Ri In-mo est le plus célèbre des anciens prisonniers non convertis, ces prisonniers politiques torturés puis emprisonnés pendant des dizaines d'années au Sud de la péninsule pour avoir refusé de renier leurs idéaux communistes. Ri In-mo n'a été rapatrié en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) que le 19 mars 1993, alors âgé de 76 ans. Dans ses mémoires publiées sous le titre My life and faith (Ma vie et ma foi), Ri In-mo raconte comment son mariage a coïncidé avec la fondation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), le 9 septembre 1948 : l'événement personnel a ainsi coïncidé avec la fête nationale dans la vie du jeune militant communiste, qui souligne la primauté du combat politique.
Lorsqu'il épousa en 1948 Sun-im, de dix ans sa cadette, à qui il avait offert le poème Mont Paektu de Jo Ki-chon et l'Histoire du Parti communiste d'Union soviétique, Ri In-mo ne savait pas qu'il ne vivrait alors que deux ans avec elle, avant d'être contraint à être séparé de sa femme pendant quarante-trois ans.
Dans ses Mémoires, Ri In-mo, qui avait dû quitter Pungsan pour Hamhung sur les instructions du Parti du travail de Corée, raconte que son mariage n'était pas ordinaire "tout d'abord parce que ce jour-là la première session de l'Assemblée populaire suprême avait déclaré la fondation de la République populaire démocratique de Corée dirigée par le Général Kim Il-sung. Ensuite parce que nous avions déjà célébré notre mariage.
Le 25 août, immédiatement après le succès de l'élection des députés à l'Assemblée populaire suprême à travers le Nord et le Sud [de la péninsule] nous avions organisé une cérémonie de mariage à Hamhung, aidés par nos camarades, qui s'étaient affairés comme si c'était d'eux qu'il s'agissait.
Mais ma famille et mes camarades à Pungsan soulignaient que le mariage devait se tenir là-bas. Ils n'écoutaient pas même quand je leur disais que le mariage avait déjà eu lieu. Ils s'occuperaient de tous les préparatifs eux-mêmes et ils disaient qu'il suffisait que les époux soient simplement là. Ils avaient même fixé la date. Nous ne pouvions faire autrement que d'accepter, et le mariage fut célébré à nouveau.
Notre mariage coïncidait avec la célébration d'une fête nationale, alors que flottaient partout dans les rues de Pungsan les drapeaux aux bandes rouges et bleues, que les chants retentissaient et que les gens montraient leur joie.
Mes camarades nous avaient fait sortir dans une cour pour prendre une photo de mariage à l'extérieur, où la lumière était meilleure. Le président de la Ligue de la jeunesse Kim Kyong-mun déroula et dressa les banderoles portant les noms des mariés à l'extérieur de la maison. Au moment où la photo devait être prise, Kim Tok-ryong nous cria d'attendre une minute et nous dit de nous déplacer légèrement. Nous avons obéi sans savoir pourquoi. Il nous a dit de bouger encore un peu. D'autres camarades aussi nous dirent de faire de même. Pensant qu'ils plaisantaient, je regardai autour de moi et trouvai le drapeau de la République qui était accroché aux toits au-dessus de nos têtes. Ils voulaient en faire le fond de la photographie.
Le drapeau de la République et les voix des enfants chantant Le chant de déclaration de la République populaire me rappellent que c'était le jour même où la RPDC a été fondée. J'étais d'autant plus heureux et fier que nous avions enfin notre propre patrie que c'était le jour de mon mariage. Je me sentais rassuré et revigoré parce que nous avions le grand Général à la tête du pays et de la nation.
Ce jour-là mes camarades me demandèrent de chanter. J'ai choisi un chant révolutionnaire, Le chant du drapeau rouge
...
Levons haut le drapeau rouge
Auquel nous prêtons serment solennellement.
La nouvelle génération pourrait penser qu'une telle chanson ne convient pas à un mariage. Je connaissais beaucoup d'autres chansons, et je ne sais pas pourquoi j'ai choisi celle-ci. Mes camarades ont joint leurs voix puissantes à la mienne".
Source : Ri In-mo, Memoirs. My life and faith, éditions en langues étrangères de Pyongyang, 1997 (Juche 86), pp. 73-74. Traduit de l'anglais par l'AAFC.