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16 mai 2018 3 16 /05 /mai /2018 19:04

L'Association nationale des communistes (ANC) a été constituée pour regrouper des militants communistes au-delà de leurs engagements partisans respectifs et sans se substituer aux organisations existantes. Le 15 mai 2018, le cercle Manouchian de Paris de l'ANC s'est réuni pour un débat au bistro La Maison, 65 boulevard de la Villette (Paris 10e) sur le thème "La CGT, le syndicalisme et la politique". L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) ayant été invitée, elle a été représentée par son président, Benoît Quennedey, qui a présenté l'AAFC ainsi que les enjeux politiques dans la péninsule coréenne.

Rencontre entre l'AAFC et l'Association nationale des communistes (ANC)

Le très riche débat consacré au rôle des militants communistes dans les luttes politiques et syndicales s'est conclu par un rappel de l'importance de la solidarité internationale dans le mouvement ouvrier, en évoquant la situation palestinienne. Ce thème a permis de faire la transition avec la question coréenne : fondée en 1969 pour favoriser la paix et la réunification dans la Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne s'intéresse également de longue date aux combats pour les droits politiques et syndicaux dans le sud de la péninsule.

Les nombreuses questions posées par les participants ont témoigné de la volonté de mieux comprendre les enjeux de la Corée, au-delà des clichés entretenus par les médias : comme l'a observé Francis Arzalier, le spectaculaire rapprochement intercoréen est aussi le fruit d'une situation politique marquée par l'alternance en Corée du Sud après la destitution de la présidente Park Geun-hye, et de l'aspiration de tous les Coréens à la réunification de leur pays.

Ayant lui-même visité la Corée du Sud, et en lien avec les militants politiques et syndicaux sud-coréens en France (rencontrés à l'occasion d'une manifestation à Paris, en décembre 2016, de membres du syndicat - interdit - de Samsung), Charles Hoareau, principal intervenant dans les débats, qui avait été invité par le cercle Manouchian de l'ANC, a mis en exergue le courage des militants coréens dans leur combat pour les libertés démocratiques, qui n'a pas pris fin avec la destitution de l'ancienne présidente Park Geun-hye.

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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 21:25

Le 1er mai 2018, M. Ho Jong-man, président de l'Association générale des résidents coréens au Japon (Chongryon) nous a écrit, en amont de la 24e assemblée générale de la Chongryon, qui s'ouvrira le 24 mai 2018. En réponse, Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), a écrit au Président Ho Jong-man, en soulignant à cette occasion la solidarité de l'AAFC avec les luttes de la Chongryon pour les droits des résidents coréens au Japon, et contre les discriminations dont ils sont victimes. Nous reproduisons ce courrier ci-après (rédigé en anglais), ainsi que sa traduction en français. 

L'AAFC écrit à la Chongryon

Paris, le 12 mai 2018


Monsieur le Président,


En mon nom propre et en celui de l'Association d'amitié franco-coréenne, je vous exprime mes plus vives félicitations à l'occasion de la 24e assemblée générale de l'Association générale des résidents coréens au Japon (Chongryon). Nous sommes certains que votre assemblée sera couronnée de succès.

La Chongryon a joué un rôle moteur dans la promotion de la langue et de la culture coréennes au Japon, ainsi que dans le soutien à la réunification de la patrie coréenne. Comme vous, nous avons salué les pas de géant accomplis tant par le Président Kim Jong Un que par le Président Moon Jae In lors de leur récente rencontre à Panmunjom, le 27 avril. Fondée en 1969, l'Association d'amitié franco-coréenne soutient pleinement ces objectifs et poursuivra son combat pour la paix et la réunification, vers la dénucléarisation de toute la péninsule coréenne. Les réunions de familles séparées prévues le 15 août seront la pierre angulaire pour le renouveau des relations Nord-Sud.

Pour nous, construire la paix doit aussi être corrélé à la fin des sanctions économiques, qui ont un impact très négatif sur la situation économique du peuple coréen en République populaire démocratique de Corée.

Parmi nos objectifs figure la défense des droits des citoyens coréens en dehors de la péninsule. En particulier, nous sommes extrêmement inquiets de la poursuite des discriminations contre la communauté coréenne au Japon, comme l'a montré la récente attaque en février du siège de votre organisation par deux individus de droite qui étaient armés. En outre, la récente décision des autorités de la préfecture de Gunma, au Japon, de suspendre le versement des subventions aux écoles coréennes constitue une autre atteinte aux droits fondamentaux des Coréens vivant au Japon. Les autorités japonaises envisagent aujourd'hui un sommet avec le Président Kim Jong Un : la question des droits des citoyens coréens au Japon doit figurer à l'ordre du jour.

Sur ces sujets et d'autres questions d'intérêt mutuel, nous serions ravis d'avoir un large échange de vues, y compris par des visites de délégation dans chacun de nos deux pays.

Avec tous nos voeux à l'Association générale des résidents coréens au Japon,

Benoît Quennedey
Président de l'Association d'amitié franco-coréenne

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30 avril 2018 1 30 /04 /avril /2018 21:20

Sommet historique intercoréen du 27 avril 2018, démantèlement annoncé du site d’essais nucléaires nord-coréen dès le mois de mai, avant le sommet entre les présidents Kim Jong-un et Donald Trump (que ce dernier envisage désormais dans un délai de 3 à 4 semaines)... CNews en parlait le 29 avril 2018, à partir de 21h15, lors d'un débat avec Benoît Quennedey, président de l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC), dans l’émission de Harold Hyman « L’Actu à la carte ». Quelques jours plus tôt, le président de l'AAFC avait par ailleurs répondu aux questions de Claire Tervé pour le Huffington Post sur ce qu'un traité de paix changerait dans la péninsule coréenne.

Comprendre le sommet intercoréen : retour sur l'émission « L'Actu à la carte » sur CNews du 29 avril 2018

Sur le plateau pour parler de l’actualité concernant la Corée, après un sujet sur la situation en Arménie, se trouvait également Kim Souya, artiste plasticienne vivant à Paris, et active dans la communauté sud-coréenne en France.

Pendant dix minutes Harold Hyman a donné la parole aux deux intervenants en commençant par l’émotion soulevée par la rencontre entre Moon-Jae-in et Kim Jong-un.

D’abord Kim Souya a déclaré avoir passé une nuit blanche, compte tenu du décalage horaire, pour regarder en direct cette rencontre, et en a été émue au point d’en pleurer et a assuré « ne pas être la seule ». C’est la première fois qu’elle entendait la voix du leader du Nord qu’elle a décrite « avec un petit accent charmant ».

Ensuite Benoît Quennedey a donné son sentiment sur « l’emballement des évènements ». Il a fait le parallèle avec l’année 2017 et le contraste avec la situation d’aujourd’hui, en mettant l’accent sur la prise en mains par les deux parties coréennes de leur destin commun et sur l’importance de la déclaration commune qui va bien au-delà des rencontres au sommet de 2000 et 2007 en abordant à présent la question de la paix. « Cette fois-ci il semble que ce soit la bonne » et « on est peut-être sur une nouvelle ère ».

Harold Hyman a repris l’historique de la question nucléaire dans la péninsule en présentant une illustration récapitulative et a demandé en quoi cette fois-ci cela déboucherait positivement.

Benoît Quennedey a expliqué que la Corée du Nord maintenant possède un armement qui lui permet de discuter sur un pied d’égalité avec les Etats-Unis évoquant la « sérénité des Nord-Coréens » qui veulent désormais passer à un stade de prospérité et de développement économique.

L’animateur s’adressant à Kim Souya lui a demandé si en tant que Sud-Coréenne elle était prête à payer plus d’impôts pour aider ses frères du Nord a obtenu une réponse immédiate « Bien sûr et ce n’est pas seulement moi », puis ajoutant que « ce n’est pas vrai » qu’au Sud on se désintéresse de la situation au Nord. Une séquence d’émotion qui a poussé l’expert de l’Arménie encore présent sur le plateau à s’exprimer « il y a une fierté coréenne qui aujourd’hui est amenée à s’exprimer de manière très forte ».

Kim Souya a repoussé les craintes concernant l’avenir de « la démocratie sud-coréenne » et « l’arrivée d’idées néfastes en provenance du Nord ».

Enfin les deux intervenants ont insisté sur le sentiment d’unité entre les deux parties divisées de la Corée et sur la marche vers la paix et la dénucléarisation.

Conclusion de Harold Hyman « la sincérité sera le mot-clé de l’avenir ».

On peut remarquer que cette émission, pas seulement par ses intervenants, mais aussi par l’attitude presque bienveillante de son animateur témoigne d’un nouveau souffle dans la présentation médiatique en France de la situation dans et autour de la péninsule coréenne.

 

Revoir l'émission « L’Actu à la carte » du 29 avril 2018 (le sujet coréen est évoqué à partir de 11'07") : 

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29 avril 2018 7 29 /04 /avril /2018 21:28

Le troisième sommet intercoréen, qui s'est tenu pour la première fois au sud de la péninsule coréenne, le 27 avril 2018, a conduit à l'adoption d'un communiqué conjoint qui a évoqué non seulement le développement des relations Nord-Sud, mais dressé aussi la perspective de la paix et l'objectif d'une dénucléarisation de la Corée. Le bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), qui a plaidé inlassablement pour un traité de paix, même lorsque la montée des tensions pouvait sembler nous désavouer, a maintenu le cap et tient aujourd'hui à saluer une rencontre historique, en publiant le communiqué que nous reproduisons ci-après. 

Bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne

Paris, le 28 avril 2018

 

La déclaration de Panmunjom a ouvert une ère nouvelle pour la paix et la réunification en Corée

 

Le 27 avril 2018 à Panmunjom, dans la zone démilitarisée séparant la péninsule coréenne en deux, s'est tenue une rencontre riche en émotions et en symboles entre Kim Jong-un, Président de la Commission des Affaires d'État de la République populaire démocratique de Corée, et Moon Jae-in, Président de la République de Corée.

À l'issue de ce sommet inter-coréen, les deux dirigeants ont adopté une déclaration conjointe.

En soulignant qu'il n'y aurait plus jamais de guerre dans la péninsule coréenne et qu'une ère nouvelle de paix avait débuté, ils ont signifié la volonté des Coréens de tourner la page d'un conflit fratricide et de reprendre en main leur destin en exerçant eux-mêmes leur souveraineté, dans le respect des principes du droit international proclamé par la Charte des Nations unies : l'escalade des tensions et des confrontations doit désormais cesser et les sanctions internationales être levées, conformément et concomitamment à la mise en œuvre de l'engagement d'une dénucléarisation de toute la péninsule coréenne.

La déclaration de Panmunjom détaille les moyens de préserver la paix et d'empêcher la survenue des incidents de frontière meurtriers qui ont trop souvent endeuillé la péninsule coréenne : diminution annoncée des armements, transformation de la zone démilitarisée en zone de paix, échanges militaires réguliers, cessation de l'envoi de messages de propagande hostile.

Les Présidents Kim Jong-un et Moon Jae-in ont également relancé les échanges Nord-Sud : reprise des projets de rétablissement des liaisons ferroviaires et terrestres, nouvelles réunions de familles séparées, organisation d'événements conjoints... La voie est donc ouverte pour une institutionnalisation des échanges et des rencontres régulières, avec l'invitation faite au Président Moon Jae-in de visiter le Nord dès cet automne.

L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) salue une déclaration historique, fruit des efforts de tout le peuple coréen, qui jette les bases pour établir une paix durable, promouvoir les échanges et favoriser la réunification entre les deux parties divisées de la péninsule coréenne.

L'AAFC appelle désormais l'ensemble des acteurs de la communauté internationale à favoriser effectivement la mise en place d'un système de sécurité collective, corollaire indispensable à une prévention efficace des conflits, au désarmement et à la démilitarisation.

Militant depuis sa fondation, en 1969, pour la paix et la réunification de la Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne a toujours refusé la voie de l'escalade militaire et de l'isolement de la République populaire démocratique de Corée sur la scène internationale. Confortée dans ses choix pour la paix et la réunification de la Corée, elle ne militera que plus activement encore, en réitérant son appel aux autorités françaises pour qu'elles établissent des relations diplomatiques complètes avec la République populaire démocratique de Corée, mais aussi pour qu'elles jouent un rôle positif afin d'appuyer le processus en cours.

 

Contact : M. Benoît Quennedey, président de l'AAFC, 06 87 24 93 00

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22 avril 2018 7 22 /04 /avril /2018 21:52

Après l'annonce par Pyongyang de la suspension de ses essais nucléaires et de missiles balistiques intercontinentaux, Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), a donné son point de vue sur la chaîne RT France, le samedi 21 avril 2018, au journal télévisé de 12h, en répondant aux questions de la présentatrice pendant plus de six minutes. 

La fin des essais nucléaires et des tirs de missiles, concrètement cela veut dire quoi ?

Concrètement cet arrêt intervient à une semaine de la rencontre prévue entre les deux dirigeants du Sud et du Nord. Il est probable que Mike Pompeo, ancien directeur de la CIA et actuel secrétaire d'Etat, lors de son récent voyage à Pyongyang, a demandé un geste de bonne volonté explicite, et cette demande a donc été exaucée. Du côté de la RPDC il s’agit d’une décision approuvée par le Comité central du Parti, dans le cadre d'un processus collectif. Ce geste montre que la préparation de la rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un avance bien.

Il ne s’agit pas d’un bluff ?

Non, les Nord-Coréens depuis leurs décisions de janvier sont dans une séquence diplomatique. Il ne s’agit certes que de la suspension de leur programme, une suspension mais pas forcément un arrêt définitif. C’est cependant un premier geste qui s’inscrit dans une séquence diplomatique qui est le fait des deux parties de la Corée, comme on l’a vu au moment des Jeux olympiques, avec ces images des athlètes défilant ensemble, et qui reprend en main son destin. Sur une question aussi sensible pour la Corée du Nord, qui considère l’arme nucléaire comme son assurance vie, il y a une volonté d’aller de l’avant.

On parlait jusqu’à présent d’apaisement mais est-ce qu’on se dirige vers une vraie réconciliation ?

Le président Moon-Jae-in en a parlé lors d'une conférence de presse il y a deux jours, donc peu avant la rencontre avec Kim Jong-un. Chaque partie doit faire des efforts et pour le moment c’est le Nord qui en fait. On doit donc espérer des gestes de l’autre partie dans la levée des sanctions et l’établissement de relations diplomatiques avec Washington.

Washington, Séoul, l’Union européenne ont réagi à cette annonce du Nord, mais quelles sont les conséquences pour la péninsule coréenne ?

Le plus important est de revenir à la paix et de permettre la prospérité. La Corée du Nord est soumise à un régime de sanctions draconien sans équivalent au monde. L’UNICEF a déclaré en janvier que 60 000 enfants allaient mourir si les sanctions n’étaient pas levées. Lors de la récente réunion du Comité central du Parti, Kim Jong-un a ainsi mis l’accent sur l’économie.

La Corée du Nord veut donc sortir de son isolement et revenir sur la scène internationale ?

C’est clair et cette volonté s’est déjà manifestée avec la rencontre du leader coréen avec Xi Jinping. Le Nord considère que, ayant atteint ses objectifs de défense qui lui permettent de discuter d’égal à égal avec les Etats-Unis, il n’y a pas de raison de conserver un armement nucléaire si sa sécurité est assurée. Mais la dénucléarisation est un processus long qui nécessitera des étapes, la suspension en étant une. Il y a la question des garanties de sécurité, d’où l’idée d’un traité de paix qui remplacerait enfin l’accord d’armistice de 1953. Enfin, pour la première fois va se dérouler un sommet intercoréen qui va précéder un sommet Etats-Unis et Corée du Nord. Ainsi, les diplomaties sont coordonnées, ce qui n’était pas le cas dans les années 2000 où la diplomatie du Sud ne coïncidait pas toujours avec la diplomatie américaine. On peut espérer un régime de paix permanent et de prospérité.

Vous avez quand même le Japon qui émet beaucoup de réserves. Pourquoi cette méfiance ?

Il y a un très vieil antagonisme entre le Japon et la Corée qui remonte à la colonisation japonaise de 1910 à 1945 et l’enrôlement des Coréens de force dans l’armée impériale japonaise et les Coréennes devenues des esclaves sexuelles. Dans ce contexte le Japon a toujours joué le rôle de « Monsieur plus ». Le Japon ne veut pas être l’oublié et l’abandonné de ces négociations, d'autant qu'il sait qu’en cas de conflit, après les Etats-Unis, la cible nord-coréenne serait le Japon. Ce n’est donc pas très surprenant que le Japon soit dans une situation de surenchère. On verra par la suite si le Japon propose aussi un sommet avec le dirigeant nord-coréen, ce qui a déjà eu lieu avec Junichiro Koizumi dans les années 2000.

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18 avril 2018 3 18 /04 /avril /2018 21:19

Le 15 avril 2018, pratiquement 4 ans jour pour jour après le dramatique naufrage du ferry Sewol le 16 avril 2014 qui a coûté la vie à plus de 300 des 476 passagers (majoritairement des lycéens en voyage scolaire), les Coréens de France réunis dans le collectif 416 Global network_Paris (en français : collectif global de Paris pour le 16 avril), et soutenus par les bouddhistes coréens de Paris ou encore le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud, ont réussi une manifestation émouvante place de la République, à Paris, où les témoignages et les prises de parole ont alterné avec des morceaux musicaux et des poèmes. Leurs mots d'ordre ? Ne pas oublier, en exigeant toute la vérité sur les causes du naufrage et le désastre des opérations de sauvetage. Commémorer, en honorant la mémoire des victimes. Parler et agir, pour créer une société qui se soucie du bien-être de ses membres et ne sacrifie pas la sécurité au profit, pour que de tels drames ne se reproduisent plus. 

Naufrage du Sewol : le 15 avril 2018, les manifestants à Paris ont dénoncé "un crime d'Etat"

"Lutter contre le temps, lutter contre les tentatives du gouvernement pour cacher la vérité, contre des médias sous influence du gouvernement" : comme l'ont proclamé les tracts multilingues qui étaient diffusés, la colère le disputait à l'émotion - mais celle-ci restait intacte, quatre ans après le drame, témoignant que l'immense élan de solidarité qui avait emporté le peuple coréen reste encore présent dans les esprits et les coeurs. 

L'exigence de vérité est aujourd'hui fondamentale, alors que les commissions spéciales qui se sont mises en place depuis 2015 n'ont ni permis de changer fondamentalement la législation et la réglementation, ni conduit à faire éclater la vérité - toute la vérité. Quels intérêts liaient les conservateurs alors au pouvoir et le propriétaire réel du navire, Yoo Byung-eun, artiste douteux et escroc notoire, devenu le trop facile bouc émissaire du désastre ? Cette question fondamentale doit permettre de comprendre comment le naufrage a été aussi mal géré... Des enfants, répondant aux ordres d'attendre les secours, ont en réalité attendu la mort dans le navire, laissant avec leurs téléphones de derniers messages d'adieux déchirants à leurs familles, à leurs amis, à leurs proches.

Président de l'Association d'amitié franco-coréenne, qui avait envoyé un message de condoléances après la catastrophe, Benoît Quennedey a souligné la nécessité de la solidarité internationale, alors que cette tragédie a révélé les défaillances d'une société où des vies ont été sacrifiées sur l'autel du profit, ainsi que les lacunes de la démocratie sud-coréenne : limites du travail d'enquête parlementaire, inaction des moyens de secours dont disposaient les forces militaires, opacité sur les liens entre Yoo Byung-eun et le monde du renseignement, manipulation de l'information par les autorités faisant croire que tout était mis en oeuvre pour sauver des vies et répression des militants pour la vérité...

Le combat et la solidarité doivent se poursuivre, jusqu'à la victoire !

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10 avril 2018 2 10 /04 /avril /2018 22:21

Le 10 avril 2018, le site en ligne du mensuel L'Incorrect a publié un entretien avec Benoît Quennedey : président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), auteur de La Corée du Nord, cette inconnue (Delga, 2018), il a répondu aux questions de Jérôme Besnard, dans un article intitulé "Le mystère de la Corée du Nord", que nous reproduisons ci-après - et qui revient sur des questions récurrentes, notamment en qui concerne l'idéologie directrice de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) ou les évolutions diplomatiques récentes.

L'AAFC dans "L'Incorrect", pour lever le voile de mystère sur la Corée du Nord

Comment jugez-vous l’évolution de la situation géopolitique dans la péninsule coréenne ces dernières semaines et ces derniers mois ?

Le 7 septembre 2017, dans l’émission « On n’est pas forcément d’accord » sur RTL, Eric Zemmour disait que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un avait fait la meilleure analyse de la situation internationale depuis 10 ans : l’acquisition d’une force de dissuasion nucléaire lui a permis de ne pas connaître le sort des dirigeants irakien Saddam Hussein et libyen Mouammar Kadhafi. On ne négocie pas avec les Etats-Unis un désarmement unilatéral et inconditionnel : on ne vient à la table des négociations qu’en position de force, ce qui est le cas à présent pour Pyongyang. La question n’est donc pas tant de savoir pourquoi la Corée du Nord a proposé une rencontre au sommet à Donald Trump, après la rencontre qui a eu lieu avec le dirigeant chinois Xi Jinping et celle prévue avec le Sud-Coréen Moon Jae-in le 27 avril – puisque la Corée du Nord a tout à gagner d’un dialogue avec les Etats-Unis : garanties de sécurité, contreparties économiques, levée des sanctions, reconnaissance diplomatique… – mais pourquoi le Président Donald Trump a dit « oui ». Il y a deux raisons fondamentales : le constat que la politique des administrations démocrates, dite de « patience stratégique », n’avait en aucun cas empêché la Corée du Nord de se doter d’une force de dissuasion nucléaire, et qu’il était donc temps de changer de logiciel d’analyse ; la réalité stratégique, à savoir que les villes américaines sont désormais à portée des têtes nucléaires nord-coréennes, comme l’a observé le nouveau conseiller à la stratégie du Président, John Bolton, sur Fox News. Et c’est un expert qui parle : John Bolton a justifié, et justifie, encore la guerre en Irak en 2003.

D’autres facteurs jouent bien évidemment un rôle, comme l’impact des sanctions internationales sur l’économie nord-coréenne – alors que le président nord-coréen a fait de l’élévation du niveau de vie de la population une priorité.

D’autres facteurs jouent bien évidemment un rôle, comme l’impact des sanctions internationales sur l’économie nord-coréenne – alors que le président nord-coréen a fait de l’élévation du niveau de vie de la population une priorité. C’est d’ailleurs sur cet aspect qu’insiste Donald Trump, pour justifier son acceptation de rencontrer Kim Jong-un. Le contexte reste toutefois très incertain, et un retour à l’escalade des tensions n’est pas à exclure, avec des risques de conflit : le lieu, la date et les modalités de la rencontre Trump-Kim ne sont pas encore fixés. Par ailleurs, les Nord-Coréens placeront la barre haut : ils n’abandonneront pas l’arme nucléaire sans de sérieuses garanties, tant en termes de sécurité qu’économiques. Le sommet – le premier avec un président américain en exercice – ne serait alors que le début d’un processus de dialogue, et non son point d’achèvement.
La Corée du Nord est-elle selon vos informations devenue une puissance nucléaire capable de rivaliser, à son niveau, avec les autres pays détenteurs de l’arme atomique ?
Elle dispose d’une force de dissuasion nucléaire, même si la précision de ses tirs fait encore l’objet d’interrogations, de même que la capacité de rentrée de ses missiles dans l’atmosphère. L’essentiel est donc atteint, indépendamment de la taille des arsenaux nucléaires (les Américains disposent d’au moins 100 fois plus de têtes nucléaires que les Nord-Coréens) : pouvoir dissuader tout ennemi d’une attaque par une capacité de représailles que ce dernier ne peut accepter. C’était la doctrine nucléaire française définie par le Général de Gaulle. C’est aujourd’hui celle du Maréchal Kim Jong-un.
La France est un des rares pays à ne pas entretenir de relations diplomatiques normalisées avec la RPDC, comment expliquer la pérennisation de cette situation ? Est-elle dommageable ?
Le Général de Gaulle avait décidé, en 1968, d’établir des relations diplomatiques au niveau de bureaux commerciaux – comme avec la République populaire de Chine à Taïwan. Sa décision relevait d’un principe de réalisme : la diplomatie se fonde sur des rapports de force tenant compte de l’existant. Au début des années 2000, tous les pays européens sauf deux (la France et l’Estonie) ont établi des relations diplomatiques complètes avec la Corée du Nord, ce qui permet de disposer d’un levier d’influence – dont a refusé de se doter notre pays. Par ailleurs, si l’on veut favoriser la francophonie dans toute la péninsule coréenne, mettre en place des investissements dans un pays doté des deuxièmes réserves au monde de terres rares, il est utile d’avoir une diplomatie d’influence… La France a fait le choix d’avoir en Corée du Nord une politique de puissance de second rang, renonçant à son statut de grande puissance. C’est évidemment dommage, mais comment pourrait-il en être autrement dans un contexte de désintérêt pour les questions coréennes au plus haut niveau de l’Etat, et de démission des prétendus experts du Quai d’Orsay pour un sujet qu’ils ne veulent pas connaître ?

La France a fait le choix d’avoir en Corée du Nord une politique de puissance de second rang, renonçant à son statut de grande puissance.

Les mêmes experts n’ont-ils pas armé Daech en prétendant soutenir l’opposition dite démocratique au gouvernement syrien (il est vrai que dans le même temps la Corée du Nord soutient politiquement et militairement Bachar El Assad par rejet fondamental de l’intégrisme islamiste de Daech, ce qui ne peut qu’évidemment la rendre suspecte aux yeux de ceux pour qui le régime syrien est l’ennemi principal…) ? Les mêmes experts ne continuent-ils pas, contre nos intérêts, à mener une politique de sanctions contre la Russie ? L’impuissance française sur le dossier coréen renvoie à d’autres démissions de l’exécutif français… le dernier chef de l’Etat français à avoir compris l’enjeu coréen était Nicolas Sarkozy, qui avait décidé l’ouverture d’une représentation diplomatique française à Pyongyang à l’automne 2011. Depuis, notre pays n’a brillé ni par sa capacité d’anticipation, ni par sa puissance d’analyse sur la question coréenne.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les deux grandes doctrines politiques en Corée du Nord, le Juche et le Songun ? En quoi se différencient-elles de la caricature de « dictature communiste » trop souvent véhiculée par la presse française et occidentale à propos du régime de Pyongyang ?


Au moment du schisme sino-soviétique, la Corée du Nord, foncièrement nationaliste, a refusé de s’aligner sur l’un ou l’autre de ces deux pays : elle a alors développé les idées du Juche suivant le principe d’une autonomie dans tous les domaines, économique, politique et militaire. Au plan individuel, les idées du Juche signifient que l’homme doit être maître de son destin. Dans le domaine international, les idées du Juche préconisent la souveraineté des nations comme base de l’ordre international. A l’ère de la globalisation, on devine ce que de telles théories peuvent avoir d’inacceptable pour les partisans de l’effacement des nations – et qui décriront, à force de mauvaise foi et de fausses informations fabriquées par le renseignement américain et/ou sud-coréen, la Corée du Nord comme un Etat « stalinien », alors qu’il n’y a plus le moindre portrait de Marx et Lénine… Certes, la Corée du Nord développe un socialisme à la coréenne, mais ce choix ne lui est pas propre : de nombreux Etats arabes se sont revendiqués à la fois du socialisme et de l’idée nationale… Du reste, comment accuser un pays divisé, victime pendant 35 ans d’une brutale colonisation japonaise, d’être attachée à l’idée de nation ? Ce serait comme accuser les résistants au nazisme pendant la Seconde guerre mondiale de faire preuve de nationalisme…

La politique de Songun est un développement des idées du Juche dans les années 1990 : dans un contexte d’effondrement des institutions et de l’économie, la priorité est donnée à l’armée d’abord, pour assurer la continuité de l’Etat et maintenir l’économie. Mais la Corée du Nord n’est pas un Etat militaire pour autant, plutôt un Etat guérilla pour reprendre l’expression du journaliste Philippe Pons. La Corée du Nord est née de la guérilla antijaponaise, et ses dirigeants ont conservé une mentalité de guérilla face à une adversité qui ne baisse pas la garde. Les précédents irakien de 2003 et libyen de 2011 montrent toute la cohérence de ce mode d’organisation, qu’on l’approuve ou non. L’objectif n’est pas de satisfaire des présupposés idéalistes, mais bien de partir de l’existant pour tendre vers un but commun : empêcher l’holocauste d’une guerre nucléaire entre la Corée du Nord et les Etats-Unis et leurs alliés.

Essayiste - Jérôme Besnard, jbesnard@lincorrect.org

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6 avril 2018 5 06 /04 /avril /2018 12:47

Le 31 mars 2018, à l'issue des travaux de l'assemblée générale de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), Jean-Marie Sablé a prononcé une conférence sur la politique de Songun, au nom du comité d'études des sciences politiques et sociales de la Corée, constitué au sein de l'AAFC le 15 décembre 2017. Après un exposé liminaire, les questions-réponses avec la salle ont été enrichies par les éclairages apportés par S.E. Kim Yong-il, délégué général de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) auprès de la République française, ambassadeur de la RPDC auprès de l'UNESCO. Nous reproduisons ci-après le texte intégral de l'exposé de Jean-Marie Sablé.

Qu’est-ce que la politique de Songun ?

Qu’est-ce que la politique de Songun ?

 par Jean-Marie SABLÉ


La République populaire démocratique de Corée (RPDC) est certes un pays relativement connu, si l’on en croit l’attention que lui portent les médias, mais cette attention est inversement proportionnelle à la capacité à analyser la philosophie politique de ce pays. Les analyses se limitent à parler de communisme ou de stalinisme, ce qui reste extrêmement limité et, certainement réducteur. Le journalisme a peut-être vocation à rapporter des faits, mais de là à faire de la science politique sérieuse, on ne peut qu’avouer son scepticisme. Il faut parler de philosophie politique, car plusieurs articles de la Constitution nord-coréenne mentionnent ces idées qui guident la RPDC. L’article 3 de la Constitution de 1972 affirme, dans sa version modifiée en 2009, que « la République populaire démocratique de Corée se guide dans ses activités sur les idées du Juche, les idées du Songun ». Il existe donc une philosophie politique officielle en RPDC en raison de ces principes et axiomes que l’on retrouve dans sa norme suprême, même si nous ne sommes pas dans le registre de la philosophie ou un principe métaphysique puisque ces principes et axiomes ont des aspects et des finalités pratiques

 

La politique de Songun ou l'armée d'abord : une adaptation du socialisme à la coréenne

 

Outre les références constitutionnelles au Songun (art. 3 préc, mais également art. 59[1] et 109[2]), il existe plusieurs discours officiels à faire usage de ce terme. Songeons notamment à deux récents discours de Kim Jong-Un prononcés en 2012, dont l’un date précisément du 15 avril 2012 et qui a pour intitulé : « Luttons ferme pour la victoire finale en portant encore plus haut l’étendard du Songun »[3]. Il a été justement prononcé à l’occasion de la naissance du Président Kim Il-Sung. Les dirigeants nord-coréens assument donc clairement cette expression, laquelle fait donc partie d’une doctrine officielle.

 

Il faut bien tenter une définition, aussi imparfaite soit-elle. De façon sommaire, le Songun désigne cette priorité donnée aux affaires militaires dans la politique de la RPDC. À ce titre, étymologiquement, en coréen, seon gun signifiee « l’armée d’abord ».

 

Il existe quelques définitions, dont l’une issue du site internet Naenara : « en un mot, elles consistent à accorder une priorité absolue à l’accroissement du potentiel militaire du pays comme l’exige le principe de la primauté des affaires militaires et à faire de l’armée révolutionnaire la force principale, le pilier de la révolution pour faire avancer l’œuvre socialiste. » Ce même site internet donne une autre définition, un peu plus récente, mais toujours centrée sur la notion de priorité donnée aux affaires militaires : « la politique de Songun est un mode de gouvernement socialiste fondamental consistant à donner la priorité à l’aspect militaire dans les affaires de l’État et à prendre l’Armée populaire pour élite et force principale pour renforcer la force motrice de la révolution et faire progresser victorieusement l’œuvre socialiste. C’est un mode de gouvernement à la manière de Kim Jong Il. »[4].On pourra donc retenir trois aspects de cette doctrine :

 

  • Elle a avant tout un caractère pratique, puisque on parle de « mode de gouvernement » ; c’est d’ailleurs pour cette raison que l’on parle de « politique de Songun » : doctrine et politique, c’est tout un dans le Songun ;

 

  • Elle donne un rôle central à l’armée (elle est même qualifiée d’« élite ») ;

 

  • Enfin, cette doctrine a aussi une finalité : elle vise à renforcer la révolution et de faire progresser l’œuvre socialiste. Cette doctrine a aussi un caractère fonctionnel : ce n’est pas une fin en soi. Le même site parle aussi de « l’édification d’une puissance socialiste prospère ». On notera que cette définition reprend un entretien de KIM Jong Il qui, déjà, en 2003 parlait de « force principale » et décrivait l’armée comme étant l’élite.

 

Sans difficultés, pour privilégier l’élément le plus consensuel, on retiendra au moins l’idée d’une priorité donnée aux affaires militaires. Cette priorité ayant des aspects concrets, tant au niveau de la politique que de la symbolique ou de la sémantique.
 

 

Une réponse à la crise des années 1990
 

Il est donc question d’une priorité donnée aux affaires militaires. Or on ne peut comprendre cette priorité sans justement prendre en compte le nouveau contexte des années 1990, marqué par la Chute du Mur de Berlin, la disparition des démocraties populaires dans le Bloc de l’Est, puis par la fin de l’URSS. Tous ces événements vont avoir des conséquences profondes sur la RPDC. Malgré une spécificité idéologique, caractérisée notamment par le Juche[5], la RPDC a fait les mêmes choix économiques que les démocraties populaires : rôle de l’industrie lourde, planification, etc. Une décision aura une conséquence direct : la remise en cause par Gorbatchev des accords commerciaux avec la RPDC fondés sur le troc. Jusqu’au début des années 1990, la RPDC recevait, en effet, de l’URSS des « intrants », comme les engrais, le matériel agricole ou le carburant. À la demande des américains – dont on devine l’intérêt à isoler la RPDC en fragilisant son régime politique et son économie -, cet approvisionnement s’arrête, au sens littéral, du jour au lendemain.

 

Le résultat est que la RPDC va subir des privations. En effet, son agriculture ne peut nourrir de façon satisfaisante la population dans la mesure où la priorité avait été donnée à l’industrie lourde. Or ce robinet est coupé avec les conséquences que l’on peut imaginer. C’est la « dure marche », dont l’existence n’est pas niée dans les écrits officiels nord-coréens. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, il n’y a jamais eu de voile pudique sur ces affaires.

 

Dans ce contexte, marqué notamment par la prédominance du Parti du travail de Corée (PTC), la cohésion devient une affaire délicate. Dans la vie administrative et quotidienne, le PTC ne peut concourir, à lui seul, à la marche des affaires courantes. Pour cela, on comprendra aisément pourquoi l’armée jouera un rôle supplémentaire. Après tout, même dans les pays occidentaux, l’armée peut intervenir en matière de catastrophes naturelles[6]. Elle bénéficie de capacités logistiques facilement mobilisables.

 

Mais l’armée permet aussi au pays de défendre son indépendance dans un contexte d’effondrement du bloc soviétique. (Au passage, c’est au cours de cette même période que la question du nucléaire militaire nord-coréen est mise sur le tapis et que Washington entame un bras de fer avec Pyongyang pour éviter que la RPDC se dote de cette arme.) En tout état de cause, il faut préserver l’indépendance du pays quitte à recourir à une rhétorique et même à une imagerie faisant davantage appel aux démonstrations militaires.

 

Outre des conséquences pratiques et militaires, on comprend l’insuffisance du Juche à répondre adéquatement au nouveau contexte. Au fond, le Juche ne peut se comprendre que dans un cadre où la RPDC doit affirmer sa spécificité par rapport aux non-alignés et aux démocraties populaires. La RPDC doit ainsi prendre ses distances par rapport au communisme, du moins tel qu’il est professé en URSS, mais aussi en Chine populaire. La différenciation idéologique doit permettre une affirmation de son indépendance. Cependant, il ne s’agit pas d’un contexte d’isolement à proprement parler. Or, dans les années 1990, ce contexte est différent. On comprend mieux la nécessité d’un approfondissement de la doctrine officielle. Certes, le Juche affirme bien l’autonomie, mais il faut approfondir ce qui permet cette autonomie en développant ainsi son aspect militaire.

 

Ce constat pourrait constituer une objection, mais, en soi, toute doctrine est par définition contextualisée ; cela n’a rien de péjoratif. Les idées, les concepts s’insèrent toujours dans des contextes donnés. La doctrine officielle nucléaire française, par exemple, ne peut se comprendre sans la prise en compte d’un pays qui a connu deux guerres et qui a réussi à être dans le camp des vainqueurs de 1945.

 

 

L'existence précède l'essence

 

La conceptualisation donnée aux affaires militaires est donc la caractéristique du Songun. Il y eut la chose avant qu’apparaisse le mot. La première référence officielle daterait de juillet 1997 d’après un auteur anglo-saxon écrivant dans une revue sud-coréenne. Le terme se répandra au cours des années 1990 avec la fortune qu’on lui connaît. Il faut attendre l’entretien de Kim Jong-Il du 29 janvier 2003[7]. Cette prise en compte du Songun, au niveau suprême, doit être notée. La consécration constitutionnelle n’est plus très loin puisqu’en 2009, la Constitution est révisée : le terme « Songun » apparaît alors dans trois articles de la norme fondamentale.

 

Certes, il faut trouver une assise au Songun : on ne peut se fonder officiellement sur les seules circonstances de la « dure marche ». Elles sont la cause directe, mais elles ne constituent pas un événement idéal et, surtout, elles sont à proximité immédiate des années 2000. Il faut, pour cela, s’appuyer sur un événement plus éloigné : l’inspection le 25 juillet 1960 par Kim Jong-Il de la 105ème division de chars. Cette unité avait pris, au cours de la Guerre de Corée, la ville de Séoul. Cet événement n’est pas relaté dans la biographie officielle de Kim Jong-Il de 2005[8]. On pourrait ironiser sur l’existence d’une reconstitution rétroactive.

 

Certes, on affirme que le Songun provient du Juche et qu’il faut remonter à Kim Il-Sung, mais si l’on examine les démocraties modernes, le choix des dates est tout aussi postérieur à l’événement lui-même, donc nécessairement sélectif. Ainsi, en France, ce n’est que tardivement que le 14 juillet est devenu la fête nationale, et ce non sans hésitations et débats, comme le prouvèrent les débats dans les débuts de la IIIe République. Après tout, la mémoire n’est pas l’histoire. D’autres exemples pourraient être invoqués à l’appui de ce constat empirique.

 

De même, on pourrait ironiser sur le fait que le Songun soit rattaché à Kim Il-Sung au point de le faire apparaître au cours des années 1930, mais, si l’on examine les discours officiels, on comprend que c’est clairement à l’action de Kim Jong-Il que ce concept est redevable. Certes, on parle bien d’« œuvre révolutionnaire Songun inaugurée par Kim Il-Sung sur la base des idées du Juche », mais l’expression « inaugurée » est en soi assez large[9]. Ainsi, le 6 avril 2012, Kim Jong-Un déclare que Kim Jong-Il « a développé en profondeur l’idée du Président Kim Il-Sung de privilégier les armes pour en tirer les idées révolutionnaires du Songun, la théorie de la politique de Songun… »[10]. Très clairement, l’apport de Kim Jong-Il est souligné, et l’on ne tombe pas non dans la fiction d’un Songun existant originellement. La doctrine est bien rattachée à Kim Jong-Il, à son mode de gouvernement. Parler de poursuite ou d’approfondissement signifie clairement que l’on se rattache précisément à l’un des leaders de la RPDC. Certes, dans le domaine des idées politiques, il n’y a pas de création. En soi, rien ne crée, rien ne se perd.

 

Enfin, les autres principes et objectifs ne sont pas évacués. Le Songun est clairement une doctrine « insérée », au service d’autres objectifs. Ainsi, l’Armée populaire a vocation « à défendre efficacement par la force des armes la cause du Parti en troupe d’éclaireurs »[11] (p. 9). Non seulement, ce n’est pas un objectif exclusif, mais ce n’est pas une militarisation à proprement parler du régime : l’armée, la force militaire reste un moyen au service d’une fin. Le Parti du travail de Corée n’a pas été oublié, ni délaissé : l’armée lui reste soumis. Dans ce même discours, on remarque également clairement que le Juche s’applique aussi à l’armée : « l’Armée populaire doit appliquer strictement les idées et la ligne militaire Juche de notre Parti dans ses affaires militaires et politiques »[12]. Le Songun n’est donc pas une doctrine ayant un monopole exclusif d’inspiration dans les affaires militaires.

 

 

[1] « les forces armées de la République populaire démocratique de Corée ont pour mission d'appliquer la ligne de la révolution fondée sur le Songun, pour protéger la Direction de la révolution, défendre les intérêts du peuple travailleur et sauvegarder le régime socialiste et les acquis de la révolution ainsi que la liberté, l'indépendance et la paix de la patrie contre toute agression étrangère. »

[2] Cet article fait apparaître le concept de Songun de manière plus incidente en décrivant les attributions du Comité de la défense nationale. En effet, ce dernier « a le devoir et le pouvoir de (…) définir les points importants de la politique d'État visant à l'application de la ligne de la révolution fondée sur le Songun. »

[3] Éditions Démocrite, Paris, 1er janvier 2013. L’autre discours, prononcé le 6 avril 2012, a pour intitulé : « Menons à un brillant achèvement l’œuvre révolutionnaire Juche en honorant le grand camarade Kim Jong Il comme secrétaire général éternel de notre parti », éditions Démocrite, Paris, février 2013.

[4] http://naenara.com.kp/fr/news/?1+7824.

[5] Kim Il-Sung avait ainsi déclaré le 10 janvier 1972 : « la révolution ne peut être ni exportée ni importée. Les étrangers ne peuvent faire chez nous la révolution à notre place », in Les idées du Juche et la lutte du peuple coréen pour leur application, Éditions en langue étrangère, 2012, p. 81.

[6] Il est clair que l’Armée populaire a été sollicitée dans épisodes particulièrement critiques de catastrophes naturelles, comme ce fut le cas lors de l’inondation de 1995 : cf. Kim Chol-U, La politique de Kim Jong-Il : le Songun, Éditions en langues étrangères, 2008, p. 14.

[7] Kim Jong-Il, « Le Songun est une éminente ligne révolutionnaire de notre époque et la bannière de l’invincibilité de notre révolution », entretien avec les responsables du Comité central du Parti du travail de Corée, 29 janvier 2003, éditions Démocrite, octobre 2009.

[8] Biographie de Kim Jong Il, vol. 1, Éditions en Langues Étrangères, 2005, p. 72-75. Dans cette biographie officielle, on passe ainsi du 15 juillet 1960 (date où Kim Jong-Il termine ses études secondaires) au 1er septembre 1960 (date où Kim Jong-Il s’inscrit à la section d’économie politique de la faculté d’économie). Il n’y pas de référence à la visite de la 105ème division de chars datée du 25 août 1960.

[9] On peut toujours inaugurer ce qui n’est pas encore construit, si l’on examine, par exemple, les inaugurations officielles dans les différents pays…

[10] Kim Jong-Il, op. cit., p. 7.

[11] Kim Jong-Il, « Luttons ferme pour la victoire finale en portant encore plus haut l’étendard du Songun », éditions Démocrite, Paris, 1er janvier 2013, p. 9.

[12] Ibid., p. 10.

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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 16:25

Le 29 mars 2018, l'association Droit Solidarité (membre de l'Association internationale des juristes démocrates) a organisé à la Bourse du travail de Paris une conférence intitulée "La Corée entre intox et vérité", en partenariat avec le Mouvement de la Paix, l'Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre (ARAC), l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) et l'Association coréenne pour une constituante populaire. Dans un contexte marqué par les menaces continues de guerre dans la péninsule coréenne en 2017, avant que l'évolution récente de la situation internationale n'impose aux Etats-Unis de devoir prendre en compte la volonté des Coréens (du Nord, du Sud et de la diaspora) d'être maîtres de leur destin, les participants ont adopté un appel soulignant la nécessité de rendre sa souveraineté au peuple coréen, dans le respect des principes du droit international public et de la Charte des Nations unies. 

Rendre sa souveraineté au peuple coréen : retour sur la conférence à la Bourse du travail du 29 mars 2018

En ouverture des débats, l'avocat Roland Weyl, président de Droit Solidarité - a souligné que la solidarité avec le peuple coréen ne devait pas être humanitaire ni morale, mais s'exprimer en termes juridiques. Condamnant le traitement médiatique déplorable de la Corée - et singulièrement de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) - il a souligné que les Etats-Unis d'Amérique n'avaient aucune légitimité à intervenir dans la péninsule coréenne où ils ont pourtant installé au pouvoir Syngman Rhee, pas plus que dans le Pacifique Sud. Ce qui est connu comme la guerre de Corée n'est qu'une opération de police menée au nom des Nations unies, sous commandement américain :  l'absence du représentant soviétique au Conseil de sécurité des Nations unies, lorsque les Américains y ont soulevé la question coréenne en 1950, a été traitée fallacieusement par la Cour internationale de justice, saisie par les Etats-Unis, comme un vote non négatif, ce qui a créé le principe du "droit de veto", alors qu'il était prévu une prise de décision au sein du Conseil de sécurité par consensus. L'armistice ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée, le 27 juillet 1953, aurait ensuite dû être suivi d'une conférence internationale sur la réunification de la Corée. Aujourd'hui, il est possible et souhaitable, en accord avec le droit international public fondé sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, de restituer au peuple coréen (du Nord, du Sud et de la diaspora) sa souveraineté en décidant de son destin, dans le cadre de négociations entre les deux gouvernements coréens, d'une assemblée constituante ou du choix d'une constitution par référendum. L'organisation des Nations unies peut y contribuer, sur la base notamment du Chapitre VI de la Charte qui permet au Conseil de sécurité d'exercer une mission de bons offices. 

Roland Weyl debout à la tribune le 29 mars 2018

Roland Weyl debout à la tribune le 29 mars 2018

S'exprimant ensuite au nom du Mouvement de la Paix, Yves-Jean Gallas a rappelé que la guerre de Corée était inscrite dans l'ADN du Mouvement de la Paix : le refus d'utilisation des armes nucléaires au cours du conflit, comme menaçait de le faire le général MacArthur, avait été à l'origine de l'appel de Stockholm - alors que moins de dix ans plus tôt les Coréens résidant au Japon avaient payé un lourd tribut aux bombardements américains sur Hiroshima et Nagasaki. Ayant rappelé le dossier consacré par le Mouvement de la paix à la question nucléaire coréenne dans le numéro de novembre 2017 de Planète Paix, Yves-Jean Gallas a souligné que la mise en place d'un régime de sécurité collective en Asie du Nord-Est pourrait se fonder sur les principes d'Helsinki - et non l'OSCE, devenu l'outil de l'OTAN, ne respectant pas les principes d'Helsinki dont il se réclame. 

Puis Patrick Staat, membre du secrétariat national de l'ARAC, a souligné que les tensions autour de la Corée étaient fondamentalement liées à la situation géopolitique de la péninsule coréenne, entre la Chine, la Russie, le Japon et les Etats-Unis, et concentrant un nombre impressionnant de bases américaines dans la région Asie-Pacifique, reconnue comme prioritaire pour les intérêts américains. La conférence de Genève en 1954 n'a pas réglé, comme elle aurait dû, la question coréenne, à l'issue d'un conflit ayant causé quelque trois millions de morts et où les forces des Nations unies sous commandement américain ont recouru aux armes chimiques et bactériologiques. La communauté internationale a la responsabilité d'empêcher que ne survienne un nouveau conflit, en diminuant les tensions et en combattant les obsessions belliqueuses des néo-conservateurs américains. 

Lors de la discussion qui a suivi ont été évoquées les conséquences de la chute du mur de Berlin, de la fin des démocraties populaires d'Europe de l'Est et de la disparition de l'URSS sur la situation en Corée du Nord - qui a alors traversé une grave famine. Il faut ainsi appréhender la Corée au-delà des clichés véhiculés par les médias, comme le fait Patrick Maurus dans son ouvrage Les trois Corée (en n'oubliant pas la troisième Corée, chinoise), récemment publié aux éditions Hémisphères. 

Patrick Staat, membre du secrétariat national de l'ARAC

Patrick Staat, membre du secrétariat national de l'ARAC

La dernière prise de parole est revenue au représentant de l'Association coréenne pour une constituante populaire : alors que l'histoire de la Corée a été marquée par les questions de la paix et de la réunification, et de la démocratie en Corée du Sud, rendre sa souveraineté au peuple coréen, en respectant son droit à l'autodétermination, impose de rejeter toute intervention étrangère - et d'abord américaine - dans les affaires intérieures de la Corée. La Corée du Nord a développé des armes nucléaires pour faire face à la menace américaine et discuter d'égal à égal avec les Etats-Unis : l'objectif est de parvenir à un système de paix régional en faisant de la péninsule coréenne une zone exempte d'armes nucléaires. Le sommet à venir entre les Présidents Donald Trump et Kim Jong-un marquera le début (et non l'aboutissement) d'un processus tendant à garantir la paix et la sécurité collective. 

Animateur des débats qui ont suivi les exposés liminaires, Benoît Quennedey, président de l'AAFC, a souligné la nécessité de maintenir une action coordonnée entre tous les participants à la conférence, afin de pouvoir réagir rapidement et efficacement en cas de nouvelle détérioration de la situation internationale, et pouvoir ainsi peser le plus fortement possible sur l'opinion publique et les gouvernements, en France et en Occident. 

Rendre sa souveraineté au peuple coréen : retour sur la conférence à la Bourse du travail du 29 mars 2018
Rendre sa souveraineté au peuple coréen : retour sur la conférence à la Bourse du travail du 29 mars 2018
Rendre sa souveraineté au peuple coréen : retour sur la conférence à la Bourse du travail du 29 mars 2018

A l'issue de leurs travaux, les participants à la conférence ont adopté, à l'unanimité des participants, un appel à rendre au peuple coréen le droit à disposer de lui-même, dans le respect du droit international. Ils soumettent ce texte à l'approbation des organisations politiques, syndicales et de toutes les associations attachés à permettre la résolution de la question coréenne par les Coréens eux-mêmes. 

Appel à rendre au peuple coréen le droit à disposer de lui-même,
dans le respect du droit international

Face à une campagne falsificatrice qui prétend que les Etats-Unis ont imposé une négociation à la Corée du Nord, il est nécessaire de rappeler que :
- Les Etats-Unis n'ont aucun titre ni aucune qualité pour négocier quoi que ce soit dans l'Ouest Pacifique où leur présence militaire est aussi contraire au droit international que le serait celle de la Chine au large de la Californie.
- La Corée du Nord doit certes renoncer à l'arme nucléaire, comme devraient y renoncer tous les Etats qui la possèdent.
Mais il est non moins impératif de rendre au peuple coréen la plénitude de ses droits tels que proclamés par le droit international édicté par la Charte des Nations Unies, à savoir le droit de disposer de lui-même dans une participation à part entière à la communauté des peuples du monde, représentés par l'Etat qu'ils se donnent librement, sans intervention étrangère, dans leur respect mutuel et l'égalité des nations grandes et petites.
Le peuple coréen a toujours été unique sur un seul territoire, y compris après s'être libéré de l'occupation japonaise, et n'a été coupé en deux que par le jeu des grandes puissances à la suite de la conférence de Potsdam.
Cette restitution au peuple coréen de sa libre disposition dans son unité peut se faire par divers moyens qui peuvent se combiner, entre les négociations entre les deux gouvernements, la convocation d'une Assemblée Constituante et / ou le choix d'une constitution par référendum, et le Chapitre VI de la Charte donne au Conseil de Sécurité le pouvoir d'y aider en en proposant les moyens et offrant ses bons offices.
Nous estimons de notre devoir d'y aider, à la fois en combattant toutes les campagnes trompeuses, en alertant et informant au maximum notre opinion publique et en oeuvrant à ce que la France y conforme sa politique en la matière. Cela suppose d'abord que dans un premier temps elle mette fin à une discrimination qui dénie aux Coréens du Nord une représentation diplomatique égale, mais doit aussi se traduire par une action aux Nations Unies conforme à sa qualité de membre permanent du Conseil de Sécurité et plus généralement dans tous les domaines et instruments des rapports internationaux.

Appel approuvé à l’unanimité des participants à l’issue de la conférence sur la Corée à la Bourse du Travail de Paris, le 29 mars 2018, et soumis à l’approbation des organisations politiques, syndicales et de toutes les associations attachées à permettre la résolution de la question coréenne par les Coréens eux-mêmes.

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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 14:01

Le 31 mars 2018, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a tenu son assemblée générale annuelle au siège national du Secours populaire français, dans le 3e arrondissement de Paris. Alors que la nouvelle donne internationale dans la péninsule coréenne est riche d'espoirs, à la veille du troisième sommet intercoréen, les participants ont longuement débattu des risques que le processus en cours pour la paix et le dialogue ne soit confisqué par les tenants d'une ligne militariste, soulignant ainsi plus que jamais la nécessité pour l'AAFC de rester vigilante et mobilisée.

Assemblée générale 2018 : l'AAFC souligne la nécessité de prendre en compte le nouveau contexte international

Présidant les travaux de l'assemblée générale, Guy Dupré, président d'honneur de l'AAFC, a souligné en ouverture de séance la responsabilité importante qui incombe à l'association dans un contexte nouveau : depuis la main tendue au Sud du Président Kim Jong-un lors de son discours de Nouvel an 2018, la participation des athlètes nord-coréens aux Jeux olympiques de Pyeongchang qui ont défilé en commun avec leurs compatriotes du Sud et formé une seule équipe en hockey féminin, a été le déclencheur d'un processus de dialogue amené à conduire, d'ici fin mai, à la première rencontre au sommet entre un dirigeant nord-coréen et un président américain en exercice. Guy Dupré a par ailleurs rappelé les liens qui unissent l'AAFC au Secours populaire français, qui accueille une nouvelle fois l'assemblée générale de l'AAFC, dans les actions de solidarité menées en direction des populations nord-coréennes, notamment les enfants qui viennent en vacances en France dans le cadre du programme "Copains du monde". Les participants à l'assemblée générale ont décidé qu'un don de 500 euros soit fait par l'AAFC au Secours populaire pour soutenir ses actions en France et dans le monde.

Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'AAFC, a ensuite présenté le rapport d'activité 2017. Dans un contexte international marqué par la montée des tensions autour de la péninsule coréenne, il a rappelé l'engagement continu de l'AAFC pour la paix et le dialogue, en faveur desquels les instances dirigeantes de l'association se sont prononcées à plusieurs reprises et qui a donné lieu à des interpellations des candidats à l'élection présidentielle - un tiers d'entre eux ayant répondu au questionnaire de l'AAFC ayant également porté sur les relations bilatérales franco-coréennes et la situation politique en Corée du Sud. La question de la paix et de la réunification, rappelée lors de la commémoration par l'AAFC du dixième anniversaire du deuxième sommet intercoréen d'octobre 2007, a culminé avec l'organisation, à Paris, les 23 et 24 juin, d'une conférence internationale sur la Corée, à laquelle ont pris part des représentants de l'Association d'amitié Corée-France (association coréenne sœur de l'AAFC) invités par l'association française, ainsi que de douze associations d'amitié de par le monde - témoignant de l'engagement constant de l'AAFC de porter la question coréenne sur la scène internationale, quarante ans après la création du Comité international de liaison pour la paix et la réunification en Corée (CILRECO). La solidarité internationale avec le peuple coréen s'est également exprimée à l'occasion du déplacement de deux délégations de l'AAFC en République populaire démocratique de Corée : en avril (à l'initiative du comité espéranto de l'AAFC) et en août.

Sollicitée dans les médias (aussi divers que France 24, Russia Today, Initiative communiste, Monde et vie ou Planète Paix), l'AAFC a également été présente dans le domaine culturel, notamment en organisant et en soutenant la projection du film sud-coréen de Jero Yun Madame B. Histoire d'une Nord-Coréenne. L'activité de l'AAFC s'est aussi manifestée par des activités en province : une conférence sur la Corée a ainsi été organisée à Grenoble en janvier 2017, et un comité de l'AAFC a été créé dans la région Grand Est en novembre 2017. L'essor de l'AAFC en nombre d'adhérents (+ 16 % par rapport à 2016) a été parallèle à la progression de la fréquentation de son blog national (+ 30 %).

Benoît Quennedey, président de l'AAFC, a ensuite présenté le rapport d'orientation pour 2018. Il a souligné que le nouveau contexte international pouvait être l'occasion de concrétiser des projets de coopération franco-coréens nouveaux (et pour lesquels la constitution de comités thématiques constitue un outil privilégié), tout en appelant à rester vigilant face à une administration américaine versatile : le lieu, la date et le contenu du sommet Etats-Unis - Corée du Nord restent ainsi à confirmer à ce jour. Face à la persistance d'un risque de conflit qu'encourageraient les "faucons" américains, la constitution du front le plus large contre la guerre incite à toujours renforcer davantage les relations avec les organisations pacifistes et, sans exclusive, avec toutes celles et tous ceux qui refusent un nouveau conflit en Corée en se fondant sur les principes d'indépendance nationale et de non-ingérence.

Relevant les liens privilégiés qu'entretient l'AAFC avec les milieux universitaires, qu'ils soient ou non spécialistes de la Corée, et rappelant la mise en place d'un cours de langue et de civilisation coréennes en janvier 2018, il a mis en exergue plusieurs anniversaires majeurs qui marqueront l'année 2018, pour laquelle l'association devra répondre présente : le 1100e anniversaire de la fondation du royaume de Koryo, le 70e anniversaire du soulèvement de l'île de Jeju et de la fondation de la République populaire démocratique de Corée (à l'occasion de laquelle une délégation de l'AAFC se rendra en RPDC), le 65e anniversaire de la signature de l'armistice de 1953.

Après une large discussion, les rapports d'activité et d'orientation ont été adoptés à l'unanimité, de même que le rapport financier présenté par Jacky Lemeur, trésorier national de l'AAFC. Les participants ont ensuite renouvelé les instances nationales de l'AAFC (comité national et, en son sein, bureau national).

Les travaux de l'assemblée générale se sont poursuivis par une conférence sur la politique de songun, donnée par le Comité de l'AAFC d'étude des sciences politiques et sociales de la Corée, qui a rappelé comment la priorité donnée aux affaires militaires (fondement de la politique de songun) s'inscrivait dans un contexte spécifique à la RPD de Corée, et ne remettait pas en cause ni le socialisme (développé à travers les idées du Juche) comme fondement idéologique du pays, ni le principe de prééminence du Parti du travail - selon le principe que l'épée doit céder à la toge.

Les participants avaient été rejoints, à l'ouverture de la conférence, par S.E. M. Kim Yong-il, délégué général de la RPD de Corée en France, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès de l'UNESCO, accompagné de M. Jong Chang-gwon, conseiller à la délégation générale de la RPD de Corée en France.

Lors de la réception organisée par l'AAFC à l'occasion de la Fête du soleil, célébrée en RPD de Corée comme l'anniversaire de naissance du Président Kim Il-sung, fondateur du pays, Benoît Quennedey, président de l'AAFC, a observé que les avancées diplomatiques récemment opérées s'inscrivaient dans la continuité des politiques définies par le Président Kim Il-sung, développées par ses successeurs, le Dirigeant Kim Jong-il puis le Président Kim Jong-un : la réconciliation intercoréenne, comme voie vers la réunification du pays, sur la base du dialogue Nord-Sud et d'une réponse fédérale à la division de la nation coréenne ; la mise en place de capacités de défense autonomes (ayant trouvé leur expression dans la constitution en 2017 d'une capacité de dissuasion nucléaire opérationnelle), permettant aujourd'hui à la RPD de Corée de dialoguer sur un pied d'égalité avec les Etats-Unis.

S. E. M. Kim Yong-il a observé que les progrès diplomatiques récents étaient le fruit des efforts conjugués de tout le peuple coréen, du Nord comme du Sud, et non des propositions de puissances tierces. Dans ce contexte, il s'est félicité que l'offensive pour la paix et le dialogue initiée par le Président Kim Jong-un conduise, le 27 avril prochain, au troisième sommet historique Nord-Sud. Il a par ailleurs remercié l'AAFC pour son soutien constant à la cause de la nation coréenne.

Les discussions et les échanges se sont poursuivis autour d'un buffet coréen, pour la réalisation duquel l'AAFC remercie la communauté coréenne de la RPD de Corée en France.

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