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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 01:09

Le 2 décembre 2014, un comité national élargi de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a organisé une table ronde à Paris à l'occasion du troisième anniversaire de la disparition du dirigeant Kim Jong-il de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), le 17 décembre 2011. Cette manifestation, qui a comporté des projections de photos et la diffusion d'un film, s'est tenue en présence de S.E. Kim Yong-il, délégué général de la RPD de Corée en France, ambassadeur auprès de l'UNESCO, et de M. Ri Ho-yong, conseiller à la délégation générale de la RPD de Corée. Elle a mis en évidence le rôle majeur joué par Kim Jong-il, président de la Commission de la défense nationale (CDN) de la RPD de Corée, dans les transformations de son pays pendant les dix-sept années durant lesquelles il l'a dirigée, de 1994 à 2011.

En ouverture de la table ronde, Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'AAFC, a rappelé que le deuil officiel dure trois années dans la culture traditionnelle coréenne : le troisième anniversaire de la disparition du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, le 17 décembre 2011, revêt ainsi une importance toute particulière.

Puis Benoît Quennedey, vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne chargé des actions de coopération, a rappelé la contribution de l'ancien dirigeant de la RPD de Corée à la définition de la politique de Songun, c'est-à-dire de la priorité donnée aux affaires militaires,  en tant que réponse spécifique apportée par la RPD de Corée aux graves difficultés rencontrées dans les années 1990. En dressant le constat que les pays qui avaient négligé la constitution d'une puissance militaire avaient dû aliéner leur souveraineté au profit des grandes puissances, les autorités nord-coréennes ont défini le rôle de l'armée, au service du peuple et du Parti, comme indispensable à l'édification d'un pays socialiste puissant et prospère. La politique de Songun s'inscrit dans le prolongement des idées du Juche, selon lesquelles l'homme est maître de tout et décide de tout - et qui font ainsi de l'indépendance le principe cardinal de toute action sociale et politique.

Guy Dupré, premier vice-président délégué de l'AAFC, a ensuite souligné la contribution du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il à la réunification de la Corée, non seulement dans le domaine théorique - dans la continuité des orientations définies par le Président Kim Il-sung, fondateur de la République populaire démocratique de Corée en 1948 - mais également sur le plan pratique, en accueillant à Pyongyang les sommets intercoréens ayant donné lieu aux déclarations conjointes Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007. En ce sens, il a ouvert l'ère de la réunification du 15 juin, basée sur les principes d'indépendance, de souveraineté et de grande union nationale définis dès la déclaration du 4 juillet 1972. La zone économique intercoréenne de Kaesong, qui a surmonté les vicissitudes de l'évolution des relations intercoréennes, apparaît comme un legs essentiel de cette phase de rapprochement Nord-Sud, hélas remise en cause par le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul en 2008.

Clôturant cette première phase d'interventions, S.E. Kim Yong-il, délégué général de la République populaire démocratique de Corée auprès de la République française, ambassadeur auprès de l'UNESCO, a mis l'accent sur les transformations économiques et sociales de la Corée à "l'ère de Songun". La construction d'une puissance économique prospère apparaît dans les choix technologiques, industriels et agricoles - l'année 2014 ayant ainsi été marquée par une production céréalière record de 5 040 000 tonnes. La contribution du dirigeant Kim Jong-il à la réunification de la Corée a traduit l'aspiration unanime du peuple coréen, du Nord, du Sud et de la diaspora, pour surmonter la division née du jeu des grandes puissances, au lendemain de la libération de l'occupation japonaise à laquelle le Président Kim Il-sung a apporté une contribution essentielle.

Après la projection d'un film documentaire de la RPD de Corée, datant de 2013 et mettant en avant les réalisations économiques et sociales récentes, les nombreux intervenants ont également souligné la contribution de Kim Jong-il à la création culturelle et artistique, la priorité accordée à la jeunesse et à l'éducation, ainsi qu'à l'élévation du niveau de santé sur la base de la gratuité des soins, tandis que les mesures économiques du 1er juillet 2002 ont témoigné de la volonté d'une ouverture accrue aux investissements étrangers pour consolider l'économie nationale.

Les participants ont exprimé le voeu de renforcer les coopérations traditionnelles entre la France et la RPD de Corée pour favoriser l'avènement d'une ère de paix et de prospérité dans l'ensemble de la péninsule coréenne.  

 

Table ronde à Paris à l'occasion du troisième anniversaire de la disparition du Dirigeant Kim Jong-il
Table ronde à Paris à l'occasion du troisième anniversaire de la disparition du Dirigeant Kim Jong-il
Table ronde à Paris à l'occasion du troisième anniversaire de la disparition du Dirigeant Kim Jong-il

Photos : Alain Noguès

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3 décembre 2014 3 03 /12 /décembre /2014 23:22

Du 26 novembre au 2 décembre 2014 un ensemble exceptionnel de manifestations publiques ont eu lieu en France à l'occasion de la visite dans notre pays d'une délégation du Conseil coréen pour les femmes requises pour l’esclavage sexuel militaire japonais (dites "femmes de réconfort"). La délégation était accompagnée, de la présidente du Conseil coréen, Mme Yoon Mee-hyang, et d'une survivante, Mme Kil Won-ok, ainsi que du professeur d'histoire japonais Hirofumi Hayashi et de Mme Yang Jing-ja, Coréenne du Japon, responsable de l'ONG Action au Japon pour la résolution de la question des "femmes de réconfort". A l'occasion de la troisième visite en France depuis un peu plus d'un an d'anciennes "femmes de réconfort" coréennes (les précédents déplacements avaient eu lieu en septembre 2013 et juin 2014), avec l'entier soutien une nouvelle fois de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), la sensibilisation de l'opinion publique internationale apparaît comme un enjeu majeur pour que les autorités japonaises reconnaissent leur responsabilité dans la réduction en esclavage de centaines de milliers de femmes et que, plus jamais, les conflits dans le monde ne s'accompagnent de violations aussi brutales des droits fondamentaux de la personne humaine. La visite de la délégation coréano-japonaise lui a également permis de rencontrer des parlementaires français et des représentants du ministère des Affaires étrangères et de la Ville de Paris, sept ans jour par jour après l'adoption d'une résolution par le Parlement européen, le 3 décembre 2007, visant à rendre justice à toutes les anciennes victimes de l'esclavage sexuel japonais.

Ce 26 novembre, la traditionnelle "manifestation du mercredi", organisée chaque semaine depuis le 8 janvier 1992 pour exiger une reconnaissance officielle par l'Etat japonais des crimes qu'il a commis à l'encontre des "femmes de réconfort", avait eu lieu à Paris, place du Trocadéro, sur le parvis des droits de l'homme. Mme Yoon Mee-hyang a pris la parole en sa qualité de présidente du Conseil coréen pour les "femmes de réconfort", en présence de Mme Kil Won-ok. Parmi les orateurs, Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'AAFC, a exprimé la pleine solidarité de l'Association d'amitié franco-coréenne avec le combat pour la justice et la dignité en faveur des anciennes esclaves sexuelles de l'armée impériale japonaise. La manifestation a continué avec une cérémonie aux chandelles, très émouvante, en face de la Tour Eiffel.

A  l'issue d'une visite exceptionnelle à Paris : justice pour les "femmes de réconfort"
Manifestation aux chandelles, le 26 novembre 2014, place du Trocadéro, en présence de Mme Kil Won-ok

Manifestation aux chandelles, le 26 novembre 2014, place du Trocadéro, en présence de Mme Kil Won-ok

Le 27 novembre, une projection au Forum des images, aux Halles, du film Murmures, témoignage poignant des anciennes "femmes de réconfort", a été suivie d'une rencontre et d'un débat avec la délégation internationale en visite en France.

Une conférence de presse a été organisée le vendredi 28 novembre, à la sortie du métro Bir Hakeim. Elle s'est tenue symboliquement à quelques pas du centre culturel japonais. Présents aux côtés d'autres membres de l'AAFC, Benoît Quennedey et Nguyen Dac Nhumai ont exprimé leur soutien au combat des femmes coréennes au micro de la télévision sud-coréenne.

Le 28 novembre 2014, à la sortie du métro Bir Hakeim

Le 28 novembre 2014, à la sortie du métro Bir Hakeim

Un moment clé des manifestations en France a été la tenue de la conférence internationale, pendant une journée, le samedi 29 novembre, dans les locaux de l'Université Paris-Diderot, en présence de plusieurs personnalités. Notamment, Hirofumi Hayashi, professeur d'histoire à l'Université de Kanto Gakuin, au Japon, a fait part de ses travaux sur la question des "femmes de réconfort", lesquels ont permis de révéler que des Françaises ont aussi été victimes des pratiques de l'armée japonaise à la fin de la Seconde Guerre mondiale en Indochine. Après les témoignages et exposés des membres de la délégation coréenne et japonaise, Brigitte van Halder, de la Fondation des anciennes dettes japonaises, a évoqué le cas des Pays-Bas dans les crimes de guerre du Japon et les actions menées pour leur résolution. Patricia Sellers, conseillère spéciale à la Cour pénale internationale et professeur à l'Université d'Oxford, a exposé l'illégalité de l’esclavage sexuel militaire japonais. Enfin, Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France, a dénoncé la permanence des violences sexuelles en temps de guerre et l'exigence de solidarité vis-à-vis des femmes qui en sont victimes. 


Les participants ont signé et fait signer la pétition en vue de réunir 100 millions de signatures pour la reconnaissance par les autorités japonaises du crime de guerre commis à l'égard des victimes d'esclavage sexuel, et pour que ces dernières obtiennent une juste réparation du préjudice qu'elles ont subi.

A  l'issue d'une visite exceptionnelle à Paris : justice pour les "femmes de réconfort"
A  l'issue d'une visite exceptionnelle à Paris : justice pour les "femmes de réconfort"
Conférence internationale, organisée à l'Université Paris Diderot le 29 novembre 2014

Conférence internationale, organisée à l'Université Paris Diderot le 29 novembre 2014

Sur l'initiative du Professeur Jean Salem, une rencontre-débat à l'Université de la Sorbonne, le lundi 1er décembre, a réuni près de 100 personnes. Le témoignage de Mme Kil Won-ok a été écouté avec respect et émotion par l'assistance, souhaitant ardemment garantir que les femmes ne soient plus les victimes d'une exploitation sexuelle indigne en temps de guerre.

Enfin, le 2 décembre, les membres de l'Association d'amitié franco-coréenne ont rencontré Mme Kil Won-ok et les membres de la délégation du Conseil coréen pour les femmes requises pour l’esclavage sexuel militaire japonais. Ils ont été touchés par le destin de Mme Kil Won-ok, née à Pyongyang, abandonnée à son sort à la fin de la guerre avant de gagner le port d'Incheon sans jamais pouvoir vivre à nouveau dans sa région natale. N'ayant pas pu avoir d'enfant, Mme Kil Won-ok a adopté un fils, dont elle est fier qu'il soit devenu pasteur. La division de la péninsule a créé un second drame pour les femmes qui, originaires du Nord ou du Sud de la Corée, ont été séparées du reste de leur famille depuis près de sept décennies. Si tous les Coréens sont unis dans le combat pour les "femmes de réconfort", c'est aussi la responsabilité des associations qui, telles que l'AAFC, luttent pour la réunification de la Corée, de permettre que les survivantes restées de l'autre côté de la DMZ puissent nourrir l'espoir de revoir leur pays natal.

A  l'issue d'une visite exceptionnelle à Paris : justice pour les "femmes de réconfort"
A  l'issue d'une visite exceptionnelle à Paris : justice pour les "femmes de réconfort"
Madame Kil Won-ok entourée de la délégation du Conseil coréen et des membres de l'Association d'amitié franco-coréenne, le 2 décembre 2014

Madame Kil Won-ok entourée de la délégation du Conseil coréen et des membres de l'Association d'amitié franco-coréenne, le 2 décembre 2014

Site Internet du Conseil coréen pour les femmes requises pour l'esclavage sexuel militaire japonais ("femmes de réconfort") : www.womenandwar.net (anglais et coréen)

 

Photos :

 

Chronique de l'affaire des "femmes de réconfort"

Janvier 1990

Yun Chung-ok, professeur de l'Université féminine d'Ewha, Corée du Sud, publie un article sur l'affaire des "femmes de réconfort" dans le journal Hankyoreh.

Juin 1990

Un représentant du gouvernement japonais nie à l'Assemblée nationale l'implication de l'Etat dans le système d'esclavage sexuel.

Août 1991

Kim Hak-soon, citoyenne sud-coréenne âgée de 68 ans, déclare publiquement qu'elle a été "femme de réconfort" de l'armée japonaise, pour protester contre les déclarations fallacieuses du gouvernement japonais. De nombreuses survivantes du système d'esclavage sexuel mis en place par l'armée japonaise vont suivre son exemple.

Décembre 1991

Kim Hak-soon et deux autres survivantes coréennes intentent un procès réclamant des excuses et des réparations officielles de la part du gouvernement japonais.

Janvier 1992

Première "manifestation du mercredi" qui se tiendra, dès lors, chaque semaine devant l'ambassade du Japon à Séoul

Découverte à la bibliothèque du ministère de la Défense du Japon de documents prouvant l'implication de l'Etat dans la mise en place et la gestion des bordels militaires de campagne de l'armée japonaise

Le Premier ministre japonais Kiichi Miyazawa présente des excuses officielles à l'occasion d'une visite en Corée du Sud. Néanmoins, le gouvernement japonais maintient sa position quant à la question des indemnisations, déclarant que toutes ces questions ont été définitivement réglées par les traités conclus après la guerre, notamment le traité de 1965 normalisant les relations entre le Japon et la Corée du Sud.

Décembre 1992

Procès des survivantes de Pusan, Corée du Sud, et des membres du Women's Labor Corps

Avril 1993

Procès des survivantes philippines

Procès de Song Shin-do, résidente coréenne au Japon

Août 1993

Le secrétaire général du cabinet japonais, Yohei Kono, admet l'implication des autorités japonaises dans le système des bordels militaires de campagne.

Janvier 1994

Procès des survivantes néerlandaises

Juin 1995

Plutôt que d'assumer ses responsabilités juridiques et de procéder à des réparations officielles, le gouvernement japonais établit un fonds privé, l'Asian Women's Fund, qui allouera de l'argent aux survivantes en guise de réparations.

Août 1995

Procès des survivantes chinoises (1er groupe)

Février 1996

Procès des survivantes chinoises (2eme groupe)

Avril 1996

Le rapport de Radhika Coomarasawamy, rapporteure spéciale chargée de la question de la violence contre les femmes, est adopté par la Commission des droits de l'homme des Nations Unies qui retient la notion de crime contre l'humanité.

Décembre 1997

Décès de Kim Hak-soon qui avait révélé son passé de "femme de réconfort" en aôut 1991.

Avril 1998

Le tribunal de première instance de Shimonoseki, Japon, reconnaît en partie la responsabilité du gouvernement japonais et lui ordonne d'indemniser les plaignantes. Cette seule victoire partielle parmi tous les procès intentés par les survivantes sera rejetée par la Cour suprême. 

Août 1998

La sous-commission pour la promotion et la protection des droits de l'homme de l'ONU adopte le rapport de Gay J. McDougall, rapporteure spéciale, exhortant le gouvernement japonais à indemniser les victimes.

Octobre 1998

Procès des survivantes de Shan-xi, Chine

Mars 1999

Le comité d'experts de l'Organisation internationales du travail (OIT) exhorte le gouvernement japonais à indemniser les victimes, estimant que l'établissement de l'Asian Women's Fundun fonds privé, n'est pas la bonne solution.

Juillet 1999

Procès de survivantes taïwanaises

Décembre 2000

Le "tribunal civil international des femmes contre l'esclavage sexuel de l'armée japonaise" se réunit à Tokyo, à l'initiative d'organisations non gouvernementales de plusieurs pays entendant protester contre l'impunité du crime

Janvier 2001

La chaîne de télévision publique japonaise NHK programme une émission consacrée au "tribunal civil international des femmes contre l'esclavage sexuel de l'armée japonaise". A la veille de sa diffusion, l'émission est largement censurée à la suite de pressions politiques, suscitant de nombreuses protestations contre NHK.

Juillet 2001

Procès des survivantes de l'île de Haïnan, Chine

Décembre 2001

Le "tribunal civil international des femmes contre l'esclavage sexuel de l'armée japonaise" rend son verdict à La Haye.

Mars 2007

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe nie l'implication du gouvernement japonais dans l'enrôlement forcé des "femmes de réconfort".

Juillet 2007

La Chambre des représentants des Etats-Unis adopte une résolution exhortant le Japon à présenter des excuses officielles aux survivantes.

Décembre 2007

Le Parlement européen adopte une résolution concernant les anciennes "femmes de réconfort", survivantes de l'esclavage sexuel de l'armée japonaise.

Le combat continue...

 

Médias régionaux français 

logo Eclaireur

"Découvrir la cuisine... coréenne", compte rendu du stage de cuisine coréenne organisé par le foyer rural de Tousson (77)dans l'hebdomadaire L'Eclaireur du Gâtinais et du Centre, 28 février 2013

LePopulaire logo

"Des étudiants sud-coréens face à l'histoire", article paru dans le quotidien régional Le Populaire du Centre, 6 juillet 2012

"Mondial 2010 : le nord, l'autre Corée", entretien avec Benoît Quennedey, président du comité Bourgogne de l'AAFC, dans le quotidien régional Le Bien Public, 5 juin 2010

"300 000 sans abris en Corée du Nord à cause des inondations", entretien avec Benoît Quennedey, AAFC, dans le quotidien régional Le Bien Public, 21 août 2007

"Secours populaire : un pont entre Fives et la Corée du Nord", article paru dans le quotidien régional La Voix du Nord, 26 juin 2008

"Secours populaire : un container part pour la Corée du Nord", article paru dans le quotidien régional Nord Eclair, 26 juin 2008

 
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3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 14:41

Du 17 au 24 septembre 2014, en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) se tenait la quatorzième édition du Festival international du film de Pyongyang. Cette manifestation culturelle qui a lieu tous les deux ans (à l'exception de l'édition 1990) est l'occasion pour le public nord-coréen amateur de cinéma de découvrir des films du monde entier, ou presque. Une délégation française, composée de Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'Association d'amitié franco-coréenne, et Pierre Beltante, président du Foyer rural de Tousson, en Seine-et-Marne (organisateur de nombreuses manifestations culturelles autour de la Corée), était présente à Pyongyang pendant cette semaine placée sous le triple signe de l'indépendance, de l'amitié et de la paix, devise officielle du Festival.

La cérémonie d'ouverture du Festival s'est déroulée le 17 septembre au Théâtre Ponghwa avec la participation des délégations et délégués des différents pays, d'artistes et de citoyens coréens, de membres des représentations diplomatiques et des institutions internationales présentes en RPDC. Y assistaient aussi Yang Hyong-sop, vice-président du Présidium de l'Assemblée populaire suprême de la RPD de Corée, Kim Yong-jin, vice-premier ministre du Cabinet, et Pak Chun-nam, président du comité d'organisation du Festival et ministre de la Culture.

Dans son discours d'ouverture, Pak Chun-nam félicita chaleureusement les festivaliers et les Coréens d'outre-mer présents, rappelant que "c'est la noble mission des cinéastes de notre temps que d'apporter une contribution au développement des relations d'amitié entre les pays, les nations, épris de justice et de vérité et contre l'inégalité, la soumission, la domination et l'intervention de toutes formes".

Furent ensuite présentés les films du Festival et les cinq membres du jury international : Mikhail Kosyrev, réalisateur, producteur et scénariste russe, Changiz Hasani, directeur général des médias internationaux de la Radio-télévision de la République islamique d'Iran, Yin Li, réalisateur chinois, François Margolin, réalisateur, producteur et scénariste français, et Ri Yang-il, professeur à l’Université d’art dramatique et cinématographique de Pyongyang.

Furent ensuite présentés les films du festival et les cinq membres du jury international : Mikhail Kosyrev, réalisateur, producteur et scénariste russe, de Changiz Hasani, directeur général des médias internationaux de la Radio-Télévision de la République Islamique d'Iran, de Yin Li, réalisateur chinois, de François Margolin, réalisateur, producteur et scénariste français, et de Ri Yang-il, professeur à l’Université d’art dramatique et cinématographique de Pyongyang.
Le jury pose en compagnie de deux charmantes Coréennes avant la cérémonie d'ouverture du 14eme Festival international du film de Pyongyang, le 17 septembre 2014. De gauche à droite : Changiz Hasani, François Margolin, Yin Li, Mikhail Kosyrev et Ri Yang-il.

Le jury pose en compagnie de deux charmantes Coréennes avant la cérémonie d'ouverture du 14eme Festival international du film de Pyongyang, le 17 septembre 2014. De gauche à droite : Changiz Hasani, François Margolin, Yin Li, Mikhail Kosyrev et Ri Yang-il.

Sortie du Théâtre Ponghwa, à l'issue de la cérémonie d'ouverture du 14eme Festival international du film de Pyongyang, le 17 septembre 2014

Sortie du Théâtre Ponghwa, à l'issue de la cérémonie d'ouverture du 14eme Festival international du film de Pyongyang, le 17 septembre 2014

La première caractéristique marquante du Festival international du film de Pyongyang c'est la grande diversité des festivaliers et des films présentés. Ce sont ainsi 92 films de 54 pays qui ont été sélectionnés pour l’édition 2014 du Festival de Pyongyang et projetés toute la semaine dans plusieurs cinémas de la ville, permettant à un maximum de cinéphiles, de RPDC et d’ailleurs, de les découvrir. En particulier, la projection, un dimanche après-midi, du film de super-héros indien Krrish 3 dans le Théâtre Ponghwa fut impressionnante, le public nord-coréen affluant, souvent en famille, s'asseyant jusque sur les marches des escaliers de l'immense salle (2 000 places), pour vibrer pendant 2h30 aux aventures du super-héros venu de Bollywood!

Des films représentatifs de la production de la RPD de Corée étaient aussi programmés toute la semaine au sein du "Korean Film Show". De quoi satisfaire la curiosité des cinéphiles venus du monde entier. Le 18 septembre, en introduction du premier film coréen projeté, La Jeune bouquetière, réalisé par Pak Hak et Choe Ik-gyu en 1972, la principale interprète de ce grand classique du cinéma de la RPD de Corée, Hong Yong-hui, évoqua avec émotion son grand honneur d'avoir été choisie, à 17 ans seulement, pour jouer le rôle de la jeune Koppun.

Pour ce qui concerne les films en compétition, 15 longs-métrages de fiction concourraient pour le Grand Prix. Ces films venaient d’Allemagne, de Russie, du Myanmar (Birmanie), de Grande-Bretagne, d’Iran, d’Italie, d’Inde, de Chine, des Philippines et du Portugal. Il y avait également 14 films en compétition dans la catégorie documentaires, court-métrages et animation. A noter, parmi les films présentés hors compétition, le film français Arrêtez-moi de Jean-Paul Lilienfeld (2012), avec Sophie Marceau et Miou-Miou, projeté le 19 septembre au Pyongyang International Cinema House.

Retour sur le 14eme Festival international du film de Pyongyang

Il n'y a pas de grands et de petits films, comme il n'y a pas de grands et de petits festivals. Le Festival international du film a ainsi été l'occasion pour les diplomates en poste à Pyongyang d'apporter un plein soutien à leurs compatriotes cinéastes dont les films avaient été sélectionnés, signe de l'importance attachée aux échanges culturels avec la RPD de Corée. On put ainsi rencontrer S.E. Roberto Colin, ambassadeur du Brésil en RPDC, lors de la projection (hors compétition) de My Father's Truck, court-métrage déjà primé dans de nombreux festivals, réalisé par le jeune et talentueux Mauricio Osaki, présent lui aussi à Pyongyang.

Par l'intermédiaire de l'Association d'amitié franco-coréenne, de jeunes réalisateurs avaient proposé trois documentaires et un court-métrage de fiction, certains déjà primés par ailleurs, au comité de sélection du Festival qui ne les a malheureusement pas retenus. Gageons que, s'ils avaient été sélectionnés, ces films auraient bénéficié du même soutien de la part de la représentation française à Pyongyang.

Le 24 septembre, lors de la cérémonie de clôture, Pak Chun-nam, ministre de la Culture de la RPD de Corée, assura que le gouvernement de la RPDC continuerait "à développer les liens d'amitié et de coopération entre les cinéastes de différents pays", disant espérer "que les festivaliers produiront davantage de films capables de contribuer au développement du cinéma national et mondial et participeront aux prochains festivals de Pyongyang avec des films magnifiques".

Puis, le Grand Prix fut décerné au film allemand My Beautiful Country, dont l'histoire se déroule pendant la guerre du Kosovo, comme en écho au sujet de la guerre et de la paix, d'une brûlante actualité en Corée. De son côté, le film chinois The Ferry remportait trois récompenses : meilleure réalisation, meilleure interprétation masculine et meilleure musique.

Remise du Grand Prix du 14eme Festival international du film de Pyongyang, le 24 septembre 2014

Remise du Grand Prix du 14eme Festival international du film de Pyongyang, le 24 septembre 2014

Rendez-vous en 2016 pour une nouvelle cure de cinéma!

 

Palmarès complet du 14ème Festival international du film de Pyongyang

(les films sont désignés par leur titre anglais figurant dans le catalogue officiel du Festival)

Grand Prix

My Beautiful Country

réalisé par Michaela Kezele (2012, Allemagne)

Prix spécial du Comité d'organisation du Festival

Singh Saab the Great

réalisé par Anil Sharma (2013, Inde)

Cinema Dream

réalisé par Hamid Shah Hatami et Ali Shah Hatami (2012, Iran)

Prix du Jury

Good Fellows

réalisé par Fereydoun Hasanpour (2012, Iran)

Prix de la réalisation

The Ferry

réalisé par Shi Wei (2013, Chine)

Prix d'interprétation masculine

The Ferry

réalisé par Shi Wei (2013, Chine)

Prix d'interprétation féminine

Vasilisa

réalisé par Anton Sivers (2013, Russie)

Prix du scénario

Bwaka

réalisé par Jun Lana (2012, Philippines)

Prix de la photographie

Fast Girls

réalisé par Regan Hall (2012, Grande Bretagne)

Prix de la musique

The Ferry

réalisé par Shi Wei (2013, Chine)

Prix de la direction artistique

Vasilisa

réalisé par Anton Sivers (2013, Russie)

Prix des effets spéciaux

Ram-Leela

réalisé par Sanjay Lella Bansali (2013, Inde)

Prix de la réalisation pour un documentaire, un court-métrage ou un film d'animation

Forget-me-not

réalisé par David Sieveking (2012, Allemagne)

Prix du scénario pour un documentaire, un court-métrage ou un film d'animation

Awangnyo Finds the Seed of Fire

réalisé par Yun Yong-gil (2012, RPD de Corée)

Prix de la photographie pour un documentaire, un court-métrage ou un film d'animation

What is the Price?

réalisé par Sergio Yunta (2012, Espagne)

 

Sources :

AAFC (dont photos)

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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 23:17

Dans son numéro de septembre 2014, le mensuel Beaux Arts Magazine (qui tire à 50.000 exemplaires) revient sur l'affaire Ahae, dans un article titré "Ahae. Faux artiste et vrai escroc". Revenant sur une "inquiétante dérive du mécénat en France", la journaliste, Françoise-Aline Blain cite l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) en apportant quelques éclairages sur le mécénat de Ahae au musée du Louvre et au château de Versailles.

 

Observant que se pose la question du financement du mécénat en France, au-delà du drame et du scandale attaché au naufrage du ferry "Sewol" que possédait Yoo Byung-eun par personnes interposées, le mensuel cite l'AAFC :

"Benoît Quennedey, vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), la première, en France, à avoir soupçonné le lien existant entre Ahae et Yoo Byung-eun, ne décolère pas : 'La baisse des crédits publics justifie-t-elle de vendre à un inconnu, au talent douteux, une réputation d'artiste ? Justifie-t-elle d'accepter tous les fonds, d'où qu'ils viennent ? A notre avis, les graves manquements à l'éthique dans le financement des musées exigent des réponses de l'administration française' ".

Pour être parfaitement honnête, c'est en France Bernard Hasquenoph, animateur du site Louvre pour tous, qui avait révélé que le photographe Ahae était Yoo Byung-eun. L'AAFC avait ensuite été la première, en France, à faire le lien avec le propriétaire du ferry "Sewol" en mentionnant par ailleurs une ancienne condamnation pour fraude et que son nom avait été mêlé à une affaire de suicide collectif. Ensuite, il est revenu au collectif de Coréens vivant en France Paris Copain le mérite d'avoir permis par leur action l'annulation de la participation de Ahae au festival des forêts de Compiègne, après qu'ils eurent écrit une lettre ouverte à Mme Aurélie Filipetti, alors ministre de la Culture.

 

Ayant poussé ses investigations, Françoise-Aline Blain n'a guère obtenu de réponse des bénéficiaires des largesses de Ahae, sinon une promesse qu'ils seraient plus vigilants à l'avenir... Mais elle nous apprend que le ministère des Affaires étrangères, sollicité, n'avait rien trouvé à redire à ces "mécénats" intéressants pour leur parrain, et que Tracfin aurait également été interrogé, sans qu'aucune mise en garde ne soit formulée.

En outre, l'AAFC rappelle que Henri Loyrette, ancien président du Louvre et qui avait été l'un des plus grands zélateurs de Ahae, a gagné des liens qu'il a noués dans cette affaire avec les officiels sud-coréens de devenir le commissaire culturel des années croisées France-Corée (2015-2016) ! Au-delà de cette inconvenante récompense, ni les diplomates sud-coréens qui ont "vendu" la marque Ahae, ni les hauts fonctionnaires français qui ont été complices de cette escroquerie n'ont été, à aucun moment, inquiétés ou mis en cause.

Affaire Ahae : "Beaux Arts Magazine" cite l'AAFC et revient sur les dérives du mécénat
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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 19:20

L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) pavoisait aux couleurs de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) lors de la manifestation qu'elle a organisée à l'occasion du 66ème anniversaire de sa fondation, le 9 septembre 1948, ce dimanche 31 août 2014 à Paris. Cette réunion était également l'occasion de revenir sur le voyage effectué au Nord de la péninsule coréenne par une délégation de l'AAFC, du 12 au 21 août 2014, afin d'apprécier la réalité concrète de la RPD de Corée et d'en tirer les enseignements pour l'action de l'association. Les membres de l'AAFC présents ont ensuite été rejoints par S.E. Kim Yong-il, délégué général de la RPD de Corée auprès de la République française, ambassadeur auprès de l'UNESCO, ses collaborateurs et leurs familles - qu'ils remercient pour leur contribution appréciée au banquet franco-coréen qui a clos la réunion.

Selon le proverbe coréen, mieux vaut avoir vu une fois qu'entendu parler cent fois. C'est avec cette maxime en tête que huit membres de l'AAFC ont visité la RPD de Corée du 12 au 21 août 2014, afin de se forger leur propre opinion, loin des clichés et des préjugés négatifs qui accablent trop souvent la République populaire démocratique de Corée dans les médias occidentaux et, singulièrement, français. Ils ont également mis l'accent sur les actions de coopération réalisées ou discutées à l'occasion des visites réalisées sur place et des rencontres avec différents interlocuteurs - dans les domaines notamment de l'autosuffisance alimentaire, de l'architecture et de l'apprentissage du français.

Si des difficultés persistent - comme en témoignent encore les coupures de courant ou les véhicules en panne le long des routes - dans un pays toujours soumis à un des plus vieux embargos au monde, la réalité qu'il a été donné à voir aux membres de l'AAFC est celle d'un pays en pleine mutation, qui a mis l'accent sur la jeunesse, l'éducation et les loisirs. Pour ceux qui avaient pu visiter le pays auparavant, les signes d'amélioration sont tangibles, et témoignent de l'attention accordée à l'élévation du niveau de vie de la population. Sous la direction du Maréchal Kim Jong-un, la RPD de Corée a notamment rénové le camp de vacances international pour les enfants de Songdowon, près de Wonsan, dont la réussite donne corps à la maxime selon laquelle la jeunesse nord-coréenne n'a "rien à envier au monde".

Dans un exercice polyphonique, chacun des huit participants au voyage a livré ses impressions, avant de répondre aux questions de la salle - sur des sujets aussi divers que la perception par les Nord-Coréens des événements internationaux en cours (notamment en Ukraine et à Gaza) ou les inégalités sociales. Deux albums de photos prises par Alain Noguès, cofondateur de l'agence Sygma, lors de son dernier voyage en RPD de Corée en juillet-août 2013, et un diaporama de photos prises en août 2014 illustraient concrètement ce qu'a vu la délégation de l'AAFC, tandis qu'étaient proposés à la vente des livres, des DVD, des insignes, des timbres et des pièces de monnaie. L'AAFC a également continué à faire signer la pétition pour un traité de paix en Corée, en lieu et place de l'accord d'armistice qui a mis fin aux combats de la guerre de Corée (1950-1953). Des magazines et des publications sur la Corée apportés par les membres de la délégation générale de Corée en France, étaient par ailleurs mis à la disposition des participants.

A l'issue de la réunion, les participants ont été rejoint par S.E. Kim Yong-il, ses collaborateurs et leurs familles à l'occasion du 66ème anniversaire de la fondation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le 9 septembre 1948.

Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC chargé des actions de coopération, a rappelé que la création de la RPDC n'était pas seulement une étape dans la division de la péninsule quelques mois après la proclamation de la République de Corée au Sud, mais aussi un acte fondateur qui prenait appui sur la résistance antijaponaise animée notamment par le Président Kim Il-sung et les mesures prises par les gouvernements populaires révolutionnaires qui avaient été mis en place en Mandchourie - dans les domaines de la réforme agraire, de la nationalisation des grands moyens de production, de l'éducation et de l'égalité entre les hommes et les femmes.

S.E. Kim Yong-il a remercié l'AAFC pour son soutien constant à la lutte du peuple coréen pour l'édification du socialisme et la réunification de la péninsule, dans la continuité de l'action initiée par le Président Kim Il-sung, poursuivie par le Dirigeant Kim Jong-il et aujourd'hui menée par le Maréchal Kim Jong-un. Il a souligné les efforts accomplis par les autorités du Nord en vue du rapprochement intercoréen, et qui se matérialiseront notamment par la participation d'athlètes du Nord aux prochains Jeux asiatiques qui auront lieu à Incheon, au Sud - et ce, malgré les nouvelles manoeuvres militaires américano - sud-coréennes qui constituent un très mauvais signal pour la paix dans la péninsule.

Les échanges et les discussions se sont poursuivis autour d'un buffet franco-coréen.

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24 août 2014 7 24 /08 /août /2014 10:34

Du 12 au 21 août 2014, une délégation de huit membres de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) conduite par Benoît Quennedey, vice-président chargé des actions de coopération, a visité la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), en se rendant à Pyongyang, Wonsan et Kaesong, ainsi que dans la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corée. Les participants tiennent à remercier leurs guides, Mme Jong Un-a, secrétaire générale de l'association d'amitié Corée-France (AACF), homologue de l'AAFC, et Mme Yun So-hyong, et leur chauffeur, M. Kim Song, ces deux derniers travaillant également au Comité des relations culturelles avec les pays étrangers (dont relève l'AACF), pour leur parfaite disponibilité et, comme toujours, leur grand professionnalisme, qui ont permis l'excellent déroulement de cette visite. Ce déplacement a permis de faire avancer concrètement un certain nombre de projets de coopération franco-coréens en rencontrant les responsables des institutions coréennes concernées. Il a également mis en lumière la priorité donnée par la RPDC du Maréchal Kim Jong-un à la jeunesse, à l'éducation et aux loisirs, ce que reflètent en particulier les nouveaux bâtiments inaugurés - dans la continuité des observations recueillies sur place par l'AAFC lors de ses visites de juillet-août et septembre 2013.

Voyage en RPDC d'août 2014 : la jeunesse, l'éducation et les loisirs au premier rang des priorités

Fondée en 1969, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a pour but le développement des relations de coopération et de solidarité entre la France et l'ensemble de la péninsule coréenne, convaincue que la pleine insertion de la RPD de Corée sur la scène internationale est le meilleur garant non seulement de la réunification de la péninsule, mais aussi de la paix et de la prospérité dans cette partie au monde, la dernière au monde où la guerre froide n'a jamais pris fin - comme l'a rappelé la visite de sa délégation dans la zone démilitarisée qui sépare les deux Corée, le 19 août 2014, au lendemain du lancement des exercices militaires annuels américano - sud-coréens Ulji Freedom Guardian qui, en attisant les tensions, éloignent malheureusement toujours davantage la perpective d'une paix durable en Asie du Nord-Est. Les visiteurs ont réitéré la position de l'AAFC en faveur d'un traité de paix dans la péninsule coréenne, en lieu et place de l'accord d'armistice, lors de la visite effectuée dans la DMZ.

 

La délégation de l'Association d'amitié franco-coréenne a discuté des actions qu'elle a menées et de ses projets avec le nouveau président de l'Association d'amitié Corée-France, M. Kim Jin-bom, parfaitement au courant des activités de l'AAFC. Elle a remis une donation au Comité coréen de solidarité avec les peuples du monde : les sommes, recueillies grâce à la générosité des adhérents de l'AAFC, ont permis l'achat d'engrais afin d'aider les Coréens à retrouver l'autosuffisance alimentaire - dans un pays dont seulement un sixième des terres sont arables, et gravement éprouvé par les catastrophes naturelles (sécheresses, inondations) des années 1990.

Toujours dans le domaine agricole, des semences de betterave ont à nouveau été remises à l'Institut d'agriculture. Une discussion a été engagée avec les responsables de l'Institut à partir des résultats des expériences menées grâce aux semences données lors des précédentes visites de l'AAFC.

L'éducation constitue un deuxième volet majeur des actions de coopération de l'AAFC. Un vidéoprojecteur a été remis à l'école n° 1 de Moranbong, à Pyongyang, avec laquelle est jumelée l'AAFC. Le spectacle donné par les enfants, de grande qualité, a témoigné de l'importance accordé au développement des disciplines artistiques. Les membres de la délégation ont pu rencontrer les élèves : quelques jours avant la reprise des cours, beaucoup d'entre eux choisissent de suivre les cours renforcés donnés par les enseignants.

A l'école n° 1 de Moranbong, à Pyongyang
A l'école n° 1 de Moranbong, à Pyongyang

A l'école n° 1 de Moranbong, à Pyongyang

S'agissant de la formation et de la recherche universitaires, la délégation a visité l'Université Kim Il-sung, à qui elle soumis un projet d'échanges avec la France. Des dons de livres ont été effectués aux départements de français de l'Université Kim Il-sung et de l'Université des langues étrangères de Pyongyang, aux élèves de français du lycée des langues étrangères de Pyongyang ainsi qu'aux principales institutions d'architecture de la capitale (Institut Paektusan, Institut d'urbanisme de Pyongyang et Université d'architecture de Pyongyang). Les ouvrages seront préalablement exposés dans le cadre de la prochaine foire de Pyongyang du livre scientifique et technique.

 

Par les contacts qu'elle a noués de longue date avec des chercheurs et professeurs français et lors de rencontres organisées à l'occasion de ses précédentes visites en RPDC, l'AAFC avait préparé le déplacement à Pyongyang - à l'automne 2013 - d'une délégation d'universitaires français et européens spécialistes de la Corée. En août 2014, la délégation de l'AAFC a à nouveau visité l'Institut Paektusan et elle a rencontré les professeurs de l'Université d'architecture de Pyongyang. Avec ces derniers, elle a discuté, en coordination avec le Centre d'études sur la Corée (CEC) de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), des conditions d'un prochain déplacement en France d'une délégation de professeurs d'architecture, à laquelle l'AAFC apportera son soutien.

Rencontre avec les professeurs de l'Université d'architecture de Pyongyang
Rencontre avec les professeurs de l'Université d'architecture de Pyongyang

Rencontre avec les professeurs de l'Université d'architecture de Pyongyang

La visite coïncidait avec l'anniversaire de la Libération de la Corée de l'occupation japonaise, le 15 août 1945 : ce jour-là, l'Association d'amitié Corée-France a offert un banquet aux membres de la délégation de l'AAFC, qui ont à leur tour invité à dîner, le 20 août, leurs guides et le directeur du département Europe du Comité coréen de solidarité avec les peuples du monde.

 

Dans l'ambiance festive qui a marqué les cérémonies de l'anniversaire de la Libération, les réalisations récentes en matière d'éducation et de loisirs sont apparues impressionnantes : le 15 août, la délégation s'est rendue le matin au parc aquatique Munsu, inauguré en octobre 2013, puis le soir au parc d'attraction de l'île Rungra, qui a ouvert ses portes en 2012. Après les difficultés rencontrées pendant la "dure marche" des années 1990, la RPD de Corée dirigée par le Maréchal Kim Jong-un depuis décembre 2011 a mis l'accent sur l'avènement d'une société de loisirs - qui ne se limite pas à Pyongyang, même si la capitale nord-coréenne est aujourd'hui la ville la mieux équipée du pays, comme en témoignent notamment le parc d'attraction et la patinoire en plein air de Wonsan, sur la côte Est, où a séjourné pendant deux jours la délégation de l'AAFC.

Le parc aquatique Munsu

Le parc aquatique Munsu

A Wonsan, le camp de vacances international des enfants de Songdowon, récemment rénové, offre un cadre pédagogique et de loisirs qui témoigne de la priorité accordée à la jeunesse. La ville côtière, avec ses plages fréquentées par des familles dont certaines font le trajet depuis Pyongyang, s'affirme en RPD de Corée comme l'équivalent des stations balnéaires de la mer Noire pour les Russes.

Enfants sur la plage de Wonsan

Enfants sur la plage de Wonsan

Les nouveaux équipements de loisirs relèvent également d'une réflexion des autorités nord-coréennes sur l'organisation de la vie sociale et professionnelle : de même qu'en France l'instauration des congés payés sous le Front populaire puis l'émergence d'une société de loisirs durant les Trente glorieuse ont été les fruits de la croissance économique et des changements sociaux, la RPD de Corée mène de front la distribution des fruits de la croissance et la modernisation de son appareil productif - à cet égard, l'usine textile Kim Jong-suk, à Pyongyang, visitée par la délégation de l'AAFC, fait figure de modèle. Les dortoirs qui y ont récemment été créés pour les jeunes ouvrières célibataires, qui travaillent par cycles de huit heures, visent à éviter que ne s'ajoutent aux journées de travail de longs trajets entre le domicile et l'usine.

L'usine textile Kim Jong-suk, à Pyongyang

L'usine textile Kim Jong-suk, à Pyongyang

Les dortoirs de l'usine textile Kim Jong-suk ont été construits par l'Armée populaire de Corée, comme de nombreux autres équipements publics. L'armée nord-coréenne joue non seulement un rôle de protection du pays, mais constitue également un agent économique qui partage une communauté de destin avec la population civile, dans la recherche d'une symbiose entre l'armée et la population. Inauguré en juillet 2013 à l'occasion du 60e anniversaire de l'armistice - en présence notamment de représentants de l'AAFC - l'esprit de défense nationale est entretenu notamment au Musée de la Guerre de Corée - célébrée au Nord de la péninsule comme une victoire contre l'impérialisme américain, qui n'avait pas réussi à l'emporter sur un théâtre d'opérations extérieures pour la première fois de son histoire. Alors que le navire espion américain Pueblo, capturé en 1968, est désormais amarré à proximité du nouveau musée, les armes prises sur l'armée américaine et d'autres armées occidentales depuis la signature de l'armistice en 1953 sont exposées dans une section en plein air du musée : si les soldats ont été rapatriés, les armes ainsi récupérées constituent autant de trophées qui soulignent la volonté farouche de la RPDC de sauvegarder son indépendance nationale conquise de haute lutte.

Musée de la guerre : des soldats américains arrêtés le 17 mai 1963, et les débris de leur appareil

Musée de la guerre : des soldats américains arrêtés le 17 mai 1963, et les débris de leur appareil

Un ensemble de bronze monumental à l'entrée du Musée de la guerre de Corée s'élance devant la silhouette de l'hôtel Ryugyong.

Un ensemble de bronze monumental à l'entrée du Musée de la guerre de Corée s'élance devant la silhouette de l'hôtel Ryugyong.

Voyage en RPDC d'août 2014 : la jeunesse, l'éducation et les loisirs au premier rang des priorités
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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 21:08

La République de Corée (Corée du Sud) est le seul pays membre du G20 qui n'a pas officiellement réagi à l'opération Bordure protectrice conduite par Israël, ce qui démontre les limites de la puissance diplomatique de la Corée du Sud - cette dernière ne se donnant toujours pas les leviers d'influence nécessaires à ses légitimes ambitions sur la scène internationale. Néanmoins, Séoul a une longue tradition de coopération militaire avec Israël, héritée de la longue période où les généraux étaient au pouvoir à Séoul. Dans ce contexte, le 31 juillet 2014, l'antenne sud-coréenne d'Amnesty International a demandé aux autorités de Séoul de "suspendre urgemment ses transferts d'armes vers Israël" jusqu'à ce que l'Etat hébreu "cesse de commettre de graves atteintes aux droits de l'homme". Amnesty International a également lancé une pétition pour que l'Etat d'Israël cesse d'attaquer les civils palestiniens à Gaza.

Amnesty International Corée demande à la Corée du Sud de suspendre ses ventes d'armes à Israël

Il y a une longue tradition de refus de l'usage aveugle de la violence par l'armée israélienne parmi les militants pacifistes et des droits de l'homme en Corée du Sud. Alors que l'opération Bordure protectrice a entraîné plus de 1.300 morts et 7.500 blessés depuis son déclenchement le 8 juillet 2014, Amnesty International Corée a demandé, dans une lettre remise le 31 juillet au ministre des Affaires étrangères M. Yun Byung-se, que le gouvernement sud-coréen cesse ses livraisons d'armes à Israël. Selon l'ONG, les ventes d'armes sud-coréennes à Israël depuis 2008 ont atteint 22,7 milliards de won (soit 22 millions de dollars) - des armes dont les victimes à Gaza sont, pour 78 % d'entre elles, des civils, parmi lesquels 21 % d'enfants. La République de Corée (du Sud) est le 10ème fournisseur d'armes à Israël. Les Etats-Unis, dont la Corée du Sud est l'un des alliés les plus proches en Extrême-Orient, sont le premier fournisseur d'armes à Israël.

Les branches locales d'Amnesty International à Taïwan et en Thaïlande ont également adressé des lettres demandant la suspension des fournitures d'armes à Israël aux représentations diplomatiques sud-coréennes à Taipeh et Bangkok.

Mme Kim Hee-jin, secrétaire générale d'Amnesty International Corée, a rappelé que la République de Corée est signataire du traité sur le commerce des armes, qui interdit l'usage d'armes telles que les missiles, les tanks et les armes de poing contre les populations civiles. Alors que la Corée du Sud a l'obligation de rendre compte des exportations de ces armes conventionnelles, Mme Kim Hee-jin s'est dite profondément préoccupée que la Corée du Sud fournisse de telles armes à Israël pour tuer des civils innocents.

Kim Hee-jin, secrétaire générale d'Amnesty International Corée

Kim Hee-jin, secrétaire générale d'Amnesty International Corée

La campagne de signatures d'Amnesty International Corée contre la livraisons d'armes à Israël par la Corée du Sud et pour que cessent les attaques contre les civils en Palestine a déjà réuni 1.400 signatures, l'objectif étant d'atteindre 10.000 signatures.

L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) soutient pleinement la campagne menée par Amnesty International Corée. Elle appelle les autorités sud-coréennes à se conformer à leurs obligations internationales en cessant les livraisons d'armes à Israël, alors que l'armée israélienne a déjà tué plus de 1.300 Palestiniens, dont de nombreux enfants.

Sources :

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20 juillet 2014 7 20 /07 /juillet /2014 15:39

Alors que l'Europe célébre le centième anniversaire du déclenchement de la Première guerre mondiale pour refuser la guerre comme mode de règlement des conflits entre Etats, des étudiants sud-coréens ont visité la France et l'Europe et ainsi rappelé que, dans la péninsule coréenne où aucun traité de paix n'a été signé depuis l'armistice de la guerre de Corée en 1953, agir pour la paix reste d'une brûlante actualité. Militant pour la conclusion d'un traité de paix en Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a participé à l'organisation d'une rencontre des étudiants avec Mme Kil Won-ok pour protester contre l'utilisation des femmes comme armes de guerre, ainsi que d'autres visites à Paris. Grâce à Liliane Boussel, correspondante régionale de l'AAFC en Limousin, les participants du voyage pour la paix "Rêve de papillon" ont aussi pu visiter Oradour-sur-Glane en présence de Camille Senon, une des dernières rescapées du massacre. Un compte rendu a été publié le 27 juin 2014 sur le site de France 3-Limousin, ainsi qu'un reportage de Rahabia Issa, Anthony Borlot et Bastien Boulesteix.

Voyage en Europe d'étudiants coréens pour la paix

Ils étaient 48 étudiants sud-coréens, accompagnés de 2 Japonais, pour comprendre le martyr d'Oradour-sur-Glane et rendre hommage aux 642 victimes, le 10 juin 1944, de la division SS Das Reich. Alors que l'occupation japonaise de la Corée (1910-1945) et la guerre de Corée (1950-1953) ont donné lieu à des massacres d'une violence inouïe, se souvenir du massacre d'Oradour-sur-Glane est emblématique des valeurs du combat universel pour la paix.

Les étudiants et leurs accompagnateurs ont visité le centre de mémoire puis l'ancien village, dont les ruines ont été conservées pour perpétuer le souvenir des violences commises par l'occupant nazi.

Ils ont été guidés par Camille Senon, survivante du tramway d'Oradour-sur-Glane, qui a fait partie des quelques personnes rentrées assez tard de Limoges pour échapper au massacre mais pour, hélas, découvrir l'horreur du village en feu et de la disparition de sa famille. La jeune femme, devenue après la guerre militante politique et syndicale, a fait de la recherche des responsabilités de ce qui s'est passé le combat d'une vie. 

Principale source :

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4 juillet 2014 5 04 /07 /juillet /2014 14:54

Le 30 juin 2014, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) était réunie, comme tous les ans, à l'occasion du mois de solidarité avec le peuple coréen (25 juin-27 juillet, dates de début et de fin de la guerre de Corée), coïncidant cette année avec le vingtième anniversaire du décès du Président Kim Il-sung (8 juillet 1994). En présence des diplomates de la délégation générale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en France, les responsables de l'AAFC ont évoqué l'action du Président Kim Il-sung en faveur de la réunification de la Corée, une question de justice pour le peuple coréen et de paix pour le monde entier.

 

S'exprimant en premier, Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC en charge des actions de coopération, a rappelé que, le 7 juillet 1994, soit un jour avant sa disparition, le Président Kim Il-sung signait un document préparatoire à un futur sommet intercoréen qui aurait marqué un tournant décisif sur la voie de la réconciliation et de la réunification de la péninsule coréenne. Les événements en ont décidé autrement, et l’attitude des autorités sud-coréennes après la disparition du Président Kim Il-sung a alors reporté sine die toute perspective de sommet intercoréen. 

 

Benoît Quennedey a souligné que la contribution du Président Kim Il-sung à la réunification de la Corée, selon des propositions qu’il a formulées très tôt, dès le lendemain de la libération de la Corée en 1945 (voir ci-dessous), forment un corpus homogène qui a fondé, et détermine toujours, la position nord-coréenne dans les relations intercoréennes.

 

Si, côté Sud, la volonté de dialogue et ses modalités ont oscillé au gré des changements de régimes et de dirigeants, la République populaire démocratique de Corée témoigne pour sa part d’une constance quant à l’objectif de la réunification et les moyens d’y parvenir. L’ensemble des déclarations intercoréennes conclues depuis 1972 obéissent aux mêmes principes : réunification pacifique et indépendante de la Corée, par les Coréens eux-mêmes, transcendant les différences de systèmes existant au Nord et au Sud. 

 

C'est sur la base de ces principes que ce sont tenus, à Pyongyang, les sommets Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007, écrivant ainsi une nouvelle page dans l’histoire des relations intercoréennes. Ces sommets ont jeté les bases d’une coopération et ont permis l’engagement d’un processus graduel de rapprochement, impliquant, dans un premier temps, des échanges accrus dans certains domaines, notamment économiques, la confiance peu à peu instaurée devant ensuite permettre de progresser plus avant sur la voie de la réunification.

 

Toute l'histoire du rapprochement intercoréen enseigne qu’il faut négocier avec ses partenaires tels qu’ils sont, et non tels qu’on voudrait qu’ils soient, a dit en conclusion Benoît Quennedey. C’est ce à quoi s’emploie l’Association d’amitié franco-coréenne, fondée en 1969, en œuvrant à la conclusion d’un véritable traité de paix et en encourageant les échanges bilatéraux de manière à briser le cycle sans fin des tensions et des sanctions, néfaste à la paix et à la prospérité dans la péninsule coréenne.

 

Prenant ensuite la parole, S.E. Kim Yong-il, délégué général de la RPD de Corée en France et ambassadeur de la RPDC auprès de l'UNESCO, a aussi souligné l'action continue du Président Kim Il-sung en faveur de la paix et de la réunification de la Corée. A cet égard, le délégué général a annoncé la dernière initiative en date de son pays, la proposition faite, le jour même, par la Commission de la défense nationale de la RPDC aux autorités de Corée du Sud de mettre fin aux hostilités entre les deux pays, en suspendant notamment les exercices militaires américano-sud-coréens annuels prévus au mois d'août.

Puis Patrick Kuentzmann, secrétaire général de l'AAFC, est revenu sur l'injustice historique que représente pour le peuple coréen la division de son pays après la libération de 1945, et l'enjeu que constitue la réunification de la Corée pour la paix, dans la péninsule coréenne, bien sûr, mais aussi dans le monde.

 

La division de la Corée, annexée par le Japon en août 1910, est ainsi un processus largement initié par les grandes puissances, vainqueur de la Seconde Guerre mondiale : en novembre 1943, le document final de la Conférence du Caire, réunissant le président américain Franklin Roosevelt, le Premier ministre britannique Winston Churchill et le chef du gouvernement de la République de Chine Tchang Kai-chef, stipule que « la Corée deviendra libre et indépendante le moment venu », sans davantage de précisions. Le 15 août 1945, la Corée est libérée du joug japonais mais aussitôt divisée en deux zones pour désarmer les troupes japonaises, les Etats-Unis choisissant arbitrairement, sans que l'URSS s'y oppose, le 38eme parallèle. Les Etats-Unis ne débarquent eux-mêmes en Corée que le 8 septembre 1945, instaurant au Sud un « gouvernement militaire de l'armée des Etats-Unis en Corée » (USAMGIK), alors que le Comité populaire provisoire est déjà établi au Nord. Au Sud, les élections séparées du 10 mai 1948, organisées à l'instigation des Etats-Unis, aboutissent à la création de la République de Corée le 15 août 1948, à laquelle répond, au Nord, la fondation de la République populaire démocratique de Corée le 9 septembre suivant.

 

De 1945 à 1950, année du déclenchement de ce qu'il est convenu d'appeler la guerre de Corée, les affrontements intercoréens le long de l'artificielle frontière du 38eme parallèle font près de 100 000 victimes. En 1953, les combats de la guerre de Corée prennent fin sur un simple cessez-le-feu, et la péninsule coréenne reste donc techniquement en état de belligérance. Aujourd'hui, les Etats-Unis stationnent toujours près de 30 000 soldats en Corée du Sud et y mènent régulièrement des exercices militaires dirigés contre le Nord.

Répondant ensuite aux questions des membres et sympathisants présents de l'Association d'amitié franco-coréenne, les responsables de l'AAFC et les représentants de la RPDC ont à nouveau souligné l'importance d'une réunification indépendante et pacifique de la Corée pour la paix mondiale, alors que l'Asie orientale devient une priorité pour les Etats-Unis dans leur stratégie visant à contrer la montée en puissance de la Chine.

 

Le certain désintérêt, voire la crainte (en raison de son coût), d'une partie des citoyens sud-coréens face à une éventuelle réunification de la Corée a été mis sur le compte d'une confusion entre une réunification « à l'allemande » - en fait, l'absorption d'une partie par l'autre - et la réunification de la Corée telle que l'envisageait le Président Kim Il-sung et réaffirmée au plus haut niveau des deux Etats coréens dans les déclarations du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007 : un Etat, deux systèmes, une coopération étendue dans tous les domaines.

 

Pour l'Association d'amitié franco-coréenne, il ne fait aucun doute que le peuple coréen peut être à la pointe de l'innovation politique, comme il sait déjà être à la pointe de l'innovation technique : les Coréens du Nord, du Sud et d'outre-mer disposent des ressources nécessaires pour réunifier, par leurs propres efforts, leur pays, selon un modèle original, réparant ainsi une injustice historique et rendant le monde plus sûr.

 

Un demi-siècle d'initiatives

en faveur d'une réunification indépendante et pacifique de la Corée

 

18 avril 1948 - Une conférence réunit à Pyongyang des représentants des forces politiques et sociales de l'ensemble de la péninsule coréenne, dont Kim Il-sung, alors président du comité populaire provisoire de Corée du Nord et le nationaliste Kim Ku, président du gouvernement provisoire de Corée du Sud.

La proposition défendue par Kim Il-sung, et consistant à former une seule assemblée législative et un gouvernement unifié, n'est pas suivie : au Sud, à l'instigation des Etats-Unis, ont lieu en mai des élections séparées, boycottées par la gauche et une partie importante des nationalistes, aboutissant à la création de la République de Corée le 15 août 1948. 

Kim Il-sung, président du comité populaire provisoire de Corée du Nord, et Kim Ku, président du gouvernement provisoire de Corée du Sud, à Pyongyang en avril 1948

Kim Il-sung, président du comité populaire provisoire de Corée du Nord, et Kim Ku, président du gouvernement provisoire de Corée du Sud, à Pyongyang en avril 1948

4 juillet 1972 - La République populaire démocratique de Corée (Nord) et la République de Corée (Sud) signent un communiqué conjoint posant trois principes pour une future réunification de la Corée :

- La réunification devra être atteinte de manière indépendante, sans recours aux forces étrangères ni ingérence.

- La réunification devra être atteinte par des moyens pacifiques, sans recours aux armes d'une partie contre l'autre.

- Une grande union nationale devra être encouragée, transcendant les différences d'idéologie, d'idéal et de système.

Lee Hu-rak, directeur des services de renseignement sud-coréens, et Kim Il-sung, Premier ministre de la RPD de Corée, à Pyongyang en mai 1972

Lee Hu-rak, directeur des services de renseignement sud-coréens, et Kim Il-sung, Premier ministre de la RPD de Corée, à Pyongyang en mai 1972

 

10 octobre 1980 - Le Président Kim Il-sung présente la proposition de création de la République fédérale démocratique de Koryo lors du sixième congrès du Parti du travail de Corée. Il s’agit de fonder un Etat neutre, fédéral, dotée d’une assemblée unique et d’un seul gouvernement compétent sur les questions politiques, militaires et diplomatiques, parallèlement à la mise en place d’un comité permanent Nord-Sud. L’armée de la République fédérale démocratique de Koryo serait limitée à 100 000 hommes.

 

Le Président Kim Il-sung devant le sixième congrès du Parti du travail de Corée, à Pyongyang en octobre 1980

Le Président Kim Il-sung devant le sixième congrès du Parti du travail de Corée, à Pyongyang en octobre 1980

13 décembre 1991 - La République populaire démocratique de Corée et la République de Corée signent l’Accord sur la réconciliation, la non-agression, les échanges et la coopération entre le Nord et le Sud, qui permet notamment l’entrée simultanée des deux Etats coréens aux Nations Unies.

 

6 avril 1993 - Le Président Kim Il-sung présente le Programme en dix points pour une grande union de la nation :

- Il faut fonder un Etat unifié, indépendant, pacifique et neutre, grâce à une grande union de toute la nation.

- Il faut s’unir sur la base de l’esprit d’indépendance nationale.

- Il faut s’unir selon le principe consistant à favoriser la coexistence, la coprospérité et les intérêts communs.

- Il faut mettre fin à toute querelle dans le domaine politique qui soit de nature à favoriser la division et la confrontation entre les compatriotes.

- Il faut se débarrasser des craintes quant à l’éventualité d’une invasion de l’un par l’autre, d’une victoire sur le communisme ou d’une communisation.

- Il faut faire grand cas de la démocratie et agir de concert, au lieu de mettre à l’index l’autre partie en prétextant les différences d’idéologie et d’opinion.

- Il faut protéger les biens matériels et spirituels des particuliers et des organisations et favoriser leur utilisation en faveur de la grande union nationale.

- Tous les membres de la nation doivent se comprendre mutuellement et se fier les uns aux autres à travers les contacts, la circulation et les dialogues.

- Tous les Coréens au Nord, au Sud et à l’étranger doivent renforcer leur solidarité en faveur de la réunification de la patrie.

- Il  faut apprécier hautement ceux qui ont contribué à la grande union nationale et à la cause de la réunification de la patrie.

 

Les trois principes pour la réunification (1972), le projet de fondation de la RFD de Koryo (1980) et le programme en dix points (1993) constituent les « Trois Chartes pour la réunification de la Patrie » symbolisées par un monument de Pyongyang

Les trois principes pour la réunification (1972), le projet de fondation de la RFD de Koryo (1980) et le programme en dix points (1993) constituent les « Trois Chartes pour la réunification de la Patrie » symbolisées par un monument de Pyongyang

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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 00:18

Il y a soixante-dix ans, des centaines de milliers de femmes asiatiques, coréennes, chinoises ou originaires d'autres pays d'Asie envahis par le Japon, ont été réduites en esclavage sexuel par le gouvernement japonais dans les bordels militaires de l'armée nippone. La venue en France et en Europe de l'une des anciennes "femmes de réconfort", Mme Kil Won-ok, avec la présidente du Conseil coréen pour les "femmes de réconfort", Mme Yun Mi-hyang, a donné lieu à un ensemble de manifestations à Paris pour exiger que le Japon reconnaisse les crimes de guerre qu'il a commis et apporte une juste indemnisation aux victimes de l'esclavage sexuel - car le combat en faveur des "femmes de réconfort" a une portée universelle, afin que plus jamais les femmes ne soient des armes de guerre. Comme en septembre 2013 à l'occasion de la visite en France de Mme Kim Bok-dong, puis lors des actions conduites en janvier et en avril 2014 à Paris dans le cadre de la campagne de pétition internationale, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a pleinement soutenu les initiatives menées par le Conseil coréen des femmes de réconfort, en relayant l'information auprès de ses contacts, en aidant matériellement à l'organisation de manifestations - c'est sous l'égide de l'AAFC qu'une salle a été mise à disposition à Paris le 24 juin 2014 - et en continuant à sensibiliser l'opinion publique. Pour les droits des femmes et pour que justice soit enfin rendue aux anciennes victimes de l'esclavage sexuel japonais, poursuivons le combat jusqu'à la victoire !

Mme Kil Won-ok, ancienne "femme de réconfort" victime de l'esclavage sexuel par l'armée japonaise, le 25 juin 2014 place du Trocadéro à Paris

Mme Kil Won-ok, ancienne "femme de réconfort" victime de l'esclavage sexuel par l'armée japonaise, le 25 juin 2014 place du Trocadéro à Paris

Kil Won-ok n'avait que 12 ans quand elle est devenue, en 1940, une esclave sexuelle de l'armée japonaise. Soixante-dix ans plus tard, la blessure est toujours vive, à l'instar de ces centaines de milliers de femmes dont la vie a été défintivement brisée. Mais dans les témoignages qu'elle donne, la gravité le dispute aussi à une capacité à prendre de la distance : sans doute est-ce aussi cette forme d'optimisme indéfectible qui lui a permis de tenir bon, pendant toutes ces années, puis de surmonter l'opprobre pendant les décennies au cours desquelles on préférait, en Corée, taire le crime qui avait été commis à l'encontre des "femmes de réconfort" - avant que le Conseil coréen pour les "femmes de réconfort" ne rende pleinement compte, depuis 1992, de cette violation inacceptable des droits humains fondamentaux.

La visite en Europe de Mme Kil Won-ok, accompagnée de Mme Yun Mi-hyang, président du Conseil coréen pour les "femmes de réconfort" a donné lieu à un ensemble de manifestations à Paris qu'a soutenues l'AAFC et auxquelles nous avons participé.


Un premier témoignage a eu lieu le lundi 23 juin à la Sorbonne, à l'invitation du professeur Jean Salem, en présence de quelque 70 invités, coréens, français mais aussi japonais, chinois, originaires d'autres pays asiatiques, arabes ou africains, tant la question de l'esclavage sexuel des femmes reste d'une brûlante actualité, trop souvent liée aux crimes de guerre commis dans les zones en conflit.

Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"
Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"
Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"
Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"

Le mardi 24 juin, une rencontre très émouvante a eu lieu avec, notamment, des jeunes Sud-Coréens en visite en France et en Europe dans le cadre de la campagne pour la paix "Papillons de l'espoir" - coïncidant avec le centième anniversaire du début de la Première guerre mondiale.

Le mercredi 25 juin, Mme Kil Won-ok a livré son témoignage à la Maison du barreau, en présence de et grâce à Roland Weyl, de l'Association internationale des juristes démocrates. En effet, refuser la guerre et les crimes commis sous le prétexte des conflits exige de porter un regard lucide sur l'histoire : telle est l'une des missions qui incombent aux juristes, et qui justifient que les militants coréens ont porté la question des "femmes de réconfort" aux Nations Unies, pour obtenir une reconnaissance par le Japon.

A cette fin, la visite de Mme Kil Won-ok a aussi été l'occasion de rencontres avec des personnalités françaises, notamment la sénatrice Brigitte Gonthier-Maurin, présidente de la délégation du Sénat aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, et la sénatrice Mme Michèle André, ancienne ministre des droits des femmes. Le dépôt, la discussion et l'adoption en France d'une résolution parlementaire relative aux "femmes de réconfort", à l'instar des démarches accomplies par les Parlements d'autres pays, permettraient de faire reculer les violences ainsi faites aux femmes, par la reconnaissance officielle du préjudice subi par les anciennes esclaves sexuelles de l'armée japonaise. Une des questions abordées a aussi été la création d'un monument commémoratif, en France, pour ne pas oublier ce qui s'est passé.

Enfin, l'un des points d'orgue des manifestations a été le rassemblement place du Trocadéro, sur le parvis des droits de l'homme, le 25 juin 2014. Il coïncidait avec les manifestations du mercredi, organisées chaque semaine par les anciennes victimes de l'esclavage sexuel. Mme Kil Won-ok et Mme Yun Mi-hyang y ont pris la parole, de même que, parmi d'autres orateurs, Benoît Quennedey et Patrick Kuentzmann, respectivement vice-président chargé des actions de coopération et secrétaire général de l'AAFC. 

 L'AAFC a souligné que le rassemblement coïncidait avec le 64ème anniversaire du début de la guerre de Corée, et montrait la nécessité de la signature d'un traité de paix dans la péninsule coréenne, le conflit s'étant terminé par un simple accord d'armistice. Enfin, la question de l'esclavage sexuel et le combat pour la paix sont liés, les guerres coïncidant avec les pires violences perpétrées contre les femmes. Cette situation de "ni guerre ni paix" conduit à une militarisation de la société coréenne tout entière ; la reconnaissance, qu'exigent les militants pacifistes sud-coréens, de l'objection de conscience et de formes civiles de service national s'inscrivent dans le combat pour les droits de l'homme que mène l'AAFC avec les militants sud-coréens.

Les jeunes Coréens en visite en Europe dans le cadre de la campagne 2014 pour la paix ont pris une place très active dans le rassemblement au Trocadéro ce 25 juin 2014. Le spectacle dansé qu'ils ont donné, révélant une synchronisation parfaite, a retenu l'attention de la foule. Des chants et les banderoles déployées ont donné une ambiance festive à cette "manifestation du mercredi" d'un genre inédit, tandis que les papillons dessinés sur une toile posée à même le sol ont symbolisé l'espoir d'une envolée vers la paix : les jeunes militants pacifistes poursuivent à présent  vers d'autres contrées européennes leur rêve des papillons pour un monde sans guerre.

Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"
Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"
Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"
Campagne à Paris et en Europe pour refuser les crimes sexuels commis contre les "femmes de réconfort"

Photos Alain Noguès

 

Site du Conseil coréen pour les "femmes de réconfort" : www.womenandwar.net

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