Les deux Corée ont procédé à des échanges d'obus le 31 mars 2014. Cet épisode est le dernier en date d'une escalade, récurrente chaque année dans le cadre des exercices militaires conjoints américano - sud-coréens. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) déplore cette montée des tensions, lourde de risques d'affrontements, en plaidant pour un retour à une solution négociée aux questions de sécurité toujours en suspens dans l'une des régions les plus militarisées de la planète.
Les exercices militaires conjoints américano - sud-coréens, et des rencontres entre responsables américains, japonais et sud-coréens en vue de créer une coalition tripartite contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), qui a dénoncé dans ces "exercices de guerre" les préparatifs d'une invasion de la péninsule. Par ailleurs, les autorités nord-coréennes ont décidé de répliquer en procédant à des tirs répétés de courte et moyenne portées. De manière inhabituelle, les Etats-Unis ont décidé de saisir le Conseil de sécurité des Nations Unies à propos de ces exercices pourtant routiniers de l'armée nord-coréenne, même si leur occurrence au moment des manoeuvres conduites conjointement par Washington et Séoul n'est pas un hasard. La condamnation par les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies a eu une portée simplement verbale, aucune sanction supplémentaire n'ayant été adoptée.
L'escalade a franchi une nouvelle étape quand, le 31 mars 2014, l'armée sud-coréenne a déclaré avoir répliqué par le tir de 300 obus au tir par la Corée du Nord, selon elle, de 500 obus dans la zone maritime contestée par les deux Etats coréens. La RPD de Corée avait pourtant prévenu, comme elle ne le fait pas systématiquement, qu'elle conduirait des manoeuvres militaires dans cette zone contestée. L'armée sud-coréenne a réagi très vivement contre ce qu'elle a qualifié de "provocation" pouvant appeler des "représailles" : "Si le Nord réagit à nos tirs de riposte légitime et s'en sert comme d'un prétexte à une nouvelle provocation contre nos eaux maritimes et nos îles, nous engagerons de fermes représailles". Comme à chaque phase de tensions intercoréenne, les médias occidentaux ont pris parti en relayant largement les images fournies par l'armée sud-coréenne, en montrant notamment les habitants de l'île Baengnyeong réfugiés dans des abris.
L'accusation de "provocations" vis-à-vis de la partie adverse n'est pas nouvelle. La différence ces dernières semaines est que, à plusieurs reprises, la RPD de Corée a esquissé les voies d'une sortie de crise, mais ni Séoul, ni Washington n'ont répondu - du moins publiquement - à cette offre d'ouverture, alors même que Pyongyang et Tokyo ont repris un dialogue bilatéral au plus haut niveau depuis 2012.
La veille des échanges de tirs, dans un communiqué publié le 30 mars, le ministère des Affaires étrangères de la RPD de Corée avait jugé "illégale" la déclaration du Conseil de sécurité des Nations Unies condamnant les tirs "justifiés" auxquels avait procédé l'Armée populaire de Corée, en déplorant la grave mise en cause par les Etats-Unis et leurs alliés du "climat de détente créé dans la péninsule coréenne grâce à la politique active et aux efforts sincères pour la paix déployés cette année par la RPDC". Lancés le 27 mars, les exercices Ssangyong ont été dénoncés comme le plus important engagement de forces depuis 1993 dans le cadre des exercices annuels Key Resolve et Foal Eagle.
Sources : KCNA, Le Monde et AFP (photo).
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