Intervention d'André Aubry Président de l'Association d'amitié franco-coréenne le 20 janvier 2012 Monsieur l’Ambassadeur, Mesdames et Messieurs, Chers Amis, Au nom de l’association d’amitié franco-coréenne, permettez-moi de vous dire tout le plaisir que j’ai à vous retrouver ici, au siège du Secours populaire français, pour vous adresser tous mes vœux de bonheur, de santé et de prospérité en cette nouvelle année 2012. Mes remerciements vont tout d’abord au Secours populaire français et à son président, mon vieux complice Julien Lauprêtre, pour nous accueillir en ces lieux symboliques des valeurs de solidarité, de fraternité et de justice sociale, qui sont notre patrimoine commun. Valeurs de solidarité en France et à l’étranger, alors que la crise économique et financière touche chacune et chacun d’entre nous. N’y a-t-il pas plus belle devise que celle du Secours populaire français, « Tout ce qui est humain est nôtre ? ». Valeurs de solidarité, aussi, avec le peuple coréen, qui sont au cœur de l’engagement de l’AAFC. A cet égard, nous avons parcouru un long chemin commun avec le Secours populaire français pour apporter une aide d’urgence aux populations coréennes, victimes de catastrophes naturelles, pendant les années de la dure marche, puis encore en 2007, lors d’une mémorable soirée de solidarité dans les salons de la présidence du Sénat. Mais la solidarité avec la Corée, c’est aussi et d’abord de combattre l’injustice qui touche le peuple coréen, frappée depuis plus de soixante ans d’une division imposée par les grandes puissances. Comment oublier que la République populaire démocratique de Corée est victime du plus vieil embargo au monde, un embargo qui frappe d’abord, sinon exclusivement, les populations ? Nous voulons tous la paix et la prospérité dans la péninsule coréenne : tel est le sens de la campagne de pétition que nous appelons toutes et tous à rejoindre, pour un traité de paix dans la péninsule coréenne en lieu et place de l’accord d’armistice de 1953. Il est temps de clore la guerre de Corée, une guerre qui n’a jamais pris fin ! Les accrochages meurtriers entre Coréens du Nord et du Sud nous l’ont, hélas, trop souvent rappelé. Pour le peuple coréen de la RPDC, la fin de l’année 2011 a été endeuillée par le décès du Dirigeant Kim Jong-il, le 17 décembre : nos pensées vont à nos amis coréens en ces moments difficiles. Il avait accueilli à Pyongyang, en 2000 et en 2007, des sommets intercoréens qui ont jeté les bases de déclarations conjointes, devenues la pierre angulaire sur la voie de la réconciliation et de la réunification. Il a engagé les voies d’une modernisation économique, dont nous voyons les fruits, même si le défi alimentaire reste une ardente priorité : lancement de la Corée du Nord dans l’aventure de la conquête spatiale, engagement du plus vaste effort de construction de logements à Pyongyang depuis la fin de la guerre de Corée, essor des nouvelles technologies dont le boom du téléphone portable ou l’essor de la conception assistée par ordinateur sont quelques-unes des facettes. La nouvelle direction coréenne s’inscrit ainsi dans la continuité des objectifs fixés par ses pères fondateurs : bâtir un pays puissant et prospère, élever le niveau de vie du peuple coréen. Comme tous les progressistes sincèrement attachés à la réunification, notamment tous ceux qui, au Sud, partagent notre objectif d’une réunification pacifique de la Corée, nous avons présenté nos condoléances à la mort du Dirigeant Kim Jong-il : le respect de l’autre est la condition première du dialogue, des échanges et de la compréhension mutuelle, qui sont les clés d’un monde plus juste. Certes, nous avons nos différences culturelles et notre propre histoire, mais l’humanité s’enrichit de ses différences : nous avons, nous, membres de l’AAFC, vocation à être un pont entre Français et Coréens, dans l’intérêt de nos deux pays et dans l’intérêt du monde. Assurez votre gouvernement et Son Excellence Kim Jong-un, Monsieur l’Ambassadeur, de la volonté sans faille de l’AAFC de tout faire pour œuvrer à la paix et à la prospérité dans la péninsule coréenne. Lors de son dernier bureau, l’AAFC a décidé de s’adresser à tous les candidats à l’élection présidentielle : nous estimons que la France doit, comme 25 autres Etats membres de l’Union européenne, établir des relations diplomatiques complètes avec la République populaire démocratique de Corée. Telle est, selon nous, la base de la confiance mutuelle. Notre histoire, entre Français et Coréens, n’est pas un récit abstrait. Au contraire, elle est faite de récits personnels qui ont façonné l’histoire de nos deux pays et de nos deux peuples. Parmi nous, les plus anciens étaient dans les cortèges du Mouvement de la paix, qui refusaient la guerre en Corée et l’usage de la bombe atomique par les Américains, dans les années 1950 à 1953. Plusieurs des nôtres ont payé de leur vie leur présence dans des manifestations qu’interdisait le gouvernement français ! Sachons honorer leur mémoire en étant dignes de leur combat, payé au prix du sang. Les causes justes sont souvent des causes difficiles. Au sein de l’AAFC, qui n’a pas dû essuyer des quolibets d’amis, de proches, de camarades parfois, parce qu’il ne s’inscrivait pas dans la pensée dominante qui impose de maintenir à l’écart la RPD de Corée ? Mais dans aucun pays au monde les embargos, les sanctions et les privations n’ont fait le bonheur des peuples. Le peuple coréen est un peuple de luttes, qui s’est libéré du joug de la colonisation japonaise, qui, au Nord, a vaillamment résisté à la superpuissance américaine. L’opiniâtreté, le courage, la fidélité aux convictions malgré les effets de mode sont des valeurs partagées du peuple coréen, de tout le peuple coréen. L’AAFC en est conscience plus que toute autre organisation, quand elle a porté le flambeau de la lutte pour les droits sociaux et la démocratie qui a triomphé du régime militaire, à un moment où le gouvernement français préférait ménager les généraux sud-coréens, contre espèces sonnantes et trébuchantes de riches contrats. L’AAFC est le fruit de ces histoires multiples, à la fois individuelles et collectives. Elles fondent nos espérances pour qu’advienne une ère de paix et de prospérité dans la péninsule coréenne. Le 15 avril, une délégation de notre association se rendra en République populaire démocratique de Corée, alors que sera célébré le centième anniversaire de la naissance de son fondateur, le Président Kim Il-sung. Comme tous nos déplacements en Corée, ce sera un voyage d’amitié et d’étude. D’amitié au sens étymologique du terme : nous sommes jumelés avec une école secondaire de Pyongyang, l’école n°1 de Moranbong, dont nous avons approvisionné les élèves en matériel, convaincus que l’éducation est le capital le plus précieux. Un voyage d’étude aussi, car les visites d’usines, de fermes ou d’espaces culturels ont un objectif concret : comprendre la situation du pays, pour engager réellement des actions de coopération, qu’elles soient économiques, sociales ou culturelles, avec tous les partenaires intéressés. L’année 2012 verra aussi des échéances électorales majeures non seulement en France, mais aussi dans le Sud de la Corée, avec les élections législatives d'avril et l’élection présidentielle prévue en décembre. Notre espoir va au succès des progressistes et de tous ceux qui souhaitent poursuivre la réunification du pays sur la voie commune tracée par les déclarations conjointes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007. Monsieur l’Ambassadeur, Mesdames et Messieurs, Chers Amis, avant de céder la parole à Son Excellence Yun Yong-il, permettez-moi de vous souhaiter à nouveau une bonne et heureuse année 2012, sous le triple signe de l’amitié franco-coréenne, de la coopération entre nos deux pays et de la paix en Corée et dans le monde. Je vous remercie. |