Le 27 novembre 2009, les trois principaux dirigeants de la branche sud-coréenne de l'Alliance pan-coréenne pour la réunification arrêtés lors de la rafle du 7 mai contre les milieux pro-réunification de Corée du Sud ont été libérés. Trois autres militants avaient déjà été remis en liberté le 10 septembre. Cette libération intervient malheureusement alors que les franges les plus conservatrices de la société sud-coréenne s'attachent à faire régner une atmosphère de « chasse aux sorcières pro-Nord ».
Les trois dirigeants de la branche sud-coréenne de la Pomminryon, l'Alliance pan-coréenne pour la réunification (APCR), emprisonnés à Séoul depuis leur arrestation le 7 mai 2009, ont été remis en liberté le 27 novembre par la justice sud-coréenne. Lee Kyu-Jae, président de la branche sud-coréenne de l'Alliance, Choi Eun-a, responsable de la communication, et Lee Kyeong-won, secrétaire général avaient été arrêtés pour avoir enfreint la loi dite de sécurité nationale.
Lee Kyeong-won, Lee Kyu-Jae et Choi Eun-a à leur sortie de prison le 27 novembre 2009
(photo : The Hankyoreh)
Trois autres militants de l'APCR, Yun Ju-hyung, Oh Sun-wan et Jang Min-kyeong, arrêtés le 7 mai pour les mêmes raisons et emprisonnés à Cheongju, à une centaine de kilomètres au sud de Séoul, avaient été libérés le 10 septembre.
Le procès de Lee Kyu-jae, Choi Eun-a et Lee Kyeong-won s'était ouvert le 17 juillet devant la Cour du District central de Séoul, avant de devenir le procès des relations inter-coréennes sous la présidence de Roh Moo-hyun (2003-2008). L'acharnement constant des milieux conservateurs à l'égard de l'ancien président Roh ne fut pas étranger au suicide de ce dernier.
Après deux autres audiences les 21 août et 18 septembre, la cour a transmis le 27 novembre, à la demande de leurs avocats, le dossier des trois militants à la Cour constitutionnelle sud-coréenne. Celle-ci devra se prononcer sur la constitutionnalité de la Loi sur la protection du secret des communications en vertu de laquelle le Service national du renseignement (NIS), principale agence d'espionnage sud-coréenne, a procédé aux écoutes de l'APCR qui ont finalement abouti à l'arrestation de ses militants.
Pour les avocats de la Pomminryon, la Loi sur la protection du secret des communications ne permet que des écoutes sur une période de temps limitée. Or, les documents présentés au cours du procès ont révélé que le NIS avait intercepté pendant 28 mois, à partir de 2003, toutes les communications par téléphone, courrier électronique et fax de l'Alliance pan-coréenne pour la réunification.
Si, comme l'a prétendu le ministère public, le Service national du renseignement a conduit son enquête en toute légalité, il convient de s'interroger sur la constitutionnalité d'une loi instaurée pour protéger le secret des communications et détournée de son but initial par les services de renseignement afin de permettre la surveillance des citoyens.
La Cour du District central de Séoul a donc décidé de libérer les trois militants de l'APCR. Quelques heures après cette décision, Lee Kyu-jae, Choi Eun-a et Lee Kyeong-won sont sortis du centre de détention de Séoul, chaleureusement accueillis par leurs familles, des militants de la Pomminryon et leurs amis.
Peu après sa sortie de prison, Choi Eun-a a déclaré que, « alors que l'illégalité et l'arbitraire des institutions en charge de la sécurité se développent dans la société sud-coréenne, [elle est] heureuse que [cette libération] marque un coup d'arrêt à de telles choses. » Grâce aux nombreuses personnes qui ont aidé et soutenu les militants emprisonnés, elle pense que leur combat « continue en remportant des succès ». Choi Eun-a veut que « tout le monde continue à lutter avec détermination jusqu'au jour de l'abolition de la Loi de sécurité nationale et de la réunification. »
La libération des militants pro-réunification de l'APCR est toutefois intervenue dans une véritable atmosphère de « chasse aux sorcières pro-Nord ».
Ainsi, le 26 novembre, veille de la libération de Lee Kyu-jae, Choi Eun-a et Lee Kyeong-won, un groupe sud-coréen ultra-conservateur se faisant appeler « Comité pour la normalisation de l'Etat » a annoncé lors d'une conférence de presse (photo : The Hankyoreh) la publication, en 2010, d'une Encyclopédie des personnalités pro-Corée du Nord recensant environ 5.000 personnes sélectionnées par ledit comité d'après les comptes rendus de leurs activités parus dans les médias ou leurs propos en faveur de la Corée du Nord. Cent premières personnes ont été choisies pour figurer sur une liste à paraître dès décembre 2009.
Même si le prétendu « Comité pour la normalisation de l'Etat » a déclaré ne pas vouloir s'intéresser aux personnes décédées car celles-ci ne sont pas en mesure de se défendre, des voix se sont élevées dans les milieux conservateurs pour réclamer l'inclusion dans cette « encyclopédie » des anciens présidents Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun.
Il est à noter que cette initiative de la frange la plus conservatrice de la société sud-coréenne répond à l'annonce de la publication prochaine de l' Encyclopédie des personnalités pro-japonaises par l'Institut de recherche sur les activistes collaborationnistes. Dans l' Encyclopédie des personnalités pro-japonaises seront recensées 4.730 personnes ayant collaboré avec le pouvoir colonial japonais en Corée (1910-1945). D'après l'Institut, certaines personnes réputées être des combattants pour l'indépendance de la Corée auraient en fait eu des activités collaborationnistes.
Outre le fait qu'établir un parallèle entre les collaborateurs du pouvoir colonial japonais et les héritiers de la résistance à l'occupation japonaise de la Corée pour servir des intérêts politiques immédiats est une initiative condamnable, il est inquiétant de constater que la méthode consistant à désigner des personnalités pour leurs supposées activités en faveur de la Corée du Nord ressemble aux méthodes utilisées autrefois par le régime militaire de Corée du Sud pour réprimer le mouvement démocratique.
Sources : site No base stories of Korea (d'après Tongil News), Choson Ilbo, The Hankyoreh, The Korea Times
Entretien avec Choi Eun-a, responsable de la communication
de la branche sud-coréenne de la Pomminryon, après sa libération
(en coréen, sous-titré en anglais)
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