À l'occasion de la sortie de son ouvrage La Corée du Nord, cette inconnue aux éditions Delga, Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne, a donné une conférence à l'amphithéâtre Roussy aux Cordeliers, à l'invitation du Cercle universitaire d'études marxistes (CUEM), en collaboration avec les éditions Delga, le 15 février 2018, sur le thème « Socialisme, réunification, nucléaire : les enjeux de la question coréenne ». Nous rendons compte de cette conférence ci-après.
Les citations sont des extraits de l’ouvrage de Benoît Quennedey « la Corée du Nord, cette inconnue » publié par les Éditions Delga, 2017.
La Corée du Nord est un thème vendeur dans les médias occidentaux : tout journaliste qui aborde un sujet nord-coréen a peu de risque d’être démenti, et plus son récit sera effrayant, spectaculaire, hors normes, plus il sera considéré comme ayant mis à jour une situation intolérable, sur laquelle le monde entier ne doit plus fermer les yeux. Ce biais est inhérent à la culture dominante des « grands » médias en Occident : trouver un « scoop », en appeler à l’émotion, faire parler, en bien ou en mal, l’essentiel étant d’attirer l’attention dans le flot incessant de nouvelles. Parfois les « informations » les plus étranges sont ensuite (discrètement) démenties […] Cependant, dans la plupart des cas, les fausses informations ne sont pas démenties- et même en cas de démenti celui-ci a moins de force et de visibilité que « l’information » initiale. Or précisément, dans le cas de la Corée du Nord, la désinformation vient presque toujours des services de renseignement sud-coréens et de militants néo-conservateurs d’extrême-droite […] (page 21)
La Corée du Nord – de son nom officiel, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) – a été fondée le 9 septembre 1948, trois ans après la fin de la Seconde guerre mondiale et de la colonisation japonaise de la Corée qui – loin d'aboutir à la restauration d'un État coréen souverain unifié – a conduit à la division du pays de part et d'autre du trente-huitième parallèle, défini par des officiers américains comme la ligne autour de laquelle les troupes soviétiques (au nord) et les troupes américaines (au sud) interviendraient dans la péninsule pour combattre les troupes japonaises et recevoir leur reddition. De fait, si les Soviétiques prirent part aux combats contre les Japonais, les Américains ne débarquèrent qu'après la fin des hostilités et eurent comme priorité, parallèlement à la mise en place d'une administration militaire, de saper les fondements de la République démocratique de Corée créée à l'initiative des Coréens qui avaient combattu pour la libération du pays – comme en France à la même époque. Ils favorisèrent comme président de la République de Corée (Corée du Sud) le très autoritaire Syngman Rhee, qui avait présidé le gouvernement provisoire coréen en exil.
La division nationale de la Corée est le résultat de la tenue d'élections séparées en mai 1948, dans la seule partie sud de la péninsule, sous l'égide des Nations unies, boycottées par la plupart des forces de gauche et également une partie des nationalistes qui, tel Kim Ku (assassiné au sud en 1949), se rendirent au Nord, à Pyongyang pour rencontrer le Président Kim Il-sung, ancien chef de guérilla de la lutte anti-japonaise qui devient l'homme fort du Nord. La division devenant un fait acquis avec la proclamation de la République de Corée, les forces politiques au Nord (Parti du travail, issu de la fusion de plusieurs organisations communistes, Parti démocrate et Parti chondogyo, d'inspiration religieuse) organisèrent des élections dans la moitié nord, tenues clandestinement au sud : l'Assemblée populaire suprême qui proclama la République Populaire Démocratique de Corée (dont le nom même s'inspirait de celui de la République démocratique de Corée), le 9 septembre 1948, était constituée de représentants de l'ensemble de la péninsule.
La guerre de Corée (25 juin 1950 – 27 juillet 1953) a entériné la division de la péninsule de part et d'autre du 38e parallèle, mais suivant un nouveau tracé correspondant à la ligne de front lors de la conclusion de l'accord d'armistice – qui aurait dû conduire à la signature d'un traité de paix, qui n'est toujours pas intervenue à ce jour, et explique pour partie les affrontements meurtriers entre soldats des deux parties divisées de la Corée, notamment dans les zones maritimes intégrées unilatéralement par les Américains dans le territoire sud-coréen, à la faveur de leur domination des espaces maritimes.
S'il est communément affirmé en Occident que la guerre de Corée est le résultat d'une vaste offensive des troupes de l'Armée populaire de Corée (du Nord), les historiens progressistes sud-coréens, à l'instar du spécialiste américain de la guerre de Corée Bruce Cumings, soulignent les multiples affrontements Nord-Sud à la veille du déclenchement généralisé des hostilités. En outre, après des élections locales en mars 1950 peu favorables au pouvoir sud-coréen, Kim Il-sung, ancien guérillero, pouvait estimer que les troupes du Nord seraient favorablement accueillies par toute une partie des Sud-Coréens – comme plus tard au Vietnam avec la présence de maquis communistes au Sud. Après une avancée très rapide, les troupes nord-coréennes sont bloquées autour de Pusan, dans le Sud-Est. La situation se retourne avec l'intervention des troupes des Nations unies sous commandement américain – rendue possible par la politique de la chaise vide pratiquée par l'Union soviétique au Conseil de sécurité, en protestation contre le fait que la République de Chine à Taïwan continuait de représenter la Chine après la proclamation de la République populaire de Chine en octobre 1949. Les soldats des Nations unies dépassent le trente-huitième parallèle et atteignent la frontière chinoise, entraînant l'intervention des volontaires du peuple chinois aux côtés des Nord-Coréens : une nouvelle offensive conduit à la reprise de Séoul, capitale du Sud, par les forces nord-coréennes et chinoises, avant un reflux et une stabilisation du front autour du trente-huitième parallèle. Une guerre de tranchées succède à la guerre de mouvement de la première partie du conflit.
Quelque 3 000 soldats français ont participé à la coalition internationale déployée sous le drapeau des Nations unies. Inversement, d'importantes manifestations en France – et ailleurs dans le monde – ont refusé la guerre, à l'initiative du Parti communiste français et du Mouvement de la paix : la manifestation du 28 mai 1952 à Paris fera deux morts, tués par les forces de l'ordre, place de Stalingrad (l'AAFC souhaite d'ailleurs qu'une plaque soit apposée, rappelant que Hocine Belaïd et Charles Guénard sont morts par refus de la guerre de Corée).
Lorsque la Corée s’est libérée du joug japonais en 1945, la plupart des nations d’Afrique et d’Asie étaient encore colonisées. La République populaire démocratique de Corée a considéré alors qu’il lui incombait d’aider d’autres États du Tiers-Monde à accéder eux aussi à l’indépendance dans le cadre de la solidarité internationaliste ; l’aide qu’elle a apportée aux mouvements de décolonisation a été non seulement politique, mais aussi militaire [...] (p.135)
La guerre de Corée causera entre 2 et 3 millions de morts, les pertes les plus importantes ayant touché le Nord, deux fois moins peuplé que le Sud avec 10 millions d'habitants. La guerre de Corée correspond à la première utilisation du napalm à grande échelle, par les États-Unis, qui ont également utilisé des armes chimiques. Malgré les démentis persistants du Pentagone américain, des documents déclassifiés (comme ceux du dossier du savant Frank Olson) attestent de l'utilisation de ces armes de destruction massive. Le général MacArthur a envisagé l'utilisation d'armes nucléaires, en créant une ceinture de cobalt radioactive à la frontière sino-coréenne, mais ne sera pas suivi par les autorités américaines.
Dévastée humainement et matériellement par la guerre, la Corée du Nord se releva au rythme de Cheollima, le cheval ailé des légendes coréennes, enregistrant des taux de croissance économique parmi les plus élevés au monde, et s’affirmant comme un modèle de développement pour les pays à économie planifiée du Tiers-Monde. Ces résultats ont été obtenus par une mobilisation de toute la population, Kim Il Sung multipliant les visites de terrain à travers tout le pays. La Chine, l’Union Soviétique et les démocraties populaires d’Europe de l’Est ont également apporté une coopération, qu’il s’agisse de capitaux ou de techniques, qui a contribué à un effort d’industrialisation et de modernisation sans précédent. Au moins jusqu’au début des années 1970 (les estimations variant ensuite selon les chercheurs), le revenu par habitant était plus élevé au nord de la péninsule coréenne qu’au sud. (page 17)
Mais l’économie de la Corée du Nord a
[…] ensuite enregistré un fort recul après 1990 (avec un PIB en baisse de 30 % environ), sous l’effet conjugué de la fin des échanges commerciaux (en partie sous forme de troc) avec l’URSS et les démocraties populaires, d’une pénurie d’énergie qui a notamment résulté de la fin des livraisons de fioul soviétique à des tarifs préférentiels et de catastrophes naturelles à répétition ayant eu des effets dramatiques pour la population. L’endettement du pays (notamment vis-à-vis de l’URSS), les restrictions aux transferts de technologies du fait de l’embargo occidental dont les principes ont été définis lors de la guerre de Corée et la mise à l’écart des circuits financiers financiers internationaux ont aggravé la crise économique des années 1990-1999.
Depuis1999, la croissance économique est estimée en moyenne à un peu plus de 1 % par an par la banque de Corée (du Sud). » (page 62/63)
[...] si l’économie a retrouvé un certain dynamisme (sans atteindre les taux de croissance annuels à deux chiffres des années 1960 et 1970), c’est au prix d’un creusement des inégalités entre classes sociales et entre régions, [...] » (page 66)
L’économie nord-coréenne présente aujourd’hui plusieurs strates : l’économie planifiée, les marchés généraux de biens et de services et les zones économiques spéciales (ZES). S’ajoute une économie non officielle, impliquant des acteurs publics et privés […] (page 56)
Après ce rappel historique des origines de la RPD de Corée, comment caractériser politiquement le régime politique, décrit à l'envi comme le dernier pays « stalinien » de la planète ? Si les institutions mises en place dès la Libération se sont inspirées de l'organisation soviétique, elles puisent aussi leurs racines dans les gouvernements populaire révolutionnaires mis en place par les partisans coréens dans le Nord-Est de la Chine, en Mandchourie, à la fin des années 1930, lors des années de la guérilla anti-japonaise : les lois de 1946 sur l'égalité hommes-femmes, la réforme agraire et la collectivisation des moyens de production s'inspirent de ces gouvernements. Lors du conflit sino-soviétique, les Nord-Coréens ne veulent pas être réduits au rôle de supplétifs de l'un ou l'autre camps : ils mettent de plus en plus fortement en avant une idéologie qui leur est propre, les idées du Juche – qui consistent à rechercher l'autonomie dans tous les domaines – et qui supplante finalement le marxisme-léninisme comme idéologie directrice. Si le marxisme inspire la production intellectuelle (par exemple dans le domaine économique), si la propriété collective des moyens de production reste la norme malgré les réformes économiques mises en place depuis l'adoption des mesures du 1er juillet 2002, et que la gratuité de l'éducation et de la santé restent des principes cardinaux, il n'est plus fait référence au marxisme, ni même au communisme. Symboliquement, les portraits de Marx et Lénine qui ornaient la place Kim Il-sung ont été décrochés en avril 2012, à l'occasion du centième anniversaire de la naissance du fondateur de la RPDC. La RPDC se revendique d'un socialisme à la coréenne, tout en tirant sa légitimité de la lutte de libération nationale – à l'instar de la Chine ou du Vietnam. Après la disparition de l'URSS et des démocraties populaires d'Europe de l'Est, qu'elle impute à une perte de confiance des citoyens de ces pays dans le socialisme, la Corée du Nord a toutefois participé activement à la promotion et à la défense du « socialisme réel », en organisant dès 1992 une conférence internationale à Pyongyang, à l'issue de laquelle a été adoptée la déclaration de Pyongyang mettant en avant les principes de socialisme et de souveraineté nationale.
Si la Corée du Nord a noué des alliances (y compris militaires) avec la Chine et l’Union soviétique en 1961, la crise de Cuba en 1962 l’a convaincue qu’elle ne pouvait compter que sur ses propres forces pour se protéger de ce qu’elle perçoit toujours comme une menace américaine pesant sur son système politique et social. Le développement simultané de l’économie et de la défense nationale est alors devenu une ligne politique réaffirmée jusqu’à la période contemporaine, » (page 17/18)
« Si l’URSS a été fortement présente dans les années de mise en place du nouvel État, elle a refusé en revanche tout engagement direct pendant la guerre de Corée (juin1950-juillet 1953) au contraire de la République de Chine dont les « volontaires du peuple chinois » ont joué un rôle décisif pour l’issue du conflit.
Ces conditions historiques, combinées à la rupture sino-soviétique… ont déterminé la position de la RPDC vis à vis de l’URSS…la recherche d’une indépendance nécessaire au maintien d’une position équilibrée entre la Chine et l’URSS (pages 119/120)
(...) les liens avec l’URSS se sont distendus...Avant même la disparition de l’URSS, Moscou établit des relations diplomatiques officielles avec la République de Corée (Corée du Sud)… État successeur de l’URSS, la Russie a désormais engagé une politique d’équilibre avec les deux États Coréens, la balance penchant toutefois nettement vers Séoul. (page 121)
[Mais] soucieuse de ne pas dépendre exclusivement d’un partenariat avec la Chine – qui risquerait de placer la RPDC devant le fait accompli en raison de l’importance de la relation bilatérale entre Pékin et Washington -, la RPDC veille à rééquilibrer ses relations extérieures en favorisant notamment les échanges avec Moscou. (page 122)
« [ils] veulent donc diversifier les partenariats extérieurs, en se tournant notamment vers les pays du Tiers Monde et la Russie. » (page 117)
Le développement du programme nucléaire nord-coréen, associé à des capacités balistiques permettant d'atteindre (depuis 2017) le territoire américain, est ancien (il aurait commencé dès la fin des années 1950) et relève d'une logique de dissuasion : les Nord-Coréens considèrent que, pour empêcher une attaque américaine et ne pas subir le sort de l'Irak en 2003 et de la Libye en 2011, ils doivent disposer d'une capacité de riposte qui dissuadera leurs adversaires de toute attaque. Pour autant, ils soulignent qu'ils restent fondamentalement attachés non seulement à la non-prolifération des armes nucléaires mais aussi à l'élimination complète de cette arme de destruction massive (dont la seule utilisation militaire à ce jour, par les États-Unis, à Hiroshima et Nagasaki, a fait des travailleurs coréens alors présents au Japon la deuxième communauté nationale, après les Japonais, victime de l'arme nucléaire) : le 27 octobre 2016, la RPDC a été le seul État doté de l'arme nucléaire à voter pour la résolution L.41 du premier comité de l'Assemblée générale des Nations unies, en charge du désarmement – avant toutefois d'estimer ne pas être aujourd'hui en mesure de soutenir le traité sur l'interdiction des armes nucléaires adopté le 7 juillet 2017, promu notamment par la coalition ICAN, prix Nobel de la paix 2017, qui plaide non pas pour l'élimination de toutes ses armes nucléaires par la Corée du Nord, comme préalable au dialogue, sur la base des arguments avancées par les États-Unis pour soi-disant accepter de discuter avec les Nord-Coréens, mais bien pour un dialogue qui inclurait le désarmement de toute la péninsule coréenne, et à terme la négociation d'un traité de paix en lieu et place de l'accord d'armistice de 1953.
Avec les États -Unis, le Japon constitue l’une des grandes puissances avec lesquelles la République Populaire Démocratique de Corée n’a toujours pas établi de relations diplomatiques complètes. Cette situation tient notamment à la persistance d’un certain nombre de contentieux historiques qui, de part et d’autre, bloquent toute évolution.
Le lourd dossier de la colonisation japonaise de la Corée entre 1910 et 1945 a laissé plusieurs plaies béantes : la mobilisation forcée des travailleurs coréens, l’enrôlement de jeunes Coréens dans l’armée impériale japonaise, la prostitution de quelque 200000 « femmes de réconfort » coréennes, esclaves sexuelles de l’armée impériale et le pillage des ressources de la péninsule... (page 127)
Quant à la France :
Si les relations entre la France et la République de Corée (Corée du Sud) sont anciennes - dès la proclamation du nouvel État en 1948 – la République française reste en revanche l’un des derniers pays de l’Union Européenne, avec l’Estonie, à ne pas avoir établi de relations diplomatiques complètes avec la République populaire démocratique de Corée. [bien que] le Général de Gaulle, à l’origine de la reconnaissance par la France de la République Populaire de Chine en 1964, décida en 1968 d’établir des relations diplomatiques avec la RPDC, [...] (page 147)
Ce combat pour la paix en Corée et dans le monde est aujourd'hui la priorité de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), fondée en 1969 pour promouvoir le dialogue et les échanges avec l'ensemble des Coréens, qui participe de la bataille pour sortir des caricatures trop fréquentes des médias sur la Corée du Nord (qui feignent aujourd'hui d'oublier que la menace d'une guerre ne provient pas des Nord-Coréens, qui subiraient des pertes incommensurables en cas d'attaque en premier, mais bien de l'administration Trump), des actions menées pour encourager les coopérations dans tous les domaines, notamment universitaires, et favoriser les actions humanitaires : alors que l'UNICEF a affirmé que les sanctions prises contre la RPDC, sans précédent dans l'histoire des Nations unies, peuvent entraîner la mort de 60 000 enfants, l'AAFC considère qu'il faut immédiatement mettre un terme aux politiques criminelles consistant à prendre en otage les populations nord-coréennes pour satisfaire les objectifs de politique intérieure des néoconservateurs américains.
Le spectaculaire rapprochement inter-coréen à l'occasion des Jeux olympiques de Pyeongchang, en Corée du Sud, rappelle de part et d'autre la volonté des Coréens de travailler pour la paix et la réunification, dans la continuité des sommets historiques Nord-Sud de juin 2000 et d'octobre 2007. La situation politique en République de Corée a évolué en ce sens, après que la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a été chassée du pouvoir par la rue et est aujourd'hui en prison dans l'attente de son procès, après avoir été courtisée par les dirigeants occidentaux peu regardant sur les atteintes systématiques aux droits de l'homme alors commises dans le sud de la péninsule (c'est ici dans les locaux de l'université de médecine Pierre et Marie Curie qu'elle a été faite docteur honoris causa, par la volonté du Président français François Hollande). Lors des Jeux de Pyeongchang, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a remis au Président sud-coréen Moon Jae-in une invitation à visiter le Nord, en temps utile. Il faut soutenir ce mouvement, auquel s'opposent les forces néo-conservatrices, américaines, sud-coréennes, japonaises et françaises, qui ont besoin d'un abcès de fixation pour poursuivre la course aux armements dans la région Asie-Pacifique qui devient le nouveau pivot de déploiement de la puissance militaire américaine dans le monde (avec en toile de fond la rivalité stratégique avec la Chine et la Russie, qui ne sont pas des alliées mais des partenaires de la Corée du Nord, en ayant voté à son encontre des sanctions aux effets dramatiques). Ces mêmes forces bellicistes souhaitent aussi que les États-Unis continuent à organiser plusieurs fois par an les plus grandes manœuvres militaires au monde en temps de paix, au large de la péninsule coréenne, et qui ont gagné en ampleur depuis 40 ans. Elles mènent enfin une offensive médiatique sans précédent qui doit décrire, encore et toujours, la Corée du Nord comme un enfer sur terre : la propagande de guerre est déjà à l’œuvre. Ces manœuvres à contre-courant des aspirations à la paix des Coréens, Nord comme Sud, doivent plus que jamais être contrées.
Vers la réunification ?
[…] le premier sommet inter-coréen, initialement prévu en 1994 […] s’est finalement tenu à Pyongyang du 13 au 15 juin 2000. [...]Un second sommet s’est tenu, également à Pyongyang, le 4 octobre 2007 […]. Cette seconde déclaration a consolidé les résultats déjà atteints notamment la zone économique spéciale inter-coréenne de Kaesong. (pages 97/98)
Le nationalisme coréen est une donnée politique fondamentale, et il est pour le moins surprenant de constater que les succès sportifs de l’une ou l’autre Corée sont salués par l’autre […] Dans ce contexte, la réunification, quel que soit son horizon, constitue une donnée implicite du comportement des acteurs en présence. (page 103)