Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 15:47

francois-hollande-place-de-la-bastille-a-paris_758165_460x3.jpgLes deux gouvernements coréens ont réagi différemment à l'élection de François Hollande comme Président de la République française. Si la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a simplement envoyé un message de félicitations en s'abstenant de tout jugement sur les orientations du candidat socialiste, Kim Sung-hwan, ministre sud-coréen des Affaires étrangères a relayé les inquiétudes des marchés financiers et des conglomérats sud-coréens sur les choix économiques du nouveau chef de l'Etat. Ces a priori témoignent de l'ancrage de l'anticommunisme (et, par assimilation, de toute orientation qui n'est pas libérale économiquement et conservatrice politiquement) au sein de l'actuelle administration conservatrice sud-coréenne, qui était très proche idéologiquement de Nicolas Sarkozy.

 

Dans une dépêche en date du 8 mai 2012, l'agence nord-coréenne KCNA a indiqué qu'un message de félicitations avait été adressé au Président François Hollande, le lundi 7 mai, par Kim Yong-nam, Président du Praesidium de l'Assemblée populaire suprême de la République populaire démocratique de Corée, qui exerce les fonctions de chef de l'Etat. Il lui a souhaité plein succès dans l'exercice de ses responsabilités.

 

La RPD de Corée a fait le choix d'adresser rapidement un message de félicitations au Président français, alors que la France est l'un des deux derniers pays de l'Union européenne, avec l'Estonie, à ne pas avoir établi de relations diplomatiques complètes avec Pyongyang - même si un bureau français de coopération à Pyongyang, ouvert en octobre 2011, est la première représentation diplomatique française en RPDC. L'élection pour la première fois d'un candidat du Parti socialiste français à la magistrature suprême en France, en 1981, avait donné lieu à un message de félicitations appuyé de Pyongyang - mais le contexte était différent : François Mitterrand avait promis à Pyongyang, où il s'était rendu comme candidat, de normaliser les relations diplomatiques entre la République française et la RPD de Corée. Il n'avait pu honorer sa promesse, sous la pression notamment du gouvernement et des industriels sud-coréens.

 

En Corée du Sud, selon l'agence officielle Yonhap, le ministre des Affaires étrangères Kim Sung-hwan a attribué à l'élection de François Hollande le recul des marchés boursiers - alors que, de l'avis des spécialistes, le résultat des élections en Grèce aurait eu un impact tout aussi important. Selon M. Kim Sung-hwan, "je pense que ces réactions des marchés sont intervenues parce que Hollande [sic, sans mention du prénom ni des fonctions du nouveau chef de l'Etat, contrairement aux usages diplomatiques], qui s'oppose aux politiques soutenues par l'Allemagne, a été élu". Formulée en ces termes, la prise de position du gouvernement conservateur sud-coréen apparaît pour le moins malencontreuse vis-à-vis du nouvel exécutif français, même si elle est sans surprise au regard de ses orientations idéologiques. Alors candidat à l'élection présidentielle, l'actuel Président sud-coréen Lee Myung-bak avait chaleureusement félicité Nicolas Sarkozy lors de l'élection de ce dernier en 2007, en soulignant leurs profondes convergences de vues. Les ressemblances dans le style de gouvernement de Nicolas Sarkozy et de Lee Myung-bak, de même que leurs sympathies communes pour les Etats-Unis, avaient aussi souvent été soulignées. 

 

Proches des chaebols (les conglomérats sud-coréens), les conservateurs sud-coréens attendent de la France une politique d'austérité pour créer un environnement jugé plus favorable aux exportations de leurs pays. Tandis que l'agence Yonhap souligne que le Président François Hollande "a promis au cours de sa campagne de ne pas ratifier le pacte d'austérité budgétaire", le ministre conservateur Kim Sung-hwan a déclaré : "De nombreux pays sont inquiets de l'élection de François Hollande et de sa répercussion sur la dette et la crise économique en Europe". Cet argument était l'un de ceux utilisés par le président sortant, battu, Nicolas Sarkozy, proche idéologiquement du Président Lee Myung-bak. Cette ingérence dans la politique intérieure française n'était certainement pas le meilleur signal qui puisse être adressé au nouvel exécutif français.

 

Sources : KCNA, Yonhap. Photo AFP.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Recherche

D'où venez-vous?