Pillés par la marine française lors d'une tentative d'invasion de la péninsule en 1866, quelque 300 volumes des archives royales coréennes constituent toujours une pomme de discorde dans les relations bilatérales franco-coréennes. Alors qu'une association civique basée à Séoul, "Action culturelle", a engagé la bataille sur le terrain juridique pour obtenir la restitution de ces pièces majeures du patrimoine de toute la Corée, le gouvernement sud-coréen a formulé une demande officielle de "prêt permanent" auprès des autorités françaises.
Nouveau rebondissement dans le dossier de la restitution des 297 livres Uigwe (photo, source : administration de l'Héritage culturel), protocoles sur les cérémonies et rites royaux de la Dynastie Joseon (1392-1910) : selon l'agence Yonhap citant un diplomate sud-coréen sous couvert d'anonymat, une demande officielle de "prêt permanent" - dont la date n'a pas été révélée - a été formulée par Séoul. Ce prêt prendrait la forme d'un contrat renouvelé tous les quatre ans.
Dans l'attente de la réaction du gouvernement français, qui pourrait intervenir notamment en réponse à une question écrite du sénateur Michel Guerry, le gouvernement sud-coréen propose également d'organiser des expositions du patrimoine coréen dans les principaux musées français, où seraient créées des galeries coréennes. A ce sujet, toujours de source diplomatique sud-coréenne citée par Yonhap, "le principe de l’égalité quantitative et qualitative des échanges en cas de prêt de ces documents exigé par la France a été abandonné et les expositions du patrimoine coréen en France s’effectueront selon un planning précis et la politique d’échange international du gouvernement coréen", en cas de réponse positive de Paris à la proposition de Séoul.
Le "prêt permanent" peut s'interpréter comme un compromis entre la demande de la Corée d'un retour de ces pièces de première importance de son patrimoine national, et le souhait de Paris que les archives royales coréennes pillées restent des éléments du patrimoine public français.
Ayant critiqué la possibilité d'un prêt permanent, et non d'une restitution stricto sensu, l'organisation civique sud-coréenne "Action culturelle" poursuit en appel son action juridique pour obtenir la restitution des archives Uigwe, après un rejet en première instance de cette demande par le Tribunal administratif de Paris, en décembre dernier.
L'ancien ministre de la Culture Jack Lang, récent envoyé spécial du Président de la République Nicolas Sarkozy pour la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), s'était prononcé à titre personnel pour la restitution des archives royales coréennes, dans un discours d'ouverture des travaux de révision de la Constitution sud-coréenne, à Séoul, le 16 juillet 2009. Cette prise de position rejoignait celle de l'AAFC.
Source : Yonhap
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