Le 7 mars 2013, par sa résolution 2094, le Conseil de sécurité des Nations Unies a imposé de nouvelles sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) suite à l'essai nucléaire nord-coréen du 12 février 2013. Au moment où les Etats-Unis et la Corée du Sud sont engagés dans de vastes manoeuvres militaires, la RPDC a très vivement réagi : elle accuse les Etats-Unis et leurs alliés de préparer une guerre atomique et s'est déclarée prête à procéder à une frappe nucléaire préventive si elle est menacée ; par ailleurs, elle considère que les termes de l'armistice de 1953 sont rendus caducs. Plus que jamais, l'Association d'amitié franco-coréenne se prononce pour la paix et le dialogue en Corée.
Proposée par plusieurs de ses membres (dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Corée du Sud) et adoptée à l'unanimité, la nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies contre la RPD de Corée adoptée le 7 mars 2013 élargit le champ des sanctions. D'une part, de nouvelles entités et d'autres personnalités de RPDC sont ajoutées sur la liste de particuliers et d'entreprises soumis à un gel des avoirs et à des interdictions financières et bancaires ainsi que de voyager, car soupçonnés de participer aux programmes nucléaires et balistiques. D'autre part, les biens de luxe sous embargo font aussi l'objet d'une liste élargie et définie plus précisément comme s'imposant aux Etats membres de l'Organisation des Nations Unies ; jusqu'à présent la définition de ces biens était laissée à la libre appréciation des Etats. Les inspections des cargaisons nord-coréennes susceptibles de contenir des produits sous embargo, auparavant facultatives et laissées à la décision des Etats, deviennent obligatoires.
En outre, il est mis en place un dispositif de surveillance des mouvements financiers opérés par les diplomates nord-coréens en poste à l'étranger : il y a lieu de s'interroger sur la légalité de cette disposition, dans la mesure où elle est susceptible de créer un statut d'exception au régime des immunités diplomatiques appliqué par tous les Etats, et quelle que soit la nationalité des diplomates, conformément aux règles universelles du droit international public. Par ailleurs, les Etats-Unis ont décidé de jeter ainsi l'opprobre sur les diplomates nord-coréens, soupçonnés de ne pas se conformer aux obligations découlant de leur statut. Doit-on considérer a contrario que les espions américains ou sud-coréens sous couverture diplomatique sont des personnes respectables, situées au-dessus des lois des Etats et du droit international ?
La résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies intervient dans le contexte des exercices conjoints américano - sud-coréens de grande ampleur Key Resolve et Foal Eagle, engagés depuis le 1er mars et qui dureront cette année deux mois. Ces exercices et l'annonce depuis plusieurs jours d'une nouvelle résolution des Nations Unies sanctionnant la RPDC ont, logiquement, conduit la RPD de Corée à répliquer avec une extrême fermeté dans une déclaration du porte-parole du commandement suprême de l'Armée populaire de Corée (APC) publiée le 5 mars : "Saisissant le lancement du satellite de la RPDC comme une occasion pour l'étrangler, les Etats-Unis et leurs alliés ont délibérément nié la souveraineté de la RPDC concernant ce lancement de satellite. Ils ont finalement poussé le Conseil de sécurité des Nations Unies à adopter une 'résolution sur les sanctions' avant d'opter pour des actes hostiles très brutaux contre la RPDC." C'est pourquoi le commandement militaire de la RPDC estime avoir été dans l'obligation de "prendre des mesures de riposte effectives afin de défendre la sécurité et la souveraineté du pays" et de "procéder magistralement et avec succès le 12 février de cette année au troisième essai nucléaire souterrain d’autodéfense de plus haut niveau".
Les conséquences de cette situation sont, pour la RPDC, que "l’accord d’armistice de Corée sera déclaré nul et non avenu dans son intégralité" à compter du 11 mars 2013, soit la date d'engagement maximal des forces américano-sud-coréennes dans le cadre des exercices Key Resolve et Foal Eagle, dénoncés par le commandement militaire nord-coréen comme "une expression concentrée de leurs actes de sabotage systématique de l’accord d’armistice en Corée". De même, la représentation de l'APC à Panmunjom interrompra ses activités et la ligne téléphonique entre l'APC et l'armée américaine sera coupée.
Face à ce qu'elle estime être une menace de guerre atomique dirigée contre elle par les Etats-Unis, la RPD de Corée a même envisagé une frappe nucléaire préventive contre le territoire américain.
Dans ce contexte lourd de nouvelles menaces de guerre, l'Association d'amitié franco-coréenne réitère sa position invariable en faveur de la paix et du dialogue en Corée. Elle déplore la montée en puissance du régime de sanctions contre la Corée du Nord, pays déjà le plus sanctionné au monde, car ce choix des Etats-Unis et de leurs alliés ne peut que nourrir l'escalade des tensions tout en cherchant, dans l'immédiat, à étrangler financièrement la RPDC dans une logique éprouvée de changement de régime. A l'instar d'universitaires et de diplomates américains et chinois, l'Association d'amitié franco-coréenne estime qu'il convient de prendre en compte les attentes légitimes de la RPDC pour assurer sa propre sécurité, par un mécanisme de sécurité collective. Cette exigence demande de suspendre les exercices militaires qui, de part et d'autre, ne peuvent être interprétés que comme des provocations et des incitations à la guerre.
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