Du 4 août 1983 jusqu'à son assassinat le 15 octobre 1987, Thomas Sankara a incarné la révolution burkinabé. Alors que la Haute Volta a été rebaptisée Burkina Faso, "pays des hommes intègres", la lutte contre la corruption et l'analphabétisme, pour le développement de l'agriculture et l'amélioration de la santé, a marqué un tournant décisif dans l'histoire du pays. Panafricaniste, Thomas Sankara lutta aussi contre les pouvoirs féodaux des chefs de tribus. Tandis que l'ensemble des citoyens participaient aux décisions politiques au sein des Comités de défense de la révolution, coordonnés au sein du Conseil national de la révolution, sur la scène internationale l'engagement résolument anti-colonialiste et anti-impérialiste de Thomas Sankara, très actif au sein du Mouvement des non-alignés, l'a conduit à multiplier les rapprochements avec les Etats progressistes - au premier rang desquels la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).
D'abord Premier ministre, au 11 janvier au 17 mai 1983, Thomas Sankara a multiplié les déplacements à l'étranger. Durant cette période, il a notamment visité la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Le Président Kim Il-sung lui a alors offert un pistolet à crosse d'ivoire que le capitaine Sankara gardait toujours sur lui.
Les relations avec la RPD de Corée ne se sont pas limitées à la solidarité formelle. Fer de lance des mouvements d'aide au développement dans un cadre Sud-Sud, entre pays du Tiers Monde, la Corée du Nord a construit deux "magnifiques théâtres populaires", selon l'expression de Bruno Jaffré, à Ouagadougou et Koudougou. C'est aussi à Pyongyang qu'a été publié le Discours d'orientation politique du 2 octobre 1983, texte fondateur de la révolution burkinabé.
Pendant la période révolutionnaire au Burkina Faso, les ouvrages du Président Kim Il-sung étaient largement diffusés au Burkina Faso, davantage par exemple que ceux de Fidel Castro, comme écrits révolutionnaires insistant sur l'accession des peuples à l'indépendance et à l'autonomie.
Le 15 octobre 1987, l'assassinat de Thomas Sankara conduit à l'arrivée au pouvoir de celui qu'il considérait comme son frère, Blaise Compaoré. Au nom de la raison d'Etat, la Corée du Nord a maintenu ses relations privilégiées avec le Burkina Faso. Dans son message de condoléances, Blaise Compaoré a souligné la grande perte qu'a représentée la disparition du dirigeant Kim Jong-il, qui "a contribué de manière tangible au développement socio-économique du pays avec une extraordinaire acuité politique", reconnaissant le rôle joué par la RPD de Corée dans le développement du Burkina Faso.
Mais le pays des hommes intègres, engagé dans la voie de la "rectification", s'oriente désormais sur un autre chemin que celui de la poursuite de l'expérience révolutionnaire des années Sankara.
Sources :
- AAFC ;
- Bruno Jaffré, Burkina Faso. Les années Sankara, de la révolution à la rectification, L'Harmattan, 1989 (p. 152 et 167-168) ;
- Gisèle Prignitz, "Une écriture populaire au service d'une cause révolutionnaire", article paru sur le site thomassankara.net ;
- Hamadou Touré, "Thomas Sankara, le capitaine immortel", article paru sur le site NewAfrika.
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