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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 22:06

Le destin des Coréens enrôlés de force dans l'armée japonaise pendant la Seconde guerre mondiale a parfois connu des développements improbables : My way, film réalisé en 2011 par le Sud-Coréen Kang Jae-kyu, invité au 62ème Festival international du film de Berlin (du 9 au 19 février 2012), est inspiré de l'histoire vraie de Coréens capturés en Normandie, le 6 juin 1944, alors qu'ils servaient dans l'armée du Troisième Reich... qu'ils avaient dû intégrer après avoir combattu dans les rangs de l'Armée rouge et été faits prisonniers par les Allemands.


yang_kyoung_jong.jpgIl est des récits personnels peu banals. Comme celui de ce jeune Coréen, Yang Kyoung-jong, originaire de Sinuiju (nord-ouest de la Corée), où il est né le 3 mars 1920. Il est enrôlé dans l'armée japonaise du Guandong lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en Extrême-Orient, alors que l'empire nippon colonisait le pays du Matin calme depuis 1910. Fait prisonnier par les Soviétiques en Mandchourie, lors de la bataille de Halhin Gol en 1939, il rejoint l'Armée rouge et part combattre sur le front de l'Est. Capturé cette fois par les Allemands, en Ukraine en 1943, il est enrôlé de force dans les troupes du Troisième Reich, qui manquent d'hommes. Envoyé en Normandie, il est présent lors du débarquement des Alliés le 6 juin 1944 et ce sont cette fois les Américains qui le font prisonnier à Utah Beach. Détenu dans un camp de prisonniers en Angleterre, il est libéré en mai 1945 et part vivre aux Etats-Unis où il est mort le 7 avril 1992, sans avoir révélé son histoire à sa propre famille.

 

L'étude d'une photo conservée par les archives du renseignement américain, et publiée dans la presse sud-coréenne, a mis en avant la nationalité coréenne de prisonniers de guerre asiatiques des forces alliées, capturés en Normandie alors qu'ils combattaient sous l'uniforme allemand. Lors du débarquement du 6 juin 1944, ils auraient été au moins quatre Coréens, selon un témoignage rapporté par l'historien américain Stephen Ambrose 


Des zones d'ombre subsistent sur l'histoire de ces Coréens. Ainsi, ils n'auraient pas pu être rapatriés en Corée après la fin du conflit en raison des échanges de prisonniers entre Américains et Soviétiques, mais une telle hypothèse est battue en brèche par le fait que l'URSS et les Etats-Unis combattaient alors dans le même camp. La seule chose certaine est qu'un certain nombre de Coréens ont endossé l'uniforme allemand, après avoir été faits prisonniers alors qu'ils servaient dans l'armée soviétique. Enrôlés de force dans l'armée allemande, ils ont été les combattants improbables, malgré eux, d'une cause contraire à celle de la nation coréenne, puisque les résistants coréens, bien plus nombreux, comme le futur président de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) Kim Il-sung, ont été du côté des Alliés, contre le Japon et donc contre l'Allemagne. A la fin de la guerre, leur situation si particulière, conjuguée à leur petit nombre, n'a certainement pas facilité leur prise en compte collective pour un éventuel rapatriement en Corée.


Leur histoire a inspiré à l'écrivain sud-coréen Jo Jung-rae son roman Mask of Man (auparavant intitulé Oh God!).


Egalement inspiré de cette histoire vraie (en la réduisant, contre toute vraisemblance, à celle d'un seul homme), le dernier long métrage de Jang Dong-gun, distribué par  CJEntertainment, met en scène le Japonais Odagiri Joe dans le rôle principal ainsi que l'actrice chinoise Fan Bingbing. Le film est sorti le 21 décembre 2011 en Corée du Sud. Son budget de 28 milliards de wons (soit 18,73 millions d’euros) en fait le film le plus cher de l'histoire du cinéma coréen.

My_Way_le_film.jpg


Ce sera le troisième film sud-coréen invité au Festival international du film de Berlin, du 9 au 19 février 2012, après Dasepo Naughty Girls de E Ji-yong et Woman on the beach de Hong Sang-soo, tous les deux montrés au festival de 2007. Sensible à cet honneur et soucieux de souligner la portée universelle du message du film, le réalisateur, Kang Jae-kyu, a déclaré : "c’est un grand honneur que ce film soit invité au Festival de Berlin, j’espère que le message contenu dans ce film pourra être transmis aux gens du monde entier."


Sources : AAFC, blog vialet.orgSoompi, thomo.coldie.net, Yonhap

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