En 1992, des diplomates israéliens se sont rendus en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pour envisager l'établissement des relations diplomatiques. Si les échanges ont échoué à atteindre cet objectif - en raison d'une manoeuvre du Mossad - ils témoignaient de l'inquiétude d'Israël face à la coopération militaire entre Pyongyang et deux de ses ennemis : la Syrie et l'Iran. L'Etat hébreu avait également envisagé un développement des relations économiques avec la RPD de Corée.
Selon des témoignages israéliens postérieurs aux faits de plusieurs années, mais concordants, Israël aurait discuté avec la République populaire démocratique de Corée de l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays au début des années 1990. Les récits des contacts avec la RPD de Corée ont notamment été relatés par deux journaux israéliens, Maariv et Ha'aretz, dans des articles publiés respectivement en 1995 et 2006. Pour les diplomates israéliens, l'objectif poursuivi était de remettre en cause les coopérations militaires entre les Nord-Coréens, d'une part, les Iraniens et les Syriens, d'autre part. Il était également envisagé un développement des échanges économiques : le diplomate Eitan Bentzur, ancien directeur général du ministère des Affaires étrangères israélien qui conduisait alors les discussions avec ses homologues nord-coréens, avait fait part de possibles investissements d'hommes d'affaires dans les secteurs de l'énergie et des mines d'or. Par ailleurs, Israël aurait pu aider la RPD de Corée à obtenir un prêt d'un montant de 1 milliard de dollars. Les hommes d'affaires cités par Eitan Bentzur sont l'Américain Leslie Bond, Shaul Eisenberg et Nimrod Novick, un ancien collaborateur de Shimon Peres.
Eitan Bentzur s'est rendu à Pyongyang en 1992. Des contacts informels entre Israël et la RPD de Corée se seraient ensuite poursuivis à Pékin et à Paris. Mais les échanges devaient bientôt cesser, comme l'a reconnu dans ses mémoires publiées en 2006 (sous le titre Homme de l'ombre) l'ancien directeur du Mossad Ephraim Halevy : alertés, les services de renseignement israéliens firent courir le bruit que les Etats-Unis s'opposeraient à l'établissement de relations diplomatiques entre Israël et la République populaire démocratique de Corée, ce qui était faux. Le premier accord sur le nucléaire nord-coréen, l'Accord-cadre de 1994, montrait au contraire que l'administration Clinton était elle-même engagée dans des discussions avec Pyongyang. L'entreprise de désinformation du Mossad réussit auprès du Premier ministre israélien Yithzak Rabin, qui ordonna de cesser les échanges informels.
Pour assurer le succès de leur opération, les services du Mossad n'avaient pas hésité à se rendre eux aussi à Pyongyang où, ironie du sort, ils prirent le même avion que leurs compatriotes du ministère des Affaires étrangères pour revenir en Israël.
Alors que la RPD de Corée et Israël n'ont toujours pas établi de relations diplomatiques, Eitan Bentzur devait déplorer des années plus tard un manque de hauteur de vues, défavorable aux intérêts d'Israël et du monde occidental.
Source principale : Aidan Foster-Carter, "Israel and North Korea : Missing the real story", Asia Times Online, 22 avril 2011
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