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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 23:57

383px-Geun_Hye_Park.jpgA l'issue de l'élection présidentielle du 19 décembre 2012, Mme Park Geun-hye (Parti Saenuri, conservateur) a été élue présidente de la République de Corée (du Sud) avec 51,55 % des voix, contre 48,02 % à son plus proche adversaire, le démocrate Moon Jae-in. Une majorité de Sud-Coréens a donc choisi la fille du général Park Chung-hee, qui a gouverné la Corée du Sud d'une poigne de fer entre 1961 et 1979, ainsi que la continuité avec le président sortant Lee Myung-bak, également membre du Parti Saenuri (conservateur). 

Le résultat est net : à l'issue d'un scrutin marqué par une participation plutôt élevée (75,8 %, en hausse de 13 points par rapport au précédent scrutin de 2007), la droite sud-coréenne a conservé le pouvoir à Séoul avec un score de 51,55 % pour Mme Park Geun-hye, qui devient ainsi la première femme à accéder à la magistrature suprême dans la péninsule.

Son principal adversaire, Moon Jae-in, du Parti démocratique unifié (centre-gauche), a recueilli 48,02 % des voix. Dans la province du Cheolla qui a fortement souffert du régime de la junte militaire, son résultat atteint près de 90 %, mais dans le reste du pays il n'est majoritaire qu'à Séoul (51,42 % contre 48,18 % à Park Geun-hye). Même l'île de Jeju a choisi Park Geun-hye (50,46 % contre 48,95 % à Moon Jae-in).

Dans ce scrutin uninominal à un tour, les autres candidats n'ont recueilli que de très faibles scores : 0,17 % pour le très droitier Kang Ji-won ; 0,15 % pour Kim Soon-ja (issue des rangs du Nouveau parti progressiste) ; 0,05 % pour la syndicaliste Kim So-yeon ; 0,04 % pour l'indépendant de droite Park Jong-sun.

La première pensée de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) va évidemment aux victimes du régime militaire de Park Chung-hee et à leurs familles, qui ne peuvent voir sans inquiétude la fille de ce dernier accéder à la magistrature suprême. L'AAFC sera extrêmement vigilante quant au respect des libertés publiques en Corée du Sud, alors que l'intervention des services secrets, particulièrement marquée dans les derniers jours de la campagne, a fait peser un climat malsain pour la démocratie. Aux libéraux et à la gauche, nous leur disons de rester unis et confiants : les victoires politiques de demain se gagnent par un combat constant, mené au quotidien. L'heure doit d'autant moins être à la résignation que l'écart entre la droite et le centre-gauche, qui atteignait 22,6 % en 2007, n'est plus que de 3,5 % : ce doit être un signe de confiance et d'espoir pour les prochaines batailles électorales que mèneront les progressistes, qui ont toujours pu compter sur le soutien de l'AAFC depuis les heures difficiles des luttes héroïques contre la junte militaire jusqu'aux combats récents pour la diminution des frais de scolarité, le refus de dénaturer l'île de Jeju en y implantant une base militaire ou encore pour le rejet des traités de libre-échange signés avec l'Union européenne et les Etats-Unis. Le combat des victimes pour la démocratie en Corée du Sud n'a pas été vain : il est aujourd'hui, plus que jamais, le plus sûr rempart du respect des libertés.

Après avoir recentré le programme du Parti Saenuri et pris ses distances avec le très impopulaire président sortant Lee Myung-bak dont elle avait cependant le soutien, Mme Park Geun-hye a mené une campagne ambiguë, qu'il s'agisse des relations intercoréennes, du pouvoir des conglomérats (chaebols) préjudiciable au redémarrage de l'économie ou de la nécessaire mise en place d'un système plus complet de protection sociale. Ces incertitudes reflètent le caractère hétéroclite de la coalition qui la soutient, du centre jusqu'à l'extrême-droite nostalgique de l'ère Park Chung-hee. Il appartient maintenant à la Présidente Park Geun-hye, qui entrera en fonctions en février, de clarifier ses positions : reconnaîtra-t-elle que le coup d'Etat de son père, en 1961, était un drame pour la démocratie sud-coréenne ? Choisira-t-elle un Premier ministre ouvert sur la société et le monde, ou fera-t-elle revenir aux commandes les héritiers du régime militaire, dont elle est elle-même la figure la plus emblématique en ayant servi comme première dame entre 1974 et 1979 ? Mettra-t-elle en application son discours consistant à renouer le dialogue avec Pyongyang, en commençant par inviter des représentants nord-coréens à son investiture, comme c'était le cas pendant la période de la politique du "rayon de soleil" ? Reconnaîtra-t-elle enfin que les déclarations communes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 engagent les deux gouvernements coréens, au-delà des changements de majorité politique ? S'affranchira-t-elle du pouvoir des conglomérats qui ont financé sa campagne ? Libèrera-t-elle les prisonniers politiques, dont le seul crime est d'être des patriotes coréens favorables à la réunification ? Mettra-t-elle fin à l'utilisation de la loi de sécurité nationale pour réprimer l'opposition ? Réouvrira-t-elle les travaux de la commission historique chargée de rétablir la vérité sur les effroyables assassinats de masse, pratiqués par l'armée sud-coréenne et les GIs américains, dans les premiers mois de la guerre de Corée ? 

Le proverbe dit que c'est au pied du mur qu'on reconnaît le maçon. A Mme Park Geun-hye de faire maintenant la démonstration de ses qualités de dirigeante d'une nation qui regarderait enfin son passé en face, et se projetterait vers l'avenir avec d'autres schémas mentaux que ceux, surannés, d'une guerre froide qui n'a jamais pris fin dans la péninsule coréenne.

 

Principale source pour les résultats : wikipédia.

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 10:03

lee jung hee candidate-UPPTrois jours avant le premier tour de l'élection présidentielle sud-coréenne du 19 décembre 2012, un nouveau désistement - celui de Lee Jung-hee, du Parti progressiste unifié - en faveur du candidat de centre-gauche Moon Jae-in élargit le front contre la candidate de droite Mme Park Geun-hye, qui est aussi le symbole des "années de plomb" du régime militaire sud-coréen en étant l'ex-première dame et la fille du général Park Chung-hee, auteur d'un coup d'Etat ayant enterré la démocratie sud-coréenne en 1961 - ce que Mme Park persiste à refuser de reconnaître - et à l'origine de milliers de morts et de disparitions. Alors que la presse internationale s'est interrogée sur les vraies raisons de la candidature de la "fille du dictateur" (ne vise-t-elle pas avant tout à réhabiliter son père ? quel pouvoir accordera-t-elle aux partisans de ce dernier, toujours nombreux dans son entourage, et dont beaucoup n'ont jamais été jugés pour les actes qui leur sont reprochés par les partisans des droits de l'homme ? que penserait  l'opinion publique internationale si, par analogie, les Italiens élisaient la petite-fille de Benito Mussolini ou les Chiliens le petit-fils du général Pinochet ?), les manoeuvres en coulisses de l'appareil d'Etat sud-coréen en faveur de cette dernière inquiètent tous ceux qui - en particulier à l'Association d'amitié franco-coréenne - sont attachés à la défense de la démocratie sud-coréenne. Car si les hommes et les femmes politiques peuvent changer ou prétendre avoir changé, les structures d'Etat et les entourages sont d'une beaucoup grande stabilité et c'est à ce niveau que réside la réalité pratique du pouvoir politique et administratif.

Le mode de scrutin unonimal à un tour est cruel : les nuances de sensibilité politique ne peuvent pas s'exprimer au premier tour dans l'attente d'un rassemblement au second tour. Le troisième homme des sondages pour la présidentielle sud-coréenne, l'indépendant Ahn Cheol-su, avait déjà dû se retirer en faveur du candidat de centre-gauche Moon Jae-in (ci-dessous, en campagne aux côtés de Moon Jae-in, source). Puis, trois jours avant le scrutin du 19 décembre, c'est au tour de la candidate en troisième position dans les sondages, Mme Lee Jung-hee (Parti progressiste unifié, gauche), de se retirer avec ces mots simples : "Je me retire aujourd'hui pour aider les partis libéraux et progressistes à se réunir et à atteindre l'objectif du changement de pouvoir. [...] Si le parti de Park Geun-hye l'emporte à nouveau aux élections [...] ce sera un désastre irréversible pour tous [les Coréens]."

Moon-Jae-In_An-Cheol-su_en-campagne-ensemble.JPG

En tant qu'unique autre représentante d'un parti représenté au Parlement, Mme Lee Jung-hee avait été invitée dans le premier grand débat opposant les deux principaux candidats. Son opposition sans concessions à Mme Park Geun-hye avait alors été saluée à gauche. Mais en renforçant sa propre position face à Moon Jae-in, elle contribuait à l'élection de Mme Park Geun-hye, dont l'avance dans la moitié des derniers sondages s'est réduite à moins de 1 %... soit le niveau moyen des intentions de vote de Lee Jung-hee, dont le maintien de la candidature pouvait suffire à faire basculer l'élection en faveur de la droite. Au demeurant, les résultats des votes des Coréens de l'étranger - dont le scrutin a été organisé par anticipation - donnera une indication de la pertinence de ce choix, puisqu'ils donneront une indication grandeur réelle des écarts de voix entre les principaux candidats et de l'importance des suffrages s'étant portés sur les autres candidats quant au dénouement du scrutin. Avant même le retrait d'Ahn Cheol-su, l'AAFC avait souligné, pour sa part, qu'un résultat serré placerait les "tiers candidats" en faiseurs de roi - ou de reine, si l'on considère que Mme Park est l'héritière de son père, l'ancien président Park Chung-hee.

Forte de l'appui d'une presse qui lui est acquise à plus de 80 %, ainsi que de l'argent des conglomérats et de nombre d'églises protestantes, la droite sud-coréenne va évidemment tenter d'exploiter le retrait de Mme Lee Jung-hee pour continuer à dépeindre Moon Jae-in pour un candidat de "gauche". Mais il est un démocrate à l'américaine, porteur de valeurs qui le placent au centre-gauche de l'échiquier politique si l'on suit le classement international des forces politiques utilisé par les experts en sciences politiques. Il n'y pas de militants d'extrême-gauche dans son équipe de campagne ni dans son parti, et le désistement de Mme Lee Jung-hee s'est opéré sans conditions sur le plan programmatique. En revanche, dans la coalition, elle bien ancrée à droite et dont Mme Park Geun-hye a pris la tête, les éléments d'extrême-droite occupent une place reconnue, comme dans tous les pays où les partis d'extrême-droite sont marginalisés (comme par exemple en Espagne, au sein de la droite). En Corée du Sud, les symboles nazis sont d'ailleurs ostensiblement visibles dans les bars dits à thèmes et sur les marchés, quand la littérature marxiste est toujours interdite et que sa simple détention vaut, aujourd'hui encore, des emprisonnements à des libraires et à des acheteurs. "Mieux vaut Hitler que le Front populaire" : le slogan fascisant des années 1930 en France est malheureusement encore d'actualité en Corée du Sud.

Pour être elle-même une cible des services sud-coréens, l'Association d'amitié franco-coréenne n'a pas été surprise d'apprendre que l'appareil d'Etat en Corée du Sud, qui penche clairement à droite et à l'extrême-droite, était accusé d'expédients illégaux par l'opposition afin de faire triompher sa candidate, Mme Park Geun-hye. Déversement de messages anti-Moon Jae-in sur les sites Internet, mise sous surveillance de candidats et de leur entourage, en vue du montage et exploitation de scandales... Les méthodes du régime militaire ont décidément la vie dure, comme s'en est inquiété le - pourtant modéré - quotidien sud-coréen de langue anglaise The Korea Times :

"Le Parti démocratique unifié dit que les services secrets [National Intelligence Service, NIS] ont récemment renforcé leur cellule de renseignement sur les personnes, et que ses 70 membres ont posté des messages sur Internet dénonçant son candidat, Moon Jae-in. Des membres du plus grand parti d'opposition, avec des officiels électoraux, ont visité ce qui serait un établissement des services spéciaux mercredi, mais se sont vus refuser d'entrer.

La plupart des électeurs trouveront incroyables de telles activités sordides qui avaient cours pendant la dictature militaire durant les années 1960 et 1970. [NdR : quand le général Park Chung-hee, père de la candidate Park Geun-hye, était au pouvoir] Toutefois une telle possibilité ne peut pas être entièrement rejetée, étant donné qu'encore récemment la police avait espionné l'ancien candidat indépendant Ahn Cheol-soo, découvrant où il avait bu la nuit et quelles personnes, y compris des femmes, il avait rencontrées. L'agence d'espionnage ne peut pas davantage être exempte de critiques sur l'utilisation de ses moyens humains lorsque, au lieu de servir les intérêts de la sécurité nationale, elle protège les intérêts de l'administration.  

[...] Suivant les résultats de l'enquête, le scandale pourrait altérer les résultats du scrutin de manière considérable."

D'ores et déjà, en cas de résultat serré, l'AAFC appelle les gouvernements étrangers à la prudence dans la reconnaissance du verdict des urnes, afin de ne pas cautionner ce qui pourrait être considéré par une part importante - sinon majoritaire - de l'opinion sud-coréenne comme une élection volée ou truquée. En d'autres lieux et d'autres temps, de telles situations électorales génèrent des imbroglios où les démocrates doivent se garder de prendre position inopportunément. La position de tout démocrate sincère doit être de refuser toute ingérence de l'appareil d'Etat dans un processus démocratique, et de ne surtout pas cautionner de graves manquements à la légalité qui peuvent inverser le résultat d'un scrutin. En de telles circonstances, seules des nouvelles élections propres et transparentes peuvent aider à dénouer une crise politique.

Dans ce lourd climat, une première réponse, inquiétante pour la démocratie, est venue des membres de la Commission nationale électorale (CNE), qui ont verbalisé un groupe composé de huit personnes ayant posté des messages SMS favorables à la candidate Park Geun-hye. Dans un briefing de routine tenu le vendredi 14 décembre, les membres de la CNE ont déclaré qu'ils "ont mis la main sur un groupe utilisant les SMS de manière illicite pour influencer la campagne électorale et [ils porteraient] plainte contre eux auprès du Parquet". 

En Corée du Sud, la démocratie n'est manifestement pas le souci majeur de certains qui s'agitent dans l'ombre de la candidate Park Geun-hye. Cette dernière cherche à se poser en victime des manoeuvres venant pourtant de son propre camp, et essaie de dépolitiser la campagne en se faisant photographier à manger des crêpes coréennes ou à porter le chapeau rouge du chat botté (photo ci-dessous, source). Dans un geste qui se veut magnanime, elle fait fleurir les tombes des anciens présidents, y compris démocrates, mais l'un d'entre eux, Roh Moon-hyun, s'est suicidé après un harcèlement judiciaire et une cabale médiatique ourdis par le propre parti de Mme Park et des médias conservateurs. 

park-geun-hye_dite_le-chat-botte_coreen.jpg

Moon Jae-in a été, lui, une victime du régime militaire sud-coréen. Quand il croupissait dans les geôles de la junte puis se voyait interdit d'exercer le métier du juge dont il avait pourtant été reçu deuxième au concours, Mme Park Geun-hye menait une vie de princesse.

Les services spéciaux et certains policiens et magistrats sud-coréens n'ont-ils pas un intérêt personnel à tenter par tous les moyens de barrer la route à cet ancien avocat, défenseur des droits de l'homme, dont les principes n'ont jamais fléchi face aux compromissions ? Une alternance pourrait menacer les positions et les fortunes mal acquises de certaines personnalités, qui ont été de toutes les factions et n'en ont combattu aucune : faction pro-japonaise pendant la colonisation japonaise, faction pro-Syngman Rhee (du nom du fondateur du premier régime autoritaire de la Corée du Sud) à la libération, factions pro-généraux pendant trois décennies, et aujourd'hui faction pro-Park Geun-hye. Ils n'ont jamais pris le moindre risque, ils n'ont jamais mis en danger leur vie pour l'indépendance de la Corée ou la démocratie, mais ont en revanche toujours su manoeuvrer pour s'enrichir davantage et parvenir toujours plus haut.

Comme aux plus grandes heures de la lutte pour la démocratie, lors de la commune de Gwangju en 1980 ou du soulèvement démocratique de juin 1987 (photo ci-dessous :manifestation à la mémoire de Lee Han-yeol, tué par la police), le peuple sud-coréen a rendez-vous avec l'histoire le 19 décembre prochain, en répondant à cette unique question : de quoi Mme Park Geun-hye est-elle le nom ?

lee-han-yeol-portrait-2-copie-1.jpg

 

Sources : AAFC, The Korea Times ("Election-rigging spies", article paru le 13 décembre 2012), Radio Netherlands Worldwide, Yonhap ("Le NIS accusés d'intervenir dans la campagne, Park en guerre contre les 'offensives négatives'", dépêche du 14 décembre 2012)

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 21:50

Les derniers sondages publiés avant l'élection présidentielle sud-coréenne du 19 décembre 2012, pour laquelle le chef de l'Etat sortant Lee Myung-bak (Parti Saenuri, conservateur) ne peut pas être candidat à sa réélection, indiquent un resserrement des intentions de vote entre Park Geun-hye (Parti Saenuri) et Moon Jae-in (Parti démocrate unifié, centre-gauche, qui a bénéficié du désistement en sa faveur de l'indépendant Ahn Cheol-soo et d'une candidate de gauche, Sim Sang-jeong), alors que les cinq autres candidats peinent à atteindre 1 % des voix dans les sondages. Si Park Geun-hye conserve une avance de 0,5 à 6 points sur Moon Jae-in, cet écart s'est réduit et le fort taux de participation des Coréens inscrits à l'étranger (70 %, en nette hausse par rapport aux législatives d'avril : 45 %) indique un possible retournement de situation dans la dernière ligne droite : en effet, l'abstention touche traditionnellement les électeurs plus jeunes, réputés favorables à Moon Jae-in, et ce dernier bénéficie également de souhaits de victoire plus élevés que dans les sondages d'intentions de vote. L'Association d'amitié franco-coréenne résume ce qu'il faut savoir du scrutin.

 

affiches_candidats_presidentielle_sud-coreenne_19-decemb.jpg

 

Electeurs inscrits : selon la Commission électorale nationale, 40 464 641 citoyens âgés d'au moins 19 ans, dont 179 188 électeurs inscrits à l'étranger qui ont pu voter pour la première fois depuis 1972, de manière anticipée, à une élection présidentielle. En Corée, les bureaux de vote seront ouverts le 19 décembre 2012 de 6 heures à 18 heures (la proposition d'une extension des horaires jusqu'à 19 heures, émise par l'opposition, a été refusée par les conservateurs au pouvoir).

 

Mode de scrutin :

Uninominal à un tour.

 

Durée du mandat et entrée en fonctions :

Le mandat présidentiel dure cinq ans. L'élection se tenant traditionnellement en décembre, l'entrée en fonctions n'intervient qu'en février de l'année suivante, suivant un dispositif proche de celui existant aux Etats-Unis.

 

Conditions de candidature :

Etre de nationalité sud-coréenne, être âgé d'au moins 40 ans et résider en Corée du Sud depuis au moins cinq ans.

Etre présenté par un parti (dans ce cas, il est d'usage d'organiser des primaires, dont le candidats battus ne peuvent pas se présenter à la présidentielle) ou par un certain nombre d'électeurs : il est requis le soutien de 3 500 à 6 000 électeurs résidant dans au moins cinq villes et provinces, dont au moins 700 électeurs dans chacune de ces villes ou provinces.

Chaque candidat doit déposer une caution de 300 millions de wons (soit 213 000 euros). Cette somme est intégralement restituée au candidat élu, aux candidats qui recueillent plus de 15 % des suffrages exprimés et en cas de décès. La moitié de la somme est restituée aux candidats ayant recueilli entre 10 % et 15 % des suffrages exprimés.

 

Candidats :

- Park Geun-hye (Parti Saenuri, droite, au pouvoir) : née le 2 février 1952, politicienne de carrière n'ayant jamais exercé d'autre activité professionnelle, elle est la fille du général Park Chung-hee qui a établi le régime militaire le plus autoritaire qu'ait connu la Corée du Sud de son histoire ; elle a servi comme première dame du régime Park Chung-hee après la mort de sa mère dans un attentat, et jusqu'à l'assassinat du général Park par le chef de ses propres services de sécurité en 1979 ;

- Moon Jae-in (Parti démocrate unifié, centre-gauche) : né le 24 janvier 1953, quand il était étudiant il a milité pour la démocratie et contre le régime militaire, ce qui lui a valu d'être emprisonné ; reçu au concours du barreau en 1980, il a été interdit d'exercer par le pouvoir militaire ; devenu alors avocat, dans un cabinet qu'il a fondé avec le futur président démocrate Roh Moo-hyun (au pouvoir entre 2003 et 2008), il a été chef de cabinet de la présidence de la République entre 2006 et 2008 ;

- Lee Jung-hee (Parti progressiste unifié, gauche) : avocate et ancienne députée, elle a repris les thématiques des mouvements sociaux de la présidence Lee Myung-bak (notamment, l'abandon de l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis et la diminution des frais de scolarité) ;

- Kang Ji-won (indépendant, droite) : avocat et fondateur du Centre du manifeste coréen, il est partisan d'une déréglementation accrue du marché du travail et pour la défense des valeurs traditionnelles ;

- Park Jong-sun (indépendant, droite) : âgé de 84 ans, cet ancien patron de la société Samhyup est opposé aux chaebols, pour la rupture totale des échanges avec la Corée du Nord et l'augmentation des impôts sur les hauts revenus :

- Kim So-yeon (indépendante, gauche) : ouvrière née le 23 janvier 1970, elle est membre de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU) et axe ses propositions sur les droits des travailleurs ;

- Kim Soon-ja (indépendante, gauche) :  elle a été candidate sur les listes du Nouveau parti progressiste (NPP) aux législatives d'avril 2012 (1,1 % pour le NPP au scrutin de liste aux législatives de 2012).

 

Prises de position des candidats et faits marquants de la campagne

A plusieurs reprises durant la campagne, Mme Park Geun-hye a justifié par les circonstances de l'époque le coup d'Etat militaire du 16 mai 1961 conduit par son père, ayant mis fin à la démocratie en Corée du Sud.

Lors d'un débat télévisé le 8 août 2012, Park Geun-hye n'a pas pu donner le montant du salaire minimum.

Tout en s'étant opposée à une limitation du pouvoir des conglomérats (les chaebols), Park Geun-hye a mis l'accent dans son programme sur la défense des petites et moyennes entreprises. Ayant recentré les positions de la droite conservatrice, elle s'est prononcée pour la mise en place d'un système économique plus impartial, une lutte accrue contre les discriminations sur le marché du travail et le développement des activités périscolaires en vue de mieux concilier la vie familiale et professionnelle.

Les propositions de Moon Jae-in mettent l'accent sur la création d'un système plus complet de protection sociale et la création d’emplois dans les secteurs de la santé, des services sociaux, de l’éducation et de la sécurité. A la suite d'Ahn Cheol-soo, il a insisté sur la rénovation de la vie politique sud-coréenne, aujourd'hui gangrénée par la corruption et le clientélisme.

Si les deux principaux candidats sont favorables à un assouplissement de la ligne actuelle intransigeante du Président Lee Myung-bak dans les relations intercoréennes, une reprise du dialogue avec le Nord est jugée improbable par la plupart des experts en cas d'élection de Park Geun-hye, dans la mesure où elle appartient à la même majorité que le chef de l'Etat sortant et qu'une partie de ses soutiens sont farouchement hostiles à tout geste d'apaisement en direction du Nord.

 

Sources : AAFC, site dédié sur Internet de la chaîne KBS, wikipédia, Yonhap, "en français s'il vous plaît" (blog d'étudiants en français de l'Université nationale de Chungbuk, dont photo).

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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 00:12

Depuis plus de deux semaines, la vie politique sud-coréenne a été rythmée par les discussions entre le candidat indépendant Ahn Cheol-soo et le représentant du Parti démocrate (centre-gauche, opposition) Moon Jae-in, en vue de présenter une candidature unique à l'élection présidentielle du 19 décembre prochain, face à la candidate conservatrice Park Geun-hye. Alors que les débats s'enlisaient sur les modalités de sélection du candidat unique de l'opposition, à seulement deux jours du délai limite pour l'enregistrement des candidatures, l'annonce du retrait d'Ahn Cheol-soo, le 23 novembre, a fait l'effet d'un coup de tonnerre : si Moon Jae-in bénéficie de ce retrait, les conditions dans lesquels celui-ci s'est opéré ne dissipent pas l'incertitude quant à l'issue du scrutin.

Ahn-Cheol-Soo_retrait.jpg

Depuis l'annonce, le 6 novembre dernier, qu'ils présenteraient une candidature unique au scrutin présidentiel du 19 décembre 2012, Ahn Cheol-soo et Moon Jae-in n'avaient pu que constater combien le chemin vers l'union était parsemé d'embûches. Si un consensus avait pu se dégager sur un socle de valeurs communes, les modalités de sélection du candidat - nécessairement par sondage, au regard de la brièveté des délais - butaient sur la question à poser, suivant que sa formulation pourrait favoriser Moon Jae-in ou Ahn Cheol-soo, ou encore le choix d'un panel de citoyens appelés à départager les deux impétrants, dans l'hypothèse d'une primaire restreinte à tout ou partie de leurs sympathisants. Rallié tardivement au principe d'une candidature unique - il avait initialement refusé de participer aux primaires du Parti démocrate - Ahn Cheol-soo avait vu sa cote de popularité s'effriter pendant les discussions, jusqu'à être à égalité, voire légèrement devancé, par Moon Jae-in dans les sondages les opposant tous deux à Park Geun-hye, en cas de double candidature au premier (et unique) tour de scrutin. De même, en cas de second tour entre eux - soit un scénario pouvant préfigurer une primaire à l'échelle nationale - Moon Jae-in était susceptible de l'emporter. En revanche, en cas de duel face à Park Geun-hye, une candidature d'Ahn Cheol-soo augmentait les chances de victoire de l'opposition.

Tout au long de ces deux semaines de discussions, le dialogue entre les lieutenants de chacun des candidats avait été rompu, puis repris. Ahn Cheol-soo avait déploré que son appel à faire de la politique différemment ne trouve pas d'écho dans les propositions du Parti démocrate pour parvenir à l'union, tout en affirmant qu'il était prêt - en cas d'élection - à s'appuyer sur le Parti démocrate. De son côté, la direction du Parti démocrate avait choisi de démissionner en bloc pour favoriser l'union, prenant sur elle la faute d'une rupture - temporaire - des discussions.

Si les motivations du retrait d'Ahn Cheol-soo, qu'il a annoncé lors d'une conférence de presse, courent bon train (se préparerait-il pour la prochaine échéance présidentielle, en 2017, étant plus jeune que Moon Jae-in ? Jette-t-il l'éponge au nom de la priorité à faire battre la droite, alors qu'il n'a pas l'appui de l'appareil d'un parti politique et que les sondages étaient difficiles à interpréter mais rendaient son combat incertain ?), son message a été sans ambiguïté : "Dorénavant, Moon Jae-in sera le seul candidat de l’opposition.". Moon Jae-in a répondu sur Twitter qu’il était "sincèrement désolé pour Ahn et les personnes qui (le) soutiennent".

Après avoir déjà laissé planer le doute sur sa possible candidature à la mairie de Séoul l'an dernier, Ahn Cheol-soo s'était finalement retiré au profit d'un autre candidat d'opposition, Park Won-soon, qui l'avait emporté face à un adversaire activement soutenu par... Park Geun-hye, confirmant le statut de looser de celle qui a profité de sa victoire surprise aux législatives du printemps pour faire oublier ses échecs électoraux répétés (à commencer par la primaire interne face à l'actuel président Lee Myung-bak, non rééligible, en 2007), et se faire alors surnommer par des médias complaisants de droite "la reine des élections". Cette année, Ahn Cheol-soo a attendu le mois de septembre pour faire part officiellement de son intention d'être candidat, après avoir temporairement viré en tête des sondages, très loin devant ses rivaux démocrates. La semaine dernière, ses partisans avaient invoqué des rumeurs alimentées par le camp de son rival Moon Jae-in sur son possible désistement, pour expliquer le recul de leur champion dans les sondages et interrompre les négociations.

Le camp conservateur tente de tirer profit de cette reconfiguration du scrutin, qui ne lui est fondamentalement pas favorable, en déclarant qu'Ahn Cheol-soo est déçu de ne pas avoir fait prévaloir sa vision d'une autre manière de faire de la politique. Mais une telle déclaration cadre mal avec la personnalité et le parcours de la candidate de droite Mme Park Geun-hye, qui n'a jamais exercé d'activité professionnelle en dehors de la politique depuis qu'elle a servi comme première dame sous le régime très autoritaire de son propre père, le général Park Chung-hee. Artisan d'une  répression politique brutale, le général Park était parvenu au pouvoir par un coup d'Etat en 1961 et s'y était maintenu par le bourrage des urnes, puis la confiscation de l'expression démocratique de la représentation politique dans le cadre de la Constitution Yusin de 1972. Ses partisans sont aujourd'hui toujours très actifs dans l'entourage de Park Geun-hye, qui n'a pas hésité à justifier le coup d'Etat de 1961, et dont la popularité au sein de la droite - incompréhensible en Occident - rappelle celle du général Pinochet dans le Chili d'aujourd'hui.

Alors que le retrait d'Ahn Cheol-soo pourrait en annoncer d'autres, aucun des "petits" candidats n'arrivant à 1 % des intentions de vote à moins d'un mois de l'élection, les sondages indiquaient jusqu'à présent que Park Geun-hye aurait du mal à rallier de nouveaux électeurs autour d'elle en cas de duel avec Moon Jae-in ou Ahn Cheol-soo, mais aussi que le scrutin serait serré, comme du reste les élections législatives d'avril 2012 qui se sont soldées par une courte reconduction de la majorité sortante de droite. C'est pourquoi, même non-candidat Ahn Cheol-soo jouera un rôle déterminant dans l'issue du vote, par son implication ou non aux côtés de Moon Jae-in.

 

Sources : AAFC, Yonhap (dont photo).

 

Dernier sondage quotidien Realmeter publié avant le retrait d'Ahn Cheol-soo, le 23 novembre 2012 :

- en cas de primaire de l'opposition entre Ahn Cheol-soo et Moon Jae-in :
Park Geun-hye 43,0 % - Moon Jae-in 27,7 % - Ahn Cheol-soo 23,2 %

- en cas de duel :

Ahn Cheol-soo 48,2 % - Park Geun-hye 43,3 %

Park Geun-hye 47,3 % - Moon Jae-in 46,6 %

Moon Jae-in 45,4 % - Ahn Cheol-soo 35,9 %

 

Dernier sondage hebdomadaire Realmeter (réalisé du 11 au 18 novembre 2012) :

Park Geun-hye 43,3 %

Moon Jae-in 25,9 %

An Cheol-soo 24,2 %

Lee Jung-hee (PPU, gauche) 0,7 %

Kang Ji-won (indépendant, droite) 0,6 %

Lee Kun-kae (Parti pour l'avancement de l'unification, extrême-droite) 0,5 %

Sim Sang-jeong (PPJ, gauche) 0,4 %

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 00:40

Moon-Jae-In_An-Cheol-su.JPGLe 6 novembre 2012, les deux principaux candidats de l'opposition à la présidentielle sud-coréenne du 19 décembre prochains - Moon Jae-in, investi par le Parti démocrate unifié (PDU, centre-gauche, à gauche sur la photo), et l'indépendant Ahn Cheol-su (à droite sur la photo) - se sont rencontrés au Musée et à la Bibliothèque Kim Ku, du nom du patriote coréen assassiné en 1949 sur ordre du premier président autoritaire qu'ait connu la Corée du Sud, Syngman Rhee. En ce lieu symbolique pour tous les partisans de la démocratie et de la réunification de la Corée, les deux hommes ont convenu d'une candidature commune avant le début de l'enregistrement des candidatures, les 25 et 26 novembre prochains. Cette union ouvre la voie à l'alternance politique, au Sud de la péninsule coréenne.

 

S'ils étaient divisés, leurs chances de succès étaient à peu près nulles faute d'avoir pu refaire leur retard sur la candidate du parti au pouvoir, dans un scrutin à un seul tour. Unis autour d'une seule candidature, ils bénéficient en revanche l'un et l'autre d'un certain avantage sur la candidate conservatrice Park Geun-hye, selon les sondages d'opinion, rendant possible l'alternance politique à Séoul tout en reconnaissant également que ce qui les réunit est plus important que ce qui les sépare.

 

Si le candidat démocrate Moon Jae-in a plaidé le plus fortement pour une candidature unique de l'opposition, c'est finalement Ahn Cheol-su qui a pris l'initiative de proposer une rencontre, qui a eu lieu le 6 novembre. Alors que certains observateurs étaient sceptiques sur les résultats concrets d'une telle initiative à seulement un mois et demi du scrutin, Ahn Cheol-su et Moon Jae-in ont non seulement convenu d'une candidature commune, mais également fixé l'échéance pour y parvenir : avant le début de l'enregistrement officiel des candidatures, prévu les 25 et 26 novembre prochains.

 

Conformément à l'idée qu'une candidature unique traduit d'abord un accord sur leurs programmes et leurs valeurs, les deux candidats ont mis en avant qu'une "déclaration commune pour une nouvelle politique" serait élaborée par un groupe de travail composé de six membres - trois de chaque partie. Les modalités concrètes de choix du candidat d'union n'interviendront ainsi que dans un deuxième temps. La thématique du renouvellement politique, au coeur de la campagne d'Ahn Cheol-su, figure dans le nom même de la déclaration. La fixation d'un délai pour une candidature commune correspond à une attente forte de Moon Jae-in et des militants démocrates.

 

Moon Jae-in a déclaré : "Nous allons discuter sans état d’âme avec sincérité et annoncer une bonne nouvelle au peuple le plus vite possible". Pour sa part, Ahn Cheol-su a déclaré : "Je n’oublierai jamais le désir ardent du peuple pour une nouvelle politique et un changement de pouvoir".

 

Les références au peuple et à l'alternance sont importantes dans l'histoire des luttes pour la démocratie en Corée du Sud : il y a quarante ans, la promulgation de la Constitution Yusin par le général Park Chung-hee - arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1961 - ouvrait la page la plus sombre dans l'histoire politique récente du pays. Adoptée par référendum le 21 novembre 1972, la Constitution Yusin conduisit à la désignation du chef de l'Etat par une institution fantoche (appelée "Congrès national pour la réunification"), qui devait ensuite réélire le général Park Chung-hee avec 99,9 % des voix. Le chef de l'Etat concentrait par ailleurs tous les pouvoirs, en désignant un tiers des membres du Parlement, ainsi que le Président et les juges de la Cour suprême.

 

La candidate de la droite à l'élection du 19 décembre n'est autre que la fille du général Park Chung-hee, Mme Park Geun-hye, qui a servi comme "première dame" sous le régime Yushin après l'assassinat de sa mère. Si elle s'est démarquée de certains des aspects les plus injustifiables du régime de son père, il est inimaginable qu'elle n'en assume pas l'héritage politique, dans une société très marquée par la piété filiale propre aux valeurs confucéennes. Elle a ainsi justifié le coup d'Etat de 1961 au cours de l'actuelle campagne électorale. Les médias de droite et d'extrême-droite, ultra-dominants en Corée du Sud, ont d'ailleurs mené des années durant une campagne de réhabilitation du général Park Chung-hee, et Park Geun-hye a su surfer sur cette vague, en occultant les milliers de morts et de disparus du régime militaire. Aussi inimaginable que soit une telle situation en Europe et en Amérique du Nord, le contre-exemple chilien - où les héritiers du général Pinochet sont aujourd'hui l'une des deux grandes forces politiques - montre le poids que peuvent continuer d'exercer sur l'opinion publique certains médias et corps intermédiaires (comme les églises) dans des régimes de démocratie parlementaire.

 

Principales sources : Hankyoreh, Yonhap (dont photo).

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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 00:57

L'élection présidentielle sud-coréenne du 19 décembre prochain, pour laquelle le président sortant Lee Myung-bak (Parti Saenuri, conservateur) ne peut pas être candidat à sa succession, prend la forme d'un match à trois. Alors que les spéculations se poursuivent autour d'une candidature unique entre Ahn Cheol-su et Moon Jae-in - réclamée par le Parti démocrate, qui a investi Moon Jae-in - l'entourage de l'indépendant Ahn Cheol-su a renvoyé cette perspective à la présentation complète des programmes politiques, attendue vers le 10 novembre. Cette réponse a été interprétée comme semblant indiquer que Ahn Cheol-su ne serait pas fermé à cette hypothèse - même si l'on peut également considérer qu'il s'agit de gagner du temps en évitant d'apparaître comme le diviseur de l'opposition au pouvoir conservateur. En tout état de cause, il ne restera alors qu'un peu plus de deux semaines avant l'enregistrement officiel des candidatures, et les modalités d'une éventuelle primaire pour départager les deux candidats ne sont même pas encore discutées. Toutefois, dans un scrutin uninominal à un tour, le maintien d'une double candidature signifierait la victoire presque certaine de la candidate conservatrice Park Geun-hye, ce qui peut inciter puissamment à une entente. Par ailleurs, Moon Jae-in a progressé dans les intentions de vote, étant désormais au coude-à-coude avec Ahn Cheol-su. Dans ce contexte extrêmement incertain, les regards se tournent aussi vers les autres candidats qui, s'ils sont aujourd'hui marginalisés dans les intentions de vote, pourraient peser de manière décisive sur l'issue du scrutin, en cas de duel serré entre Park Geun-hye et celui de ses deux principaux adversaires qui resterait seul en lice.

 

Sur le côté gauche de l'échiquier politique, un scandale sur la désignation interne des candidats aux dernières élections législatives a entraîné l'éclatement du Parti progressiste unifié (PPU), qui avait pourtant réussi à unifier pratiquement toute la gauche, traditionnellement très divisée en Corée du Sud. Le score des législatives du 11 avril 2012 (13 députés et 10,3 % des voix au scrutin de liste), par ailleurs remportées d'une courte tête par la droite, n'apparaît plus que comme un lointain souvenir, même s'il ne faut négliger la persistance d'un courant d'opinion favorable au dialogue avec la Corée du Nord et à des réformes sociales. Le mode de scrutin présidentiel est par ailleurs particulièrement défavorable à la gauche : son candidat historique, Kwon Young-ghil, n'avait obtenu que 1,2 % en 1997, 3,9 % en 2002 et 3 % en 2007, la déception du résultat en 2007 ayant d'ailleurs entraîné la division de ce qui était alors le Parti démocratique du travail (PDT). L'ostracisme des grands médias sud-coréens (conservateurs ou pro-occidentaux) handicape encore davantage la gauche : par exemple, à la date du 2 novembre 2012, le site francophone de l'agence officielle Yonhap, dans sa rubrique consacrée à l'élection présidentielle du 19 décembre, oubliait opportunément tous les tiers candidats du camp progressiste, ne mentionnant que le très droitier Kang Ji-won en plus des trois favoris des sondages...

 

lee_jung_hee_candidate-UPP.jpgLe PPU, qui ne conserve plus que 6 parlementaires, a investi une ancienne députée, Lee Jung-hee (photo à gauche), qui après avoir recueilli jusqu'à 3 % des intentions de vote plafonne désormais en-dessous de 1 %, comme tous les autres "petits" candidats, dont elle reste toutefois celui qui obtient les meilleurs résultats dans les sondages. Elle a annoncé sa candidature en face de l'ambassade américaine, pour souligner le besoin que la Corée du Sud soit indépendante des Etats-Unis. Elle se prononce également pour une politique progressiste favorable aux travailleurs, ouvriers et paysans. Lors de la primaire interne au PPU, conduite du 15 au 19 octobre derniers, Mme Lee, âgée de 43 ans, l'a emporté sur un ancien dirigeant du PPU, Min Byung-rul.

 

Les dissidents du PPU, qui comptent toutefois davantage de députés (sept sièges de parlementaires), ont fondé le Parti progressiste pour la justice (PPJ). Ils ont également investi une candidate, Sim Sang-jeong (photo ci-dessous, source). Initialement distancée dans les sondages par Lee Jung-hee, Sim Sang-jeong s'est rapprochée de sa rivale dans les intentions de vote. Toujours à gauche, il ne faut pas exclure une éventuelle candidature issue des rangs du Nouveau parti progressiste (NPP), dont les militants s'étaient séparés du PDT en 2008. N'ayant obtenu que 1,1 % des voix aux législatives d'avril 2012, le NPP n'est plus officiellement enregistré comme parti politique. En mars 2012, le NPP avait fusionné avec le Parti socialiste, dont le candidat Geum Min avait obtenu 0,1 % des voix à la dernière élection présidentielle, en décembre 2007.

 

sim_sang_jeong_candidate_presidential_election.jpg

 

A droite, une candidature issue du très droitier Parti pour l'avancement de l'unification (ex-Parti pour l'avancement de la liberté, 3,2 % des voix et 5 sièges aux élections législatives du 11 avril 2012) aurait représenté une menace pour Mme Park Geun-hye. Mais la formation politique conservatrice a choisi de s'allier, cette fois, avec le Parti Saenuri au pouvoir, tirant vers la droite la candidature Park Geun-hye qui cherche pourtant à séduire au centre de l'échiquier politique. Le Parti pour l'avancement de la liberté s'était constitué en 2008 autour de Lee Hoi-chang, qui avait été par deux fois le principal candidat de droite, battu, aux élections présidentielles (en 1997 : 38,7 % contre 40,3 % à Kim Dae-jung et 19,2 % à Lee In-jae, et 2002 : 46,6 % contre 48,9 % à Roh Moo-hyun). En 2007, il avait présenté une candidature autonome à la présidentielle face au candidat de droite Lee Myung-bak, qui l'avait facilement emporté (48,7 % contre 26,1 % au démocrate Chung Dong-young et 15,1 % à Lee Hoi-chang). Lee Hoi-chang avait mené une campagne très à droite, marquée par une forte opposition à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).

 

Mais la région de Chungcheong, qui regroupe la plus grande partie des forces du Parti pour l'avancement de l'unification, sera représentée à la présidentielle du 19 décembre 2012 par un autre candidat situé à la droite du Parti Saenuri : l'entrepreneur Lee Kun-kae est un ancien député des Libéraux-démocrate unifiés, une formation fondée par Kim Jong-pil qui était principalement implantée dans la région de Chungcheong. Un des co-auteurs du coup d'Etat de 1961 (avec le général Park Chung-hee, le père de la candidate de droite en 2012 Mme Park Geun-hye), Kim Jong-pil s'était allié avec Kim Dae-jung lors de l'élection présidentielle de 1997, ce qui lui avait permis de redevenir Premier ministre entre 1998 et 2000.

 

kang ji-won prosecutorToujours à droite, Kang Ji-won (photo à gauche, source) a connu une éphémère percée dans les sondages (obtenant jusqu'à 4 % des intentions de vote), avant de retomber à moins de 1 %. Ancien procureur, Kang Ji-won défend la loi et l'ordre, et sa candidature n'est pas sans rappeler celle de Jean Royer à l'élection présidentielle française de 1974. Célèbre surtout pour son activité de juriste prônant la défense de la jeunesse, Kang Ji-won a fondé le Centre du manifeste de Corée, appelant le personnel politique à se prononcer sur un tel manifeste entendu comme une plate-forme de revendications. A l'annonce de la candidature de Kang Ji-won, son épouse Kim Young-ran a remis sa démission au Premier ministre sud-coréen de son poste de chef de la commission pour les droits civils et contre la corruption.

 

Parmi les autres candidatures, l'ancien député Park Chan-jong (photo ci-dessous, source Yonhap) a été un des militants du combat pour la démocratisation de la Corée. Elu en 1973 député de la majorité conservatrice du général Park Chung-hee, qui avait établi un régime militaire, il prend ensuite la défense des militants étudiants pour la démocratie dans les années 1980. Sa dénonciation de la mort par la torture de l'étudiant Park Jeong-chol a été un des déclencheurs du soulèvement démocratique de juin 1987. Candidat à l'élection présidentielle de 1992, Park Chan-jong avait obtenu 6,4 % des voix.

 

park_chan-jong.jpg

 

Enfin, une nouvelle candidature a été annoncée par Huh Kyung-young (photo ci-dessous, source), qui concourra pour la quatrième fois à l'élection présidentielle après avoir obtenu 0,4 % en 2007. Le leader du Parti républicain démocrate revendique un quotient intellectuel (QI) de 430. Il prétend aussi pouvoir soigner miraculeusement les malades et recevoir plusieurs appels par seconde de ses admirateurs. Huh Kyung-young a été condamné en 2009 quand il a déclaré que Mme Park Geun-hye allait l'épouser. Il met également l'accent sur le déménagement du siège des Nations Unies à Panmunjeom, dans la zone démilitarisée entre les deux Corée, pour prévenir le déclenchement d'un nouveau conflit

 

huh_kyung-young.jpg

 

Sources : AAFC, KBS, Reuters, The Korea Times (articles du 25 septembre 2012 et du 27 septembre 2012), The Korea Herald (articles en date du 4 septembre 2012 et du 3 octobre 2012). Fiches de cinq candidats sur le site anglophone de l'agence Yonhap.

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 21:39

L'achèvement des processus de désignation des candidats par des primaires internes à chaque principal camp politique a clarifié le paysage politique de l'élection présidentielle sud-coréenne du 19 décembre 2012, qui devra désigner un successeur au président sortant Lee Myung-bak (Parti Saenuri, conservateur), qui n'est pas habilité à se représenter immédiatement. Trois candidats pour un fauteuil, dans un contexte politique rendu incertain par l'érosion de l'avance de la conservatrice Park Geun-hye sur ses deux principaux rivaux.

 

park-geun-hye_moon-jae-in_ahn-cheol-su.JPGPark Geun-hye, Moon Jae-in, Ahn Cheol-su (ci-contre, de gauche à droite) : les principales têtes d'affiche de la présidentielle sud-coréenne du 19 décembre 2012 sont désormais connues - car même si d'autres candidats concourront également, il est assez improbable qu'ils parviennent à se hisser en tête d'un scrutin à un seul tour.

 

Fille du général Park Chung-hee qui a gouverné la Corée du Sud d'une poigne de fer entre 1961 et 1979, la candidate conservatrice du Parti Saenuri au pouvoir, Park Geun-hye, est handicapée par cet héritage, en refusant de condamner clairement la politique de feu son père. N'a-t-elle pas justifié le coup d'Etat du 16 mai 1961, dont le général Park était l'un des principaux protagonistes, et qui a mis fin à l'expérience démocratique de 1960-1961 en Corée du Sud ? Cultivant une image de victime - ses deux parents ont été assassinés - et la nostalgie d'une partie des Coréens les plus âgés pour une époque de forte croissance économique et de modernisation, Park Geun-hye est avant tout une politicienne habile, qui se veut se présenter en candidate de la réconciliation de tous les Sud-Coréens. Elle s'est démarquée des aspects les plus impopulaires de la politique du président sortant Lee Myung-bak, notamment son intransigeance vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Dès lors, peu importe qu'elle n'ait pas su donner le montant du salaire minimum lors d'un débat télévisé avec ses concurrents à la primaire interne du Parti Saenuri : elle est avant tout la figure de proue de tous ceux qui, ultralibéraux, anticommunistes, partisans de la grande entreprise ou nostalgiques des années de régime autoritaire, souhaitent que rien ne change. Elle a aussi pour elle le lobby de la presse conservatrice, en position dominante dans les médias, le soutien de l'appareil d'Etat et des puissantes églises protestantes.

 

Face à elle, Moon Jae-in et Ahn Cheol-su défendent souvent des positions proches, plus sociales et plus libérales sur les questions de société, mais leur rapprochement semble aujourd'hui d'autant plus improbable que leurs électorats ne sont pas les mêmes. Si Park Geun-hye accuse un retard de trois à six points en duel face à l'un ou l'autre des candidats de l'opposition (dans cette hypothèse, Ahn Cheol-su apparaît comme un rival sensiblement plus dangereux), c'est nettement moins que le cumul de leurs intentions de vote. Dans un scrutin à un seul tour, la division de l'opposition est toutefois un atout supplémentaire pour Park Geun-hye, même si elle doit affronter la progression d'un autre candidat de droite, Kang Ji-won (qui recueille autour de 4 % des suffrages dans les sondages).

 

Moon Jae-in a le programme le plus charpenté : l'ancien collaborateur du Président Roh Moo-hyun, aux affaires de 2003 à 2008, est le candidat du Parti démocrate unifié (centre-gauche), et ses appuis vont jusqu'à la gauche de l'échiquier politique. Il se prononce clairement pour une reprise du dialogue intercoréen, sérieusement mis à mal pendant le quinquennat du Président Lee Myung-bak. Entrepreneur en informatique et universitaire, populaire notamment auprès des plus jeunes, Ahn Cheol-su, qui a officialisé sa candidature en septembre, distille peu à peu son programme. Il se veut indépendant des partis politiques, ce qui est un atout dans une société où les partis sont déstabilisés par les scandales qui éclatent opportunément à l'approche des élections. Mais lui-même n'est pas à l'abri de telles campagnes, après des allégations de fraude fiscale et de soupçon de plagiat concernant un de ses articles scientifiques. Sa moindre expérience politique est de nature à le desservir, mais tout en lui donnant l'image d'un homme neuf.

 

Plusieurs sondages réalisés fin septembre par Real Meter et KM, donnaient des résultats très proches : de 36 % à 39 % pour Park Geun-hye, en recul face à Ahn Cheol-su (32 %) et Moon Jae-in (21 % à 23 %). A un peu plus de deux mois de l'élection, l'incertitude est d'autant plus grande que l'opinion n'est pas cristallisée - cet été, Ahn Cheol-su avait ainsi temporairement viré en tête, avant de redescendre nettement puis de voir ses intentions de vote se rapprocher à nouveau de celles de Park Geun-hye.

 

Sources : Real Meter, Yonhap (dont photo).

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31 juillet 2012 2 31 /07 /juillet /2012 20:35

park_geun_hye_ahn_cheol_su.jpgA moins de cinq mois de l'élection présidentielle qui se tiendra en Corée du Sud le 19 décembre 2012, à laquelle le Président sortant Lee Myung-bak (Saenuri, conservateur) ne peut pas être candidat à sa réélection, un sondage a placé pour la première fois en deuxième position la favorite du Parti Saenuri, Mme Park Geun-hye, derrière l'entrepreneur Ahn Cheol-su (photo à gauche). Cette situation nouvelle marque peut-être un tournant dans la campagne, après la victoire à l'arraché de la droite aux législatives d'avril - alors que le principal parti d'opposition, le Parti démocrate unifié (PDU, centre-gauche), vient de terminer la première phase de désignation de son candidat.

 

Pour la première fois, un sondage à la présidentielle sud-coréenne a placé en seconde position la favorite du camp conservateur, Mme Park Geun-hye, fille du général Park Chung-hee, qui a gouverné la Corée du Sud d'une poigne de fer jusqu'à son assassinat en 1979. Mme Park Geun-hye a été la "première dame" en Corée du Sud (ci-dessous, avec le général Park, source The Korea Herald) après l'assassinat de sa mère, dans un attentat qui visait le général Park.

 

park_geun_hye_park_chung_hee.jpg

 

Selon l'institut de sondages Real Meter, considéré comme le plus fiable en Corée du Sud car indépendant des partis politiques et du gouvernement, l'enquête hebdomadaire réalisée du 23 au 27 juillet 2012 a donné 31,7 % des voix à l'entrepreneur en informatique Ahn Cheol-su (+ 12,9 % par rapport à la précédente enquête) contre 31,3 % à Park Geun-hye (en forte baisse de 6,5 %). Certes, la différence entre les deux candidats est inférieure à la marge d'erreur des sondages, mais elle n'en reste pas moins marquante au moment où sont testés plusieurs candidats d'opposition au Parti Saenuri, alors que des désistements sont attendus d'ici le premier et unique tour de scrutin. Le candidat le mieux placé du PDU est toujours Moon Jae-in (9,3 %, en net recul de 7,9 %).

 

Pro-gouvernementale, la chaîne publique de radio et de télévision KBS donne des résultats plus favorables à Park Geun-hye. Mais l'écart se resserre nettement entre la favorite de la droite (37,1 %) et Ahn Cheol-su (24,6 %), tandis que Moon Jae-in est désormais distancé (11,2 %), après avoir été longtemps au coude-à-coude avec Ahn Cheol-su pour la deuxième place. Dans l'hypothèse d'un duel entre Park Geun-hye et Ahn Cheol-su, l'ancienne première dame du régime militaire ne l'emporterait plus que d'une courte tête (46,3 % contre 45,8 % à Ahn Cheol-su), l'écart étant inférieur à la marge d'erreur des sondages.

  

La mise en cause du propre frère du Président Lee Myung-bak et de plusieurs de ses proches dans une affaire de corruption a terni l'image du Parti Saenuri. Contraint de présenter des excuses publiques, le Président Lee Myung-bak continue de voir sa cote de popularité baisser (21,8 % selon le dernier sondage de Real Meter), et il entraîne l'ensemble du camp conservateur dans sa chute. Auparavant, la droite au pouvoir avait négocié en secret un accord militaire avec le Japon, avant de devoir reculer devant la pression de l'opinion publique.

 

Si Park Geun-hye est la grande favorite du Parti Saenuri, la configuration du scrutin est plus incertaine concernant les autres candidats.

 

Dans l'opposition, le doute plane toujours sur l'entrée en lice d'Ahn Cheol-su, qui a par ailleurs décliné sa participation à la primaire interne au PDU, même si le candidat indépendant est plus proche du PDU que du Parti Saenuri. Une pluralité de candidatures au centre et à gauche de l'échiquier politique accroîtrait grandement les chances de succès de la droite, comme cela avait été le cas au scrutin présidentiel de 1987, remporté par le candidat du pouvoir militaire, le général Roh Tae-woo (35,9 %), du fait de la division de l'opposition entre Kim Young-sam (27,5 %) et Kim Dae-jung (26,9 %).

 

559px-Kim_Doo-kwan_crop.jpgAu sein du PDU, le processus de sélection du candidat se poursuit. Sur les huit candidats déclarés, trois ont été éliminés à l'issue de la première phase, qui n'a retenu que les cinq candidatures les plus populaires lors d'un sondage par téléphone (dont le détail n'a pas été communiqué pour ne pas influencer les phases ultérieures de la procédure) :

- Moon Jae-in, ancien chef du secrétariat du président Roh Moo-hyun,

- Sohn Hak-kyu, ancien président du PDU,

- Kim Doo-gwan (à gauche), ancien gouverneur de la province de Gyeongsang, que le sondage de Real Meter plaçant Ahn Cheol-su en tête a pour la première fois classé en deuxième position des candidats du PDU, après Moon Jae-in mais devant Sohn Hak-kyu,

- Chung Seh-kyun, ancien président du parti,

- Park Joon-yung, gouverneur de la province du Jeolla du Sud.

 

Ouverte à tous les électeurs sud-coréens, l'élection primaire du PDU proprement dite débutera le 25 août, le premier tour étant prévu le 16 septembre et un éventuel second tour le 23 septembre.

 

Sources :

- Real Meter ;

- KBS, "Park Geun-hye devance légèrement Ahn Cheol-soo dans un sondage", dépêche publiée le 26 juillet 2012 ;

- KBS, "Le PDU désigne cinq candidats finalistes pour ses primaires", dépêche publiée le 31 juillet 2012.

Photo de Park Geun-hye et Ahn Cheol-su : Yonhap.

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 23:01

Lee-Sang-deuk_2273431b.jpgLe 10 juillet 2012, Lee Sang-deuk, le frère aîné du Président sud-coréen Lee Myung-bak, a été arrêté, étant soupçonné d'avoir touché plus de 500.000 dollars de grandes banques qui auraient financé la campagne présidentielle du chef de l'Etat en 2007. Ce que les médias sud-coréens ont appelé "le scandale des banques d'épargne" a d'autant plus de retentissement que d'autres proches du Président Lee Myung-bak sont également mis en cause.

 

Il était considéré comme le mentor du chef de l'Etat. Elu six fois député, Lee Sang-deuk avait été critiqué pour sa trop grande influence sur son frère cadet après l'accession de ce dernier à la magistrature suprême, alors qu'il avait joué un rôle clef dans la campagne présidentielle.

 

Après des déclarations du PDG de la Solomon Savings Bank de l'époque, Lee Sang-deuk a été arrêté le 10 juillet 2012, étant soupçonné d’avoir reçu plus de 500.000 dollars de présidents de banques d’épargne sud-coréennes, en pleine campagne électorale en 2007. Les banques d'épargne auraient cherché à acheter un soutien politique, la gestion de leurs établissements présentant de graves lacunes.

 

D'autres proches du chef de l'Etat ont également été mis en cause. Le 13 juillet, un conseiller présidentiel, Kim Hee-jung, qui travaillait pour Lee Myung-bak depuis 1997, a choisi de démissionner après que son nom eut été cité, déclarant vouloir assumer sa "responsabilité morale".

 

Le 11 juillet, un député de la majorité également cité dans le scandale des banques d'épargne, Chung Doo-un, a pour sa part bénéficié d'un vote du Parlement refusant de lever son immunité parlementaire. Park Geun-hye, candidate conservatrice à l'élection présidentielle, s'est démarquée de cette décision concernant un député de son propre parti, afin de ne pas subir le contrecoup de cette affaire qui traduit une ambiance de fin de règne pour le Président Lee Myung-bak, lequel ne peut être candidat à sa succession. Celui qui avait promis de moraliser la vie publique a toujours conduit une politique conforme aux intérêts aux milieux d'affaires. Il avait largement utilisé les scandales politico-financiers pour faire chuter la majorité sortante démocrate en 2007.

 

Au moment où la négociation secrète d'un accord militaire avec le Japon fait scandale, le parti Saenuri aborde dans une position moins favorable l'échéance présidentielle de décembre.

 

Principale source : Yonhap (plusieurs articles, en date respectivement des 11, 13 et 13 juillet 2012).

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1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 23:13

Depuis plusieurs semaines, le Parti progressiste unifié (gauche), qui a obtenu plus de 10 % des suffrages exprimés et 13 sièges aux dernières élections législatives en Corée du Sud, est en crise, des représentants de la majorité étant accusés d'avoir truqué les votes internes. De tels faits, s'ils se confirment, sont évidemment inacceptables, alors que la gauche a été historiquement à la pointe du combat pour la démocratie et contre la corruption. Cependant, la droite au pouvoir du parti Saenuri (Nouvelle Frontière), avec l'appui des médias qui lui sont proches, a profité de cette situation pour appeler à la destitution de deux députés mis en cause, en raison de leurs opinions supposées pro-Corée du Nord - alors même que la dirigeante du parti Saenuri, Park Geun-hye, est la fille de l'ancien général Park Chung-hee qui a gouverné la Corée du Sud d'une poigne de fer jusqu'à son assassinat en 1979. Un tel paradoxe - comment un parti héritier du régime des généraux peut-il donner des leçons de démocratie sans soulever un tollé dans l'opinion ? - serait inimaginable dans les démocraties occidentales, qui assument parfaitement le caractère autoritaire des régimes des colonels grecs, de Franco ou de Salazar, dont on n'imagine pas les enfants en passe d'arriver au pouvoir en Espagne ou au Portugal, comme c'est au contraire le cas pour Park Geun-gye en Corée du Sud. Mais cette situation n'est pas le fruit du hasard : en bridant la liberté de recherche historique, en maintenant en application la loi de sécurité nationale établie par les régimes autoritaires, la Corée du Sud ne permet toujours pas à ses citoyens de se forger leur propre opinion politique en toute indépendance.

 

Comme le précise le site de l'Assemblée nationale française, les députés bénéficient d'une immunité définie en ces termes : "l’irresponsabilité protège [...] les parlementaires contre toute action judiciaire, pénale ou civile, motivée par des actes qui, accomplis hors du cadre d’un mandat parlementaire, seraient pénalement sanctionables ou susceptibles d’engager la responsabilité civile de leur auteur". Ce principe de base, commun à l'ensemble des démocraties parlementaires, découle du principe de séparation des pouvoirs et assure la protection des parlementaires contre les atteintes aux libertés qui pourraient être commises par le pouvoir exécutif et les juges.

 

Lee_Myung_Bak_immunite_parlementaire_coree_du_sud.jpgCes principes démocratiques sont ignorés par le président sud-coréen Lee Myung-bak (photo à droite, source Yonhap) et les conservateurs au pouvoir à Séoul, lorsqu'ils plaident pour expulser du Parlement des députés de gauche qui auraient été, par le passé, favorables à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Pour établir une comparaison, c'est comme si en France Patrick Devedjian et Alain Madelin étaient destitués de leur mandat parlementaire pour avoir milité pendant leur jeunesse dans des organisations d'extrême-droite qui ont été interdites... Mais il est vrai que la Corée du Sud a une conception très particulière de l'histoire, les symboles nazis étant volontiers considérés comme chics et portés avec ostentation.

 

 Le Comité pacifique pour la réunification de la Corée, à Pyongyang, a vivement dénoncé la répression contre les deux députés accusés d'opinions favorables au Nord, comme le signe d'une politique fasciste.

 

Accueillant dans ses rangs les héritiers du régime des généraux, le gouvernement conservateur avait rendu l'enseignement de l'histoire facultatif au lycée, avant de revenir sur cette décision. Et quand l'histoire de la Corée est présentée, c'est de manière biaisée : un chercheur américain indépendant, comme Bruce Cumings, est par exemple systématiquement écarté des travaux sur la guerre de Corée, car il a montré - sur la base d'un travail d'historien objectif, fondé sur l'analyse des archives - que les responsabilités de l'administration Syngman Rhee ne pouvaient pas être ignorées dans le déclenchement du conflit, point d'aboutissement de tensions croissantes entre les deux Etats coréens - alors que la doxa sud-coréenne est d'imputer l'entière responsabilité du conflit à la Corée du Nord. Cette vision unilatérale de l'histoire, destinée à légitimer un régime politique (en l'occurrence, celui de la Corée du Sud, nullement démocratique, de Syngman Rhee), a au contraire disparu depuis des décennies en Europe occidentale. Par exemple, en Europe, tous les élèves apprennent que la première Guerre mondiale n'est pas le fruit d'une attaque allemande, mais d'abord la conséquence d'un jeu d'alliances militaires et d'un climat de tensions.

 

Or la Corée du Sud a connu pendant des décennies des régimes ultra-autoritaires, dont des dirigeants admiraient sans embages le militarisme japonais. Après la démocratisation de la Corée du Sud, le parti Saenuri aujourd'hui au pouvoir reste dirigé par la fille du général Park Chung-hee, et la présidence de l'Assemblée nationale vient d'échoir à un député élu pour la première fois en 1980, Kang Chang-hee - entré au Parlement après avoir pris sa retraite de l'armée, dans la foulée du coup d'Etat de 1979 et de la sanglante répression de Kwangju en 1980.

 

L'ignorance des Sud-Coréens de ce qu'était le régime allemand nazi, comme l'acceptation par nombre d'entre eux de confier leur destin à des héritiers directs du régime des généraux, est la conséquence de choix délibérés en matière d'éducation et de recherche historique.

 

A l'instar de centaines d'historiens coréens et étrangers, Bruce Cumings n'avait ainsi pu que constater, dès l'arrivée au pouvoir du Président Lee Myung-bak en 2008, les reculs dans l'enseignement de l'histoire et la liberté de recherche historique en Corée du Sud : "après dix années vraiment nouvelles et différentes dans l'histoire de la Corée d'après-guerre, l'administration Lee essaie de revenir en arrière, et de s'opposer aux progrès énormes accomplis depuis 1997 sous Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun". Or, comme l'observait encore Bruce Cumings, "la légitimité n'est pas une chose conférée par les manuels dominants ou par la fabrication une ligne historique", en soulignant l'inefficacité de cette démarche : "les étudiants recherchent la vérité et, bien qu'ils souhaitent également être fiers de leur pays, ils méprisent profondément les autorités qui leur interdiraient d'accéder à la meilleure information et connaissance historique. Que quelqu'un tente de le faire, comme en République de Corée pendant des décennies, et les jeunes pensent que tout ce qu'ils entendent de la part des autorités est un paquet de mensonges - et là ils ne sont plus fiers de leurs dirigeants et de leur pays". 



L'enjeu de l'élection présidentielle du 19 décembre 2012 en Corée du Sud dépasse la seule question de l'alternance politique, en posant la question des libertés d'opinion et d'expression.

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