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15 février 2024 4 15 /02 /février /2024 21:13

Publiée le 18 décembre 2023 et approuvée par le pape François, la déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la foi "Fiducia Supplicans" a autorisé la bénédiction par les prêtres catholiques de couples "en situation irrégulière" (c'est-à-dire non mariés religieusement ou remariés après un divorce) et de couples unissant des personnes de même sexe. Alors que cette décision a été critiquée par certains membres du clergé catholique, des couples homosexuels ont reçu pour la première fois la bénédiction non-sacramentelle en République de Corée (Corée du Sud).  

L'Eglise catholique coréenne a donné les premières bénédictions de couples de même sexe

Les premières bénédictions l'ont été par le père Raphaël Lee Seung-bok, à l'initiative de l'organisation catholique Arc-en-ciel, fondée à l'occasion de la Journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie le 17 mai 2022.

Le 20 janvier 2024, le père Lee Seung-bok a béni deux couples de femmes - Christina et Ariane d'une part, Christina et Yoon-hae d'autre part - en citant le chapitre 6 du Livre des Nombres : 

24 “Que le Seigneur te bénisse et te garde !

25 Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce !

26 Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !”

Le père Lee Seung-bok a souligné la nécessité de lutter contre les discriminations : 

Nous tous, y compris les personnes LGBT, sommes les enfants bien-aimés de Dieu. Dieu aime tous les êtres tels qu’ils sont, et personne n’est exclu de la bénédiction du Seigneur.

Source : 

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29 décembre 2023 5 29 /12 /décembre /2023 23:24

Né le 2 mars 1975, Lee Sun-kyun s'est suicidé le 27 décembre 2023. Agé de seulement 48 ans, il était l'un des acteurs les plus talentueux et les plus prolifiques de sa génération, remarqué notamment pour son interprétation de Park Dong-ik dans le film Parasite de Bong Joon-ho, qui avait remporté la Palme d'or au Festival de Cannes en 2019. L'AAFC salue la mémoire d'une figure éminente du cinéma sud-coréen, en présentant ses condoléances à sa famille et ses proches. 

Lee Sun-kyun, en 2018

Lee Sun-kyun, en 2018

Diplômé d'art dramatique de l'Université nationale des arts de Corée, Lee Sun-kyun avait commencé à jouer en 2001, dans la comédie musicale The Rocky Horror Show et à la télévision dans la série Lovers. Poursuivant parallèlement une carrière d'acteur au cinéma, au théâtre et à la télévision, il a joué le rôle de Choi Han-sung dans la série télévisée sortie en 2007 The 1st Shop of Coffee Prince et a été un des acteurs réguliers de Hong San-soo, à l'affiche dans Night and day,  Les Amours d'Oki et Haewon et les hommes. Plusieurs fois primé comme meilleur acteur, notamment aux Baeksang Arts Awards en 2015 dans A Hard Day de Kim Seong-hun, son rôle dans Parasite en 2019 a marqué l'apogée de sa carrière.

Il s'était marié en 2009 avec l'actrice Jeon Hye-jin, et deux fils étaient nés de leur union, en 2009 et 2011. 

Rendant compte de sa carrière, Philippe Mesmer, dans la quotidien Le Monde, a souligné son attention pour promouvoir les jeunes acteurs, y compris dans le format - tendant à être délaissé - des feuilletons en un seul épisode, plus adaptés à la découverte de nouveaux talents. 

Les conditions de sa disparition, après qu'il venait d'être entendu dans une affaire de consommation de drogue (qui restait à établir), et que lui-même avait porté plainte pour chantage et extorsion de fonds, mettent en lumière l'un des aspects les plus sombres de la société du spectacle sud-coréenne, où la pression médiatique a poussé à la dernière extrémité d'autres vedettes, telles Kim Hong-hyun. Pour Lee Sun-kyun, nous déplorons aussi vivement la méconnaissance de la présomption d'innocence et un certain acharnement policier et judiciaire contre la consommation de drogue : un homme de coeur et de talent nous a quittés beaucoup trop tôt. 

Sources principales :

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11 décembre 2023 1 11 /12 /décembre /2023 21:17

Le 11 décembre 2023, une messe a été célébrée dans la cathédrale de Myeongdong, à Séoul, à l'occasion du 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la République de Corée (Corée du Sud) et le Saint-Siège. Après la Libération de la Corée, la situation des chrétiens (qu'ils soient catholiques ou protestants) dans la Corée divisée avait conduit le nonce apostolique à Paris, Angelo Roncalli (le futur Jean XXIII), à plaider la cause des autorités de Séoul pour être alors reconnues par les pays de culture catholique comme le seul gouvernement légitime pour l'ensemble de la péninsule coréenne. Mais, pour sa part, le Saint-Siège mettra quinze ans, après la fondation de la République de Corée, pour franchir le cap de l'établissement de relations diplomatiques. 

Le pape François en Corée du Sud, en 2014

Le pape François en Corée du Sud, en 2014

Les catholiques coréens représentent aujourd'hui 11 % de la population, constituant l'une des plus importantes communautés catholiques d'Asie de l'Est - après les Philippines. Mais l'engagement de nombre d'entre eux dans le mouvement pro-démocratie, à l'époque où les militaires étaient au pouvoir à Séoul, a créé des frictions avec les conservateurs sud-coréens. Dans les années 1970 et 1980, la cathédrale de Myeongdong a accueilli des opposants pourchassés par la junte. Après le soulèvement de Kwangju en 1980, le pape Jean-Paul II est intervenu - avec succès - pour que l'opposant Kim Dae-jung, lui-même de confession catholique, échappe à la peine de mort. Lors de sa première visite en Corée du Sud en 1984 - qui coïncidait avec le 200e anniversaire des débuts du catholicisme en Corée - Jean-Paul II s'est d'ailleurs rendu à Kwangju. Il allait retourner une nouvelle fois en Corée du Sud en 1989. En 2014, le pape François a visité à son tour la République de Corée. Ces différentes visites ont été l'occasion de béatifier de nombreux martyrs coréens. Il a été envisagé que Jean-Paul II (il en avait exprimé le souhait) puis le pape François visitent le Nord de la péninsule - mais ce projet ne s'est pas concrétisé.

En effet, l'engagement de principe du Saint-Siège en faveur de la paix a conduit à encourager le dialogue intercoréen - cette position pouvant apparaître en décalage avec la diplomatie sud-coréenne quand les conservateurs, beaucoup plus critiques à l'égard de Pyongyang, sont au pouvoir à Séoul. 

A l'occasion du 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques, Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les Etats et les organisations internationales, a visité la République de Corée du 20 au 23 novembre 2023. Il a célébré une messe au sanctuaire Seosomun à Séoul, où les premiers chrétiens coréens ont été martyrisés et canonisés par Jean-Paul II le 6 mai 1984.  Le pape François a adressé un message en faveur de la paix et de la réconciliation dans la péninsule coréenne. Il a également fait référence aux Journées mondiales de la jeunesse prévues à Séoul en 2027. 

Sources : 

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5 décembre 2023 2 05 /12 /décembre /2023 18:21

Les Français qui s'intéressent un peu à la généalogie savent que, en l'absence d'obligations de tenir des registres d'état civil dans notre pays jusqu'au XVIe siècle, disposer de données pour les périodes antérieures implique généralement de compter un ancêtre appartenant à la noblesse. L'ancienne Corée royale ne fait pas exception : ce sont les nobles (yangban) qui étaient les plus attachés à tenir des documents prouvant leur ascendance. Cette fonction était assurée par les registres généalogiques, appelés en coréen jokbo.  

Diagramme montrant les principaux patronymes en Corée

Diagramme montrant les principaux patronymes en Corée

Chaque famille se devait de tenir un jokbo, qui était transmis de génération en génération en étant reçu et conservé par le fils aîné. Dans la société coréenne traditionnelle, il servait notamment de preuve à une ascendance yangban - ce qui explique qu'il pouvait être falsifié et amène à recourir à toutes les précautions d'usage quand le jokbo est utilisé comme source historique. Idéalement, il doit en effet pouvoir être recoupé avec d'autres sources.

Dans la société de classes qu'était la Corée du Choseon, les clans familiaux jouaient par ailleurs un rôle primordial. Manifestement inspiré des registres établis par la Chine impériale (le premier jokbo coréen serait celui du philosophe et poète Choe Chiwon, mort au Xe siècle, à la fin de la dynastie Silla), le jokbo attestait ainsi de l'appartenance à un même clan tout en permettant d'identifier les différentes générations. Il servait aussi - et sert toujours - de base pour pratiquer le culte des ancêtres, sa tenue étant associée à l'entretien des tombes et plus largement des lieux liés à l'histoire de la famille, notamment les demeures familiales.

Le film éponyme Jokbo (en français : Généalogie), réalisé par Im Kwon-taek et sorti en 1979, combine le thème de la résistance antijaponaise (impliquant l'obligation pour les Coréens d'adopter un patronyme japonais) et le récit d'une famille qui s'organise autour de la figure de son patriarche. 

Alors que beaucoup de Coréens portent un même patronyme, le jokbo permet d'identifier ceux qui appartiennent à une même famille. Kim Il-sung, fondateur de la République populaire démocratique de Corée, appartient pour sa part à une lignée de gardiens de tombes de yangban. En 1992, Kim Il-sung a indiqué que sa famille appartenait aux Kim de Jeonju (aujourd'hui la capitale de la province du Jeolla du Nord, en République de Corée), où le tombeau du fondateur est conservé dans les monts Moak, situés dans la zone de montagne entre Jeonju et Wanju. Les ancêtres de Kim Il-sung auraient déménagé à Mangyongdae, près de Pyongyang, entre 1810 et 1820, en restant des gardiens de tombes. 

Sources : 

- Kim Hakjoon, Dynasty, université Stanford, 2015, p. 25 sq.

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8 novembre 2023 3 08 /11 /novembre /2023 15:35

Originaire de Dangjin, la Sud-Coréenne Naraé Kim a été distinguée comme pâtissière de l'année 2024 par le guide Gault & Millau. La prestigieuse récompense, remise au pavillon d'Armenonville à Paris le 6 novembre 2023, est une consécration pour la cheffe pâtissière du Park-Hyatt Paris Vendôme. 

Naraé Kim

Naraé Kim

Amoureuse de la France, c'est toutefois en Corée que Naraé Kim a fait ses classes, en pâtisserie et en nutrition, avant de travailler pour le groupe Hyatt à Guam, à Séoul et au Vietnam. Après avoir exercé au Cheval Blanc à Courchevel au sein du groupe Yannick Alléno, elle rejoint à nouveau Hyatt et l'établissement Paris-Vendôme, en officiant aux côtés du chef Jean-François Rouquette qu'elle a remercié lors de la remise de sa récompense. 

Avant d'être distinguée par le célèbre guide jaune, Naraé Kim avait multiplié les réussites aux concours, étant deux fois médaillée d'or (2015 et 2016) au World Global Pastry Chef Challenge WACS.  

Dans le portrait dressé d'elle pour le Salon du Chocolat, il était souligné sa recherche d'une subtilité dans les goûts, les arômes et les sensations : 

Inspirée par la nature et les saisons, dans la recherche de l’essence, de l’histoire et d’un certain réalisme, la pâtisserie de Narae Kim promeut une mise en lumière technique et gourmande des produits bruts et sains. Avec originalité, une véritable subtilité dans les goûts, et beaucoup de rondeur, la pâtissière s’attache à sublimer les sensations du nez et du palais car les arômes sont fondamentaux dans la construction de ses desserts.

Soignant toujours le visuel avec douceur, pour un style aussi féminin que délicat, celle qui admire les arts et les artisans d’art articule son travail autour de la minéralité et du respect des corps, faisant ainsi briller haut l’étendard de la pâtisserie moderne.

Sources : 

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28 octobre 2023 6 28 /10 /octobre /2023 20:21

Il y a un an, le soir du 29 octobre 2022, dans le cadre des cérémonies d'Halloween, une bousculade dans le quartier d'Itaewon, à Séoul, virait au drame : 159 personnes - pour la plupart des jeunes, dont deux tiers de femmes - ont péri, étouffées et piétinées. Alors que des manifestations d'ampleur ont critiqué la gestion de la crise par le gouvernement, appelant à la démission du Président Yoon Seok-yeol, les procédures judiciaires restent en cours. 

Recueillement sur le lieu du drame, un an plus tard

Recueillement sur le lieu du drame, un an plus tard

Les familles pleurent leurs morts et les survivants restent affectés par un traumatisme qui ne disparaîtra jamais. La fête d'Halloween a viré au drame dans le quartier branché d'Itaewon : parmi les 159 victimes, 26 n'étaient pas coréennes - dont une française. Le chanteur et acteur Lee Jihan figure parmi les victimes.  

Le chanteur et acteur Lee Jihan est mort dans la bousculade d'Itaewon

Le chanteur et acteur Lee Jihan est mort dans la bousculade d'Itaewon

Comme souvent dans ces tragédies, les causes sont multiples et les responsabilités complexes : l'enquête a montré que des appels avaient été donnés aux autorités pour signaler le trop grand nombre de personnes rassemblées dans la ruelles étroites de la capitale sud-coréenne. En vain. 

Mis en cause, le ministre de l'intérieur et de la sécurité Lee Sang-min a fait l'objet, le 11 décembre 2022, d'un vote de défiance par l'Assemblée nationale, où l'opposition est majoritaire. Le Président Yoon Seok-yeol s'y est opposé. Une motion de destitution contre Lee Sang-min a finalement été adoptée par les députés le 9 février 2023, mais elle a été rejetée par la Cour constitutionnelle le 25 juillet 2023 : les juges constitutionnels ont estimé que la catastrophe ne s'explique pas par l'action d'une seule personne mais relève d'une multitude de causes. Quant à elles, les procédures judiciaires restent en cours.

En avril 2023, un projet de loi a été déposé pour indemniser les victimes, approfondir l'enquête sur les causes du drame et empêcher que de telles tragédies ne se reproduisent. Le texte n'a pas été adopté, la majorité présidentielle (conservatrice) s'y opposant en redoutant des conséquences comparables à celle du naufrage du Sewol, ayant engendré un mouvement de protestation de masse qui a conduit in fine à la destitution de la présidente Park Geun-hye

Mais la société coréenne a, elle, retenu les leçons : des cours de réanimation cardiorespiratoire (RCR) et pour prodiguer les premiers soins sont désormais donnés dans les établissements d'enseignement, tandis que les citoyens sont sensibilisés aux phénomènes de foule pour procéder à des signalements préalables. Des caméras de vidéosurveillance ont aussi été installées, y compris sur les lieux de la bousculade tragique. 

Pour la mémoire des victimes innocentes fauchées dans la fleur de l'âge, il incombe à nous, survivants, d'empêcher que l'inimaginable ne se reproduise. C'est notre devoir en tant que citoyens responsables et solidaires.

Principale source : 

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20 octobre 2023 5 20 /10 /octobre /2023 14:09

À l’occasion de l’exposition « Unité et paix pour la Corée », qui se tient du 14 au 22 octobre 2023 au 44 rue Volta à Paris 3e, l’artiste-collectionneur sud-coréen Choi Sang Kyun a tenu une conférence de présentation de sa collection intitulée « Chosonhua » (art pictural nord-coréen).

Conférence sur l’art nord-coréen : un autre regard sur la Corée

La soirée a débuté à 19h au 44 rue Volta (Paris 3e). Une quinzaine d’auditeurs ont pris part à l’événement. Paul-Amour Jouanaud a présenté l’exposition, grâce à l’association organisatrice Arirang Europe avec le soutien de l’organisation partenaire AAFC. Afin d’introduire le sujet, deux films ont été montrés : l’interview de M. Choi par la BBC et la présentation de la collection dans un film réalisé par François Bibonne. M. Choi a ensuite présenté son parcours professionnel de chanteur lyrique. C’est grâce à sa pratique artistique qu’il a pu, en tant que Sud-Coréen, se rendre au Nord dès 1990. Là, il eut la chance de rencontrer de nombreux artistes, notamment les meilleurs peintres contemporains.

M. Choi a ensuite présenté une partie conséquente de sa collection. Son talent d’orateur a tenu le public captivé. Chaque peinture était présentée, ainsi que son auteur, avec une brève biographie, notamment les honneurs reçus. C’était une introduction au rôle social des artistes en République populaire et démocratique de Corée. Mais c’était aussi une démonstration du contenu révolutionnaire des œuvres présentées. L’art nord-coréen appartient en majorité au courant du réalisme socialiste. L’intérêt de la collection de M. Choi est aussi de montrer que les artistes ne font pas que de la peinture politique sur commande de l’Etat. Ils sont en réalité libres de choisir leurs sujets et leurs techniques. Cependant, la vente privée demeure interdite : les peintures réalisées sont données par les artistes à l’Etat qui se charge de les vendre. Les bénéfices reviennent intégralement à l’Etat, étant donné que les artistes sont rémunérés tout au long de leur carrière dès la fin de leurs études supérieures d’art.

Enfin, M. Choi a présenté Constructing the Ski Resort (마식령 스키장 & 문수 물놀이장 건설) de Ri Chol Wu et Song Chol Hyok. C’est une très grande toile (200×520 cm). Elle a été réalisée en 2013. La toile s’inscrit dans la tradition des grandes peintures de bataille. Cependant, le sujet ici n’est pas à proprement parler militaire. Deux scènes se juxtaposent : à gauche la construction du parc aquatique de Munsu (à Pyongyang) et à droite la construction de la station de ski de Masikryong (à Wonsan). L’objet de loisirs de ces deux réalisations architecturales tranche avec leur mise en scène. Les acteurs de ces travaux sont les « travailleurs-soldats », ce qui explique la référence à la peinture de guerre. Ces deux centres de loisirs ont un double objectif : développer le tourisme et donner de nouvelles sources de divertissement au peuple.
 

La soirée s’est achevée par quelques questions. Les auditeurs étaient ravis. Ils demandaient à ce que d’autres événements de ce type aient lieu. N’hésitez pas à passer voir l’exposition avant qu’elle ferme ses portes ce dimanche soir.

Conférence sur l’art nord-coréen : un autre regard sur la Corée
Conférence sur l’art nord-coréen : un autre regard sur la Corée
Conférence sur l’art nord-coréen : un autre regard sur la Corée
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7 août 2023 1 07 /08 /août /2023 20:24

Les Occidentaux suivant les médias sud-coréens peuvent être surpris de voir que les personnes mises en cause dans une affaire ne voient généralement pas leur nom dévoilé - à la différence de ce qui se pratique le plus souvent en France. Il faut en effet avoir à l'esprit que la République de Corée, après la fin du régime militaire qui avait conduit à inculper et souvent condamner des innocents sur la base de griefs politiques injustifiés, a été particulièrement soucieuse d'assurer un équilibre entre la liberté d'information et la présomption d'innocence qui ne conduise pas à sacrifier la seconde au profit de la première. Illustration. 

Liberté d'information et présomption d'innocence : comment la Corée du Sud assure un équilibre entre ces deux principes

C'est un fait divers sordide : le 3 août 2023, à Seongnam, dans le sud de Séoul, un homme a foncé avec une voiture sur des personnes qui marchaient dans la rue et a en attaqué d'autres avec un couteau dans un grand magasin. Les deux agressions ont causé un mort et treize blessés. Un suspect a été arrêté deux jours plus tard, le 5 août.

La police a dévoilé l'identité, l'âge et la photo du suspect le 7 août. Cette décision résulte de l'appréciation d'un comité d'experts, au regard d'un ensemble de critères : non seulement le droit qu'a l'opinion publique d'être informée, mais aussi la nature du crime, les preuves recueillies et le préjudiciel substantiel causé. C'est donc à titre tout à fait exceptionnel que le nom du suspect est désormais connu, à l'issue d'une procédure ayant pris plusieurs jours - et qui n'a donc pas été rendue de manière immédiate, sous l'effet de l'émotion. Par ailleurs, contrairement à la France qui a une pratique extensive de la garde à vue et de la détention provisoire pour des suspects souvent mis hors de cause in fine, les personnes mises en examen en République de Corée sont beaucoup plus souvent condamnées - si bien que le risque de dénoncer publiquement un innocent, à l'issue d'une enquête préliminaire conduite sur des bases erronées, y apparaît très faible.

Source : 

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29 avril 2023 6 29 /04 /avril /2023 20:39

Le 29 avril 2023, pour son défilé Femme Pre-Fall 2023 Louis Vuitton a choisi Séoul, sur le prestigieux pont à double étage Jamsu qui enjambe le fleuve Han. La mise en scène a été confiée à Hwang Dong-hyeok, créateur de la série Squid Game. La participation par ailleurs de vedettes de la K-Pop s'inscrit dans une démarche de renforcement de la présence de la marque au Pays du matin calme. La pop culture y est volontiers liée aux secteurs de la mode et du luxe, auxquels est fortement associée l'image de la France. 

Défilé de Louis Vuitton à Séoul, avec le réalisateur de Squid Game

Le pont Jamsu - qui présente la particularité d'être submersible - est l'un des lieux favoris de la vie nocturne séoulite, quand les jets d'eau y dessinent une voûte formant un arc-en-ciel. C'est ce cadre grandiose qu'a choisi Louis Vuitton pour présenter sa collection femme mi-saison, sur le pont inférieur, où 46 mannequins dans le vent - à tous les sens du terme - ont défilé sur un podium de plus de 700 mètres. L'initiative en revient à Hwang Dong-hyeok, qui a aussi choisi les éclairages et un habillage sonore éclatant, combinant pop, rock, musique coréenne traditionnelle, poèmes de Léo Ferré et Guillaume Apollinaire, l'auteur des Alcools célébrant les amours parisiennes sous le pont Mirabeau. Un des thèmes dominant de l'événement a été tant le mariage des cultures que de la tradition et de la modernité.

Nicolas Ghesquière, directeur artistique des collections femme de Louis Vuitton, explique les choix esthétiques et techniques opérés, reprenant par ailleurs des thèmes classiques (damier noir et blanc, silhouette en trapèze...) devenus autant de marqueurs de l'identité de la maison de luxe française :

On challenge des techniques, on transforme les matières, c’est l’un de mes exercices préférés. Il y a beaucoup de mailles transmutées, des vinyles craquelés, des laines crêpées, des effets tweed, des twill stretch, des fausses fourrures ou des broderies qui deviennent des imprimés de fleurs.

Hommage à Squid Game oblige, Hoyeon Jung a ouvert le défilé - avant les apparitions à la fois des stars de la K-Pop (Taeyeon, Hyein, Felix, Mingyu...) et de Jaden Smith, Alicia Vikander, Chloë Grace Moretz ou encore Lous and The Yakuza. 

Louis Vuitton, ayant ouvert une importante unité au coeur de Séoul en 2019, et dont un restaurant pop up dans la métropole coréenne a vu officier Pierre Sang Boyer et Alain Passard, entend encore renforcer sa présence dans une République de Corée devenue l'une des places les plus dynamiques au monde du secteur de la mode - les ventes de Louis Vuitton en Corée du Sud ayant augmenté de 15,2 % en 2022. Pour inscrire cette réussite dans la durée, la marque française a décidé de multiplier les partenariats, tant avec la municipalité de Séoul que l'office du tourisme sud-coréen, tout en s'engageant à protéger la biodiversité. 

Sources : 

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5 avril 2023 3 05 /04 /avril /2023 16:58

Créateur des cryptomonnaies Luna et TerraUSD, le Sud-Coréen Do Kwon (de son nom complet d'état civil Kwon Do-hyung) a été l'une des personnalités les plus puissantes et les plus écoutées du monde des crypto-monnaies. Mais l'effondrement de Luna et de Terra en mai 2022 - l'un des plus spectaculaires de l'économie des crypto-monnaies - a précipité sa chute. Do Kwon est aujourd'hui un homme traqué, poursuivi pour fraude dans plusieurs pays - non seulement la République de Corée (Corée du Sud), qui a demandé son extradition du Monténégro où il vient d'être interpellé, mais aussi, entre autres, les Etats-Unis - où le 23 mars 2023 la justice l'a inculpé pour pour huit motifs de fraude, lui faisant encourir une peine de cent ans de prison. Toutefois, la colère des investisseurs ayant cru en Luna et Terra, et qui ont pour certains tout perdu, ne doit pas occulter les aspects complexes d'une faillite où les responsabilités des différents acteurs restent à établir par la justice à l'issue d'une procédure contradictoire. 

Do Kwon, au siège de sa société Terraform Labs, à Singapour, où il s'était établi en janvier 2022

Do Kwon, au siège de sa société Terraform Labs, à Singapour, où il s'était établi en janvier 2022

En avril 2022, la valeur des cryptomonnaies Luna et Terra atteignait 100 milliards de dollars et leur créateur, Do Kwon, comptait un million de suiveurs sur Twitter. L'ancien diplômé en informatique de l'Université Stanford était alors considéré comme l'une des personnalités de référence de l'univers des cryptos.

Le principe retenu était que Terra - ou plus exactement TerraUSD (acronyme : UST) - constitue un stable coin, à la valeur garantie par parité avec le dollar, afin de répondre aux fluctuations du cours des crypto-monnaies. Lancée en avril 2019, Luna permettait d'assurer la stabilité du cours de Terra, comme l'avait ainsi expliqué Clémence Tanguy dans un article du Café de la Bourse :  

Lorsque l’UST valait plus que 1$, des tokens LUNA étaient détruits pour augmenter l’offre d’UST. À l’inverse, lorsque l’UST valait moins de 1$, des tokens LUNA étaient achetés grâce à la réduction de l’offre d’UST.

Terra et Luna formaient ainsi un couple de crypto-monnaies - dont le sort était lié. La stabilité du cours de Terra était assurée non pas par des réserves en devises (à la différence d'autres stable coins), mais par l'algorithme utilisé, permettant d'effectuer des arbitrages en fonction de l'offre et de la demande. L'ambition était de mettre en place un financement par les crypto-monnaies indépendant des marchés classiques : à cette fin, Do Kwon et ses associés avaient créé la société Chai, permettant des paiements en ligne en utilisant Terra. La société Terraform, créatrice de Terra et de Luna, était aussi devenue l'un des principaux détenteurs de Bitcoin, appliquant le principe too big to fail selon lequel un établissement bancaire de première importance ne peut pas disparaître, au risque sinon de compromettre toute la chaîne de financement. Si Terraform était atteint, c'est toute l'économie des cryptos qui vacillait. Enfin - et surtout - un protocole de rendement, nommé Anchor, avait été lancé à l'été 2021, offrant aux détenteurs de Terra des rendements de l'ordre de 20 %. Ce taux élevé avait précipité l'intérêt des investisseurs - mais fait soupçonner la constitution d'une pyramide de Ponzi, dans laquelle ce sont les nouveaux entrants qui rémunèrent les investisseurs déjà présents.  Une rupture dans les apports ou des demandes massives de retrait rendent alors le dispositif non viable. Anchor a représenté jusqu'à 70 % du montant des UST en circulation.

Et, de fait, en seulement six jours, en mai 2022, les valeurs de Terra et de Luna se sont effondrées. Do Kwon a soupçonné des fuites internes à l'entreprise pour justifier les retrait de plusieurs investisseurs de premier plan.  Mais ce n'était pas la première fois que la parité avec le dollar n'était plus assurée. Toutefois, ni des apports de fonds, ni l'utilisation d'une réserve de Bitcoins se chiffrant en milliards de dollars n'ont cette fois-ci pu enrayer le processus de faillite, suivant le schéma classique de panique bancaire (bank run) dans lequel les clients retirent leurs dépôts en craignant une insolvabilité. Au final, Luna, qui était la 9e crypto-monnaie par le montant de sa capitalisation, a perdu 99,9 % de sa valeur, tandis que la parité de Terra avec le dollar avait disparu. Les pertes ont été estimées à quelque 45 milliards de dollars pour Luna et Terra, et à près de 80 milliards de dollars pour l'ensemble des crypto-monnaies.


Restant résolument un entrepreneur, Do Kwon a alors lancé de nouvelles monnaies, Luna 2.0 et Terra 2.0. Mais les investisseurs floués ont engagé des actions en justice - jusqu'à l'arrestation récente au Monténégro de Ko Kwon, qui était muni de faux papiers belges et costaricains et s'apprêtait à partir pour Dubaï. Selon le jury fédéral américain l'ayant inculpé, il lui est reproché d'avoir

volontairement trompé les investisseurs sur de nombreux aspects de la blockchain Terra, parmi lesquels la technologie utilisée et l’ampleur de son adoption par les utilisateurs

Selon Gurbir Grewal, un des responsables du "gendarme" américain des marchés financiers, la Securities and Exchange Commission (SEC), le système de l'entreprise Terraform Labs

constituait simplement une fraude gonflée par un pseudo “stablecoin” algorithmique, dont le prix était contrôlé par les accusés, et pas par un quelconque code informatique

Si les accusations sont lourdes, elles restent à instruire. Dans une économie des crypto-monnaies peu ou pas régulée - et les règles ne sont pas les mêmes selon les pays, Terraform étant d'ailleurs basée à Singapour - les investisseurs ayant cru à des rendements annuels de 20 %, pour de simples actifs numériques, ont sans doute fait preuve de naïveté. Il faudra aussi déterminer dans quelle mesure Do Kwon et ses associés de Terraform - également mis en cause - connaissaient l'ampleur des risques encourus et ont communiqué à ce sujet. C'est un principe général de droit, quelle que soit la (ou les) juridiction(s) nationale(s) qui ser(ont) finalement saisies : l'élément intentionnel du délit doit être établi. Le précédent du Français Mark Karpelès, qui gérait la plateforme de crypto-monnaies Mt Gox et finalement condamné à une peine de prison avec sursis pour manipulation de données (très en-deçà des réquisitoires initiaux), mérite d'être pris en compte pour éviter d'établir des conclusions hâtives, alors que la faillite du couple Terra-Luna a engendré des drames parmi des investisseurs ayant sincèrement cru à un nouveau paradigme économique et financiers. Et Do Kwon compte d'ailleurs encore des partisans, qui se sont eux-mêmes appelés... les Lunatics.

Sources : 

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