Le mercredi 2 mai 2012, le Conseil de sécurité des Nations Unies a renforcé les sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), suite au lancement d'un satellite artificiel le 13 avril dernier, qui avait entraîné une déclaration de la présidence du Conseil de sécurité annonçant un prochain élargissement de la liste des sanctions. Les Nations Unies ont décidé le gel des avoirs à l'étranger de trois nouvelles sociétés publiques nord-coréennes, s'ajoutant à une liste de huit autres sociétés. Une telle décision, qui s'inscrit malheureusement dans une logique d'escalade des tensions dans la péninsule coréenne, éloigne encore un peu plus la perspective d'une paix durable, à laquelle est fermement attachée l'Association d'amitié franco-coréenne.
Pays soumis au plus vieil embargo au monde, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) est aussi l'Etat le plus lourdement frappé par les sanctions internationales. Par ailleurs, jamais dans l'histoire de la conquête spatiale, le lancement d'un satellite artificiel n'avait jusqu'à présent entraîné de sanctions du Conseil de sécurité. Or c'est ce que viennent de décider ses membres permanents à l'encontre de la RPD de Corée, plus que jamais soumise à une politique du "deux poids, deux mesures". Une telle orientation accroît l'escalade des tensions dans la péninsule coréenne, théâtre de manoeuvres militaires de grande envergure entre la République de Corée (du Sud) et les Etats-Unis, et elles-mêmes porteuses de menaces de guerre. Le raidissement des Etats-Unis et de leurs alliés ne peut qu'inciter la RPD de Corée à procéder prochainement à un nouvel essai nucléaire pour, comme le souligne Pyongyang, renforcer ses capacités d'autodéfense. La politique des sanctions signe l'influence des faucons néo-conservateurs à Washington et à Séoul, auxquels s'est rallié Barack Obama sur le dossier nord-coréen, en visant à étrangler économiquement les populations visées.
Les trois nouvelles sociétés ajoutées à la liste par le Comité des sanctions de l'ONU sont la Banque de développement Amroggang (Amroggang Development Banking Corporation), l'entreprise Greepine et associés (Greenpine Associated Corporation) et la compagnie commerciale Heungjin Corée (Korea Heungjin Trading Company). Le Comité des sanctions a également décidé de compléter les listes de technologies nucléaires et de missiles balistiques dont les transferts sont interdits à destination ou en provenance de la Corée du Nord. Compte tenu des incertitudes bien connues portant sur la liste des matériels à usage dual (civil ou militaire), un nouveau coup pourrait ainsi être porté à l'économie nord-coréenne, qui a connu une expansion en 2011 fondée notamment sur l'essor de ses échanges commerciaux.
Tandis que onze sociétés nord-coréennes sont désormais soumises à des sanctions des Nations Unies, les Etats-Unis, la Corée du Sud, le Japon et l'Union européenne voulaient porter ce nombre à près de cinquante - alors que, en principe, les sanctions sont limitées à des entreprises soupçonnées d'être impliquées dans des activités balistiques ou nucléaires. Cette tentative de passage en force a déplu à la République populaire de Chine, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui n'a accepté d'inclure que trois nouvelles sociétés dans la liste des entreprises nord-coréennes soumises à sanctions. Il n'en s'agit pas moins d'un recul de la Chine, qui a accepté le principe, pour la première fois, de sanctionner un Etat pour la conduite d'un programme spatial. L'ambassadrice américaine aux Nations Unies, Mme Susan Rice, a d'ailleurs mesuré la portée d'un tel changement, en déclarant à la presse : "Prise ensemble, nous la jugeons [cette décision] comme une série forte et crédible de nouvelles sanctions".
Pékin, qui a conduit des négociations avec Pyongyang au lendemain du lancement opéré le 13 avril dernier, n'ayant pas réussi à mettre un satellite en orbite, a réaffirmé la traditionnelle amitié entre la Chine et la RPD de Corée. Appelant l'ensemble des parties à faire preuve de retenue pour éviter une escalade des tensions, la Chine a condamné les deux premiers essais nucléaires nord-coréens d'octobre 2006 et mai 2009, ne souhaitant pas voir d'autres Etats de la région se doter de l'arme nucléaire. Cette position de principe chinoise, qui reste inchangée, avait été à la base de la mise en place d'un régime de sanctions internationales contre Pyongyang.
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