Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 juin 2015 1 01 /06 /juin /2015 21:22

Inscrit en 2013 au Patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO, le site de Kaesong, ancienne capitale du royaume de Koryo (918-1392), a donné lieu à des coopérations dans le domaine archéologique entre la France et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), ainsi qu'entre les deux Corée. Le 1er juin 2014, une équipe de 11 archéologues et historiens sud-coréens est arrivée à Kaesong, dans le cadre d'un programme de recherches conjoint Nord-Sud, d'une durée prévisionnelle de six mois, sur le site de l'ancien palais royal Manwoldae.

Le site archéologique de l'ancien palais royal Manwoldae, à Kaesong

Le site archéologique de l'ancien palais royal Manwoldae, à Kaesong

Au cours des six mois que durera le programme sur le site de Manwoldae, 81 Sud-Coréens - archéologues ou historiens, membres de l'Institut national de recherche sur le patrimoine culturel (sud-)coréen - doivent se rendre au Nord de la péninsule, prolongeant ainsi des travaux de recherches archéologiques menés conjointement par les deux Corée de 2007 à 2011, et qui ont repris en juillet 2014. Le fonds de coopération intercoréenne de la République de Corée (du Sud) participe financièrement au projet.

Prévues pour s'achever le 30 novembre 2015, les fouilles archéologiques comprendront des travaux de restauration de vestiges d'une grande valeur patrimoniale, inscrits 2013 depuis au Patrimoine mondial de l'humanité.

Ces recherches conjointes, témoignant de l'importance des champs potentiels de coopération Nord-Sud sur les questions historiques et culturelles, sont d'autant plus significatives qu'elles portent sur le centre du pouvoir royal du premier Etat réellement unifié de la péninsule coréenne.

Source :

Partager cet article
Repost0
30 mai 2015 6 30 /05 /mai /2015 17:00

Surnommée la Joan Baez coréenne, Yang Hee-eun est un symbole pour toute une génération de Coréens : musicalement parlant, elle a introduit avec brio des influences folk et pop dans la musique sud-coréenne ; politiquement, ses chansons ont été le porte-étendard des luttes pour la démocratie dans le Sud de la péninsule, suscitant la fureur de la junte militaire. Plus de quarante ans après les débuts de Yang Hee-eun, sa musique mérite d’être redécouverte en Occident.

Yanh Hee-eun est un exemple remarquable de longévité sur la scène musicale sud-coréenne, dont elle constitue l’une des figures les plus respectées depuis ses débuts en 1971. A priori rien ne prédestinait les chansons de Yang Hee-eun à symboliser le combat pour la liberté – si ce n’est peut-être que sa voix puissante était si propice à soulever l’enthousiasme et à susciter la ferveur des étudiants, fer de lance de la lutte pour la démocratie, dans des arrangements à la guitare où transparaît aussi une indicible mélancolie.

Il y a aussi une touche psychédélique – si seventies – dans le style de Yang Hee-eun, témoignant des influences de Bob Dylan, Simon and Garfunkel ou Joan Baez, à qui elle a été comparée. La créativité de ses chansons, écrites par Kim Min-gi, repose également dans la capacité à adapter des rythmes coréens traditionnels, et à combiner ces différentes influences, dans des arrangements subtils.

Aujourd’hui soixantenaire (l’âge auquel on accède au respect en Corée !), ayant dû lutter contre un cancer, Yang Hee-eun n’a pas seulement été le témoin d’une génération : elle continue d’animer concerts et émissions de télévision, pouvant s’affirmer comme une des pionnières de la K-Pop coréenne contemporaine.

Partager cet article
Repost0
28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 15:12

Sorti le 27 avril 2015, le dernier album "The Magic Whip" du groupe de rock anglais Blur comprend une chanson intitulée Pyongyang, qui fait directement référence au voyage en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), deux ans plus tôt, de Damon Albarn. Dans un album traversé d'influences asiatiques (Blur a séjourné à Hong Kong et la pochette porte le nom de l'album et du groupe en chinois), le titre Pyongyang dénote :  le son lancinant du synthétiseur, et des paroles empreintes de nostalgie, rendent compte d'une volonté de témoigner musicalement d'un séjour qui a fasciné le chanteur du groupe, par ailleurs engagé politiquement.

Un dernier regard depuis la fenêtre de l'hôtel Yanggakdo avant le départ, demain, de Corée du Nord. La chanson Pyongyang de Blur est empreinte d'une irrésistible nostalgie où, dans la pénombre, reviennent les images des cerisiers, du Palais mémorial Kumsusan et du halo rose qui entoure les portraits des dirigeants. Damon Albarn engage une discussion improbable avec l'un des nombreux Coréens croisés en silence pendant son séjour, Coréens à la fois si proches et si lointains : "Enfant [...] les rues sembleront vides sans toi [...] Je pars." 

 

Le chanteur de Blur, qui souhaite retourner en Corée du Nord et se dit en quête de quelque chose, a voulu rendre compte en musique des impressions de son voyage à Pyongyang. Damon Albarn a été plongé dans un monde quasi-irréel aux avenues parfaites. Blur a adopté pour la chanson Pyongyang un style minimaliste soigné, sur un tempo de synthétiseur doux et étrange, presque empreint d'inquiétude, où s'immiscent quelques paroles en coréen. C'est d'une atmosphère dont a voulu témoigner Damon Albarn, comme il l'a indiqué dans un entretien au magazine GQ :

Mec, c'était étrange. Quand tu décides de faire quelque chose comme cela [aller en Corée du Nord], tu ne le fais pas par caprice. Il faut suivre un processus, obtenir une permission - ça ne consiste pas seulement à dire "Je prends un avion". Quand tu vas là-bas, la meilleure description que je peux en faire est celui d'un royaume magique, au sens où tout le monde est sous le charme. Les statues et les édifices sont absolument partout - partout où tu vas on te rappelle la famille Kim. Ils sont véritablement omniprésents. Mais la seule preuve de l'existence d'une élite est quand tu vois au coin d'une rue deux Range Rovers noires accélérant dans une rue déserte. Mais à part cela la Corée du Nord est pleine de gens normaux, qui existent simplement sous ce charme dément.

Damon Albarn évite de porter le moindre jugement : en artiste conséquent, il fait partager son ressenti. Mais l'approche par l'expression des sentiments ne signifie nullement un désintéressement : militant engagé pour la paix, notamment contre la guerre en Irak en 2003, il admirait son grand-père, Edmund Albarn, architecte rejeté de la société britannique car, objecteur de conscience, il avait refusé de combattre pendant la Seconde Guerre mondiale - avant de décéder en 2002 après une grève de la faim.  

"Pyongyang" de Blur, un témoignage musical de Damon Albarn

Sources :

Partager cet article
Repost0
23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 17:45

Né en 1950, Bae Bien-u est une figure majeure de la scène photographique contemporaine sud-coréenne. En résidence au domaine national de Chambord depuis avril 2014 et jusqu'à l'été 2015, Bae Bien-u aura travaillé à une dizaine de reprises sur la forêt de Chambord, qu'il aura ainsi saisie à chacune des saisons, jusqu'à l'inauguration de la monographie qui lui sera consacrée : organisée du 27 septembre 2015 au 10 avril 2016, cette exposition ouvrira l'année croisée France-Corée. Des rencontres entre l'artiste et son public sont prévues d'ici cette date, notamment le vendredi 24 avril 2015 à 20h30 à la salle polyvalente de Mont-près-Chambord, en partenariat avec le club de photo local La Focale 41. L'AAFC vous invite à découvrir l'oeuvre de Bae Bien-u.

Une monographie de Bae Bien-u ouvrira l'année croisée France-Corée

Le travail de Bae Bien-u exprime l'âme coréenne : dans des compositions subtiles, où le recours privilégié au noir et blanc accroît la sensibilité de la touche photographique qui évoque la peinture traditionnelle extrême-orientale, l'artiste a exprimé la communion du peuple coréen avec la nature, en braquant son objectif sur les rivages, les arbres, les vents et les volcans. L'oeil de Bae Bien-u donne à redécouvrir la beauté des paysages.

Les photos des pins sacrés de l'ancienne nécropole royale des rois de Corée - dont des clichés inédits seront à découvrir lors de la monographie qui lui sera consacrée par le domaine de Chambord à partir de septembre 2015 - constituent l'aspect le plus connu de son oeuvre. Mais Bae Bien-u s'est attaché, au-delà de l'arbre, à exprimer les symboles dans le lien puissant qui unit l'homme à la nature, le pin s'élançant entre ciel et terre, comme l'a montré Kim Seon-ok dans la fiche de présentation de l'artiste pour la galerie RX :


Le photographe met l’accent sur la relation entre l’Homme et la nature. La communion avec la nature est le leitmotiv de l’œuvre photographique de Bae. Elle reflète la préoccupation du peuple coréen à vivre en harmonie avec celle-ci. Bae voit dans le pin un contact entre le ciel et la terre. Il réussit à figer sur papier toute la dramaturgie et la magie du lieu mythique et l’énergie vitale des arbres pour les restituer en méditations intenses.

Bae pratique la photographie depuis les années 1970, mais depuis 1985, son travail s’oriente essentiellement autour de l’immortalisation des forêts de pins typiques de la Corée. Ce choix ne semble pas anodin puisque le pin est un arbre à la signification sacrée dans la culture coréenne où il est considéré comme symbole de longévité. Selon lui, «les pins sont les symboles de l’âme du peuple coréen.»

Une monographie de Bae Bien-u ouvrira l'année croisée France-Corée
Une monographie de Bae Bien-u ouvrira l'année croisée France-Corée
Une monographie de Bae Bien-u ouvrira l'année croisée France-Corée

C'est une oeuvre qui invite à la méditation, amenant à apprécier pleinement une nature rendue à elle-même, où la trace de l'homme a disparu.

Sources :

Partager cet article
Repost0
11 avril 2015 6 11 /04 /avril /2015 21:38

Lee Seung-hwan, chanteur, auteur-compositeur et producteur (avec l'entreprise Dream Factory), est l'une des figures les plus connues de la scène musicale coréenne contemporaine. Avec d'autres, il s'est engagé auprès des familles des victimes du naufrage du ferry Sewol qui, il y a un an, le 16 avril 2014, a causé 304 morts, en majorité des lycéens. Alors que l'Association d'amitié franco-coréenne appelle à rejoindre les manifestants qui exigent que toute la vérité soit faite sur ce drame, lors d'un rassemblement organisé par les Coréens de France à Paris le 18 avril prochain à 18 h place du Trocadéro et qui donnera lieu, comme en Corée, à un concert, nous présentons Lee Seung-hwan.

Né le 13 décembre 1965, Lee Seung-hwan est l'une des figures les plus connues de la scène rock coréenne et l'un des pionniers de la pop coréenne, plusieurs fois récompensé aux Mnet Asian Music Awards : meilleur interprète masculin et meilleure musique vidéo en 1999 pour "The Request", prix de l'innovation en musique vidéo en 2002.


Outre sa popularité, Lee Seung-hwan est aussi un artiste engagé. Tous les ans il organise un concert annuel intitulé Chakage Salja (착하게 살자, littéralement "Vivons une belle vie") en faveur de la Fondation des enfants coréens atteints de leucémie.

En rejoignant en août 2014 la grève de la faim engagée par les familles des victimes du Sewol, le chanteur Lee Seung-hwan a alors exprimé sa solidarité pour que soit adoptée une loi à la hauteur de l'émotion causée par la pire catastrophe navale subie par la République de Corée (Corée du Sud) depuis quarante ans. Lors d'un concert organisé le 24 juillet 2014 Lee Seung-hwan avait fait la déclaration suivante :

"D'une certaine manière nous nous sommes rendu compte de trop de choses et nous avons le sentiment d'être pitoyables. [...] J'ai le sentiment que nous nous sommes rendu compte de l'incompétence et de l'indifférence de notre pays, que nous nous sommes rendu compte de la contradiction à refuser d'endosser les responsabilités sur quelque sujet que ce soit, que nous nous sommes rendu compte que nous vivions dans un étrange pays qui ne partageait pas les peines et les souffrances de ses habitants. "

Lee Seung-hwan, lors d'un concert organisé le 24 juillet 2014, 100 jours après le naufrage du "Sewol"

Lee Seung-hwan, lors d'un concert organisé le 24 juillet 2014, 100 jours après le naufrage du "Sewol"


De fait, au-delà du traumatisme du Sewol, les insuffisances des opérations de secours posent la question de la réponse des autorités sud-coréennes à la catastrophe, tandis que la Présidente Park Geun-hye est restée silencieuse pendant des heures et que des informations erronnées circulaient dans les médias. Alors qu'un débat public était nécessaire, la réponse du Gouvernement a été de dénoncer la soi-disant récupération politique de la colère des familles des victimes qui exigent toujours que toute la vérité soit faite. Dans ce contexte, le fait que la Présidente Park sera en visite en Amérique latine, un an après le naufrage, est perçu par beaucoup comme un signe de désinvolture.

Dans le naufrage du Sewol, les médias pro-gouvernementaux (conservateurs ou à capitaux publics) se sont également efforcé d'occulter les responsabilités de Mme Park Geun-hye et de ses ministres, en chargeant le propriétaire du ferry - retrouvé mort des semaines plus tard - quitte à se taire sur sa grande proximité tant avec certains des conservateurs sud-coréens du Parti Saenuri (au pouvoir) qu'avec l'ambassade de la République de Corée en France, qui l'a totalement soutenu en tant que photographe, où il s'est produit sous le nom d'Ahae. Enfin, le naufrage aurait dû conduire à ouvrir le débat sur les conséquences dramatiques de la déréglementation libérale.

C'est pourquoi la solidarité internationale s'impose, en mémoire des victimes, pour que triomphe la vérité et empêcher que de tels drames se reproduisent : nous vous donnons rendez-vous le samedi 18 avril 2015 à 18h, place du Trocadéro à Paris.

Lee Seung-hwan, un chanteur engagé auprès des familles des victimes du "Sewol"

Sources :

Partager cet article
Repost0
20 mars 2015 5 20 /03 /mars /2015 23:58

Un parfum de crime de lèse-majesté règne en République de Corée (Corée du Sud) depuis l'accession au pouvoir de la très autoritaire Mme Park Geun-hye. Parmi les cibles du pouvoir, l'artiste Lee Ha a été arrêté à plusieurs reprises pour ses images satiriques - qui visent juste - du personnel politique sud-coréen. Pour que la liberté d'expression ne soit pas étouffée, pour faire reculer la peur, nous appelons à diffuser et rediffuser le plus largement ses caricatures, dont deux sont analysées ci-après.  Car, dans d'autres pays, les dessins de Lee Ha auraient pu lui valoir des prix pour leur créativité. Mais pas en Corée du Sud.

Nous sommes tous Lee Ha !

Sur cette image, Park Geun-hye porte l'uniforme militaire de son père, le général Park Chung-hee, un des principaux auteurs du coup d'Etat militaire de 1961, qui a établi le régime le plus autoritaire qu'ait connu la Corée du Sud - jusqu'à être assassiné par son propre chef des services de renseignement. La casquette que porte Mme Park est revêtue du symbole du mouvement Saemaeul (Nouveau village), également lancé par son père en vue de moderniser les campagnes sud-coréennes. En arrière plan, le mot "commentaire" fait référence aux multiples messages postés anonymement par des agents de l'Agence nationale de renseignement (National intelligence service, NIS) pendant la campagne présidentielle afin de favoriser l'élection de Mme Park Geun-hye - et qui ont valu au directeur du NIS d'être condamné.

Nous sommes tous Lee Ha !

Portant la robe coréenne traditionnelle, la Présidente Mme Park Geun-hye se trouve devant un bateau en papier. L'esquif en arrière-plan fait allusion au dramatique naufrage du Sewol, qui a vu la mort en avril 2014 de 300 passagers - majoritairement des lycéens - à l'issue d'opérations de sauvetage mal menées ayant conduit à une vive critique des autorités sud-coréennes, et dans le contexte d'une déréglementation initiée par le pouvoir conservateur.

La diffusion d'un autocollant diffusant cette image avait valu à un photographe indépendant, Ham Su-won, d'être arrêté le 22 mai 2014, officiellement pour publicité non autorisée sur des éléments de mobilier urbain (des lampadaires).

Sources :

Partager cet article
Repost0
30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 12:47

Du 24 au 28 novembre 2014 s'est tenue à Paris la neuvième session du comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO. A cette occasion des versions de la chanson traditionnelle coréenne Arirang, propres au Nord de la péninsule, ont été inscrites au patrimoine immatériel de l'humanité, de même que le nongak, musique traditionnelle dansée, témoignant de la richesse et de la spécificité d'une culture nationale propre à l'ensemble de la Corée.

Démonstration contemporaine de nongak

Démonstration contemporaine de nongak

Pour ceux qui méconnaissent la culture coréenne - comme par exemple Robert Willoughby, auteur du guide de voyage le plus vendu en Occident sur la Corée du Nord (publié aux éditions Bradt Travel) et qui observe que les Nord-Coréens et les Sud-Coréens ne chanteraient plus les mêmes chansons -  le fait qu'il existe au Nord et au Sud de la péninsule des versions différentes du chant traditionnel Arirang serait une preuve de l'évolution de la Corée en deux sociétés distinctes depuis sa division au lendemain de la Seconde guerre mondiale. En réalité, Arirang est un chant tellement populaire en Corée qu'il a très tôt connu de nombreuses variantes, ce qui en fait - contrairement à ce que croit Robert Willoughby - un élément fort de la culture coréenne de l'ensemble de la péninsule, hier comme aujourd'hui, à l'instar par exemple des chansons de geste au Moyen Age en Occident, si connues qu'elles donnèrent lieu à de multiples versions.

Lors de sa neuvième session en novembre 2014, le comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO a ainsi inscrit des versions d' Arirang originaires de différentes provinces du Nord de la péninsule (Pyongyang, le Pyongan - du Nord et du Sud -, le Hwanghae du Sud, Kangwon, le Hamgyong du Sud et Jagang). C'est la première inscription au patrimoine immatériel mondial pour la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), ce qui reflète également une évolution de la conception du patrimoine et de sa conservation en RPDC prenant également en compte le patrimoine immatériel.

Il existe plusieurs milliers de variantes d'Arirang, transmises de génération en génération par les Coréens du Nord, du Sud et de la diaspora, et dont les premières ont été inscrites à la liste du patrimoine immatériel de l'humanité en 2012.

Par ailleurs, le nongak a également été inscrit au patrimoine immatériel de l'UNESCO lors de la même session du comité.

Danse et musique paysannes coréennes traditionnelles, le nongak combine percussions, gongs, danse et acrobaties. Le comité de l'UNESCO a observé que le nongak, caractérisée par l’indépendance, l’ouverture et la créativité, renforce l’identité culturelle des artistes (musiciens et danseurs) et du public.

D'autres éléments de la culture traditionnelle coréenne figuraient déjà sur la liste du patrimoine immatériel mondial de l'humanité, notamment les anciens rites royaux, le récit chanté pansori, et la danse ganggansullae.

Sources :

Partager cet article
Repost0
22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 22:39

Kim Kwang-seok (1964-1996) est une icône de la musique folk coréenne. Ses chansons ont incarné l'espoir et accompagné les luttes de la génération 386 à laquelle lui-même appartenait - génération nommée 386, car ses membres, acteurs de la chute du régime militaire au Sud de la péninsule, étaient de jeunes trentenaires nés dans les années 1960 et ayant fréquenté l'université à la fin des années 1980 - selon la conception est-asiatique selon laquelle vous avez 1 an à votre naissance et 2 ans dès le 1er janvier de l'année suivant votre date de naissance. Mais si Kim Kwang-seok, cadet d'une famille dont le père, professeur d'école, avait été révoqué pour avoir participé à la création d'un syndicat non autorisé, a participé à des groupes de musiciens engagés avant de commencer lui-même une carrière solo, ce n'est pas tant son action politique que la qualité vocale et instrumentale parfaite de ses chansons qui en ont fait une des figures les plus populaires de la musique contemporaine en Corée du Sud, longtemps encore après sa disparition brutale, et auquel ont rendu hommage nombre d'artistes de la scène de la K-pop. Analyse d'une de ses titres les plus poignants, en coréen Soreun Jeu-eumé (Autour de trente ans).

Une voix puissante et douce, une musique acoustique où les accords de la guitare et de la trompette créent un rythme régulier qu'accélère essentiellement la mélodie : toute la chanson est empreinte d'émotion et exprime un profond sentiment de nostalgie. Le tournant de la trentaine est aussi celui des retours sur notre propre vie, où l'espoir reste présent mais où l'image d'une jeunesse qui s'éloigne le cède à la mélancolie.

Ayant reçu une excellente formation musicale classique, Kim Kwang-seok sait jouer du violon, de la flûte et du hautbois ; il a aussi - et peut-être surtout - exercé très jeune sa voix en fréquentant la chorale de l'école, avant de commencer à chanter dans les cafés à l'âge de 18 ans, en 1982, pour payer ses études. De ses premières années il a gardé une capacité à créer des synthèses magistrales, entre des formes coréennes traditionnelles (y compris dans les thèmes retenus dans ses chansons) et un style délibérément inspiré du folk occidental, tout en jouant sur une économie de moyens instrumentaux, simples mais puissants.

Kim Kwang-seok était avant tout un homme de scène, privilégiant les petites salles de concert à l'ambiance chaleureuse où il communiait avec le public - tout en exprimant sur son propre visage les émotions qu'il voulait transmettre - et savait transmettre - à son public. Ses airs sont gravés à jamais dans la mémoire collective : l'interpréter, par un accompagnement à la guitare, c'est ressusciter une époque, convoquer les souvenirs, façonner demain au regard des défis du passé et des enjeux du présent.

Sources :

Partager cet article
Repost0
3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 14:41

Du 17 au 24 septembre 2014, en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) se tenait la quatorzième édition du Festival international du film de Pyongyang. Cette manifestation culturelle qui a lieu tous les deux ans (à l'exception de l'édition 1990) est l'occasion pour le public nord-coréen amateur de cinéma de découvrir des films du monde entier, ou presque. Une délégation française, composée de Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'Association d'amitié franco-coréenne, et Pierre Beltante, président du Foyer rural de Tousson, en Seine-et-Marne (organisateur de nombreuses manifestations culturelles autour de la Corée), était présente à Pyongyang pendant cette semaine placée sous le triple signe de l'indépendance, de l'amitié et de la paix, devise officielle du Festival.

La cérémonie d'ouverture du Festival s'est déroulée le 17 septembre au Théâtre Ponghwa avec la participation des délégations et délégués des différents pays, d'artistes et de citoyens coréens, de membres des représentations diplomatiques et des institutions internationales présentes en RPDC. Y assistaient aussi Yang Hyong-sop, vice-président du Présidium de l'Assemblée populaire suprême de la RPD de Corée, Kim Yong-jin, vice-premier ministre du Cabinet, et Pak Chun-nam, président du comité d'organisation du Festival et ministre de la Culture.

Dans son discours d'ouverture, Pak Chun-nam félicita chaleureusement les festivaliers et les Coréens d'outre-mer présents, rappelant que "c'est la noble mission des cinéastes de notre temps que d'apporter une contribution au développement des relations d'amitié entre les pays, les nations, épris de justice et de vérité et contre l'inégalité, la soumission, la domination et l'intervention de toutes formes".

Furent ensuite présentés les films du Festival et les cinq membres du jury international : Mikhail Kosyrev, réalisateur, producteur et scénariste russe, Changiz Hasani, directeur général des médias internationaux de la Radio-télévision de la République islamique d'Iran, Yin Li, réalisateur chinois, François Margolin, réalisateur, producteur et scénariste français, et Ri Yang-il, professeur à l’Université d’art dramatique et cinématographique de Pyongyang.

Furent ensuite présentés les films du festival et les cinq membres du jury international : Mikhail Kosyrev, réalisateur, producteur et scénariste russe, de Changiz Hasani, directeur général des médias internationaux de la Radio-Télévision de la République Islamique d'Iran, de Yin Li, réalisateur chinois, de François Margolin, réalisateur, producteur et scénariste français, et de Ri Yang-il, professeur à l’Université d’art dramatique et cinématographique de Pyongyang.
Le jury pose en compagnie de deux charmantes Coréennes avant la cérémonie d'ouverture du 14eme Festival international du film de Pyongyang, le 17 septembre 2014. De gauche à droite : Changiz Hasani, François Margolin, Yin Li, Mikhail Kosyrev et Ri Yang-il.

Le jury pose en compagnie de deux charmantes Coréennes avant la cérémonie d'ouverture du 14eme Festival international du film de Pyongyang, le 17 septembre 2014. De gauche à droite : Changiz Hasani, François Margolin, Yin Li, Mikhail Kosyrev et Ri Yang-il.

Sortie du Théâtre Ponghwa, à l'issue de la cérémonie d'ouverture du 14eme Festival international du film de Pyongyang, le 17 septembre 2014

Sortie du Théâtre Ponghwa, à l'issue de la cérémonie d'ouverture du 14eme Festival international du film de Pyongyang, le 17 septembre 2014

La première caractéristique marquante du Festival international du film de Pyongyang c'est la grande diversité des festivaliers et des films présentés. Ce sont ainsi 92 films de 54 pays qui ont été sélectionnés pour l’édition 2014 du Festival de Pyongyang et projetés toute la semaine dans plusieurs cinémas de la ville, permettant à un maximum de cinéphiles, de RPDC et d’ailleurs, de les découvrir. En particulier, la projection, un dimanche après-midi, du film de super-héros indien Krrish 3 dans le Théâtre Ponghwa fut impressionnante, le public nord-coréen affluant, souvent en famille, s'asseyant jusque sur les marches des escaliers de l'immense salle (2 000 places), pour vibrer pendant 2h30 aux aventures du super-héros venu de Bollywood!

Des films représentatifs de la production de la RPD de Corée étaient aussi programmés toute la semaine au sein du "Korean Film Show". De quoi satisfaire la curiosité des cinéphiles venus du monde entier. Le 18 septembre, en introduction du premier film coréen projeté, La Jeune bouquetière, réalisé par Pak Hak et Choe Ik-gyu en 1972, la principale interprète de ce grand classique du cinéma de la RPD de Corée, Hong Yong-hui, évoqua avec émotion son grand honneur d'avoir été choisie, à 17 ans seulement, pour jouer le rôle de la jeune Koppun.

Pour ce qui concerne les films en compétition, 15 longs-métrages de fiction concourraient pour le Grand Prix. Ces films venaient d’Allemagne, de Russie, du Myanmar (Birmanie), de Grande-Bretagne, d’Iran, d’Italie, d’Inde, de Chine, des Philippines et du Portugal. Il y avait également 14 films en compétition dans la catégorie documentaires, court-métrages et animation. A noter, parmi les films présentés hors compétition, le film français Arrêtez-moi de Jean-Paul Lilienfeld (2012), avec Sophie Marceau et Miou-Miou, projeté le 19 septembre au Pyongyang International Cinema House.

Retour sur le 14eme Festival international du film de Pyongyang

Il n'y a pas de grands et de petits films, comme il n'y a pas de grands et de petits festivals. Le Festival international du film a ainsi été l'occasion pour les diplomates en poste à Pyongyang d'apporter un plein soutien à leurs compatriotes cinéastes dont les films avaient été sélectionnés, signe de l'importance attachée aux échanges culturels avec la RPD de Corée. On put ainsi rencontrer S.E. Roberto Colin, ambassadeur du Brésil en RPDC, lors de la projection (hors compétition) de My Father's Truck, court-métrage déjà primé dans de nombreux festivals, réalisé par le jeune et talentueux Mauricio Osaki, présent lui aussi à Pyongyang.

Par l'intermédiaire de l'Association d'amitié franco-coréenne, de jeunes réalisateurs avaient proposé trois documentaires et un court-métrage de fiction, certains déjà primés par ailleurs, au comité de sélection du Festival qui ne les a malheureusement pas retenus. Gageons que, s'ils avaient été sélectionnés, ces films auraient bénéficié du même soutien de la part de la représentation française à Pyongyang.

Le 24 septembre, lors de la cérémonie de clôture, Pak Chun-nam, ministre de la Culture de la RPD de Corée, assura que le gouvernement de la RPDC continuerait "à développer les liens d'amitié et de coopération entre les cinéastes de différents pays", disant espérer "que les festivaliers produiront davantage de films capables de contribuer au développement du cinéma national et mondial et participeront aux prochains festivals de Pyongyang avec des films magnifiques".

Puis, le Grand Prix fut décerné au film allemand My Beautiful Country, dont l'histoire se déroule pendant la guerre du Kosovo, comme en écho au sujet de la guerre et de la paix, d'une brûlante actualité en Corée. De son côté, le film chinois The Ferry remportait trois récompenses : meilleure réalisation, meilleure interprétation masculine et meilleure musique.

Remise du Grand Prix du 14eme Festival international du film de Pyongyang, le 24 septembre 2014

Remise du Grand Prix du 14eme Festival international du film de Pyongyang, le 24 septembre 2014

Rendez-vous en 2016 pour une nouvelle cure de cinéma!

 

Palmarès complet du 14ème Festival international du film de Pyongyang

(les films sont désignés par leur titre anglais figurant dans le catalogue officiel du Festival)

Grand Prix

My Beautiful Country

réalisé par Michaela Kezele (2012, Allemagne)

Prix spécial du Comité d'organisation du Festival

Singh Saab the Great

réalisé par Anil Sharma (2013, Inde)

Cinema Dream

réalisé par Hamid Shah Hatami et Ali Shah Hatami (2012, Iran)

Prix du Jury

Good Fellows

réalisé par Fereydoun Hasanpour (2012, Iran)

Prix de la réalisation

The Ferry

réalisé par Shi Wei (2013, Chine)

Prix d'interprétation masculine

The Ferry

réalisé par Shi Wei (2013, Chine)

Prix d'interprétation féminine

Vasilisa

réalisé par Anton Sivers (2013, Russie)

Prix du scénario

Bwaka

réalisé par Jun Lana (2012, Philippines)

Prix de la photographie

Fast Girls

réalisé par Regan Hall (2012, Grande Bretagne)

Prix de la musique

The Ferry

réalisé par Shi Wei (2013, Chine)

Prix de la direction artistique

Vasilisa

réalisé par Anton Sivers (2013, Russie)

Prix des effets spéciaux

Ram-Leela

réalisé par Sanjay Lella Bansali (2013, Inde)

Prix de la réalisation pour un documentaire, un court-métrage ou un film d'animation

Forget-me-not

réalisé par David Sieveking (2012, Allemagne)

Prix du scénario pour un documentaire, un court-métrage ou un film d'animation

Awangnyo Finds the Seed of Fire

réalisé par Yun Yong-gil (2012, RPD de Corée)

Prix de la photographie pour un documentaire, un court-métrage ou un film d'animation

What is the Price?

réalisé par Sergio Yunta (2012, Espagne)

 

Sources :

AAFC (dont photos)

Partager cet article
Repost0
6 août 2014 3 06 /08 /août /2014 20:51

Du 6 au 9 août 2014, la chorégraphe coréenne Eun-me Ahn présente chaque soir son spectacle Dancing Grandmothers au théâtre de la Colline, à l'invitation de Paris Quartier d'Eté. Le concept est original : faire danser douze grands-mères âgées de 60 à 90 ans (dont la propre mère d'Eun-me Ahn !), toutes danseuses amateurs, qui font preuve d'une énergie à la hauteur de la volonté dont ont su faire preuve ces femmes dont l'histoire personnelle se confond avec celle de la Corée moderne - des épreuves de la colonisation japonaise, de la division et de la guerre au défi de construire une nouvelle puissance économique.

Pendant un an, au gré des pérégrinations cyclistes de sa compagnie dans les campagnes les moins accessibles du pays, à la manière quelque part d'une sociologue spécialisée dans les arts et traditions populaires, Eun-me Ahn est partie à la rencontre de dizaines de grands-mères coréennes, pour les faire danser sur des chansons de leur jeunesse - un film étant joint au spectacle de chorégraphie pour retracer ces échanges. Ainsi s'est constitué un répertoire de mouvements, qui a servi de trame au spectacle Dancing Grandmothers, actuellement donné dans le cadre du festival Paris Quartier d'été 2014. Débordantes d'énergie et de vitalité, jouant de leur pouvoir de séduction régénéré, quelque quinze grands-mères dansent sur des chansons populaires des années 1930 à 1970 riches en évocation pour tous les Coréens, dans un dialogue étonnant avec neuf jeunes danseurs.

La "danseuse au crâne chauve", ainsi qu'est surnommée Eun-me Ahn depuis qu'elle s'est rasé la tête en 1992, est une figure majeure de l'avant-garde artistique sur la scène de la danse contemporaine en République de Corée (Corée du Sud). En Europe, elle a beaucoup travaillé avec Pina Bausch. Ses créations allient une novation dans les thèmes et les formes et une valorisation du patrimoine coréen, Eun-me Ahn ayant notamment mis en exergue les cultures chamaniques coréennes (dans Symphoca Princess Bari), l'inépuisable légende de Chunhyang (dans ShinChunhyang) et les instruments traditionnels, tout en développant les thèmes de la sexualité et en montrant la nudité des corps - au prix de choquer la bienséance confucéenne.

Dancing Grandmothers est à découvrir à Paris du 6 au 9 août 2014, à partir de 20h30, au théâtre national de la Colline (15 rue Malte Brun, Paris 20e - réservations 01.44.62.52.52. De 8 à 20 euros).

Sources :

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Association d'amitié franco-coréenne
  • : Soutenir la paix en Corée, conformément à l'aspiration légitime du peuple coréen et dans l’intérêt de la paix dans le monde
  • Contact

"Les leçons sympathiques et utiles"

Recherche

D'où venez-vous?