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22 mars 2017 3 22 /03 /mars /2017 23:44

Dans la continuité de la lettre qu'elle avait envoyée aux candidats aux primaires de la droite et du centre et de la "Belle Alliance populaire" (gauche), l'Association d'amitié franco-coréenne a posé le 18 mars 2017 cinq questions aux onze candidats à l'élection présidentielle française : Nathalie Arthaud, François Asselineau, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, François Fillon, Benoît Hamon, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou. La paix dans la péninsule coréenne est un enjeu vital pour la paix du monde. Il apparaît donc important de recueillir l'opinion des candidats sur les questions coréennes, le président de la République étant l'acteur principal dans la politique étrangère de la France.

Palais de l'Elysée

Palais de l'Elysée

Les cinq questions posées aux candidats à l'élection présidentielle sont les suivantes :

 

1) Malgré l’armistice de 1953, les deux Corée sont toujours « techniquement » en guerre, et la péninsule coréenne connaît régulièrement des tensions. Alors que les médias et certains pays se plaisent à souligner le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), les exercices militaires américains menés en République de Corée (Corée du Sud) ne soulèvent aucune réprobation, alors qu’ils simulent clairement une invasion de la RPDC. Aux termes de l’article 39 de la Charte des Nations unies, de telles manœuvres peuvent pourtant être considérées comme une « menace contre la paix ». Estimez-vous nécessaire que la situation dans la péninsule coréenne soit traitée dans sa globalité et que les comportements d’autres acteurs – à commencer par les États-Unis d’Amérique - soient soulignés ?

 

2) Les sanctions internationales et unilatérales adoptées contre la RPDC n’ont nullement entamé la détermination des autorités nord-coréennes, tout en pénalisant en premier lieu la population de ce pays. Depuis des années, ces sanctions ont démontré leur inefficacité et ne font que détériorer la situation. Quelle est votre position sur les sanctions dont la RPDC fait l’objet ?

 

3) À l’exception de la France et de l’Estonie, tous les pays de l'Union européenne entretiennent des relations diplomatiques normales avec la RPDC. Cette situation est contraire à la tradition diplomatique de la France, qui est de reconnaître des États et non des régimes politiques, et nuit à la place de notre pays en Asie orientale, une des régions les plus dynamiques du monde. Après l'ouverture, en 2011, d’un premier bureau français de coopération à Pyongyang, comptez-vous faire évoluer cette situation pour normaliser les relations entre la République française et la RPDC, conformément à la pratique de nos principaux partenaires européens ?

 

4) La République de Corée connaît de vives tensions politiques, notamment depuis 2012 et l’élection de la présidente Park Geun-hye récemment destituée. Le Parti progressiste unifié, un des principaux partis politiques sud-coréens, a fait l’objet d’une interdiction en 2014 et on a assisté à une répression accrue à l'encontre des syndicats ou encore des familles des victimes du naufrage du ferry Sewol (304 morts et disparus le 16 avril 2014), manifestant pacifiquement pour exiger la vérité sur cette tragédie. La République de Corée entend pourtant partager les mêmes valeurs et standards que les pays occidentaux. La répression en cours en Corée du Sud est peu soulignée, alors que les médias se plaisent à relayer la moindre rumeur sur la Corée du Nord. Quelle est votre position sur les différentes restrictions apportées aux libertés démocratiques en Corée du Sud ?

 

5) Le dialogue intercoréen reste peu connu et encouragé à l’étranger. L’AAFC soutient clairement ce dialogue comme seule voie possible pour le règlement des différends entre Coréens et l'apaisement des tensions dans la péninsule coréenne. Estimez-vous que la France doit appuyer le dialogue entre les deux Corée et rappeler qu’il constitue le seul instrument sérieux pour trouver une solution pérenne à la crise coréenne ?

 

L'Association d'amitié franco-coréenne publiera les réponses reçues. L'élection présidentielle aura lieu les 23 avril et 7 mai.

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20 mars 2017 1 20 /03 /mars /2017 21:02

À l'heure où une intervention guerrière des États-Unis est envisagée en Corée, il faut dénoncer le conditionnement des opinions publiques et appeler à une solution pacifique.

Toutes les interventions militaires occidentales (Irak, Libye, Syrie...) sont désormais des guerres qui ne disent plus leur nom : débutant par des « frappes préventives » et menées au nom d'un prétendu « droit d'ingérence humanitaire », ces guerres sont longuement préparées par un conditionnement des opinions publiques occidentales, conditionnement qui voit le gouvernement du pays visé dénoncé, à longueur d'articles et de reportages à charge dans les médias, comme odieux et devant nécessairement être renversé. Il s'agit de la forme moderne de la propagande de guerre, où tout est bon pour justifier une guerre à outrance contre l'ennemi.

Pour la première fois depuis 1994, une guerre est ouvertement envisagée contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). En visite en Corée du Sud le 17 mars 2017, le secrétaire d'État américain Rex Tillerson a déclaré qu'un conflit militaire avec la Corée du Nord était une option. Ces déclarations bellicistes s'accompagnent d'actions très concrètes : les manœuvres militaires américano-sud-coréennes en cours, d'une durée de deux mois, sont les plus grands exercices militaires au monde. Elles s'accompagnent du déploiement par les États-Unis du dispositif antimissile THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) en Corée du Sud, lequel accélère la course aux armements en Asie du Nord-Est.

En 1994, lorsque l’administration Clinton était sur le point d’attaquer les installations nucléaires de la Corée du Nord, le département de la Défense des États-Unis avait estimé qu'un futur conflit en Corée pourrait faire jusqu'à un million de morts. Mais une telle guerre ne sera pas limitée à la péninsule coréenne et, en décembre 2015, le chef de l’état-major interarmées des États-Unis, le général Joseph Dunford, a déclaré que tout conflit avec la Corée du Nord serait inévitablement « trans-régional, multi-domaine et multifonctionnel », c’est-à-dire une guerre mondiale impliquant d’autres puissances et l’utilisation de toutes les armes, dont des bombes nucléaires.

Fondée en 1969 pour défendre la paix et la réunification de la Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne appelle à la cessation immédiate de l'escalade des tensions et des sanctions, en encourageant le retour à un dialogue multilatéral pour résoudre pacifiquement la question des armes nucléaires – de toutes les armes nucléaires - en Corée.

L'Association d'amitié franco-coréenne dénonce la propagande de guerre diffusée par les médias occidentaux, reprenant les éléments de langage de l'administration américaine pour conditionner les opinions publiques et faire avancer les peuples vers la guerre tels des somnambules.

Profondément attachée à la paix, l'Association d'amitié franco-coréenne appelle à la fin des manœuvres militaires américano-sud-coréennes et à interrompre le déploiement du système THAAD en Corée du Sud, en laissant le peuple coréen décider librement de son avenir, sans ingérence étrangère et alors que, suite à la destitution de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, une élection présidentielle anticipée se tiendra le 9 mai 2017 en Corée du Sud.

 

Paris, le 20 mars 2017

 

 

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9 mars 2017 4 09 /03 /mars /2017 18:00

Début avril 2016, à la veille d'élections législatives finalement perdues par les conservateurs au pouvoir à Séoul, la défection groupée d'employés nord-coréens d'un même restaurant en Chine a soulevé de nombreuses interrogations quant à la volonté réelle de tout ou partie de ces personnes de rejoindre la Corée du Sud. La question du consentement de toute personne de vivre dans le pays qu'elle a choisi  est une question élémentaire de respect des droits de la personne humaine. C'est pourquoi le bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a décidé d'interpeler le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, dans une lettre adressée le 5 mars 2017 à S.E. M. Zeid Ra'ad Al Hussein, Haut-Commissaire, et dont nous proposons le texte ci-après.

Palais Wilson, à Genève, siège du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme

Palais Wilson, à Genève, siège du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme

Excellence,

Fondée en 1969 pour encourager les relations d'amitié entre la France et l'ensemble de la péninsule coréenne, l'Association d'amitié franco-coréenne a l'honneur d'attirer votre attention sur la situation d'un groupe de citoyens de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) qui sont arrivés en République de Corée (RdC) depuis la République populaire de Chine où ils travaillaient dans un restaurant, au début du mois d'avril 2016.
Selon les autorités de la RPDC, la plupart des membres de ce groupe – sinon tous – ont été emmenés de force en République de Corée. Des juristes et des journalistes de la RdC ont aussi souligné la coïncidence entre cet événement, la façon dont le service national de renseignement de la RdC a pris en charge ce groupe sans le laisser entrer en contact avec d'autres personnes, et les élections législatives à venir en République de Corée.
En mai 2016, huit avocats, membres de l'organisation des Juristes pour une société démocratique (Minbyun) de la République de Corée, ont déposé une pétition en habeas corpus. Néanmoins, les autorités de la RdC ont refusé tout contact entre ces citoyens de la RPDC et leurs familles restées dans leur pays, et ces personnes ne sont pas apparues elles-mêmes à l'audience.
La République de Corée est partie à des conventions internationales, en vertu desquelles les personnes qui arrivent sur son territoire ont le droit de choisir elles-mêmes, sans influence extérieure, dans quel pays elles veulent vivre, en choisissant leurs propres avocats et après avoir pu contacter leur famille ou les autorités de leur pays, si nécessaire. De telles règles ont été appliquées pour d'autres citoyens de la RPDC qui sont arrivés en République de Corée, en particulier des marins dont les embarcations ont dérivé en mer.
C'est la raison pour laquelle nous demandons au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme d'user de son influence pour l'application des droits de de l'homme des citoyens de la RPDC qui sont arrivés en République de Corée en avril 2016.
Dans l'attente d'une réponse positive à notre lettre, nous vous prions d'accepter, Excellence, l'assurance de notre très haute considération.

Le Bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne
Paris, le 5 mars 2017

Excellency,

Founded in 1969 to promote friendly relations between France and the whole Korean peninsula, the France-Korea Friendship Association has the honour of focusing your attention on the situation of a group of Democratic People's Republic of Korea (DPRK) citizens who arrived from the People's Republic of China, where they were working in a restaurant, to the Republic of Korea (ROK) in early April 2016.
According to the DPRK authorities, most – if not all – of the members of this group were forcibly abducted to the Republic of Korea. ROK lawyers and journalists also insisted on the coincidence between this event, the way how the ROK National Intelligence Service took charge of the group without letting them contact other persons, and the upcoming legislative elections in the Republic of Korea.
In May 2016, 8 lawyers, members of the Lawyers for a Democratic Society organization (Minbyun) of the Republic of Korea, submitted a habeas corpus petition. Nevertheless, the ROK authorities refused any contact between the DPRK citizens and their families still living in their country, and the persons did not appear themselves in the court.
The Republic of Korea is part to international conventions, according to which persons who arrived on its territory have the right to chose by themselves, without external influence, in which country they want to live, by selecting their own lawyers - after having been able to contact their own familities or the authorities of their country, if necessary. Such rules have been enforced concerning other DPRK citizens who arrived in the Republic of Korea, in particular sailors whose boats had been drifting at sea.
It is the reason why we ask to the United Nations High Commission for Human Rights to use its influence for enforcing human rights of the DPRK citizens who arrived in the Republic of Korea in April 2016.
We look forward your positive reply to our letter.
We ask you to accept, Excellency, the assurances of our most respectful feelings.

The National Board of the France-Korea Friendship Association
Paris, March 5, 2017

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9 mars 2017 4 09 /03 /mars /2017 14:02

Le 7 mars 2017 de 19h10 à 19h50, la chaîne française d’information internationale France 24 (version anglaise) a organisé son débat d’actualité The debate sur le thème « La RPDC : l’escalade ». Le présentateur François Picard a ainsi animé un débat en anglais de 40 minutes où sont intervenus : en duplex depuis Denver (Etats-Unis) Christopher Hill, ancien ambassadeur américain en Corée du Sud de 2004 à 2005 et ancien assistant au secrétaire d’Etat de 2005 à 2009, actuellement doyen de l’Ecole d’études internationales Joseph Korbell de l’université de Denver ; en duplex depuis Leeds (Grande-Bretagne) Adam Cathcart, enseignant d’histoire de la Chine à l’université de Leeds et coauteur de l’ouvrage Change and Continuity in North Korean Politics ; en duplex de Manchester (Grande-Bretagne) Jihyun Park, militante de l’Alliance européenne pour les droits de l’homme en Corée du Nord ; seul présent sur le plateau à Paris, Benoît Quennedey, vice-président de l’Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) chargé des actions de coopération.

La chaîne de télévision France 24 (version anglaise) a consacré un nouveau débat d’actualité à la Corée du Nord

Le journaliste animateur du débat a commencé par présenter l’actualité avec les relations compliquées entre la Malaisie et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), les récents tirs de missiles nord-coréens et l’attitude selon lui réservée de l’administration Trump.

Christopher Hill a répondu le premier en assurant qu’il n’avait aucun doute sur l’identité du mort de l’aéroport de Kuala Lumpur et sur le fait qu’il s’agissait d’un meurtre de sang-froid perpétré à l’instigation du régime de Pyongyang. Sur l’insistance du journaliste quant aux circonstances très particulières de ce décès, Christopher Hill a déclaré que la traque et l’assassinat avaient été menés de façon très professionnelle.

Adam Cathcart, après avoir rappelé le mode de vie de Kim Jong-nam et les circonstances d’accession au pouvoir de Kim Jong-un, a déclaré que le fait que la RPDC ait attendu 5 jours pour mentionner (en la niant) l’utilisation supposée du neurotoxique VX après l’annonce des autorités de Malaisie pourrait être le signe que la RPDC veut faire savoir au monde qu’elle possède un stock d’armes neurotoxiques.

Jihyun Park a utilisé son tour de parole non pas pour répondre aux questions posées mais pour revenir sur le thème des droits de l’homme en RPDC (reprenant notamment le chiffre contestable et contesté de 3 millions de morts de la famine à la fin des années 1990), en entonnant les couplets habituels de la propagande des services secrets sud-coréens dont elle est très proche. Mieux vaut, sur cette question, aller voir le film de Jero Yun actuellement diffusé dans les salles françaises Madame B, histoire d’une Nord-Coréenne.

Benoît Quennedey a replacé l’attitude des autorités de RPDC dans leur contexte. Tout d’abord pour elles il s’agit d’un citoyen porteur d’un passeport diplomatique nord-coréen répondant au nom de Kim Chol. A ce titre elles estiment que, en application du droit international, le corps aurait dû leur être rendu, ce que n'ont pas fait les autorités malaisiennes - ce qui a entraîné les protestations de l’ambassadeur de la RPD de Corée à Kuala Lumpur puis son expulsion. Enfin il a rappelé les mystères entourant cette affaire car le neurotoxique VX qui aurait été utilisé est si dangereux que les deux femmes arrêtées auraient dû subir des séquelles.

Christopher Hill a approuvé la manière de procéder des autorités de Malaisie face à l’attitude irresponsable d’un «Etat voyou » (sic). En tant qu’ancien haut dignitaire de l’administration Bush qui avait fait usage de ce concept il apparait tout à fait légitime pour utiliser cette expression. Il a terminé son intervention en assurant que d’ici quatre ans la RPDC aurait des missiles dotés de têtes nucléaires, ce qui amèneraient les Etats-Unis « à un point de crise absolue ». Quant aux manoeuvres militaires en cours, il a déclaré : « je regrette seulement qu’elles n’aient pas eu lieu au printemps 1950 ce qui aurait empêché l’invasion nord-coréenne. » Pour lui les protestations du Nord contre ces manoeuvres  relèvent de la manipulation. Reprenant une antienne du discours néo-conservateur, il a déclaré : « nous allons réellement arriver à une crise et il nous faut être préparés à tout. » S'agissant de l’installation des missiles THAAD au sud, selon lui, les Chinois ne comprennent pas qu’ils ne sont pas visés et il faut les convaincre qu’une péninsule coréenne réunifiée sous la houlette de Séoul serait dans l’intérêt de la Chine… Pour lui, la Corée va être le problème numéro un de l’administration Trump, plus que la Syrie ou d'autres régions, mais il faut du temps pour mettre en ordre de bataille une nouvelle administration américaine.

Concernant l’installation des missiles THAAD, Adam Cathcart a répondu que, plus qu’une pression accrue sur Pyongyang de la part du gouvernement chinois, c’est envers Séoul que s'exerce une pression accrue de la part de la Chine, en particulier dans le domaine économique. Il est allé jusqu’à dire qu’à cet égard le déploiement du système THAAD était une aubaine pour Pyongyang.

La deuxième intervention de Jihyun Park a été sans aucun rapport avec les questions posées. Ce faisant, Christopher Hill en a profité pour féliciter les autorités sud-coréennes de leur activité dans le champ des droits de l’homme et pour assurer ce pays de l’alliance indéfectible des Etats-Unis. Selon lui si l’administration Trump se lance dans une guerre commerciale avec la Chine ce ne sera pas le bon moment pour les amener à revoir leur position sur la Corée.

Benoît Quennedey a élargi le propos sur l’installation du système THAAD. Tout d’abord il n’y a pas que les Chinois qui s’y opposent et qui se sentent visés, car les Russes, pour les mêmes raisons, n’en veulent pas non plus. Il a aussi rappelé la position de faiblesse de l’actuel gouvernement de Corée du Sud qui cherche à mettre en place THAAD dès que possible alors que le principal parti d’opposition est contre ce déploiement et en position de regagner le pouvoir en remportant l'élection présidentielle à venir très prochainement. Il a été le premier intervenant à mentionner aussi l’opposition de l’opinion publique sud-coréenne au dispositif THAAD. Il a également rappelé que la situation restait ouverte pour les Etats-Unis et qu’il ne fallait pas négliger le rôle éventuel d'intermédiaire et de négociateur de la Russie.

Puis Adam Cathcart s’est étendu sur la campagne contre les intérêts économiques sud-coréens mené en Chine, et qui vise notamment le groupe sud-coréen Lotte (qui possède dizaines de supermarchés en Chine..) et a cédé un terrain de golf pour l’installation du radar et des missiles THAAD.



Revoir l'intégralité du débat sur le site de France 24 :

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28 février 2017 2 28 /02 /février /2017 14:15

L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) soutient la diffusion du film documentaire de Jero Yun Madame B., histoire d'une Nord-Coréenne - qui raconte la vie d'une réfugiée nord-coréenne et de sa famille, sorti en salles le 22 février 2017 en France. Le film a donné lieu à des avant-premières, à l'initiative notamment de membres de l'AAFC, à Tousson et à Pithiviers le 18 février 2017, en présence du réalisateur Jero Yun. Le cinéma d'art et d'essai "Les 3 Luxembourg", à Paris, a projeté deux séances suivies de rencontres-débats : le 22 février avec Jero Yun, et le 27 février avec Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC chargé des actions de coopération. Nous revenons sur la séance-débat du 27 février. 

"Madame B. histoire d'une Nord-Coréenne" : projection-débat avec l'AAFC au cinéma "Les 3 Luxembourg"

Madame B. histoire d'une Nord-Coréenne est un film d'accès apparemment difficile : filmé dans un style dépouillé, parfois brut, à mille lieues des clichés sur les réfugiés nord-coréens véhiculés par des stars (ou supposées telles) ayant des besoins de reconnaissance et/ou financiers, le long métrage invite les spectateurs à se forger leur propre opinion et ne délivre pas d'autre message que celle de l'humanité d'une femme, Mme B., qui, comme des dizaines de milliers de Nord-Coréens, a quitté son pays à la recherche d'une vie économique meilleure. Son récit devient, par extension, celui de nombreux réfugiés de par le monde. Comme l'observe Isabelle Regnier du quotidien Le Monde,

La force du film tient à la tension qu’il instaure entre le tableau cataclysmique des conditions de vie de ces migrants d’Asie extrême et la personnalité fascinante de son personnage, bloc de volonté qui oppose aux coups de massue du destin un désir de vivre dévorant, et une capacité de résilience qui laisse pantois.

http://www.lemonde.fr/cinema/article/2017/02/21/madame-b-le-periple-d-une-battante-entre-les-deux-corees_5082797_3476.html#g45ZObYMiz8lUArg.99

Animé par Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC, le très riche débat qui a suivi la projection, en présence de Coréens et de spécialistes de la Corée, a permis d'aborder de multiples autres questions qui touchent à la société coréenne dans son ensemble, Nord comme Sud : les représentations réciproques entre Coréens du Nord et du Sud ; l'intégration (ou non) des Nord-Coréens en Corée du Sud, confrontés à l'anticommunisme viscéral d'une société où ils souffrent de l'absence de réseaux, essentiels pour réussir au Pays du Matin Calme ; la question des femmes dans la société coréenne, marquée par une culture patriarcale d'origine néo-confucéenne... Car Mme B. traduit aussi l'émancipation de millions de femmes (nord-)coréennes, à la faveur de l'ouverture économique du pays, à la mesure des positions privilégiées qu'elles occupent souvent dans les activités commerciales privées, légales ou non, qui permettent aujourd'hui à la RPD de Corée de poursuivre son développement économique et social.

Jero Yun a réussi le tour de force d'accepter que parle, sous l'oeil de sa caméra, toute une famille de réfugiés nord-coréens - alors que les réfugiés coréens, qu'ils soient du Nord ou du Sud, sont le plus souvent réservés à témoigner. Par la force de sa volonté, Mme B. a d'ailleurs aujourd'hui réussi à ouvrir un café en Corée du Sud, tandis que son fils aîné enchaîne tous les travaux, ne rechignant pas devant les tâches les plus difficiles, et que son fils cadet est engagé dans des études pour devenir acteur - ce qui répond en partie aux interrogations qui se font jour à la fin du film.

A travers un récit individuel, c'est aussi une certaine histoire de la Corée que nous raconte la vie de Mme B. - et qui fait plus que jamais ressortir la nécessité de réunifier un pays divisé depuis sept décennies. Quant à lui, Jero Yun a pour sa part exprimé sa reconnaissance envers les réfugiés nord-coréens qui l'ont soutenu, lorsqu'il les accompagnait lors de leur périple express (cinq jours !) de la Chine du Nord-Est jusqu'en Thaïlande, lui qui était blessé, découragé parfois, mais avait promis à Mme B. de transcrire dans un film l'histoire d'une vie peu banale. 

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23 février 2017 4 23 /02 /février /2017 20:10

Le 21 février 2017 à partir de 19h10, la chaîne française d’information internationale France 24 (version anglaise) a organisé son débat d'actualité sur le thème « La RPDC Etat voyou et la mort de Kim Jong-nam ». Le présentateur François Picard a ainsi animé un débat en anglais de 40 minutes où sont intervenus, sur le plateau, Dorian Malovic, chef du service Asie au quotidien La Croix et co-auteur (avec Juliette Morillot) d’un ouvrage intitulé La Corée du Nord en 100 questions, paru en 2016, Benoît Quennedey, vice-président de l’Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) chargé des actions de coopération et, en duplex depuis Washington, Harry Kazianis éditorialiste au think tank conservateur The National Interest.

Après avoir rappelé les faits sur le décès présumé de Kim Jong-nam à l’aéroport de Kuala Lumpur la parole a été donnée à Dorian Malovic qui a rappelé que la victime se déplaçait seule, sans gardes du corps, dans la partie low cost de l’aéroport. Selon lui « nous ne savons rien » de sûr ni sur l’identité de la victime ni sur la cause du décès. C’est également ce qu’a dit Harry Kazianis sans oublier de ressortir, ainsi qu’il le fera pendant le reste du débat, tous les poncifs néo-conservateurs sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Benoît Quennedey a resitué le débat en mettant en lumière le rôle des services de renseignement sud-coréens (acronyme anglais, NIS) dans la propagation de fausses informations « fake news », alors que la publicité donnée  à cet événement provient des milieux gouvernementaux de la République de Corée (Corée du Sud). Il a également expliqué la position de la RPD de Corée qui n’est pas associée à l’enquête et qui, quant à la demande du prélèvement d'ADN de proches, craint une manipulation. Dans la situation d’un pouvoir conservateur affaibli en Corée du Sud, le NIS et la droite sud-coréenne tirent opportunément profit de cet événement.

Le gouvernement malais qui essaie de maintenir une position équilibrée entre les deux Etats coréens apparaît gêné. Signe des bonnes relations entre la RPD de Corée et la Malaisie, l’entrée des citoyens nord-coréens en Malaisie se fait sans visa.

Sur le motif possible de l’assassinat, Benoît Quennedey a rappelé qu’il ne fallait pas anticiper les conclusions d’une enquête encore à ses début, et a mentionné le fait que Kim Jong-nam (s'il est effectivement la victime) a des liens avec les mafias chinoises et qu’aucune piste ne devait être privilégiée ou exclue a priori. Harry Kazianis a dit que Kim Jong-nam pouvait avoir été éliminé car représentant une menace pour le pouvoir nord-coréen. En effet, selon lui, il aurait pu être utilisé par la Chine dans le cadre d’un changement de régime en RPDC. Sur ce point, Dorian Malovic a répliqué que Kim Jong-nam, amateur de femmes et jet-setter, âgé de 45 ans, était désengagé du débat politique, et n'avait aucun poids en RPD de Corée.

Le débat s’est ensuite orienté sur l’annonce, le 19 février dernier par le gouvernement chinois, de l’arrêt des importations de charbon en provenance de RPDC, et ce jusqu’au 31 décembre 2017.

Benoît Quennedey a expliqué la position constante de la Chine sur la recherche de la stabilité dans la péninsule coréenne. La Chine applique les sanctions découlant des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. D’une part, cette annonce intervient quelques jours après le lancement d'un missile nord-coréen, et d’autre part la mise en oeuvre de mesures très pénalisantes pour la RPDC vient en réponse aux propos du président américain Donald Trump, celui-ci ayant dit que la Chine ne faisait pas le nécessaire pour trouver une solution au problème nucléaire nord-coréen.

Il a ensuite répondu à la question des raisons de ce tir de missile en le replaçant dans le cadre de la politique de la Corée du Nord, constante depuis 20 ans, visant à se protéger des Etats-Unis par la dissuasion nucléaire (dans une stratégie de dissuasion du faible au fort), tout en étant prête in fine à dialogue avec le pouvoir américain, mais en position de force.

Dorian Malovic a interprété cet essai comme un message à Donald Trump pour demander un dialogue sur la base du respect mutuel. Harry Kazianis, tout en expliquant la politique américaine de force, a dit que « les Etats-Unis devaient parler à la Corée du Nord » y compris sur le sol américain - ce qui témoigne d'une inflexion de la politique coréenne des républicains américains.

Le dernier thème du débat a porté sur la situation économique actuelle en RPDC, les réformes déjà engagées ne pouvant être approfondies du fait des sanctions et de la tension internationale selon Benoît Quennedey. Dorian Malovic a aussi évoqué ce thème en ajoutant que ceux qui quittent la Corée du Nord ne le font pas pour des raisons de dissidence politique mais pour des motifs économiques, traduisant l'aspiration des Nord-Coréens à accéder à une société de consommation, alors que les progrès économiques sont par ailleurs visibles en RPDC.

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19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 14:08

L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) soutient la diffusion du film documentaire de Jero Yun Madame B., histoire d'une Nord-Coréenne - qui raconte la vie d'une réfugiée nord-coréenne et de sa famille, Madame B., loin des clichés sur les réfugiés nord-coréens en Corée du Sud, avant une sortie en salles le 22 février 2017 en France. Le long métrage produit par ZORBA a été présenté à Cannes en 2016 à la sélection de l'ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion). Plusieurs avant-premières en France ont eu lieu avec la participation de membres des comités régionaux de l'AAFC, le comité régional Bourgogne-Franche-Comté ayant par ailleurs relayé la diffusion en avant-première au Festival international du film de Belfort. Le 18 février 2017, deux avant-premières suivies d'un débat avec le réalisateur ont eu lieu, à l'initiative de Pierrot Beltante, animateur du foyer rural de Tousson "La tête des trains", le foyer rural de Tousson ayant une longue tradition de présentation de la culture coréenne et du cinéma de et sur la Corée, en partenariat avec l'AAFC : à Tousson (en présence de 25 participants, la capacité maximale d'accueil de la salle de projection) et au cinéma Le Mail à Pithiviers, devant 120 spectateurs. Des délégations du bureau national de l'AAFC étaient présentes lors des projections-débats à Tousson et Pithiviers. L'AAFC remercie Pierrot Beltante (qui avait découvert le film et rencontré Jero Yun lors de la sélection à Cannes), l'équipe du foyer rural de Tousson et le cinéma Le Mail à Pithiviers pour l'organisation de ces avant-premières, suivies d'excellents buffets, et relayées dans les médias locaux (journaux, site de la mairie de Pithiviers et web-télévision).

Projection en avant-première à Pithiviers

Projection en avant-première à Pithiviers

Comment parler du film Madame B., histoire d'une Nord-Coréenne ? On peut retenir une approche sociale et politique, mettant l'accent sur les raisons qui ont conduit des dizaines de milliers de Nord-Coréens à quitter définitivement leur pays - essentiellement pour des raisons économiques, comme Madame B., qui pensait initialement revenir en Corée du Nord après un an - avant souvent de déchanter lors de l'arrivée au sud de la péninsule - où nombre d'entre eux sont accusés d'espionnage et doivent purger de longues peines de prison.

On peut aussi s'intéresser à l'esthétique du film, sobre, dépouillée, qui évite tout jugement de valeur, et à ses conditions de réalisation particulièrement difficiles pour Jero Yun, qui avait fait à Madame B. la promesse de porter son histoire à l'écran - une promesse qu'il mettra trois ans à honorer. Ayant suivi le groupe de fugitifs nord-coréens dont faisait partie Madame B. dans leur périple de la Chine du Nord-Est jusqu'en Thaïlande (d'où ils rejoindront la Corée du Sud), Jero Yun a déclaré :  

Marcher avec les autres clandestins tout en filmant et en prenant le son seul m’était cependant devenu impossible tant j’avais moi-même du mal à survivre. Des réfugiés nord-coréens m’aidaient, c’était une relation très étrange, car j’étais pour ma part incapable de les aider physiquement. Parfois, les passeurs soutenaient quelques groupes épuisés en portant leurs sacs. Il y avait des moments d’entraide et de partage. Durant le périple, j’ai donc filmé tout ce que je pouvais filmer, mais dans certaines situations, c’était impossible. Un passeur laotien, notamment, avait un visage qui ne m’incitait pas à sortir la caméra… D’autres fois, ma blessure et la faim m’empêchaient de filmer. Quand je suis arrivé en Thaïlande, je ressemblais à un clochard. Sur place, je me suis fait contrôler quatre fois par les autorités, tant ma situation de clandestin était évidente.

http://www.allocine.fr/film/fichefilm-246814/secrets-tournage/

On peut, enfin, retenir une approche centrée sur la leçon d'humanité que délivre le film, né de la relation exceptionnelle qui s'est créée entre Jero Yun et Madame B., mais aussi la famille de cette dernière - notamment ses deux fils, dont le plus jeune a commencé des études pour devenir acteur de cinéma. Comme l'a déclaré une spectatrice de l'avant-première à Tousson, le film est une histoire d'amour - ou plutôt une histoire d'amours. Celles de Madame B. pour son mari nord-coréen, pour son mari chinois et pour ses deux fils, son départ pour la Corée du Sud tenant à sa seule volonté de gagner mieux sa vie pour leur offrir la possibilité de poursuivre des études universitaires, très coûteuses en Corée du Sud. Alors que le film se termine sur les questions que se pose Madame B., elle a aujourd'hui créé un café à Séoul, où elle vit toujours, en ayant par ailleurs obtenu la nationalité et un passeport sud-coréens.

Femme exemplaire, déterminée à lutter pour obtenir ses droits, Madame B. témoigne du rôle nouveau joué par les femmes dans la société nord-coréenne (ce sont d'ailleurs elles qui tiennent les échoppes des marchés généraux de biens et de services), le portrait que dresse d'elle Jero Yun dépassant le cadre strict du contexte coréen pour gagner une portée universelle.

Pour aller plus loin, quelques critiques du film : 

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14 février 2017 2 14 /02 /février /2017 13:07

Le 30 janvier 2017, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) et le Pôle de renaissance communiste en France (PRCF) ont coorganisé une conférence à Grenoble, sur le thème "Mouvement social en Corée du Sud, agressions impérialistes contre la Corée du Nord". Nous publions ci-après un compte rendu de cette conférence et deux vidéos présentant les interventions des conférenciers, publiées sur le compte Youtube du PRCF.

Présentation par Jin Yong-ha, responsable du Comité des Travailleurs du Parti Démocratique et Populaire (Corée du Sud)

1-Contexte historique

La situation en Corée est très mal connue en France. Pour connaître la situation en Corée, il faut connaître son histoire. La Corée est un petit pays entouré de grandes puissances qui a dû sans cesse lutter pour conserver son indépendance. La politique isolationniste poursuivie jusqu'en 1910 a empêché l'industrialisation du pays et l'a rendu vulnérable à l'invasion japonaise.
L'occupation japonaise se poursuivit de 1910 à 1945 avec pour objectif l'anéantissement de la culture coréenne et de sa langue. Lorsque les Américains occupèrent ensuite le sud de la péninsule, ils donnèrent à la Corée du Sud une apparence d'indépendance tout en mettant à la tête de l'Etat sud-coréen les anciens dirigeants de la collaboration avec les Japonais.
Cela conduisit à une révolte très forte des Coréens du sud et à la formation du Comité national des travailleurs de Corée. Ce syndicat appela à la grève générale puis fut dissout par l'Etat sud-coréen pour être remplacé par des syndicats jaunes.
Une dictature militaire perdura des années 1960 jusqu'à la fin des années 1980.

Un événement important fut l'immolation par le feu du jeune travailleur Jon Tae-Il en 1970 qui marqua le mouvement de résistance à  la dictature. En juillet-septembre 1987, une série de grèves eut pour revendication la création d'un syndicat démocratique. Celle-ci fut effective avec la création de la Confédération Générale des Syndicats (KCTU) en 1995.
De ce syndicat naquit le Parti Progressiste unifié en 2000. Il y a en Corée moins de distance entre parti et syndicat démocratique qu'en France.

2-Actualité

Le mandat du président sud-coréen  est de 5 ans. La présidence actuelle Park Geun-hye est la prolongation de la présidence réactionnaire précédente avec Lee Myung-bak.
La présidence de Lee Myung-bak fut entachée entre autres par le lancement du projet d'aménagement des quatre fleuves à  la fois inutile et dangereux pour l'environnement. 2009 fut une année d'importantes répressions contre les travailleurs avec l'interdiction du syndicat des fonctionnaires alors que le droit de se syndiquer est reconnu par la Constitution sud-coréenne.
La présidence Park Geun-hye a commencé en décembre 2012 suite à des fraudes électorales massives.
En décembre 2014, le Parti progressiste unifié fut interdit suite à l'affirmation mensongère selon laquelle il aurait préparé un coup d'Etat avec le soutien de la Corée du Nord. Ceci montre le caractère fascisant de la présidence Park Geun-hye. Il y eut également le scandale du naufrage du Sewol avec 300 enfants morts en avril 2014, scandale qui ne fut jamais éclairci. Des mesures de répression furent prises contre les parents des victimes et les militants pour la vérité sur le naufrage, avec des arrestations et gardes à  vue arbitraires de plusieurs jours.
En 2013, le siège de la KCTU fut perquisitionné et son dirigeant arrêté et condamné à  7 ans de prison ferme. L'Organisation internationale du travail émit des protestations. Les demandes de création de syndicats de fonctionnaires furent rejetées et le syndicat des enseignants interdit.
Il faut savoir que la Corée du Sud a 10 millions de travailleurs précaires et trois millions de chômeurs pour 50 millions d'habitant et n'a pas de système complet de sécurité sociale. Participer aux luttes sociales et syndicales en Corée du Sud mène très souvent en prison.
La répression est particulièrement forte dans les grandes entreprises comme Samsung et Hyundai, dont le poids économique est écrasant. A Hyundai, il y a deux fois pus de travailleurs précaires que de travailleurs permanents.
A Samsung, les syndicats sont interdits. Il y a eu récemment une tournée européenne des syndicalistes (illégaux) de Samsung. Un problème grave est notamment l'exposition des travailleurs à  des substances toxiques qui ont causé au moins 80 leucémies mortelles.
A cela s'ajoutent d'autres problèmes comme ceux de la dette étudiante.
En conclusion, la résistance est forte au sein du peuple de Corée du Sud, et porteuse d'espoir pour l'avenir.

Présentation sur la Corée du Nord et l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) par Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC chargé des actions de coopération

La Corée du Nord est l'objet de tous les fantasmes. Toute personne portant un autre regard que celui des médias dominants sur la Corée du Nord sera facilement qualifiée de "suppôt du régime". L'image négative la Corée du Nord en Occident est largement fabriquée par les services secrets sud-coréens et américains, alors que les Etats-Unis stationnent près de 30 000 soldats dans la péninsule coréenne. Ceci s'explique notamment par son système économique capitaliste, sa position géostratégique entourée de grandes puissances et ses capacités technologiques puisque la Corée du Nord est un des quelque 10 pays au monde capables de lancer un satellite dans l'espace.

Les Nord-Coréens ne prétendent pas être un modèle. La culture politique locale est très marquée par le confucianisme. Il s'agit d'une adaptation locale des démocraties populaires.

L'Association d'amitié franco-coréenne considère le dialogue avec la Corée du Nord nécessaire comme avec tout pays différent du nôtre. Dès sa fondation en 1969, l'AAFC ne comporta pas que des communistes mais aussi des socialistes, des gaullistes de gauche ou encore des chrétiens progressistes.

Le destin des deux Corée est lié malgré la division. Comme l'a montré la succession d'une phase de démocratisation de la Corée du Sud en 1998-2008 et de dialogue avec le Nord, suivie d'une phase autoritaire et de fermeture du dialogue avec la Corée du Nord, le combat social en Corée du Sud et le combat pour la paix et la réunification en Corée sont liés.

L'AAFC n'a pas pour but défendre en bloc un gouvernement qui ne prétend pas exporter son modèle, mais de donner des clés pour mieux comprendre la situation en Corée. La situation française est particulière puisqu'il s'agit du seul pays européen avec l'Estonie qui n'a pas établi de relations diplomatiques complètes avec la République populaire démocratique de Corée. L'AAFC ne s'intéresse pas seulement au Nord mais aussi au Sud de la péninsule, d'où sa contribution à la fondation du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud.

La question est souvent posée de savoir si la Corée du Nord est un pays socialiste. Le socialisme est un concept qui prend dans la réalité des formes diverses. On retrouve en Corée du Nord les caractéristiques essentielles du socialisme développé dans les démocraties populaires, avec notamment la propriété collective des grands moyens de productions, le système de santé et d'éducation gratuits, les logements à  prix modiques. Cependant, la Corée du Nord ne se reconnaît plus dans le marxisme-léninisme mais dans une idéologie qui lui est propre, les idées du Juche

La Corée du Nord a été fondée par des résistants à l'occupation japonaise, et la menace impérialiste permanente l'a amenée à maintenir une certaine opacité des mécanismes décisionnels au sommet de l'exécutif comme il est d'usage dans tous les réseaux de résistance. On notera cependant que le pouvoir à la base est exercé par les cellules du Parti du travail de Corée, qui fait remonter ses décisions, informations et opinions en haut de la pyramide.

Lors des années 1990, la Corée du Nord a perdu subitement la plupart de ses partenariats commerciaux. De plus la perte d'accès au pétrole soviétique à des conditions préférentielles cumulé avec de graves inondations ont considérablement mis à mal l'agriculture nord-coréenne jusqu'alors assez fortement mécanisée. Cette situation a conduit à un certain nombre de réformes marquées par la légalisation et la généralisation des marchés de surplus agricoles, la monétarisation de l'économie et une autonomisation de gestion des entreprises.

Le programme nucléaire nord-coréen prend son origine dans son manque de confiance dans ses alliés qui s'avèrera ensuite justifié dans les années 1990. Les dirigeants nord-coréens furent d'avis que seule la dissuasion nucléaire pouvait protéger leur pays d'une invasion des Etats-Unis, et furent confortés dans cette opinion par l'invasion de l'Irak, de l'Afghanistan, de la Libye... La Corée du Nord se voit ainsi, non sans raisons, comme un Etat guérilla en permanence menacé.

 

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10 février 2017 5 10 /02 /février /2017 13:01

Le comité national de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) s'est réuni à Paris le 9 février 2017, en présence d'une délégation de la délégation générale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en France conduite par M. Ri Ho-yong, conseiller. Les participants ont donné corps aux principes de coopération et d'échanges qui guident l'AAFC en débattant des moyens de mener à bien divers projets culturels, scientifiques et universitaires.

Réunion du comité national de l'AAFC : favoriser les coopérations et l'amitié franco-coréenne

Après l'ouverture des travaux du comité national par Guy Dupré, président de l'AAFC, Patrick Kuentzmann, secrétaire général, a rappelé l'ordre du jour du comité national, puisque l'année 2017 sera riche en anniversaires de dates marquantes pour la réunification de la Corée.

Alors que la session du comité national coïncidait avec le 75e anniversaire de la naissance du Dirigeant Kim Jong-il, le 16 février 1942, Benoît Quennedey, vice-président de l'AAFC chargé des actions de coopération, a souligné la contribution de Kim Jong-il au dialogue intercoréen, notamment lors de l'organisation à Pyongyang des sommets du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007. Il est également revenu sur le développement par la RPD de Corée d'un programme nucléaire et balistique destiné à dissuader toute attaque américaine, tout en observant que les autorités nord-coréennes faisaient leur l'objectif d'une dénucléarisation générale, mais qu'un désarmement unilatéral ne pouvait être envisagé car il menacerait la souveraineté et l'indépendance de la RPD de Corée.

M. Ri Ho-yong a mis en exergue la volonté du Maréchal Kim Jong-un, dans la continuité des politiques développées par Kim Il-sung et Kim Jong-il, d'atteindre l'objectif d'une réunification pacifique et indépendante de la Corée – conformément aux orientations définies lors du septième Congrès du Parti du travail de Corée, en mai 2016, et dans le discours de Nouvel An du 1er janvier 2017. La célébration, en 2017, du 45e anniversaire du communiqué conjoint du 4 juillet 1972 et du 10e anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007 doit, plus que jamais, permettre de franchir une nouvelle étape sur la voie de la réunification de la Corée. La récente visite en Corée du Sud et au Japon du secrétaire américain à la Défense James Mattis, suivant un discours très belliciste, atteste cependant que la volonté de dialogue n'est pas partagée côté américain.

À son échelle, l'Association d'amitié franco-coréenne entend favoriser les échanges et le dialogue entre la France et l'ensemble de la Corée, afin de permettre une pleine insertion de la RPD de Corée sur la scène internationale et éloigner les dangers de guerre. Le comité jeunes et étudiants de l'AAFC, dont le président a pris la parole au cours de la réunion du comité national, entend favoriser les initiatives en direction de la jeunesse. Tel est également le sens des déplacements envisagés en RPD de Corée de plusieurs délégations de l'AAFC au cours de l'année 2017 – notamment une délégation du Comité Espéranto, au printemps, et une délégation de la direction nationale en août 2017, ainsi que de l'organisation à Paris, en juin 2017, d'une conférence internationale avec les associations d'amitié dans le monde, 40 ans après la conférence internationale ayant donné naissance au Comité international de liaison pour la paix et la réunification en Corée (CILRECO), afin de resserrer les liens de solidarité internationale.

Dans un contexte marqué par un probable retour au pouvoir des démocrates à Séoul, qui augurerait d'une reprise des échanges Nord-Sud et d'une certaine détente internationale, le comité national de l'AAFC a aussi décidé d'interroger les candidats à l'élection présidentielle sur la situation dans les deux Corée, tout en soulignant la nécessité d'une présence encore plus active dans les médias – alors que les récents événements internationaux ont traduit un biais particulièrement défavorable à la Corée du Nord. Enfin, l'assemblée générale annuelle a été fixée au 15 avril 2017.

Réunion du comité national de l'AAFC : favoriser les coopérations et l'amitié franco-coréenne
Réunion du comité national de l'AAFC : favoriser les coopérations et l'amitié franco-coréenne
Réunion du comité national de l'AAFC : favoriser les coopérations et l'amitié franco-coréenne
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17 janvier 2017 2 17 /01 /janvier /2017 12:29

Le Foyer Rural de Tousson, dans le cadre de ses rencontres « Café des Lumières », a proposé la vidéo projection de la conférence de Robert Charvin, « Comment être Coréen du Nord ou Russe, ou l’escamotage de la géopolitique », conférence donnée à la Sorbonne le 1er octobre de l’année dernière. Cette manifestation a été organisée avec le parrainage des films de l'An 2.

Vidéo conférence de Robert Charvin à Tousson : comment peut-on être Coréen du Nord... ou Russe ?

C’est le Festival de Cannes qui a sensibilisé des adhérents du Foyer Rural sur la Corée et un grand magasin culturel parisien qui les a amenés à s’intéresser au cinéma nord-coréen et à la République Populaire Démocratique de Corée depuis 2011. C’est ainsi que dans cette suite de rencontres sur la Corée (stages cinéma, gastronomie, conférences avec des réalisateurs : Pierre-Olivier François et David Carr-Brown…), un petit groupe d’adhérents a découvert la conférence de Robert Charvin, ce mercredi 11 janvier 2017. Aucun n’avait de connaissance sur la RDPC autre que ce qu’en rapportent les médias. Ils étaient très curieux et nul doute que les qualités du conférencier et la notoriété de la Sorbonne ont contribué au sérieux de ce Café des Lumières. Les cinquante minutes de la conférence ont semblé très courtes tant la qualité de l’orateur est passionnante et des applaudissements ont été spontanés en fin de projection. Robert Charvin n’est pas sans rappeler à certains moments le linguiste américain Noam Chomsky par des traits d’humour décalé … « les Etats-Unis s’estiment menacés par la RDPC… c’est comme ci la France se sentait menacée par le Portugal »… Comme dans La fabrique du consentement (Contre-feux, éd. Agone) de l’auteur américain, Robert Charvin entreprend plutôt une analyse des médias, presse écrite, télévisions et réseaux sociaux, en lien avec l’actualité comme le déploiement du matériel militaire en Pologne, pour « assurer la paix »… A l’affirmation souvent entendue que la RDPC serait un pays agresseur, il rappelle qu’un pays n’est agresseur que quand il est sûr de gagner la partie. Des observations et réflexions qui se retrouvent également dans son livre éponyme à destination des journalistes.

« Quel philosophe ! » s’est exclamé un participant. Il estime que c’est par ces rencontres que les choses avancent dans la compréhension du monde.

Le Café des Lumières se termine par l’invitation de son prochain rendez-vous, un dimanche de février, en présence de Juliette Morillot qui vient de publier son livre co-écrit avec Dorian Malovic (La Croix) La Corée du Nord en 100 questions.

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  • : Association d'amitié franco-coréenne
  • : Soutenir la paix en Corée, conformément à l'aspiration légitime du peuple coréen et dans l’intérêt de la paix dans le monde
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