Depuis la décision du gouvernement sud-coréen de n'avoir autorisé la visite au Nord que de deux délégations pour présenter leurs condoléances au défunt Président Kim Jong-il, les relations intercoréennes se sont nettement tendues. La République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) reproche sévèrement aux autorités sud-coréennes de n'avoir pas respecté les sentiments des Nord-Coréens en deuil, ainsi que de poursuivre une politique de confrontation : en effet, Washington et Séoul ont décidé de maintenir leurs exercices Key Resolve, tout en annonçant récemment un nouveau plan conjoint visant à contrer la RPD de Corée, dans une discrétion qui ne peut qu'inquiéter tous les partisans de la paix. Une telle posture guerrière est regrettable, dans la mesure où elle risque d'envenimer encore davantage les relations Nord-Sud - à un moment où le contexte dans la péninsule coréenne devrait, au contraire, appeler la plus grande retenue.
Depuis la disparition du Président nord-coréen Kim Jong-il, il ne se passe pas une semaine sans que les médias de la RPD de Corée ne dénoncent la "politique de confrontation" du Président sud-coréen Lee Myung-bak, ni ne réaffirment que Pyongyang ne discutera plus avec un groupe de "traîtres" à la cause de la réunification de la Corée.
Dans ce contexte, les choix récents du Président sud-coréen Lee Myung-bak n'ont pas contribué à l'apaisement des tensions.
Lors d'une visite à une unité militaire située sur la DMZ le 18 janvier dernier, le Président Lee Myung-bak a appelé à prévenir toute "provocation militaire" de la RPD de Corée. Cette initiative, qui correspondait avec l'anniversaire du premier mois de la disparition du Président Kim Jong-il, a été très vivement critiquée par Pyongyang, qui a dénoncé "une insulte impardonnable au peuple nord-coréen qui pleure encore" son dirigeant défunt, tandis que l'agence KCNA de la RPD de Corée réitérait qu'il n'y aurait plus de discussion avec l'actuelle direction sud-coréenne - dont le maintien au pouvoir est, du reste, suspendu au verdict des urnes (législatives au printemps, présidentielle en décembre).
Alors que les exercices militaires Key Resolve doivent se tenir conjointement entre les troupes américaines et sud-coréennes à partir de la fin février, Séoul a manifestement décidé d'en maintenir l'organisation suivant le calendrier initialement retenu, bien que celui-ci coïncide fâcheusement avec la traditionnelle période de deuil de cent jours suivant le décès du Président Kim Jong-il. Le seul sujet qui resterait apparemment en discussion serait l'ampleur des troupes impliquées, alors que des exercices militaires conjoints américano - sud-coréens ont été menés depuis deux ans avec une fréquence inédite et en mobilisant un nombre sans précédent de soldats et de matériels dans la péninsule coréenne depuis l'armistice de 1953.
Dans ce contexte, la tenue des exercices Key Resolve a été sévèrement dénoncée par l'agence KCNA qui a condamné, dans une dépêche en date du 28 janvier 2012, une "provocation militaire" "grave et impardonnable", et sapant les efforts de la communauté internationale en faveur de la paix et de la stabilité dans la péninsule coréenne. Sous couvert d'exercices réguliers prétendument défensifs, Key Resolve représente, toujours selon KCNA, un entraînement pour une guerre nucléaire d'agression dans la péninsule coréenne, visant à occuper l'ensemble de la Corée par les armes.
De fait, une circonstance aggravante est que l'annonce de ces exercices annuels coïncide avec une rencontre au Pentagone entre le général Jung Seung-jo, chef d'état-major interarmées sud-coréen, et son homologue américain (photo ci-dessus). La venue du plus haut gradé sud-coréen est en elle-même un symbole de la subordination des troupes de la République de Corée du Sud aux forces américaines en cas de guerre dans la péninsule, quelle que serait par ailleurs la position du Président sud-coréen élu à Séoul. Plus significativement encore, un nouveau plan conjoint contre la RPD de Corée, appelé Strategic Planning Directive (SPD), a été signé par les deux hommes dans une discrétion souhaitée par la partie sud-coréenne, et sans que le contenu n'en soit divulgué à la presse - alors que l'histoire enseigne les dangers que font courir à la paix les accords militaires secrets.
Ayant plaidé constamment pour que se taise le fracas des armes dans la péninsule coréenne, afin que plus jamais des Coréens n'affrontent d'autres Coréens, l'Association d'amitié franco-coréenne réitère toutes et tous à signer la pétition pour la paix en Corée.
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