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15 janvier 2018 1 15 /01 /janvier /2018 22:35

Le philosophe Jean Salem, professeur à l'Université de la Sorbonne, a disparu dans la nuit du 13 au 14 janvier 2018, à l'âge de 65 ans. Spécialiste de Démocrite et d'Epicure, il était également un intellectuel engagé, et la Corée avait fait partie des causes qui lui avaient tout particulièrement tenu à coeur et pour lesquelles il avait continué de s'investir jusqu'à la fin. Adhérent à l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), il était devenu le président du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud, fondé en 2015 après l'interdiction du Parti progressiste unifié, afin de lutter contre la dérive autoritaire qui a frappé la République de Corée sous la décennie conservatrice des présidents Lee Myung-bak et Park Geun-hye (2008-2017), et qui travaille aujourd'hui, entre autres, à la libération des prisonniers politiques et syndicaux, la levée des mécanismes répressifs et la défense des droits des minorités. Homme modeste et généreux, altruiste, soutenant d'autant plus pleinement les causes justes qu'elles se heurtent trop souvent à l'indifférence (comme la question des droits de l'homme au Sud de la Corée), Jean Salem confessait son admiration pour les courageux militants sud-coréens pour la démocratie qui se sont engagés dans un combat digne de David contre Goliath - accablés par la complicité des capitales occidentales envers un pouvoir sud-coréen qui a emprisonné (et emprisonne toujours) plus de six cents objecteurs de conscience et des dizaines de militants politiques et syndicaux (en n'apportant pas non plus les soins médicaux nécessaires à ceux qui en avaient besoin), sur la base de procès truqués. L'AAFC rend hommage à un grand homme, dont elle souhaite retracer l'engagement pour la cause coréenne, et présente ses condoléances à sa famille, ses amis et ses proches.

Source : L'Humanité (https://www.humanite.fr/disparition-sagesse-et-resistance-les-atomes-crochus-de-jean-salem-648699)

Source : L'Humanité (https://www.humanite.fr/disparition-sagesse-et-resistance-les-atomes-crochus-de-jean-salem-648699)

La première rencontre de l'AAFC avec Jean Salem avait eu lieu à l'occasion d'une mobilisation pour que justice soit rendue aux "femmes de réconfort", cet euphémisme désignant les anciennes esclaves sexuelles, coréennes et originaires d'autres pays d'Asie, d'Europe et d'Océanie, exploitées dans les bordels militaires de l'armée impériale japonaise avant et pendant la Seconde guerre mondiale. A cette occasion, nous lui avions appris que son père Henri Alleg (lui aussi militant communiste, anticolonialiste et anti-impérialiste) s'était engagé pendant des décennies à l'AAFC, pour la paix et la réunification de la Corée. D'une grande modestie, Henri Alleg ne s'en était jamais vanté. Jean Salem devait à son tour rejoindre l'AAFC et poursuivre son engagement à nos côtés jusqu'à sa récente disparition, sans jamais briguer la moindre responsabilité aux niveaux national et local : la recherche des honneurs lui était définitivement étrangère.

Il avait été de tous les combats du peuple sud-coréen en lutte pour les libertés politiques et syndicales (étant notamment présent aux manifestations du 1er mai 2015 à Séoul), permettant que s'expriment à l'Université de la Sorbonne, notamment dans le cadre du séminaire  « Marx au XXIe siècle : l’esprit et la lettre » qu'il avait créé et animé, non seulement d'anciennes "femmes de réconfort" coréennes, mais aussi les militants politiques en butte à la répression et les familles des victimes du dramatique naufrage du ferry "Sewol", où ont péri plus de 300 Coréens, principalement des lycéens en voyage scolaire, du fait de la déréglementation libérale, de la corruption des propriétaires du navire et de  l'incurie des autorités gouvernementales.

Jean Salem avait aussi donné la parole à Robert Charvin, vice-président de l'AAFC, dans le cadre du séminaire  « Marx au XXIe siècle », pour démonter les mécanismes de diabolisation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et de la Russie. Il avait aussi préfacé la réédition, parue en 2017 chez Delga, de l'ouvrage "Comment peut-on être Coréen (du Nord) ?".

Plus récemment, lors du colloque international pour la paix et la réunification en Corée organisé à Paris par l'AAFC les 23 et 24 juin 2017, Jean Salem nous avait permis que les interventions du premier jour, à caractère universitaire, se tiennent dans le cadre prestigieux de la Sorbonne. Malgré la maladie, il avait tenu à ouvrir le colloque, témoignant alors de sa connaissance réelle des réalités de la péninsule coréenne, et de sa solidarité pleine et sincère avec les militants sud-coréens.

Jean Salem était un homme intègre, un intellectuel combattant, un ami indéfectible. Il nous manquera.

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9 janvier 2018 2 09 /01 /janvier /2018 20:06

A l'issue de la première rencontre de haut niveau organisée depuis plus de 2 ans entre Nord et Sud-Coréens au "village de la trêve" à Panmunjom, dans la zone démilitarisée, le 9 janvier 2018, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a confirmé sa participation aux Jeux olympiques et paralympiques de Pyeongchang, qui se tiendront en République de Corée (Corée du Sud) en février-mars prochains. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un avait ouvert la perspective d'une participation aux JO d'hiver dans son discours de Nouvel An, tandis que le Président sud-coréen Moon Jae-in avait ensuite obtenu l'accord des Etats-Unis pour reporter les manoeuvres militaires conjointes prévues au premier trimestre 2018. Les deux parties ont également rétabli le dialogue sur les questions militaires. 

Poignée de main entre les chefs des deux délégations : Cho Myoung-gyon, ministre de la Réunification de la République de Corée (à droite), et Ri Son-gwon, président de la Commission de la RPD de Corée pour la réunification pacifique de la Corée (à gauche).

Poignée de main entre les chefs des deux délégations : Cho Myoung-gyon, ministre de la Réunification de la République de Corée (à droite), et Ri Son-gwon, président de la Commission de la RPD de Corée pour la réunification pacifique de la Corée (à gauche).

Le ton chaleureux de la rencontre a été donné par Ri Son-gwon, qui a souligné la volonté du peuple coréen - de tous les Coréens - de progresser sur la voie de la paix et de la réunification : 

Offrons au peuple un cadeau précieux pour le Nouvel An, a lancé le Nord-Coréen. On dit qu’un voyage entrepris à deux dure plus longtemps qu’un voyage solitaire.

Cho Myoung-gyon, chef de la délégation sud-coréenne, a partagé ce rêve et cette ambition, en répondant que "le peuple souhaite ardemment voir le Nord et le Sud aller vers la paix et la réunification".

De fait, les sujets du communiqué de presse conjoint dépassent la seule question de la participation nord-coréenne aux Jeux olympiques et paralympiques de Pyeongchang (qui a été actée). A cet égard, la RPDC désire envoyer non seulement des athlètes, mais aussi des officiels de haut niveau, des journalistes, des observateurs et des supporteurs, ainsi que des troupes artistiques et une équipe de démonstration de Taekwon-do, le sport national de combat coréen. Les modalités opérationnelles de cette participation (trajet - par voie terrestre ? -, logement, sécurité) devront donner lieu à des discussions ultérieures. L'idée que les athlètes du Nord et du Sud défilent sous une bannière commune, comme cela avait été le cas aux Jeux olympiques de 2000, 2004 et 2006, n'a pas été retenue - du moins à ce stade.

Le deuxième grand thème abordé a porté sur les questions militaires. Après le rétablissement d'une ligne de communication civile quelques jours plus tôt, le Nord a annoncé la réouverture de la ligne de communication militaire avec le Sud, suspendue en février 2016 - après que le Sud avait décidé d'arrêter les activités de la zone économique conjointe de Kaesong. Les deux parties ont convenu d'engager des discussions sur les questions militaires, de manière à réduire les tensions dans la péninsule - et par voie de conséquences le risque d'accrochages meurtriers qui n'ont que trop endeuillé la péninsule coréenne depuis la signature de l'accord d'armistice, en juillet 1953.

Le Sud a demandé l'organisation de réunions de familles séparées de part et d'autre du 38e parallèle, à l'occasion du Nouvel An lunaire, qui tombera cette année le 16 février, cette date coïncidant avec la période des Jeux olympiques (du 9 au 25 février). Le communiqué conjoint ne mentionne pas cette question, qui devra en tout état de cause faire l'objet de consultations en RPD de Corée, avant d'être traitée par des échanges entre les Croix-Rouges des deux Etats.

La reprise du dialogue intercoréen a été saluée à Pékin et même à Washington - Donald Trump voulant y voir un signe du bien-fondé de sa ligne intransigeante pour ramener Pyongyang à la table des négociations. D'aucuns diront toutefois que les Américains ont plutôt été mis par les Coréens devant le fait accompli, et qu'il était difficile à l'administration américaine de se mettre en porte-à-faux.

Ce pragmatisme n'est pas partagé par l'opposition sud-coréenne (conservatrice) du Parti de la Liberté de la Corée, toujours hostile à tout dialogue avec le Nord et pro-américaine, et qui a vivement dénoncé la reprise de discussions fragilisant, selon elle, l'alliance américano-sud-coréenne. Ce point de vue n'est pas partagé par l'opinion publique sud-coréenne qui, à 75 %, approuve les initiatives prises pour progresser sur le (long) chemin du rétablissement du dialogue et des échanges Nord-Sud, réduits à néant au cours des deux présidences sud-coréennes conservatrices (2008-2017). Pendant cette décennie perdue pour la réunification de la Corée, la stratégie des conservateurs au pouvoir à Séoul avait consisté à lier les relations intercoréennes et les programmes balistique et nucléaire nord-coréens, tout en apportant un appui inconditionnel aux sanctions internationales contre la RPDC : elle s'était révélée un fiasco non seulement pour la réconciliation Nord-Sud et la diminution durable des tensions, mais aussi d'un point de vue stratégique, n'ayant pas empêché la RPD de Corée de se doter d'une force de dissuasion nucléaire vis-à-vis des Etats-Unis.

Mais cette influence néfaste des conservateurs ne doit pas être sous-estimée, compte tenu du très fort lobbying médiatique qu'ils exercent, notamment dans les médias néo-conservateurs à Séoul et à l'étranger : comme par le passé, ils devraient ouvrir un nouveau front médiatique en remettant au premier plan de l'actualité la question des droits de l'homme au Nord, sur la base d'éléments avérés ou fabriqués. Ainsi, le Sud a évoqué à Panmunjom la question du dialogue sur la dénucléarisation de la RPDC (thème favori des néoconservateurs), soulevant sans surprise de "fortes objections" du Nord, selon les termes de l'agence sud-coréenne Yonhap : Pyongyang a toujours considéré que la question nucléaire relève de ses relations avec les Etats-Unis, et non du dialogue Nord-Sud ; la mention sud-coréenne de ce sujet, sauf si elle visait à donner des gages aux néoconservateurs dans un but tactique de politique intérieure, est de nature à faire échouer la reprise du dialogue Nord-Sud, qui devra encore être consolidée. Le rétablissement de la confiance mutuelle, mise à mal par 9 ans de duplicité des conservateurs sud-coréens qui ont détruit les échanges Nord-Sud sous prétexte d'établir de nouveaux paradigmes, constitue bien un processus long et difficile. 

Sources : 

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27 décembre 2017 3 27 /12 /décembre /2017 09:33

Il y a pratiquement deux ans jour pour jour, un accord était signé, le 28 décembre 2015, entre les ministres des Affaires du Japon et de la République de Corée (Corée du Sud) afin de résoudre "de manière finale et irréversible" la question des "femmes de réconfort" - euphémisme désignant les centaines de milliers d'esclaves sexuelles, souvent coréennes, de l'armée japonaise avant et pendant la Seconde guerre mondiale. L'accord avait alors été bruyamment salué par les Etats-Unis, soucieux de renforcer la cohésion entre leurs alliés en Asie du Nord-Est et qui - dans les conflits entre la Corée et le Japon - prennent traditionnellement le parti de Tokyo, ainsi que par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, qui avait bâti sa carrière sur un soutien loyal (pendant près de quarante ans) à tous les gouvernements qui se sont succédé à Séoul, y compris les plus autoritaires. Pour sa part, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), de concert avec les organisations de défense des anciennes victimes de l'esclavage sexuel et l'opposition sud-coréenne, avait immédiatement dénoncé un accord inique, marquant un recul sans précédent pour la reconnaissance des crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort".

Après son élection le 9 mai 2017, le Président Moon Jae-in (qui s'était engagé pendant la campagne à revenir sur le déshonorant accord de décembre 2015) a mis en place un groupe d'enquête au sein du ministère des Affaires étrangères dont le chef, Oh Tai-kyu, a divulgué, le 27 décembre 2017, les clauses cachées à l'opinion publique et aux victimes, ainsi que l'implication de la présidence sud-coréenne.

Statue d'une jeune femme, symbolisant les anciennes victimes, devant l'ambassade du Japon à Séoul

Statue d'une jeune femme, symbolisant les anciennes victimes, devant l'ambassade du Japon à Séoul

Après la Première guerre mondiale, un consensus semblait devoir s'imposer quant à la nécessité de mettre fin à la "diplomatie secrète" - c'est-à-dire ces accords cachés, dont la conclusion, par le jeu des alliances, avait favorisé la montée des tensions ayant conduit au déclenchement du premier conflit généralisé à l'échelle de la planète. Mais la diplomatie secrète avait de beaux jours devant elle, notamment de la part des gouvernements d'Etats autoritaires ne voulant pas assumer leurs décisions de politique étrangère vis-à-vis de leurs opinions publiques.

Lorsque la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye avait finalisé la conclusion de l'accord du 28 décembre 2015 sur les "femmes de réconfort" (car on sait désormais que les négociations avaient été en pratique menées par la présidence de la République, et non par le ministre des Affaires étrangères, seul mis en avant dans la publicité autour de l'accord), elle pensait faire coup double. D'une part, elle s'attirerait les faveurs des nationalistes japonais, vus comme de précieux alliés par de larges pans de la droite et  de l'extrême-droite sud-coréennes face aux progressistes sud-coréens et à la Corée du Nord (l'accord de décembre 2015 était une condition posée par Tokyo pour un sommet entre elle-même et le Premier ministre japonais Shinzo Abe). D'autre part, elle pensait obtenir les faveurs de l'opinion publique en apparaissant comme la première chef d'Etat de la République de Corée à obtenir un règlement de la question des anciennes esclaves sexuelles de l'armée impériale japonaise, très sensible dans l'opinion publique non seulement coréenne, mais internationale - de plus en plus de voix s'élevant pour dénoncer les crimes sexuels perpétrés en temps de guerre.

Toutefois, les nombreux reculs assumés publiquement par Séoul lors de la conclusion de cet accord l'avaient rendu inacceptable à une majorité de Sud-Coréens - notamment le fait qu'il éludait la responsabilité morale de l'Etat japonais dans la mise en place du système d'esclavage sexuel, et que la République de Corée s'engageait à ne plus évoquer cette question dans les relations internationales, en contrepartie de la mise en place par le Japon d'un fonds d'indemnisation des victimes doté de 7,6 millions d'euros. Les associations défendant les anciennes femmes de réconfort, non consultées par les autorités sud-coréennes, avaient dénoncé un accord humiliant, où le silence de la Corée du Sud était acheté pour une poignée de yens.   

Avec les conclusions des travaux de la commission d'enquête dirigée par Oh Tai-kyu, contenues dans un rapport de trente pages, il est désormais de notoriété publique que l'administration Park Geun-hye a de surcroît voulu laisser certaines clauses secrètes, comme l'engagement des autorités sud-coréennes à ne pas favoriser les actions de groupes civiques tendant à ce que soient érigées des statues, de par le monde, représentant d'anciennes femmes de réconfort alors adolescentes ou jeunes femmes. La statue la plus connue est celle qui se trouve devant l'ambassade du Japon à Séoul. Lors de la conclusion de l'accord de décembre 2015, le Japon avait insisté sur la responsabilité des autorités sud-coréennes à retirer cette statue, et Séoul avait ensuite dit publiquement envisager une telle possibilité - qui ne s'était pas concrétisée, du fait de l'opposition et de la colère des Coréens.

Le rapport de la commission d'enquête précise que Séoul a cédé à la demande de Tokyo de mentionner les statues des femmes de réconfort dans l'accord, que les discussions sur l'accord avaient été menées pendant des années au niveau des directeurs d'administration japonais et sud-coréen et que des instructions avaient été données aux diplomates sud-coréens de ne plus évoquer ce sujet. Enfin, les associations de défense des femmes de réconfort avaient été tenues à l'écart des discussions et mises devant le fait accompli lors de l'annonce publique de l'accord, afin que les protestations des victimes ne soient pas un obstacle à la réconciliation nippo-sud-coréenne voulue par Mme Park.

Tous les mercredi des manifestations ont lieu à Séoul pour que justice soit rendue aux femmes de récconfort. Le 28 juin 2017, de jeunes Coréens en visite en France ont effectué une manifestation du mercredi place du Trocadéro, à Paris (source : AAFC, http://www.amitiefrancecoree.org/2017/06/sur-le-parvis-des-droits-de-l-homme-manifestation-du-mercredi-pour-que-justice-soit-rendue-aux-femmes-de-reconfort.html).

Tous les mercredi des manifestations ont lieu à Séoul pour que justice soit rendue aux femmes de récconfort. Le 28 juin 2017, de jeunes Coréens en visite en France ont effectué une manifestation du mercredi place du Trocadéro, à Paris (source : AAFC, http://www.amitiefrancecoree.org/2017/06/sur-le-parvis-des-droits-de-l-homme-manifestation-du-mercredi-pour-que-justice-soit-rendue-aux-femmes-de-reconfort.html).

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18 octobre 2017 3 18 /10 /octobre /2017 21:36

Le 23 mai 2009, l'ancien Président de la République de Corée Roh Moo-hyun (2003-2008) se donnait la mort, poursuivi par des accusations calomnieuses de corruption. Sa disparition tragique soulevait une immense vague d'émotion, en Corée et au-delà. Huit ans après, un film documentaire, dont le titre peut se traduire par Notre Président Roh Moo-hyun, lui rend hommage et atteint les 2 millions d'entrées au box office sud-coréen. Le réalisateur, Lee Chang-jae, n'est pourtant pas connu pour son engagement progressiste. Le succès de son film tient certes à un contexte spécifique (la révolution des bougies a chassé de la Maison Bleue la très autoritaire Park Geun-hye, avant qu'une élection présidentielle anticipée ne mène au pouvoir le démocrate Moon Jae-in, ancien proche collaborateur du Président Roh Moo-hyun). Mais plus encore, Lee Chang-jae a su montrer la profonde humanité de l'ancien avocat des droits de l'homme devenu chef de l'Etat, à travers des dizaines de témoignages qui font ressortir la communion entre un dirigeant et son peuple. 

Affiche du film

Affiche du film

Si le documentaire est en France un genre cinématographique à l'audience relativement limitée, tel n'est pas le cas en Corée du Sud :  le succès époustouflant remporté par Notre Président Roh Moo-hyun (titre anglais : Our President) fait écho à l'audience qu'obtiennent plus largement les productions cinématographiques ayant un contenu historique. A cet égard, le drame The Attorney (en français, Le Défenseur) de Yang Woo-seok, sorti en Corée fin 2013, était déjà consacré à l'ancien Président, tandis que le drama  biographique coréen Anarchist from Colony, de Lee Joon-ik, également sorti cette année, met en lumière le militant anarchiste Park Yeol et a été en tête du box office la semaine de sa sortie, en dépassant alors les 800 000 entrées. Des choix non sans risques dans une société où la férule des conservateurs (au pouvoir à Séoul entre 2008 et 2017) a conduit à multiplier les entraves à la liberté de création, notamment pour les cinéastes : la sortie de The Attorney avait donné lieu à des pressions de la présidence sud-coréenne sur le conglomérat CJ, dont la filiale CGV avait eu le malheur de produire avec The Attorney un film inspiré du combat pour les droits démocratiques...

Il y a quinze ans, l'élection de Roh Moo-hyun avait été une surprise pour tous les observateurs (les premiers sondages ne le créditaient que de 2 % des intentions de vote) : le candidat démocrate avait bâti son succès sur une campagne relayée par Internet qui lui avait valu une incroyable popularité auprès des électeurs les plus jeunes, devenus ses relais les plus fervents, alors même qu'ils étaient enfants ou n'étaient pas nés pendant les années de plomb du régime militaire qu'avait combattu sans relâche Roh Moo-hyun. Si ses choix politiques avaient ensuite entraîné une désillusion dans l'électorat progressiste, les circonstances tragiques de sa disparition ont contribué à élever au rang de mythe celui qui a indiscutablement été le chef de l'Etat sud-coréen le plus attaché aux valeurs démocratiques. 

Dans un très bon article consacré au film documentaire de Lee Chang-jae, Philippe Mesmer souligne le charisme exercé par l'ancien Président : 

Trente-neuf personnes interviennent. Comme Lee Hwa-choon, un membre des services secrets chargé de le surveiller, et qui deviendra son ami. "Sa voix claire et sonnante, ses jurons, ses blagues, je n'oublierai jamais tout cela", raconte-t-il.

Impressionnée par la lutte victorieuse du peuple coréen au Sud de la péninsule qui a abattu le régime autoritaire et corrompu de Mme Park Geun-hye (combat que, dans notre pays, nous avons soutenu sans réserve et seuls parmi les Français, au prix pour certains des nôtres d'être désormais interdits de séjour en Corée du Sud), l'Association d'amitié franco-coréenne voit, dans le succès de Notre Président Roh Moo-hyun, le signe de l'esprit toujours vivant du combat qui doit être mené à son terme pour la démocratie, la paix et les droits de l'homme. 

Source principale : 

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15 octobre 2017 7 15 /10 /octobre /2017 08:50

Le 13 octobre 2017, l'annonce de profits records (et supérieurs aux prévisions) de Samsung Electronics a coïncidé avec la démission surprise de son dirigeant Kwon Oh-hyun, entraînant un recul du titre de la société de 0,5 % sur la Bourse de Séoul. Alors que les analystes se perdent en conjectures sur l'origine du départ de "Mr Chip", l'un des artisans du succès de la branche phare du chaebol, un rapprochement est effectué avec la condamnation en août dernier, à cinq ans de prison, de l'héritier et dirigeant de fait de Samsung Lee Jae-yong, pour corruption, abus de biens sociaux et parjure. Le petit-fils du fondateur du groupe familial, réputé autant pour son succès économique éclatant (il pèse 23 % du PIB sud-coréen) que pour son autoritarisme et ses atteintes aux libertés syndicales et à la santé des salariés, avait été inculpé en février 2017 dans le cadre de l'affaire Choi Soon-sil - du nom de la gourou de l'ancienne Présidente Park Geun-hye, destituée puis emprisonnée à la suite du plus retentissant scandale de corruption politico-financier de l'histoire de la Corée du Sud. Ainsi, des millions de Coréens avaient battu le pavé pendant des mois pour exiger non seulement son départ du pouvoir, mais aussi le jugement des responsables politiques et financiers impliqués dans l'affaire Choi Soon-sil. 

Kwon Oh-hyun

Kwon Oh-hyun

L'annonce, le 13 octobre 2017, des excellents résultats trimestriels de Samsung Electronics aurait dû avoir un impact très positif sur sa valeur boursière : de juillet à septembre 2017, selon les premières estimations de l'entreprise, le bénéfice d'exploitation se serait élevé à 14 500 milliards de won (soit 11 milliards d'euros) pour un chiffre d'affaires de 46 milliards d'euros, soit un triplement par rapport aux résultats obtenus un an plus tôt - dans un contexte alors marqué par les graves défaillances du Galaxy Note 7 - de trop nombreux smartphones ayant pris feu. Samsung Electronics  est une filiale à 100 % du groupe Samsung, et son chiffre d'affaires en fait actuellement le numéro 1 mondial de l'électronique grand public, devant Apple. 

Or le titre a perdu 0,5 % en une journée sur la Bourse de Séoul. En effet, ce même vendredi 13 octobre 2017, le dirigeant Kwon Oh-hyun, âgé de 64 ans et qui avait rejoint le groupe en 1985 comme chercheur, annonçait, dans une lettre aux salariés du groupe, qu'il quitterait ses fonctions à la tête de Samsung Electronics (et également comme PDG de Samsung Display) en mars 2018, invoquant un nécessaire changement générationnel dans un contexte de "crise sans précédent" : 

Maintenant plus que jamais, l'entreprise a besoin d'un nouveau leader et il est temps pour moi de passer au prochain chapitre de ma vie (...) Alors que nous [Samsung ; NDLR] sommes confrontés à une crise sans précédent, je crois que le temps est venu pour l'entreprise de travailler avec un nouvel esprit et un leadership plus jeune afin de mieux répondre aux challenges liés aux changements rapides de l'industrie de l'électronique.

Comme le souligne Yann Rousseau des Echos, l'impact de cette décision doit être mesuré au regard de l'effet d'entraînement de la division des puces mémoires pour la dynamique de Samsung Electronics et, ce faisant, pour tout le groupe Samsung, alors que les pré-commandes du Galaxy Note 8 auraint été les plus importantes jamais enregistrées pour cette gamme de téléphones de Samsung (selon le dirigeant de la branche smartphones, D.J. Koh) :  

Samsung Electronics cherche à identifier les moteurs de croissance qui lui permettront, à moyen terme, de maintenir son niveau exceptionnel de profits, jusqu'ici porté par sa domination du marché mondial des composants. Sur le troisième trimestre, la division du groupe en charge de la conception, de la production et de la vente des puces mémoires NAND et DRAM a, encore une fois, été la plus dynamique et la plus profitable tant le groupe domine ce marché. Son unité en charge des dalles de type OLED («organic light-emitting diode») bat aussi des records, grâce aux commandes d'écrans des marques de smartphones premium qui ne peuvent se tourner vers aucun fournisseur alternatif.

Ces branches de Samsung ont d'ailleurs, ces derniers mois, profité des bonnes ventes de la nouvelle génération d'iPhone , auxquels elles fournissent des mémoires ou des écrans. Selon les dernières projections de Counterpoint Technology Market Research, chaque vente d'iPhone X d'Apple à 1.000 dollars rapportera 110 dollars à Samsung Electronics.

Même si Kwon Oh-hyun n'en dit pas un mot, tous les observateurs ont en tête un possible lien avec la récente condamnation à cinq ans de prison de Lee Jae-yong, 49 ans, petit-fils du fondateur du groupe Samsung, Lee Byung-chul, et dirigeant de facto de celui-ci, en raison de l'état de santé du dirigeant de droit, Lee Kun-hee, père de Lee Jae-yong. La crise à laquelle fait allusion Kwon Oh-hyun semble en effet "exclusivement d'ordre politique" (pour reprendre les termes utilisés par Johann Breton dans un article des Numériques), liée à la situation judiciaire de Lee Jae-yeong.

Dans la culture confucéenne propre à l'ensemble de la péninsule coréenne, marquée par le respect des anciens et le culte des fondateurs, il est habituel que les fonctions de direction économique, politique ou encore religieuse se transmettent de génération en génération (par exemple, la présidente sud-coréenne, récemment chassée du pouvoir par la rue, Mme Park Geun-hye, avait construit sa carrière politique et bâti ses réseaux sur l'image de son père le général Park Chung-hee, ayant mis en place le régime le plus autoritaire qu'ait jamais connu la Corée du Sud, à l'origine de milliers de morts, mais dont la présidence avait coïncidé avec le développement économique spectaculaire du pays). Il n'est donc pas si surprenant, pour les Sud-Coréens, que Lee Jae-yong (qui aime se faire appeler Jay Y. Lee, suivant une forme américanisée de son nom) continue de diriger son empire familial depuis sa prison, l'allégeance au leader étant vue comme une vertu cardinale - et c'est d'ailleurs bien en termes de besoins d'un nouveau leader que s'est exprimé Kwon Oh-hyun, de quinze ans l'aîné de Lee Jae-yong. Ne faut-il donc pas voir dans le retrait de Kwon Oh-hyun l'effet d'une disgrâce et d'une décision prise pour Lee Jae-yong pour réaffirmer son pouvoir total sur le groupe alors que sa condamnation (dont il a fait appel, et pour laquelle il plaide non coupable) pourrait être de nature à favoriser la contestation de sa position - tandis d'autres membres de sa famille occupent des fonctions économiques importantes (la soeur de Lee Jae-yong, Lee Boo-jin, est la femme la plus riche de Corée du Sud et dirige la chaîne d'hôtels Shilla) ? En effet, Kwon Oh-hyun était vu comme le numéro trois de l'empire Samsung, après Lee Kun-hee (empêché pour raisons de santé) et Lee Jae-yong (emprisonné). Compte tenu du peu de transparence qui entoure les décisions internes à Samsung (une entreprise capitaliste n'ayant pas vocation à avoir un fonctionnement démocratique), rien à notre connaissance ne permet à ce stade d'étayer cette hypothèse, dans un pays où les fortunes économiques se sont le plus souvent bâties à l'ombre du colonisateur japonais puis avec les protections des régimes autoritaires qui ont tenu le haut du pavé à Séoul pendant quatre des sept décennies ayant suivi la fondation de la République de Corée en 1948. 

Sources :

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12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 11:23

Après son élection à la présidence de la République de Corée le 9 mai 2017, le démocrate Moon Jae-in a déclaré, lors de son serment d'investiture, qu'il "allait éliminer la culture d'un président autoritaire", et instaurerait une communication régulière tant avec l'opinion publique qu'avec l'opposition. D'ores et déjà, ce sont toutefois les chantiers diplomatiques qui représentent la priorité : à cet égard, il a effectué plusieurs annonces, qui manifestent la volonté d'une plus grande indépendance diplomatique vis-à-vis des Etats-Unis.

Vers une nouvelle diplomatie sud-coréenne

L'élection présidentielle s'étant tenue de manière anticipée suite à la destitution de Mme Park Geun-hye, il n'y a pratiquement pas eu de période de transition entre l'élection et l'investiture du nouveau chef de l'Etat. Après avoir prêté serment devant l'Assemblée nationale le 10 mai 2017 (soit le lendemain du scrutin), le Président Moon Jae-in a immédiatement procédé à de premières nominations : Lee Nak-yon au poste de Premier ministre, Suh Hoon à la direction des services de renseignement (NIS), Im Jong-seok comme secrétaire général de la présidence et Joo Young-hoon comme responsable de la sécurité pour la présidence de la République. Le changement immédiat à la direction du NIS - ainsi que la volonté affirmée de mettre fin aux ingérences du NIS dans la vie politique sud-coréenne - est le signe manifeste d'une volonté de démocratisation, tandis que le choix d'un spécialiste des questions intercoréennes sous les précédentes administrations démocrates traduit l'idée que le NIS pourrait cesser d'être un bras armé des lobbies anti-Corée du Nord.

S'agissant plus généralement des relations diplomatiques, Moon Jae-in a exprimé la volonté de renouer le dialogue et les échanges Nord-Sud pratiquement réduits à néant après neuf ans d'administrations conservatrices (2008-2017), en poursuivant par le dialogue plus que par la coercition et les sanctions l'objectif de dénucléariser la péninsule coréenne. Il souhaite la reprise des réunions de familles séparées, la réouverture de la zone économique de Kaesong ainsi que du tourisme intercoréen dans les monts Kumgang.

Sur le déploiement du système américain de missiles THAAD, Moon Jae-in souhaite l'engagement d'une négociation avec les Etats-Unis et la Chine, la seconde étant fermement opposée au dispositif THAAD qui rompt l'équilibre stratégique en Asie du Nord-Est. L'installation de THAAD a été suspendue dès l'élection, après avoir été accélérée dans les semaines précédant le scrutin - tandis que l'administration Trump a exprimé sa volonté de faire participer davantage la Corée du Sud au paiement de ce dispositif de sécurité. Un sommet Moon-Trump est ainsi évoqué.

Vis-à-vis du Japon, Moon Jae-in a enfin déclaré qu'il remettrait en cause l'accord inique conclu, fin 2015, sur la question des anciennes esclaves sexuelles de l'armée impériale japonaise avant et pendant la Seconde guerre mondiale ( "femmes de réconfort").

Sources :

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9 mai 2017 2 09 /05 /mai /2017 12:44

Défait en 2012 par la candidate conservatrice Park Geun-hye, le démocrate Moon Jae-in a pris sa revanche en remportant largement l'élection présidentielle du 9 mai 2017 (41,1 % des voix, contre 24,0 % pour le conservateur Hong Joon-pyo et 21,4 % pour le centriste Ahn Cheol-soo). A l'issue de ce scrutin anticipé, organisé à la suite de la destitution de Mme Park Geun-hye, à tour unique, le Président Moon Jae-in devra faire face à des défis historiques sans précédent : préserver la paix dans la péninsule coréenne et répondre aux aspiration des millions de Corée qui, en participant aux manifestations de la "révolution des bougies" ayant conduit au départ de Mme Park, ont exprimé leur aspiration d'une Corée du Sud sociale et démocratique.

Le Président Moon Jae-in face à l'histoire

Né en 1953 dans une famille paysanne pauvre, originaire du Nord, Moon Jae-in sait plus que d'autres comment s'est construit le "miracle économique" sud-coréen, sur fond de régime autoritaire et d'exploitation très forte des travailleurs, en ayant payé par des séjours en prison son opposition au régime militaire de Park Chung-hee (père de la présidente destituée) puis en devenant un avocat des droits de l'homme, aux côtés de Roh Moo-hyun, ancien président de la République de Corée (2003-2008).

Son élection marque déjà la fin d'une période sombre : celle d'une dérive autoritaire de la Corée du Sud, cautionnée par les pays occidentaux - au premier rang desquels les Etats-Unis de Barack Obama et Donald Trump et la France de François Hollande : les candidats conservateurs ont réuni moins d'un tiers des voix au scrutin du 9 mai 2017 (24,0 % pour Hong Joon-pyo, 6,8 % pour le conservateur Yoo Seung-min opposé à Parkk Geun-hye et 0,1 % pour l'ultraconservateur Cho Won-jin).

Car le score relativement modeste de la principale candidate de gauche à ce scrutin, Sim Sang-jung (6,2 %, néanmoins le meilleur score d'un candidat de gauche jamais obtenu à une élection présidentielle en Corée du Sud), ne doit pas être interprété comme un blanc-seing aux ambiguïtés de Moon Jae-in sur le déploiement du système de missiles américain THAAD en Corée du Sud, ou encore les droits des minorités sexuelles : les millions de manifestants qui ont chassé du pouvoir le régime autoritaire et corrompu de Mme Park Geun-hye ont d'abord voté "utile" pour stopper la course où les conservateurs entraînaient la Corée du Sud, vers la guerre et la dictature.

Comme toujours en Corée du Sud, les "petits" candidats à l'élection présidentielle n'ont bénéficié de presque aucune couverture médiatique et leurs scores s'avèrent confidentiels (moins de 0,5 % au total pour 8 candidats) : dans l'ordre, Cho Won-jin (0,13 %) devance Kim Min-chan (0,10 %), Kim Sun-dong (0,08 %), Chang Sung-min (0,06 %), Yoo Hong-sik (0,05 %), Lee Kyung-hee (0,03 %), Lee Jae-oh (0,02 %) et Oh Young-guk (0,01 %).

Alors que les Etats-Unis de Donald Trump menacent d'attaques américaines qui conduiraient à la guerre avec la Corée du Nord, Moon Jae-in a une responsabilité historique pour modérer son allié américain, et aussi renouer les fils du dialogue intercoréen, comme il s'y est engagé pendant sa campagne. Ne disposant pas d'une majorité parlementaire, il aura aussi la lourde tâche d'améliorer les libertés publiques en Corée du Sud, libérer les prisonniers politiques (y compris les objecteurs de conscience), mettre fin à la répression antisyndicale, abroger la loi de sécurité nationale. Enfin, il devra répondre aux aspirations d'une société légitimement inquiète par le ralentissement économique, la montée des inégalités sociales et le coût très élevé pour les familles d'un système éducatif trop compétitif qui pousse trop de jeunes au suicide. La tâche est immense : pour relever ses défis, l'Association d'amitié franco-coréenne souhaite plein succès à Moon Jae-in, qu'elle félicite pour son élection.

Article mis à jour le 12 mai 2017

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6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 14:28

Quinze candidats s'affrontent à l'élection présidentielle du 9 mai 2017 en République de Corée (Corée du Sud) : à quelques jours du scrutin, le démocrate Moon Jae-in a conforté sa position de favori (plus de 40 % des intentions de vote), tandis que le centriste Ahn-Cheol-soo  a été rejoint dans les intentions de vote par le très conservateur Hong Joon-pyo (autour de 20 % des intentions de vote chacun), devant la candidate (social-démocrate) Sim Sang-Jung (8 %) et le conservateur (anti-Park Geun-hye) Yoo Seung-min (5 %) - à l'issue d'une campagne marquée par les questions de relations internationales dans un contexte de tensions diplomatiques et diplomatiques, et où les sujets de société ont soulevé plus d'intérêt que d'ordinaire. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a commencé leur présentation par celle des cinq candidats enregistrés sous les numéros 1 à 5 - l'ordre d'enregistrement dépendant du nombre de parlementaires membres du parti dont le candidat est le représentant, puis suivant un tirage au sort pour les candidats indépendants ou appartenant à un parti non représenté au Parlement. Nous avons poursuivi la présentation avec celle des candidats enregistrés sous les numéros 6 à 10, et la terminons avec celle des candidats enregistrés sous les numéros 12, 14 et 15 dans un nouvel article signé de Benoît Aries que nous tenons à remercier. Le candidat n° 11 s'est retiré : Nam Jae-jun, du Parti patriotique coréen, est un ancien chef d'état major et ancien directeur des renseignements sud-coréen ; ce conservateur s'est désisté pour Hong Joon-pyo, confirmant ainsi la grande proximité politique entre les services de renseignement et les conservateurs au pouvoir, les premiers ayant été le bras armé des seconds pour manipuler les élections, éliminer les opposants politiques et faire basculer la République de Corée sur une voie autoritaire. Par ailleurs, le candidat n° 13 ne sera pas non plus en lice : haut fonctionnaire aux Nations unies, Kim Jung-son, candidat de l'Union pour le future de la péninsule coréenne, n'a pas réussi à réunir la caution de 300.000.000 de wons que doit verser tout candidat.
 

Candidat numéro 12 : Lee Kyung-hee – Parti du peuple coréen (Source)

 

Lee Kyung-hee est le candidat à l’élection présidentielle du Parti du peuple coréen. Il est né le 20 janvier 1974 dans le district de Danyang de la province du Chungcheong du Nord. Cet homme politique est généralement considéré comme étant au centre-gauche de l’échiquier politique sud-coréen, tout en étant fortement nationaliste.

 

Diplômé en droit de l’Université Hankuk des études étrangères, il a dans un premier temps embrassé une carrière dans les affaires avant de s’essayer à la politique. Il possède plusieurs bâtiments qu’il a baptisés « Immeubles Présidentiels pour la Réunification Nationale » reflétant son désir de voir la Corée réunifiée ; il a par ailleurs acquis le surnom de « Unification Man » tant cette problématique est récurrente dans la campagne qu’il mène actuellement pour l’élection présidentielle.

 

Sa carrière politique a véritablement débuté en 2002 quand il s’est présenté à la mairie de Séoul en tant que candidat indépendant. Cette candidature fut cependant un échec, puisqu'il recueillit à cette occasion moins de 1 % des suffrages. Il présenta de nouveau sa candidature en 2004, cette fois aux élections législatives, pour devenir député de l’arrondissement de Dongdaemun à Séoul mais il obtint un score similaire à celui qu’il avait reçu aux élections locales de 2002.

 

Son programme concernant l’élection présidentielle de 2017 se focalise sur la lutte contre les injustices, un assainissement de la vie politique et économique du pays ainsi que la mise en place de relations apaisées avec le Nord devant déboucher sur l’unification du pays.

 

En matière de politique intérieure, il propose une série de mesures destinées à augmenter les possibilités de contrôle sur les élus ainsi qu’une séparation plus stricte du pouvoir politique et du pouvoir judiciaire. Il souhaite la mise en place d’un régime parlementaire et décentralisé grâce à un abaissement des pouvoirs de l’exécutif. Nous pouvons citer les propositions suivantes :

 

  • Réduction des prérogatives du Président de la République et du Premier ministre qui ne s’occuperont désormais que de la diplomatie et des relations intercoréennes ;

  • Limitation des privilèges des membres de l’Assemblée nationale ;

  • Décentraliser davantage le pays ;

  • Suppression du Bureau Suprême du Procureur ;

  • Achever la construction de la nouvelle capitale, Sejong, et y transférer le palais présidentiel, l’Assemblée nationale, la Cour suprême et la Cour constitutionnelle.

 

Ces mesures destinées à éviter de reproduire les scandales récurrents dans la vie politique sud-coréenne iraient de pair avec une moralisation de la vie économique du pays. Il s’attaque particulièrement aux conglomérats, demandant un durcissement des sanctions à leur encontre en cas de fraudes ou de malversations. A l’inverse, il se présente comme le candidat des PME et propose ainsi la mise en place d’une loi particulière les concernant afin de faciliter leurs activités.

 

Comme beaucoup de candidats, il demande une réforme de l’éducation nationale. Il souhaite que l’enseignement dans le secondaire devienne entièrement gratuit et qu’il soit davantage porté sur l’international. Son programme propose de réduire la part des dépenses des ménages dans les cours de soutien privés en les remplaçant par des activités extra-scolaires sportives ou artistiques qui seraient selon lui davantage profitables aux élèves.

 

Sa politique concernant la Corée du Nord semble être sans ambiguïté. La réunification du pays aurait selon lui d’innombrables avantages économiques et sociaux. Il avance ainsi qu’une grande partie des problèmes que connaît la Corée du Sud actuellement trouveraient une solution grâce à l’unification. Pour y parvenir, il propose la mise en place de certains projets hautement symboliques tels que la remise en service du complexe industriel de Kaesong mais également la création de « villes de l’unification » à Kaesong, Wonsan, Sinuiju, Paju, etc. Il souhaite résoudre les tensions liées au programme nucléaire nord-coréen par la discussion et non par les sanctions. Il propose outre la tenue d’un nouveau sommet intercoréen, la création d’une Fondation Stratégique pour la Recherche sur l’Unification qui serait l’organisme encadrant la mise en place des accords Nord-Sud.

Enfin, il désire que la Corée du Sud récupère sa souveraineté concernant sa défense en temps de guerre qui est détenue encore aujourd’hui par les Etats-Unis

Candidat numéro 14 : Yoon Hong-sik – Parti Hongik (source)

 

Yoon Hong-sik est le candidat du parti Hongik à l’élection présidentielle. Il est né le 2 février 1974 à Gwangju. Son programme semble être d’inspiration progressiste, et il propose un changement dans la façon de faire de la politique en Corée du Sud.

 

Philosophe de formation, Yoon Hong-sik a également étudié l’histoire à l’université Yonsei de Séoul. Après avoir été diplômé, il a fondé l’académie Hongik qui s’est donné pour mission « de donner une nouvelle morale à l’humanité et de clarifier la conscience qu’elle a d’elle-même ».

 

Au travers de cette organisation, il a tenu un grand nombre de conférences dédiés à la connaissance de soi, se servant souvent de la musique pour y parvenir. Il a été invité par des grandes entreprises et administrations sud-coréennes pour donner des formations sur l’éthique et le leadership au travers d’œuvres littéraires orientales classiques.

 

Yoon Hong-sik est l’auteur d’une douzaine d’essais sur des sujets tels que le confucianisme, le bouddhisme, le taoïsme et la philosophie traditionnelle coréenne (Dahn Hak). Ses conférences sont également disponibles en DVD, uniquement en coréen.

 

Il a été élu président du parti Hongik en mars 2017, ce dernier représentant l’aile politique de son organisation éponyme. Ce mot signifie en coréen le bien du peuple mais également l’humanisme.

 

Son programme politique souhaite redonner le pouvoir au peuple et mettre un terme aux abus du passé. Il demande que la politique s’attaque aux racines des problèmes au lieu de se préoccuper uniquement de leur aspect superficiel et à court terme. Pour cela, des experts seront mandatés et les décisions prises devront refléter leur opinion autant que possible et le peuple devra être tenu informé de l’avancement des travaux. Cette proposition fait implicitement référence à l’un des principaux reproches formulés contre l’ancienne présidente Park Geun-hye qui en effet ne consultait quasiment personne et semblait prendre ses décisions de manière unilatérale. On apprit par la suite la place prépondérante de sa conseillère de l’ombre Choi Soon-sil, ce qui fut à l’origine du scandale qui mena à sa destitution.

 

Selon lui, la confiance que porte le peuple sud-coréen dans la classe politique a été grandement endommagée par la succession d’affaires dont ceux qui détiennent le pouvoir ont été l’objet. Il appelle de ses vœux la mise en place d’un Etat consciencieux et vertueux. Les comportements honnêtes profitant au bien-être de la population devront être encouragés tandis que les actes immoraux seront sévèrement punis. Il propose dans ce but la mise en place d’un centre d’appel où chacun pourra dénoncer les malversations dont il aura été témoin ou victime.

 

Yoon Hong-sik demande un changement dans la politique énergétique et environnementale du pays. Il désire arrêter la construction de centrales nucléaires pour se focaliser sur la mise en place de sources d’énergies renouvelables pour que ces dernières représentent à terme l’intégralité de l’électricité produite en Corée du Sud. Il propose de lutter activement contre les particules fines qui sont responsables d’une grande partie de la pollution dans le pays en limitant les rejets des usines et en facilitant l’acquisition de voitures électriques.

 

Le candidat désire une remise à plat des relations diplomatiques que le pays entretient avec ses voisins. Il souhaite punir ceux qui nieraient l’existence des "femmes de réconfort" durant la Deuxième guerre mondiale dans l’armée impériale japonaise et plus généralement se montrer plus sévère envers ceux qui auraient des activités contraires aux intérêts fondamentaux de la nation. Cela irait de pair avec un accroissement de la coopération avec les pays émergents d’Asie du Sud-Est tels que l’Inde, le Vietnam ou l’Indonésie.

 

Concernant la Corée du Nord, Yoon Hong-sik souhaite que la philosophie qu’il a mise en place au sein de sa fondation soit appliquée dans le processus de réunification. Cela constituera selon lui « la nouvelle vague coréenne ». Il déclare ainsi : « Sous la bannière de l’idéologie humaniste de Hongik, le Nord et le Sud coopéreront pacifiquement et établiront une politique d’unification qui fera devenir le pays une puissance culturelle, économique et militaire. »

Candidat numéro 15 : Kim Min-chan – indépendant (source)

 

Kim Min-chan est un candidat indépendant à l’élection présidentielle. Il est né le 2 février 1958 à Séoul. Son programme politique se fonde sur une proposition audacieuse : la création d’une ville artistique et culturelle mondiale au sein de la frontière entre les deux Corée, aussi connue sous le nom de DMZ.

 

Avant d’entamer sa carrière politique, Kim s’est occupé de la promotion d’artistes en Corée du Sud. En décembre 2006, il a fondé et préside encore aujourd’hui le World Masters Committee qui se définit comme une « ONG internationale pour les échanges culturels mondiaux ». Il a reçu un master en psychologie à l’université de Templeton aux Etats-Unis en 2017 et poursuit ses études dans le domaine vers l'obtention d'un doctorat.

 

Il se présente en se distinguant de la majorité des candidats à l’élection présidentielle qu’il considère comme des « professionnels de la politique ».

 

Le slogan de sa campagne est : Une Nouvelle Ere, Une nouvelle Nation, Une nouvelle Personne. Il définit une Nouvelle Ere par l’âge de l’interconnexion mondiale et la globalisation des échanges culturels, une Nouvelle Nation se réfère au rôle central que le peuple coréen devrait jouer dans ces nouvelles relations et une Nouvelle Personne représente le Coréen qui guidera le pays vers une position dominante parmi les grandes nations du monde.

 

Pour la création de cette nouvelle nation qu’il appelle de ses vœux, Kim Min-chan indique quatre priorités :

  • Etablir une sécurité nationale fondamentale ;

  • Mettre en place des réformes politiques importantes ;

  • Entretenir des relations diplomatiques bénéfiques à la nation ;

  • Préparer la réunification du pays pour les Coréens, par les Coréens.

Concernant la première priorité, le candidat explique que la République de Corée se doit d’assurer la sécurité fondamentale du pays face à la menace des armes nucléaires du Nord.

 

Pour réussir la mise en place des réformes qu’il propose en deuxième point, il souhaite d’abord diagnostiquer avec précision les raisons qui sont à l’origine des différents échecs politiques que la nation a connus dans son histoire. Il explique que selon lui le problème n’est pas un problème de manque d’idées mais davantage un manque de volonté de vouloir les appliquer.

 

Pour appliquer son troisième principe, entretenir des relations diplomatiques bénéfiques à la nation, il indique qu’il est primordial de créer des relations avec les pays étrangers qui soient fondées sur la compréhension et le respect. Il avance que son expérience dans ce qu’il appelle « la diplomatie culturelle » lui sera d’une grande aide pour réussir cette tâche.

 

Le dernier point concerne la réunification du pays, il soutient que celle-ci doit se passer dans des termes choisis par les Coréens. À cette fin, il propose la construction d’une ville artistique et culturelle mondiale. En bâtissant cette dernière comme un sanctuaire dédié à l’art et à la culture, il n’y aura plus de place pour la division et la rancune, et  il poursuit en arguant que la Corée pourra enfin soigner les cicatrices de son histoire douloureuse et émerger comme un symbole de paix et d'harmonie dans le monde. En outre, cette ville servira de point de départ pour une unification dirigée par les Coréens et leurs intérêts, permettant de réduire le manque de compréhension mutuel entre le Sud et le Nord.

 

Kim Min-chan résume son programme en avançant qu’il croit en « la puissante valeur symbolique de la liberté et de la paix pour surmonter les divisions entre les cultures ».

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1 mai 2017 1 01 /05 /mai /2017 14:12

La société coréenne traditionnelle, empreinte de confucianisme, est conservatrice sur les questions de société, tendant ainsi souvent à considérer que l'homosexualité n'existerait pas en Corée du Sud. Dans les faits, des mentions de l'homosexualité figurent bien dans le droit sud-coréen pour établir des règles répressives, ainsi dans le code pénal militaire, une chasse à l'homme étant en cours sur cette base dans l'armée, au mépris des engagements internationaux de la République de Corée en matière de droits de l'homme. Dans la période récente, l'émergence de mouvements religieux homophobes militants a favorisé un climat d'intolérance, y compris dans les rangs des progressistes qui militaient naguère pour la démocratie et les libertés publiques au Sud de la péninsule coréenne. Alors que le scrutin du 9 mai 2017 désignera un nouveau chef de l’État en Corée du Sud, les militants LGBT ont décidé de renforcer leurs actions en interpellant les candidats – comme en rend compte un article du quotidien progressiste Hankyoreh, publié le 24 avril 2017, intitulé « Les candidats à la présidentielle évasifs sur la question des droits LGBT », et dont nous publions ci-après une traduction de l'anglais.

Des membres de « Solidarité universitaire pour les minorités sexuelles », qui fédère 108 groupes d'étudiants, a tenu une conférence de presse le 20 avril place Gwanghwamun au centre de Séoul, avec comme mot d'ordre « Notre génération est différente », en appelant à l'adoption d'une législation anti-discriminations (photographie : Kim Kyung-ho)

Des membres de « Solidarité universitaire pour les minorités sexuelles », qui fédère 108 groupes d'étudiants, a tenu une conférence de presse le 20 avril place Gwanghwamun au centre de Séoul, avec comme mot d'ordre « Notre génération est différente », en appelant à l'adoption d'une législation anti-discriminations (photographie : Kim Kyung-ho)

Apparemment désireux de ne pas s'aliéner les chrétiens conservateurs, les candidats ne s'engagent pas sur une législation anti-discriminations.

« Je rêve d'un jour où nous pourrons nous aimer et qu'on ne nous crée pas d'histoires. Mais la réalité aujourd'hui est que nous sommes arrêtés parce que nous nous aimons. »

Ces vers du poème de Hwang In-chan Une forêt de figuiers ont été cités sur une affiche diffusée le 20 avril sur le campus de l'Université Sogang. « Arrêtez-moi aussi », a écrit un étudiant qui s'est défini comme un homme gay n'ayant pas effectué son service militaire obligatoire. D'autres affiches ont été diffusées dans l'école par des étudiants se revendiquant de « Gay KATUSA » et des « Réservistes gay. Cette campagne est menée pour protester contre l'arrestation d'un capitaine gay pour avoir violé l'article 92-6 du Code pénal militaire en ayant commis des actes homosexuels.

Parmi les voix qui regrettent la « criminalisation de l'amour », d'aucuns accusent également certains des principaux candidats à l'élection présidentielle de se taire sur les droits des personnes LGBT tout en se définissant eux-mêmes comme défendant les « droits de l'homme » ou comme « féministes ». Les observateurs relèvent que même si les démonstrations aux bougies ont fait des droits des personnes LGBT un sujet plus important que lors des précédentes élections présidentielles, les favoris sont trop préoccupés d'apaiser les conservateurs chrétiens homophobes pour se prononcer.

Les groupes LGBT sont beaucoup plus impliqués dans cette élection qu'ils ne l'ont jamais été auparavant. Le 15 avril, le groupe pour les droits des gays Chingu Sai a organisé le premier « sommet gay » de l'histoire de la Corée, en ayant réuni environ 100 dirigeants de la communauté gay qui ont publié une liste des « demandes de la communauté gay pour l'élection présidentielle de 2017 ». Les dirigeants ont fixé au 1er mai la réponse des candidats à leurs demandes, lesquelles comprennent l'adoption d'une législation anti-discriminations, la légalisation du mariage pour les personnes de même sexe, des garanties quant à l'établissement des différents types de famille et l'abolition de l'article 92-6 du Code pénal militaire. Une liste de 10 tâches politiques pour l'égalité des droits des personnes LGBT avait été annoncée en mars par Rainbow Action, un groupe qui s'oppose aux discriminations contre les personnes LGBT. Des demandes spécifiques portent sur l'adoption d'une législation spécifique facilitant la chirurgie pour un changement de sexe et une interdiction de louer les bâtiments publics à des personnes affirmant que les personnes LGBT doivent être « soignées ».

Les positions de candidats sur les droits LGBT peuvent se ramener à la question de savoir s'ils envisagent d'adopter une législation anti-discriminations, qui comprendrait des mesures interdisant les discriminations contre une personne sur la base de son identité ou de son orientation sexuelle. Le 20 avril, la section sud-coréenne d'Amnesty International a publié des réponses à huit questions relatives aux droits de l'homme que lui ont faites Moon Jae-in, Ahn Cheol-soo, Hong Joon-pyo, Sim Sang-jung et Yoo Seong-min. Parmi les cinq candidates, seule Sim Sang-jung du Parti de la justice, marqué à gauche, a fait part de son intention de « mettre en œuvre » une législation anti-discriminations. Le candidat du Parti de la liberté de la Corée (conservateur) Hong a dit qu'il ne « pourrait pas » la mettre en œuvre, tandis que les autres trois candidats ont évité de donné une réponse claire.

Moon, candidat du Parti Minjoo de la Corée (libéral), et Ahn, candidat modéré du Parti du peuple (modéré), qui se classent respectivement premier et deuxième dans les intentions de vote, ont fait part de leur opposition aux discriminations mais ont souligné la nécessité d'un consensus au sein de la société. Yoo, candidat du Parti Bareun (conservateur), n'a pas répondu.

Une affiche à l'Université Sogang de Séoul, où l'on peut lire « Arrêtez-moi aussi » (source : Twitter)

Une affiche à l'Université Sogang de Séoul, où l'on peut lire « Arrêtez-moi aussi » (source : Twitter)

Le 20 mars, des représentants des candidats Moon, Hong, Ahn et Yoo ont tous affirmé leur opposition à l'établissement d'une législation anti-discriminations alors qu'ils assistaient à la Présentation de la politique du public chrétien pour la 19e élection présidentielle, organisée par la Sainte Conférence pour l’Évangélisation des 80 millions de Coréens et la Conférence politique du public chrétien. Dans un entretien récent sur YTN, Hong a fait des déclarations homophobes sur les droits LGBT, en disant qu'il « détestait ces trucs ». Parmi les candidats en lice pour le scrutin, seulement deux – Sin et Kim Seon-dong, candidat du parti de l'Unité populaire – ont fait figurer les droits des personnes LGBT dans leurs engagements, y compris l'adoption d'une législation anti-discriminations et l'abolition de l'article 92-6.

Les observateurs disent que les réticences et les évitements des candidats sur les droits des personnes LGBT montrent leur incapacité à prendre en compte les évolutions de la situation en Corée du Sud. Dans les universités, les positions anti-LGBT ont suffisamment reflué pour que plusieurs étudiants ayant fait leur coming out deviennent présidents des conseils étudiants, depuis que la lesbienne Kim Bo-mi a été élue à ce poste à l'Université de Séoul en 2015 – et pourtant, les critiques pointent l'incapacité des candidats à avoir activement pris en compte cette évolution. Les mêmes voix critiques ont aussi incité les candidats à ne pas se dérober à leur devoir de protéger les droits des personnes LGBT au profit d'efforts à courte vue pour gagner des voix, mais à s'affirmer comme des hommes et des femmes politiques qui n'ont pas être gênés devant l'histoire.

« Les partis établis parlent tous de 'réforme' et de 'mettre fin aux crimes du passé', mais ils ne disent jamais un mot sur une législation anti-discriminations ou sur les questions LGBT », a déclaré Na Ra, secrétaire général de Solidarité pour les droits de l'homme des personnes LGBT en Corée.

« Cela montre avec évidence leur approche des droits de l'homme. »

Par Park Su-ji, journaliste.

Merci d'envoyer directement vos questions ou vos commentaires à [english@hani.co.kr] (NdT : écrire en anglais)

Source :

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29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 18:00

Quinze candidats s'affrontent à l'élection présidentielle du 9 mai 2017 en République de Corée (Corée du Sud). L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a commencé leur présentation par celle des cinq candidats enregistrés sous les numéros 1 à 5 - l'ordre d'enregistrement dépendant du nombre de parlementaires membres du parti dont le candidat est le représentant, puis suivant un tirage au sort pour les candidats indépendants ou appartenant à un parti non représenté au Parlement. Nous poursuivons la présentation avec celle des candidats enregistrés sous les numéros 6 à 10, dans un article signé de Benoît Aries que nous remercions pour ces travaux inédits dans une langue européenne.

Candidat numéro 6 : Cho Won-jin – Parti Saenuri (source)

Cho Won-jin est le candidat à l’élection présidentielle du parti Saenuri, né le 7 janvier 1959 à Daegu.


Il est considéré et se définit lui-même comme conservateur.

Fidèle parmi les fidèles de l’ancienne présidente destituée Park Geun-hye, il a choisi le 8 avril 2017 de quitter le parti conservateur « Parti de la Liberté de Corée », nouveau nom du parti Saenuri pour créer un nouveau parti appelé de façon éponyme Saenuri.

Ce natif de Daegu a étudié les sciences politiques à l’Université Hangook des Etudes Etrangères avant d’être diplômé en administration en second cycle.

Devenu assistant parlementaire en 1996, il a poursuivi sa carrière politique jusqu’à aujourd’hui au service des conservateurs.

Il a été élu vice-président du district de Balseo à Daegu et a fait partie du bureau national de l’ancien parti Saenuri, maintenant Parti de la Liberté de Corée.

Cho Won-jin s’est retrouvé sur le devant de la scène après que le scandale de corruption dont fut l’objet la présidente Park Geun-hye a éclaté, les plus proches collaborateurs de cette dernière s’étant parfois retirés de leur plein gré, ayant parfois été écartés suite à une mise en examen.

Pendant la tempête qui a fait rage suite aux révélations des malversations de l’ancienne présidente, il apparut comme l’un des derniers fidèles. Il participait aux réunions quotidiennes tenues au palais présidentiel en vue d’assurer la défense de Park Geun-hye face aux accusations, cette dernière n’étant cependant jamais présente, leur utilité s’en trouvait évidemment limitée.

Le 26 janvier 2017, il fut l’un des rares hommes politiques présent à la manifestation organisée en soutien à la présidente, alors sous la menace d’une procédure de destitution.

Considérant comme des traîtres les membres de sa famille politique se désolidarisant de Mme Park, il annonça le 8 avril 2017 lors d’une manifestation dans sa ville natale de Daegu son intention de créer un nouveau parti reprenant l’appellation Saenuri et de se présenter à l’élection présidentielle.

Cette annonce fut accueillie avec un certain scepticisme par l’électorat. Connu pour ses tendances très à droite, le journal News Town a également dénigré sa candidature, l’accusant de fractionner le vote conservateur, déjà au plus bas dans les sondages.

Son positionnement est selon les analystes coréens encore plus à droite que celui du parti de la Liberté de Corée.

Il a ainsi déclaré lors d’une conférence de presse : « Je réformerai le pays en me basant sur les vraies valeurs conservatrices, je punirai ceux qui sont à l’origine de la destitution [de Park] et ferai tout pour obtenir sa libération ».

En parlant de ses rivaux conservateurs : « Les candidatures de Hong Joon-pyo et de Yoo Seong-min n’ont aucune chance contre moi. Moon Jae-in, celui qui a mené la campagne pour la destitution est mon seul et unique rival ».

Son programme qu’il a intitulé « Projet pour la Rénovation Nationale » se résume officiellement en six points :

  • Une nation éthique et juste
  • Un pays pacifique mais fortement armé
  • Favoriser l’économie de marché
  • Décentraliser le pouvoir
  • Une éducation moins soumise au secteur privé
  • Un pays industrialisé et heureux

Parmi les mesures concernant ce qu’il appelle l’éthique du pays, il propose de pénaliser l’homosexualité et de renforcer « l’éducation morale ».

Il demande la tenue d’un référendum dans le cas d’une procédure de destitution et que celui-ci ait lieu pour l’ancienne présidente Park Geun-hye. Il désire également que son honneur soit lavé et qu’elle soit immédiatement libérée.

Concernant la défense du pays, il propose d’augmenter le budget qui y est consacré à hauteur de 50.000 milliards de wons soit plus de 40 milliards d’euros au taux de change actuel. Il souhaite maintenir les liens militaires actuels entre la République de Corée et les Etats-Unis.

A propos de la dissuasion nucléaire, il dit vouloir continuer à s’abriter sous le parapluie atomique américain mais assure qu’il dotera le pays de son propre arsenal si le besoin s’en fait sentir.

Conformément à la doctrine des conservateurs, il demande une stricte réciprocité dans les échanges que le pays tient avec le Nord.

Il propose enfin de développer les rapports stratégiques que la République de Corée entretient avec la Chine et la Russie.

Candidat numéro 7 : Oh Young-guk – Parti de l’Economie Patriote (source)

Oh Young-guk est le candidat à l’élection présidentielle du Parti de l’Economie Patriote, il est né le 21 août 1957 sur l’île de Jeju.

Candidat inclassable aux déclarations parfois farfelues, il n’est pas sans rappeler un certain Huh Kyung-young qui s’était présenté à l’élection présidentielle de 2007, lui aussi célèbre pour certaines de ses phrases.

Il est le président-fondateur de Haha Group, une société fabricant des équipements médicaux. Il serait également vice-président d’une « Fondation MacArthur pour la Paix ».

Il est à l’origine en 1998 du Projet pour l’Allongement de la Vie qui souhaite, comme son nom l’indique, augmenter l’espérance de vie de l’être humain.

Son entreprise a dans ce but breveté un appareil de nettoyage intestinal utilisable à domicile qui serait selon lui bénéfique pour vivre plus longuement en bonne santé ; sa société a gagné différents prix en Corée pour le caractère prometteur et innovateur de son activité.

Oh Young-guk a été le dernier à déclarer sa candidature, et celle-ci a été considéré comme une surprise par les observateurs de la vie politique coréenne.

Il aurait vu un signe du ciel dans le fait qu’elle soit marquée par le chiffre 7, il est né en 1957, l’élection a lieu en 2017 et son numéro de candidat est le 7.

Son programme se résume officiellement en cinq points :

  • Donner la priorité à l’économie nationale
  • Ne faire que ce qui est dans l’intérêt de la Nation
  • Ne plus avoir de politiciens au pouvoir mais des managers
  • Faire de la Corée le plus grand pays au monde
  • Déplacer le palais présidentiel

Il a déclaré concernant son projet : « Je souhaite faire de la Corée une grande puissance économique, un pays heureux, un village global où chacun puisse vivre en harmonie ».

Oh Young-guk possède une vision particulière de l’économie, il souhaite ainsi que le président de la Banque mondiale devienne le ministre de l’Economie mondiale et augmente de ce fait ses prérogatives. Ambitieux, son programme économique comporte également la création d’une Banque en ligne universelle.

Au niveau national, il souhaite redonner l’accès au crédit aux quelques 700.000 personnes qui en sont actuellement privées et limiter les taux d’intérêt des emprunts à un maximum de 3%. Cette proposition irait de pair avec la fermeture des établissements d’usure qui semblent prospérer en Corée du Sud.

Il désire rendre gratuit les frais d’inscription à l’université et réduire la part du privé dans l’enseignement.

L’île de Jeju d’où il est originaire occupe une place importante dans sa plateforme. Il souhaite en effet y développer davantage le tourisme en construisant un pont qui la relierait au continent, jusqu’à la ville de Mokpo dans la province du Jeolla du Sud plus précisément. Il déclare également vouloir attirer les voyageurs grâce à la création de casinos et établir des complexes hôteliers de luxe pour que l’île devienne « La Mecque du tourisme mondial ».

Dans le domaine de la justice, Oh Young-guk désire réexaminer la peine de la totalité des détenus. Il se dit favorable à une amnistie générale à l’exception des peines concernant les crimes les plus graves. Cette procédure serait alors entre les mains d’un comité opérant sous le contrôle de la présidence de la République.

Il propose la tenue d’une conférence internationale pour la paix qui se tiendrait à la frontière entre les deux Corée, que l’on appelle couramment DMZ.

Il dit avoir pour objectif la paix pour la péninsule coréenne ainsi que pour l’ensemble de l’humanité et désire la réunification de son pays « par la voie pacifique, pour des raisons pacifiques ». Il donne les arguments suivants pour cette solution : baisse des tensions dans la région, suppression des armes nucléaires, revitalisation économique et crédibilité sur la scène internationale.

Candidat numéro 8 : Chang Sung-min – Grand Parti National pour l’Unité (source)

Chang Sung-min est le candidat à l’élection présidentielle du Grand Parti National pour l’Unité, il est né le 5 septembre 1963 dans le district de Goheung, dans la province du Jeolla du Sud.


Il est considéré comme étant progressiste, son programme de politique intérieure proposant une façon novatrice de faire de la politique dans un pays encore souvent conservateur.

Diplômé de l’université Sogang à Séoul en sciences politiques en 1992, il a véritablement commencé sa carrière politique avec Kim Dae-jung, soutenant celui qui deviendra président de la République en 1997.

Aujourd’hui, il se présente comme son héritier, reprenant un bon nombre d’éléments de langage et de mesures jadis employées par celui qui fut le premier chef d’état Sud-Coréen à aller à Pyongyang.

Il a acquis une certaine notoriété en participant à une émission de télévision consacrée à la politique sur TV Joseon.

Le slogan de sa campagne est « La politique uniquement au service du peuple ».

Selon lui, « les fondements de la crise que le pays vient de connaître [la destitution de Park] et qui provoquent chaos et divisions sont nos politiques vieilles et gangrénées de l’intérieur ». Il propose de combattre d’une façon bien plus active la corruption.

Il souhaite ainsi augmenter le contrôle que les citoyens peuvent avoir sur les parlementaires au travers de 7 mesures qu’il décrit ainsi :

  • Introduction d’un système permettant de révoquer le mandat des parlementaires
  • Mise en place une période d’essai pour les évaluer
  • Réduction de leur nombre
  • Abolir les privilèges dont ils disposent et réduire le budget de l’assemblée
  • Renforcer leur morale et leur transparence
  • Se débarrasser de la corruption et des vices de la politique du passé
  • Réformer les partis et affermir la démocratie

Il est partisan d’une politique économique volontariste pour achever ce qu’il appelle la « 4ème Révolution Industrielle » qui sera le moteur de la croissance économique à venir. Ce concept désigne la mise en place d’une nouvelle philosophie industrielle s’appuyant sur les technologies numériques pour changer en profondeur la façon dont les objets sont produits.

Le processus de fabrication devra être propre et économe en énergie.

Il souhaite pour mettre cela en place restructurer l’économie du pays au travers d’une « dérégulation innovante » touchant également le secteur tertiaire.

Il appelle à la mise en place de trois grandes révolutions pour la « reconstruction nationale » :

  • Promouvoir une révolution des mentalités, particulièrement pour ceux ayant vécu durant la Guerre froide
  • Changer les lois anachroniques et le cadre institutionnel désuet
  • Développer une nouvelle politique géostratégique permettant de profiter de la Chine, plus grand marché au monde

Concernant la Corée du Nord, Chang Sung-min désire que Pyongyang démantèle son arsenal nucléaire, il préconise la négociation et non la menace pour y arriver, proposant une coopération économique étroite en échange de la dénucléarisation du Nord.

En attendant, il demande aux Etats-Unis de mettre de nouveau en place des armes atomiques au sud de la péninsule pour équilibrer le rapport de forces, et il est partisan du recours au système antibalistique américain THAAD.

Si cela n’était pas suffisant pour assurer la sécurité du pays, il souhaite que la Corée du Sud devienne à son tour une puissance nucléaire.

Candidat numéro 9 : Lee Jae-oh – Nouveau Parti 2018 (source)

Lee Jae-oh est le candidat à l’élection présidentielle du Nouveau Parti 2018, il est né le 11 janvier 1945 dans la ville de Donghae, de la province de Gangwon.

Ancien cadre du parti conservateur au pouvoir, son programme apparaît cependant comme un mélange entre progressisme social et libéralisme économique proposant certaines mesures apparaissant comme inhabituelles dans un pays tel que la Corée du Sud.

Il fut professeur dans le secondaire de 1971 à 1996 et a été impliqué en parallèle dans des organisations qui se sont opposées aux régimes autoritaires sud-coréens et ont œuvré pour la démocratie.

En 1979, Lee est devenu directeur d'Amnesty International pour la Corée du Sud.

La carrière politique de Lee a véritablement commencé en 1996, lorsqu'il a été élu à l’Assemblée nationale. En 1998, il est devenu vice-président du Grand parti national (GPN), parti conservateur, qui a changé plusieurs fois de nom, devenant le parti Saenuri pour finalement s’appeler le Parti de la Liberté de Corée, principale force de droite à cette élection.

Il a été réélu député en 2000.

En 2002, il a dirigé avec succès la campagne de réélection de Lee Myung-bak à la mairie de Séoul (ce dernier deviendra par la suite président de la République en 2007) et a siégé au conseil municipal.

Il a également été membre d’un groupe de travail du GPN pour les élections présidentielles de 2002. En 2004, il a été réélu à la chambre des députés.

De 2006 à 2007, Lee a été membre du Conseil suprême du GPN.

Lee Jae-oh désire réduire la durée du mandat présidentiel de 5 à 4 ans et diminuer ses prérogatives par la même occasion. Ce dernier gardera son autorité dans trois grands domaines : la diplomatie, la défense et les relations intercoréennes.

Selon cette nouvelle constitution, le Premier ministre, qui sera désormais investi par le Parlement, bénéficiera d’un transfert de compétences qui appartenaient précédemment au président. Cette dispersion du pouvoir permettra selon lui de décentraliser la nation et de faire diminuer la corruption.

Dans cette optique, Il accorde également une grande importance au découpage administratif du territoire, souhaitant réorganiser le pays en une cinquantaine de villes métropolitaines dotées d’une grande autonomie, chacune d’entre elles rassemblant une population d’un million d’habitants (la Corée du Sud comptant environ 50 millions d’habitants).

Cela irait de pair avec la réduction du nombre de parlementaire qu’il voudrait ramener à 200.

Ces économies sur les frais de fonctionnement de l’Etat permettraient selon lui de financer la gratuité des frais de santé et d’éducation pour les ménages dans un pays où la part du privé est prédominante dans ces secteurs clés, étant alors un grand facteur d’inégalités au sein de la population.

Ces mesures traditionnellement associées à une politique de gauche vont néanmoins dans le programme de Lee Jae-oh de pair avec un grand libéralisme économique.

Il déclare ainsi : « Le gouvernement central se doit d’intervenir le moins possible et de transférer dès que possible aux entités locales ou privées tout ce qu’elles sont capables de prendre en charge. La gestion des secteurs de la finance, législatifs, éducatifs et sécuritaires devront être pris en charge par les provinces nouvellement créées. »

A propos de la Corée du Nord, il souhaite l’établissement d’un traité de paix entre les deux pays et la prise en compte du caractère particulier de la politique au-delà du 38e parallèle.

Partisan des pourparlers à six, il souhaite cependant que la question nucléaire soit séparée du reste des discussions concernant la paix dans la péninsule.


Il est favorable à la présence militaire américaine au Sud, nécessaire selon lui à la stabilité en Asie du Nord-Est.

Il propose la construction d’une ligne de train à grande vitesse passant par les deux pays qui permettrait ainsi de relier la Corée du Sud à l’Europe par voie ferroviaire.

Candidat numéro 10 : Kim Sun-dong (également orthographié Kim Seon-dong) – Parti du Peuple Uni, également appelé parti de l'Union populaire (source)

Kim Sun-dong est le candidat à l’élection présidentielle du Parti du Peuple Uni, il est né le 9 septembre 1967 dans le district de Goheung, province du Jeolla du Sud.

Cet homme politique se situe résolument à gauche de l’échiquier politique sud-coréen, il a par ailleurs acquis une relative notoriété grâce à certains coups d’éclat durant sa carrière de parlementaire.

Il a été élu en 2011 à l’assemblée nationale pour le Parti démocratique du travail de Corée qui deviendra peu après après le Parti progressiste unifié suite à une fusion avec d’autres forces de gauche.

Ce dernier sera finalement dissous fin 2014 suite à la demande de la présidente Park Geun-hye (ce que de nombreuses organisations comme Amnesty International ont considéré comme « un signe inquiétant pour la démocratie»).


Lors du vote concernant le traité de libre-échange avec les Etats-Unis fin 2011, il lança une bombe lacrymogène au sein de l’assemblée pour retarder son adoption.

Cet acte eut pour conséquence de le priver de son mandat, il travailla par la suite dans une usine pour gagner sa vie.

Kim Sun-dong est le candidat ayant déclaré le moins de patrimoine personnel (environ 15.000 €).

Son programme politique semble être l’un des plus progressistes parmi ceux des différents candidats à la présidence de la République.

En ce qui concerne l’économie, il propose une série de mesures afin de combattre les inégalités, mieux protéger les salariés et réduire la pauvreté.

Nous pouvons citer par exemple la hausse du salaire minimum, dans un pays où ce dernier est faible, qui atteindrait ainsi les 10.000 won sud-coréens (environ 8 euros) par heure, le démantèlement des monopoles que les conglomérats détiennent, la hausse des impôts pour les très hauts revenus, l’élimination de la spéculation immobilière et financière, etc.

La situation économique du monde rural semble le préoccuper tout particulièrement. Conformément aux combats qu’il a mené contre les traités de libre-échange, il met en avant le concept de « souveraineté agricole ». Il propose entre autres d’interdire l’importation du riz et plus globalement d’assurer un revenu décent aux personnes vivant de la terre.

Le combat pour les libertés individuelles est un autre aspect majeur de sa campagne, il désire ainsi « une société sans discriminations, l’égalité entre les hommes et les femmes et l’accès à une citoyenneté à part entière pour les minorités ».

Il souhaite des négociations pour que la Corée et le Japon règlent enfin le problème des femmes de réconfort.

Concernant l’environnement, il désire augmenter la part des énergies renouvelables et supprimer les particules fines qui sont responsables d’une grande partie de la pollution dans le pays.

Enfin, il se pose en défenseur de la vie animale et veut travailler pour créer un environnement où les cours d’eau et les rivières ne seront plus un danger pour la santé.

La réunification du pays et la remise en cause des rapports actuels avec les Etats-Unis et le Japon constituent le troisième axe de sa candidature.

Il demande l’abandon immédiat du système antibalistique américain THAAD et le retour de cet équipement aux Etats-Unis dans les plus brefs délais.

A plus long terme, il demande la dissolution de l’alliance militaire entre les deux pays et le départ des troupes américaines de Corée du Sud après que le pays aura retrouvé sa souveraineté en matière de défense.

L’accord de partage de renseignements militaires entre la Corée du Sud et le Japon actuellement en vigueur devra prendre fin dans un délai de 90 jours suivant son élection à la présidence de la République.

Il demande la diminution des dépenses militaires qui permettra selon lui de financer une meilleure protection sociale, la baisse de la durée du service obligatoire à 12 mois (elle est comprise entre 21 et 24 mois à l’heure actuelle) ainsi que l’abaissement de la période de disponibilité pour les réservistes.

Concernant la Corée du Nord à proprement parler, il propose un certain nombre de mesures hautement symboliques :

  • La remise en service du complexe industriel de Kaesong
  • La réouverture des monts Kumgang aux touristes sud-coréens
  • La tenue d’un sommet intercoréen immédiatement après l’élection présidentielle
  • La fin de la loi de sécurité nationale en Corée du Sud
  • La construction d’une « ville de l’unification » à Kaesong
  • La prospection commune du pétrole en mer Jaune.
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