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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 23:01

Il y a quarante ans, le communiqué conjoint Nord-Sud du 4 juillet 1972 marquait une étape fondamentale dans le long chemin vers la réunification de la péninsule coréenne. En effet, alors que les deux Etats coréens créés en 1948 - la République de Corée, au Sud, puis la République populaire démocratique de Corée (RPDC), au Nord - avaient jusqu'alors aspiré à la représentation exclusive de toute la Corée, la déclaration du 4 juillet 1972 a posé les fondements du premier dialogue intercoréen, définissant des principes qui ont guidé jusqu'à aujourd'hui le dialogue Nord-Sud. L'Association d'amitié franco-coréenne salue les valeurs fondatrices de la déclaration conjointe, expression de l'attachement de l'ensemble des Coréens à la réunification de leur patrie.

 

Préparée par des rencontres au niveau des Croix-Rouge de chacun des deux Etats coréens, la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 juillet 1972 a été rendue publique simultanément à Pyongyang et à Séoul.

 

Elle a défini les trois principes devant guider la réunification de la péninsule :

- l'indépendance, c'est-à-dire le refus de toute ingérence étrangère (y compris des organisations internationales) dans le processus de réunification, lequel doit être réalisé par les Coréens eux-mêmes ;

- la paix, en excluant tout recours à la force, moins de vingt ans après la fin des combats de la guerre de Corée ayant causé des millions de morts ;

- la grande union nationale, à savoir la volonté de dépasser les différences "d'idéologie, d'idéal et de régime" pour parvenir à la réunification.

 

Des propositions avaient été faites par la RPD de Corée pour aboutir à la déclaration conjointe du 4 juillet 1972. En avril 1971, l'Assemblée populaire suprême avait soumis en ce sens aux autorités sud-coréennes une proposition en huit points. Le 6 août 1971, lors d'un rassemblement tenu à Pyongyang, le Président Kim Il-sung avait déclaré qu'il était disposé à rencontrer à tout moment des représentants de l'ensemble des partis politiques et organisations sociales du Sud.

 

Au Sud, le général Park Chung-hee a saisi la main tendue par le Nord afin de redorer son blason politique après une difficile réélection l'année précédente, et dans un contexte international qui rendait moins automatique le soutien des Américains, engagés dans des négociations avec la Chine populaire jusqu'à la reconnaissance du régime de Pékin, et sur le point d'amorcer leur retrait du Vietnam. Signe du climat de détente, un sommet américano-soviétique s'était tenu en mai 1972.

 

lee hu rak pak sung cholPréalablement à la déclaration, Lee Hu-rak, directeur des services de renseignement sud-coréens, avait visité Pyongyang, puis Pak Sung-chol, deuxième vice-Premier ministre nord-coréen, s'était rendu à Séoul (ci-contre, Lee Hu-rak, à gauche, et Pak Sung-chol, à droite).

 

En application de l'accord du 4 juillet, le Comité de coordination Nord-Sud se réunit pour la première fois quatre mois plus tard, le 4 novembre 1972. Mais après trois rencontres du Comité, le dialogue était suspendu en août 1973.

 

Plusieurs facteurs expliquent l'échec de ce premier dialogue intercoréen. Tout d'abord, si le Sud avait accepté dans la déclaration du 4 juillet des principes défendus de longue date par le Nord, la sincérité de ses intentions pouvait être mise en doute : en octobre, Park Chung-hee avait profité de l'accueil favorable de la déclaration du 4 juillet dans l'opinion pour renforcer son pouvoir personnel en promulguant la nouvelle Constitution Yusin, la plus autoritaire de toutes celles qu'ait connues la Corée du Sud. La répression des opposants et des partisans de la réunification s'intensifiait au Sud, et l'implication du chef de la délégation sud-coréenne dans l'enlèvement, à Tokyo, de l'opposant Kim Dae-jung, motiva définitivement la RPD de Corée de suspendre un dialogue utilisé comme prétexte à la répression politique.

 

Mais les principes ainsi posés ont eu une portée qui dépassait désormais le contexte des années 1972-1973, et ils ont inspiré les étapes futures du dialogue intercoréen, notamment les déclarations Nord-Sud du 15 juin 2000 et du 4 octobre 2007. Une nouvelle ère s'était ouverte sur la voie de la réunification de la Corée. 

 

Source principale : Robert Charvin et Guillaume Dujardin, La Corée vers la réunification, L'Harmattan, pp. 118-121. 

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