En octobre 2010, Madeleine Dupont, membre de l'AAFC et par ailleurs militante du Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), faisait partie de la délégation de l'AAFC présente en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) à l'occasion du 65ème anniversaire du Parti du travail de Corée. Elle a rendu compte de son déplacement en RPDC dans le numéro 103 (décembre 2010) d'Initiative Communiste, mensuel du PRCF, dans un article intitulé "Retour de République populaire démocratique de Corée", dont nous reproduisons ci-après de larges extraits. En tant qu'organisation, le PRCF réaffirme en conclusion de cet d'article sa position de principe en faveur du retrait des troupes américaines de Corée du Sud et pour la reprise immédiate, par le gouvernement sud-coréen, des négociations avec la RPDC pour la réunification de la Corée "sur la base définie par le gouvernement de la RPDC : un Etat, deux systèmes".
Je ne tenterai pas ici de faire une analyse politique ou économique de ce pays. Je livrerai simplement quelques remarques et impressions ressenties lors de ce séjour. Je faisais partie d’une délégation de l’Association d’Amitié Franco-Coréenne et nous avons été pris en charge dès notre arrivée. [...]
Nous sommes arrivés en pleine célébration du 65ème anniversaire du Parti du travail. Et pour comprendre l’importance donnée à ces manifestations, un bref rappel historique est nécessaire. Les Communistes, avec Kim Il Sung, ont joué un rôle décisif dans la guerre de Libération, et la partition du pays n’est pas leur fait mais celui des USA. Au début du siècle dernier, trois grandes puissances se disputent la Corée : le Japon, la Chine et la Russie. Le Japon finit par l’annexer en 1910. Suit alors une période de répression violente contre le peuple coréen, pendant laquelle les communistes s’organisent en un parti que Kim Il Sung va enraciner dans les masses. En 1932 est créée l’Armée Révolutionnaire Populaire Coréenne qui unit ses forces à celles de la Chine dans la lutte populaire de libération. Cette lutte s'amplifie à partir de 1941 et, en 1945, l’armée soviétique et la guérilla coréenne libèrent entièrement la Corée. Est alors proclamée la République Populaire de Corée ( de toute la Corée). Mais l’impérialisme US intervient et la Conférence de Potsdam en juillet 45 partage le pays en 2 zones d’influence et d’occupation de part et d’autre du 38ème parallèle.
C’est en pensant à ce passé (et à la situation présente constamment tendue) que j’ai applaudi avec émotion l’armée populaire au défilé du 10 octobre. Quelle agréable surprise également, dans la rue, quand les camions attendaient le retour à la caserne, ces échanges joyeux entre les jeunes soldats et la population massée sur les trottoirs qui les acclamait !
Nous avons également assisté à ce que les Coréens appellent Grand Spectacle Gymnique et Artistique de Masse, discipline dans laquelle excellaient les ex-pays socialistes. Et je reconnais que, personnellement - tant pis pour ceux qui n’apprécient pas ! - j’ai été subjuguée par l’ampleur, la beauté et la qualité. Plus de 100.000 participants ; des tableaux représentant, entre autres, la guerre de Libération, l’amitié avec la Chine, les efforts pour la réunification, l’armée, la vie quotidienne. [...]
Nous avons visité plusieurs établissements scolaires, des fermes et une « académie d’agriculture »,une usine textile, un chantier de construction, une maternité et une « académie » de médecine, le musée de la victoire…Chaque visite fut l’occasion de vérifier l’effort de la R.P.D.C. pour le bien-être des populations, caractéristique d’un Etat socialiste : des écoles dont l’équipement n’a rien à envier aux nôtres ; des usines, où les mères de famille travaillent 6h par jour au lieu de 8, et qui disposent de crèches, d'installations diverses comme le coiffeur ou la salle de repos, un potager et une école à proximité, où les hommes obtiennent la retraite à 60 ans et les femmes à 55 ; des hôpitaux aux soins gratuits, avec une large place à la médecine traditionnelle ; des chantiers où les ouvriers ne sont pas esclaves du chronomètre d’un contremaître ; des fermes à l’économie planifiée où l’Etat joue un rôle primordial, où on développe la recherche.
On empiète même sur la mer avec les polders et on rabote la montagne pour gagner un peu de terre dans ce pays où les surfaces cultivables sont plutôt réduites, afin d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.
La R.P.D.C. continue ses efforts « pour la construction d’un pays prospère », même si dans les années 90 (avec la chute des pays socialistes), les U.S.A. avaient cru pouvoir prédire que l’échec du socialisme en Corée n’était qu’une question de temps, et malgré les sanctions des U.S.A. et leurs alliés, auxquelles s’ajoutent les fréquentes catastrophes naturelles.
Vers la fin du séjour, nous avons rencontré le Directeur du Département Europe du Comité Coréen des relations culturelles avec les pays étrangers. Il a insisté sur l’incident du navire coulé dernièrement, pour montrer la tension maintenue par les U.S.A. dans le but de saboter toute tentative de négociation sur la réunification, constante de la politique de la R.P.D.C. [...]
La nécessité d’affirmer sa solidarité avec la Corée socialiste n’est en rien une approbation sans critique ; mais elle implique de continuer notre action pour sortir notre pays de l’O.T.A.N. et de l’Alliance Atlantique afin que s’établissent des relations normales de coopération entre la France et la R.P.D.C.
Quelles que soient les informations partielles et partiales des grands médias sur les récents événements en Corée, le P.R.C.F. réaffirme sa position de principe :
- Que les USA cessent leurs provocations et évacuent leurs troupes de Corée du Sud alors qu'aucune troupe étrangère ne se trouve sur le territoire de la R.P.D.C.
- Que le gouvernement réactionnaire de la Corée du Sud reprenne sans préalable les négociations avec la R.P.D.C pour la réunification du pays sur la base définie par le gouvernement de la R.P.D.C. : un Etat, deux systèmes.
La délégation de l'AAFC devant l'Arc de Triomphe de Pyongyang, le 18 octobre 2010 (photo : AAFC)