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12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 11:23

Après son élection à la présidence de la République de Corée le 9 mai 2017, le démocrate Moon Jae-in a déclaré, lors de son serment d'investiture, qu'il "allait éliminer la culture d'un président autoritaire", et instaurerait une communication régulière tant avec l'opinion publique qu'avec l'opposition. D'ores et déjà, ce sont toutefois les chantiers diplomatiques qui représentent la priorité : à cet égard, il a effectué plusieurs annonces, qui manifestent la volonté d'une plus grande indépendance diplomatique vis-à-vis des Etats-Unis.

Vers une nouvelle diplomatie sud-coréenne

L'élection présidentielle s'étant tenue de manière anticipée suite à la destitution de Mme Park Geun-hye, il n'y a pratiquement pas eu de période de transition entre l'élection et l'investiture du nouveau chef de l'Etat. Après avoir prêté serment devant l'Assemblée nationale le 10 mai 2017 (soit le lendemain du scrutin), le Président Moon Jae-in a immédiatement procédé à de premières nominations : Lee Nak-yon au poste de Premier ministre, Suh Hoon à la direction des services de renseignement (NIS), Im Jong-seok comme secrétaire général de la présidence et Joo Young-hoon comme responsable de la sécurité pour la présidence de la République. Le changement immédiat à la direction du NIS - ainsi que la volonté affirmée de mettre fin aux ingérences du NIS dans la vie politique sud-coréenne - est le signe manifeste d'une volonté de démocratisation, tandis que le choix d'un spécialiste des questions intercoréennes sous les précédentes administrations démocrates traduit l'idée que le NIS pourrait cesser d'être un bras armé des lobbies anti-Corée du Nord.

S'agissant plus généralement des relations diplomatiques, Moon Jae-in a exprimé la volonté de renouer le dialogue et les échanges Nord-Sud pratiquement réduits à néant après neuf ans d'administrations conservatrices (2008-2017), en poursuivant par le dialogue plus que par la coercition et les sanctions l'objectif de dénucléariser la péninsule coréenne. Il souhaite la reprise des réunions de familles séparées, la réouverture de la zone économique de Kaesong ainsi que du tourisme intercoréen dans les monts Kumgang.

Sur le déploiement du système américain de missiles THAAD, Moon Jae-in souhaite l'engagement d'une négociation avec les Etats-Unis et la Chine, la seconde étant fermement opposée au dispositif THAAD qui rompt l'équilibre stratégique en Asie du Nord-Est. L'installation de THAAD a été suspendue dès l'élection, après avoir été accélérée dans les semaines précédant le scrutin - tandis que l'administration Trump a exprimé sa volonté de faire participer davantage la Corée du Sud au paiement de ce dispositif de sécurité. Un sommet Moon-Trump est ainsi évoqué.

Vis-à-vis du Japon, Moon Jae-in a enfin déclaré qu'il remettrait en cause l'accord inique conclu, fin 2015, sur la question des anciennes esclaves sexuelles de l'armée impériale japonaise avant et pendant la Seconde guerre mondiale ( "femmes de réconfort").

Sources :

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9 mai 2017 2 09 /05 /mai /2017 12:44

Défait en 2012 par la candidate conservatrice Park Geun-hye, le démocrate Moon Jae-in a pris sa revanche en remportant largement l'élection présidentielle du 9 mai 2017 (41,1 % des voix, contre 24,0 % pour le conservateur Hong Joon-pyo et 21,4 % pour le centriste Ahn Cheol-soo). A l'issue de ce scrutin anticipé, organisé à la suite de la destitution de Mme Park Geun-hye, à tour unique, le Président Moon Jae-in devra faire face à des défis historiques sans précédent : préserver la paix dans la péninsule coréenne et répondre aux aspiration des millions de Corée qui, en participant aux manifestations de la "révolution des bougies" ayant conduit au départ de Mme Park, ont exprimé leur aspiration d'une Corée du Sud sociale et démocratique.

Le Président Moon Jae-in face à l'histoire

Né en 1953 dans une famille paysanne pauvre, originaire du Nord, Moon Jae-in sait plus que d'autres comment s'est construit le "miracle économique" sud-coréen, sur fond de régime autoritaire et d'exploitation très forte des travailleurs, en ayant payé par des séjours en prison son opposition au régime militaire de Park Chung-hee (père de la présidente destituée) puis en devenant un avocat des droits de l'homme, aux côtés de Roh Moo-hyun, ancien président de la République de Corée (2003-2008).

Son élection marque déjà la fin d'une période sombre : celle d'une dérive autoritaire de la Corée du Sud, cautionnée par les pays occidentaux - au premier rang desquels les Etats-Unis de Barack Obama et Donald Trump et la France de François Hollande : les candidats conservateurs ont réuni moins d'un tiers des voix au scrutin du 9 mai 2017 (24,0 % pour Hong Joon-pyo, 6,8 % pour le conservateur Yoo Seung-min opposé à Parkk Geun-hye et 0,1 % pour l'ultraconservateur Cho Won-jin).

Car le score relativement modeste de la principale candidate de gauche à ce scrutin, Sim Sang-jung (6,2 %, néanmoins le meilleur score d'un candidat de gauche jamais obtenu à une élection présidentielle en Corée du Sud), ne doit pas être interprété comme un blanc-seing aux ambiguïtés de Moon Jae-in sur le déploiement du système de missiles américain THAAD en Corée du Sud, ou encore les droits des minorités sexuelles : les millions de manifestants qui ont chassé du pouvoir le régime autoritaire et corrompu de Mme Park Geun-hye ont d'abord voté "utile" pour stopper la course où les conservateurs entraînaient la Corée du Sud, vers la guerre et la dictature.

Comme toujours en Corée du Sud, les "petits" candidats à l'élection présidentielle n'ont bénéficié de presque aucune couverture médiatique et leurs scores s'avèrent confidentiels (moins de 0,5 % au total pour 8 candidats) : dans l'ordre, Cho Won-jin (0,13 %) devance Kim Min-chan (0,10 %), Kim Sun-dong (0,08 %), Chang Sung-min (0,06 %), Yoo Hong-sik (0,05 %), Lee Kyung-hee (0,03 %), Lee Jae-oh (0,02 %) et Oh Young-guk (0,01 %).

Alors que les Etats-Unis de Donald Trump menacent d'attaques américaines qui conduiraient à la guerre avec la Corée du Nord, Moon Jae-in a une responsabilité historique pour modérer son allié américain, et aussi renouer les fils du dialogue intercoréen, comme il s'y est engagé pendant sa campagne. Ne disposant pas d'une majorité parlementaire, il aura aussi la lourde tâche d'améliorer les libertés publiques en Corée du Sud, libérer les prisonniers politiques (y compris les objecteurs de conscience), mettre fin à la répression antisyndicale, abroger la loi de sécurité nationale. Enfin, il devra répondre aux aspirations d'une société légitimement inquiète par le ralentissement économique, la montée des inégalités sociales et le coût très élevé pour les familles d'un système éducatif trop compétitif qui pousse trop de jeunes au suicide. La tâche est immense : pour relever ses défis, l'Association d'amitié franco-coréenne souhaite plein succès à Moon Jae-in, qu'elle félicite pour son élection.

Article mis à jour le 12 mai 2017

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6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 14:28

Quinze candidats s'affrontent à l'élection présidentielle du 9 mai 2017 en République de Corée (Corée du Sud) : à quelques jours du scrutin, le démocrate Moon Jae-in a conforté sa position de favori (plus de 40 % des intentions de vote), tandis que le centriste Ahn-Cheol-soo  a été rejoint dans les intentions de vote par le très conservateur Hong Joon-pyo (autour de 20 % des intentions de vote chacun), devant la candidate (social-démocrate) Sim Sang-Jung (8 %) et le conservateur (anti-Park Geun-hye) Yoo Seung-min (5 %) - à l'issue d'une campagne marquée par les questions de relations internationales dans un contexte de tensions diplomatiques et diplomatiques, et où les sujets de société ont soulevé plus d'intérêt que d'ordinaire. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a commencé leur présentation par celle des cinq candidats enregistrés sous les numéros 1 à 5 - l'ordre d'enregistrement dépendant du nombre de parlementaires membres du parti dont le candidat est le représentant, puis suivant un tirage au sort pour les candidats indépendants ou appartenant à un parti non représenté au Parlement. Nous avons poursuivi la présentation avec celle des candidats enregistrés sous les numéros 6 à 10, et la terminons avec celle des candidats enregistrés sous les numéros 12, 14 et 15 dans un nouvel article signé de Benoît Aries que nous tenons à remercier. Le candidat n° 11 s'est retiré : Nam Jae-jun, du Parti patriotique coréen, est un ancien chef d'état major et ancien directeur des renseignements sud-coréen ; ce conservateur s'est désisté pour Hong Joon-pyo, confirmant ainsi la grande proximité politique entre les services de renseignement et les conservateurs au pouvoir, les premiers ayant été le bras armé des seconds pour manipuler les élections, éliminer les opposants politiques et faire basculer la République de Corée sur une voie autoritaire. Par ailleurs, le candidat n° 13 ne sera pas non plus en lice : haut fonctionnaire aux Nations unies, Kim Jung-son, candidat de l'Union pour le future de la péninsule coréenne, n'a pas réussi à réunir la caution de 300.000.000 de wons que doit verser tout candidat.
 

Candidat numéro 12 : Lee Kyung-hee – Parti du peuple coréen (Source)

 

Lee Kyung-hee est le candidat à l’élection présidentielle du Parti du peuple coréen. Il est né le 20 janvier 1974 dans le district de Danyang de la province du Chungcheong du Nord. Cet homme politique est généralement considéré comme étant au centre-gauche de l’échiquier politique sud-coréen, tout en étant fortement nationaliste.

 

Diplômé en droit de l’Université Hankuk des études étrangères, il a dans un premier temps embrassé une carrière dans les affaires avant de s’essayer à la politique. Il possède plusieurs bâtiments qu’il a baptisés « Immeubles Présidentiels pour la Réunification Nationale » reflétant son désir de voir la Corée réunifiée ; il a par ailleurs acquis le surnom de « Unification Man » tant cette problématique est récurrente dans la campagne qu’il mène actuellement pour l’élection présidentielle.

 

Sa carrière politique a véritablement débuté en 2002 quand il s’est présenté à la mairie de Séoul en tant que candidat indépendant. Cette candidature fut cependant un échec, puisqu'il recueillit à cette occasion moins de 1 % des suffrages. Il présenta de nouveau sa candidature en 2004, cette fois aux élections législatives, pour devenir député de l’arrondissement de Dongdaemun à Séoul mais il obtint un score similaire à celui qu’il avait reçu aux élections locales de 2002.

 

Son programme concernant l’élection présidentielle de 2017 se focalise sur la lutte contre les injustices, un assainissement de la vie politique et économique du pays ainsi que la mise en place de relations apaisées avec le Nord devant déboucher sur l’unification du pays.

 

En matière de politique intérieure, il propose une série de mesures destinées à augmenter les possibilités de contrôle sur les élus ainsi qu’une séparation plus stricte du pouvoir politique et du pouvoir judiciaire. Il souhaite la mise en place d’un régime parlementaire et décentralisé grâce à un abaissement des pouvoirs de l’exécutif. Nous pouvons citer les propositions suivantes :

 

  • Réduction des prérogatives du Président de la République et du Premier ministre qui ne s’occuperont désormais que de la diplomatie et des relations intercoréennes ;

  • Limitation des privilèges des membres de l’Assemblée nationale ;

  • Décentraliser davantage le pays ;

  • Suppression du Bureau Suprême du Procureur ;

  • Achever la construction de la nouvelle capitale, Sejong, et y transférer le palais présidentiel, l’Assemblée nationale, la Cour suprême et la Cour constitutionnelle.

 

Ces mesures destinées à éviter de reproduire les scandales récurrents dans la vie politique sud-coréenne iraient de pair avec une moralisation de la vie économique du pays. Il s’attaque particulièrement aux conglomérats, demandant un durcissement des sanctions à leur encontre en cas de fraudes ou de malversations. A l’inverse, il se présente comme le candidat des PME et propose ainsi la mise en place d’une loi particulière les concernant afin de faciliter leurs activités.

 

Comme beaucoup de candidats, il demande une réforme de l’éducation nationale. Il souhaite que l’enseignement dans le secondaire devienne entièrement gratuit et qu’il soit davantage porté sur l’international. Son programme propose de réduire la part des dépenses des ménages dans les cours de soutien privés en les remplaçant par des activités extra-scolaires sportives ou artistiques qui seraient selon lui davantage profitables aux élèves.

 

Sa politique concernant la Corée du Nord semble être sans ambiguïté. La réunification du pays aurait selon lui d’innombrables avantages économiques et sociaux. Il avance ainsi qu’une grande partie des problèmes que connaît la Corée du Sud actuellement trouveraient une solution grâce à l’unification. Pour y parvenir, il propose la mise en place de certains projets hautement symboliques tels que la remise en service du complexe industriel de Kaesong mais également la création de « villes de l’unification » à Kaesong, Wonsan, Sinuiju, Paju, etc. Il souhaite résoudre les tensions liées au programme nucléaire nord-coréen par la discussion et non par les sanctions. Il propose outre la tenue d’un nouveau sommet intercoréen, la création d’une Fondation Stratégique pour la Recherche sur l’Unification qui serait l’organisme encadrant la mise en place des accords Nord-Sud.

Enfin, il désire que la Corée du Sud récupère sa souveraineté concernant sa défense en temps de guerre qui est détenue encore aujourd’hui par les Etats-Unis

Candidat numéro 14 : Yoon Hong-sik – Parti Hongik (source)

 

Yoon Hong-sik est le candidat du parti Hongik à l’élection présidentielle. Il est né le 2 février 1974 à Gwangju. Son programme semble être d’inspiration progressiste, et il propose un changement dans la façon de faire de la politique en Corée du Sud.

 

Philosophe de formation, Yoon Hong-sik a également étudié l’histoire à l’université Yonsei de Séoul. Après avoir été diplômé, il a fondé l’académie Hongik qui s’est donné pour mission « de donner une nouvelle morale à l’humanité et de clarifier la conscience qu’elle a d’elle-même ».

 

Au travers de cette organisation, il a tenu un grand nombre de conférences dédiés à la connaissance de soi, se servant souvent de la musique pour y parvenir. Il a été invité par des grandes entreprises et administrations sud-coréennes pour donner des formations sur l’éthique et le leadership au travers d’œuvres littéraires orientales classiques.

 

Yoon Hong-sik est l’auteur d’une douzaine d’essais sur des sujets tels que le confucianisme, le bouddhisme, le taoïsme et la philosophie traditionnelle coréenne (Dahn Hak). Ses conférences sont également disponibles en DVD, uniquement en coréen.

 

Il a été élu président du parti Hongik en mars 2017, ce dernier représentant l’aile politique de son organisation éponyme. Ce mot signifie en coréen le bien du peuple mais également l’humanisme.

 

Son programme politique souhaite redonner le pouvoir au peuple et mettre un terme aux abus du passé. Il demande que la politique s’attaque aux racines des problèmes au lieu de se préoccuper uniquement de leur aspect superficiel et à court terme. Pour cela, des experts seront mandatés et les décisions prises devront refléter leur opinion autant que possible et le peuple devra être tenu informé de l’avancement des travaux. Cette proposition fait implicitement référence à l’un des principaux reproches formulés contre l’ancienne présidente Park Geun-hye qui en effet ne consultait quasiment personne et semblait prendre ses décisions de manière unilatérale. On apprit par la suite la place prépondérante de sa conseillère de l’ombre Choi Soon-sil, ce qui fut à l’origine du scandale qui mena à sa destitution.

 

Selon lui, la confiance que porte le peuple sud-coréen dans la classe politique a été grandement endommagée par la succession d’affaires dont ceux qui détiennent le pouvoir ont été l’objet. Il appelle de ses vœux la mise en place d’un Etat consciencieux et vertueux. Les comportements honnêtes profitant au bien-être de la population devront être encouragés tandis que les actes immoraux seront sévèrement punis. Il propose dans ce but la mise en place d’un centre d’appel où chacun pourra dénoncer les malversations dont il aura été témoin ou victime.

 

Yoon Hong-sik demande un changement dans la politique énergétique et environnementale du pays. Il désire arrêter la construction de centrales nucléaires pour se focaliser sur la mise en place de sources d’énergies renouvelables pour que ces dernières représentent à terme l’intégralité de l’électricité produite en Corée du Sud. Il propose de lutter activement contre les particules fines qui sont responsables d’une grande partie de la pollution dans le pays en limitant les rejets des usines et en facilitant l’acquisition de voitures électriques.

 

Le candidat désire une remise à plat des relations diplomatiques que le pays entretient avec ses voisins. Il souhaite punir ceux qui nieraient l’existence des "femmes de réconfort" durant la Deuxième guerre mondiale dans l’armée impériale japonaise et plus généralement se montrer plus sévère envers ceux qui auraient des activités contraires aux intérêts fondamentaux de la nation. Cela irait de pair avec un accroissement de la coopération avec les pays émergents d’Asie du Sud-Est tels que l’Inde, le Vietnam ou l’Indonésie.

 

Concernant la Corée du Nord, Yoon Hong-sik souhaite que la philosophie qu’il a mise en place au sein de sa fondation soit appliquée dans le processus de réunification. Cela constituera selon lui « la nouvelle vague coréenne ». Il déclare ainsi : « Sous la bannière de l’idéologie humaniste de Hongik, le Nord et le Sud coopéreront pacifiquement et établiront une politique d’unification qui fera devenir le pays une puissance culturelle, économique et militaire. »

Candidat numéro 15 : Kim Min-chan – indépendant (source)

 

Kim Min-chan est un candidat indépendant à l’élection présidentielle. Il est né le 2 février 1958 à Séoul. Son programme politique se fonde sur une proposition audacieuse : la création d’une ville artistique et culturelle mondiale au sein de la frontière entre les deux Corée, aussi connue sous le nom de DMZ.

 

Avant d’entamer sa carrière politique, Kim s’est occupé de la promotion d’artistes en Corée du Sud. En décembre 2006, il a fondé et préside encore aujourd’hui le World Masters Committee qui se définit comme une « ONG internationale pour les échanges culturels mondiaux ». Il a reçu un master en psychologie à l’université de Templeton aux Etats-Unis en 2017 et poursuit ses études dans le domaine vers l'obtention d'un doctorat.

 

Il se présente en se distinguant de la majorité des candidats à l’élection présidentielle qu’il considère comme des « professionnels de la politique ».

 

Le slogan de sa campagne est : Une Nouvelle Ere, Une nouvelle Nation, Une nouvelle Personne. Il définit une Nouvelle Ere par l’âge de l’interconnexion mondiale et la globalisation des échanges culturels, une Nouvelle Nation se réfère au rôle central que le peuple coréen devrait jouer dans ces nouvelles relations et une Nouvelle Personne représente le Coréen qui guidera le pays vers une position dominante parmi les grandes nations du monde.

 

Pour la création de cette nouvelle nation qu’il appelle de ses vœux, Kim Min-chan indique quatre priorités :

  • Etablir une sécurité nationale fondamentale ;

  • Mettre en place des réformes politiques importantes ;

  • Entretenir des relations diplomatiques bénéfiques à la nation ;

  • Préparer la réunification du pays pour les Coréens, par les Coréens.

Concernant la première priorité, le candidat explique que la République de Corée se doit d’assurer la sécurité fondamentale du pays face à la menace des armes nucléaires du Nord.

 

Pour réussir la mise en place des réformes qu’il propose en deuxième point, il souhaite d’abord diagnostiquer avec précision les raisons qui sont à l’origine des différents échecs politiques que la nation a connus dans son histoire. Il explique que selon lui le problème n’est pas un problème de manque d’idées mais davantage un manque de volonté de vouloir les appliquer.

 

Pour appliquer son troisième principe, entretenir des relations diplomatiques bénéfiques à la nation, il indique qu’il est primordial de créer des relations avec les pays étrangers qui soient fondées sur la compréhension et le respect. Il avance que son expérience dans ce qu’il appelle « la diplomatie culturelle » lui sera d’une grande aide pour réussir cette tâche.

 

Le dernier point concerne la réunification du pays, il soutient que celle-ci doit se passer dans des termes choisis par les Coréens. À cette fin, il propose la construction d’une ville artistique et culturelle mondiale. En bâtissant cette dernière comme un sanctuaire dédié à l’art et à la culture, il n’y aura plus de place pour la division et la rancune, et  il poursuit en arguant que la Corée pourra enfin soigner les cicatrices de son histoire douloureuse et émerger comme un symbole de paix et d'harmonie dans le monde. En outre, cette ville servira de point de départ pour une unification dirigée par les Coréens et leurs intérêts, permettant de réduire le manque de compréhension mutuel entre le Sud et le Nord.

 

Kim Min-chan résume son programme en avançant qu’il croit en « la puissante valeur symbolique de la liberté et de la paix pour surmonter les divisions entre les cultures ».

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1 mai 2017 1 01 /05 /mai /2017 14:12

La société coréenne traditionnelle, empreinte de confucianisme, est conservatrice sur les questions de société, tendant ainsi souvent à considérer que l'homosexualité n'existerait pas en Corée du Sud. Dans les faits, des mentions de l'homosexualité figurent bien dans le droit sud-coréen pour établir des règles répressives, ainsi dans le code pénal militaire, une chasse à l'homme étant en cours sur cette base dans l'armée, au mépris des engagements internationaux de la République de Corée en matière de droits de l'homme. Dans la période récente, l'émergence de mouvements religieux homophobes militants a favorisé un climat d'intolérance, y compris dans les rangs des progressistes qui militaient naguère pour la démocratie et les libertés publiques au Sud de la péninsule coréenne. Alors que le scrutin du 9 mai 2017 désignera un nouveau chef de l’État en Corée du Sud, les militants LGBT ont décidé de renforcer leurs actions en interpellant les candidats – comme en rend compte un article du quotidien progressiste Hankyoreh, publié le 24 avril 2017, intitulé « Les candidats à la présidentielle évasifs sur la question des droits LGBT », et dont nous publions ci-après une traduction de l'anglais.

Des membres de « Solidarité universitaire pour les minorités sexuelles », qui fédère 108 groupes d'étudiants, a tenu une conférence de presse le 20 avril place Gwanghwamun au centre de Séoul, avec comme mot d'ordre « Notre génération est différente », en appelant à l'adoption d'une législation anti-discriminations (photographie : Kim Kyung-ho)

Des membres de « Solidarité universitaire pour les minorités sexuelles », qui fédère 108 groupes d'étudiants, a tenu une conférence de presse le 20 avril place Gwanghwamun au centre de Séoul, avec comme mot d'ordre « Notre génération est différente », en appelant à l'adoption d'une législation anti-discriminations (photographie : Kim Kyung-ho)

Apparemment désireux de ne pas s'aliéner les chrétiens conservateurs, les candidats ne s'engagent pas sur une législation anti-discriminations.

« Je rêve d'un jour où nous pourrons nous aimer et qu'on ne nous crée pas d'histoires. Mais la réalité aujourd'hui est que nous sommes arrêtés parce que nous nous aimons. »

Ces vers du poème de Hwang In-chan Une forêt de figuiers ont été cités sur une affiche diffusée le 20 avril sur le campus de l'Université Sogang. « Arrêtez-moi aussi », a écrit un étudiant qui s'est défini comme un homme gay n'ayant pas effectué son service militaire obligatoire. D'autres affiches ont été diffusées dans l'école par des étudiants se revendiquant de « Gay KATUSA » et des « Réservistes gay. Cette campagne est menée pour protester contre l'arrestation d'un capitaine gay pour avoir violé l'article 92-6 du Code pénal militaire en ayant commis des actes homosexuels.

Parmi les voix qui regrettent la « criminalisation de l'amour », d'aucuns accusent également certains des principaux candidats à l'élection présidentielle de se taire sur les droits des personnes LGBT tout en se définissant eux-mêmes comme défendant les « droits de l'homme » ou comme « féministes ». Les observateurs relèvent que même si les démonstrations aux bougies ont fait des droits des personnes LGBT un sujet plus important que lors des précédentes élections présidentielles, les favoris sont trop préoccupés d'apaiser les conservateurs chrétiens homophobes pour se prononcer.

Les groupes LGBT sont beaucoup plus impliqués dans cette élection qu'ils ne l'ont jamais été auparavant. Le 15 avril, le groupe pour les droits des gays Chingu Sai a organisé le premier « sommet gay » de l'histoire de la Corée, en ayant réuni environ 100 dirigeants de la communauté gay qui ont publié une liste des « demandes de la communauté gay pour l'élection présidentielle de 2017 ». Les dirigeants ont fixé au 1er mai la réponse des candidats à leurs demandes, lesquelles comprennent l'adoption d'une législation anti-discriminations, la légalisation du mariage pour les personnes de même sexe, des garanties quant à l'établissement des différents types de famille et l'abolition de l'article 92-6 du Code pénal militaire. Une liste de 10 tâches politiques pour l'égalité des droits des personnes LGBT avait été annoncée en mars par Rainbow Action, un groupe qui s'oppose aux discriminations contre les personnes LGBT. Des demandes spécifiques portent sur l'adoption d'une législation spécifique facilitant la chirurgie pour un changement de sexe et une interdiction de louer les bâtiments publics à des personnes affirmant que les personnes LGBT doivent être « soignées ».

Les positions de candidats sur les droits LGBT peuvent se ramener à la question de savoir s'ils envisagent d'adopter une législation anti-discriminations, qui comprendrait des mesures interdisant les discriminations contre une personne sur la base de son identité ou de son orientation sexuelle. Le 20 avril, la section sud-coréenne d'Amnesty International a publié des réponses à huit questions relatives aux droits de l'homme que lui ont faites Moon Jae-in, Ahn Cheol-soo, Hong Joon-pyo, Sim Sang-jung et Yoo Seong-min. Parmi les cinq candidates, seule Sim Sang-jung du Parti de la justice, marqué à gauche, a fait part de son intention de « mettre en œuvre » une législation anti-discriminations. Le candidat du Parti de la liberté de la Corée (conservateur) Hong a dit qu'il ne « pourrait pas » la mettre en œuvre, tandis que les autres trois candidats ont évité de donné une réponse claire.

Moon, candidat du Parti Minjoo de la Corée (libéral), et Ahn, candidat modéré du Parti du peuple (modéré), qui se classent respectivement premier et deuxième dans les intentions de vote, ont fait part de leur opposition aux discriminations mais ont souligné la nécessité d'un consensus au sein de la société. Yoo, candidat du Parti Bareun (conservateur), n'a pas répondu.

Une affiche à l'Université Sogang de Séoul, où l'on peut lire « Arrêtez-moi aussi » (source : Twitter)

Une affiche à l'Université Sogang de Séoul, où l'on peut lire « Arrêtez-moi aussi » (source : Twitter)

Le 20 mars, des représentants des candidats Moon, Hong, Ahn et Yoo ont tous affirmé leur opposition à l'établissement d'une législation anti-discriminations alors qu'ils assistaient à la Présentation de la politique du public chrétien pour la 19e élection présidentielle, organisée par la Sainte Conférence pour l’Évangélisation des 80 millions de Coréens et la Conférence politique du public chrétien. Dans un entretien récent sur YTN, Hong a fait des déclarations homophobes sur les droits LGBT, en disant qu'il « détestait ces trucs ». Parmi les candidats en lice pour le scrutin, seulement deux – Sin et Kim Seon-dong, candidat du parti de l'Unité populaire – ont fait figurer les droits des personnes LGBT dans leurs engagements, y compris l'adoption d'une législation anti-discriminations et l'abolition de l'article 92-6.

Les observateurs disent que les réticences et les évitements des candidats sur les droits des personnes LGBT montrent leur incapacité à prendre en compte les évolutions de la situation en Corée du Sud. Dans les universités, les positions anti-LGBT ont suffisamment reflué pour que plusieurs étudiants ayant fait leur coming out deviennent présidents des conseils étudiants, depuis que la lesbienne Kim Bo-mi a été élue à ce poste à l'Université de Séoul en 2015 – et pourtant, les critiques pointent l'incapacité des candidats à avoir activement pris en compte cette évolution. Les mêmes voix critiques ont aussi incité les candidats à ne pas se dérober à leur devoir de protéger les droits des personnes LGBT au profit d'efforts à courte vue pour gagner des voix, mais à s'affirmer comme des hommes et des femmes politiques qui n'ont pas être gênés devant l'histoire.

« Les partis établis parlent tous de 'réforme' et de 'mettre fin aux crimes du passé', mais ils ne disent jamais un mot sur une législation anti-discriminations ou sur les questions LGBT », a déclaré Na Ra, secrétaire général de Solidarité pour les droits de l'homme des personnes LGBT en Corée.

« Cela montre avec évidence leur approche des droits de l'homme. »

Par Park Su-ji, journaliste.

Merci d'envoyer directement vos questions ou vos commentaires à [english@hani.co.kr] (NdT : écrire en anglais)

Source :

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29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 18:00

Quinze candidats s'affrontent à l'élection présidentielle du 9 mai 2017 en République de Corée (Corée du Sud). L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a commencé leur présentation par celle des cinq candidats enregistrés sous les numéros 1 à 5 - l'ordre d'enregistrement dépendant du nombre de parlementaires membres du parti dont le candidat est le représentant, puis suivant un tirage au sort pour les candidats indépendants ou appartenant à un parti non représenté au Parlement. Nous poursuivons la présentation avec celle des candidats enregistrés sous les numéros 6 à 10, dans un article signé de Benoît Aries que nous remercions pour ces travaux inédits dans une langue européenne.

Candidat numéro 6 : Cho Won-jin – Parti Saenuri (source)

Cho Won-jin est le candidat à l’élection présidentielle du parti Saenuri, né le 7 janvier 1959 à Daegu.


Il est considéré et se définit lui-même comme conservateur.

Fidèle parmi les fidèles de l’ancienne présidente destituée Park Geun-hye, il a choisi le 8 avril 2017 de quitter le parti conservateur « Parti de la Liberté de Corée », nouveau nom du parti Saenuri pour créer un nouveau parti appelé de façon éponyme Saenuri.

Ce natif de Daegu a étudié les sciences politiques à l’Université Hangook des Etudes Etrangères avant d’être diplômé en administration en second cycle.

Devenu assistant parlementaire en 1996, il a poursuivi sa carrière politique jusqu’à aujourd’hui au service des conservateurs.

Il a été élu vice-président du district de Balseo à Daegu et a fait partie du bureau national de l’ancien parti Saenuri, maintenant Parti de la Liberté de Corée.

Cho Won-jin s’est retrouvé sur le devant de la scène après que le scandale de corruption dont fut l’objet la présidente Park Geun-hye a éclaté, les plus proches collaborateurs de cette dernière s’étant parfois retirés de leur plein gré, ayant parfois été écartés suite à une mise en examen.

Pendant la tempête qui a fait rage suite aux révélations des malversations de l’ancienne présidente, il apparut comme l’un des derniers fidèles. Il participait aux réunions quotidiennes tenues au palais présidentiel en vue d’assurer la défense de Park Geun-hye face aux accusations, cette dernière n’étant cependant jamais présente, leur utilité s’en trouvait évidemment limitée.

Le 26 janvier 2017, il fut l’un des rares hommes politiques présent à la manifestation organisée en soutien à la présidente, alors sous la menace d’une procédure de destitution.

Considérant comme des traîtres les membres de sa famille politique se désolidarisant de Mme Park, il annonça le 8 avril 2017 lors d’une manifestation dans sa ville natale de Daegu son intention de créer un nouveau parti reprenant l’appellation Saenuri et de se présenter à l’élection présidentielle.

Cette annonce fut accueillie avec un certain scepticisme par l’électorat. Connu pour ses tendances très à droite, le journal News Town a également dénigré sa candidature, l’accusant de fractionner le vote conservateur, déjà au plus bas dans les sondages.

Son positionnement est selon les analystes coréens encore plus à droite que celui du parti de la Liberté de Corée.

Il a ainsi déclaré lors d’une conférence de presse : « Je réformerai le pays en me basant sur les vraies valeurs conservatrices, je punirai ceux qui sont à l’origine de la destitution [de Park] et ferai tout pour obtenir sa libération ».

En parlant de ses rivaux conservateurs : « Les candidatures de Hong Joon-pyo et de Yoo Seong-min n’ont aucune chance contre moi. Moon Jae-in, celui qui a mené la campagne pour la destitution est mon seul et unique rival ».

Son programme qu’il a intitulé « Projet pour la Rénovation Nationale » se résume officiellement en six points :

  • Une nation éthique et juste
  • Un pays pacifique mais fortement armé
  • Favoriser l’économie de marché
  • Décentraliser le pouvoir
  • Une éducation moins soumise au secteur privé
  • Un pays industrialisé et heureux

Parmi les mesures concernant ce qu’il appelle l’éthique du pays, il propose de pénaliser l’homosexualité et de renforcer « l’éducation morale ».

Il demande la tenue d’un référendum dans le cas d’une procédure de destitution et que celui-ci ait lieu pour l’ancienne présidente Park Geun-hye. Il désire également que son honneur soit lavé et qu’elle soit immédiatement libérée.

Concernant la défense du pays, il propose d’augmenter le budget qui y est consacré à hauteur de 50.000 milliards de wons soit plus de 40 milliards d’euros au taux de change actuel. Il souhaite maintenir les liens militaires actuels entre la République de Corée et les Etats-Unis.

A propos de la dissuasion nucléaire, il dit vouloir continuer à s’abriter sous le parapluie atomique américain mais assure qu’il dotera le pays de son propre arsenal si le besoin s’en fait sentir.

Conformément à la doctrine des conservateurs, il demande une stricte réciprocité dans les échanges que le pays tient avec le Nord.

Il propose enfin de développer les rapports stratégiques que la République de Corée entretient avec la Chine et la Russie.

Candidat numéro 7 : Oh Young-guk – Parti de l’Economie Patriote (source)

Oh Young-guk est le candidat à l’élection présidentielle du Parti de l’Economie Patriote, il est né le 21 août 1957 sur l’île de Jeju.

Candidat inclassable aux déclarations parfois farfelues, il n’est pas sans rappeler un certain Huh Kyung-young qui s’était présenté à l’élection présidentielle de 2007, lui aussi célèbre pour certaines de ses phrases.

Il est le président-fondateur de Haha Group, une société fabricant des équipements médicaux. Il serait également vice-président d’une « Fondation MacArthur pour la Paix ».

Il est à l’origine en 1998 du Projet pour l’Allongement de la Vie qui souhaite, comme son nom l’indique, augmenter l’espérance de vie de l’être humain.

Son entreprise a dans ce but breveté un appareil de nettoyage intestinal utilisable à domicile qui serait selon lui bénéfique pour vivre plus longuement en bonne santé ; sa société a gagné différents prix en Corée pour le caractère prometteur et innovateur de son activité.

Oh Young-guk a été le dernier à déclarer sa candidature, et celle-ci a été considéré comme une surprise par les observateurs de la vie politique coréenne.

Il aurait vu un signe du ciel dans le fait qu’elle soit marquée par le chiffre 7, il est né en 1957, l’élection a lieu en 2017 et son numéro de candidat est le 7.

Son programme se résume officiellement en cinq points :

  • Donner la priorité à l’économie nationale
  • Ne faire que ce qui est dans l’intérêt de la Nation
  • Ne plus avoir de politiciens au pouvoir mais des managers
  • Faire de la Corée le plus grand pays au monde
  • Déplacer le palais présidentiel

Il a déclaré concernant son projet : « Je souhaite faire de la Corée une grande puissance économique, un pays heureux, un village global où chacun puisse vivre en harmonie ».

Oh Young-guk possède une vision particulière de l’économie, il souhaite ainsi que le président de la Banque mondiale devienne le ministre de l’Economie mondiale et augmente de ce fait ses prérogatives. Ambitieux, son programme économique comporte également la création d’une Banque en ligne universelle.

Au niveau national, il souhaite redonner l’accès au crédit aux quelques 700.000 personnes qui en sont actuellement privées et limiter les taux d’intérêt des emprunts à un maximum de 3%. Cette proposition irait de pair avec la fermeture des établissements d’usure qui semblent prospérer en Corée du Sud.

Il désire rendre gratuit les frais d’inscription à l’université et réduire la part du privé dans l’enseignement.

L’île de Jeju d’où il est originaire occupe une place importante dans sa plateforme. Il souhaite en effet y développer davantage le tourisme en construisant un pont qui la relierait au continent, jusqu’à la ville de Mokpo dans la province du Jeolla du Sud plus précisément. Il déclare également vouloir attirer les voyageurs grâce à la création de casinos et établir des complexes hôteliers de luxe pour que l’île devienne « La Mecque du tourisme mondial ».

Dans le domaine de la justice, Oh Young-guk désire réexaminer la peine de la totalité des détenus. Il se dit favorable à une amnistie générale à l’exception des peines concernant les crimes les plus graves. Cette procédure serait alors entre les mains d’un comité opérant sous le contrôle de la présidence de la République.

Il propose la tenue d’une conférence internationale pour la paix qui se tiendrait à la frontière entre les deux Corée, que l’on appelle couramment DMZ.

Il dit avoir pour objectif la paix pour la péninsule coréenne ainsi que pour l’ensemble de l’humanité et désire la réunification de son pays « par la voie pacifique, pour des raisons pacifiques ». Il donne les arguments suivants pour cette solution : baisse des tensions dans la région, suppression des armes nucléaires, revitalisation économique et crédibilité sur la scène internationale.

Candidat numéro 8 : Chang Sung-min – Grand Parti National pour l’Unité (source)

Chang Sung-min est le candidat à l’élection présidentielle du Grand Parti National pour l’Unité, il est né le 5 septembre 1963 dans le district de Goheung, dans la province du Jeolla du Sud.


Il est considéré comme étant progressiste, son programme de politique intérieure proposant une façon novatrice de faire de la politique dans un pays encore souvent conservateur.

Diplômé de l’université Sogang à Séoul en sciences politiques en 1992, il a véritablement commencé sa carrière politique avec Kim Dae-jung, soutenant celui qui deviendra président de la République en 1997.

Aujourd’hui, il se présente comme son héritier, reprenant un bon nombre d’éléments de langage et de mesures jadis employées par celui qui fut le premier chef d’état Sud-Coréen à aller à Pyongyang.

Il a acquis une certaine notoriété en participant à une émission de télévision consacrée à la politique sur TV Joseon.

Le slogan de sa campagne est « La politique uniquement au service du peuple ».

Selon lui, « les fondements de la crise que le pays vient de connaître [la destitution de Park] et qui provoquent chaos et divisions sont nos politiques vieilles et gangrénées de l’intérieur ». Il propose de combattre d’une façon bien plus active la corruption.

Il souhaite ainsi augmenter le contrôle que les citoyens peuvent avoir sur les parlementaires au travers de 7 mesures qu’il décrit ainsi :

  • Introduction d’un système permettant de révoquer le mandat des parlementaires
  • Mise en place une période d’essai pour les évaluer
  • Réduction de leur nombre
  • Abolir les privilèges dont ils disposent et réduire le budget de l’assemblée
  • Renforcer leur morale et leur transparence
  • Se débarrasser de la corruption et des vices de la politique du passé
  • Réformer les partis et affermir la démocratie

Il est partisan d’une politique économique volontariste pour achever ce qu’il appelle la « 4ème Révolution Industrielle » qui sera le moteur de la croissance économique à venir. Ce concept désigne la mise en place d’une nouvelle philosophie industrielle s’appuyant sur les technologies numériques pour changer en profondeur la façon dont les objets sont produits.

Le processus de fabrication devra être propre et économe en énergie.

Il souhaite pour mettre cela en place restructurer l’économie du pays au travers d’une « dérégulation innovante » touchant également le secteur tertiaire.

Il appelle à la mise en place de trois grandes révolutions pour la « reconstruction nationale » :

  • Promouvoir une révolution des mentalités, particulièrement pour ceux ayant vécu durant la Guerre froide
  • Changer les lois anachroniques et le cadre institutionnel désuet
  • Développer une nouvelle politique géostratégique permettant de profiter de la Chine, plus grand marché au monde

Concernant la Corée du Nord, Chang Sung-min désire que Pyongyang démantèle son arsenal nucléaire, il préconise la négociation et non la menace pour y arriver, proposant une coopération économique étroite en échange de la dénucléarisation du Nord.

En attendant, il demande aux Etats-Unis de mettre de nouveau en place des armes atomiques au sud de la péninsule pour équilibrer le rapport de forces, et il est partisan du recours au système antibalistique américain THAAD.

Si cela n’était pas suffisant pour assurer la sécurité du pays, il souhaite que la Corée du Sud devienne à son tour une puissance nucléaire.

Candidat numéro 9 : Lee Jae-oh – Nouveau Parti 2018 (source)

Lee Jae-oh est le candidat à l’élection présidentielle du Nouveau Parti 2018, il est né le 11 janvier 1945 dans la ville de Donghae, de la province de Gangwon.

Ancien cadre du parti conservateur au pouvoir, son programme apparaît cependant comme un mélange entre progressisme social et libéralisme économique proposant certaines mesures apparaissant comme inhabituelles dans un pays tel que la Corée du Sud.

Il fut professeur dans le secondaire de 1971 à 1996 et a été impliqué en parallèle dans des organisations qui se sont opposées aux régimes autoritaires sud-coréens et ont œuvré pour la démocratie.

En 1979, Lee est devenu directeur d'Amnesty International pour la Corée du Sud.

La carrière politique de Lee a véritablement commencé en 1996, lorsqu'il a été élu à l’Assemblée nationale. En 1998, il est devenu vice-président du Grand parti national (GPN), parti conservateur, qui a changé plusieurs fois de nom, devenant le parti Saenuri pour finalement s’appeler le Parti de la Liberté de Corée, principale force de droite à cette élection.

Il a été réélu député en 2000.

En 2002, il a dirigé avec succès la campagne de réélection de Lee Myung-bak à la mairie de Séoul (ce dernier deviendra par la suite président de la République en 2007) et a siégé au conseil municipal.

Il a également été membre d’un groupe de travail du GPN pour les élections présidentielles de 2002. En 2004, il a été réélu à la chambre des députés.

De 2006 à 2007, Lee a été membre du Conseil suprême du GPN.

Lee Jae-oh désire réduire la durée du mandat présidentiel de 5 à 4 ans et diminuer ses prérogatives par la même occasion. Ce dernier gardera son autorité dans trois grands domaines : la diplomatie, la défense et les relations intercoréennes.

Selon cette nouvelle constitution, le Premier ministre, qui sera désormais investi par le Parlement, bénéficiera d’un transfert de compétences qui appartenaient précédemment au président. Cette dispersion du pouvoir permettra selon lui de décentraliser la nation et de faire diminuer la corruption.

Dans cette optique, Il accorde également une grande importance au découpage administratif du territoire, souhaitant réorganiser le pays en une cinquantaine de villes métropolitaines dotées d’une grande autonomie, chacune d’entre elles rassemblant une population d’un million d’habitants (la Corée du Sud comptant environ 50 millions d’habitants).

Cela irait de pair avec la réduction du nombre de parlementaire qu’il voudrait ramener à 200.

Ces économies sur les frais de fonctionnement de l’Etat permettraient selon lui de financer la gratuité des frais de santé et d’éducation pour les ménages dans un pays où la part du privé est prédominante dans ces secteurs clés, étant alors un grand facteur d’inégalités au sein de la population.

Ces mesures traditionnellement associées à une politique de gauche vont néanmoins dans le programme de Lee Jae-oh de pair avec un grand libéralisme économique.

Il déclare ainsi : « Le gouvernement central se doit d’intervenir le moins possible et de transférer dès que possible aux entités locales ou privées tout ce qu’elles sont capables de prendre en charge. La gestion des secteurs de la finance, législatifs, éducatifs et sécuritaires devront être pris en charge par les provinces nouvellement créées. »

A propos de la Corée du Nord, il souhaite l’établissement d’un traité de paix entre les deux pays et la prise en compte du caractère particulier de la politique au-delà du 38e parallèle.

Partisan des pourparlers à six, il souhaite cependant que la question nucléaire soit séparée du reste des discussions concernant la paix dans la péninsule.


Il est favorable à la présence militaire américaine au Sud, nécessaire selon lui à la stabilité en Asie du Nord-Est.

Il propose la construction d’une ligne de train à grande vitesse passant par les deux pays qui permettrait ainsi de relier la Corée du Sud à l’Europe par voie ferroviaire.

Candidat numéro 10 : Kim Sun-dong (également orthographié Kim Seon-dong) – Parti du Peuple Uni, également appelé parti de l'Union populaire (source)

Kim Sun-dong est le candidat à l’élection présidentielle du Parti du Peuple Uni, il est né le 9 septembre 1967 dans le district de Goheung, province du Jeolla du Sud.

Cet homme politique se situe résolument à gauche de l’échiquier politique sud-coréen, il a par ailleurs acquis une relative notoriété grâce à certains coups d’éclat durant sa carrière de parlementaire.

Il a été élu en 2011 à l’assemblée nationale pour le Parti démocratique du travail de Corée qui deviendra peu après après le Parti progressiste unifié suite à une fusion avec d’autres forces de gauche.

Ce dernier sera finalement dissous fin 2014 suite à la demande de la présidente Park Geun-hye (ce que de nombreuses organisations comme Amnesty International ont considéré comme « un signe inquiétant pour la démocratie»).


Lors du vote concernant le traité de libre-échange avec les Etats-Unis fin 2011, il lança une bombe lacrymogène au sein de l’assemblée pour retarder son adoption.

Cet acte eut pour conséquence de le priver de son mandat, il travailla par la suite dans une usine pour gagner sa vie.

Kim Sun-dong est le candidat ayant déclaré le moins de patrimoine personnel (environ 15.000 €).

Son programme politique semble être l’un des plus progressistes parmi ceux des différents candidats à la présidence de la République.

En ce qui concerne l’économie, il propose une série de mesures afin de combattre les inégalités, mieux protéger les salariés et réduire la pauvreté.

Nous pouvons citer par exemple la hausse du salaire minimum, dans un pays où ce dernier est faible, qui atteindrait ainsi les 10.000 won sud-coréens (environ 8 euros) par heure, le démantèlement des monopoles que les conglomérats détiennent, la hausse des impôts pour les très hauts revenus, l’élimination de la spéculation immobilière et financière, etc.

La situation économique du monde rural semble le préoccuper tout particulièrement. Conformément aux combats qu’il a mené contre les traités de libre-échange, il met en avant le concept de « souveraineté agricole ». Il propose entre autres d’interdire l’importation du riz et plus globalement d’assurer un revenu décent aux personnes vivant de la terre.

Le combat pour les libertés individuelles est un autre aspect majeur de sa campagne, il désire ainsi « une société sans discriminations, l’égalité entre les hommes et les femmes et l’accès à une citoyenneté à part entière pour les minorités ».

Il souhaite des négociations pour que la Corée et le Japon règlent enfin le problème des femmes de réconfort.

Concernant l’environnement, il désire augmenter la part des énergies renouvelables et supprimer les particules fines qui sont responsables d’une grande partie de la pollution dans le pays.

Enfin, il se pose en défenseur de la vie animale et veut travailler pour créer un environnement où les cours d’eau et les rivières ne seront plus un danger pour la santé.

La réunification du pays et la remise en cause des rapports actuels avec les Etats-Unis et le Japon constituent le troisième axe de sa candidature.

Il demande l’abandon immédiat du système antibalistique américain THAAD et le retour de cet équipement aux Etats-Unis dans les plus brefs délais.

A plus long terme, il demande la dissolution de l’alliance militaire entre les deux pays et le départ des troupes américaines de Corée du Sud après que le pays aura retrouvé sa souveraineté en matière de défense.

L’accord de partage de renseignements militaires entre la Corée du Sud et le Japon actuellement en vigueur devra prendre fin dans un délai de 90 jours suivant son élection à la présidence de la République.

Il demande la diminution des dépenses militaires qui permettra selon lui de financer une meilleure protection sociale, la baisse de la durée du service obligatoire à 12 mois (elle est comprise entre 21 et 24 mois à l’heure actuelle) ainsi que l’abaissement de la période de disponibilité pour les réservistes.

Concernant la Corée du Nord à proprement parler, il propose un certain nombre de mesures hautement symboliques :

  • La remise en service du complexe industriel de Kaesong
  • La réouverture des monts Kumgang aux touristes sud-coréens
  • La tenue d’un sommet intercoréen immédiatement après l’élection présidentielle
  • La fin de la loi de sécurité nationale en Corée du Sud
  • La construction d’une « ville de l’unification » à Kaesong
  • La prospection commune du pétrole en mer Jaune.
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24 avril 2017 1 24 /04 /avril /2017 13:57

Quinze candidats s'affrontent à l'élection présidentielle du 9 mai 2017 en République de Corée (Corée du Sud). L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) commence leur présentation par celle des cinq candidats enregistrés sous les numéros 1 à 5 - l'ordre d'enregistrement dépendant du nombre de parlementaires membres du parti dont le candidat est le représentant, puis suivant un tirage au sort pour les candidats indépendants ou appartenant à un parti non représenté au Parlement. 

Moon Jae-in, candidat du Parti démocratique de Corée (également appelé Parti Minjoo, 119 sièges sur 300 à l'Assemblée nationale)

Moon Jae-in est né le 24 janvier 1953 à Geoje (près de Busan). Son père, Moon Yong-hyung, était un paysan originaire de la ville de Hamhung, au nord de la Corée - qu'il a quittée pendant la guerre de Corée. Moon Yon-hyung travaillait pour le camp de prisonniers de guerre de Geoje. Etudiant en droit à l'Université Kyung Hee de Séoul, il a organisé un mouvement de protestation des étudiants contre la Constitution Yusin - promulguée en 1972 à l'initiative du général Park Chung-hee, et ayant établi le régime le plus autoritaire qu'ait connu la Corée du Sud. Conscrit de force au sein des forces spéciales, il a ensuite réussi le concours d'avocat. En raison de son passé d'activiste étudiant, il n'a pas été autorisé à exercer les fonctions de juge. Devenu juriste, il a travaillé avec le futur président sud-coréen Roh Moo-hyun, son aîné de près de sept ans, en se spécialisant notamment dans les questions relatives aux droits de l'homme. En 1988, il a également été un fondateur du quotidien progressiste Hankyoreh. Directeur de campagne du candidat démocrate Roh Moo-hyun lors de l'élection présidentielle de 2003, il est ensuite devenu l'un des piliers du cabinet de ce dernier après son élection, et ce pendant toute la durée de son mandat (2003-2008).

Candidat des démocrates à l'élection présidentielle de 2012, il s'incline (sur le score de 48,02 %) face à la candidate conservatrice Mme Park Geun-hye (élue avec 51,55 %). Mme Park est la fille du général Park Chung-hee, dont Moon Jae-in avait subi la répression après avoir combattu le régime autoritaire.

Une des principales figures de l'opposition à Mme Park Geun-hye, dirigeant des démocrates entre 2015 et 2016, Moon Jae-in a rallié le mouvement populaire pour la destitution de Mme Park, votée le 9 décembre 2016 et validée par la Cour constitutionnelle le 10 mars 2017.

Opposé à la loi de sécurité nationale, Moon Jae-in est favorable au dialogue avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), sans toutefois remettre en cause l'alliance avec les Etats-Unis. Il estime que le déploiement du système américain de missiles antimissiles THAAD ne doit pas précéder l'élection présidentielle du 9 mai 2017. Au plan économique, Moon Jae-in propose un effort budgétaire de 10.000 milliards de won (soit 8,1 milliards d'euros) pour favoriser la création d'emplois.

Hong Joon-pyo, candidat du Parti de la liberté de Corée (également traduit Parti Liberté Corée, 94 sièges sur 300 à l'Assemblée nationale)

Hong Joon-pyo est issu d'une famille pauvre. Né le 5 décembre 1954 à Changnyeong, dans la province du Gyeongsang du Sud, il a effectué des études d'administration publique à l'Université de Corée avant de devenir procureur. Ses activités spécialisées dans la lutte contre le jeu et le crime organisé ont inspiré une série télévisée.

Dans ses mémoires, il raconte qu'à l'âge de 18 ans il a, avec d'autres, fourni à l'un de ses amis un stimulant sexuel (habituellement utilisé pour les cochons et d'autres animaux d'élevage) pour droguer et violer une jeune fille, tout en observant que le stimulant n'avait pas eu l'effet escompté sur la jeune fille. Il en a résulté un scandale lors de la présente campagne présidentielle, qui l'a amené à présenter des excuses.

Elu député à Séoul de 1996 à 1999, puis de 2001 à 2012, ancien président du parti conservateur, grand pourfendeur du communisme, Hong Joon-pyo a été très en pointe contre le maire démocrate de Séoul Park Won-soon, qu'il a accusé de subventionner des organisations de gauche. Se posant en défenseur des gens pauvres et ordinaires, il utilise un langage direct qui l'a fait comparer à Donald Trump. Gouverneur de la province du Gyeongsang du Sud à partir de novembre 2012 (à la suite d'une élection partielle, avant d'être réélu en 2014), il a quitté ce poste le 9 avril 2017 après avoir été désigné comme candidat du Parti de la liberté de Corée sur un programme résolument conservateur. En particulier, il plaide le retour d'armes nucléaires tactiques américaines sur le territoire sud-coréen.

 

Ahn Cheol-soo, candidat du Parti du peuple (39 sièges sur 300 à l'Assemblée nationale)

Ahn Cheol-soo est né le 26 février 1962 à Miryang (dans le Gyeongsang du Sud), où son père effectuait alors son service militaire. Sa famille s'est ensuite établie à Busan. Diplômé de médecine de l'Université de Séoul, il a commencé à travailler comme docteur tout en développant (la nuit) des logiciels antivirus. En 1995, il a fondé l'entreprise AhnLab, qui est devenu le leader de la sécurité informatique en République de Corée. Il dit avoir refusé, pour des raisons patriotiques, une offre de rachat de son entreprise par John McAfee. Ahn Cheol-soo a également fait partie des dirigeants de la multinationale sud-coréenne POSCO, quatrième producteur mondial d'acier, dont il a été le président en 2010-2011. Ses succès comme homme d'affaires en font le plus riche des quinze candidats à l'élection présidentielle du 9 mai.

Ahn Cheol-soo est entré tardivement en politique, en tant qu'indépendant, à l'élection partielle pour la mairie de Séoul en septembre 2011 (il se retirera finalement avant le scrutin). Un court moment favori de l'élection présidentielle de 2012 sur un programme centriste de rénovation de la vie politique, il se désiste in fine en faveur du candidat démocrate Moon Jae-in, mieux placé dans les sondages, pour barrer la route à la conservatrice Mme Park Geun-hye, élue. Après son élection comme député indépendant lors d'une législative partielle en avril 2013, il se rapproche des démocrates, puis quitte la formation d'opposition (étant en opposition avec Moon Jae-in et les partisans de l'ancien président Roh Moo-hyun) pour fonder son propre parti, le Parti du Peuple, qui bouscule le bipartisme sud-coréen traditionnel lors des élections législatives d'avril 2016.

Un des premiers adversaires du déploiement du bouclier antimissiles THAAD en Corée du Sud, il s'y rallie finalement. Partisan d'un partage du pouvoir avec les conservateurs après les législatives d'avril 2016, il rejoint ensuite les manifestants favorables à la destitution de Mme Park Geun-hye.

Yoo Seung-min (parfois orthographié Yoo Seong-min), candidat du Parti de la vertu (plus généralement sous son nom coréen, Parti Bareun ; 33 sièges sur 300 à l'Assemblée nationale)

Né le 7 janvier 1958, Yoo Seung-min est l'héritier d'une famille politique conservatrice à l'époque du régime militaire : son père Yoo Soo-ho a été avocat en chef à Daegu et député. Diplômé en économie de l'Université de Séoul et de l'Université du Wisconsin à Madison, Yoo Seung-min s'est spécialisé dans la théorie des organisations et est devenu économiste à l'Institut coréen du développement (acronyme anglais : KDI, pour Korea Development Institute).

Elu député sur la liste nationale du parti conservateur (dont les sièges sont répartis à la proportionnelle) en 2004, il devient chef de cabinet de la députée et future présidente Mme Park Geun-hye, dont il s'affirme comme l'un des plus proches soutiens, notamment lors de sa campagne comme candidate à l'élection primaire de 2007 pour le parti conservateur (Mme Park sera alors battue d'une courte tête par Lee Myung-bak, qui deviendra ensuite président).

Il s'éloigne ensuite de plus en plus de Mme Park Geun-hye (élue en 2012), qui après son échec à l'élection primaire de 2007 défend alors un programme de protection sociale et de non-augmentation des impôts. En 2015, il doit démissionner de la présidence du groupe des députés conservateurs, étant accusé par la faction "pro-Park" du parti de manque de soutien à la chef de l'Etat.

Après le vote par le Parlement, le 9 décembre 2016, de la motion de destitution de Mme Park Geun-hye, acquise notamment grâce au soutien de la moitié des députés conservateurs, Yoo Seung-min devient l'une des principales figures d'une nouvelle formation, le Parti Bareun, conservateur anti-Park Geun-hye, qui réunit le quart des députés du Parti Saenuri (soit 33 députés).

Candidat à l'élection présidentielle, Yoo Seung-min défend un programme de libéralisation de l'économie, conservateur et pro-américain en politique étrangère.

Sim Sang-jung (nom également orthographié Sim Sang-jeong ou Sim Sang-jong), candidate du Parti de la Justice (6 sièges à l'Assemblée nationale)

 

Née le 20 février 1959 en tant que cadette d'une famille de quatre enfants, dans une petite ville située à proximité de la Corée du Nord, Sim Sang-jung est titulaire d"un baccalauréat universitaire de l'Université de Séoul.

A l'âge de 21 ans, elle est renvoyée de l'usine de vidéocassettes où elle travaillait pour avoir organisé un mouvement des travailleurs demandant une augmentation des salaires et une amélioration des repas. Elle devient une militante professionnelle à l'origine de plusieurs grèves, activement recherché par la junte militaire alors au pouvoir à Séoul.

Elle a été l'un des fondateurs, en 2000, du Parti démocratique du travail (PDT), première organisation de gauche sud-coréenne depuis 1961 à pouvoir s'organiser librement et obtenir une représentation parlementaire, en s'appuyant notamment sur le syndicat KCTU. Mme Sim Sang-jung fait partie, en 2004, des premiers députés du PDT, étant élue sur la liste nationale (dont les sièges sont pourvus à la proportionnelle).
Après l'échec du PDT à l'élection présidentielle de 2007, elle rejoint en 2008 le Nouveau parti progressiste (NPP), puis en 2011 le Parti progressiste unifié (PPU). Redevenue députée en 2012, réélue en 2016, elle fait partie des parlementaires qui quittent la même année le PPU (suite à un scandale sur la désignation interne de ses candidats aux législatives) et constituent le Parti de la justice, dont elle est actuellement présidente.

Lors de l'élection présidentielle de 2012, elle s'était retirée de la compétition, ralliant le candidat démocrate Moon Jae-in, pour empêcher l'élection de Mme Park Geun-hye.

Mme Sin Sang-jung entend porter la voix des travailleurs dans la campagne présidentielle de 2017, après que le Parti de la Justice eut défendu la révolution des bougies ayant conduit à la destitution de Mme Park Geun-hye. Au plan international, elle plaide pour une péninsule coréenne dénucléarisée et s'oppose au déploiement du dispositif THAAD en Corée du Sud. Sur les questions de société, elle défend les droits des minorités sexuelles, y compris des personnes LGBT.

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22 avril 2017 6 22 /04 /avril /2017 16:42

Alors que les 15 candidats à l'élection présidentielle sud-coréenne du 9 mai (sur lesquels nous reviendrons dans une prochaine édition) sont désormais connus, les deux premiers (le 14 avril sur SBS et le 19 avril sur KBS) des six débat télévisés prévus entre les 5 principaux candidats ont permis de préciser leurs programmes. Apparaissant plus que jamais comme un candidat conservateur de substitution face au favori, le démocrate Moon Jae-in, le centriste Ahn Cheol-soo a pâti des débats en peinant à convaincre son électorat hétéroclite après avoir donné, en vain, un coup de barre à droite : il est désormais devancé de 6 à 12 points par Moon Jae-in, tandis que le conservateur Hong Joon-pyo obtient jusqu'à 13 % des intentions de vote.

L'affiche du débat télévisé du 19 avril 2017 : de gauche à droite, Sim Sang-jung, Parti de la justice (social-démocrate), Hong Joon-pyo (Parti Liberté Corée, conservateur, majorité présidentielle sortante), Yoo Seung-min (Parti Bareun, conservateur), Moon Jae-in (Parti démocrate, libéral) et Ahn Cheol-soo (Parti du peuple, libéral).

L'affiche du débat télévisé du 19 avril 2017 : de gauche à droite, Sim Sang-jung, Parti de la justice (social-démocrate), Hong Joon-pyo (Parti Liberté Corée, conservateur, majorité présidentielle sortante), Yoo Seung-min (Parti Bareun, conservateur), Moon Jae-in (Parti démocrate, libéral) et Ahn Cheol-soo (Parti du peuple, libéral).

Traditionnellement, la question des relations intercoréennes et des rapports avec les Etats-Unis sont un marqueur important de la politique sud-coréenne, les progressistes (libéraux et sociaux-démocrates) étant favorables au dialogue au Nord et à une plus grande indépendance vis-à-vis des Etats-Unis, tandis que les conservateurs prônent la fermeté vis-à-vis de la Corée du Nord et une alliance plus étroite avec Washington. Ces questions ont pris une place importante dans les premiers débats télévisés, dans un contexte de montée des tensions autour de la péninsule coréenne.

Mis en cause par les conservateurs pour avoir prétendument consulté la RPDC (ce qu'il nie énergiquement) avant un vote d'abstention de Séoul en 2007 aux Nations unies sur la question des droits de l'homme au Nord, alors qu'il servait dans le cabinet du président démocrate Roh Moo-hyun, Moon Jae-in a avancé avec prudence sur les questions liées à la sécurité nationale. Partisan du dialogue tant avec les Etats-Unis (dont il a rappelé qu'ils étaient l' "allié" de Séoul) qu'avec la Chine sur le nucléaire nord-coréen, Moon Jae-in ne veut toujours pas d'un déploiement du bouclier américain de missiles antimissile THAAD avant l'entrée en fonctions du prochain gouvernement, tout en déclarant qu'un nouvel essai nucléaire nord-coréen pourrait forcer la décision pour mettre en oeuvre THAAD et que Pyongyang s'exposerait alors à de nouvelles sanctions. Pour Moon Jae-in, il s'agit de faire pression sur la Chine vis-à-vis de la RPDC en déclarant que, si Pyongyang conduisait un sixième essai nucléaire, le déploiement de THAAD en Corée du Sud deviendrait "inévitable". Cette forme de chantage à l'égard de la Chine, dont la marge de manoeuvre vis-à-vis de la RPDC ne doit pas être surestimée, sera appréciée à sa juste mesure par Pékin, alors que des sanctions chinoises ont d'ores et déjà été prises à l'encontre de la Corée du Sud à la suite du début du déploiement de THAAD au Sud.


Tout en se déclarant partisan de la paix, Ahn Cheol-soo a été interpelé par Moon Jae-in pour son revirement de position concernant THAAD : désormais partisan de THAAD, Ahn Cheol-soo a justifié son évolution par la situation internationale. Alors que la candidate de gauche Sim Sang-jung reste ferme sur son opposition à THAAD, les candidats conservateurs Hong Joon-pyo et Yoo Seung-min y sont toujours favorables, Hong Joon-pyo s'étant distingué en évoquant la possibilité qu'une attaque américaine contre la Corée du Nord permette de "récupérer le territoire" nord-coréen, ravivant ainsi un vieux fantasme des conservateurs sud-coréens d'une réunification de la péninsule par la voie militaire. Hong Joon-pyo s'est également prononcé pour le retour d'armes nucléaires tactiques en Corée du Sud, une "re-nucléarisation" à rebours de toutes les politiques conduites par les administrations présidentielles américaines depuis la fin de la guerre froide, mais que n'exclut pas la nouvelle administration Trump. Cependant, tant Hong Joon-pyo que Yoo Seung-min se sont déclarés favorables à un dialogue avec Washington et Pékin pour empêcher que la situation ne dégénère en conflit armé, c'est-à-dire en une "attaque préemptive" de Washington.

Evolution des intentions de vote entre les principaux candidats (le total des intentions de vote n'est pas égal à 100, compte tenu des non-réponses qui ne sont pas ventilées entre les différents candidats).

Evolution des intentions de vote entre les principaux candidats (le total des intentions de vote n'est pas égal à 100, compte tenu des non-réponses qui ne sont pas ventilées entre les différents candidats).

Les questions économiques et sociales, ainsi que les atteintes aux droits de l'homme en Corée du Sud (de plus en plus flagrantes sous les présidences conservatrices de Lee Myung-bak et Park Geun-hye), ont, en comparaison, nettement moins retenu l'attention des médias sud-coréens, malgré des divergences notables entre les candidats. Moon Jae-in critique ainsi la loi de sécurité nationale, instrument majeur de répression de l'opposition en Corée du Sud, mais que les administrations démocrates sud-coréennes, au pouvoir à Séoul entre 1998 et 2008, n'ont pas abrogée. En outre, Moon Jae-in s'est déclaré favorable à la dissolution de la branche des services de renseignement (National Intelligence Service, NIS) intervenant sur le territoire national, leurs activités étant alors transférées aux forces de police. L'ingérence au plus haut niveau des services de renseignement dans la politique intérieure sud-coréenne (ayant entraîné la condamnation de Won Sei-hoon, directeur du NIS) a fait d'eux le bras armé des conservateurs, à la manoeuvre pour fomenter des arrestations d'opposants et créer les pièces du procès truqué ayant permis la dissolution du Parti progressiste unifié (dont un ancien député, Kim Sun-dong, concourt par ailleurs à l'élection du 9 mai 2017, au nom de la nouvelle formation Unité populaire).

Dans la lignée de la répression antisyndicale menée par l'administration Park Geun-hye (ayant conduit à l'incarcération du dirigeant de la Confédération coréenne des syndicats, KCTU, Han Sang-gyun), Hong Joon-pyo s'est engagé à "lutter contre les syndicats les plus durs" (dixit KBS) et, selon lui, leurs "privilèges".

Alors que l'emploi est une préoccupation majeure de l'opinion publique sud-coréenne, Moon Jae-in est favorable au lancement d'un programme de 9 milliards de dollars pour favoriser la création d'emplois et d'entreprises, en mettant l'accent sur les PME. L'entrepreneur Ahn Cheol-soo veut aussi donner la priorité aux PME. Il s'est prononcé pour une taxe sur les profits, et se réfère au New Deal de Franklin D. Roosevelt.

Seule candidate de gauche invitée aux débats télévisés, Mme Sim Sang-jung propose de porter le salaire minimum horaire à 10 000 won (environ 8 euros) et d'offrir l'équivalent d'un peu plus de 8 000 euros à tout jeune âgé de 20 ans. Favorable à une réforme des conglomérats (les chaebols) pour y empêcher la succession héréditaire du pouvoir, elle est aussi la seule des principaux candidats à défendre ouvertement les droits des personnes LGBT.

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7 avril 2017 5 07 /04 /avril /2017 18:22

En vue de l'élection présidentielle anticipée qui se tiendra le 9 mai 2017 après la destitution de Mme Park Geun-hye, les principaux partis sud-coréens ont achevé la désignation de leur candidat à l'issue d'élections primaires. Si le candidat démocrate Moon Jae-in reste le favori du scrutin, le centriste Ahn Cheol-soo le talonnerait désormais dans les intentions de vote, à la faveur du ralliement à sa candidature de nombreux électeurs conservateurs.

Les principaux candidats sur ce photomontage de Yonhap News TV : de gauche à droite, Hong Joon-pyo (Parti Liberté Corée), Yoo Seung-min (Parti Bareun), Ahn Cheol-soo (Parti du peuple), Moon Jae-in (Parti démocrate de Corée) et Sim Sang-jung (Parti de la justice).

Les principaux candidats sur ce photomontage de Yonhap News TV : de gauche à droite, Hong Joon-pyo (Parti Liberté Corée), Yoo Seung-min (Parti Bareun), Ahn Cheol-soo (Parti du peuple), Moon Jae-in (Parti démocrate de Corée) et Sim Sang-jung (Parti de la justice).

Et si Moon Jae-in, grand favori jusqu'à présent de l'élection présidentielle sud-coréenne anticipée le 9 mai 2017, pouvait perdre ce scrutin ? Alors que l'adversaire malheureux de Mme Park Geun-hye au précédent scrutin de 2012 a largement remporté la primaire interne au Parti démocrate de Corée (principal parti d'opposition) - avec 57 % des voix contre 21,5 % à Ahn Hee-jung (aile droite du parti), 21,2 % à Lee Jae-myung (aile gauche) et 0,3 % à Choi Sung - un sondage de l'institut Gallup Korea ne le crédite plus que trois points d'avance (38 % contre 35 %) sur son principal concurrent dans ce scrutin à tour unique. Toutefois, contrairement à la pratique observée à l'issue des dernières élections primaires en France, les candidats battus dans ce type de scrutin en Corée du Sud et leurs soutiens (comme du reste aux Etats-Unis) acceptent de soutenir le vainqueur du scrutin, ce qui lui assure une dynamique qu'a pu sous-évaluer Gallup Korea - dont les enquêtes souffrent par ailleurs d'une moins grande fiabilité que celles de l'institut RealMeter - qui n'a pas encore mesuré l'impact des récentes élections primaires.

Le plus sérieux adversaire de Moon Jae-in est Ahn Cheol-soo (Parti du peuple, centriste, 35 % des intentions de vote), riche homme d'affaires ayant rejoint (puis quitté) le Parti démocrate, mis en cause dans un scandale de corruption, partisan de la main tendue aux conservateurs après le scrutin législatif de 2016 perdu par ces derniers qui avaient refusé, auparavant, de prendre en compte le verdict des urnes - avant que Mme Park Geun-hye ne soit chassée par la rue et que le Parti du Peuple ne retourne donc sa veste une nouvelle fois. Désigné comme candidat de son parti avec 72,7 % des votes à l'issue d'une élection primaire qui a réuni près de dix fois moins de votants que le Parti démocrate, face à un autre opportuniste de la politique (Sohn Hak-kyu, ancien transfuge du parti conservateur, 19,4 %), M. Ahn peut être assuré du soutien des Américains et des grands monopoles. Sous des dehors de (faux) nouveau,, il est aujourd'hui le principal espoir de tous ceux qui veulent enterrer la révolution des bougies, laquelle a conduit à la destitution de la très autoritaire Mme Park Geun-hye. S'il était élu, Ahn Cheol-soo, minoritaire au Parlement, gouvernerait-il avec les députés conservateurs ? Au moins peut-on espérer que, en cas d'élection, il ne poursuive pas la dérive autoritaire à l'oeuvre en Corée du Sud depuis le retour au pouvoir des conservateurs en 2008.

Divisés, les conservateurs risquent d'être réduits à jouer les utilités. A l'extrême-droite, les conservateurs fidèles à la ligne Park Geun-hye d'atteinte aux libertés démocratiques ont fondé le Parti Liberté Corée et choisi comme héraut (7 % des intentions de vote dans le sondage Gallup Korea), à l'issue également d'une élection primaire, le gouverneur de la province du Gyeongsang du Sud Hong Joon-pyo.  Avec 54,15 % des voix, Hong Joon-pyo a battu notamment dans ce scrutin interne une vieille connaissance de l'AAFC, le sulfureux Kim Jin-tae (19,3 %) qui accusait contre l'évidence notre association, à l'automne 2013, de manipuler les manifestations en France contre Mme Park Geun-hye, et la girouette Lee In-je, candidat malheureux aux élections présidentielles de 1997 (19,2 %) et 2007 (0,7 %) - qui a été de toutes les factions en plus de vingt ans de vie politique.

Les conservateurs opposés à Mme Park Geun-hye ont fondé le Parti Bareun, qui a choisi comme candidat le député de Daegu Yoo Seung-min (4 % des intentions de vote).


La gauche, jusqu'à présent toujours laminée aux élections présidentielles en Corée du Sud, aura notamment comme candidate sa présidente Mme Sim Sang-jung, députée et présidente du Parti de la justice, de sensibilité social-démocrate (3 % des intentions de vote); Elle sera une fois encore l'une des rares femmes parmi les prétendants à la candidature suprême..

D'autres candidats devraient compléter cette liste : pour se présenter
il est requis notamment le soutien de 3 500 à 6 000 électeurs résidant dans au moins cinq villes et provinces, dont au moins 700 électeurs dans chacune de ces villes ou provinces, le principal obstacle étant d'ordre financier : chaque candidat doit déposer une caution de 300 millions de wons (soit 213 000 euros) qui est remboursée en totalité en cas d'obtention de 15 % des suffrages exprimés (ou de décès), et à hauteur de 50 % pour les candidats recueillant entre 10 % et 15 % des suffrages exprimés.

En 2012, face aux menaces sur la démocratie (qui se sont hélas confirmées) en cas d'élection de Mme Park Geun-hye, la plupart des candidats démocrates ou de gauche (dont Ahn Cheol-soo, victime alors d'une campagne de dénigrement orchestrée par les services secrets sud-coréens) s'étaient ralliés à Moon Jae-in. Dans ce contexte, les candidats opposés à la candidate élue Mme Park Geun-hye et à Moon Jae-in, n'avaient obtenu, à eux quatre, que moins de 0,5 %.

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 18:38

A l'issue d'une audience à la Cour centrale du district de Séoul qui aura duré huit heures et quarante minutes, l'ancienne présidente Park Geun-hye a été placée en détention dans la nuit du 30 au 31 mars 2017. Cruel retournement du destin pour une chef de l'Etat extrêmement autoritaire, qui a jeté en prison des dizaines d'opposants politiques et syndicaux, déporté des opposants étrangers qui usaient pourtant de moyens pacifiques et légaux, interdit de même un parti politique réunissant 10 % des suffrages et malmené à de multiples reprises la liberté d'expression en utilisant des services secrets de sinistre réputation.

Première nuit en prison pour Park Geun-hye

Destituée pour avoir gravement entravé le fonctionnement normal des institutions sud-coréennes, Mme Park Geun-hye était ainsi redevenue une justiciable de droit commun il y a trois semaines. Au regard des très lourdes accusations qui pesaient sur elle (dès cet automne, elle avait été accusée de complicité d'activités criminelles avec sa gourou Mme Choi Soon-sil, qui avait mis en place un vaste système de corruption avec son soutien), sa mise en détention provisoire immédiate, dans la nuit du 30 au 31 mars 2017, n'était pas une surprise.

La durée maximale de placement en détention provisoire étant de six mois, un jugement en première instance pourrait être rendu en octobre 2017 - Mme Park Geun-hye niant en bloc les accusations portées contre elle. Elle serait alors la troisième ancienne présidente condamnée, après les anciens généraux Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo qui avaient dirigé d'une main de fer la junte militaire au pouvoir à Séoul pendant trois décennies. Mis en place par le père de Mme Park, le général Park Chung-hee, qui avait renversé les institutions démocratiques après un coup d'Etat réussi en 1961, le régime militaire sud-coréen a tué et torturé des dizaines de milliers d'opposants sud-coréens.

Sources :

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26 mars 2017 7 26 /03 /mars /2017 19:12

Ancien adversaire de Mme Park Geun-hye à l'élection présidentielle de 2012 (il avait alors remporté 48 % des voix), le démocrate Moon Jae-in a officialisé sa candidature dans une vidéo diffusée le 24 mars 2017, où il a promis un "changement de gouvernement". Les sondages en font plus que jamais le grand favori de l'élection présidentielle anticipée, dont la date a été fixée au 9 mai 2017, suite à la destitution de Mme Park Geun-hye.

Moon Jae-in, lors sa déclaration de candidature le 24 mars 2017.

Moon Jae-in, lors sa déclaration de candidature le 24 mars 2017.

Prônant la rupture avec les administrations conservatrices, au pouvoir à Séoul depuis 2008, et davantage de justice sociale ainsi qu'un retour au dialogue intercoréen, Moon Jae-in entend promouvoir une diplomatie plus indépendante des Etats-Unis - ce qui ne peut qu'inquiéter Washington.

Mais le candidat à la candidature démocrate devra déjà emporter l'élection primaire interne au Parti démocrate, principale formation d'opposition (centre-gauche) : si un sondage de Realmeter (principal institut de sondages indépendant en Corée du Sud) lui donnait plus de 50 % des voix dès le premier tour dans une enquête conduite à la mi-mars, il devrait retrouver face à lui, sur sa droite, Ahn Hee-jung gouverneur depuis 2010 de la province du Chungcheong du Sud, et sur sa gauche, le maire de Seongnam Lee Jae-myung, qui a la faveur d'une part non négligeable des millions de manifestants ayant mené, depuis l'automne 2016, la révolution pacifique des bougies qui a conduit à la destitution de la Présidente Park Geun-hye après l'éclatement du scandale Choi Soon-sil.

Dans l'élection présidentielle à un seul tour, propre au système électoral sud-coréen, l'institut Realmeter continue de tester les différents candidats, tant que ceux-ci ne se sont pas désistés à l'issue, ou non, d'une élection primaire. Dans cette configuration, Moon Jae-in est crédité de quelque 35 % des voix, Ahn Hee-jung de 15 à 17 % et Lee Jae-myung d'environ 10 %. Si Moon Jae-in remporte la primaire et que ses adversaires respectent le résultat du scrutin, il disposera donc d'une avance importante sur ses rivaux - sauf si ceux-ci arrivaient à s'unir, ce qui reste une hypothèse improbable à l'heure actuelle.

Son adversaire le plus dangereux pourrait être l'entrepreneur Ahn Cheol-soo, candidat indépendant qui s'était retiré en 2012 pour empêcher (en vain) l'élection de Mme Park Geun-hye. Ahn Cheol-soo avait ensuite rejoint le Parti démocrate, avant de le quitter et de former, quelques mois avant les législatives du printemps 2016 (perdues par les conservateurs), le Parti du peuple, arrivé troisième en nombre de sièges à ce scrutin. Plus conservateur que Moon Jae-in sur la question des relations avec le Nord, plus favorable à une ouverture à droite, Ahn Cheol-soo plafonne toutefois à 12% - 13% dans les sondages depuis plusieurs mois.

Les conservateurs, qui représentent un tiers de l'électorat et pourraient donc l'emporter en cas de divisions profondes des progressistes, sont affaiblis par la décision du Premier ministre Hwang Kyo-ahn, chef de l'Etat par intérim, de ne pas se présenter, et surtout par leurs propres dissensions suite à l'éclatement du scandale Choi Soon-sil : le parti Saenuri au pouvoir, rebaptisé Parti Liberté Corée, a vu partir la fraction anti-Park Geun-hye qui a fondé une nouvelle formation, le Bareun. Gouverneur de la province du Gyeongsang du Sud depuis 2012, Hong Jung-pyo est le candidat du Parti Liberté Corée le mieux placé dans les sondages (avec près de 10%), devant Kim Jin-tae (5%). Les candidats du Bareun sont crédités de moins de 7%, répartis entre Yoo Seung-min et Nam Kyung-pil.

A gauche de l'échiquier politique, seule la candidate du Parti de la Justice - Sim Sang-Jung - obtient un score significatif dans les sondages (autour de 4%).

Sources :

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