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11 juillet 2022 1 11 /07 /juillet /2022 21:52
Des carreaux de pavage produits dans l'usine de recyclage de Hamhung (capture d'écran KCTV, 3 avril 2021)

Des carreaux de pavage produits dans l'usine de recyclage de Hamhung (capture d'écran KCTV, 3 avril 2021)

En juin 2022 s'est tenue pendant une semaine une réunion des Etats parties aux conventions de Bâle, Rotterdam et Stockholm (BRS), en vue notamment de lutter contre la pollution par les déchets plastiques et chimiques. Compte tenu des limitations des déplacements de leurs ressortissants dans le contexte de la pandémie, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) était représentée par son ambassade à Genève. Cette participation témoigne d'un intérêt nouveau pour les questions de pollution liées aux déchets dans le nord de la péninsule.

Pendant longtemps, les questions de pollution ont constitué une préoccupation mineure en Corée du Nord. De fait, le pays n'était pas vraiment entré dans l'ère de la société de consommation et les déchets plastiques, relativement peu nombreux, faisaient l'objet d'un taux de gaspillage élevé. Mais l'accent porté sur les industries de bien de consommation, tout particulièrement après l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-un en 2011, s'est traduit par un accroissement des déchets plastiques, les Nord-Coréens découvrant - à l'instar des Occidentaux pendant les Trente Glorieuses les qualités du plastique, matériau abondant et peu coûteux. Mais la pollution plastique, inédite, s'est traduite par des rejets significatifs dans les mers bordant la péninsule coréenne. Parallèlement, il était procédé à d'importantes importations de produits plastiques de Chine : les importations de plastiques ont atteint 338 millions de dollars en 2019.

 

La pandémie liée au Covid-19 s'est ensuite traduite par une réduction drastique des échanges avec la Chine, dès le début de l'année 2020. Comme en a rendu compte le site spécialisé 38 North dans un article approfondi de Martyn Williams du 15 juin 2021, la nouvelle donne économique a conduit les autorités nord-coréennes à mener des campagnes en faveur du recyclage - du recyclage des déchets en général, la part des plastiques y étant significative. Des émissions de télévision soulignant que "les déchets sont un trésor" ont encouragé les habitants à changer leurs habitudes en procédant à un recyclage systématique des déchets. Des usines de recyclage ont été créées et agrandies, notamment à Hamhung. Soixante-dix centres d'approvisionnement en produits recyclés ont été mis en place dans l'ensemble du pays.

 

Si le recyclage des déchets a répondu à des impératifs économiques (faire face à des pénuries de biens qui étaient importés tout en développant des industries de substitution aux importations) dans un contexte marqué par les sanction internationales, il a aussi conduit à un changement drastique des pratiques de consommation. Etabli en Corée du Sud, et visiteur régulier de la Corée du Nord avant la fermeture de ses frontières pour faire face au Covid, le Docteur Bernhard J. Seliger a fait part, dans un article au Korea Times, que les deux Etats coréens avaient un intérêt commun à lutter contre la pollution plastique, qui affecte de manière globale la péninsule et les eaux environnantes. Dans ce domaine, le Sud dispose d'une expertise scientifique reconnue. Nous ne pouvons que souscrire à ce constat de bon sens : face à l'urgence climatique que révèle (entre autres) la pollution plastique, la solidarité ne doit pas avoir de frontières.

 

Sources :

- Martyn Williams, "Turning Waste into Treasure : North Korea's Recycling Push", 38 North, 15 juin 2021 ;

- Minwoo Park, "The way to survive : North Korea ramps up recycling amid sanctions and pandemic", Reuters, 16 juin 2021 ; 

- Sunny Um, "North Korea faces serious plastic waste problem", Maritime Fairtrade, 5 juin 2022 ;

- Bernhard J. Seliger, "Plastic waste : common scourge of South and North Korea and source of future cooperation", Korea Times, juin 2022.

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16 septembre 2018 7 16 /09 /septembre /2018 11:34

Le mardi 11 septembre 2018, l’Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a organisé, à l'initiative de Pierre Beltante, la visite d’une ferme maraîchère et de menthe poivrée, pour la délégation générale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en France. S.E. M. Kim Yong-Il, délégué général, et le premier conseiller M. Jong Chang-gwon ont participé à cette visite, avec en perspective l’idée d’un partage de connaissances dans le cadre d’un woofing dans des fermes biologiques. Madame Catherine Bosc-Biern, directrice de l’établissement « L’Herbier de Milly » à tout d’abord présenté un petit historique de la menthe poivrée de Milly et de l’entreprise familiale. L'AAFC tient à la remercier pour sa disponibilité et la qualité de son accueil.

Présentation de la menthe poivrée

Présentation de la menthe poivrée

Milly-la-Forêt, au sud de l’Essonne est connu depuis des siècles par la culture des simples et plantes médicinales. La Chapelle Saint Blaise des Simples atteste que des soins ont été apportés aux lépreux avec les plantes au XVsiècle.

Au XIXe siècle, près d’une centaine de familles vit de la culture de la menthe poivrée, de la Mélisse, Bourrache, Belladone… mais à partir des années 1930, les cultures se développent à l’étranger à moindre coût, les prix s’effondrent et les cultivateurs herboristes disparaissent les uns après les autres. Une seule famille perpétue aujourd’hui la culture de la menthe poivrée, introduite en France en 1900 par un autre cultivateur Armand Darbonne, la Mitcham ou « Menthe noire » qui deviendra la fameuse menthe poivrée, un hybride de menthe verte et de menthe noire. L’usine Darbonne, située à l'entrée de Milly-la-Forêt, est désormais une multinationale et produit principalement des herbes aromatiques pour la cuisine qu’elle vend dans l’industrie agroalimentaire (Ducros, Gym par exemple) ou sous sa propre marque Darégal El Taste. Elle ne produit plus de menthe poivrée.

Les propriétés de la menthe poivrée

Catherine Bosc Biern explique que la menthe poivrée a une action très importante sur la sphère digestive. Elle stimule la sécrétion des sucs digestifs et de la bile et décontracte les muscles intestinaux. Elle lutte aussi contre la paresse intestinale, ce qui la rend utile dans les cas de constipation ou de colites, comme dans les diarrhées. Fortement antispasmodique, elle soulage les douleurs d'estomac, les ballonnements, et les nausées. Elle aide aussi à se débarrasser des migraines d'origine digestive. La menthe agit aussi contre le mal des transports, en infusion froide, pastille ou encore huile essentielle. Enfin, la menthe poivrée n’empêche pas de dormir en raison de son faible taux de menthone. Elle reste toutefois contre-indiquée à forte dose pour des femmes enceintes ou des jeunes enfants et naturellement en cas de traitement homéopathique.

L'huile essentielle en application externe est aussi très intéressante, puisqu'elle est antibactérienne et antalgique par son effet rafraîchissant. Ainsi, on peut l'appliquer diluée dans un peu d'huile végétale (par exemple, mettre 5 gouttes d'huiles essentielles pour 30 ml d'huile végétale, type amande douce) sur les douleurs musculaires et sur les crampes. Elle va détendre le muscle.

Le stockage de la menthe

Le stockage de la menthe

La dernière famille de producteurs

La famille Bosc-Bierne reste l’héritière en quelque sorte d’une tradition multiséculaire qui se perpétue d’une manière toujours artisanale et naturellement en culture biologique. L’exploitation est constituée de plusieurs lieux exploités par Catherine et son frère Alain.

- des champs de menthe poivrée, de mélisse ;
- des champs de culture maraîchère ou de serres de pleine terre : salade, poireaux, choux de 6 variétés différentes, courgettes, rhubarbe, courges, bettes, tomates de 5 variétés, betterave, fenouil, haricots verts, concombre, raisins de table, et naturellement d’herbes aromatiques courantes ;
- une ferme comprenant les aires de séchage, de stockage, de préparation ;
- un séchoir centenaire (le séchoir du Père Jules) ;
- une distillerie pour la production d’huiles essentielles.

L’exploitation compte deux salariés permanents ainsi que des vacataires en fonction des récoltes et plantations ainsi que deux autres vacataires pour la vente en boutique « l’Herbier de Milly ». Cette boutique vend la production (légumes, herbes, huiles) qui sont également vendus dans des réseaux de l'Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP).

D’autres produits biologiques sont en vente dans la boutique. Pour ces derniers, les employés apportent des conseils selon les demandes.

L’exploitation est labellisée par le Parc Naturel du Gâtinais Français.

La visite de la délégation coréenne s'est déroulée en plusieurs endroits, les visiteurs ayant découvert une partie de la Forêt de Fontainebleau en se rendant à Arbonne-la-Forêt pour les champs et serres, ainsi que le village d’Oncy-sur-Ecole où se trouve la ferme familiale, qui a récemment fait l’objet d’une émission avec Gérard Depardieu sur France 3. A l’issue de cette visite, Catherine a offerts quelques produits de menthe poivrée et il a été envisagé que cette rencontre puisse se prolonger dans le cadre d'un projet de woofing.

 

Test de thym pour huile

Test de thym pour huile

Le séchoir historique du Père Jules

Le séchoir historique du Père Jules

Visite de la serre aux raisins (Chasselat de Fontainebleau)

Visite de la serre aux raisins (Chasselat de Fontainebleau)

La serre aux tomates

La serre aux tomates

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3 août 2018 5 03 /08 /août /2018 21:23

L'état de catastrophe naturelle a été reconnu dans l'ensemble de la péninsule coréenne, alors que l'été 2018 y est marqué par des températures exceptionnellement élevées et de faibles précipitations. Cette situation témoigne de l'impact direct du réchauffement climatique sur la vie des populations, avec des conséquences dramatiques : feux de forêt, malaises et décès, aggravation de l'insécurité alimentaire...  

Depuis les premières mesures météorologiques modernes effectuées en Corée, en 1904, jamais de telles températures n'avaient été enregistrées : selon l'Agence météorologique de Corée (du Sud), le thermomètre a enregistré un record de 40,7 °C à Hongcheon, dans la province de Gangwon, le 1er août 2018 à 14h20 (heure locale). Une température supérieure à 40 °C n'avait été observée qu'une seule fois, à Daegu, le 1er août 1942 (40 °C). A Séoul, le pic de chaleur enregistré (39,6 °C) a nettement battu le record de 1994 (38,4 °C). Si les températures sont ensuite légèrement retombées au moment le plus chaud de la journée, la chaleur nocturne est étouffante (et définie comme tropicale), avec un minimum de 30,4 °C à Séoul dans la nuit du 2 au 3 août. 

Carte des températures dans le sud de la péninsule, le 1er août 2018

Carte des températures dans le sud de la péninsule, le 1er août 2018

Cette vague exceptionnelle et prolongée de chaleur a d'ores et déjà causé des victimes : à la date du 2 août 2018, et dans la seule moitié sud de la péninsule, plus de 2 350 personnes avaient dû recevoir des soins et 29 étaient décédées.

Au nord de la péninsule, où le manque de terres arables est aggravé par l'impact des sanctions internationales qui entraîne une incapacité à disposer des ressources financières pour combler le déficit alimentaire en cas de catastrophe naturelle, l'inquiétude se concentre sur les récoltes de maïs et de riz, notamment dans la province du Hwanghae (la plus fertile du pays), compromises par la sécheresse. Le Rodong Sinmun, quotidien du Parti du travail de Corée, a appelé à la "mobilisation générale" : 

Ces températures élevées sont une catastrophe naturelle sans précédent, mais ne sont pas un obstacle insurmontable (...) La question de savoir si les bonnes conditions actuelles de récoltes, pour lesquelles la nation entière s'est investie sans compter jusqu'à présent, déboucheront sur une bonne année à l'automne, dépend de notre aptitude à surmonter la chaleur et la sécheresse

En refusant une approche fataliste et en sollicitant les efforts de toutes et de tous, les autorités nord-coréennes se situent toutefois bien dans une démarche de communication interne - et non pas de communication externe, comme l'ont écrit par erreur plusieurs médias occidentaux,  interprétant de surcroît à tort la couverture médiatique nord-coréenne comme une volonté de Pyongyang de solliciter une plus importante aide internationale. 

Irrigation de terres agricoles au nord, pour faire face à la canicule (photo publiée par le "Rodong Sinmun" dans son édition du 2 août 2018)

Irrigation de terres agricoles au nord, pour faire face à la canicule (photo publiée par le "Rodong Sinmun" dans son édition du 2 août 2018)

Sources : 

- Rodong Sinmun

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9 novembre 2017 4 09 /11 /novembre /2017 23:39

Alors que la catastrophe de Fukushima en 2011 et plusieurs scandales autour des pièces détachées de réacteurs ont rendu l'énergie nucléaire impopulaire en République de Corée (Corée du Sud), le Président Moon Jae-in s'était engagé, pendant sa campagne, à ce que son pays renonce au nucléaire civil - il a par ailleurs confirmé fin octobre 2017 que la Corée du Sud ne s'engagerait pas sur la voie de la détention de l'arme nucléaire. Le Président Moon Jae-in a confirmé la sortie du nucléaire en 2060, en détaillant son calendrier. 

Le réacteur nucléaire Wolsong-1

Le réacteur nucléaire Wolsong-1

Le 20 octobre 2017, à la suite d'un débat public, le Président Moon Jae-in annonçait la relance des travaux de construction de deux réacteurs nucléaires - mais tout en réaffirmant la sortie du nucléaire civil en 2060.

Après son élection, le chef de l'Etat avait déjà indiqué que la construction de six nouveaux réacteurs ne serait pas engagée, tandis qu'il ne serait pas accordé de prolongation d'activité aux 24 réacteurs actuellement en activité dans quatre centrales. Le nombre de réacteurs devrait ainsi baisser à 14 en 2038. Après la fermeture du plus vieux réacteur du pays (Kori-1) en mai 2017, la fermeture du réacteur Wolsong-1 a été anticipée.

Alors que l'économie sud-coréenne est fortement dépendante de l'électricité nucléaire, Séoul fixe pour objectif de porter la part des énergies renouvelables à 20 % en 2030. 

Par ailleurs, si la construction de cinq nouvelles centrales à charbon a été autorisée, le gouvernement a fait savoir qu'il n'accorderait plus de nouvelles licences - entendant favoriser la conversion des centrales à charbon en stations de gaz naturel liquéfié.

Sources :
 

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24 octobre 2017 2 24 /10 /octobre /2017 06:47

Dans un article publié le 18 septembre 2017, nous observions que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) mettait l'accent sur l'innovation pour poursuivre son développement économique et s'adapter à des sanctions internationales toujours plus lourdes, qui mettent aujourd'hui en péril la vie même des populations. Un nouvel exemple semble devoir être apporté par le développement dans le pays de la production d'algues, comme le souligne le toujours très bien informe site 38 North, qui montre l'essor des capacités de production à partir de photos satellite. 

Photos (Google Earth) du Complexe chimique de la Jeunesse de Namhung, en 2010, 2014 et 2016

Photos (Google Earth) du Complexe chimique de la Jeunesse de Namhung, en 2010, 2014 et 2016

Certaines algues, en raison de leur contenu à forte valeur protéine, sont recommandées et utilisées pour lutter contre la malnutrition dans le Tiers monde. Le programme spatial MELiSSA de l'Agence spatiale européenne vise aussi à recourir à la spiruline pour permettre l'alimentation des cosmonautes. Par ailleurs, les algues peuvent servir comme source d'énergie - or la RPD de Corée n'exploite aucune ressource pétrolière.

Dans ce contexte, Brandon Jacobs, pour le site 38 North, fait l'hypothèse, calculs à l'appui, que le développement manifestement de la production d'algues - qui constituent une ressource abondante pour le pays - sur neuf sites nord-coréens pourrait non seulement apporter un complément alimentaire, mais aussi se substituer en partie aux importations de pétrole en Corée du Nord donnant aujourd'hui lieu à des restrictions internationales de plus en plus sévères. 

Si cette hypothèse mérite encore d'être étayée par d'autres informations, elle est vraisemblable au regard non seulement de la volonté de la RPDC de conduire un développement autonome, mais aussi de protéger un environnement fragilisé par la surutilisation d'engrais chimiques et la déforestation consécutive à la fin des livraisons de pétrole soviétique à des tarifs préférentiels il y a une trentaine d'années.

Source : 

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18 septembre 2017 1 18 /09 /septembre /2017 20:45

Un paradoxe semble caractériser l'économie de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) : malgré des sanctions internationales toujours accrues, non seulement le pays ne s'effondre pas, mais il connaît même une croissance économique non négligeable. Pour expliquer ce paradoxe, les partisans de la théorie de l'effondrement de la RPD de Corée ont recours à diverses explications qui contournent l'échec de leur modèle théorique : contournement des sanctions, comportement non coopératif de certains Etats (au premier rang desquels ils placent bien sûr la Chine, principal partenaire économique) ou de certaines entités non étatiques (facteur selon eux seul à même d'expliquer la poursuite avec succès des programmes nucléaire et balistique...). Ce faisant, ils ignorent un aspect pourtant largement développé par les auteurs ayant analysé l'effondrement des civilisations (comme le géographe Jared Diamond, auteur de Effondrement) : la capacité (ou non) des sociétés à innover économiquement et à s'adapter. Celle-ci est pourtant très présente dans la société nord-coréenne, comme nous allons l'illustrer par divers exemples. 

Ri Sung-gi (1905-1996), inventeur du vinalon, lauréat du prix Lénine en 1962.

Ri Sung-gi (1905-1996), inventeur du vinalon, lauréat du prix Lénine en 1962.

Inventeurs et découvreurs occupent une place particulière dans les créations artistiques nord-coréennes - l'héroïne du Journal d'une jeune Nord-Coréenne ne se voit-elle pas reprocher que son père soit un savant qui ne découvre rien, avant que ce dernier ne fasse (enfin) une découverte majeure et qu'elle décide d'embrasser à son tour une carrière scientifique ?  

L'innovation et l'adaptation sont hautement valorisées, et les Nord-Coréens sont très fiers de découvertes nationales dont les applications ont permis de pallier certaines carences (ou au contraire les atouts) en ressources premières. Le vinalon et le fer Juche apportent des illustrations ainsi décrites dans le fascicule "Economie" de la série Connaissances sur la Corée (éditions en langues étrangères de Pyongyang, 2016, citations extraites p. 26-27 et 31-32), qui soulignent le processus continu d'innovation et l'utilisation économique faite de ces découvertes : 

37. Fer Juche

Il s'agit du fer produit par un procédé de production n'utilisant pas de coke.
La RPDC, où ce combustible manque, s'est investie depuis longtemps dans la mise au point d'une méthode de production de fer recourant à ses propres ressources et techniques.
Le complexe d'aciérage de Songjin a perfectionné un système de production de fer Juche en reliant directement le four rotatif et le four de fusion à oxygène, une véritable révolution dans l'industrie sidérurgique du pays.
Cette méthode de production de l'acier intégrant le processus de fonte et celui d'aciérage est originale, car elle permet de produire l'acier en maintenant bouillante la fonte jusqu'à son aciérage, innovant ainsi la production de l'acier.

42. Vinalon

Le vinalon, fibre d'alcool issue d'alcool polyvinylique, est une fibre chimique mise au point par le savant coréen Ri Sung Gi (1905-1996) dans les années 1930.
Il suffit de carbure de calcium pour produire du vinalon. Or, la RPDC abonde en gisements de calcaire et d'anthracite, matières premières pour le carbure de calcium.
Le tissu de vinalon, fibre blanche et luisante, est dur et doux, et il absorbe l'humidité mieux que les autres tissus de fibres synthétiques. Il résiste d'ailleurs à l'acide et à l'alcali, et ne s'altère presque guère sous l'action des microbes, dont la moisissure.
Le complexe de vinalon 8-Février sort, outre la fibre de vinalon de qualité, des produits chimiques inorganiques, organiques, macromoléculaires et fines organiques. Il produit encore à partir d'un produit intermédiaire de vinalon plus de 400 sortes de produits chimiques, dont la soude caustique, le chlorure de vinyle, le vinylacétate, l'acide chlorhydrique, des catalyseurs. On y compte aussi des produits phytosanitaires comme herbicide et pesticide efficaces ainsi que des colorants.

Certains aspects de l'économie nationale, souvent interprétés comme des défaillances, traduisent autant des adaptations à un environnement sous contrainte. Si la vitesse des trains est réduite il faut aussi y voir une réponse à la pénurie d'énergie, qui n'a rien d'exceptionnel ni de propre à la Corée : après 2008, les compagnies de navires-cargo ont réduit la vitesse de leurs navires tout en en accroissant le nombre pour compenser l'augmentation des coûts de pétrole. Après 2012, les façades des immeubles nouvellement construits à Pyongyang se sont couvertes d'éclairage led, plus faiblement consommateur d'énergie. 

Dans le contexte des sanctions économiques et d'une fermeture subie aux circuits financiers internationaux, la résilience de la Corée du Nord s'éprouve à sa capacité à faire face : à l'embargo partiel sur le pétrole nouvellement imposé répond ainsi une rationalisation de la consommation d'hydrocarbures et, peut-on supposer, la recherche de sources d'énergie alternatives - la RPD de Corée a multiplié les panneaux solaires, et pourrait demain s'engager sur l'exploitation du gaz de schiste. Peut-être verra-t-on à Pyongyang les prémisses d'une société pionnière dans l'économie post-pétrolière. Innover et s'adapter n'est pas propre à la RPDC, mais à toute société humaine - alors qu'a contrario les civilisations humaines qui se sont effondrées ont souffert d'une pluralité de facteurs, non seulement une dégradation de leur environnement, mais aussi (entre autres) l'action de forces extérieures hostiles, comme l'a montré Jared Diamond. 

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25 juillet 2017 2 25 /07 /juillet /2017 22:24

En 2016, l'économie de la République populaire démocratique de Corée aurait progressé de 3,9 % selon la Banque centrale de Corée (du Sud), soit le taux le plus élevé depuis 1999. Les perspectives 2017 sont toutefois moins favorables, sous l'effet notamment de l'alourdissement des sanctions internationales et d'une sécheresse sans précédent depuis 2001.

Après une accélération de sa croissance économique en 2016, la Corée du Nord confrontée aux sanctions et à la pire sécheresse depuis 2001

Selon la Banque centrale sud-coréenne, le taux de croissance de l'économie nord-coréenne en 2016 (+ 3,9 %) marquerait une inversion de tendance par rapport à 2015 (- 1,1 %) et serait le plus élevé depuis 1999 (+ 6,1 %) - année qui avait été marquée par un rattrapage après le recul continu des années 1990. Ces données doivent être prises avec précaution compte tenu de leur mode de collecte (tenant en partie aux "redressements" opérés par les services de renseignement sud-coréens) et à un biais politique (l'évaluation par Séoul de l'évolution de l'économie nord-coréenne est plus favorable quand les démocrates sont au pouvoir à Séoul - or ils ont gagné l'élection présidentielle du printemps 2017 - que quand il s'agit des conservateurs, qui veulent voir se réaliser leur prophétie d'un effondrement de la RPD de Corée...). Elles rendent toutefois compte d'une croissance relevée par les observateurs indépendants à des niveaux en tout état de cause supérieurs à celui de la population. Sous ces réserves, la progression estimée en 2016 a été portée par la hausse de la production minière (+ 8,4 %), qui représente environ 10 % du produit intérieur brut de la RPD de Corée et constitue le premier poste d'exportations, alors que le commerce extérieur nord-coréen a été estimé à 6,55 milliards de dollars en 2016 par les autorités sud-coréennes (+ 4,6 % par rapport à 2015). 

L'année 2017 se présente cependant sous des auspices moins favorables. D'une part, la Chine applique plus strictement les sanctions internationales contre la Corée du Nord, en ayant notamment annoncé, en février 2017, qu'elle suspendait ses importations de charbon nord-coréens (premier produit d'exportation de la RPDC vers la Chine) jusqu'à la fin de l'année. D'autre part, comme l'a précisé l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (acronyme anglais : FAO), dans une étude rendue publique le 20 juillet 2017, les précipitations dans les principales régions agricoles du pays ont atteint, sur la période avril-juin 2017, leur plus faible niveau depuis 2001, une année où la production céréalière avait atteint un niveau historiquement bas de 2 millions de tonnes. La sécheresse a particulièrement affecté les productions récoltées en juin (blé, orge, pommes de terre), estimées à 310 000 tonnes (contre 450 000 tonnes l'an passé) - faisant courir un risque certain d'aggravation de l'insécurité alimentaire, dans un pays où seulement un sixième des terres sont arables et où les inondations et sécheresses à répétition des années 1990 ont réduit la surface agricole utile. Nous observons cependant que la RPD de Corée a su davantage s'adapter aux aléas climatiques, par le développement en particulier des échanges sur les marchés généraux de biens et services, la diversification des productions et des capacités accrues d'importation de céréales (mais que les politiques d'étranglement des exportations nord-coréennes remettent gravement en cause).

Dans ce contexte, la FAO appelle les pays donateurs à honorer leurs engagements - alors que les gouvernements conservateurs brandissent l'arme alimentaire vis-à-vis des pays qu'ils considèrent comme hostiles : l'AAFC exhorte les démocrates sud-coréens à rompre avec la politique de chantage à la famine à l'égard de leurs compatriotes du Nord qu'ont adoptée les administrations conservatrices de Lee Myung-bak et Park Geun-hye. La FAO exhorte également à rénover et réparer les systèmes d'irrigation pour réduire les pertes de disponibilité en eau et à diversifier les productions - en encourageant notamment les productions résistantes à la sécheresse. A sa modeste échelle, l'AAFC soutient ces efforts en faisant des dons de semences, en organisant des visites d'exploitations agricoles et de sites industriels et en apportant, à plusieurs reprises, une aide d'urgence par l'intermédiaire d'ONG présentes en Corée du Nord.

Sources :

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7 juin 2017 3 07 /06 /juin /2017 10:45

Après l'annonce du Président américain Donald Trump que son pays se retirait de l'accord de Paris (COP21) sur le climat, approuvé en décembre 2015 par 195 pays (en présence notamment de Ri Su-yong, ministre des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, qui a été le troisième pays d'Asie à ratifier l'accord), les réactions ont été diverses en Corée : si la République de Corée (Corée du Sud), alliée de Washington, a seulement jugé cette décision "regrettable", la RPD de Corée (Corée du Nord) a vivement critiqué l'administration américaine.

Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat

Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat

Alors que les sujets de friction ne manquent pas avec Washington (notamment sur le déploiement du système américain de missiles antimissile THAAD, que le nouveau président sud-coréen Moon Jae-in entend voir suspendu, après qu'un scandale est né du déploiement en catimini de lanceurs sur le territoire sud-coréen), l'administration sud-coréenne a réagi de manière modérée à l'annonce du retrait américain de la COP21 - la Corée du Sud étant par ailleurs mise en cause pour ses efforts insuffisants dans la lutte contre le changement climatique. L'initiative de Donald Trump a en effet seulement été qualifiée de "regrettable" par le ministère sud-coréen des Affaires étrangères :

Il est regrettable que la solidarité et les efforts mondiaux pour une (meilleure) réponse au changement climatique aient été affaiblis en raison de la décision des Etats-Unis de se retirer de l'accord de Paris.

Yonhap

A contrario, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la RPD de Corée a vivement critiqué, le 6 juin 2017, une décision "égoïste", alors que le réchauffement climatique est "l'un des plus graves défis actuels auquel fait face l'humanité"

L'annonce américaine du retrait de l'Accord de Paris appelle à une critique et une vive condamnation dans le monde.

La politique de "l'Amérique d'abord" prônée par Trump a conduit au retrait de l'Accord de Paris. C'est le paroxysme de l'égoïsme et d'un vide moral marqué par la recherche de leur propre bien-être même au détriment de toute la planète et, dans le même temps, une décision stupide et à courte vue qui méconnaît que la protection globale de l'environnement est dans leur propre intérêt.

KCNA

Cette décision a été rapprochée de l'égoïsme américain sur d'autres sujets, notamment la question nucléaire en Corée, le ministère nord-coréen des Affaires étrangères appelant les autres pays Etats à cesser d'être suivistes vis-à-vis de l'administration Trump.

Sources :

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6 octobre 2016 4 06 /10 /octobre /2016 13:13

Le passage dans le Sud de la Corée du typhon Chaba, qui a également frappé le Japon, a causé de très lourds dommages : selon un bilan provisoire établi par le ministère de la Sécurité publique de la République de Corée (Corée du Sud) le 7 octobre 2016 à 11h, sept personnes étaient décédées (dont un pompier) dans les villes de Busan et Ulsan et sur l'île de Jeju, tandis que trois autres personnes étaient portées disparues. 229.000 ménages ont été temporairement privés d'électricité. Au plan matériel, le typhon a aussi touché 7.500 hectares de terres arables et submergé 508 maisons, tandis que plusieurs centaines de vols ont dû être annulés. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) présente ses condoléances aux familles des victimes, confiante dans la capacité des Sud-Coréens à faire face, alors que le bilan continue de s'alourdir. Nous revenons ici en images sur la catastrophe.

La Corée du Sud frappée par le typhon Chaba
La Corée du Sud frappée par le typhon Chaba
La Corée du Sud frappée par le typhon Chaba
La Corée du Sud frappée par le typhon Chaba
La Corée du Sud frappée par le typhon Chaba

Sources :

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3 octobre 2016 1 03 /10 /octobre /2016 19:19

Les inondations qui ont frappé cet été le Nord-Est de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ont été particulièrement meurtrières. Pour faire face à l'urgence de reloger des dizaines de milliers de sinistrés avant les premières neiges, attendues fin octobre, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a décidé le versement de premiers dons, prélevés sur l'actif de l'AAFC, qui seront remis dans les prochains jours à la délégation générale de la RPD de Corée en France. Cette action de solidarité sera complétée par une aide à moyen terme, financée par un appel à dons auprès notamment des adhérents et sympathisants de l'AAFC, dont le produit sera directement versé aux ONG présentes dans le Nord de la péninsule avec lesquelles l'AAFC travaille de longue date - notamment le Secours populaire français. L'affectation de ces dons ultérieurs tiendra compte des besoins de reconstruction à plus long terme et des conséquences des inondations sur la production alimentaire et le besoin de sécuriser l'approvisionnement des populations pendant la période de "soudure" alimentaire, au printemps prochain. 

L'AAFC apporte une aide d'urgence aux sinistrés nord-coréens

Plus de 600.000 personnes touchées par les inondations, plus de 30.000 maisons détruites ou si gravement endommagées qu'elles sont devenues inhabitables : au-delà du très lourd bilan humain (plus de 130 morts et plus du triple de personnes portées disparues), une course contre la montre a été engagée par les autorités nord-coréennes, en liaison étroite avec les agences spécialisées des Nations Unies et les ONG présentes en RPD de Corée, pour faire face à l'urgence de reloger toutes les familles et répondre à leurs besoins élémentaires. Une aide a convergé de tout le pays pour apporter des réponses en termes d'hébergement, de nourriture et de soins médicaux.

Chris Staines, qui dirige en Corée du Nord les activités de la Fédération Internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (acronyme anglais, FICR), a souligné pourquoi il fallait agir maintenant, alors que les premières neiges sont prévues fin octobre et que les températures tombent à - 30°C dans cette partie du pays au plus froid de l'hiver :

A de nombreux égards, la catastrophe a frappé au plus mauvais moment (...) Les conditions sont particulièrement difficiles et c'est pourquoi nous avons besoin de davantage de solutions permanentes en termes d'abri, de services de santé, d'accès à la nourriture, et de résoudre les questions touchant à l'eau potable.

http://www.huffingtonpost.com/entry/north-korea-floods_us_57f25e42e4b024a52d2faf4b

Face à l'urgence, la FICR a décidé de débloquer une aide immédiate de 15,2 millions de francs suisses (soit 13,9 millions d'euros). Les biens de première nécessité proviennent non seulement du reste du pays, mais aussi de la Chine et de la Russie frontalières (les autorités conservatrices sud-coréennes ayant pour leur part refusé d'apporter la moindre aide, brandissant une nouvelle fois l'arme alimentaire), alors que 300.000 personnes ont besoin d'une assistance humanitaire le plus rapidement possible.

L'Association d'amitié franco-coréenne a ainsi apporté une première contribution, modeste au regard de l'ampleur des besoins, sous forme de don prélevé sur l'actif dont dispose l'Association. Elle sera complétée par un appel à dons ultérieur, au regard des conséquences à plus long terme des inondations catastrophiques qui ont ravagé le Nord-Est de la Corée.

L'AAFC apporte une aide d'urgence aux sinistrés nord-coréens
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