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22 août 2022 1 22 /08 /août /2022 10:43

Le 19 août 2022, à l'initiative de Mme Kim un rassemblement pour la paix en Corée s'est tenu à Paris, place du Trocadéro - suscitant l'intérêt du public pour un conflit qui n'a jamais pris fin depuis l'armistice du 27 juillet 1953. Cette manifestation a été organisée à la veille de nouveaux exercices militaires américano - sud-coréens. Plus que jamais, l'Association d'amitié franco-coréenne réaffirme sa position de principe pour la paix et le dialogue, ainsi que pour la levée des sanctions qui frappent les populations nord-coréennes.

Manifestation à Paris pour la paix en Corée

A partir du 22 août 2022 les forces militaires américaines et sud-coréennes conduisent des manœuvres militaires de grande ampleur intitulées « Bouclier de la liberté Ulchi », dans et autour de la péninsule coréenne. Elles combinent les moyens de toutes les armes – notamment le recours à des bombardiers F35 – et des actions cyber, la guerre cybernétique représentant aujourd’hui l’une des menaces majeures qui pèse sur la sécurité mondiale en l’absence de toute régulation par le droit international public.

Ces exercices de guerre constituent le plus vaste déploiement de forces militaires en dehors d’un conflit armé. Ils avaient été interrompus en 2019 par le Président de la République de Corée (Corée du Sud) Moon Jae-in, en vue de favoriser le dialogue et les échanges intercoréens. Leur reprise dans un contexte marqué par une escalade des tensions, en Asie du Nord-Est et dans le monde, constitue le pire signal pour toutes celles et tous ceux qui sont épris de paix

Les manœuvres militaires menées conjointement par les soldats américains et sud-coréens sont régulièrement dénoncées par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) comme la répétition d’une invasion de la péninsule coréenne. Elles font courir un grave risque de montée des tensions, justifiant la poursuite par la Corée du Nord de son programme nucléaire et balistique. Elles interviennent cette année après des exercices militaires conduits par la Chine autour de Taïwan, signalant une dangereuse montée des tensions dans la zone Asie-Pacifique, la plus militarisée au monde.

La montée des tensions n’est pas une fatalité : il est urgent de renouer le dialogue en Asie du Nord-Est, en mettant fin à l’escalade militaire et en opérant une levée des sanctions qui frappent durement les populations nord-coréennes : c’est la seule voie crédible vers la paix et la dénucléarisation de l’ensemble de la péninsule coréenne.

Le dialogue, engagé fermement à la suite des déclarations conjointes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, permettra aux Coréens – à tous les Coréens, du Nord, du Sud et de la diaspora – de redevenir maîtres de leur destin, en vue de la réunification de leur patrie.

Toute l’initiative du rassemblement du 19 août 2022 place du Trocadéro, à Paris, en revient au cri du cœur de Kim, Coréenne mariée à un Français. Elle avait préparé lors de son précédent et récent voyage en Corée une série de panneaux légers dont les sérigraphies sont, à la coréenne, propres et clairs aussi bien pour les textes que pour les couleurs. Etait notamment présent à ses côtés Olivier, dont le timbre de stentor est impressionnant.

Après cette sensibilisation réussie, les organisateurs se sont donnés rendez-vous pour poursuivre la mobilisation, en envisageant de se retrouver autour d'un repas coréen à Paris et d'organiser de nouveaux rassemblements.

Manifestation à Paris pour la paix en Corée
Manifestation à Paris pour la paix en Corée
Manifestation à Paris pour la paix en Corée

Photos : AAFC / Dominique de Miscault

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12 juin 2022 7 12 /06 /juin /2022 19:08

Le 29 novembre 2018, Benoît Quennedey, président de l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC), était mis en examen pour « recueil, livraison d’informations à une puissance étrangère » et « intelligence avec une puissance étrangère », suite à un rapport de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Trois ans et demi plus tard, le 29 avril 2022, les juges d’instruction chargés de l’enquête ont rendu une ordonnance de non-lieu en faveur de Benoît Quennedey, suivant ainsi les réquisitions du parquet, mettant fin à une affaire qui n’a que trop duré et doit alerter chaque citoyen sur l’état des libertés en France.

Tout ceux qui ont travaillé avec Benoît Quennedey, notamment au sein de l’Association d’amitié franco-coréenne, savent à quel point les accusations portées contre lui étaient ridicules. Loin d’être un « traître », il est un citoyen qui a choisi de servir son pays, à la fois dans sa vie professionnelle et associative. Car agir pour que la France, puissance d’équilibre, renoue avec ses meilleures traditions diplomatiques (reconnaître des États, et non des régimes politiques, par exemple) c’est aussi la servir, et Benoît Quennedey, avec tous les membres de l’Association d’amitié franco-coréenne, refuse la marginalisation de son pays parmi les acteurs pouvant exercer une influence positive dans la résolution de la crise coréenne.

L’histoire de l’« affaire Quennedey » reste à écrire et elle pourrait servir de leçon.

On regrettera, pour s’en inquiéter, « la légèreté du renseignement français, qui a perdu ici toute crédibilité », comme l’a souligné son avocat. Pour ce dernier, « cette affaire est un fiasco qui a détruit la vie d’un homme pendant près de quatre ans sur la base des fantasmes de la DGSI. Pour s’en convaincre, il suffit de voir l’extrême imprécision du rapport initial transmis à la justice : à aucun moment nous n’avons su ce qui justifiait les accusations de la DGSI, rien non plus sur l’origine de ces affirmations péremptoires et fausses. » Chaque citoyen doit donc être conscient qu’il peut être soumis à l’arbitraire si ses centres d’intérêt, pourtant parfaitement honorables, ne plaisent pas ou échappent à une certaine doxa.

On regrettera aussi l’attitude de médias qu’on peut légitimement qualifier de complices. Si la presse écrite a plutôt bien fait son travail, il en va différemment dans les médias audio-visuels qui gardent, sur l’issue de cette affaire, un silence qu’on espère gêné. C’est pourtant l’émission d’une grande chaîne de télévision française qui a, en premier, jeté en pâture le nom et la photo de Benoît Quennedey, sans la moindre précaution, le 26 novembre 2018, alors qu’il venait d’être arrêté et mis au secret dans les locaux de la DGSI. Pourquoi un tel empressement à l’époque ? Pourquoi un tel silence aujourd’hui ?

En attendant les réponses à ces questions - et à d’autres -, Benoît Quennedey a été réintégré dans ses fonctions d’administrateur du Sénat et peut reprendre toutes ses activités au sein de l’Association d’amitié franco-coréenne, dont il n’a jamais cessé d’être le président bien qu’empêché. Tous les membres de l’AAFC s’en réjouissent.


 

Déclaration du bureau national de l'AAFC à télécharger

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7 avril 2022 4 07 /04 /avril /2022 11:11

A l'occasion de l'élection présidentielle française, dont le premier tour est le 10 avril 2022, l'Association d'amitié franco-coréenne a interrogé les candidats. A ce jour, seule Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière, a répondu, alors que quatre candidats à l'élection présidentielle avaient répondu à l'AAFC en 2017 (Nathalie ArthaudNicolas Dupont-AignanJean Lassalle et Philippe Poutou). Il est vrai que l'intérêt pour les questions internationales, traditionnel parent pauvre des campagnes présidentielles en France, se porte actuellement majoritairement, si ce n'est quasi-exclusivement, vers le conflit en Ukraine. Au moins, les positions des candidats sur le dossier ukrainien permettent de savoir qui sont ceux privilégiant une politique de sanctions à l'égard de la Russie, même au prix d'un impact sur l'économie française infiniment plus fort que les conséquences des sanctions prises contre la République populaire démocratique de Corée.

"Réponse de Nathalie Arthaud à l'Association d'amitié franco-coréenne

Je dois tout d'abord vous préciser qu'en tant que communiste internationaliste. Je suis opposée à toutes les frontières et à toutes les divisions entre les peuples et bien sûr à fortiori au sein d'un même peuple. C'est pourquoi je suis fondamentalement et totalement favorable à la paix et a la réunification des deux Corées. Et comme je suis par ailleurs pour le droit des peuples à disposer deux mêmes, je pense que c'est aux deux parties de s'entendre pour trouver une solution. Je ne vous cacherais pas que je reste très pessimiste dans la mesure où cette division découle de la lutte que mène l'impérialisme américain dans sa domination mondiale.

Je comprends votre souci d'obtenir du gouvernement français qu'il agisse en faveur d'une réunification bien que les chances d'y réussir soient très faibles étant donné les complicités qui lient ces deux puissances impérialistes, France et USA.

Rétablir des  relations « normales » avec la RPDC, voudrait dire commencer par supprimer tout embargo dont les premières victimes sont les populations.

Cela dit, même réunifié le peuple coréen n'en sera pas pour autant libre. Les deux dictatures actuelles peuvent s'entendre un jour mais ce sera pour une dictature unique sur un peuple unique. Seule une unité des travailleurs du Nord et du Sud contre leurs classes dirigeantes pourra en faire un peuple libre… pour peu que le reste du monde le soit aussi !!"

L'AAFC remercie Nathalie Arthaud pour sa réponse et se félicite du soutien de la candidate de Lutte ouvrière à la paix et à la réunification en Corée, même si elle se montre pessimiste, et de son opposition aux sanctions qui frappent la population nord-coréenne. La candidate fait ainsi part de ses réserves quant aux chances d'un engagement de la France, "puissance impérialiste"  liée aux Etats-Unis, en faveur du dialogue entre les deux Corée.

Il est à noter que la réunification préconisée par Nathalie Arthaud est une réunification par les Coréens eux-mêmes ("c'est aux deux parties de s'entendre pour trouver une solution"), dans la droite ligne de la déclaration inter-coréenne du 15 juin 2000.

Enfin, on peut ne pas partager l'appréciation peu nuancée de Nathalie Arthaud sur les systèmes politiques et sociaux prévalant au Nord et au Sud, notamment son souhait de ne pas faire de différences entre eux en les qualifiant l'un et l'autre de "dictatures". Cette appréciation est néanmoins conforme à la vision d'une candidate internationaliste prônant l'unité des travailleurs du monde entier "contre leurs classes dirigeantes".

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3 février 2022 4 03 /02 /février /2022 18:29

L’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC) défend, depuis sa création en 1969, la paix en Corée, enjeu vital pour la paix du monde, et l'unité du peuple coréen, divisé contre son gré à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. L'AAFC considère que les solutions aux questions posées dans la péninsule coréenne doivent être avant tout réglées par les Coréens, et par eux seuls, et que la communauté internationale doit aller dans cette direction. L'élection présidentielle française aura lieu les 10 et 24 avril 2022, et le choix des électeurs se fera en fonction de différents paramètres, dont les questions internationales. L’AAFC a donc interrogé le 27 janvier 2022 les candidats déclarés à ce jour afin de connaître leur opinion sur les questions coréennes, le président de la République étant l'acteur principal dans la politique étrangère de la France. Les premiers candidats interrogés ont été : Nathalie Arthaud, François Asselineau, Nicolas Dupont-Aignan, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse, Florian Philippot, Philippe Poutou, Fabien Roussel, Christiane Taubira et Éric Zemmour.

Les quatre questions posées aux candidats sont les suivantes :

1) Malgré l’armistice de 1953, les deux Corée sont toujours « techniquement » en guerre, et la péninsule coréenne connaît régulièrement des tensions. Alors que les médias et certains pays se plaisent à souligner le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), les exercices militaires américains menés en République de Corée (Corée du Sud) ne soulèvent aucune réprobation, alors qu’ils simulent clairement une invasion de la RPDC. Aux termes de l’article 39 de la Charte des Nations unies, de telles manœuvres peuvent pourtant être qualifiées de « menace contre la paix ». Estimez-vous nécessaire que la situation dans la péninsule coréenne soit traitée dans sa globalité et que les comportements sensibles ou intimidants d’autres acteurs – à commencer par les États-Unis d’Amérique - soient soulignés ?

2) Les sanctions adoptées contre la RPDC n’ont nullement entamé la détermination des autorités de ce pays à développer une force de dissuasion nucléaire, tout en pénalisant en premier lieu la population nord-coréenne avec un embargo privant cette dernière de certains biens essentiels. Depuis des années, ces sanctions ont démontré leur inefficacité et ne font que détériorer la situation, au risque d’une nouvelle crise humanitaire. Quelle est votre position sur les sanctions dont la RPDC fait l’objet ?

3) À l’exception de la France et de l’Estonie, tous les pays de l'Union européenne entretiennent des relations diplomatiques normales avec la RPDC. Cette situation va à l'encontre de la tradition diplomatique française, laquelle est de reconnaître des États et non des régimes politiques. Elle contribue à l'effacement de la France dans la zone indo-pacifique et à la placer à la remorque d'autres pays, alors que la France pourrait jouer un rôle moteur pour la résolution des crises. Après l'ouverture, en 2011, d’un premier bureau français de coopération à Pyongyang, comment comptez-vous faire évoluer cette situation pour normaliser les relations entre la République française et la RPDC, dans l'intérêt de la France et conformément à la pratique de ses principaux partenaires européens ?

4) Le dialogue inter-coréen reste peu connu et encouragé à l’étranger. L’AAFC soutient ce dialogue comme seule voie possible pour le règlement des différends entre Coréens et l'apaisement des tensions dans la péninsule coréenne. Comment la France peut-elle appuyer le dialogue entre les deux Corée, seul moyen de trouver une solution pérenne à la crise coréenne ?

L'Association d'amitié franco-coréenne publiera les réponses reçues.

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19 juin 2019 3 19 /06 /juin /2019 00:30

Le 15 juin 2019, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a tenu son assemblée générale annuelle au siège national du Secours populaire français, à Paris. Après les tensions de l'année 2017, l'année 2018 a connu des évolutions positives, à la fois pour les relations inter-coréenne et pour les relations entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et les Etats-Unis, validant nombre des analyses et prises de position de l'AAFC qui fête cette année son cinquantième anniversaire. Mais d'autres difficultés sont apparues, de nature à ralentir l'activité de l'association. Il apparaît donc nécessaire que les membres de l'Association d'amitié franco-coréenne restent mobilisés, en portant leur regard au-delà des obstacles du moment.

En ouverture des travaux de l'assemblée générale, Guy Dupré, président d'honneur de l'AAFC, a souligné la responsabilité importante qui incombe à l'association dans un contexte d'apaisement des tensions en Corée, après les sommets inter-coréens d'avril 2018 et septembre 2018, et les sommets RPDC-Etats-Unis de juin 2018 et février 2019. Il importe que l'AAFC fasse connaître et encourage le processus historique en cours en Corée.

Le nouveau contexte coréen valide nombre des analyses faites par l'AAFC depuis 50 ans quant à la nécessité du dialogue entre les parties en présence, en plus d'offrir des opportunités faisant plus que en plus apparaître la politique française en Corée, et plus particulièrement vis-à-vis de la RPDC, comme une anomalie, y compris au regard de ce qu'est la tradition diplomatique française (reconnaissance des Etats et non des régimes politiques).

Guy Dupré a aussi tenu à rendre hommage à Julien Lauprêtre, président du Secours populaire français, décédé le 26 avril 2019. Sous la présidence de Julien Lauprêtre, le Secours populaire français a mené dès 1999 des actions de solidarité avec la Corée du Nord, sur place (distribution de produits alimentaires et de première nécessité, mise en place de projets de santé et d’éducation...) et en France (accueil de médecins nord-coréens pour des formations dans les hôpitaux français). Le Secours populaire français a aussi encouragé les échanges culturels en accueillant des enfants nord-coréens, avec d'autres venus de tous les continents, pendant l'opération « Copains du monde » à Gravelines (Nord). Guy Dupré a rappelé les liens qui unissent de longue date l'AAFC et le Secours populaire français, lesquels ont permis d'organiser en commun plusieurs actions en direction des populations coréennes touchées par les catastrophes naturelles, comme une soirée de solidarité le 1er décembre 2007 suite aux terrible inondations de l'été précédent en RPDC.

Pour terminer son exposé introductif, le président d'honneur de l'Association d'amitié franco-coréenne a redit la confiance et l'amitié que l'AAFC porte à son président, Benoît Quennedey, sans lequel rien de ce qui a été accompli au cours des dernières années n'aurait été possible.

Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'AAFC, a ensuite présenté le rapport d'activité et d'orientation 2018-2019.

Dans un contexte marqué par l'apaisement des tensions dans la péninsule coréenne, il a rappelé les actions menées en 2018 par l'AAFC en faveur de la paix et du dialogue en Corée qu'il s'agisse d'un déplacement en RPDC, d'actions culturelles et de coopération (agriculture), ou de la participation à des événements relatifs à la Corée avec des organisations françaises ou étrangères.

A cet égard, le secrétaire général de l'AAFC a rappelé un grand symbole du nouveau climat de détente dans la péninsule coréenne : l'invitation, le 7 novembre, d'une délégation de l'AAFC par la section française du Comité consultatif pour la réunification nationale (NUAC), organisation sud-coréenne présidée par le président de la République de Corée lui-même, pour assister à une réunion s'adressant à un public composé des associations des Coréens vivant en France, dont la très officielle Association des résidents coréens en France et les Jeunes actifs coréens en France. Au cours de cette réunion, le vice-président exécutif du NUAC a encouragé les Coréens de France à « rassembler l'opinion publique » concernant la réunification, en soulignant qu'il était de leur « rôle et responsabilité » d'intervenir en ce sens, y compris auprès des autorités françaises.

Intervenir auprès des autorités françaises pour qu'elles soutiennent le dialogue inter-coréen est un des axes majeurs de l'action de l'AAFC. Dans une déclaration publique faite quelques semaines auparavant (16 octobre), l'AAFC déplorait d'ailleurs l'attitude peu constructive du Président de la République française recevant son homologue de Corée du Sud venu en Europe rechercher un tel soutien.

En 2018, l'AAFC a pu faire connaître ses positions en intervenant sur des médias audiovisuels nationaux (CNews, France 24, RT France) et locaux (Radio Primitive, à Reims), et dans revues (Un autre monde, revue de l'ONG Nord-Sud XXI, L'Incorrect,...) dont la diversité traduit bien le caractère pluraliste de l'Association d'amitié franco-coréenne. L'AAFC a pu aussi s'appuyer sur ses propres médias, qu'il s'agisse de son site Internet ou de son bulletin trimestriel. La publication du bulletin a malheureusement due être suspendue après le numéro 136 (3ème trimestre 2018), faute d'effectifs suffisants pour le rédiger, le mettre en forme, l'imprimer et l'envoyer, ce qui montre l'urgence d'une mobilisation des adhérents de l'AAFC, car rien n'est acquis!

Les adhérents de l'AAFC sont appelés à prendre toute initiative (rédaction d'articles, mise à disposition d'espaces de réunions, etc). Ils peuvent s'appuyer sur les instances nationales de l'association ainsi que sur ses comités locaux et thématiques qui ont eu une activité soutenue en 2018 et qu'il convient de développer comme un puissant relais de l'AAFC en province et auprès de divers partenaires.

Concernant les orientations à donner à l'action de l'AAFC, le secrétaire général de l'association a commencé par constater que l'Association d'amitié franco-coréenne joue un rôle dont l'importance est inversement proportionnelle à ses moyens. D'autre part, l'« exception française » à l'égard de la Corée ne saurait être une situation appelée à durer tant elle apparaît, de plus en plus, comme une anomalie dans le nouveau contexte des relations inter-coréennes et des relations entre la RPDC et les Etats-Unis.

Pour l'avenir, l'AAFC doit donc continuer de poursuivre les objectifs qui ont été définis lors de la conférence pour la paix et la réunification en Corée, tenue à Paris le 24 juin 2017, parmi lesquels la lutte contre la présentation erronée de la situation de la péninsule coréenne et les fake news véhiculées par les grands médias au sujet de la Corée.

Si des ajustements organisationnels sont aujourd'hui nécessaires pour tenir compte d'une situation complexe, les adhérents de l'AAFC doivent en faire une motivation supplémentaire pour se mobiliser, et mobiliser autour d'eux, afin de préserver l'œuvre accomplie depuis 50 ans par l'AAFC et continuer à faire vivre l'association pour que celle-ci sorte renforcée des épreuves.

Dans l'immédiat, il a été proposé

  • que l'AAFC fasse un don au Secours populaire français, pour soutenir son action en France et à l'étranger,

  • que l'AAFC adopte une déclaration pour la réunification et la paix en Corée à l'occasion du 19ème anniversaire de la Déclaration commune Nord-Sud du 15 juin 2000 ;

  • que l'AAFC participe à la réunion des associations européennes d'amitié avec la Corée qui doit se tenir à Helsinki (Finlande) le 29 juin 2019.

Après une large discussion, les rapports d'activité et d'orientation ont été adoptés à l'unanimité,

Présentant le rapport financier pour 2018, le trésorier de l'Association d'amitié franco-coréenne a mis en évidence un excédent pour la gestion 2018, après le déficit de 2017, année pendant laquelle l'AAFC avait organisé la conférence pour la paix et la réunification en Corée, un événement qui avait mobilisé une bonne partie des ressources de l'association.

Outre l'absence d'événement coûteux à organiser en 2018, l'excédent de gestion s'explique par davantage de ventes, notamment de livres, et par une bonne consolidation dans les adhésions et les abonnements au bulletin trimestriel (dont la publication est néanmoins suspendue depuis le numéro 136).

On constate également une baisse des charges. Mais, comme l'a rappelé le trésorier de l'AAFC, il faut faire face à une nouvelle situation en 2019 et le fait de dépenser peu est en fait une contrainte.

Il faudra donc lancer une grande campagne d'adhésion et de ré-adhésion à l'AAFC, car une association ne fait pas que vivre par des adhésions pour des raisons financières, mais plus simplement humaines.

Le rapport financier a été adopté à l'unanimité.

Les participants ont ensuite réélu les membres des instances nationales de l'Association d'amitié franco-coréenne (comité national et, en son sein, bureau national), lesquels, dans une période difficile, auront en charge de mener l'association vers de nouveaux succès tout en consolidant ceux déjà enregistrés.


 

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15 juin 2019 6 15 /06 /juin /2019 22:24
A l'occasion du 19ème anniversaire de la Déclaration commune Nord-Sud du 15-Juin

Réunie à l'occasion de son assemblée générale annuelle, l'Association d'amitié franco-coréenne tient à s'associer à la célébration du dix-neuvième anniversaire de l'historique Déclaration commune signée par la Corée du Nord et la Corée du Sud le 15 juin 2000.

La Déclaration du 15-Juin a été une contribution essentielle à la cause de la réunification indépendante et pacifique de la Corée - divisée contre son gré en 1945 -, aspiration légitime du peuple coréen et enjeu vital pour la paix du monde, car la Corée reste un foyer de tensions où peut toujours éclater un conflit d'ampleur planétaire.

La première rencontre des dirigeants suprêmes des deux États coréens en juin 2000, laquelle a abouti à la signature de la Déclaration du 15-juin, a été suivie d'autres rencontres au sommet, en 2007 et 2018, qui ont encore renforcé le dialogue inter-coréen et porté plus haut l'espoir d'une réunification de la Corée dans l'indépendance et dans la paix.

Il est du devoir de la France d'appuyer, par tous les moyens dont elle dispose, ce processus qui pose des bases solides pour établir une paix durable, promouvoir les échanges et favoriser la réunification entre les deux parties de la péninsule coréenne divisée. Tel est l'intérêt de la France, laquelle doit suivre, en Corée comme ailleurs, une politique indépendante.

La France reste le seul pays de l'Union européenne – avec l'Estonie – qui n'a pas de relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord). L’établissement de relations diplomatiques normales et équilibrées entre la France et les deux États coréens apparaît pourtant comme une mesure qui, en plus d’être conforme à la tradition diplomatique française, serait de nature à faire jouer à la France un rôle positif en Corée, dans l’intérêt des populations coréennes mais aussi de tous les peuples du monde.

L'Association d'amitié franco-coréenne n'aura de cesse de rappeler aux autorités françaises leur responsabilité en la matière. Pour cela, l'Association d'amitié franco-coréenne peut s'appuyer sur son expérience de cinquante ans au service de la paix et d'une meilleure compréhension entre les peuples, ainsi que sur le dévouement de ses adhérents et dirigeants, malgré les obstacles et difficultés.

 

Paris, le 15 juin 2019


 

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22 novembre 2018 4 22 /11 /novembre /2018 21:32

C'est avec beaucoup de tristesse que l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a appris la disparition d'Etienne Huchet le 31 août 2018 à Paris, à l'âge de 92 ans. Ancien rapporteur pour l'Asie au sein de la commission internationale du Parti socialiste - auparavant il avait été un militant radical, avant de rejoindre les rangs socialistes à la suite du référendum de 1969 - Etienne Huchet a oeuvré inlassablement pour la paix et la réconciliation en Asie de l'Est - au Cambodge, dont il était l'un des meilleurs connaisseurs français, mais aussi en Corée. A ce titre, sans adhérer à l'AAFC, Etienne Huchet, homme de grande valeur et de parole, était l'un de nos interlocuteurs réguliers et fidèles - abonné d'ailleurs à notre bulletin trimestriel. Nous saluons sa mémoire, en adressant nos condoléances à son épouse, Colette, à ses proches et à ses camarades. 

Etienne Huchet, au centre, avec S. E. Yun Yong-il, délégué général de la RPD de Corée en France, ambassadeur auprès de l'UNESCO, et Guy Dupré, président d'honneur de l'AAFC.

Etienne Huchet, au centre, avec S. E. Yun Yong-il, délégué général de la RPD de Corée en France, ambassadeur auprès de l'UNESCO, et Guy Dupré, président d'honneur de l'AAFC.

Né en 1926, honoré de la Croix du combattant pour sa participation à la Résistance durant la Seconde guerre mondiale (et par ailleurs chevalier de la Légion d'honneur), Etienne Huchet avait ensuite vécu six ans au Cambodge et au Vietnam entre 1950 et 1956, en tant que cadre dans une plantation d'hévéa. A son retour en France, il s'était orienté vers le secteur du BTP, faisant de la sécurité sur les chantiers l'un de ses chevaux de bataille. Elu local en Saône-et-Loire (à Saint-Vincent-en-Bresse entre 1965 et 1977, puis en tant que maire de Montret de 1977 à 1982), où il avait soutenu dans ses débuts politiques Arnaud Montebourg, Etienne Huchet était aussi l'une des voix les plus écoutées sur l'Asie de la commission internationale du Parti socialiste. Familier de Norodom Sihanouk (qu'il avait notamment rencontré à Pyongyang lors de son exil), il avait activement participé au retour à la paix au Cambodge entre 1990 et 1993 - ce qui lui vaudra d'ailleurs le titre d'officier dans l'ordre royal du Cambodge. Il avait aussi contribué à faire adhérer à l'Internationale socialiste plusieurs partis d'Asie de l'Est partageant les valeurs de la social-démocratie et du socialisme. 

C'est cette même volonté d'ouverture réciproque entre la France et l'Asie qui l'avait conduit à s'intéresser à la question coréenne, et singulièrement à la situation au nord de la péninsule. En 1986, il avait ainsi conduit une délégation du Parti socialiste en Corée du Nord, avant d'être l'un des artisans des relations entre le Parti socialiste et le Parti du travail de Corée. Dans la période la plus récente, il avait plaidé - malheureusement sans être suivi - auprès du Quai d'Orsay et du Parti socialiste pour une compréhension de la question coréenne dans sa spécificité et en respectant la souveraineté coréenne, ce qui selon lui impliquait l'établissement de canaux d'échanges et de dialogue, ainsi que l'établissement de relations diplomatiques complètes entre la République française et la République populaire démocratique de Corée, nonobstant les divergences sur la question nucléaire ou celle des droits de l'homme. Humaniste, Etienne Huchet savait mieux que d'autres qu'il faut respecter les autres cultures pour que naisse un dialogue fécond. 

L'AAFC remercie grandement Etienne Huchet pour avoir établi des contacts avec des spécialistes de l'Asie, y compris au sein du ministère des Affaires étrangères, et mis à disposition la très riche documentation qu'il avait recueillie, notamment des documents d'archives personnels. 

Photo : Alain Noguès (archives AAFC)

Sources : 

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16 novembre 2018 5 16 /11 /novembre /2018 13:01

Réuni le 15 novembre 2018, le comité national de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a décidé d'inviter en France, en octobre et novembre 2019, une délégation du Comité des relations culturelles avec les pays étrangers (lequel chapeaute les organisations d'amitié de la Corée avec les pays étrangers), qui pourrait être conduite par M. So Ho-won, président de l'Association d'amitié Corée-France - homologue coréenne de l'AAFC - et vice-président du Comité des relations culturelles avec les pays étrangers. 

L'AAFC invitera une délégation nord-coréenne en France à l'automne 2019

La visite de la délégation nord-coréenne en France s'inscrira dans la cadre de la commémoration du cinquantième anniversaire de l'AAFC, déclarée en préfecture le 30 octobre 1969 par le journaliste Raymond Lavigne, premier président de l'AAFC. Elle fera suite aux précédentes visites en France de délégations du Comité des relations culturelles avec les pays étrangers, notamment en 2009 (à l'occasion du 40e anniversaire de l'AAFC) et en 2017, dans le cadre d'une conférence internationale de Paris pour la paix et la réunification de la Corée. 

Outre une discussion approfondie sur les autres actions de coopération franco-coréenne en cours, le comité national a également débattu de l'actualité coréenne, marquée par une évolution des positions des différents acteurs : alors que les sensibilités et les approches sont multiples au sein de l'administration américaine (ce qui est un facteur d'explications, parmi d'autres, des changements de ligne de Donald Trump), la République de Corée sous la direction du Président Moon Jae-in est devenue une puissance motrice pour le dialogue et la paix, la poursuite du dialogue exigeant désormais une levée de tout ou partie des sanctions.

Dans ce contexte,  le comité national de l'AAFC a regretté - et l'avait d'ailleurs fait savoir par voie de communiqué - l'absence d'évolution de la position de la France, le Président Emmanuel Macron n'ayant pas répondu aux demandes de gestes d'ouverture formulée par le Président Moon Jae-in lors de sa visite en France et en Europe.

La situation actuelle implique, plus que jamais, de travailler avec toutes celles et tous ceux qui sont également favorables au dialogue et à la paix en Corée, que tendent à miner différentes entreprises de déstabilisation, menées notamment sur le terrain médiatique. 

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4 novembre 2018 7 04 /11 /novembre /2018 18:39

De longue date l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) s'est engagée pour la démocratisation de l'armée sud-coréenne et le recul du militarisme en Corée du Sud, y compris pour les droits des objecteurs de conscience - alors qu'au moins 20 000 jeunes hommes sud-coréens ont été emprisonnés depuis sept décennies parce qu'ils refusaient d'accomplir le service militaire, en l'absence de toute forme alternative de service civil. Coup sur coup, dans un contexte de réchauffement des relations inter-coréennes, deux décisions importantes ont été prises : le 28 juin 2018, la Cour constitutionnelle a enjoint les autorités sud-coréennes d'introduire un service civil alternatif d'ici le 31 décembre 2019 ; le 1er novembre 2018, la Cour suprême a reconnu l'objection de conscience en se prononçant contre la peine d'emprisonnement d'un objecteur qui est Témoin de Jéhovah. L'AAFC salue ces progrès majeurs, qui sont aussi le fruit de la mobilisation internationale - et notamment de la médiatisation de cas célèbres, comme celui de Lee Yeda, premier objecteur de conscience sud-coréen à avoir obtenu l'asile politique à ce titre dans le monde - en l'occurrence en France. Mais le combat ne s'arrête pas aujourd'hui, compte tenu des lourdes interrogations sur les formes alternatives de service civil, des limites posées par la Cour suprême dans sa décision du 1er novembre 2018, ainsi que des discriminations persistantes à l'égard des objecteurs de conscience. Nous reproduisons ci-après un article publié sur le site du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD) le 3 novembre 2018, faisant le point sur la portée et les limites des récentes décisions prises par la Cour constitutionnelle et la Cour suprême de la République de Corée. 

La Cour suprême de la République de Corée

La Cour suprême de la République de Corée

Dans une décision rendue le 1er novembre 2018, une majorité des juges de la Cour suprême (huit sur treize) de la République de Corée a reconnu non coupable un objecteur de conscience, témoin de Jéhovah, au titre de son refus d'effectuer le service militaire. Le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD) salue une décision majeure, tout en appelant à la vigilance sur sa portée, puisque la Cour suprême a limité sa jurisprudence aux cas où l'objection de conscience est "ferme, solide et réelle".

Avec près de 20 000 objecteurs de conscience emprisonnés depuis 1950, et 930 cas pendants devant les tribunaux, s'agissant des seuls témoins de Jéhovah pour lesquels des statistiques consolidées sont disponibles, la République de Corée enregistre le triste record d'être le pays au monde emprisonnant le plus grand nombre d'objecteurs de conscience. Le refus de reconnaître l'objection de conscience était régulièrement dénoncé par les organisations de défense des droits de l'homme comme contraire aux libertés fondamentales et aux engagements internationaux de la République de Corée, dont les autorités donnaient une interprétation infondée juridiquement de sa situation d'Etat techniquement en état de guerre (faute d'accord d'armistice signé entre les deux Corée, depuis la fin des combats de la guerre de Corée le 27 juillet 1953). Des objecteurs de conscience avaient ainsi obtenu le statut de réfugié politique dans le monde - et pour la première fois en France avec Lee Yeda.

Le 28 juin 2018, la Cour constitutionnelle - qui avait longtemps, contre toute évidence juridique, cherché à justifier sur la base de la Constitution le refus de toute forme d'objection de conscience - avait déjà opéré un revirement de jurisprudence, en déclarant anticonstitutionnelle l'absence de formes alternatives de service civil au service militaire, et en enjoignant au gouvernement de changer la loi d'ici le 31 décembre 2019. Le CILD avait salué cette décision, tout en en soulignant les limites - concernant les incertitudes sur la durée et la forme que revêtirait le nouveau service civil alternatif, l'absence de décriminalisation de l'insoumission (mais aussi, avaient relevé de nombreux juristes, de l'objection de conscience en soi), le maintien des formes de répression contre les objecteurs de conscience avant le changement de la législation et l'absence de politique de lutte contre les discriminations, très fortement ancrées socialement, à l'encontre des hommes n'accomplissant pas leur service militaire, et qui pourraient continuer à être traités comme des criminels par leurs potentiels employeurs. Un témoignage des discriminations est apporté par l'acharnement du système judiciaire sud-coréen à l'encontre du chanteur et acteur Yoo Seung-jun, interdit d'entrée en République de Corée car accusé d'avoir pris la nationalité américaine pour ne pas effectuer son service militaire. Si la décision rendue par  la Cour suprême décriminalise clairement l'objection de conscience (contrairement à la Cour constitutionnelle le 28 juin 2018), elle ne lève aucune des incertitudes et des inquiétudes mises en exergue par le CILD.

Sous ces réserves, la Cour suprême va changer la vie du requérant, Oh Seung-heon, 34 ans, marié et père de famille de deux enfants, qui avait été condamné à 18 mois de prison en juillet 2013 pour la Cour du district de Changwon pour son refus de porter les armes, et donc d'accomplir le service militaire, pour des raisons religieuses, comme d'ailleurs son père et son frère cadet, également témoins de Jéhovah. Une brochure d'Amnesty International Corée sur l'objection de conscience soulignait que les témoins de Jéhovah considèrent qu'ils naissent criminels au regard de la loi sud-coréenne.

La Cour suprême a formulé les observations suivantes à l'appui de sa décision, en mentionnant la liberté de conscience au titre des droits fondamentaux, ainsi que les valeurs démocratiques :

Obliger les objecteurs de conscience à accomplir leur service militaire en imposant des sanctions telles que des poursuites criminelles constituent une atteinte à leurs droits fondamentaux, notamment la liberté de conscience. Obliger uniformément à l'accomplissement de leurs obligations militaires et recourir à des poursuites pénales criminelles pour les sanctionner ceux qui ne satisfont pas à leur devoir [militaire] est également contraire à l'esprit de la démocratie libérale, à l'esprit de tolérance et de magnanimité. L'opinion de la majorité [des juges] est que le refus de servir militairement suivant de vrais motifs de conscience constitue l'une des raisons légitimes que la loi sur le service militaire énonce comme exception à l'application de poursuites.

Si la décision rendue est exceptionnelle, elle est toutefois limitée par des considérants selon laquelle l'objection de conscience doit être "ferme, solide et réelle", et les juges ayant émis une opinion dissidente se sont engouffrés dans la brèche en parlant de l'impossibilité selon eux d'apprécier la sincérité de l'objection de conscience. En d'autres termes, même pour le cas pourtant patent des témoins de Jéhovah, rien ne garantit que le droit à l'objection de conscience sera à nouveau reconnu, et qu'en sera-t-il des autres motifs d'objection de conscience, notamment pacifistes et anti-militaristes ? des personnes ayant changé de religion plus ou moins récemment ? du cas des conscrits (notamment issus de minorités sexuelles) victimes d'abus encore très rarement reconnus et punis ? des militants politiques refusant de porter les armes contre le Nord, dans un pays où le service militaire sert la propagande et le bourrage de crâne anti-Corée du Nord - ceux-ci étant des insoumis au sens juridique, mais pas des objecteurs de conscience ? Si la Cour suprême a assurément pris une décision qui va dans le bon sens, il serait naïf de croire que le combat juridique et politique est gagné d'avance, dans une société sud-coréenne où le militarisme reste omniprésent.

Le jour même où la Cour suprême rendait sa décision tombait le cas du footballeur Jang Hyun-soo, banni à vie de l'équipe nationale pour s'être soustrait à ses obligations militaires - car avoir été exempté du service militaire en raison de ses performances sportives ne vous exonère pas d'accomplir des périodes militaires. Et le plus triste dans l'affaire Jang Hyun-soo est sans doute le plaider coupable et les excuses présentées par l'intéressé, confirmant - si besoin était - qu'être soldat et/ou accomplir ses obligations militaires constitue toujours un devoir sacré pour la majorité de l'opinion publique sud-coréenne.

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18 octobre 2018 4 18 /10 /octobre /2018 20:28
 

Le 15 octobre 2018, à l'issue de sa rencontre avec le président sud-coréen Moon Jae-in, Emmanuel Macron a déclaré que la France « n'envisage pas d'établir des relations diplomatiques à ce stade » avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et que ces relations « sont évaluées à l'aune des progrès sur le dossier nucléaire et balistique, des relations inter-coréennes et la situation des droits de l'homme ». « C'est en fonction des évolutions qui seront constatées sur le terrain que nous envisagerons d'une part des évolutions en terme de relations bilatérales diplomatiques et d'autre part des évolutions en terme de politique des sanctions », a ajouté le président français. Ces déclarations sont dans la droite ligne de celles faites depuis au moins dix ans par le ministère français des Affaires étrangères, notamment en réponse aux questions de l'Association d'amitié franco-coréenne.

La France rate ici une troisième occasion d'établir des relations diplomatiques avec la RPDC (après 1994 et 2000). Outre son caractère parfaitement contraire à la tradition diplomatique française - qui est de reconnaître des États et non des gouvernements ou des régimes politiques -, cette attitude marque la difficulté de la diplomatie française à appréhender l'évolution de la situation en Corée, marquée par les sommets d'avril, de mai et de septembre 2018 entre les dirigeants des Corée du Nord et du Sud, et par le sommet de juin 2018 entre les dirigeants de la Corée du Nord et des États-Unis d'Amérique. Les propos d'Emmanuel Macron sont totalement décontextualisés et marginalisent un peu plus la France parmi les acteurs pouvant exercer une influence positive dans la résolution de la crise coréenne et, plus généralement, dans la zone Asie-Pacifique.

La France a voulu s'aligner sur la position américaine de « pression maximum » à l’égard de la Corée du Nord en votant toutes les sanctions économiques à l’ONU. Or, aujourd'hui, la levée des sanctions n'est pas seulement une exigence logique de réponse aux efforts déjà accomplis par la RPDC, à commencer par l'arrêt des tests nucléaires et balistiques et le démantèlement de ses sites d'essais : la levée des sanctions est une nécessité pour ne pas faire de la vie des populations la variable d'ajustement des besoins diplomatiques du moment.

Au moment où le Président Moon Jae-in effectue une tournée en Europe, il est déplorable que la France continue une diplomatie d’agressivité contre la RPDC, héritée de la période de la guerre de Corée (1950-1953). La France, dernier pays de l'Union européenne (avec l'Estonie) à ne pas reconnaître la RPDC, va jusqu'à se retrouver à contre-courant des autres pays de l'Union et, de fait, au moins officiellement, des États-Unis eux-mêmes ! Ce cavalier seul d'une France tournant le dos à ses meilleures traditions diplomatiques pour obéir aux pires logiques néo-conservatrices ne saurait toutefois être qualifié de politique authentiquement indépendante.

L'Association d'amitié franco-coréenne salue les déclarations inter-coréennes des 27 avril 2018 et 19 septembre 2018, lesquelles posent des bases solides pour établir une paix durable, promouvoir les échanges et favoriser la réunification entre les deux parties divisées de la péninsule coréenne, et appelle l'ensemble des acteurs de la communauté internationale à favoriser effectivement la mise en place d'un système de sécurité collective, corollaire indispensable à une prévention efficace des conflits, au désarmement et à la démilitarisation.

Militant depuis près de cinquante ans pour la paix et la réunification de la Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne a toujours refusé la voie de l'escalade militaire et de l'isolement de la République populaire démocratique de Corée sur la scène internationale. Aujourd'hui confortée dans ses choix pour la paix et la réunification de la Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne réitère son appel aux autorités françaises pour que la France ait - enfin - dans cette partie du monde une politique à la hauteur de son rang. Cela passe nécessairement par la prise en compte du caractère historique du processus en cours dans la péninsule coréenne, par la levée des sanctions et par l'établissement de relations diplomatiques complètes avec la République populaire démocratique de Corée.

 

Contact : M. Benoît Quennedey, président de l'AAFC - 06 87 24 93 00

Télécharger la déclaration du bureau national de l'AAFC

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