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23 décembre 2017 6 23 /12 /décembre /2017 23:16

"Nous voulons la paix en Corée !" c'est ce qu'ont exigé les bouddhistes coréens lors d'une manifestation pour la paix qu'ils ont organisée le samedi 23 décembre 2017, à Paris, au Mur de la Paix - à l'occasion d'une journée internationale de mobilisations de par le monde initiées par la Fondation pour la paix (The Peace Foundation). Le Mouvement de la Paix et l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) ont participé à la manifestation parisienne, dont ils soutiennent pleinement les objectifs pour le retour au dialogue dans la péninsule coréenne, la levée des sanctions, le double moratoire (des manoeuvres militaires américano-sud-coréennes et des essais balistiques et nucléaires par la Corée du Nord), afin de déclencher une dynamique qui permette la conclusion d'un traité de paix. 

Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris

Le défi était de taille : rassembler des citoyens originaires de quatre pays (Allemagne, Corée, France, Vietnam) l'avant-veille de Noël, pour exprimer - en quatre langues (allemand, anglais, coréen, français) - l'aspiration universelle à la paix, alors que la montée des tensions autour de la péninsule coréenne pourrait enclencher un conflit aux conséquences catastrophiques. Mais les bouddhistes coréens de Paris ont gagné leur pari, en réussissant leur seconde manifestation pour la paix en France en l'espace de quelques semaines. 

Le lien a été fait avec les manifestations qui ont vu, il y a d'un an, des millions de Coréens manifester, partout dans le monde, afin de renverser le régime autoritaire et corrompu de la Présidente Park Geun-hye, désormais déchue et emprisonnée. 

Les organisateurs, membres de l'église bouddhiste Jungto de Paris, ont appelé toutes celles et tous ceux qui aspirent à la paix à les rejoindre, à la veille de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver à Pyeongchang qui doivent symboliser la volonté de paix et de dialogue : 

La paix ne se fera pas seule. La paix doit être créée de notre propre volonté. La paix doit commencer par soi-même. Tous vos souhaits et vos efforts sincères ouvriront la voie à la réalisation de la paix dans la péninsule coréenne et dans le monde. Rejoignez-nous pour la paix. Avec vos prières, vos actions, vos contributions ou une campagne sur les réseaux sociaux. Quelle que soit la façon que vous ressentez le mieux, rejoignez-nous pour la paix dans la péninsule coréenne.

Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris

Au nom du Mouvement de la Paix, Gérard Halie a rappelé que la péninsule coréenne avait été divisée contre son gré, par le jeu des grandes puissances, après la fin de la Seconde guerre mondiale, et avait été ravagée par la guerre de Corée (1950-1953) qui avait causé des millions de morts. 

Benoît Quennedey, Président de l'Association d'amitié franco-coréenne, a dénoncé l'indifférence des gouvernements occidentaux et de l'opinion publique internationale face au renforcement continu des sanctions initiées par les Etats-Unis qui frappent d'abord, sinon exclusivement, les 26 millions de femmes, d'hommes et d'enfants de la Corée du Nord.

Le rassemblement a été ponctué de chants et de danses, se terminant par un parcours tout autour du Champ de Mars. Le combat pour la paix doit se poursuivre, jusqu'à la victoire !

Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris
Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris
Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris

Photos AAFC. 

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16 décembre 2017 6 16 /12 /décembre /2017 21:50

Le 15 décembre 2017, le comité national de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) s'est réuni à Paris. Dressant le bilan d'une année 2017 marquée par une grave montée des tensions dans la péninsule coréenne, les participants ont décidé de s'adresser à toutes les organisations politiques et sociales en France se revendiquant du pacifisme pour leur proposer une coordination des actions pour la paix en Corée, impliquant la suspension des manoeuvres militaires et la réduction des sanctions à l'encontre de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) qui mettent en danger la vie même des populations, sans rapport avec l'objectif prétendu d'empêcher la RPD de Corée de poursuivre son programme de dissuasion nucléaire. 

 

 

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M. Jong Chang-gwon, conseiller à la délégation générale de Corée

M. Jong Chang-gwon, conseiller à la délégation générale de Corée

Alors que l'AAFC a relancé la coopération et la solidarité internationales pour la paix et la réunification en Corée, à l'occasion notamment de la conférence internationale qu'elle a organisée à Paris les 23 et 24 juin 2017, tout en renforçant de 16 % les effectifs de ses adhérents au cours de l'année écoulée, la situation de profonde crise diplomatique et militaire dans la péninsule coréenne implique de redoubler d'efforts pour convaincre le plus largement les dirigeants et l'opinion publique internationale de la nécessité de retrouver la voie du dialogue pour sortir de l'escalade des tensions et des sanctions.

A cette fin, le comité national de l'AAFC a décidé de favoriser la visite au Nord de la Corée de journalistes qui couvriront d'autres aspects de la vie sociale et économique du pays que ceux habituellement traités par les médias. Pour également mieux faire connaître les spécificités propres à la péninsule coréenne, il a également été créé un comité de l'AAFC d'étude des sciences politiques et sociales de la Corée, qui favorisera les échanges avec les universitaires spécialistes de Corée sur la base des échanges et des coopérations déjà mises en place par l'AAFC dans ce domaine. Le bureau de ce nouveau comité thématique de l'AAFC a été constitué.

A l'issue de leurs travaux, qui coïncidaient avec le 6e anniversaire de la disparition du Dirigeant Kim Jong Il (le 17 décembre 2011) et le 100e anniversaire de la naissance de la camarade Kim Jong-suk (le 24 décembre 1917), mère de Kim Jong-il (cf. ci-après les extraits d'un hommage que lui a rendu ce dernier le 24 février 2009, traduisant notamment les valeurs de piété filiale propres à la culture coréenne), les participants ont été rejoints par M. Jong Chang-gwon, conseiller à la délégation générale de la RPD de Corée en France.

Benoît Quennedey, président de l'AAFC, a rendu hommage au combat mené par les Nord-Coréens dans l'édification d'un pays puissant et prospère malgré des sanctions internationales sans précédent, saluant la mémoire du Dirigeant Kim Jong-il qui avait accueilli, à Pyongyang, les présidents sud-coréens Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun, en juin 2000 et octobre 2007. Ces deux sommets ont marqué des étapes fondatrices sur la voie de la réconciliation et de la réunification de la Corée. Puis Jong Chang-gwon, rappelant les visites en RPD de Corée de nombre des participants du comité national de l'AAFC, a observé que le bonheur était une idée neuve en Corée, les succès rencontrés dans la constitution d'une force de dissuasion nucléaire assurant désormais au peuple coréen la capacité de faire face aux menaces de destruction de l'impérialisme américain. 

Le 16 décembre 2017, S.E. M. Kim Yong-il, délégué général de la RPD de Corée auprès de la République française et ambassadeur auprès de l'UNESCO, a reçu une délégation du comité national de l'AAFC, composé notamment de Guy Dupré, son président d'honneur, dans les locaux de la délégation générale à Paris.

 

Kim Jong-il : "la mère Kim Jong-suk, héroïne de la résistance antijaponaise,
sera toujours vivante dans le coeur de notre peuple"
(extrait d'un entretien avec les cadres de la ville de Hoeryong, le 24 février 2009)

 

Sa maison natale à Hoeryong, bâtiment d'intérêt historique, réveille en moi de profonds souvenirs de ma mère.

Elle est née et a passé son enfance dans une famille pauvre. Les siens croupissaient dans une misère telle qu'ils vivaient dans une chambre en location. On aurait du mal à croire qu'une éminente révolutionnaire ait pu naître dans un logement si déplorable.

La famille de ma mère, patriotique et révolutionnaire, a, pendant le martyre de la nation, lutté contre les agresseurs japonais pour le pays et pour le peuple. Ce milieu familial lui a inspiré dès l'enfance une haine profonde des Japonais, ennemis responsables de tant de malheur et de souffrances de notre peuple. C'est ce qui l'a incitée à s'engager résolument dans la voie de la Lutte révolutionnaire antijaponaise dirigée par le grand Président Kim Il Sung, se taillant la réputation de générale partisane.

La stèle indicatrice des hauts faits révolutionnaires de ma mère relate qu'elle est née le 24 décembre 1917 dans cette maison et qu'elle a dû ressentir la désolation d'une nation asservie et mener une existence de tribulations, ce qui a cultivé sa volonté patriotique.

Le siens vivaient dans un taudis au bord de la rivière Phalul, avant de déménager, deux ans avant sa naissance, dans ce logis auquel ils ont ajouté une nouvelle pièce. Ils vivaient en bons termes avec les gens du village. Ma mère avait quatre ans quand elle s'est exilée dans la région de Beijiandao. La famille s'était vu contrainte à traverser le fleuve Tuman, car le père, militant du mouvement indépendantiste, était en butte à la persécution sévère de la police japonaise. La famille s'était même vue privée de la petite parcelle de terre qu'elle avait louée. 

Les arbres plantés au bord de la cour sont des sapins, je crois.

Vous me priez de poser seul devant la maison de ma mère pour donner une photo. D'accord.

Cette maison, marquée des traces des pas austères de ma mère, est un bâtiment historique. Je prie les autorités de la ville de Hoeryong de la conserver et l'entretenir avec soin, et de mener à bien la formation du public lors de sa visite (...).

Le musée des Hauts faits révolutionnaires de Kim Jong Suk a été inauguré le 25 août 1982, à l'occasion du 65e anniversaire de ma mère (...).

Source : Naenara

 

 

 

Kim Jong-il avec ses parents, Kim Il-sung et Kim Jong-suk

Kim Jong-il avec ses parents, Kim Il-sung et Kim Jong-suk

La maison natale de Kim Jong-suk, à Hoeryong

La maison natale de Kim Jong-suk, à Hoeryong

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12 décembre 2017 2 12 /12 /décembre /2017 22:26

A l'occasion de la sortie de son ouvrage La Corée du Nord, cette inconnue aux éditions Delga, Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) est intervenu à la librairie Tropiques, le 5 décembre 2017, sur le thème "L'économie de la Corée du Nord (est-elle socialiste ?)". Il avait déjà prononcé une première conférence à la librairie Tropiques, le 12 septembre 2017, sur le thème "De quoi la Corée du Nord est-elle le nom ?", autour de l'ouvrage de Robert Charvin, vice-président de l'AAFC : Comment peut-on être Coréen (du Nord) ?

Les études sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) s'intéressent traditionnellement peu à l'économie de ce pays. Au demeurant, ce sujet est difficile à traiter : les Nord-Coréens ne publient plus de statistiques économiques de manière régulière et ont par ailleurs tendance à occulter les "mesures économiques" (qu'ils considèrent non comme des réformes économiques, mais comme des mesures d'ajustement à un contexte économique spécifique après la disparition de l'Union soviétique et des démocraties populaires) ; quant aux Occidentaux, ils tendent à trop fortement s'appuyer sur des sources sud-coréennes en partie biaisées, ignorent largement les aspects micro-économiques et voient les mesures macro-économiques sous l'angle, selon eux, de la nécessaire restauration d'une économie capitaliste.

Il est trop souvent ignoré que la RPD de Corée a été, au moins jusque dans les années 1970, un modèle de développement économique, suscitant par exemple les commentaires élogieux d'Ellen Brun et Jacques Hersh dans leur ouvrage, basé sur le recueil de données sur place, Socialist Korea. A Case Study in the Strategy of Economic Development (Etats-Unis, 1976). Le principe a été celui de la recherche de l'autonomie (à distinguer de l'autarcie), selon les principes des idées du Juche, philosophie directrice de la RPD de Corée.

Pour apprécier où en est aujourd'hui l'économie nord-coréenne, avant d'examiner si elle est socialiste (au sens où on l'entend dans les démocraties populaires, suivant une grille de lecture marxiste : propriété collective des moyens de production, planification, gratuité de l'éducation et de la santé, coût modique du logement, des transports et de certains loisirs) et la direction qu'elle prend (évolue-t-on vers un "socialisme de marché" à la chinoise ou à la vietnamienne ?), il est utile de donner quelques repères économiques, de caractériser le secteur public (y compris sous l'impact des mesures économiques adoptées en Corée du Nord) et d'apprécier la restauration partielle d'une économie capitaliste, par le développement du secteur privé, la mise en place de zones économiques spéciales, et  l'introduction de nouveaux mécanismes de redistribution. 

Quelques repères économiques

Structure de la production
Si l'agriculture emploie environ 36 % de la population active, elle ne forme que 20 % du PIB. L'industrie (34 % de la population active, 40 % du PIB) et les services (25 % de la population active, 30 % du PIB) dominent, alors que le secteur minier est particulièrement développé (5 % de la population active, 10 % du PIB). Les ressources minières du pays ont ainsi été évaluées à 6 400 milliards de dollars, alors que le PIB (aux taux de change courants) est estimé par les Occidentaux à 40 milliards de dollars.

Principales productions
Agriculture : riz et maïs, légumes et fruits frais, pommes de terre, patates douces. Un sixième seulement de la surface du pays est cultivable. L'élevage est relativement peu développé, contrairement à la pêche.
Mines et énergie : charbon, fer, cuivre. Pétrole offshore non exploité. Deuxièmes ressources mondiales en terres rares. Troisième rang mondial pour la magnésite. 
Industrie et construction : métallurgie, textile, industrie agro-alimentaire.
Services : fort potentiel éducatif. Essor du commerce international et du tourisme depuis 2000.

Niveau de développement
Si le PIB exprimé en parité de pouvoir d'achat est généralement estimé à environ 2000 dollars par habitant, d'autres indicateurs font ressortir un niveau de production trois à quatre fois supérieurs : la production d'électricité par habitant est supérieure à celle de la Moldavie, proche de celle de Cuba et de la Tunisie.
Espérance de vie à la naissance : 70 ans (supérieur au niveau russe).
Mortalité infantile : 18 pour 1000 (moyenne mondiale : 40 pour 1000).
Taux d'alphabétisation : 100 %.


Taux de croissance économique annuels
Les taux de croissance économique ont été à deux chiffres de la fin de la guerre de Corée (1953) jusqu'au moins dans les années 1970. Après un important recul entre 1990 et 1998, l'économie se développe à nouveau depuis 1999, malgré l'embargo international, traduisant une capacité d'innovation et d'adaptation fondée sur un haut niveau d'éducation et de formation. 
L'obsolescence de l'appareil productif et des réseaux (transports, énergie) constitue un frein important au développement économique.

La prédominance d'un secteur public en mutation

Les aspects traditionnels de l'économie nord-coréenne, tels que décrits par Ellen Brun et Jacques Hersh (op. cit.), font apparaître celle-ci comme socialiste au sens marxiste du terme (suivant son acceptation dans les démocraties populaires) :
- la propriété collective des moyens de production a été généralisée, à l'exception des marchés paysans (mis en place en 1953 pour les surplus de l'économie agricole par rapport aux objectifs du plan) et des lopins individuels, de surface toutefois réduite (4 % de la superficie agricole au début des années 1970) ; l'impôt privé a été aboli il y a plus de 40 ans ; 
- les activités économiques sont orientées suivant un plan pour satisfaire les besoins de la population à court terme et à moyen terme ; le parti joue un rôle fondamental pour la définition des objectifs du plan, tandis qu'une décentralisation du processus décisionnel a été mise en place dans les provinces, les villes et les villages ; 
- la volonté de développer les forces productives, tout en élevant le niveau de conscience idéologique, a pris la forme de batailles pour la production, jusqu'à la période actuelle, et est allée de pair avec un souci d'éviter tout gaspillage des ressources (les céréales sont ainsi cultivées sur les plus petites parcelles pour atteindre l'objectif d'autosuffisance alimentaire) ;
- de nouvelles formes d'organisation économique et sociale (ou "transformations structurelles") visent à mettre en place un nouveau système de valeurs, dans le cadre de la construction du socialisme : les visites de terrain des dirigeants jouent un rôle fondamental en RPD de Corée, où le rôle des gestionnaires est combiné avec une association des représentants des différentes catégories sociales au sein du comité d'entreprise dans le processus décisionnel (suivant le système dit de Daean) ; le principe d'entraide est érigé en valeur fondamentale (tous les Nord-Coréens participent ainsi aux campagnes de repiquage du riz), tandis que les travailleurs les plus méritants et les équipes les plus performantes sont mis à l'honneur suivant un système de récompenses qui n'ont pas toutes un caractère pécuniaire ; enfin, la créativité et l'innovation sont fortement encouragées, avec un accent porté sur la mécanisation (dans le cadre du système CNC au début des années 2010, après un développement précoce de l'industrie informatique).

Ces choix économiques se sont traduits par un degré de monétarisation parmi les plus faibles au monde dans une économie industrialisée : les rémunérations sont complétées par un système public de distribution étendu, qui fournit les produits de base (dont le logement et l'alimentation), une éducation et une santé gratuites. Chacun a le droit au travail et le devoir de travailler, le principe d'entraide étant généralisé dans la communauté éducative (les élèves les plus doués doivent aider les camarades plus en difficulté, et les résultats s'apprécient à l'échelle de toute la classe) comme dans la communauté de travail.

Les mesures économiques, introduites à la suite des graves difficultés économiques des années 1990 (la "dure marche", pendant laquelle la fin du commerce de troc avec les démocraties populaires et de graves catastrophes climatiques ont entraîné une surmortalité de centaines de milliers de personnes, au bas mot), ont toutefois altéré ce modèle d'organisation économique et sociale.

Dès 1998, la Constitution est révisée afin d'autoriser les profits privés, à condition qu'ils résultent d'activités légales.

Les mesures économiques du 1er juillet 2002 ont été poursuivies depuis cette date, mais de manière non uniforme :

- le système public de distribution a été recentré sur les produits alimentaires de base, et est de fait aujourd'hui géré au niveau des administrations et des entreprises ;
- le principe a été introduit de l'autonomie de gestion des entreprises, avec la possibilité de redistribuer les bénéfices aux salariés suivant des mesures incitatives à la production ;
- la libéralisation des prix et des salaires a conduit à la mise en place de dispositifs de contrôle des prix.

Parallèlement, après l'interruption du plan couvrant la période 1987-1994, la planification a reculé, avant d'être ouvertement réintroduite dans la période récente (le dernier congrès du Parti du travail de Corée, en 2016, évoque les objectifs de la planification pour la période 2016-2020).

Un des aspects les plus marquants des réformes a été l'organisation des coopératives agricoles autour d'unités de production de plus petite taille regroupant, depuis les mesures du 28 juin 2012, de trois à quatre familles.

Enfin, les mesures économiques ont contribué à accroître le secteur privé, jusqu'alors marginal. 

Une restauration partielle du capitalisme ?

Le secteur privé domestique est marqué, outre les évolutions internes aux coopératives paysannes, par l'émergence des marchés généraux de biens et de services, apparus pendant les difficultés économiques de la "dure marche" et légalisés en juin 2003 : il s'agit d'une transformation des anciens marchés paysans, dont la spécialisation en produits agricoles a été supprimée en 2004. Seuls certains intervenants - des femmes, ayant un âge minimum - peuvent participer aux marchés généraux de biens et de services, en contrepartie d'un droit de place et suivant des règles fixées par l'Etat.

Il a résulté de l'essor de ce commerce privé un double système de taux de change (légal, et de fait sur les marchés généraux) et une prédominance des devises étrangères dans les échanges internationaux. 

Néanmoins, il n'existe toujours pas d'accumulation de capital privé pour créer des entreprises en Corée du Nord, ni a fortiori de bourse des valeurs. Les gestionnaires d'entreprise ne sont pas propriétaires des moyens de production, et peuvent être révoqués.

Le secteur privé international prend plusieurs formes :

- les entreprises à capitaux mixtes (coréens et étrangers, avec en principe une majorité du capital coréenne), depuis une modification législative introduite en 1984 ;
- les zones économiques spéciales (ZES), qui rappellent celles chinoises, et où les investisseurs étrangers bénéficient d'exemptions fiscales ; la principale ZES, à Kaesong, a cependant fermé en février 2016, dans un contexte de regain des tensions intercoréennes ;
- la création, en 2013, de 19 centres régionaux spécialisés pour accueillir les investissements étrangers.
Pour sa part, la Corée du Nord a développé des investissements à l'étranger (notamment une chaîne de restaurants) et emploie des dizaines de milliers de travailleurs étrangers, en Europe et dans le monde arabe notamment.

Le commerce international (qui a dépassé 8 milliards de dollars par an au milieu des années 2010) est aujourd'hui dominé par la Chine, qui concentre également désormais 90% des investissements étrangers en Corée du Nord (en particulier, dans les secteurs des mines et de l'industrie).

Mais cette ouverture au capital étranger (et le déploiement des facteurs travail et capital de la RPDC dans le monde) ont été remis en cause par les récentes résolutions 2371 et 2375 du conseil de sécurité des Nations unies, adoptées en août et septembre 2017, qui ont interdit la plus grande partie des échanges internationaux du pays, réduisant d'autant la part du secteur privé : le secteur public tend ainsi à redevenir largement prédominant en Corée du Nord. 

Concernant la redistribution, les mesures économiques ont introduit des disparités importantes de revenus : de fait, l'éducation et la santé ne sont plus totalement gratuites, les cours privés ayant fait leur apparition et de nombreux patients devant fournir les médicaments en cas d'hospitalisation. Le système de protection sociale reste cependant complet, atténuant les inégalités entre classes sociales et entre régions.

Au final, les mesures économiques marquent-elles un repli tactique (comme l'avait été la NEP en Union Soviétique) ou correspondent-elles à une restauration partielle du capitalisme ? Si les Nord-Coréens ne font plus officiellement référence au marxisme-léninisme, leur économie reste cependant la plus socialisée parmi les Etats se réclamant toujours du socialisme, et la réfutation même de la notion de "réformes" économiques tend à faire des mesures économiques des adaptations jugées temporaires et transitoires, pour garantir la poursuite de la construction d'une économie socialiste puissante et disposer de capitaux étrangers nécessaires à la modernisation de l'outil productif, dans un contexte marqué par un renforcement sans précédent des sanctions internationales.

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11 décembre 2017 1 11 /12 /décembre /2017 23:34

Le 3 décembre 2017, l'émission "Sept à huit" de TF1 a consacré un reportage au Président Kim Jong-un de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Un reportage qui ne mérite pas qu'on s'y attarde quant à son contenu - car l'on n'y apprend rien de nouveau sur la RPD de Corée ni sur son dirigeant. En revanche, nous avons été intéressés par le fait que les auteurs du reportage ont interrogé plusieurs responsables de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) dont les entretiens ont tous intégralement disparu lors du montage de l'émission. Parmi eux, Robert Charvin, vice-président de l'AAFC, auteur de "Comment peut-on être Coréen (du Nord) ?", réédité en 2017 aux éditions Delga, qui nous livre ci-après son ressenti, dans un article intitulé TF1 : "Comment peut-on être Coréen (du Nord) ?"

TF1 : « Comment peut-on être Coréen (du Nord) ? »

« L'aventure » que représente la participation à un reportage de TF1 sur la RPDC mérite d'être contée à ceux qui n'assimilent pas la Corée du Nord au diable et qui se veulent partisans de solutions équitables et pacifiques à la crise des relations RPDC – États-Unis.

Le journaliste de TF1 qui m'a sollicité sur la question a consacré avec son caméraman près d'une heure, le 22 septembre 2017, à m'interviewer à la Faculté de Droit, Place du Panthéon, pour finalement ne rien utiliser dans l'émission diffusée à 19h10 le dimanche 3 décembre 2017.

Il n'est sans doute pas responsable de cette « omission » qui concerne à coup sûr d'autres interviewés. Ce journaliste, très ouvert et sympathique, avait manifesté d'autant plus d'intérêt à mes paroles que visiblement il découvrait la question coréenne pour la première fois dans son activité professionnelle.

Source d'étonnement pour moi, il ne s'intéressait qu'à Kim Jong-un de manière quasi anecdotique. Rien sur ses prédécesseurs, rien sur la guerre de 1950-1953, ni la dévastation du pays par les bombardements américains, rien sur l'absence de traité de paix avec les États-Unis, rien sur l'embargo international subi depuis plus de soixante-dix ans avec toutes ses conséquences sur les problèmes à résoudre pour Pyong Yang, rien sur la passivité des Nations unies directement impliquées avec les États-Unis, rien sur la non-reconnaissance diplomatique par la France.

Kim Jong-un est une sorte de génération spontanée dont la politique n'a aucune relation avec le passé immédiat et lointain ! Il ne s'agissait pas de comprendre le pourquoi de la volonté de la RPDC de maîtriser une force de dissuasion nucléaire, réponse à l'agressivité américaine et à la présence permanente des forces armées US en Corée du Sud et dans toute la région, sans parler des manœuvres militaires régulières aux frontières coréennes. Les racines des problèmes n'intéressent pas TF1 : il faut de la personnalisation, du spectacle (même s'il a été cent fois reproduit avec des images standards sur les défilés militaires nord-coréens, les avenues « trop » larges et sans circulation, etc.). En bref du « Paris Match » animé.

La grande chaîne privée regrette sans doute que le leader de la RPDC n'ait pas été filmé par les services américains à l'occasion de quelques frasques avec une belle étrangère ou que l'on n'ait pas trouvé trace de quelques milliards personnels placés dans un paradis fiscal, comme n'importe quelle banque ou personnalité occidentales qui se respectent !

Pour bénéficier d'un autre ton (comme celui que les grands médias adoptent lorsqu'ils parlent du Qatar, de l'Arabie Saoudite, des Émirats, du Pape ou de Johnny Halliday), il aurait fallu que Kim Jong-un et la Corée du Nord aient la capacité d'investir quelques milliards en France ou que le Leader ait eu un visage à l'occidental type Che Guevara.

Notre société du spectacle et ses médias ne manquent pas de perversité « culturelle », à défaut d'être encore les héritiers du Siècle des Lumières.

TF1, qui revendique évidemment, comme tous les autres médias de notre pays, son « objectivité », a présenté une émission exclusivement à charge, sauf pendant les trente dernières secondes permettant à un chercheur compétent de souligner que la RPDC n'avait aucun intérêt à déclencher une guerre. Une concession sans doute accordée au brave journaliste, victime d'un montage où seuls les témoignages accusateurs ont trouvé leur place...

TF1, comme tout le monde, n'apprécie pas Trump et ses provocations : exception faite pour la Corée du Nord !

Un triste bilan pour une grande chaîne de télé française, indifférente à la complexité de la réalité et fabriquant un produit « consensuel » pour téléspectateurs primaires. Toutefois, une expérience quasi humoristique pour un universitaire, qui pendant l'interview songeait à l'analyse de Pierre Bourdieu « De la Télévision » et à la liberté d'expression dont il racontait à ses étudiants les mésaventures françaises en rappelant que Montesquieu disait, il y a quelques siècles : « Comment peut-on être Persan ».

Robert Charvin

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10 décembre 2017 7 10 /12 /décembre /2017 16:09

Planète Paix, mensuel du Mouvement de la paix, a consacré le dossier de son numéro 626 (novembre 2017) à la question coréenne, sous le titre "Corées : éviter l'engrenage". Dans un article faisant le point sur l'historique des armes nucléaires en Corée, Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a également rappelé la nécessité de relancer le dialogue multilatéral en engageant sans délai un "double moratoire" (de ses essais balistiques et nucléaires par la République démocratique de Corée, de leurs manoeuvres militaires par les Etats-Unis et leurs alliés) en vue, à terme, de parvenir à la conclusion d'un traité de paix, en lieu et place de l'accord d'armistice du 27 juillet 1953. L'AAFC lance un appel à l'ensemble des organisations et militants pacifistes pour refuser l'escalade vers un conflit dévastateur entre puissances nucléaires en Asie du Nord-Est.  

Dans Planète Paix, nous avons rappelé que les Coréens, nombreux à Hiroshima et à Nagasaki en 1945, avaient été le deuxième peuple de l'histoire le plus touché (après les Japonais) par la seule utilisation à ce jour de l'arme nucléaire, et que les forces armées américaines, tout en détruisant méthodiquement la Corée du Nord pendant la guerre de Corée (1950-1953) en recourant à un usage massif du napalm, avaient alors menacé d'utiliser à nouveau l'arme nucléaire. Aujourd'hui, des voix s'élèvent dans les milieux néoconservateurs, à Washington, à Séoul et à Tokyo, pour suggérer la réintroduction d'armes nucléaires américaines en Corée du Sud, voire pour que la Corée du Sud devienne elle-même une puissance nucléaire américaine - mais cette dernière perspective a été rejetée par le président de la République de Corée (Corée du Sud), le démocrate Moon Jae-in.

Face aux menaces de "destruction totale" de leur pays par l'administration américaine, les Nord-Coréens ont développé l'arme nucléaire dans une logique de dissuasion (du faible au fort) comme, avant eux auparavant, les Français sous la présidence du Général de Gaulle.

Opposés par principe aux armes nucléaires (la République populaire démocratique de Corée a été le seul Etat doté de l'arme nucléaire à voter, en octobre 2016, la résolution L. 41 du premier comité de l'Assemblée générale des Nation unies en vue de l'élimination complète des armes nucléaires), les Nord-Coréens jugent cependant que les conditions ne sont aujourd'hui pas réunies pour un désarmement unilatéral, quand l'administration Trump envisage une guerre totale. C'est pourquoi, plus que jamais, nous estimons, de concert avec les responsables de la Campagne internationale pour l'élimination des armes nucléaires (ICAN, Prix Nobel de la paix 2017), qu'il est plus que jamais nécessaire de retrouver la voie du dialogue multilatérale en Corée. Il s'agirait d'avancer vers la conclusion d'un traité de paix dans la péninsule coréenne et l'établissement de mécanismes de sécurité collective qui apportent de réelles garanties de non-agression à la Corée du Nord. 

L'AAFC dans "Planète Paix" : l'exigence d'un traité de paix en Corée
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26 novembre 2017 7 26 /11 /novembre /2017 19:35

Le 25 novembre 2017, l'Association d'amitié franco-coréenne a créé à Saint-Dié un comité régional pour la région administrative Grand Est. L'AAFC Grand Est a vocation à coordonner les activités de l'AAFC en Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne. Le nouveau comité régional a élu son bureau, avec pour président Pierre-Olivier Poyard, militant politique et syndical et pacifiste.

Création du comité régional Grand Est de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC)

L'AAFC est active depuis plusieurs années dans l'est de la France. Ainsi, le 25 septembre 2015, l'IUT de Saint-Dié avait organisé une conférence-débat intitulée "La Corée du Nord, au-delà des idées reçues", animée par le grand reporter Claude Vautrin, avec les interventions de Damien Jamet, maître de conférences à l'Université de Lorraine, et Benoît Quennedey, alors vice-président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) chargé des actions de coopération. Par ailleurs, en février 2017, une projection-débat du film du Sud-Coréen Jero Yun Madame B., histoire d'une Nord-Coréen, dont l'AAFC a été partenaire, a été organisée en avant-première à Nancy (ville où avait étudié le réalisateur), en présence d'adhérents de l'AAFC présents dans la région Grand Est.

Les membres du nouveau comité régional de l'AAFC ont discuté des actions à entreprendre dès le début de l'année 2018, pour faire connaître la situation de la Corée - et toute la Corée - et favoriser les initiatives pour la paix en Asie du nord-est.

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7 octobre 2017 6 07 /10 /octobre /2017 18:11

Le 6 octobre 2017, le prix Nobel de la paix a été attribué à la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (acronyme anglais : ICAN), coalition de plus de 500 ONG à l'origine  de l'adoption par 122 Etats membres des Nations unies, le 7 juillet 2017, du projet de traité sur l'interdiction des armes nucléaires - qui entrera en application 90 jours après que cinquante Etats l'auront ratifié. Cette décision, qui intervient dans un contexte de fortes tensions autour de la péninsule coréenne où l'usage et le déploiement d'armes nucléaires sont dangereusement évoqués, conforte l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) dans son action plaidant pour revenir à la table des négociations et engager une désescalade qui doit conduire, à terme, à l'avènement d'un monde sans armes nucléaires. 

Corée : avec l'ICAN, l'AAFC plaide pour un retour immédiat à la table des négociations

Deux jours après l'ouverture à la ratification du projet de traité pour l'interdiction des armes nucléaires, l'Association d'amitié franco-coréenne, dans un article exprimant sa position publié le 22 septembre 2017, soulignait l'urgence, pour sortir de l'impasse dans la péninsule coréenne, de s'engager résolument sur la voie d'un désarmement nucléaire multilatéral - impliquant l'ensemble des pays disposant d'armes nucléaires : 

La seule issue à la crise en cours sur le nucléaire nord-coréen consiste donc à ce que les Etats-Unis cessent de menacer la RPD de Corée avec des armes nucléaires (en apportant par ailleurs des garanties de sécurité à la Corée du Nord) et s'engagent eux aussi sincèrement, comme la France et le Royaume-Uni, vers une interdiction complète des armes nucléaires dont ils restent les principaux détenteurs (si l'on juge par les critères du nombre d'essais et de têtes nucléaires). Ce processus sera long, exigeant des concessions de toutes les parties (et pas seulement de la Corée du Nord), mais en tout état de cause ils ne peuvent pas demander aux autres ce qu'ils refusent d'accomplir eux-mêmes. Dans ce seul contexte, il serait raisonnable pour Pyongyang d'abandonner également ses armes nucléaires, qui sont aujourd'hui son assurance-vie face aux menaces extérieures.

Ce désarmement multilatéral doit, selon l'AAFC, être engagé simultanément par les Etats dotés de l'arme nucléaire et proportionnellement aux arsenaux nucléaires dont ils disposent, afin qu'il ne serve pas de prétexte à certains Etats pour conserver le monopole de l'arme de destruction massive, sans équivalent au monde, que constitue l'arme nucléaire. A cet égard, il convient de rappeler que, selon les données de l'ICAN, près de 94 % des ogives nucléaires sont détenues par deux pays, la Russie (8 500 ogives) et les Etats-Unis (7 700 ogives), devant (dans cet ordre) la France (300 ogives), le Royaume-Uni (250 ogives), la Chine (225 ogives), le Pakistan (environ 110 ogives), l'Inde (environ 100 ogives), Israël (80 ogives) et la Corée du Nord (moins de 10 ogives).

Si aucun des neuf Etats aujourd'hui dotés de l'arme nucléaire n'a participé aux discussions sur le traité pour l'interdiction des armes nucléaires, leurs motivations ne sont pas identiques, comme l'avait rappelé le vote, le 27 octobre 2016, au sein du premier comité de l'Assemblée générale des Nations unies sur la résolution L. 41
 qui prévoyait l'ouverture de négociations cette année sur un "instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète". La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) avait voté pour la résolution L. 41, réaffirmant ainsi sa position traditionnelle selon laquelle elle n'avait développé des armes nucléaires qu'à des fins de dissuasion, mais restait fondamentalement attachée à un monde sans armes nucléaires. La Chine, l'Inde et le Pakistan s'étaient abstenus. Les cinq autres Etats dotés de l'arme nucléaire (Etats-Unis, France, Israël, Royaume-Uni, Russie) avaient voté contre la résolution L. 41. Nous avions alors souligné que la France avait été particulièrement active pour s'opposer à cette démarche visant à l'interdiction des armes nucléaires : 

La France a été particulièrement en pointe dans l'opposition à ce texte, en faisant pression sur les eurodéputés français pour qu'ils s'opposent à une résolution au Parlement européen confortant la démarche de l'Assemblée générale des Nations unies. L'argumentaire français est qu'il fallait s'opposer à un texte "inefficace et déstabilisateur", et donc en rester aux instruments existants... qui ont fait la démonstration de leur inefficacité.

Sur la question coréenne, l'ICAN est à l'origine d'une pétition dont l'AAFC partage le principe et les objectifs, à savoir le retour immédiat aux pourparlers à six et la fin de l'escalade militaire par l'ensemble des parties - y compris la fin des exercices de guerre américano-sud-coréens : 

La crise actuelle dans la péninsule Coréenne nécessite une action immédiate en vue de désamorcer les tensions. Les manoeuvres militaires qui ont lieu en Corée du Sud doivent être arrêtées et aucun test de missiles ou d’arme nucléaire ne doit avoir lieu dans les pays impliqués dans ce conflit. Nous appelons donc les six pays qui ont été parties à des négociations dans le passé à retourner immédiatement à la table des négociations pour discuter les termes d’un traité de paix.

http://www.icanw.org/petitionfrench/

Cependant, par réalisme quant aux équilibres diplomatiques et aux réalités stratégiques, l'AAFC adapte cet appel de l'ICAN dans son positionnement. Nous préconisons d'abord, dans un premier temps, un double moratoire (de ses essais nucléaires et balistiques par la Corée du Nord, de leurs manoeuvres militaires et de la course aux armements par les Etats-Unis), concurremment à la levée en tout ou partie des sanctions internationales qui menacent la vie même des populations nord-coréennes, pour enclencher un processus de dialogue en recréant les conditions d'une confiance mutuelle entre l'ensemble des Etats parties aux pourparlers à six. Cette dynamique, reposant sur le principe "action contre action", doit ainsi conduire, à terme, au désarmement nucléaire effectif de toute la péninsule coréenne. 

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4 octobre 2017 3 04 /10 /octobre /2017 21:46

"Chuseok", ou la fête des récoltes, est l'une des principales fêtes traditionnelles coréennes, célébrée chaque année, dans l'ensemble de la péninsule, le quinzième jour du huitième mois lunaire. A cette occasion, les Coréens retournent sur le lieu de leur origine pour rendre hommage à leurs ancêtres. Le 4 octobre 2017, la fête de Chuseok a coïncidé avec le dixième anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007. A cette occasion, l'Association d'amitié franco-coréenne a organisé un dîner dans un restaurant coréen à Paris. 

Réunion de l'AAFC à l'occasion du 10e anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007

Il est des anniversaires tristes : 10 ans après le second sommet historique entre le Nord et le Sud de la Corée en octobre 2007, qui aurait dit que l'ensemble des acquis du dialogue et des échanges intercoréens auraient été réduits à néant - ou presque ? 

Mais l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) est persévérante : se remémorant la longue période de gel des relations intercoréennes après la percée qu'avait constitué le communiqué conjoint Nord-Sud le 4 juillet 1972, ses adhérents réunis le 4 octobre 2017 ont exprimé leur conviction que les principes ayant fondé la déclaration du 4 octobre 2007 continueront d'inspirer des générations de Coréens et de militants progressistes pour créer les conditions et l'espoir d'une réunification future. Ils avaient d'ailleurs choisi un restaurant tenu par les Coréens de Chine vivant en France pour symboliser que la réunification de la Corée doit être l'oeuvre de tous les Coréens, du Nord, du Sud et de la diaspora.

A cet égard, l'AAFC a montré, lors des débats ouverts lors de ce dîner, qu'elle entend poursuivre ses actions pour favoriser et encourager la coopération franco-coréenne (Nord et Sud) dans les domaines culturel, scientifique et universitaire, pour lesquels la poursuite d'idéaux communs de paix et de solidarité implique de dépasser les différences de systèmes politiques et sociaux.

L'AAFC souhaite d'excellentes fêtes de Chuseok à tous les Coréens.

Réunion de l'AAFC à l'occasion du 10e anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007
Réunion de l'AAFC à l'occasion du 10e anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007
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3 octobre 2017 2 03 /10 /octobre /2017 19:39

 Réuni le 2 octobre 2017 à Paris pour évoquer la situation de la Corée, le Comité national de l'Association d'amitié franco-coréenne a adopté la déclaration suivante :

Le 19 septembre 2017, s'exprimant devant la 72ème Assemblée générale des Nations unies, le Président des États-Unis d'Amérique a menacé de « destruction totale » un pays de 25 millions d'habitants, la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord). Quelques jours auparavant, le 11 septembre, le Conseil de sécurité des Nations unies adoptait une nouvelle série de sanctions (la neuvième depuis 2006) contre la Corée du Nord coupable de vouloir se doter des mêmes outils destructeurs que ceux qui la menacent.

Les troupes des Nations unies sous commandement des États-Unis ont déjà procédé à ce qui était considéré comme la destruction presque totale de la Corée du Nord : entre 1950 et 1953, pendant ce qu'il est convenu d'appeler la Guerre de Corée. Ce conflit s'est achevé par l'accord d'armistice du 27 juillet 1953 et aucun traité de paix n'a été signé. Depuis 64 ans, la péninsule coréenne reste en état de belligérance, les États-Unis stationnant toujours des forces militaires massives en République de Corée (Corée du Sud), au Japon et dans la zone Asie-Pacifique.

Le Conseil de sécurité a été conduit par certains de ses membres à adopter des résolutions qui donnent l’impression que les tensions dans la péninsule coréenne ne sont imputables qu’à une seule partie. Les résolutions du Conseil imposent au peuple de Corée du Nord des sanctions qui aggravent encore les tensions, et encouragent d’autres pays à adopter unilatéralement leurs propres sanctions. En outre, les sanctions prises par le Conseil de sécurité enfreignent l'esprit, sinon la lettre, de la Charte des Nations unies.

Aux termes de l’article 39 de la Charte des Nations unies et dans le cadre de ses attributions exclusives en matière de sécurité collective, « le Conseil de sécurité constate l'existence d'une menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte d'agression et fait des recommandations ou décide quelles mesures seront prises conformément aux Articles 41 et 42 pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales ».

Or, au regard des qualifications employées par le Conseil de sécurité par le passé, il est patent que la notion de « menace contre la paix » dans la péninsule coréenne est susceptible de concerner un grand nombre de situations et de démarches entreprises, pas seulement du fait de la Corée du Nord. À ce titre, la récurrence des exercices militaires menés conjointement par les États-Unis et la Corée du Sud sont clairement constitutifs d'une « menace contre la paix » en simulant un affrontement armé avec la Corée du Nord et une invasion de cette dernière.

Il est inacceptable que les exercices militaires conjoints américano-sud-coréens n’aient jamais été inscrits à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, ni traités afin que des mesures soient adoptées par les Nations unies. En omettant de traiter cette situation, le Conseil de sécurité donne une impression de partialité, ce qui ne peut que compromettre les buts qu’il est supposé poursuivre au titre du chapitre VII de la Charte des Nations unies. La sécurité collective suppose une approche globale et honnête de la situation, non une position n’obéissant qu’à un seul point de vue, en l'occurrence celui des États-Unis d'Amérique.

Il est de la responsabilité de chaque membre du Conseil de sécurité, dont la France, de soulever tout ce qui pourrait menacer la paix dans la péninsule coréenne, et non de se focaliser sur les actions d’un seul protagoniste. La cause de la paix dans le monde suppose que les provocations récurrentes et réitérées ne soient pas tues et passées sous silence au motif que certains pays ne sont pas d'accord.

Enfin, au dixième anniversaire de la déclaration inter-coréenne du 4 octobre 2007 pour le développement des rapports Nord-Sud, la paix et la prospérité, les Nations unies doivent s’engager dans une démarche associant tous les Coréens pour que, pacifiquement, ils soient les seuls à prendre leur destin en mains, conformément aux principes du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de non-ingérence exprimés par la Charte des Nations unies.

L'Association d'amitié franco-coréenne est déterminée à prendre toute sa part dans ces combats. 

Texte de la déclaration à télécharger

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28 septembre 2017 4 28 /09 /septembre /2017 19:31

Dans le contexte actuel de tensions autour de la péninsule coréenne, les analyses de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) ont été reprises (par exemple dans un article de L'Humanité qui nous a longuement cités pour dénoncer l'impact des sanctions sur les populations) et nos responsables interrogés : Robert Charvin, vice-président de l'AAFC, a répondu à Initiative communiste, et Benoît Quennedey, président de l'AAFC, à Nice Matin ou encore à Russia Today. Nous reproduisons ci-après le contenu de son entretien à Russia Today, le 27 septembre 2017.

RT France : Des bombardiers américains se sont approchés des côtes nord-coréennes et le chef de la diplomatie nord-coréenne Ri Yong-ho a déclaré au siège des Nations unies que le monde entier devrait se souvenir que «les Etats-Unis ont été les premiers à déclarer la guerre». Un conflit armé est-il proche selon vous ?

Benoît Quennedey (B. Q.) : Aujourd'hui, on ne déclare plus la guerre à un pays comme cela. La déclaration de guerre en droit suppose – du moins dans le droit français – une consultation du Parlement. On en est aujourd’hui pour moi toujours au stade de la guerre verbale, ce qui est en soi est un signe inquiétant, mais il n'y a pas d'action militaire.

Les relations entre la Corée du Nord et les Etats-Unis ont été émaillées de nombreux incidents depuis 1953, à la fin de la guerre de Corée. Il n'y a d'ailleurs pas eu de traité de paix, que l'on attend toujours, mais un traité d'armistice. Il y a eu la capture du Pueblo, le navire espion américain, dans les eaux coréennes en 1968. Il y a eu des affrontements maritimes avec la Corée du Sud, qui ont fait des morts à plusieurs reprises, notamment en 2010 à Yeonpyeong.

Si l'hypothèse d'un conflit armé peut être prise au sérieux face à la montée des tensions et à l'escalade verbale en cours, nous sommes toujours dans le domaine du discours. De chaque côté, il y a une grande fébrilité, une volonté de montrer qu'on est prêt à tout. Par le passé, les Nord-Coréens ont pu tenir des propos beaucoup plus durs, affirmant que, s'ils étaient attaqués, ils noieraient Séoul sous une mer de feu. Ce qui est nouveau c'est que, auparavant, ils disaient «si nous sommes attaqués» et qu'aujourd'hui, ils laissent entendre que la guerre aurait commencé. Mais à mon sens, une guerre se définit par un enclenchement action / contre-action, suivi d'un engagement total ou partiel de forces armées des pays dans un conflit de long terme. Il y a eu la guerre de Corée entre 1950 et 1953. Il y a eu depuis un certain nombres d'actions militaires, mais on n'en est pas encore arrivé au stade de la guerre. 

RT France : Si la Corée du Nord abattait comme elle l'a promis un bombardier américain, cela suffirait-il à déclencher un conflit armé ?

B. Q. : La comparaison avec le Pueblo est peut-être l'exemple le plus parlant. On avait alors eu une longue crise entre les deux pays. Même si on assistait à une action de ce type, cela resterait de l'ordre de l'action militaire et pas de la guerre. Une action militaire même ponctuelle n'est pas encore la guerre, même si, effectivement, on s'en rapproche.

RT France : «Petit homme fusée», «vieux sénile»... Les joutes verbales semblent de plus en plus tourner à l'attaque personnelle entre Donald Trump et Kim Jong-un. Y a-t-il matière à s’inquiéter de la tournure que prend cette crise ?

B. Q. : Par rapport aux termes employés par les Nord-Coréens, il faut comprendre que nous ne sommes pas dans une culture occidentale. On trouve dans les discours des comparaisons ou des termes qui représentent la culture politique de chaque pays. Pour donner un exemple, dans la culture vietnamienne, une des insultes les plus courantes est de comparer les personnes à des animaux, et surtout aux insectes. Ce qui donne souvent, dans les traductions, le terme «vermine». Tout propos doit être resitué dans un contexte politique et culturel. S'agissant de la Corée du Nord, le fait qu'ils aient des propos extrêmement forts vis-à-vis des dirigeants américains n’est pas tout à fait nouveau. Je me rappelle cette formule qui avait à l'époque suscité un tollé : les autorités nord-coréennes avaient comparé Barack Obama à un singe. C'était, à mon sens, une métaphore bestiale que l'on retrouve très souvent dans le discours politique coréen aussi bien du nord que du sud – les Sud-Coréens ont régulièrement décrit des dirigeants nord-coréens sous la forme de cochons. Cela relève du bestiaire, ce n'est pas nouveau ou inédit dans ces cultures. D'ailleurs, la comparaison sur Barack Obama n'avait pas nécessairement de connotation raciste. Ce qui est beaucoup plus nouveau est de voir Donald Trump tenir des propos du même type vis-à-vis d'un autre dirigeant étranger, et cela de manière aussi régulière et répétée, donnant effectivement l'impression que cela tourne à l'affaire personnelle. 

Les Nord-Coréens n'ont pas toujours eu des termes aussi négatifs à son encontre. Pendant la campagne présidentielle américaine, Pyongyang avait dit de Donald Trump qu'il était avisé et sage. J'ai l'impression qu'aujourd'hui la rhétorique employée à son encontre est presque à la hauteur de la déception, de l'agacement. Ensuite, il ne faut pas oublier que, pendant la guerre de Corée, la Corée du Nord a été recouverte de bombes. Chaque famille nord-coréenne compte une victime de ce conflit dans ses membres. Le nombre d'entre elles a atteint un quart de la population du pays. Ces propos sont à la mesure d'un ressentiment qui dure depuis plusieurs générations. En quelque sorte, quand les autorités nord-coréennes visent Donald Trump, elles visent le commandant en chef d'une force armée hostile qui, pour eux, a détruit leur pays et le menace à nouveau des pires châtiments.

RT France : Le nouveau président sud-coréen, Moon Jae-in, n'est pas aussi pro-américain que ses prédécesseurs et son pays serait le premier à souffrir d'un conflit armé. A force de provocations et d'escalades verbales, Donald Trump risque-t-il de perdre un allié de poids dans la région ?

B. Q. : Ce qui est très dommage est que la Corée du Sud, qui serait aux premières loges d'un conflit, a été marginalisée. Quand Moon Jae-in était en campagne électorale, il avait dit qu'il ne fallait pas que la diplomatie de la Corée du Sud s'aligne systématiquement sur celle des Etats-Unis. C'étaient bien sûr des propos de campagne, puisqu'une de ses premières visites en tant que chef d'Etat fut à la Maison Blanche. Néanmoins, la partition politique en Corée du Sud fait que chez les démocrates, dont est issu Moon Jae-in, le sentiment nationaliste est plus ancré. Ils sont pour un dialogue avec le Nord. La dépendance vis-à-vis des Etats-Unis, et notamment la dépendance militaire, est quelque chose qu'ils vivent mal.

La démarche qu'a eue Moon Jae-in quand il a été élu était de dire qu'il fallait poursuivre le dialogue avec la Corée du Nord tout en maintenant l'alliance avec les Etats-Unis. Or, Donald Trump a eu un mot malheureux, quand il y a eu le premier essai balistique intercontinental nord-coréen le 4 juillet, en disant que, désormais, la Corée du Sud se rendait parfaitement compte que cela ne servait à rien de dialoguer avec la Corée du Nord. Il était en train de donner des leçons à un chef d'Etat étranger. Or ce qui caractérise la diplomatie internationale est précisément de dire que tous les chefs d'Etat sont à égalité, qu'ils soient à la tête d'un petit ou d'un grand pays.

Il faut aussi rappeler que l'élection de Donald Trump a été accueillie avec effroi par les Sud-Coréens. Quand on leur demandait pour qui ils auraient voté, 90% déclaraient Hillary Clinton. Il était donc déjà mal perçu par l'opinion publique. Ajoutons à cela le faible tropisme américain de Moon Jae-in... Le risque que court Donald Trump est de voir la Corée du Sud, sans renier l'alliance traditionnelle avec les Etats-Unis, chercher par les voies diplomatiques à se rapprocher de partenaires tiers comme la Russie et la Chine. Deux pays qui, contrairement à ce que l'on dit, ne sont pas pro-Corée du Nord. Il y a la position de la Corée du Nord, celle des Etats-Unis et de leurs alliés – avec plus ou moins de nuance – et enfin il y a la position de la Russie et de la Chine, qui ont plutôt tendance à renvoyer dos à dos les deux premières, appelant chacun à mettre un terme à cette escalade.

Le risque aujourd'hui n'est donc pas que la Corée du Sud, qui est de toute façon liée par des accords militaires, ne suive plus les Etats-Unis, mais que Séoul joue un rôle diplomatique de rapprochement avec d'autres pays, ce qui pourrait contrarier la politique américaine qui est aujourd'hui au durcissement. Moon Jae-in a d'ailleurs clairement dit que, fondamentalement, ni lui ni le peuple sud-coréen ne souhaitaient une escalade ni même une action militaire américaine.

RT France : Quelle stratégie devrait-on suivre selon vous afin d'enfin apaiser la situation ?

B. Q. : Aujourd'hui, ce que proposent les Américains et leurs alliés n'est pas un dialogue mais un diktat. Leur stratégie revient à dire : «Nous allons tellement vous pressurer que vous n'aurez plus de pétrole, vous aurez des risques de famine, votre économie va s’effondrer, on interdit vos échanges et ainsi vous reviendrez forcément à la table des négociations.». Ce genre de méthodes ressemble à celle choisie vis-à-vis de l'Allemagne après la Première Guerre mondiale. Croire que la Corée du Nord, contrainte et forcée, reviendra à la table des négociations, c'est mal connaître le pays qui dans les années 90 a connu une très grave pénurie alimentaire. Il faut aussi comprendre que l'idée que l'arme nucléaire est comme un principe d'assurance-vie du régime est tellement forte à Pyongyang que cette méthode ne peut qu'échouer.

D'ailleurs, les Américains n'ont jamais dit, après le vote des résolutions au Conseil de sécurité, qu'ils avaient un calendrier avec la Corée du Nord, un agenda pour revenir aux négociations, un temps de travail fixé. Au contraire, ils sont dans une logique, presque de politique intérieure, qui est de dire : «Nous ne pouvons pas ne rien faire.» Donald Trump avait dit que jamais les Nord-Coréens ne disposeraient d'une capacité de dissuasion qui puisse atteindre les territoires américains. C'est aujourd'hui le cas. 

A mon sens, la seule façon de revenir à un contexte moins tendu est de renouer un dialogue en prenant en compte les attentes de chaque partie. Celles nord-coréennes sont connues : avoir des garanties de sécurité et ne pas subir le sort de l'Irak en 2003 et de la Libye en 2011. Par conséquent, au moins dans un premier temps, il faut avoir des actions de chaque partie afin de créer des conditions de confiance qui permettront le retour au dialogue. Il faudrait que Pyongyang cesse les tirs de missiles et les essais nucléaires avec un moratoire d'une certaine période. De son côté, Washington devrait arrêter les manœuvres militaires et a fortiori les vols de bombardiers dans le ciel coréen à proximité de la Corée du Nord. Ce n'est pas quelque chose d'impossible puisqu'on l'avait déjà vu dans les années 1990, où les Américains avaient suspendu leurs manœuvres militaires pour justement abaisser les tensions avec la Corée du Nord. Cette politique est raisonnable. Elle est d'ailleurs proposée par la Chine et la Russie, qui sont totalement sur la même ligne.

La principale difficulté désormais est de convaincre les Américains de revenir à une vraie phase de négociations. Dire aux Nord-Coréens qu'on ouvrira un dialogue une fois qu'ils auront abandonné l'arme nucléaire n'est plus possible. La Corée du Nord est de fait un Etat doté de l'arme nucléaire. Elle a des préoccupations sécuritaires qui sont celles de tout Etat souverain.

La question principale, selon moi, n'est pas tant de savoir si on reviendra à une phase de dialogue, car on y reviendra. Toutes les crises autour de la Corée du Nord ont fini par retomber, y compris en 2013. L'important est de savoir si la baisse des tensions sera momentanée, si elle durera six mois, un an ou si on va pouvoir assister au vrai retour d'un cycle de dialogues. Les négociations dans un cadre à six parties – les deux Corées, les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon – sur le nucléaire coréen ont été suspendues il y a maintenant près de huit ans

Dans tous les cas, les Nord-Coréens attendent une chose : un signe de la part des Américains ainsi qu'une prise en compte de leur part de la nouvelle réalité stratégique. C’est d'ailleurs ce qu'avait proposé Xi Jinping, qui avait dit qu'il serait bien que Donald Trump prenne son téléphone et appelle Kim Jong-un pour montrer qu'il l'estime. Quand on est dans l'invective verbale vis-à-vis que quelqu'un, il est difficile de renouer les fils du dialogue.

 

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

 

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