Au moment où les Américains votent pour élire leur nouveau Président, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a d'ores et déjà rejeté dos à dos les deux principaux candidats. En effet, si le démocrate Barack Obama parle de "fermeté" en s'alignant sur les positions conservatrices de son homologue sud-coréen Lee Myung-bak, le républicain Mitt Romney pratique, quant à lui, la surenchère.
Pour Barack Obama, la ligne défendue sur la question coréenne n'a guère varié, avant comme pendant la campagne électorale : la RPD de Corée doit préalablement renoncer à ses armes nucléaires pour que s'engagent des négociations ; en confondant sciemment l'objet et le résultat des négociations, Washington formule une offre dont elle sait qu'elle est inacceptable pour l'autre partie, mais elle donne l'illusion de ne pas rejeter le dialogue. Pyongyang a d'autant plus de raisons de n'avoir pas confiance dans le Président Obama que ce dernier a répondu à toutes les demandes des faucons sud-coréens de multiplier les manoeuvres de guerre conjointes, jusqu'à accepter récemment d'accroître la portée des missiles balistiques sud-coréens, portant ainsi la lourde responsabilité d'une escalade dans l'une des régions les plus militarisées au monde. Par ailleurs, Barack Obama a également cédé aux demandes des nationalistes japonais de réarmer l'archipel, ce qui est contraire à la Constitution pacifiste japonaise, par le truchement d'une alliance tripartite entre Washington, Tokyo et Séoul.
Pour sa part, Mitt Romney a joué la carte de la surenchère : en septembre, il a appelé à renforcer les sanctions et l'embargo contre Pyongyang, décrivant le fait que la RPDC se soit dotée de l'arme nucléaire comme un exemple de l'échec de la diplomatie nord-coréenne de son rival Barack Obama, qui n'a pas jugé utile de répliquer sinon par un appel à faire preuve de "fermeté" face à Pyongyang. Ce faisant, Mitt Romney oubliait pourtant que la RPDC a procédé à son premier essai nucléaire en octobre 2006, sous le mandat de George W. Bush. Cette décision nord-coréenne avait été prise pour se doter d'une capacité d'auto-défense face à la menace américaine, dans le droit fil de la doctrine nucléaire française de "dissuasion du faible au fort", élaborée par le général de Gaulle. Depuis lors, la position de la RPDC n'a pas varié : elle ne renoncera à ses armes nucléaires qu'en contrepartie de garanties sérieuses quant à sa sécurité, alors que les précédents irakiens et libyens ont conforté l'administration nord-coréenne dans sa certitude que les Etats-Unis ne peuvent pas être considérés comme un partenaire fiable.
En octobre, Mitt Romney est allé plus loin encore en accusant, sans preuves, la RPDC d'exporter ses technologies nucléaires. L'administration américaine démocrate avait pourtant reconnu avoir alimenté la rumeur d'une coopération nucléaire entre la Corée du Nord et la Birmanie, avant de devoir la démentir elle-même.
Dans ce contexte, le principal quotidien de la RPD de Corée, le Rodong Sinmun, a écrit mi-septembre que les deux "partis réactionnaires" américains partagent les mêmes objectifs vis-à-vis de la RPDC, en les accusant de conduire à l'escalade des tensions en Asie du Nord-Est.
Pour l'Association d'amitié franco-coréenne, il est urgent d'abandonner l'impasse de la politique des sanctions, dont les populations sont les seules victimes, en agissant pour le paix et le désarmement nucléaire de toute la Corée. Tel est le sens de l'appel de l'AAFC à signer et faire signer la pétition en faveur d'un traité de paix dans la péninsule coréenne, pour que plus jamais le bruit des armes ne retentisse sur le sol de la Corée, deux générations après un terrible conflit ayant causé des millions de victimes - dont 99 % étaient asiatiques, coréennes et chinoises.
Sources :
- AAFC ;
- KCNA (notamment dépêche du 17 septembre 2012 : "Hostile Policies of two US Political Parties toward DPRK under Fire") ;
- "Both Obama, Romney committed to tough action on N. Korea", dépêche de l'agence Yonhap du 5 mai 2012 citée par The Korea Times ;
- Yonhap, "Pour Romney, la Corée du Nord est un échec de la diplomatie d'Obama", dépêche publiée le 23 octobre 2012.
Photo Business Insider.
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