De retour d'une visite de trois jours en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), le docteur Margaret Chan, directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a souligné que le système de santé en Corée du Nord, public et gratuit, est marqué par des réalisations notables, tout en ayant toujours des défis à relever. Mme Chan, qui a visité plusieurs établissements de santé et rencontré des responsables au plus haut niveau, a souligné notamment l'importante population médicale de la RPDC.
Le docteur Margaret Chan, directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a visité la République populaire démocratique de Corée. Selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA, Mme Margaret Chan, arrivée le 26 avril 2010, a rencontré M. Pak Ui-chun, ministre des Affaires étrangères, le 27 avril, et M. Kim Yong-nam, président du praesidium de l'Assemblée populaire suprême, le 28 avril (photo KCNA ci-dessous, source). La directrice générale de l'OMS a quitté la RPDC le 29 avril, après avoir notamment visité la maternité de Pyongyang et l'hôpital de Ryongsan, dans le comté de Junghwa de la province du Hwanghae du Nord.
Le 27 avril, Mme Chan a également assisté à la cérémonie d'inauguration d'un système médical en ligne à l'hôpital Kim Man-yu (photo ci-dessous, source Naenara), qui relie cet hôpital de Pyongyang et d'autres établissements de santé en province. Ce dispositif, mis en place avec la coopération de l'OMS, comporte un système de consultation vidéo en ligne, permettant des échanges entre unités de soin pour le diagnostic et la prescription de soins. Mme Chan a observé que ce dispositif était particulièrement adapté à la géographie de la RPDC, qui comporte de nombreuses zones montagneuses difficiles d'accès.
A l'issue de sa visite, le docteur Margaret Chan a déclaré que le gouvernement nord-coréen avait obtenu des réalisations notables dans le domaine de la santé publique : un taux élevé d'immunisation, un réseau efficace de maternités et de services pédiatriques, le traitement avec succès de la tuberculose et la réduction du nombre de cas de malaria. Toutefois, les autorités nord-coréennes doivent encore faire face à de nombreux défis.
Elle a souligné que la RPDC avait des atouts par rapport à d'autres pays en développement. Il n'y a pas de pénurie de médecins ni d'infirmières en Corée du Nord, où il n'existe pas de phénomène de "fuite des cerveaux" des professions médicales. Toujours selon le docteur Chan, la RPDC dispose d'une infrastructure de santé très élaborée, en ayant développé un réseau primaire de santé comportant un médecin pour 130 familles.
S'agissant des défis restant à relever, Mme Chan a déclaré :
"Le système de santé doit être renforcé pour soutenir la politique gouvernementale d'une couverture universelle et, bien sûr, améliorer la qualité des services. Davantage d'investissements sont nécessaires pour moderniser les équipements et les infrastructures et pour garantir les quantités adéquates de médicaments et d'autres biens, et répondre aux aptitudes du personnel de santé."
En particulier, une importance doit être accordée à l'alimentation et aux maladies qui y sont liées, comme les cancers et les maladies cardiaques, et des efforts sont à mener dans la lutte contre le tabagisme. Toujours selon Mme Chan, le gouvernement doit prêter une attention particulière au statut nutritionnel des jeunes enfants, les nouveaux-nés étant souvent en sous-charge pondérale, ainsi que des femmes enceintes, certaines d'entre elles souffrant d'anémie.
Après avoir rappelé la qualité du travail des autorités nord-coréennes avec l'OMS sur plusieurs dispositifs (Fonds global de lutte contre le SIDA, la tuberculose et la malaria ; Alliance globale pour les vaccins et l'immunisation, Global Alliance for Vaccines and Immunization, ou GAVI), Mme Chan a souligné la qualité de l'engagement du gouvernement nord-coréen avec ses partenaires internationaux dans le domaine de la santé :
"Je peux confirmer, au moins dans le domaine de la santé, que le gouvernement est réceptif à un engagement avec ses partenaires internationaux et qu'il est réceptif à la demande d'un transparence accrue, pour des statistiques de meilleure qualité et en ce qui concerne sa responsabilité vis-à-vis des ressources parvenant dans le pays pour améliorer la santé (...) Aussi je pense que ce sont, à mes yeux, de très bons signes et un signal."
Conduit du 1er au 15 octobre 2008 avec l'appui matériel et technique du Fonds des Nations-Unies pour la Population (UNFPA), le recensement de la population avait indiqué que l'espérance de vie à la naissance en RPD de Corée s'élève à 69,3 ans, et la mortalité infantile à 19,3 pour mille.
La directrice générale de l'OMS n'en a pas moins souligné la responsabilité de la communauté internationale pour l'amélioration de la santé publique en Corée du Nord. Plusieurs ONG françaises ont conduit des actions en ce domaine : le Secours populaire français a formé des médecins nord-coréens en France et fournit régulièrement des médicaments. Une deux ONG françaises présentes en RPDC, Première urgence, participe notamment à la modernisation du réseau de santé.
A l'occasion de ses voyages en République populaire démocratique de Corée, notamment en 2006, 2008 et 2009, l'AAFC a rencontré les responsables d'ONG présentes en Corée du Nord, notamment dans le secteur de la santé, et visité des établissements médicaux, tout en ayant également pu apprécier les résultats obtenus dans le domaine de la médecine traditionnelle (photo ci-contre: coopération avec le Yémen).
Principales sources :
- AAFC
- KCNA, "On-line operation medical service system starts", 27 avril 2010
- Lisa Schlein, "WHO chief notes N. Korean achievements in public health care", Voice of America, 30 avril 2010