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18 mai 2023 4 18 /05 /mai /2023 23:49

Comme l'indique le site de l'UNESCO, "le Registre international Mémoire du Monde comprend le patrimoine documentaire (...) répondant aux critères de sélection en ce qui concerne son intérêt international et sa valeur universelle exceptionnelle. L'inscription au registre affirme publiquement l'importance du patrimoine documentaire, le fait mieux connaître et permet d'y accéder plus facilement, facilitant ainsi la recherche, l'éducation, le divertissement et la préservation dans le temps. En décembre 2017, on dénombrait 430 inscriptions sur le registre international MoW." Dans ce cadre, ce sont trois nouvelles séries de documents - deux sud-coréennes et une nord-coréenne - qui ont été inscrites le 18 mai 2023 au Registre international Mémoire du monde de l'UNESCO, portant le nombre total d'inscriptions coréennes à 18 pour la République de Corée (Corée du Sud) et à 2 pour la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).  

Capture de Jeon Bong-jun, dirigeant du mouvement Donghak, en décembre 1894

Capture de Jeon Bong-jun, dirigeant du mouvement Donghak, en décembre 1894

En choisissant, d'une part, des documents sur des révolutions coréennes, d'autre part, une archive à caractère scientifique, l'UNESCO a mis en exergue le rôle joué par les Coréens dans l'histoire politique mondiale ainsi que leur contribution au progrès technique et scientifique - en l'espèce, en astronomie, alors que les Coréens ont été pionniers pour d'autres technologies, comme l'imprimerie.

Le document scientifique est le Hon Chon Jon Do, une illustration de l'ensemble de la carte céleste, gravée sur bois, dont l'inscription a été soumise par la RPD de Corée. Pour leur part, les autorités sud-coréennes ont proposé - et obtenu - que soient retenus 185 documents relatifs au mouvement Donghak, révolte paysanne qui, en 1894 et 1895, a été une étape marquante dans le mouvement d'émancipation de la Corée et plus largement dans la lutte pour les droits de l'homme dans le monde, ainsi que 1 019 documents portant sur la révolution d'avril 1960. Ces deux événements occupent également une place importante dans l'historiographie nord-coréenne.

Les archives relatives à la guerre paysanne du Donghak témoignent du refus de la corruption, ainsi que de la volonté des masses paysannes de fonder une société plus juste.

Constitués de documents provenant des agences gouvernementales, des partis politiques, de l'Assemblée nationale ou encore de particuliers, les documents relatifs à la révolution de 1960 permettent de retracer la genèse, le déroulement et l'issue du soulèvement initiés par les étudiants, ayant causé 186 victimes, et qui à certains égards préfigure les mouvements étudiants de la fin de la décennie.

Principale source : 

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6 mai 2023 6 06 /05 /mai /2023 18:09

Figure éminente de la résistance antijaponaise en ayant alors été l'un des auteurs majeurs de la littérature prolétarienne, Ri Ki-yong s'est installé au nord de la péninsule après la Libération en 1945. Ayant dirigé la Fédération de la littérature et des arts de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), il a joué un rôle éminent pour définir les orientations de la littérature en RPDC. Ses oeuvres font partie des classiques nord-coréens, dans son pays et à l'étranger.  

Ri Ki-yong, en 1946

Ri Ki-yong, en 1946

Si les sources divergent quant à sa date de naissance exacte à Asan, dans la province du Chungcheong du Sud (aujourd'hui en Corée du Sud), Ri Ki-yong est né le 29 mai 1895 selon la date figurant sur sa pierre tombale, au cimetière des martyrs patriotes. 

Ayant étudié au Japon (notamment à l'école d'anglais Seiisku à Tokyo), il retourne en Corée après le tremblement de terre de Kanto en 1923. Ecrivant sous le nom de plume de Min-chon, auteur de La lettre secrète du grand frère et du Feu-chasse-rats (en coréen, Seohwa), il rejoint, à l'instar d'autres patriotes coréens, la Fédération coréenne des artistes prolétariens (KAPF). Il s'attache à dépeindre la misère des paysans coréens, soumis au double joug du capitalisme et de la colonisation japonaise, ce qui les rattache au prolétariat malgré le statut de propriétaire d'une partie d'entre eux - les paysans ne formant ainsi plus une classe sociale unifiée. Dans son oeuvre majeure, Terre natale (1933-1934), parue d'abord en feuilleton dans le quotidien Chosun Ilbo, il montre l'éveil de la conscience paysanne qui s'engage dans la résistance antijaponaise. Le rôle des intellectuels est alors de retourner sur leur terre natale en soutenant la classe paysanne opprimée. Son roman La frontière a été transposé à l'écran par Yoon Bong-chun en 1942.

Publication originale de "Fils de la Terre" (1939)

Publication originale de "Fils de la Terre" (1939)

Rédacteur en chef de la revue culturelle du Parti communiste coréen Lumière de Choseon en 1926, Ri Ki-yong développe les principes d'une littérature prolétarienne - que reprendra ensuite le Nord après 1945. Les activités antijaponaises de celui qui devait ensuite être décrit comme le père de la littérature nord-coréenne lui valent d'être emprisonné pendant deux années. Son patriotisme a été loué par le Président Kim Il-sung dans ses mémoires A travers le siècle

Au Nord, où il est devenu le dirigeant de la Fédération coréenne de la littérature et des arts, il écrit le roman Terre (1949). Il a aussi présidé le Comité central de l'association d'amitié soviéto-coréenne et été l'un des vice-présidents de l'Assemblée populaire suprême de 1957 à 1972. 

Ri Ki-yong est décédé le 9 août 1984. 

Sources : 

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29 avril 2023 6 29 /04 /avril /2023 20:39

Le 29 avril 2023, pour son défilé Femme Pre-Fall 2023 Louis Vuitton a choisi Séoul, sur le prestigieux pont à double étage Jamsu qui enjambe le fleuve Han. La mise en scène a été confiée à Hwang Dong-hyeok, créateur de la série Squid Game. La participation par ailleurs de vedettes de la K-Pop s'inscrit dans une démarche de renforcement de la présence de la marque au Pays du matin calme. La pop culture y est volontiers liée aux secteurs de la mode et du luxe, auxquels est fortement associée l'image de la France. 

Défilé de Louis Vuitton à Séoul, avec le réalisateur de Squid Game

Le pont Jamsu - qui présente la particularité d'être submersible - est l'un des lieux favoris de la vie nocturne séoulite, quand les jets d'eau y dessinent une voûte formant un arc-en-ciel. C'est ce cadre grandiose qu'a choisi Louis Vuitton pour présenter sa collection femme mi-saison, sur le pont inférieur, où 46 mannequins dans le vent - à tous les sens du terme - ont défilé sur un podium de plus de 700 mètres. L'initiative en revient à Hwang Dong-hyeok, qui a aussi choisi les éclairages et un habillage sonore éclatant, combinant pop, rock, musique coréenne traditionnelle, poèmes de Léo Ferré et Guillaume Apollinaire, l'auteur des Alcools célébrant les amours parisiennes sous le pont Mirabeau. Un des thèmes dominant de l'événement a été tant le mariage des cultures que de la tradition et de la modernité.

Nicolas Ghesquière, directeur artistique des collections femme de Louis Vuitton, explique les choix esthétiques et techniques opérés, reprenant par ailleurs des thèmes classiques (damier noir et blanc, silhouette en trapèze...) devenus autant de marqueurs de l'identité de la maison de luxe française :

On challenge des techniques, on transforme les matières, c’est l’un de mes exercices préférés. Il y a beaucoup de mailles transmutées, des vinyles craquelés, des laines crêpées, des effets tweed, des twill stretch, des fausses fourrures ou des broderies qui deviennent des imprimés de fleurs.

Hommage à Squid Game oblige, Hoyeon Jung a ouvert le défilé - avant les apparitions à la fois des stars de la K-Pop (Taeyeon, Hyein, Felix, Mingyu...) et de Jaden Smith, Alicia Vikander, Chloë Grace Moretz ou encore Lous and The Yakuza. 

Louis Vuitton, ayant ouvert une importante unité au coeur de Séoul en 2019, et dont un restaurant pop up dans la métropole coréenne a vu officier Pierre Sang Boyer et Alain Passard, entend encore renforcer sa présence dans une République de Corée devenue l'une des places les plus dynamiques au monde du secteur de la mode - les ventes de Louis Vuitton en Corée du Sud ayant augmenté de 15,2 % en 2022. Pour inscrire cette réussite dans la durée, la marque française a décidé de multiplier les partenariats, tant avec la municipalité de Séoul que l'office du tourisme sud-coréen, tout en s'engageant à protéger la biodiversité. 

Sources : 

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21 mars 2023 2 21 /03 /mars /2023 17:48

Il y a 101 ans, le 19 mars 1921, Na Hye-seok devenait la première femme à exposer comme peintre en Corée dans les bureaux du quotidien Kyeongseong Ilbo, présentant des peintures à l'huile de style occidental. Devenue un symbole du féminisme au pays du Matin calme, elle a également été écrivaine sous le nom de plume de Jeongwol (lune brillante), graveuse et sculptrice.

Na Hye-seok, une féministe pionnière de la peinture coréenne

Née le 28 avril 1896, diplômée du lycée de jeunes filles Jinmyeong, Na Hye-seok a eu la possibilité de suivre des études artistiques à Tokyo (la Corée étant alors sous occupation japonaise) en étant issue d'une famille privilégiée de Suwon, alors que son frère aîné étudiait déjà dans la capitale japonaise.  C'est dans les milieux étudiants au pays du Soleil Levant qu'elle épouse la cause féministe, écrivant un article intitulé "Une femme idéale" où elle dénonce le patriarcat. 

De retour à Séoul en 1918, elle devient professeur d'art, s'oppose à un mariage forcé et participe au soulèvement du 1er mars 1919, qu'elle paie d'une incarcération pendant plusieurs mois. Elle co-fonde le journal P-yeho en 1920.

Commençant à exposer dès 1920, lauréate de nombreux prix, elle visite l'Europe à partir de 1927 avec son époux - le diplomate Kim Woo-young - et ses enfants. Elle étudie plus particulièrement la peinture en France, tout en s'intéressant aux cultures des pays visités.

Elle poursuit parallèlement son engagement féministe : dans une nouvelle intitulée Gyeonghee, elle plaide pour la libération de la femme et participe au journal féministe coréen Sinyoja. Mais une affaire d'adultère avec un dirigeant du mouvement cheondoïste, Choi Rin, fait d'autant plus scandale que Choi décrit avec des détails crus leur relation. Son mari obtient le divorce en 1931 ainsi que la garde de leurs enfants. Sa réputation et sa carrière sont ruinées. Revenant sur cette affaire dans un texte publié en 1934, Na Hye-seok plaide pour les relations sexuelles avant le mariage afin que les époux puissent se connaître, mais cette prise de position accentue la réprobation d'une société profondément conservatrice et la déchéance sociale de Na, qui continue toutefois à publier - notamment sur le féminisme et ses voyages - dans la revue Samcholli. Elle meurt à Séoul, dans un hôpital pour sans-abri, le 10 décembre 1948, âgée de 52 ans.

Si le destin de Na Hye-seok a longtemps été utilisée pour dissuader les jeunes Coréennes de devenir écrivaine ou artiste, elle est aujourd'hui reconnue à juste titre comme l'une des pionnières de la peinture moderne en Corée, à l'instar de Kim Kwan-ho

Na Hye-seok, Porte de la forteresse Hwaseong, à Suwon (années 1920)

Na Hye-seok, Porte de la forteresse Hwaseong, à Suwon (années 1920)

Sources : 

Patrick Maurus, "Na Hye-seok", in Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Caille-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, éditions des Femmes, 2013, p. 3118. 

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14 mars 2023 2 14 /03 /mars /2023 10:58

Les amateurs actuels de K-Pop remontent parfois jusqu'à la fin des années 1980 et le début des années 1990 en redécouvrant notamment la chanteuse culte Kim Wan-sun qui a eu une influence directe - tant par son style musical que sa danse et sa présence scénique - sur la K-Pop du tournant des années 1990 et 2000, cette dernière marquant les prémices de l'industrie musicale coréenne actuelle. Mais peu de fans de K-Pop font le lien avec le trot, un style proprement coréen apparu vers 1920, pendant la colonisation japonaise. Le chanteur à la voix de crooner Bae Ho (1942-1971), célébré comme le Elvis Presley du trot coréen, est un géant de la scène musicale coréenne, dont une statue en face de la station de métro de Séoul Samgakji illustre le titre phare justement intitulé "Retour à Samgakji". Dans l'album "Baeshi Bang", paru en avril 2016, le saxophoniste Etienne de la Sayette rend un hommage enthousiasmant à Bae Ho en revisitant dix de ses titres, dans une relecture instrumentale poignante empreinte de nostalgie et de mélancolie. 

"Baeshi Bang" : un hommage à Bae Ho

Quittant ses habituelles amours éthiopiques et pour l'afro-jazz, Etienne de la Sayette nous a livré une relecture de Bae Ho imprégnée de soap opera, de musique de film et de mélancolie amoureuse qui constituent autant d'ingrédients de la K-Pop au sens large - en incluant les films, les dramas et les manhwas, le tout relevé d'une touche de kitsch induite par le recours inattendu à des instruments traditionnels, notamment coréens. L'album témoigne avec brio d'une sensibilité très sentimentale propre à l'ensemble de la péninsule coréenne, opérant un subtil mariage entre les styles coréens traditionnels et des influences occidentales qui ont projeté la Corée dans la modernité - tant politique qu'artistique - au début du XXe siècle. 

Pour "Baeshi Bang", le ténor Etienne de la Sayette joue du saxophone, de la flûte, du calvioline et du kayageum. Il s'est associé à Victor Michaud (cor d'harmonie et orgue), Loïc Récahard et Giani Caseroto (guitare), François Chesnel (piano) et Stefano Lucchini (tambour), les arrangements de Victor Michaud donnant un ensemble très sûr et parfaitement mesuré. L'album et ses différents morceaux sont disponibles en ligne et sur CD.

Sources : 

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24 février 2023 5 24 /02 /février /2023 22:13

Fruit du plaqueminier du Japon (il est considéré comme un fruit national au pays du Soleil Levant), originaire de Chine où il a été cultivé depuis au moins 2 500 ans et aujourd'hui perçu en Occident comme méditerranéen, le kaki est aussi l'un des fruits typiques de la péninsule coréenne - la République de Corée (Corée du Sud) étant le deuxième producteur mondial, loin derrière la Chine, alors que les statistiques de production manquent pour la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).  De fait, le kaki est très présent non seulement dans la cuisine, mais aussi la médecine et le folklore du pays du Matin calme.

Kaki oriental (Diospyros kaki)

Kaki oriental (Diospyros kaki)

Mentionné pour la première fois en Occident par le Jésuite Matteo Ricci qui l'a découvert lors d'un séjour en Chine au début du XVIIe siècle, le kaki, à la teinte orangée caractéristique, était alors déjà cultivé en Corée depuis le XIVe siècle. 

Si le kaki peut être sucré ou amer, les cultivars propres à la Corée font prédominer les fruits amers. Il est récolté à l'automne, en octobre-novembre. On peut le laisser mûrir, ce qui donnera le hongsi, ou kaki mûr, de consistance moelleuse. Les fruits séchés, pendant soixante jours, sont appelés gotgam (kaki séché). Un troisième mode de préparation consiste à percer le kaki avec une aiguille, puis à le faire tremper dans une jarre contenant de l'eau salé et à le laisser ensuite fermenter. Le kaki acquiert ainsi un goût sucré.

Plaqueminier chargé de fruits, à l'automne, dans la région d'Anbyeon (source : KCNA et Explore DPRK)

Plaqueminier chargé de fruits, à l'automne, dans la région d'Anbyeon (source : KCNA et Explore DPRK)

Au Sud, le kaki est surtout cultivé et récolté dans la région de Sangju, dans la province du Gyeongsang du Nord - qui représente 70 % de la production. Au Nord, le kaki est réputé être propre au comté d'Anbyeon, dans la province de Kangwon.

Le fruit du plaqueminier est reconnu pour ses qualités nutritives, étant riche en vitamines A, B et surtout C, en carbohydrates et en acides organiques. Il a également des vertus curatives : selon le proverbe coréen, "rester sous un plaqueminier vous apportera une meilleure santé". Le fruit sert à traiter les problèmes de digestion... et à se dégriser après avoir consommé de l'alcool. Par ailleurs, les feuilles du plaqueminier sont utilisées pour combattre l'hypertension artérielle et le diabète.

Récolte et préparation du kaki à Sangju (source : KBS)

Récolte et préparation du kaki à Sangju (source : KBS)

Le kaki peut être mangé cru, séché ou encore servir pour des confitures. Mélangé à de la poudre de riz, le hongsi permet de préparer une soupe appréciée. Les kakis abîmés sont épluchés et coupés en tranches fines séchées (gamttogae) pendant quelques jours : le gamkkeopjil beomuri est préparé à partir de gamttogae, de la peau séchée du fruit, assaisonné d'un peu de sucre et de sel, le tout mélangé avec de la farine et cuit à la vapeur pendant une demi heure.

Le kaki permet de préparer un punch, le sujeonggwa. Les tiges de kaki servent à fabriquer un thé, gamggokjicha. Les fruits mûrs fermentés donnent un vinaigre, le gamsikcho.

Enfin, le kaki séché (gotgam) était réputé, dans la tradition coréenne, éloigner le tigre - qui joue un rôle analogue à celui du loup dans le folklore européen.

Principales sources : 

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13 février 2023 1 13 /02 /février /2023 23:09

Le pansori (littéralement, chant du lieu public), est l'art coréen du récit chanté, accompagné d'un tambour (le janggu), inscrit au patrimoine immatériel de l'Unesco. Il trouve son expression la plus aboutie dans Le chant de Chunhyang (appelé aussi Chunhyangga). Cette œuvre, dont les origines sont difficiles à établir - remontant au moins au XVIIe siècle, sous la dynastie Choseon (1392-1910), conjugue les arts de la littérature, du chant et de la scène. Les artistes itinérants du pansori accompagnaient à l'origine les chamans, ce qui a marqué leur style, imprégné de mystère. Le chant de Chunhyang a inspiré nombre de créations postérieures dans l'ensemble de la péninsule coréenne, jusqu'à l'époque contemporaine. 

Peinture de la période Choseon, illustrant l'histoire de Chunhyang

Peinture de la période Choseon, illustrant l'histoire de Chunhyang

Par son intrigue, l'histoire de Chunhyang a une portée universelle - mais elle trouve une résonance toute particulière dans une culture coréenne ancrée dans le néo-confucianisme, en illustrant les valeurs traditionnelles de loyauté, de fidélité et de justice. 

A Namwon (dans le Jeolla) vit Chunhyang, qui est la fille d'une kisaeng - du nom des courtisanes de l'ancienne société coréenne apparues sous la dynastie Koryo (918-1392). Chunhyang et Yi Mongryong, fils d'un magistrat, tombent amoureux. C'est, hélas, un amour impossible à cause des barrières sociales. Après le départ de Yi Mongryong parti étudier à Séoul, Byeon, un magistrat tyrannique de Namwon, décide de faire de la belle Chunhyang sa concubine. Mais fidèle à Mongryong, la jeune fille refuse ses avances et Byeon l'emprisonne et la fait condamner à mort. Ayant remporté la première place à l'examen d'Etat, Mongryong revient comme inspecteur royal secret. Il punit Byeon, et libère et épouse Chunhyang. 

Si la légende de Chunhyang est attestée dans plusieurs ouvrages de la dynastie Choseon, Le chant de Chunhyang est composé, dans sa forme actuelle, par Shin Jae-yo dans les années 1870 - en France, il a été traduit par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet et publié aux éditions Zulma en 2008. Dès le XIXe siècle, le pansori constituait un genre qui avait gagné ses lettres de noblesse parmi les lettrés, avant de décliner pendant la colonisation japonaise. Nombre de ses artistes gagnent le nord de la péninsule après 1945, notamment Pak Tong-sil (1897-1968) qui l'adapte à des thèmes patriotiques et révolutionnaires. Un des classiques du cinéma nord-coréen, La légende de Chunhyang, de Yun Ryong-gu et Yu Won-jun (1980), s'inscrit dans la tradition du pansori en alternant les scènes jouées et chantées. 

Au sud, si Pak Tong-jin (1916-2003) réalise dès 1969 une interprétation de l'histoire de Chunhyang pendant huit heures (enrichissant ainsi le scénario de base), le récit connaît un important renouveau avec Le chant de la fidèle Chunhyang d'Im Kwon-taek en 2000, où le rôle de Chunhyang est interprété par Yi Hyo-jeong et celui de Yi Mongryong par Cho Seung-woo, alors révélé. Comme Yun Ryong-gu et Yu Won-jun, il situe également l'histoire au XVIIIe siècle. Son film a valu à Im Kwon-taek la palme d'or au festival de Cannes en 2000. Les dramas coréens ont ensuite repris et adapté Le chant de Chunhyang.

La popularité du récit a même gagné le Japon, où un manga de CLAMP, Shin Sunkaden,  publié en 1992, reprend la légende de Chunhyang. 

Namwon, où les faits sont censés s'être déroulés, organise chaque printemps un festival consacré à Chunhyang. 

Sources : 

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28 janvier 2023 6 28 /01 /janvier /2023 17:05

Le 28 janvier 2023, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a célébré à Paris le nouvel an lunaire (que les Coréens appellent Seollal) - correspondant au premier jour de l'année selon le calendrier lunaire, et qui tombait cette année le 22 janvier. Après des manifestations culturelles, la cérémonie s'est poursuivie autour d'un buffet coréen. 

L'AAFC a célébré le nouvel an lunaire

La culture était à l'honneur lors de ce moment de convivialité. Après qu'un des convives, chanteur d'opéra, a ravi les participants en entonnant plusieurs airs a cappella, la projection du film Le journal d'une jeune Nord-Coréenne a offert une plongée dans la société nord-coréenne des années 2000. Les discussions autour du long métrage de Jang In-hak, produit en 2006 et sorti en France en 2007, avec Pak Mi-hyang dans le rôle principal, se sont poursuivies autour d'autres projets culturels que mènera ou soutiendra l'AAFC - notamment une exposition de peintures et d'affiches nord-coréennes, ce qui serait une première en France, et pour laquelle plusieurs lieux (musées, galeries) sont à l'étude.

Les échanges ont continué autour d'un buffet coréen - alors que l'inscription récente des nouilles froides au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO rappelle que la cuisine du Pays du matin calme est réputée bien au-delà des frontières de la péninsule.

L'AAFC souhaite à toutes et à tous une très bonne année du lapin. 

L'AAFC a célébré le nouvel an lunaire
L'AAFC a célébré le nouvel an lunaire
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27 décembre 2022 2 27 /12 /décembre /2022 12:53

Disparu le 25 décembre 2022, Cho Se-hui était né le 20 août 1942 à Gapyeong, dans la province de Gyeonggi. L'un des auteurs coréens les plus lus, il a été traduit et publié en France par Actes Sud.  Son oeuvre la plus connue, La petite balle lancée par un Nain, relève du genre littéraire du soseol yeonjak, recueil de nouvelles indépendantes écrites à la fin des années 1970 et qui décrivent l'envers du miracle économique (dont témoigne également le suicide en 1970 de Jeon Tae-il) sud-coréen en s'inscrivant dans une veine réaliste. Il a reçu en 1979 le prix Dong-in pour La petite balle lancée par un Nain, racontant la vie du nain Kim Puli et de sa famille, qui exercent des métiers précaires les usant physiquement et mentalement, et expulsés du fait de la reconstruction du quartier où ils vivent à Séoul.  Interrogé par le journaliste du Monde Philippe Pons en 1995, il soulignait le rôle social de l'écrivain en préférant se définir comme un  témoin engagé dans la peinture des souffrances sociales : « Vous voulez écrire un article sur un romancier mais je ne me suis jamais considéré comme un écrivain. C'est la souffrance qu'inflige cette société qui me pousse à écrire, à témoigner : une responsabilité de citoyen en quelque sorte. » Nous reproduisons ci-après un extrait de son roman Le Nain, publié en septembre 1995 par Le Monde diplomatique.

Disparition de Cho Se-hui, un géant de la littérature coréenne

Bien que nous travaillions dans la même usine, nous ne nous rencontrions jamais. Tous les ouvriers travaillaient de façon isolée. Les dirigeants vérifiaient et prenaient note de la qualité et de la quantité de production de chacun. Ils nous disaient de manger en dix minutes et d’utiliser les vingt minutes restantes à taper dans un ballon. Nous allions sur un petit terrain pour frapper comme des sourds dans une balle. Sans pouvoir nous mêler vraiment les uns aux autres, nous n’arrivions qu’à suer un bon coup. Nous travaillions sans répit. L’usine ne faisait que nous demander. Nous travaillions jusqu’à la nuit dans une atmosphère épaisse et un bruit assourdissant. Bien sûr, nous ne mourions pas sur place, mais la combinaison des conditions de travail sordides, de la quantité de sueur dépensée et du dérisoire de notre paie mettait nos nerfs à vif.  En conséquence, ceux d’entre nous qui étaient encore jeunes voyaient leur croissance retardée. Les intérêts de la société étaient toujours contraires aux nôtres. Le président parlait sans cesse de « dépression ». Lui et ses hommes utilisaient cette « dépression » pour mettre en place leur exploitation. Le reste du temps, il parlait des grandes richesses qu’eux et nous, les ouvriers, allions créer en travaillant dur. Le genre d’espoirs dont il parlait n’avait aucun sens pour nous. À la place de ces espoirs, nous aurions espéré des navets séchés bien assaisonnés sur la table de la cantine. Rien ne changeait. Tout empirait. Au lieu de deux promotions par an, qui étaient la règle, nous n’en avions plus qu’une. La prime de nuit a été considérablement baissée. Ils ont licencié quelques ouvriers. Le travail des autres a été alourdi d’autant et les heures allongées. Le jour de paie en particulier, nous faisions attention à ce que nous disions. Il n’était pas possible de se faire confiance les uns les autres. Ceux qui se plaignaient des conditions injustes étaient chassés tranquillement. Mais par ailleurs la dimension de l’usine croissait. Ils ont installé des rotatives, des plieuses automatiques et des presses offset. Le patron a déclaré que la société faisait face à une crise. Il disait que si nous perdions la compétition contre nos concurrents, il faudrait fermer les portes. C’était cela que nous craignions le plus. Le patron et ses hommes le savaient.

Source : 

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22 octobre 2022 6 22 /10 /octobre /2022 23:10

Cela fait partie de ces clips vidéos qui interpellent : la chanson de 2004 "I Want More" du groupe de musique électronique britannique Faithless est illustrée par des images de Corée du Nord. Mais ce sont bien de "vraies" images qui illustrent l'un des deux clips de ce titre musical. Explications.

La synchronisation entre le rythme électro, rapide, saccadé, et celui des spectacles du vidéo clip laisse de prime abord penser à un habile montage. Mais, de fait, il n'y a pas eu de montage - ou si peu. Les images du clip sont tirées du film documentaire de Daniel Gordon, A State of Mind, qui suit la préparation de deux jeunes gymnastes de Corée du Nord à une compétition - sur fond d'images des jeux de gymnastique de masse organisés à Pyongyang. Daniel Gordon est britannique, comme Faithless, et le film date de 2004 - à l'instar de la chanson "I Want More". Si mise en scène il y a, c'est dans la (seule) sélection des extraits du film - pour en retenir une version extrêmement dynamique, qui fait penser à un trailer... qui serait celui de A State of Mind

La plupart des commentaires laissés sur les sites web d'hébergement de vidéos, comme YouTube, traduisent une certaine admiration devant le tour de force ayant consisté à associer habilement les images et la musique - qui n'est pas si étrangère aux évolutions musicale au nord de la péninsule, où les rythmes électroniques ont été intégrés dans les compositions plus récentes, comme l'illustre par exemple le morceau "Mon Pays est le Meilleur" du girls band Moranbong, formé en 2012. 

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