En réponse à la campagne lancée au Sud de la péninsule sous le mot d'ordre "Comment allez-vous ces jours-ci ?", le comité des étudiants de l'Université de technologie Kim Chaek, en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), a adressé une lettre de soutien à leurs camarades du Sud qui veulent sensibiliser l'opinion sur les graves risques qui pèsent aujourd'hui sur la démocratie sud-coréenne. Cette action s'inscrit dans la tradition du soutien de Pyongyang aux militants pour la démocratie en République de Corée (du Sud), et dont l'une des expressions les plus fortes a été, historiquement, l'organisation de rencontres étudiantes intercoréennes au Nord, malgré les interdictions mises par les autorités sud-coréennes n'ayant ensuite pas hésité à emprisonner les militants ayant gagné le Nord de la péninsule sans autorisation.
Lourde ingérence dans le processus électoral de services de renseignement aux pouvoirs exorbitants, frais de scolarité parmi les plus lourds au monde créant et reproduisant de graves inégalités sociales, atteintes de plus en plus patentes à la démocratie : les motifs évoqués par les étudiants de l'Université Kim Chaek de Pyongyang ne manquent pas pour justifier leur soutien à l'actuel mouvement de protestation étudiant en Corée du Sud.
A la question "Comment allez-vous ?", les étudiants sud-coréens répondent "Mal à cause de Park Geun-hye", "Mal en raison des mouvements pour restaurer la dictature Yusin" et "Bien seulement lorsque Park Geun-hye aura démissionné". Proclamée présidente en décembre 2012, Mme Park Geun-hye est la fille du général Park Chung-hee qui, sous le régime de la Constitution Yusin, a mis en place entre 1972 et 1979 le pouvoir le plus autoritaire qu'ait connu la Corée du Sud.
Rendant compte de la lettre adressée aux étudiants sud-coréens, l'agence KCNA de la RPD de Corée a exprimé le soutien du comité des étudiants de l'Université Kim Chaek à "la juste lutte menée par les étudiants au Sud [de la péninsule] pour l'indépendance, la démocratie et la réunification", en exprimant la certitude que ce combat entraînera l'avènement d'une nouvelle société en Corée du Sud.
Les étudiants ont été à plusieurs reprises à la pointe du combat pour la démocratie en Corée du Sud, notamment lors de la révolution de 1960 puis dans les manifestations ayant permis, en 1987, de restaurer le rétablissement de l'élection du Président de la République au suffrage universel direct, qui a été la garantie du retour à un système démocratique ouvert de désignation du chef de l'Etat.
Le mouvement rampant de privatisation des universités engagé dans les années 1990 - marquée par une part de plus en plus active des conglomérats dans le financement des activités d'enseignement supérieur, puis le recrutement des meilleurs étudiants - avait été encouragé par les autorités sud-coréennes pour briser les velléités contestatrices, la répression conduite à l'Université Yonsei, en 1996, ayant alors sonné le glas du mouvement étudiant comme force politique et sociale de premier plan au Sud de la Corée. S'appuyant sur le refus d'un alourdissement constant des frais de scolarité, l'actuel mouvement de protestation étudiant a opéré une jonction entre des luttes spécifiques aux étudiants et l'expression d'une contestation plus globale contre l'actuelle dérive autoritaire de la Corée du Sud.
Sources : AAFC, KCNA (dépêche du 11 janvier 2014). Photo Hankyoreh.
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