Le déploiement par les Etats-Unis de bombardiers furtifs B2 en Corée a entraîné, comme l'espéraient certainement les faucons américains à l'origine de cette initiative, une nouvelle escalade des tensions dans la péninsule coréenne : après la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) qui a décrit un scénario de guerre, c'est la présidente sud-coréenne Park Geun-hye qui a évoqué, le 1er avril 2013, une "riposte violente et immédiate" en cas de "provocation" du Nord. Pour l'Association d'amitié franco-coréenne, de tels propos ne favorisent pas la nécessaire reprise du dialogue, seule à même de garantir la paix et la stabilité dans l'une des régions les plus militarisées au monde.
La tension a encore monté d'un cran dans la péninsule coréenne, et ce n'est pas l'annonce, par le porte-parole des forces armées américaines, de l'arrivée ce 31 mars 2013 de chasseurs furtifs F-22 Raptor dans le cadre des exercices militaires conjoints américano - sud-coréens en cours qui va contribuer au retour à un climat plus apaisé.
Lors d'une réunion du Comité central du Parti du travail de Corée (PTC) le 31 mars 2013, Kim Jong-un, Premier secrétaire du PTC, a souligné l'obligation qu'avait selon lui la RPDC de se doter d'armes nucléaires en qualité et en quantité suffisantes pour dissuader tout risque d'agression par l'armée américaine. Compte tenu du déséquilibre des forces conventionnelles avec les Etats-Unis, il s'agit de la stratégie de dissuasion "du faible au fort" développée notamment, en France, par le général de Gaulle.
Dans ce contexte, la principale novation a été le brusque haussement de ton à Séoul : alors que jusqu'à présent la présidente sud-coréenne Park Geun-hye, investie en février dernier, maintenait un discours prudent combinant sa disponibilité à reprendre le dialogue intercoréen et sa fermeté face à la Corée du Nord, le voile s'est déchiré le 1er avril. Celle que l'agence de presse AFP présente comme la "chef de file des conservateurs et faucons sud-coréens" a pleinement embrassé la cause de ces derniers en évoquant une "riposte violente et immédiate", à l'issue d'une rencontre avec des hauts responsables militaires enclins à l'escalade avec Pyongyang, dont elle a ainsi épousé les thèses : "Je pense que nous devrions opposer une riposte violente et immédiate sans aucune autre considération politique si [le Nord] s’aventure à une provocation contre notre population."
Pendant cinq ans, son prédécesseur à la Maison bleue, Lee Myung-bak, a alterné coups de menton et offres de dialogue que la RPDC n'a pas considérées comme sincères au regard des propos intransigeants que tenait par ailleurs le président sud-coréen. Si Mme Park Geun-hye s'engage sur la même voie en s'en remettant aux faucons de son armée, elle encourt le risque de s'exclure elle-même de tout processus de retour au dialogue avec la RPDC, en laissant ainsi le champ libre à Pékin et Washington de conclure, avec Pyongyang, les conditions de nouvelles discussions pluripartites. Sauf si elle-même ne souhaite pas la reprise du dialogue intercoréen, ce que ses prochaines déclarations permettront de clarifier.
Source : AFP (dépêche reproduite sur le site de Libération)
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