir, trafic d'influence et corruption. Le vote final dépendra de l'attitude des députés au pouvoir (notamment ceux de la faction opposée à la chef de l'Etat), alors que les Sud-Coréens manifestent massivement depuis des semaines pour exiger le départ de la Présidente Park, qui tente de gagner du temps en ayant appelé à un consensus au sein du Parlement sur les conditions de son départ du pouvoir.

La procédure de destitution de Park Geun-hye a commencé

Il faut une majorité qualifiée des deux tiers des députés (soit 200 sur 300) pour que la motion de destitution soit adoptée. Ce seuil est atteignable mais pas acquis, alors que le Parlement compte 172 députés d'opposition et  non-inscrits et que ceux-ci pourraient être rejoints par une trentaine de députés de la majorité opposés à la chef de l'Etat.

En cas de vote de la motion, la Cour constitutionnelle devra se prononcer dans un délai maximum de six mois, à une majorité des deux tiers - beaucoup d'observateurs s'interrogeant sur les conséquences de la composition très largement conservatrice de cette instance quant à la décision finale qu'elle pourrait prendre. Par ailleurs, l'échéance de l'élection présidentielle (normalement prévue en décembre 2017, pour une entrée en fonctions du président élu en février 2018) se rapprochera fortement, permettant en tout état cause à la Présidente de continuer à jouer la montre : le parti Saenuri au pouvoir ne propose-t-il pas qu'elle démissionne en avril, pour une élection présidentielle en juin ? Mme Park continue par ailleurs d'agiter l'épouvantail nord-coréen pour justifier la nécessité de procéder de manière ordonnée à une transition du pouvoir.

Si la motion est adoptée, Mme Park Geun-hye restera chef de l'Etat en titre, mais les fonctions de chef de l'exécutif seront transférés au Premier ministre.

En cas de non-adoption de la procédure de destitution, demandée à une écrasante majorité par l'opinion publique, la crise politique devrait encore s'approfondir, la colère de la rue pouvant alors conduire à une autre étape : la demande de dissolution par les manifestants du parti Saenuri lui-même. Les députés d'opposition ont alors envisagé de démissionner du Parlement.

Pour l'Association d'amitié franco-coréenne, il est plus que temps que Mme Park Geun-hye prenne la décision qui s'impose, en quittant un pouvoir qui lui échappe et dont elle a abusé en conduisant le pays sur une pente autoritaire dangereuse, et qu'elle réponde de ses actes devant la justice, comme tout citoyen. Ensuite, une nouvelle page pourra enfin s'écrire pour les libertés publiques et la démocratie en République de Corée.

Sources :

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3 décembre 2016 6 03 /12 /décembre /2016 16:19

Les manifestations sont ininterrompues en Corée du Sud, pour la sixième semaine d'affilée, afin d'obtenir le départ de la Présidente Park Geun-hye. Elles ont atteint un nouveau record : alors qu'ils étaient près de 2 millions à battre le pavé une semaine plus tôt le 26 novembre 2016 (1,8 à 1,9 million selon les organisateurs), ils ont été 2,32 millions le 3 décembre (1,7 million à Séoul, 620 000 dans les autres villes coréennes), toujours selon les organisateurs. Alors que le Parlement doit se prononcer la semaine prochaine sur une motion de destitution de la Présidente Park, rien ne sera jamais plus comme avant, car le peuple s'est exprimé, et qui quiconque ignore la volonté populaire s'expose à subir le contre-coup de la colère de millions de citoyens.

2,3 millions !

Acculée face aux révélations autour de sa gourou Choi Soon-sil, Mme Park Geun-hye a cru trouver la parade, en annonçant remettre son destin entre les mains du Parlement. Les députés de son parti (Saenuri, conservateur) ont alors formulé la proposition d'une démission en avril, qui entraînerait alors une élection présidentielle anticipée en juin.

Une façon de gagner du temps - et d'assurer la possibilité pour les conservateurs de sauver les meubles lors de l'élection présidentielle, ainsi que d'assurer l'avenir juridique de la chef de l'Etat, accusée par le Parquet de complicité dans des activités criminelles - qui n'a pas du tout satisfait les manifestants, toujours plus nombreux, et qui demandent, eux, son départ immédiat.

Quelques heures plus tôt, les trois partis d'opposition représentés au Parlement, et les députés indépendants (soit 171 parlementaires sur 300, auquel il faut ajouter le Président du Parlement), ont déposé une motion de destitution, qui doit être débattue à partir du 8 décembre. Pour être adoptée, la motion doit recueillir le soutien de deux tiers des députés (soit 200 sur 300), avant d'être soumise au Conseil constitutionnel, un organe éminemment politique dominé par les conservateurs, qui avait entériné la mascarade juridique ayant conduit à la dissolution de la principale formation de gauche, le Parti progressiste unifié, en décembre 2014. Une dissolution alors inspirée par la gourou de la chef de l'Etat Choi Soon-sil... l'histoire est sur le point de juger ceux qui, à Séoul, sont à l'origine des violations les plus massives des libertés publiques et des droits de l'homme en Corée du Sud depuis trois décennies.

2,3 millions !

Sources :

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29 novembre 2016 2 29 /11 /novembre /2016 20:12

Dans sa troisième allocution télévisée depuis l'éclatement du scandale Choi Soon-sil, la Présidente sud-coréenne Park Geun-hye a déclaré le 29 novembre 2016 qu'elle remettait son mandat entre les mains du Parlement... sans préciser la procédure ni le calendrier de son départ. Alors qu'un nombre record de manifestants a exigé le 26 novembre 2016 son départ immédiat du pouvoir, tout semble indiquer que la chef de l'Etat, aux abois, cherche à gagner du temps... et peut-être également à ne pas passer par la case prison.

Park Geun-hye dit vouloir quitter le pouvoir... mais sans dire quand ni comment

Que la Présidente Park accepte l'idée de quitter ses fonctions est déjà en soi une victoire pour les millions de Coréens qui manifestent depuis des semaines pour qu'elle démissionne ou, pour le moins, soit destituée par un vote du Parlement (à la majorité des deux tiers), elle-même ayant désormais pris acte de la nécessité publique de son départ en déclarant publiquement :

Si les partis politiques proposent des moyens qui permettent de léguer le pouvoir d’une façon stable et de minimiser le vide (de pouvoir) et les conflits dans la gouvernance du pays, je vais me retirer de mon poste de chef d’Etat suivant le planning proposé et la loi (...) Je me décharge maintenant de tout et je souhaite simplement que le pays reprenne son orbite tout en échappant au désordre (...) Je présente toutes mes excuses au peuple et demande au milieu politique de faire preuve de sagesse pour l’avenir éblouissant de la République de Corée.

L'opposition, majoritaire au Parlement, n'a pas réagi favorablement à ces déclarations, y voyant une nouvelle manoeuvre pour éviter un vote de destitution qui semble désormais hautement probable - une minorité importante des députés de la majorité s'étant détournée de la chef de l'Etat, certains d'entre eux ayant même rejoint les manifestants exigeant son départ immédiat.

Attendre un hypothétique consensus au sein du Parlement est aussi un moyen pour gagner du temps, et mettre fin à un déballage médiatique qui porte atteinte à l'image non seulement de la chef de l'Etat et du parti Saenuri au pouvoir, mais aussi de la République de Corée.

La formule selon laquelle elle se retire est ambiguë : remet-elle le pouvoir exécutif entre les mains du Gouvernement, et selon quelles modalités, alors qu'elle avait tenté sans succès - après l'éclatement de la crise - de faire nommer un gouvernement d'union nationale, sans en référer au Parlement, et qu'elle était passée outre, en avril 2016, son échec aux élections législatives en refusant de changer de Premier ministre et de ligne politique ?

En tout état de cause, si la campagne pour l'élection présidentielle est d'ores et déjà lancée (alors que le mandat de la Présidente Park doit venir normalement à échéance en février 2018, après un scrutin en décembre 2017), la question qui se pose maintenant est celle du mode de pouvoir - car les scandales impliquant les conglomérats financiers en fin de mandat présidentiel, de même que la montée en puissance continue depuis 2008 des services de renseignement dans le jeu politique, sont des maux endémiques qui nécessitent de refonder la démocratie sud-coréenne.

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27 novembre 2016 7 27 /11 /novembre /2016 17:54

Toujours plus nombreux : alors qu'ils étaient 1 million en Corée du Sud à manifester les 12 et 19 novembre 2016 pour exiger le départ de la Présidente Park Geun-hye, dont l'inaptitude à gouverner a été révélée par l'affaire Choi Soon-sil, leur nombre a atteint 2 millions le 26 novembre (selon les organisateurs, se répartissant entre 1,3 million à Séoul et plus d'un demi-million dans les villes de province). Face à une Présidente qui a basé son système de pouvoir sur un règne de la terreur et le refus systématique d'écouter la population, voire ses propres conseillers, leur préférant sa gourou Choi Soon-sil, les parlementaires et les juges constitutionnels doivent dégager du pouvoir une Présidente qui est devenue le symbole d'un système politique et économique autoritaire et corrompu, afin d'engager la République de Corée sur la voie d'un régime réellement démocratique.

2 millions de manifestants pour le départ immédiat de Park Geun-hye

Jour après jour les révélations se multiplient, au rythme du feuilleton judiciaire des mises en examen et des perquisitions qui ciblent les grands groupes et les conseillers de la Présidente Park, qu'ils soient encore en fonctions ou aient dû quitter leurs fonctions, que leur rôle soit officiel ou occulte. Parfois, la chronique de l'actualité tourne au vaudeville, quand la Maison bleue (siège de la présidence de la République) prétend que ses importantes commandes de Viagra étaient destinées à permettre aux conseillers présidentiels de lutter contre les effets de l'altitude lors de voyages à l'étranger... alors qu'il existe des médicaments qui visent explicitement ce type de maux.

En tout état de cause la justice se rapproche de la chef de l'Etat, qui selon le ministère de la Justice est complice d'activités définies comme criminelles. Mais plus le couperet judiciaire se rapproche de la Présidente Park Geun-hye, plus cette dernière s'arc-boute sur ses prérogatives : dans une volte-face elle a déclaré qu'elle ne serait finalement plus prête à être entendue par les juges. En effet, tant qu'elle est en fonctions, elle échappe à la justice de droit commun.

Dans ce contexte, les manifestations n'ont jamais été aussi gigantesques en Corée depuis la lutte contre le régime militaire (institué par un coup d'Etat perpétré par le propre père de Mme Park Geun-hye), et les mots d'ordre se radicalisent : ce n'est plus seulement le départ de Park Geun-hye qui est demandé, mais aussi qu'elle soit jetée en prison. Après être revenue d'Allemagne où elle avait tenté de fuir, sa conseillère occulte, Choi Soon-sil, n'avait-elle pas déclaré avoir commis un "péché" qui mérite la mort ? Le même terme de "péché" a été utilisé par les membres de la secte (liée au parti au pouvoir) qui possédait le ferry Sewol, où ont péri plus de 300 Coréens, en majorité des lycéens en voyage scolaire - suite à l'incurie de Mme Park Gueun-hye, injoignable pendant 7 heures au moment du naufrage. Visiblement, Mme Park et ses semblables se considèrent au-dessus de la justice des hommes.

La mobilisation croissante du peuple coréen a entraîné derrière lui tous les partis d'opposition, ainsi qu'une fraction des députés du parti au pouvoir, qui ont rejoint les manifestants dans la rue. Dans le monde, des rassemblements ont aussi eu lieu dans près de 60 villes, notamment à Paris, à Lyon et à Strasbourg. Les rassemblements organisés par les Coréens de Paris ont atteint un nombre inégalé en France s'agissant de manifestations de la communauté coréenne.

Le seuil de deux tiers des voix au Parlement pour la destitution de Mme Park apparaît ainsi en mesure d'être atteint, suivant une procédure qui pourrait être engagée dès la semaine prochaine. Mais si la Cour constitutionnelle, dont six des neuf membres, s'opposaient ensuite à la destitution, il faudrait en tirer les conséquences : les "juges" constitutionnels auraient à rendre des comptes comme complices et partie prenante d'un système autoritaire qui ne souffre aucune justification.

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23 novembre 2016 3 23 /11 /novembre /2016 20:17

En décembre 2017 doit se tenir la prochaine élection présidentielle en République de Corée (Corée du Sud). Mais ce calendrier pourrait se trouver accéléré, alors que les Sud-Coréens manifestent depuis des semaines par centaines de milliers pour obtenir la démission de la Présidente Park Geun-hye, embourbé dans le scandale Choi Soon-sil qui a révélé son incompétence : dans ce contexte, les conservateurs au pouvoir à Séoul accélèrent le rythme pour réaliser leur programme de répression politique et antisyndicale, et renforcer l'alignement de Séoul sur l'axe Washington-Tokyo. Plus que jamais, il faut les empêcher de mettre en oeuvre une politique discréditée dans l'opinion : tel est le sens, notamment, de la manifestation à Paris le 26 novembre 2016, à 15h place du Trocadéro, pour le départ de Mme Park Geun-hye, à laquelle l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) appelle à participer.

Une manifestante coréenne le 23 novembre, contre l'accord nippo-sud-coréen en matière de renseignement

Une manifestante coréenne le 23 novembre, contre l'accord nippo-sud-coréen en matière de renseignement

Cela fait quatre ans que l'accord nippo - sud-coréen, de partage d'information en matière de renseignement, était bloqué en Corée du Sud : sentant le risque que cet accord impopulaire ne soit jamais mis en oeuvre après leur départ du pouvoir désormais exigé par une écrasante majorité de Sud-Coréens, les conservateurs qui tiennent encore le haut du pavé à Séoul ont engagé une manoeuvre pour une entrée en vigueur immédiate, le 23 novembre 2016, en prétextant - une fois encore - la menace nord-coréenne. Il n'y a pourtant eu aucune initiative nord-coréenne récente de nature à juger cet empressement... sinon le besoin de Mme Park Geun-hye et de ses affidés de lier les mains de leurs successeurs, comme pour le déploiement en Corée du système de missiles antibalistique THAAD, sans l'accord du Parlement et malgré l'opposition d'une majorité de citoyens. Tel est le sens de la démocratie pour Mme Park Geun-hye, qui trouve opportunément des alliés pour cautionner sa démarche autoritaire dans les dirigeants français, François Hollande en tête. La Corée du Sud de Mme Park accomplit parfaitement son rôle de supplétif des Etats-Unis.

Cette marche à la guerre, par le renforcement des systèmes d'alliances militaires, est indissociable des atteintes grandissantes aux libertés publiques en Corée du Sud, que le bellicisme permet de justifier. Un des symboles de cette dérive autoritaire est la condamnation à cinq ans de prison du syndicaliste Han Sang-gyun, suivant une décision qui a soulevé un tollé international tant elle constitue une atteinte inacceptable à la liberté d'expression et à la liberté de manifestation. Alors que le procureur exige l'alourdissement de cette peine à huit ans en appel (le jugement sera rendu le 13 décembre prochain), l'AAFC appelle toutes et tous à signer la pétition en ligne pour la libération de Han Sang-gyun et assurer le respect des droits des travailleurs en Corée du Sud. Cette pétition, disponible en plusieurs lignes sur le site change.org, a été initiée par le Réseau européen pour une Corée progressiste (basé en Allemagne) et est adressée au juge Shim Dam.

Sources :

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20 novembre 2016 7 20 /11 /novembre /2016 14:18

On savait que la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye, qui a multiplié les violations des libertés publiques depuis son accession au pouvoir, était sous l'influence de sa gourou Mme Choi Soon-sil. Il est maintenant prouvé qu'elle est aussi complice d'activités définies comme criminelles, le Parquet central de Séoul ayant parlé de "collusion" de la chef de l'Etat dans les activités conduites par Mme Choi, et ayant entraîné l'inculpation de cette dernière et de deux très proches conseillers de la Présidente Park (qui avaient dû démissionner fin octobre 2016 après l'éclatement du "Choigate"), Ahn Jeong-bom (aussi orthographié An Chong-bum) et Jeong Ho-seong. Le premier est soupçonné d'avoir été l'intermédiaire pour les extorsions de fonds auprès des grands groupes sud-coréens, et le second d'avoir transmis à Choi Soon-sil tous les documents (y compris ceux confidentiels) pour instruction par Mme Choi, qu'il s'agisse des arbitrages politiques de la chef de l'Etat ou des mesures nominatives, rien des décisions prises par la Présidente ne devant échapper à sa gourou.

Park Geun-hye complice d'activités criminelles

Les activités sectaires de Mme Choi, teintées d'irrationnel, n'excluaient pas un solide bon sens dès lors qu'il s'agissait de sa fortune personnelle, de truquer les examens d'entrée à l'université de sa fille ou encore de financer la carrière sportive de cette dernière. La gourou de Mme Park Geun-hye est poursuivie par la justice sud-coréenne, suspecte d'avoir extorqué 77,4 milliards de wons (soit 63 millions de dollars) auprès de 53 grandes entreprises, en utilisant deux fondations officiellement à but non lucratif, Mir et K-Sports.

Dans ce contexte, Lee Young-ryeol, chef du Parquet central du district de Séoul, a souligné le rôle joué par Mme Park Geun-hye dans l'affaire criminelle sur laquelle ses équipes enquêtent depuis plusieurs semaines :

 

Sur la foi des indices rassemblés à ce stade, nous (...) estimons que la présidente a joué un rôle de collusion dans une partie considérable des activités criminelles impliquant les (trois) personnes [Choi Soon-sil et les deux anciens conseillers présidentiels inculpés] (...) En se basant sur ce jugement, l'équipe d'enquête spéciale continuera à enquêter sur la présidente.

Complice, Mme Park Geun-hye ne peut toutefois pas être inculpée - sauf dans les cas d'insurrection ou de trahison, conformément à la Constitution.

Yoo Yeong-ha, principal avocat de la chef de l'Etat, a immédiatement déploré les déclarations du Parquet, alors qu'il cherche à limiter la portée de l'audition à laquelle devrait se soumettre la Présidente au cours de la semaine du 21 novembre.

Mais alors qu'un million de Coréens ont manifesté le 12 novembre et à nouveau le 19 novembre pour exiger la démission d'une Présidente inapte, autoritaire, belliciste et complice d'activités criminelles, combien de temps durera encore la farce politique d'une chef de l'Etat s'accrochant à son poste et à ses prérogatives, en prétextant l'ordre constitutionnel ? Pour la démocratie sud-coréenne et la stabilité politique et économique du pays, il est urgent que Park Geun-hye parte au plus vite et se soumette à la justice au même titre que tous les citoyens sud-coréens. 

Sources :

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19 novembre 2016 6 19 /11 /novembre /2016 17:41

Une nouvelle manifestation fleuve a eu lieu le 19 novembre 2016 en République de Corée (Corée du Sud) pour exiger le départ de la Présidente Mme Park Geun-hye, alors que se poursuivent les révélations sur l'affaire Choi Soon-sil : selon les organisateurs, plus de 600 000 personnes se sont réunies à Séoul à l'appel de 1 500 organisations et groupes civiques, tandis que les manifestations dans le reste du pays auraient réuni 350 000 personnes, toujours selon les organisateurs - une semaine après le rassemblement d'un million de citoyens à Séoul. Si l'opposition s'est désormais entièrement ralliée au mot d'ordre de départ de Mme Park, rien n'indique que celui-ci interviendra nécessairement d'ici la prochaine élection présidentielle en décembre 2017 si l'on s'en tient aux seules procédures juridiques, verrouillées, alors que la chef de l'Etat ne manifeste aucun volonté de vouloir quitter le pouvoir.

Vox populi

A défaut de la Présidente elle-même (dont l'administration a confirmé qu'elle participerait à un sommet trilatéral avec la Chine et le Japon les 19 et 20 décembre prochains à Tokyo), les députés et les membres de la Cour constitutionnelle entendront-ils la voix du peuple qui exige le départ de Mme Park Geun-hye, dont l'influence qu'exerçait sur elle sa gourou Mme Choi Soon-sil a révélé l'incapacité à exercer les fonctions de chef d'Etat ? A côté de la manifestation anti-Park à Séoul, une manifestation pro-Park (à l'initiative de Parksamo, littéralement l'Association des personnes qui aiment Park) a réuni le même jour dix fois moins de participants selon ses organisateurs (soit 65 000 personnes) devant la gare de Séoul. Ce ratio de un à dix reflète d'ailleurs la cote de popularité de Mme Park qui, selon les instituts de sondages, ne recueille plus la confiance que de 5 % à 10 % de ses concitoyens.

Les révélations de l'affaire Choi Soon-sil se poursuivent, révélant l'ampleur de la corruption économique et politique au Sud de la péninsule : le 18 novembre, a comparu devant le Parquet central du district de Séoul Chang Choong-ki, adjoint au chef du bureau de la stratégie du futur du groupe Samsung, soit un des plus hauts postes au sein du conglomérat. En charge de la politique extérieure de Samsung, Chang Choong-ki est soupçonné d'avoir été directement impliqué dans le versement par Samsung de 2,8 millions d'euros pour l'entraînement de la fille de Choi Soon-sil, Chung Yoo-ra, qui visait une médaille d'or en équitation aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020. Cette somme aurait donné lieu à un contrat entre Samsung et Core Sports (actuellement Widec Sports), société établie en Allemagne et créée par Choi Soon-sil et sa fille à l'automne 2015. Ces sommes auraient donné lieu à l'octroi en contrepartie d'avantages pour Samsung.

Un autre scandale, portant sur le sujet des diplômes très sensible dans la société sud-coréenne, a aussi impliqué Mme Chung Yoo-ra : les notes à l'examen d'entrée à l'université de la fille de Choi Soon-sil auraient été truquées pour lui permettre d'accéder à l'Université Ewha, et les tricheries auraient continué après l'admission de la jeune fille, un professeur étant ainsi soupçonné d'avoir fait ses devoirs à sa place. Le ministère de l'Education nationale a demandé d'annuler l'admission de Chung Yoo-ra à l'Université Ewha suite à un audit, une enquête et des poursuites administratives ayant été engagées à l'encontre de 18 responsables de l'Université, dont l'ancienne Présidente de l'Université, Mme Choi Kyung-hee. A titre de rétorsion, le ministère a annoncé revoir à la baisse certains financements publics de l'Université Ewha, et fait part d'un plan de mesures contre la corruption dans les examens d'entrée à l'université.

Selon plusieurs médias, Mme Park Geun-hye aurait aussi reçu gratuitement, sous un nom d'emprunt, des actes de chirurgie esthétique dans une clinique liée à Mme Choi Soon-sil. L'administration présidentielle a dû nier publiquement, le 11 novembre, que Mme Park  n'aurait pas pu être jointe lors du dramatique naufrage du ferry Sewol en 2014 parce qu'elle aurait reçu le même jour des actes de chirurgie esthétique. La clinique dont le nom a ainsi été cité, très active à l'étranger pour la vente de cosmétiques, a depuis fermé ses portes, mais plusieurs de ses responsables auraient accompagné Mme Park lors de ses visites à l'étranger (y compris en France). Un de ses responsables, le docteur Kim, aurait été nommé en juillet dernier à l'Institut national universitaire de Séoul (acronyme anglais : SNUH), suite à l'intervention de Choi Soon-sil. Le SNUH a indiqué qu'il était revenu sur la décision d'embaucher le docteur Kim mi-juillet.

Alors que Mme Park Geun-hye avait souligné dans une intervention télévisée qu'elle permettrait que toute la lumière soit faite sur l'affaire Choi Soon-sil, la décision de ses avocats de reporter à la semaine prochaine l'audition de la chef de l'Etat par le Parquet a suscité de l'incompréhension et de la colère. Mais plus que le report de cette audition, c'est l'annonce par les avocats de Mme Park qu'elle serait auditionnée une seule fois (pour lui permettre, disent-ils, d'exercer ses fonctions présidentielles...) qui jette le trouble : la chef de l'Etat a-t-elle vraiment l'intention de se soumettre pleinement à l'autorité judiciaire ?


Etant donné que la Présidente de la République n'entend visiblement pas démissionner, tous les regards se tournent vers le Parlement, qui a par ailleurs décidé le 17 novembre de conduire une enquête spéciale sur le scandale Choi Soon-il. L'équipe d'enquête spéciale travaillera pendant quatre mois et sera formée de 60 personnes dont 20 procureurs. Elle sera dirigée par un député d'opposition : Mme Park aura à choisir entre deux candidats proposés respectivement par le parti Minjoo (démocrate) et le parti du Peuple (également démocrate).

Une procédure de destitution par le Parlement doit être approuvée par deux tiers des députés : l'opposition, qui dispose d'une majorité simple au Parlement, devrait alors recevoir le soutien de députés de la majorité, ce qui semble un seuil atteignable puisqu'un certain nombre d'entre eux sont clairement opposés à Mme Park (lors de la désignation des candidats aux législatives, Mme Park Geun-hye était intervenue pour éliminer nombre de ses opposants internes de la course à la candidature au nom du parti Saenuri, mais la plupart des sortants ainsi écartés avaient ensuite été réélus comme indépendants). Cependant, la procédure de destitution doit également être approuvée par au moins six des neuf juges de la Cour constitutionnelle, aujourd'hui très conservateurs, suite aux nominations sous les mandatures Lee Myung-bak (2008-2013) et Park Geun-hye (depuis 2013). Deux postes au sein de la Cour constitutionnelle doivent par ailleurs être renouvelés début 2017 : il est attendu que Mme Park fasse le choix d'affidés, ou que ces postes restent vacants et ne pouvant pas être pris en compte pour la validation de la procédure de destitution - auquel cas il faudrait que six des sept autres juges constitutionnels confirment la destitution par le Parlement, pour laquelle les conditions de procédure sont par ailleurs réunies selon plusieurs juristes sud-coréens.

Bref, même si les trois partis d'opposition représentés au Parlement sont désormais favorables au départ immédiat de Mme Park, les conditions juridiques sont loin d'être réunies pour la destitution de la chef de l'Etat, dont les affidés continuent d'agiter la question nord-coréenne pour s'accrocher au pouvoir. Ainsi, le 16 novembre 2016 une manifestation anti-Pyongyang, comme toujours étroitement organisée par l'ambassade de Corée du Sud en France qui a utilisé comme prête-nom l'Association des résidents coréens en France, a réuni, place du Trocadéro à Paris, cent fois moins de participants que le rassemblement au même endroit quatre jours plus tôt pour obtenir le départ de Mme Park Geun-hye. C'est donc bien la volonté populaire qui peut seule conduire à un tel scénario, que l'on ne peut que souhaiter pour l'avenir des Coréens et la stabilité politique et économique du pays. A cet égard, le fait que le parti Saenuri au pouvoir soit tombé à 15 % dans les intentions de vote aux législatives (contre plus du double pour le parti Minjoo), talonné par le second parti d'opposition (parti du Peuple), ne peut qu'accélérer un processus qui n'aurait rien d'inédit dans l'histoire de la Corée. En effet, en 1960 le vieil autocrate Syngman Rhee avait dû quitter le pouvoir suite à une élection présidentielle qui avait tourné à la mascarade électorale, et dû se réfugier aux Etats-Unis, à Hawaï, où il était mort en 1965.

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13 novembre 2016 7 13 /11 /novembre /2016 16:01

Le 12 novembre 2016 a eu lieu la plus importante manifestation jamais organisée en République de Corée (Corée du Sud) depuis le soulèvement démocratique de juin 1987 : il étaient au moins un million selon les organisateurs, 270 000 selon la police (six fois plus nombreux qu'une semaine plus tôt) à exiger la démission de la Présidente Park Geun-hye, dont le pouvoir fait l'objet d'un rejet massif depuis les révélations de l'affaire Choi Soon-sil - du nom de sa conseillère occulte qui exerçait sur la chef de l'Etat une influence sectaire, conduisant à des prises de décision irrationnelles au sommet de l'Etat sud-coréen. Les Coréens ont manifesté partout dans le monde : ils étaient 1 000 à Toronto et 800 à Paris, soit une affluence sans précédent dans la capitale française pour cette manifestation qui avait reçu le soutien du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD), dont font partie de nombreux militants de l'AAFC aux côtés d'autres citoyens engagés, en France et dans le monde, pour les libertés en Corée du Sud.

La manifestation à Séoul a rassemblé plus d'un million de participants, un record depuis 1987.

La manifestation à Séoul a rassemblé plus d'un million de participants, un record depuis 1987.

Un même mot d'ordre, une même attente parmi le million de Coréens (parmi lesquels beaucoup de jeunes et des familles) qui ont manifesté à Séoul le 12 novembre 2016 : plus jamais cela ! Au-delà du départ de Mme Park Geun-hye, ce qu'ils veulent est une société plus juste et réellement démocratique, offrant un avenir pour eux et leurs enfants et pas seulement à la clique qui se partage le pouvoir politique et économique depuis l'époque de la colonisation japonaise, et qui a survécu à tous les changements politiques, y compris la chute du régime militaire dirigé d'une poigne de fer pendant 18 ans, de 1961 à 1979, par le général Park Chung-hee, père de l'actuelle Présidente Park Geun-hye, qui a engagé son pays sur une voie autoritaire sans précédent en multipliant les arrestations d'opposants politiques et syndicaux et en interdisant le principal parti de gauche, le Parti progressiste unifié, à l'issue d'un procès truqué.

Comme l'a déclaré un couple venu de Jeonju, à 200 kilomètres au Sud de Séoul, "c’était notre anniversaire de mariage hier, mais nous avons annulé notre voyage d’anniversaire et sommes venus à Séoul parce que nous pensons que c’est plus important pour notre fille".

Des attentes identiques étaient exprimées le même jour par 800 personnes réunies à Paris, place du Trocadéro, et dans la cinquantaine de villes de par le monde où des rassemblements analogues ont eu lieu à l'initiative des communautés coréennes expatriées.

 

Images de la manifestation à Paris.Images de la manifestation à Paris.

Images de la manifestation à Paris.

Face à l'accélération des événements et à la colère de l'opinion publique, le mot d'ordre de la majorité de l'opposition démocrate et du parti Saenuri (conservateur, au pouvoir) à la veille du 12 novembre, appelant à la formation d'un nouveau gouvernement d'union nationale et disposant de l'essentiel du pouvoir exécutif, apparaît désormais dépassé : comment attendre l'échéance normale du mandat de Mme Park Geun-hye en février 2018, après l'élection présidentielle normalement prévue en décembre 2017, alors qu'elle a fait la démonstration de son inaptitude à exercer ses fonctions ? Peut-on lui laisser entre les mains la définition de la politique étrangère et la conduite des forces armées (comme elle le souhaite), alors qu'elle a rompu les relations avec la Corée du Nord sur la base d'une prédiction de sa gourou Choi Soon-sil, qui avait eu la vision d'une disparition de la République populaire démocratique de Corée en 2017 ?

Si Mme Park refuse de partir, elle devra être destituée. Et, ensuite, il faudra qu'enfin se tourne la page autoritaire des années Lee Myung-bak et Park Geun-hye, qui ont enterré l'une après l'autre les libertés démocratiques en Corée du Sud. Telle est l'exigence du peuple coréen. 

Source :

Voir aussi les photos de la manifestation de Paris sur Francezone :

Reportage de YTN sur la manifestation de Paris (intervention de Benoît Quennedey, au nom du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud, à 1 minute).

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