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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 23:14

Il y a quarante ans, en 1971, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) créait une nouvelle forme d'opéra révolutionnaire, dite "Mer de sang", du nom d'un opéra alors représenté pour la première fois. Puisant son inspiration dans la lutte de libération nationale antijaponaise, l'opéra révolutionnaire Mer de sang, qui conjugue des formes traditionnelles coréennes et des inspirations plus occidentales, est emblématique de la forme actuelle de l'opéra en République populaire démocratique de Corée.

 Opera Mer de sang

 

Alors combattant de la lutte de libération antijaponaise, Kim Il-sung, futur fondateur de la République populaire démocratique de Corée en 1948, a créé dans les années 1930 une pièce retraçant les combats de la résistance coréenne, afin d'encourager les Coréens à rejoindre les rangs des combattants. La pièce a inspiré l'opéra révolutionnaire Mer de sang (en coréen, P'ibada ou Phibada) représenté pour la première fois en RPDC en juillet 1971 dans le Grand Théâtre de Pyongyang, en présence du Président Kim Il-sung et du dirigeant Kim Jong-il. 

 

Mer de sang a été le premier d'un ensemble de cinq opéras révolutionnaires majeurs en RPDC, tous composés au début des années 1970 et qui constituent la base des opéras classiques : outre Mer de sang, il s'agit de La Jeune Bouquetière, Dis-le, toi, forêt !, Une véritable fille du Parti et le Chant des monts Kumgang.

 

 L'opéra Mer de sang dépeint la prise de conscience révolutionnaire des masses soumises à l'oppression, d'où naît la lutte de libération nationale. D'un point de vue formel, comme l'a souligné en août 1971 Kim Jong-il à l'origine de l'adaptation de la pièce à l'opéra, Mer de sang a procédé à plusieurs innovations rompant avec la tradition pour répondre à une conception nouvelle basée sur les idées du Juche, correspondant aux besoins de l'époque. Les chants deviennent des couplets. Des chants hors scène (pangchang) sont introduits, tandis qu'une place essentielle est consacrée à la danse. Un orchestre mixte utilise à la fois les instruments traditionnels et coréens. Enfin, la scénographie mobile, en trois dimensions, vise à donner une représentation du cadre de vie aussi conforme que possible à la réalité.

 

Pour Kim Jong-il, auteur de De l'art de l'opéra, "l'opéra est l'art du chant, l'art de l'action et l'art de la vie".

 

Quelque 2.000 représentations de Mer de sang, en Corée et à l'étranger, depuis quarante ans ont assuré la renommée de troupes d'opéras coréennes de RPDC, comme Phibada, qui tire son nom même de l'opéra.

 

L'opéra Mer de sang a aussi inspiré un roman et un film nord-coréens.

 

Sources :

- La Corée du XXe siècle en 100 points, Editions en Langues étrangères, Pyongyang, 2002, pp. 138-139

- KCNA, "Revolutionary opera 'Sea of Blood' 30 years ago, dépêche du 24 août 2001

- Koryo Tours, Revolutionary opera

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29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 22:28

Intitulée tout simplement "L'équipe coréenne de football féminin", la nouvelle série télévisée de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) retrace le parcours victorieux de la sélection nationale dans le championnat du monde U-20 de la FIFA en 2006. Sa diffusion a commencé quelques jours avant le coup d'envoi de la Coupe du monde féminine 2011 de la FIFA en Allemagne, où les joueuses coréennes sont aux prises avec deux des équipes qui prétendent à la victoire finale - les Etats-Unis et la Suède - et avec la Colombie. Si le premier match joué à Dresde le 28 juin 2011 a vu les Américaines l'emporter sur les Nord-Coréennes (2-0) après une première mi-temps sans buts où les Asiatiques se sont défendues avec opiniâtreté, ces dernières conservent leurs chances face aux Suédoises, qu'elles affronteront le 2 juillet.

 

Depuis l'incroyable succès des Nord-Coréens sur les Italiens lors de la Coupe du monde 1966, le football nord-coréen n'a pas fini d'étonner le monde : en 2006, la victoire des Nord-Coréennes lors de la Coupe du monde des moins de 20 ans faisait l'effet d'un coup de tonnerre dans le paysage du football féminin, installant durablement la sélection de la RPD de Corée dans le Top 10  mondial.

 

C'est ce parcours victorieux lors du mondial U-20 de la FIFA 2006, à l'issue d'une victoire époustouflante en finale contre la Chine (5-0), que retrace la dernière série télévisée nord-coréenne, intitulée "L'équipe coréenne de football féminin". Le rôle principal est celui de l'entraîneur qui a conduit les joueuses à la victoire. Parmi ces dernières, Jon Myong-jui, née le 7 août 1986, est devenue une star mondiale du football féminin.

 

Diffusé à compter de juin 2011, à la veille du coup d'envoi du Mondial féminin en Allemagne, ce drama nord-coréen est décrit par l'agence officielle nord-coréenne KCNA comme "une représentation vivante des hautes ambitions des filles pour la Coupe du monde et de leurs efforts acharnés pour réussir".

 

l-equipe-coreenne-de-football-feminin_1.jpg

 

l-equipe-coreenne-de-football-feminin_2.jpg

Sources : AAFC, KCNA (dont photos).

 

 

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17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 21:42

Le dessin animé Pororo le petit pingouin a été exporté de Corée dans plus de 100 pays. Pour beaucoup de fans de la série, il s'agit d'un dessin animé sud-coréen. Faux : le personnage et la série sont le fruit d'une coopération intercoréenne, si bien que Pororo est "à moitié Nord-Coréen", comme l'ont récemment révélé des débats sur les blogs sud-coréens. En fait, Pororo est bien un héros de dessin animé 100 % coréen, qui pourrait être demain l'un des symboles d'une seule Corée.

 

Toys-R-Us-Pororo.jpgPetit pingouin portant de grosses lunettes d'aviateur et une casquette d'aviateur brun clair, Poporo (en coréen, 뽀롱뽀롱 뽀로로) est le héros d'un dessin animé des studios d'animation ADV Films diffusé aujourd'hui dans plus de 100 pays. La série comporte aujourd'hui 3 saisons, chacune comptant 52 épisodes.

 

Mais le petit pingouin, si présent dans le Sud de la péninsule qu'il a été surnommé "le Président des enfants", n'est pas une création sud-coréenne : il est le résultat d'une coopération intercoréenne, ce qui a fait dire justement à des bloggeurs que Poporo est "à moitié Nord-Coréen". Le personnage et les dessins animés ont été largement développés en Corée du Nord, où une tradition d'excellence dans le dessin animé - des séries françaises ou francophones comme Corto Maltese ou Bécassine sont aujourd'hui produites dans les studios SEK de Pyongyang - avait fait de ce secteur un domaine privilégié de la coopération entre le Nord et le Sud de la péninsule, avant que les échanges intercoréens ne pâtissent de la détérioration des relations entre Séoul et Pyongyang après l'arrivée au pouvoir du président Lee Myung-bak .

 

Entre 2002 et 2005, des dessinateurs nord et sud-coréens travaillèrent ensemble pour développer le personnage de Pororo et le dessin animé dont il est la figure principale, à côté notamment du dinosaure Crong, du renard Eddy et de l'ours polaire Poby. Cette coopération intercoréenne s'est ensuite interrompue, mais elle correspond bien aux années de création de Pororo, le petit pingouin.

 

Après la fin de la coopération intercoréenne sur cette série en 2005, la paternité 100 % coréenne de Pororo avait été occultée, jusqu'à ce qu'un débat sur Internet la fasse resurgir récemment. Kim Jong-se, un des responsables de la société sud-coréenne Iconix Entertainment qui a développé le dessin animé, a dû l'admettre : "Ce n'est pas quelque chose qui a besoin d'être secret mais par hasard des gens ont découvert que Pororo avait été partiellement produit au Nord". Le rôle des dessinateurs nord-coréens est ainsi reconnu, même s'il est sous-estimé à tort ("partiellement produit au Nord"). Une paternité en tout cas cachée, mais qui devrait au contraire enorgueillir les concepteurs de Pororo d'avoir donné naissance à ce qui pourrait devenir le symbole d'une seule Corée.

 

Source : Reuters.

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 22:44

A l'issue du 19ème Festival international du cirque de Massy, organisé du 13 au 16 janvier 2011 sous un chapiteau flambant neuf de 3.000 places créé pour les productions de la famille Bouglione, les acrobates de la troupe de Pyongyang, venus de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), sont montés sur la plus haute marche du podium, en étant récompensés par l'obtention du Prix du Président de la République. En tournée en Europe, ils s'étaient produit auparavant aux Pays-Bas, avant un départ pour la Corée prévu le 18 janvier. Agés de 22 à 31 ans, les dix artistes confirmés nord-coréens - MM. Kim Hak-sop, Choe Chol, Kim Ung-il, Kim Jong-yun, Ri Ji-song, Ri Yong-chol, Pak Jin-myong, Pak Chung-guk, Hwang Song-min et Mlle Han Jong-sim - ont été ovationnés par le public qu'ils ont tenu en haleine par leurs exceptionnels sauts dans le vide. Grâce à M. Jon Hyong-jong, conseiller politique à la délégation générale de la RPDC auprès de la République française, que l'AAFC tient à remercier, Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC chargé des actions de coopération, a pu rencontrer les artistes coréens . Il s'est entretenu avec trois des trapézistes : l'aîné de la troupe, Kim Hak-sop, le prodige Choe Chol, capable de sauts périlleux sur une longueur de 100 mètres, et la femme de la troupe présente au festival de Massy, la charmante Han Jong-sim.

 

festival_cirque_massy_troupe_pyongyang_0010.JPG

 Hein Hazenberg, qui a accompagné la troupe acrobatique de Pyongyang depuis les Pays-Bas,

et Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC, en compagnie des artistes coréens, le 15 janvier 2011


Bonjour, Kim Hak-sop, Choe Chol, Han Jong-sim. Le cirque est très populaire en Corée, comme en a notamment témoigné la fondation du cirque de Pyongyang le 10 juin 1952, alors même que la guerre de Corée n'était pas encore terminée. Comment devient-on artiste de la troupe de Pyongyang ? Quelle formation avez-vous suivie ?

 

[Han Jong-sim] Dès l'âge de 7 ans, on repère les élèves les plus doués et les plus motivés. Ils peuvent ensuite entrer à l'école du cirque de Pyongyang, qui sélectionne 40 artistes par an, répartis entre 7 sections : les formations aériennes, les formations au sol, les formations sous l'eau, les formations sur glace, celles avec des animaux, les magiciens et les clowns. Presque tous les élèves sélectionnés sont diplômés. La formation, conduite exclusivement en RPD de Corée, dure 9 ans. Après 6 ans d'école, on commence à monter sur scène.

 

J'ai voulu devenir artiste de cirque en regardant les spectacles à la télévision, alors que je n'avais pas encore 10 ans.

 

Jusqu'à quel âge peut-on être artiste de la troupe de Pyongyang ?

 

Tout dépend de la volonté et des capacités physiques ! Ce peut être jusqu'à 50 ans, même si la plupart des trapézistes présents au festival de Massy ont entre 28 et 30 ans. Notre benjamin a 22 ans.

 

Quelle est la proportion de femmes ?

 

La moitié des élèves diplômés de l'école du cirque de Pyongyang sont des femmes.

 

Votre troupe fait la fierté de toute la Corée, où les traditions d'excellence gymnastiques et acrobatiques sont solidement ancrées. Y a-t-il eu des échanges intercoréens, à l'époque de la "politique du rayon de soleil" des présidents sud-coréens Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun ?

 

Le triple saut à la balance est en effet une spécialité coréenne. Il y a eu des rencontres Nord-Sud à plusieurs reprises, notamment en 2000 et en 2001.

 

Votre troupe a été plusieurs fois primée dans les festivals internationaux...

 

[Kim Hak-sop] Oui, les tournées dans les pays occidentaux se sont multipliées depuis 1978. Notre troupe a notamment obtenu la plus haute distinction au Festival de Monte Carlo en 1998 et nous nous sommes aussi produits en Chine. Pour ma part, c'est la première fois que je viens en France.

 

Quel est votre rêve en tant qu'artiste ?

 

[Kim Hak-sop] Pouvoir réaliser des spectacles, en me consacrant au développement des techniques et des technologies utilisées dans les métiers du cirque.

 

Merci, Kim Hak-sop, Choe Chol et Han Jong-sim.

 

 

Propos recueillis le 15 janvier 2011 à Massy (Essonne)

 

festival_cirque_massy_troupe_pyongyang_0018.JPG


Voir aussi :

- site du Festival international du cirque de Massy

- "Le festival du cirque de Massy récompense des trapézistes nord-coréens", article publié le 17 janvier 2011 sur le site Melun Ville

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 23:30

Le Musée Guimet a une longue tradition dans la diffusion des cultures orientales en France, tant par ses exposition permanentes et temporaires que par les manifestations artistiques qu'il organise depuis sa fondation, à la fin du 19ème siècle. Le vendredi 4 février à 20h30, à l'auditorium Guimet (6, place d'Iéna - 75116 Paris), sera donné un concert exceptionnel de cithare coréenne traditionnelle (gômungo), interprété par E’ Joung-ju et Jean Chevalier. L'AAFC reproduit ci-après l'annonce de cet événement par le Musée Guimet, en invitant toutes et tous à découvrir ou redécouvrir un instrument coréen unique au monde.

 

Guimet_04022011.jpg 

 E' Joung-ju et Jean Chevalier : Gômungo, udu et autres percussions

 

Le gômungo (littéralement « la cithare noire ») est une cithare coréenne traditionnelle datant de plus de 1500 ans. Selon le Samguk Sagi (Les chroniques des Trois Royaumes), écrit en 1145, le gômungo aurait été inventé par le premier ministre Wang San-ak en s’inspirant du guqin (cithare chinoise à sept cordes).

 

Instrument unique et n’existant qu’en Corée, le gômungo disparait petit à petit chaque année par manque d’élèves. Actuellement, il ne resterait que deux cents musiciens professionnels jouant en orchestre et seulement une dizaine de solistes.

 

E’ Joung-ju, magnifique interprète de gômungo et lauréate du concours Trésor National Vivant n° 16, a joué dix ans au sein de l’orchestre régional de Gwangju. En 1996, elle décide de quitter l’orchestre, malgré le refus de ses maîtres, afin de créer son propre style et sa propre musique.

 

Dans l’espoir de faire perdurer le gômungo et le patrimoine culturel qui s’y attache, E’Joung-ju fait découvrir son instrument, en Corée comme à l’étranger, perpétuant la tradition, mais la confrontant aussi aux musiques occidentales traditionnelles et contemporaines. L’une de ces rencontres les plus abouties est celle qui a conduit à la création de son duo avec Jean « Popof » Chevalier.

 

Celui-ci, clarinettiste classique de formation, doit à Jean-Luc Ponty et Jacques Di Donato, la découverte des percussions. Il a depuis joué avec les plus grands jazzmen (Dexter Gordon, Toot Thielemans…) comme avec de nombreux musiciens traditionnels (Alan Stivell, Kristen Noguès…).

 

 Avec E’ Joung-ju, ils nous offrent une musique qui éveille la tradition coréenne et son raffinement, à la modernité contemporaine.

 

Hors du temps et de l'espace, un grand moment de poésie.

 

Prix des places : 17 et 12 €


Auditorium Guimet

Direction artistique : Hubert Laot

Musée national des arts asiatiques

6, place d'Iéna

75116 Paris

Renseignements et réservations : 01 40 73 88 18

auditorium@guimet.fr 


Site du Musée Guimet

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 23:22

Du 13 au 16 janvier 2011 se tient le 19ème Festival international du Cirque de Massy. Parmi les artistes présents à l'édition 2011, la troupe acrobatique de Pyongyang (RPDC, Corée du Nord) se produira, notamment, les 13 et 15 janvier. L'AAFC invite toutes et tous à découvrir une des meilleures troupes artistiques au monde, récompensée à plusieurs reprises dans les festivals internationaux.

 

affiche massy2011Le cirque est très populaire en RPD de Corée, ses artistes ayant souvent obtenu des récompenses internationales : lors du 33ème Festival international du Cirque de Monte-Carlo, la troupe du Cirque Moranbong de Pyongyang avait ainsi obtenu le Clown d'or pour son numéro de trapèze volant, et le Clown d'argent pour son numéro d'acrobaties à la grande balançoire et à la barre fixe. Cette excellence est le fruit d'une tradition ancienne : le cirque de Pyongyang a été fondé le 10 juin 1952, et il compte plus de trente artistes formés pendant neuf ans à l'école acrobatique de Pyongyang. La sélection commence dès l'âge de sept ou huit ans, en repérant les enfants présentant les plus grandes aptitudes physiques. La formation comporte trois ans d’école primaire, trois ans de cours préparatoires et trois ans de spécialisation.

 

Le public francilien pourra découvrir quelques-uns des meilleurs artistes nord-coréens, membres de la troupe acrobatique de la République populaire démocratique de Corée, à l'occasion du 19ème Festival international du Cirque de Massy. Les représentations se tiendront du 13 au 16 janvier 2011. Les dix jeunes hommes et femmes membres de la troupe acrobatique de Pyongyang (non compris trois accompagnants) présenteront un numéro intitulé "Les pilotes", qui figure au programme du spectacle A, produit le jeudi 13 janvier à 20h30 et le samedi 15 janvier à 14h30. Le spectacle d'or, réunissant les meilleurs numéros du festival, est prévu le dimanche 16 janvier, à 14h puis à 17h30.

 

Informations pratiques, horaires, tarifs et réservation sur le site Internet du 19ème Festival internatianal du Cirque de Massy.

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9 décembre 2010 4 09 /12 /décembre /2010 22:07

Un des tout premiers artistes coréens à avoir étudié la peinture occidentale, Kim Kwan-ho (1890-1959) est une figure honorée dans l'ensemble de la péninsule. Son oeuvre et sa vie reflètent l'histoire de la peinture coréenne du XXème siècle, qu'il a ouverte aux influences modernes dans un dialogue fécond entre Orient et Occident.

 

sunset_KimKwanho_.jpgCrépuscule, 1916 : une peinture de l'artiste coréen Kim Kwan-ho, né à Pyongyang dans une famille aisée en 1890, est primée par l'obtention d'un prix spécial lors de l'exposition annuelle nationale d'art Bunten, à Tokyo, évoquant l'oeuvre du peintre symboliste français Pierre Puvis de Chavannes. Mais la toile choque le public coréen : c'est le premier nu de la peinture coréenne, représentant deux femmes sur les berges du fleuve Taedong. Dans un contexte où il était alors extrêmement difficile pour les Coréens soumis à la colonisation japonaise d'obtenir un visa pour l'Europe, Kim Kwan-ho, comme d'autres artistes de sa génération, découvre la peinture occidentale lors de sa formation à Tokyo. Il est aujourd'hui considéré comme le second coréen à avoir étudié la peinture occidentale. Venu au Japon en 1909 pour étudier à l'université Meiji, Kim Kwan-ho a finalement choisi d'intégrer, en 1911, le département de peinture occidentale à l'Ecole des Beaux-Arts de Tokyo : la célèbre toile de 1916, huile sur toile de larges dimensions (1,27 m x 1,27 m) et qu'on peut toujours voir dans la capitale japonaise, correspond à son projet de fin d'études.

 

Revenu à Pyongyang, en décembre 1916 Kim Kwan-ho organise sa première exposition personnelle, privée, présentant notamment des paysages. Cinq ans plus tard, en 1921, se tenait la première exposition annuelle d'art coréen, dont tous les participants étaient originaires du pays du Matin calme - parmi lesquels plusieurs activement engagés dans le mouvement de libération nationale. En 1925, Kim Kwan-ho a organisé un centre de recherches (Sosonghoe), jouant un rôle pionnier dans l'apprentissage des techniques de peinture.

 

Devenu une figure reconnue de la section de peinture occidentale de l'exposition nationale d'art coréen, ayant aussi contribué à la diffusion de l'art occidental en Corée, Kim Kwan-ho a travaillé comme peintre et illustrateur de livres à Pyongyang, au moins jusqu'en 1927 - date à laquelle il aurait cessé son travail artistique selon les sources sud-coréennes.

 

KimKwanho1945.jpgAprès la libération de la Corée (à droite, photo en 1945), Kim Kwan-ho a rejoint le Nord de la péninsule, prenant la tête en 1946, à Pyongyang, du comité exécutif du comité central de l'Union des artistes coréens. L'école des beaux-arts de Pyongyang, où il a enseigné, montre plusieurs de ses oeuvres de cette période. Un célèbre Portrait daté de 1956, considéré comme un autoportrait, est une huile sur toile, de dimensions 43 x 35,7 cm. D'autres toiles sont exposées au Musée d'Art de Pyongyang et à Wonsan.

 

Kim Kwan-ho a participé à une exposition d'art coréen fin 1957, à Varsovie. Il est décédé en 1959.

 

Sources :

- Jane Portal, Art under control in North Korea, Reaktion Books, publié en association avec les éditions du British Museum, Londres, 2005, pp. 34-36.

- Article dédié à Kim Kwan-ho sur Koreaweb (dont photo).

- "Kim Kwan-ho", sur le site Information from Answers.com.

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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 19:48

Dans la nuit du 10 au 11 février 2008, un incendie criminel avait détruit la porte Sungnyemun, qui était le plus ancien monument en bois de Séoul. Deux ans après jour pour jour, les travaux de restauration ont été officiellement lancés, afin de rendre à la capitale sud-coréenne l'un des éléments majeurs du patrimoine national, désigné Trésor National n° 1 en 1962.

Namdaemun_en_ruine.jpg
Il y a deux ans, un incendie criminel avait détruit la structure en bois d'un des plus précieux éléments du patrimoine national coréen : achevée sous le règne du roi Taejo, fondateur de la dynastie des Yi (ou Ri, 1392-1910), la porte Sungnyemun, située à l'entrée sud de Séoul (d'où son autre nom : porte Namdaemun), avait pourtant échappé aux destructions de l'occupation japonaise et de la guerre de Corée.

Le 10 février 2010, une cérémonie a lancé officiellement les travaux de restauration, qui seront conduits par l'administration du patrimoine culturel, afin de restituer à la porte Sungnyemun son aspect originel, d'avant le sinistre de 2008. Un des objectifs est de mettre en valeur le caractère grandiose du bâtiment lors de sa fondation : édifié à la fin du quatorzième siècle, reconstruit en 1447, il avait été constamment rénové depuis lors.

Les travaux de restauration doivent s'achever en 2012.

Sources : AAFC,
KBS World

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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 00:08

 

NeigedAout.jpgNeige d'août, revue littéraire créée il y a dix ans, est consacrée au dialogue entre les littératures française et d'Extrême-Orient, notamment chinoise, coréenne et japonaise. Dans son numéro 18 (automne 2009), elle a publié pour la première fois un texte nord-coréen traduit en français, Dans le bus de Cho kun, dont nous reproduisons ci-après, avec l'autorisation de Camille Loivier, Cho Soo-mi, responsable de la rédaction, et des traducteurs, Yang Jung-hee et Patrick Maurus, des extraits de la postface et d'éléments de commentaire de Patrick Maurus, permettant de replacer la nouvelle dans l'histoire de la littérature nord-coréenne. Dans le bus (titre original ppôsû esô) est la première nouvelle publiée par Cho Kun, en 1993. Né en 1953 , diplômé en 1976 de l’université Kim Il-sung, Cho Kun a décrit un microcosme de la société nord-coréenne contemporaine, en analysant les comportements inter-personnels avec beaucoup d’humour. A ce titre, la nouvelle est caractéristique des nouvelles tendances de la littérature nord-coréenne.

 

"(...) [La] littérature (munhak, la connaissance des lettres) est emprunte d’un fort sentiment pédagogique, produit du confucianisme sinocentré. Les écrivains modernes héritent de leurs devanciers lettrés d’une obligation à penser droit, à enseigner, à agir dans et sur les règles de la cité. Ecrasés par la botte coloniale japonaise au moment même où ils tentaient de d’élaborer une langue et une pratique nouvelles, ils ont trouvé leur voie (voix) à travers une réappropriation des pratiques confucianistes. C’était leur devoir que de continuer à penser droit pour permettre à la Corée et à sa langue de ne pas être englouties dans le désastre. Les plus actifs d’entre eux ont formé la Korea Artista Proleta Federacio, et presque tous, le temps d’un printemps, se sont réunis dans la Singanhoe, Société du Nouveau Rameau, vite écrasée par l’occupant. Mais ses leçons d’engagement n’ont pas été oubliées, et lorsque le pays s’est définitivement divisé, ce sont d’abord ces écrivains qui, des deux côtés de la frontière, dont personne ne pouvait alors imaginer qu’elle resterait inamovible, ont fourni les gros bataillons de la poésie d’abord, et de la fiction. Avec, naturellement, les problématiques d’avant guerre (...).


"Les lettres nordistes suivent, apparemment, les virages de la politique, guidées en cela par les directives du sommet de l’Etat-parti. La mise en forme du chuch’e [ou Juche], version Kim Il-sung d’un concept forgé dans les années 10-20, va s’imposer aux écrivains, sans modifier en profondeur les tendances d’avant guerre. Dans un premier temps, les lettres vont intégrer la figure du Leader, au point d’en faire un élément de la narration. La personne de Kim Il-sung viendra, avec la réémergence du roman historique fleuve, régner sur la fiction. C’est Kim Il-sung lui-même qui sera l’objet des fictions courtes, moyennes et longues, avant de servir de modèle unique.

"(...) Selon le critique Kim Chae-yong, la littérature nord-coréenne a changé dans les années 80, rompant quelque peu avec le romantisme révolutionnaire qui prévalait. Moins de super héros, moins de sujets de guerre, plus de questions du travail, plus de critique sociale. Même si les années 90 ont vu un relatif retour à l’héroïsme dans les années 90.

"Pendant les années 80 (on prête ce tournant à Kim Jong-il en personne), les textes exposent presque toujours le conflit entre des révolutionnaires et un égoïste, sans pour autant offrir de simples portraits en noir et blanc. En dehors des anciens combattants, héros-types, on constate une primauté des personnages scientifiques et techniciens, et c’est sur leur lieu de travail que se déroule l’action. Une œuvre majeure comme Pôt (Amis) de Paek Nam-nyong expose les attendus d’un divorce entre une cantatrice et son mari au statut trop « modeste » pour elle. Si l’on se penche un peu sur le matériel textuel, une nouvelle comme Dans le bus nous offre une structure narrative très significative, dans l’écart action-narration. On l’a vu, l’action ne clôt pas le texte. Un bref épilogue, que certains lecteurs auront peut-être négligé, conclut la nouvelle (la fiction courte). Une chanson plutôt banale, déversée par la radio. Or c’est cette banalité même qui doit attirer l’attention. Car elle donne au texte sa légitimité politique, mais en excluant la leçon politique de l’action.

"L’ambiance générale et le contexte politique sont résolument optimistes, car tous les « égoïstes » sont réformables. Tous peuvent comprendre leur défaut. Tous finissent par comprendre leur défaut. La dénonciation de l’ennemi de classe a laissé la place à la pédagogie. La littérature du Nord a retrouvé son cours naturel."

 

 

Revue disponible auprès de Neige d'août, 58210 Champlemy

 

Librairies où se procurer Neige d'Août

Paris : Junkudo (1er ardt), Le Phénix (2eme ardt), Compagnie, Youfeng (5eme ardt), Tschann, La Hune, Ecume des Pages (6eme ardt), Va l'heur, Vendredi (11eme ardt), L'Arbre à Lettres, L'Astrée (17eme ardt), Anima, l'Humeur Vagabonde (18eme ardt), Equipages (20eme ardt)

Vincennes : Millepages

Nevers : Le Cyprès

Marseille : L'Odeur du Temps

Aix-en-Provence : Vents du Sud

Montpellier : Sauramps

Nantes : Vent d'Ouest

Quimper : Les Vents m'ont dit

Strasbourg : Librairie Kléber

Besançon : Les Sandales d'Empédocle

Séoul, Taipei : Centres culturels français

Québec : Hermès

Genève : Le Rameau d'Or

 

 

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 00:01

Librairie de référence pour les manhwas coréens, la librairie parisienne Apo(k)lyps propose un événement exceptionnel le mercredi 3 février 2010, de 18h à 20h : la dédicace par Oh Yeong-jin du récit de son séjour en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), dans le cadre d'une coopération Nord-Sud. Bande dessinée en deux volumes, "Le Visiteur du Sud" est le témoignage subtil et émouvant d'un Sud-Coréen qui a vécu au Nord de son pays.


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En 2002, Oh Yeong-jin est parti travailler dix huit-mois en Corée du Nord, dans le cadre d'un projet de coopération intercoréen sur le site de la centrale électrique construite par l'Organisation de développement énergétique coréenne (KEDO). Pour garder le souvenir des impressions qu'il a vécues, lui, le visiteur du Sud, dans le Nord de son pays divisé depuis plus de soixante ans, il a choisi la bande dessinée comme mode d'expression : publié en 2009 en deux tomes, chez flblb pour l'édition française, son journal mêle de courtes scènes de récit réel, décrites sur un mode picaresque, et des encarts plus didactiques, faisant le point sur autant de possibles sujets d'études spécialisées, comme la question nucléaire, la science ou l'agriculture. Cette technique de récit combine les qualités du témoignage à vif et des éléments de réponses aux questions que beaucoup, Occidentaux comme Sud-Coréens, peuvent se poser sur la République populaire démocratique de Corée.


De l'émotion, du rire et des larmes : c'est toute la gamme des sentiments humains que nous fait partager Oh Yeong-jin, à mille lieux des clichés véhiculés par Guy Delisle dans Pyongyang. Son récit est subtil, nuancé, émouvant : c'est le drame de la séparation entre les deux parties d'un même peuple, divisé contre sa volonté, que l'on ressent en lisant Le Visiteur du Sud. Oh Yeong-jin n'est pas un universitaire ou un historien : il est un simple Sud-Coréen qui observe et cherche à comprendre, sans préjugés. Si le pari est impossible - le débat sans fin entre l'auteur et d'autres Sud-Coréens présents sur le même site quant au niveau technique atteint par la Corée du Nord, dans d'inutiles comparaisons historiques avec le Sud, montre la difficulté de se départir des grilles de lecture sudistes ou occidentales sur la Corée du Nord - M. Oh s'efforce, avec succès, à l'objectivité. On pleure avec lui de cette image - entraperçue - du deuil de deux frères. On relève aussi sa volonté de ne pas distribuer les bons et les mauvais points sur une situation diplomatique plus complexe qu'on ne veut généralement le reconnaître en Occident : sur les armes nucléaires nord-coréennes, il est par exemple remarquable (tome 2, p. 35) que l'auteur indique simplement, dans un de ses encarts didactiques : "21 novembre 2002. La CIA monte un dossier officiel démontrant que la Corée du Nord possède l'arme nucléaire et exploite du plutonium."

L'Association d'amitié franco-coréenne appelle toutes celles et tous ceux qui veulent mieux comprendre la péninsule coréenne, notamment par le témoignage de M. Oh, à découvrir ou redécouvrir Le Visiteur du Sud, lors de la dédicace exceptionnelle en France de Oh Yeong-jin à la librairie Apo(k)lyps (120, rue Legendre - 75017 Paris) le mercredi 3 février 2010, de 18h à 20h.


"J'ai voulu dans ce livre dépasser les idéologies et les systèmes politiques pour montrer des hommes. Je suis parti pour la Corée du Nord avec un sentiment mêlé de curiosité et d'appréhension. En une année et six mois, j'ai eu le temps de découvrir un visage de la Corée que nous, au Sud, nous avons oublié. Au moment même où le mot 'camarade' devenait familier, et où j'avais intégré toutes les dates des jours fériés du Nord, j'ai dû retourner chez moi. Et à l'instant où je mettais les pieds sur la terre froide de Séoul, au beau milieu de la pollution, je me suis souvenu que l'endroit le plus accueillant est toujours celui où se trouvent des gens que j'aime et qui m'aiment."
Oh Yeong-jin.

 

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